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Jacqueline Huet (Traducteur)Jean-Pierre Carasso (Traducteur)
EAN : 9782879295640
348 pages
Editions de l'Olivier (21/08/2008)
3.44/5   347 notes
Résumé :
Elles fuguent. S'échappent. S'en vont voir ailleurs. Elles : des femmes comme les autres. Par usure ou par hasard, un beau matin, elles quittent le domicile familial ou conjugal, sans se retourner. En huit nouvelles, Alice Munro met en scène ces vies bouleversées. Avec légèreté, avec férocité, elle traque les marques laissées par le temps et les occasions perdues.
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Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,44

sur 347 notes
Alice Munro, dont l'oeuvre littéraire est principalement constituée de nouvelles, vient de recevoir le Prix Nobel de littérature 2013, à l'âge de 82 ans. Elle est discrète dans les médias et son éditeur français, Olivier Cohen aux Editions de l'Olivier ne l'a même jamais rencontré !

Piquée par la curiosité, je me suis empressée d'emprunter « Fugitives », le seul livre d'Alice Munro que la dynamique bibliothèque de mon petit village possède.

Fugitives, c'est une succession de portraits de femmes confrontées à des choix sentimentaux importants. On entre dans leur intimité psychologique, au creux de leurs doutes, à travers des descriptions cliniques détaillées. Alice Munro a l'art de résumer une situation en quelques lignes, elle traque les détails blessants, les petits mensonges, les malaises, les malentendus, les failles. Les relations familiales et conjugales, le vieillissement des corps passent au scanner de son écriture et il émane de ces histoires un grand de sentiment de solitude et de mélancolie.
Toutes ces femmes ont en commun de fuir à tout prix une situation, mais vont-elles se perdre et s'oublier ou se trouver enfin ?
J'aurais aimé trouvé un peu plus de chaleur dans ces nouvelles, mais j'ai apprécié l'univers et l'écriture douce-amère d'Alice Munro dont chaque histoire cristallise en quelques pages la douleur d'aimer et d'exister.
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Elles s'échappent, sont en fuite, mais rien ne les différencie des autres femmes. On peut même dire qu'elles sont banales. Pourtant, un jour elles franchissent le pas, abandonnent un mari, des parents trop présents ou une vie qui ne leur convient plus sans vraiment qu'elles puissent se l'expliquer.

Ce sont des femmes qui, à un moment de leur vie, doutent et décident de suivre un autre chemin pour construire ou se laisser bousculer par le hasard. Les hommes sont souvent à l'origine de ces remaniements qui sont parfois des fuites en avant, mais l'essentiel n'est pas là car ces femmes sont à la recherche d'elles-mêmes, de leur vérité plus que de tout autre chose.

Même si elle malmène ses personnages en ironisant sur leurs faiblesses et leurs difficultés sur un ton tantôt léger et drôle, tantôt féroce (pour notre plus grand plaisir), Alice Munro montre avec une ensorcelante finesse à quel point des âmes torturées, insatisfaites ou un peu désespérées peuvent être audacieuses et vaillantes.
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Comment ce livre a atterri dans ma bibliothèque ? je m'aperçois en l'ouvrant qu'il s'agit de nouvelles, or je n'aime pas ce genre ! Alors c'est sans doute à cause du thème de ce recueil de nouvelles qui m'a incité à accueillir ce livre chez moi. Effectivement, le thème de la fuite , de la fugue, m' intrigue, m'interpelle.
Je l'ouvre donc sans a priori puisque je ne connais pas l'auteur et que le sujet vient contrebalancer la forme littéraire ; Mais voilà, très vite, je dois reconnaître que je n'adhère pas au style.
Toutes les femmes de ces nouvelles cherchent à fuir leur quotidien, leur vie mais pas de façon brutale, elles s'évadent sur la pointe des pieds, avec hésitation et pas de façon ferme et définitive. J'ai particulièrement apprécié « subterfuges » mais je n'ai guère été touchée par les autres nouvelles , sans doute pas le temps de faire assez connaissance avec les personnages ou alors de façon trop distanciée.
Et puis, était-ce le bon jour pour me lancer dans ce livre aux sujets sombres, tristes, déprimants ? je précise que nous sommes le 7 juin mais en regardant par la fenêtre, on pourrait croire que nous sommes le 11 novembre :-(
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J'avais bien senti, en lisant mon premier recueil de nouvelles d'Alice Munro (il s'agissait de "Les lunes de Jupiter"), qu'il allait me falloir du temps pour pénétrer son univers et l'apprécier à plein. Mais je n'aurais pas cru que cela arrive si vite, si fort, dès la deuxième lecture : cette fois-ci c'est un coup de foudre, ou plutôt une sensation de symbiose totale et d'immersion absolue dans ces huit nouvelles dont chaque phrase, chaque mot, chaque mouvement, chaque détail m'ont intéressée, interpelée, ont résonné en moi.
Cela ne va parler à personne d'évoquer en quelques mots maladroits ces histoires de femmes marquées par des lignes de fuite, des bifurcations, des retours en arrière, des voies sans issue. Cela ne sert à rien de parler du départ avorté de Clara, femme battue, des instantanés de vie de Grace que l'on retrouve à plusieurs reprises (mais est-ce bien la même?) éloignée de ses parents, son enfant s'éloignant d'elle, ou emportée dans une fugue, ni de Laureen éperdue face au secret familial ni encore de Robin, dont le hasard a fait bifurqué le destin.
Pour les sentir, ces femmes, leurs histoires, tout ce quelles portent de souffrances, d'espérances ou d'occasions manquées, tout ce qu'elles recèlent d'universel, il faut s'immerger avec elles, porté par la plume infiniment délicate de l'auteure et par son oeil qui voit tout et éclaire leurs ombres autant que leurs lumières. Je vous souhaite de tout coeur que cette expérience soit aussi enchanteresse, nourrissante, méditative et au final apaisante qu'elle l'a été pour moi.
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"Retour à Castlerock" ne m'avait pas convaincue...Mais là je suis complètement séduite.
Par contre, c'est sûr, évidemment, il faut aimer le genre de la nouvelle, c'est à dire, à peine commencé c'est fini, à peine attachée il faut se détacher, et on n'en saura jamais plus...A la lectrice-lecteur de reconstruire beaucoup de choses, et une envie parfois affolante de crier : "pourquoi !! ? pourquoi ???? !!!! Ne me laisse pas comme ça, peste !!!!"
Alice Munro reste dans ses nouvelles la peste qu'elle est dans Castle Rock ...
"Fugitives" montre en huit nouvelles des femmes qui partent, physiquement, intellectuellement, les deux, qui fuient des mariages, des familles, selon leur volonté, ou parfois même malgré elles. L'écriture est sublime, incisive, fine, subtile, féroce, voire cruelle. La dame n'est pas tendre. Mais pourquoi le serait-elle dans un monde qui ne l'est pas ? Par contre, la beauté est montrée, celle des gens et des lieux, la force, le courage, et aussi la faiblesse, l'ambiguïté, l'incompréhension, le mensonge...
Soyons peut-être un peu plus précise, sans vouloir vous ennuyer.
1. Fugitives : la nouvelle éponyme, peut-être celle qui m'a le moins convaincue. Les fugitives sont Carla, Sylvia et Flora. Comprenne qui pourra...
2-3-4. Hasard/Bientôt/Silence : trois nouvelles autour du même personnage, Juliet. La densité d'un roman en 50 pages. Juliet fuit puis on la fuit (c'est là que j'ai eu envie de crier : pourquoi ?!!!) Cruel !! Très cruel ! Ce que l'on fait aux autres, le destin nous le rend au centuple.
5. Passion : Arghhh ! On ne peut pas commenter sans raconter, c'est énervant. Fuite sans issue. Passion, quoi. Grace ne sait pas, puis elle sait, voilà. Mais à quoi ça sert ?
6. Offenses : Tout le monde se fuit là dedans, mais la plus grande fuite est à venir...
7. Subterfuges : l'horreur, j'ai failli pleurer.
8. Pouvoirs : bizarre bizarre, une nouvelle avec deux axes, Tessa et ses pouvoirs étranges, Ollie et Nancy...qui se mentent toute leur vie...ça veut en venir où ? Je ne sais pas mais c'est envoûtant.
Bref, à essayer de commenter les nouvelles sans les dévoiler, je me rends d'autant plus compte de la densité des textes, et surtout de la complexité de la psyché des personnages, parfois brumeuse, parfois claire, glissante, passive, instinctive, réfléchie, amnésique, irrationnelle ...
Superbe !
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Dans la ville oú elle avait grandi, sa forme d'intelligence était souvent rangée dans la même catégorie qu'une claudication ou qu'un pouce surnuméraire, et l'on n'avait pas tardé à noter les défauts qui ne pouvaient manquer d'y être associés - son incapacité à se servir d'une machine à coudre, à faire un joli paquet ou à s'apercevoir que sa combinaison dépassait.
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[ Incipit ]

Fugitives

Carla entendit venir la voiture sur la route avant qu'elle ait débouché au sommet du vague renflement que les gens du coin appelaient une colline. C'est elle, songea Carla. Mme Jamieson, Sylvia, de retour de ses vacances en Grèce. Depuis la porte de l'écurie - mais suffisamment en retrait à l'intérieur pour ne pas être vue facilement - elle se mit à guetter l'endroit par lequel Mme Jamieson devait forcément passer puisqu'elle habitait un peu plus loin sur la route, à huit cents mètres de chez Clark et Carla.
Si ç’avait été quelqu'un qui s'apprêtait à tourner pour entrer chez eux, la voiture aurait déjà été en train de ralentir. N'empêche, Carla continuait d'espérer. Pourvu que ce ne soit pas elle.
C'était elle. Mme Jamieson tourna brièvement la tête, une seule fois - elle avait toutes les peines du monde à manoeuvrer entre les ornières et les flaques que la pluie avait laissées dans le gravier -, mais elle ne leva pas la main du volant pour faire signe, elle n'avait pas repéré Carla. Cette dernière entraperçut un bras bronzé, nu jusqu'à l'épaule, une chevelure décolorée, plus pâle encore qu'avant son départ, plus blanche que blonde maintenant, et une expression qui était à la fois déterminée, exaspérée et amusée de sa propre exas­pération - exactement celle que l'on attendait de Mme Jamieson aux prises avec une telle route. Quand elle avait tourné la tête, il était passé comme un éclair sur son visage - une interrogation, un espoir - et Carla avait reculé en se faisant toute petite.
Bon.
Peut-être que Clark ne savait pas encore. S'il était devant l'ordinateur, il tournait le dos à la fenêtre et à la route.
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A la fin de cette année-là, elle avait étudié toutes les matières de terminale à l'exception du grec, de l'italien, de l'espagnol et de l'allemand, pour lesquelles il n'y avait pas de professeurs, dans son lycée. (...) Mais le principal du lycée l'avait convoquée pour un entretien et lui avait dit que cela ne la menait nulle part puisqu'elle ne pouvait pas s'inscrire à l'université, et que d'ailleurs aucune iuniversité n'exigeait une telle abondance. Pourquoi le faisait-elle ? Avait-elle un quelconque projet ?
Non, avait dit Grace, elle voulait seulement apprendre gratuitement. Avant d'entamer sa carrière de rempailleuse.
C'était le principal qui connaissait le gérant de l'auberge et qui avait proposé de dire un mot en sa faveur si elle voulait s'essayer à un emploi de serveuse pour l'été. Lui aussi avait parlé d'un avant-goût de la vie.
Ainsi le responsable lui-même de tout le savoir dans cette ville ne croyait pas que le savoir avait à faire avec la vie. Et chaque fois que Grace racontait à quelqu'un ce qu'elle avait fait - elle le racontait pour expliquer pourquoi elle avit pris un an de retard au lycée -, elle s'entendait répondre quelque chose comme fallait être folle.
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Aux yeux des bien des gens elle pouvait passer pour bizarre et solitaire – et d’ailleurs, en un sens, c’est ce qu’elle était. Mais elle avait aussi fait l’expérience, une bonne partie de sa vie, de se sentir entourée de gens qui souhaitaient accaparer son attention, son temps et son âme. Et, d’ordinaire, elle les laissait faire.
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Je l'ai lu je ne sais combien de fois, mais je sais que la première, je me suis identifiée à Kittie, et après c'était à Anna - oh, c'était affreux, avec Anna, et maintenant, figure-toi, la dernière fois, j'ai découvert que je sympathisais tout le temps avec Dolly. Dolly quand elle va à la campagne, tu sais, avec tous ces enfants, et il faut qu'elle trouve comment faire la lessive, il y a cette histoire de baquets - je me dis que c'est comme ça que nos sympathies changent à mesure qu'on vieillit. La passion est reléguée derrière les baquets.
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Vidéo de Alice Munro
Samedi 19 septembre 2020 / 9 h
Florence Seyvos et Anne Alvaro nous font parcourir l'univers de Sisyphe est une femme, l'essai de Geneviève Brisac, à travers l'évocation d'Alice Munro, Marguerite Duras, Rosetta Loy...
Florence Seyvos est écrivaine et scénariste. Les Apparitions, Prix Goncourt du premier roman 1995 et le prix France Télévisions 1995. L'Abandon, 2002, le Garçon incassable, 2013 (prix Renaudot poche). Elle a également publié à l'École des loisirs une dizaine de livres pour la jeunesse et coécrit avec la réalisatrice Noémie Lvovsky les scénarios de ses films, comme La vie ne me fait pas peur (prix Jean-Vigo), Les Sentiments (prix Louis-Delluc 2003) ou Camille redouble. Elle publie en septembre 2020 Une bête aux aguets, aux éditions de l'Olivier.
Anne Alvaro est actrice de théâtre et de cinéma. Elle a joué dans des pièces mises en scène par Georges Lavaudant, Claude Guerre ou Hubert Colas. Au cinéma dans le film Danton d'Andrzej Wajda en 1981, et dans quatre films de Raoul Ruiz. En 1999, elle reçoit le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour son rôle dans le film d'Agnès Jaoui, le Goût des autres et une seconde fois en 2010 pour le personnage de Louisa dans le Bruit des glaçons de Bertrand Blier.
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