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Citations de Aloysius Bertrand (100)


La gloire ! Frêle point de neige qui croule en poussière dès qu’on y pose le pied !… La gloire ! Eh ! Ne sais-tu pas à quels châtimens tournent ses faveurs ? Plus d’une chaîne d’or pendue au cou d’un margrave s’est, dit-on, transformée soudain en corde de chanvre !
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Comment lui dire, comment lui faire comprendre qu’elle et moi, et notre jeunesse, et nos amours, et notre bonheur, nous ne sommes déjà plus que néant et poussière !
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Le bourreau de tout ce que j’ai aimé, et mon propre bourreau !… Ô mort ! Ô mort ! Je suis ton pourvoyeur, et il ne manque plus que mes os à tes charniers funèbres !
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Déshérité du ciel, j’hérite de l’enfer !
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Encore un printemps

Ô ma jeunesse, tes joies ont été glacées par les baisers du temps, mais tes douleurs ont survécu au temps qu'elles ont étouffé sur leur sein.
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Les gueux de nuit

J'endure
froidure
bien dure.
(La chanson du Pauvre Diable)

- "Ohé ! rangez-vous, qu'on se chauffe ! " - " Il ne te manque plus que d'enfourcher le foyer ! Ce drôle a les jambes comme des pincette. "

- " Une heure !" - "Il bise dru !" - Savez-vous, mes chats-huants, ce qui fait la lune si claire ? "
-" Non !" - "Les cornes de cocu qu'on y brûle."

- " La rouge braise à griller de la charbonnée !" - " Comme la flamme danse bleue sur les tisons ! Ohé ! quel est le ribaud qui a battu sa ribaude ? "

- " J'ai le nez gelé !" - " J'ai les grêves rôties !" - " Ne vois-tu rien dans le feu, Choupille ? " - " Oui ! une hallebarde." - " Et toi, Jeanpoil ? " - " Un oeil. "

- " Place, Place à monsieur de la Chousserire ! " - " Vous êtes là, monsieur le procureur, chaudement fourré et ganté pour l'hiver ! " - " Oui-dà ! les matous n'ont pas d'engelures ! "

- " Ah ! voici messieurs du guet ! " - " Vos bottes fument " - " Et les tirelaines ? " - " Nous en avons tué deux d'une arquebusade, les autres se sont échappés à travers la rivière. "
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UN REVE


J’ai rêvé tant et plus mais je n’y entends note
Pantagruel, Livre III



Il était nuit. Ce furent d’abord, - ainsi j’ai vu, ainsi je raconte, - une abbaye aux murailles lézardées par la lune, - une forêt percée de sentiers tortueux, - et le Morimont1 grouillant de capes et de chapeaux

Ce furent ensuite, - ainsi j’ai entendu, ainsi je raconte, - le glas funèbre d’une cloche auquel répondaient les sanglots funèbres d’une cellule, - des cris plaintifs et des rires féroces dont frissonnait chaque feuille le long d’une ramée, - et les prières bourdonnantes des pénitents noirs qui accompagnaient un criminel au supplice.

Ce furent enfin, - ainsi s’acheva le rêve, ainsi je raconte, - un moine qui expirait couché dans la cendre des agonisants, - une jeune fille qui se débattait pendue aux branches d’un chêne. – Et moi que le bourreau liait échevelé sur les rayons de la roue.

Dom Augustin, le prieur défunt, aura, en habit de cordelier, les honneurs de la chapelle ardente, et Marguerite, que son amant a tuée, sera ensevelie dans sa blanche robe d’innocence, entre quatre cierges de cire.

Mais moi, la barre du bourreau s’était, au premier coup, brisée comme un verre, les torches des pénitents noirs s’étaient éteintes sous des torrents de pluie, la foule s’était écoulée avec les ruisseaux débordés et rapides, - et je poursuivais d’autres songes vers le réveil.


1 : c’est à Dijon, de temps immémorial, la place aux exécutions.
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ONDINE

- " Ecoute ! - Ecoute ! - C'est moi, c'est Ondine qui frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.

" Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant, chaque courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l'air.

" Ecoute ! - Ecoute ! - Mon père bat l'eau coassante d'une branche d'aulne verte, et mes soeurs caressent de leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne ! "

*

Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt pour être l'époux d'une Ondine, et de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs.

Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus.
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Le Maçon (suite)



Les troupes impériales se sont logées dans le faubourg. Voilà qu’un cavalier tambourine là-bas. Abraham Knupfer distingue son chapeau à trois cornes, ses aiguillettes de laine rouge, sa cocarde traversée d’une ganse, et sa queue nouée d’un ruban.

Ce qu’il voit encore, ce sont des soudards qui, dans le parc empanaché de gigantesques ramées, sur de larges pelouses d’émeraude, criblent de coups d’arquebuse un oiseau de bois fiché à la pointe d’un mai.

Et le soir, quand la nef harmonieuse de la cathédrale s’endormit couchée les bras en croix, il aperçut, de l’échelle, à l’horizon, un village incendié par des gens de guerre, qui flamboyait comme une comète dans l’azur.
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Le Maçon



Le maçon Abraham Knupfer chante, la truelle à la main, dans les airs échafaudé, – si haut que, lisant les vers gothiques du bourdon, il nivelle de ses pieds et l’église aux trente arcs-boutants, et la ville aux trente églises.

Il voit les tarasques de pierre vomir l’eau des ardoises dans l’abîme confus des galeries, des fenêtres, des pendentifs, des clochetons, des tourelles, des toits et des charpentes, que tache d’un point gris l’aile échancrée et immobile du tiercelet.

Il voit les fortifications qui se découpent en étoile, la citadelle qui se rengorge comme une géline dans un tourteau, les cours des palais où le soleil tarit les fontaines, et les cloîtres des monastères où l’ombre tourne autour des piliers.
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Fabliau



Aucun voyageur ne chemine,
Vêtu de bure ou bien d'hermine,
          Par le sentier,
Qui n'aille, chantant son cantique,
S'agenouiller au seuil gothique
          Du vert moûtier.

Le lierre, de son frais ombrage,
Du cœur embrasse le vitrage,
          Tout alentour,
Et l'on voit l'un et l'autre mage,
Et la Vierge, brillante image,
          En grand atour.

C'était quand la blanche rosée
Scintille sur l'herbe arrosée
          Comme des pleurs ;
Quand l'hirondeau sur notre rive
Aux premiers jours d'avril arrive,
          Avec les fleurs.

Or, un beau soir qu'au presbytère
Le pasteur dormait solitaire
          Près des tisons,
Il ouït une voix lointaine,
Murmurant comme la fontaine,
          Sous les gazons.

La voix disait…
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DIJON // Ballade



extrait 2

Le reître qui pille
Nippes au bahut,
Nonnes sous la grille,
Te cassa ton luth.

Mais à la cheville
Ta main pend encor
Serpette et faucille,
Rustique trésor.

O Dijon, la fille
Des glorieux ducs,
Qui portes béquille
Dans tes ans caducs.

Ça, vite une aiguille,
Et de ta maison
Qu'un vert pampre habille,
Recouds le blason !
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DIJON // Ballade



extrait 1

O Dijon, la fille
Des glorieux ducs,
Qui portes béquille
Dans tes ans caducs !

Jeunette et gentille,
Tu bus tour à tour
Au pot du soudrille
Et du troubadour.

À la brusquembille
Tu jouas jadis
Mule, bride, étrille,
Et tu les perdis.

La grise bastille
Aux gris tiercelets
Troua ta antille
De trente boulets.
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LES MULETIERS



extrait 4

      — Notre-Dame d'Atocha, protégez-nous ! s'écriaient les brunes Andalouses nonchalamment bercées au pas de leurs mules.

      — Et tous les voyageurs prirent le galop, au milieu d'un nuage de poussière qu'enflammait le soleil ; les mules défilaient entre d'énormes blocs de granit, le torrent mugissait dans les bouillonnants entonnoirs, les forêts pliaient avec d'immenses craquements, et de ces profondes solitudes que remuait le vent sortaient des voix confusément menaçantes, qui tantôt s'approchaient, tantôt s'éloignaient, comme si une troupe de voleurs rôdait aux environs.
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LES MULETIERS



extrait 3

      — Ces trois cavaliers, cachés dans leurs manteaux, qui, passant près de nous, nous ont si bien observés, ne sont pas des nôtres. qui sont-ils ? demanda un moine à la barbe et à la robe toutes poudreuses.

      — Si ce ne sont, répondit un muletier, des alguazils du village de Cienfugo, en tournée, ce sont des voleurs qu'aura envoyés à la découverte l'infernal Gil Pueblo, leur capitaine.

      — Notre-Dame d'Atocha, protégez-nous ! s'écriaient les brunes Andalouses nonchalamment bercées au pas de leurs mules.

      — Avez-vous entendu ce coup d'espingole qu'on a lâché là-haut parmi les broussailles ? demanda un marchand d'encre, si pauvre qu'il cheminait pieds nus. Voyez, la fumée s'évapore dans l'air !

      — Ce sont, répondit un muletier, nos gens qui battent les buissons à la ronde, et brûlent des amorces pour amuser les brigands. Senors et senorines, courage, et piquez des deux !
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LES MULETIERS



extrait 2

      — Quelle est cette hutte à la pointe d'une roche ? demanda un hidalgo par la portière de sa chaise. Est-ce la cabane des bûcherons qui ont précipité dans le gouffre écumeux du torrent ces gigantesques troncs d'arbres, ou celle des bergers qui paissent leurs chèvres exténuées sur ces pentes stériles ?

      — C'est, répondit un muletier, la cellule d'un vieil ermite qui a été trouvé mort cet automne, en son lit de feuilles. Une corde lui serrait le cou, et la langue lui pendait hors de la bouche.

      — Notre-Dame d'Atocha, protégez-nous ! s'écriaient les brunes Andalouses nonchalamment bercées au pas de leurs mules.
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LES MULETIERS



extrait 1

      Elles égrainent le rosaire ou nattent leurs cheveux, les brunes Andalouses nonchalamment bercées au pas de leurs mules ; quelques-uns des arrières chantent le cantique des pèlerins de Saint-Jacques, répété par les cent cavernes de la sierra ; les autres tirent des coups de carabine contre le soleil.

      — « Voici la place, dit un des guides, où nous avons enterré la semaine dernière José Matéos, tué d'une balle à la nuque, dans une attaque de brigands. La fosse a été fouillée, et le corps a disparu.

      — Le corps n'est pas loin, dit un muletier, je l'aperçois qui flotte au fond de la ravine, gonflé d'eau comme une outre.

      — Notre-Dame d'Atocha, protégez-nous ! s'écriaient les brunes Andalouses nonchalamment bercées au pas de leurs mules.
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Une fée parfume la nuit mon sommeil fantastique des plus fraîches, des plus tendres haleines de juillet, — cette même bonne fée qui replante en son chemin le bâton du vieil aveugle égaré, et qui essuie les larmes, guérit la douleur de la petite glaneuse dont une épine a blessé le pied nu.

La voici, me berçant comme un héritier de l’épée ou de la harpe, et écartant de ma couche avec une plume de paon les esprits qui me dérobaient mon âme pour la noyer dans un rayon de la lune ou dans une goutte de rosée.
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C’est pour te suivre, ô bel Alcade, que je me suis exilée de la terre des parfums, où gémissent de mon absence mes compagnes dans la prairie, mes colombes dans le feuillage des palmiers.
Ma mère, ô bel Alcade, tendit de sa couche de douleurs la main vers moi ; cette main retomba glacée, et je ne m’arrêtai pas au seuil pour pleurer ma mère qui n’était plus.
Je n’ai point pleuré, ô bel Alcade, lorsque le soir, seule avec toi et notre barque errant loin du bord, les brises embaumées de ma patrie traversaient les flots pour venir me trouver.
J’étais, disais-tu alors dans tes ravissements, ô bel Alcade, j’étais plus charmante que la lune, sultane de sérail aux mille lampes d’argent.
Tu m’aimais, ô bel Alcade, et j’étais fière et heureuse : depuis que tu me repousses je ne suis plus qu’une humble pécheresse qui confesse en pleurant la faute qu’elle a commise.
Quand donc, ô bel Alcade, sera-t-elle écoulée ma source de larmes amères ? Quand l’eau de la fontaine du roi Alphonse ne sera plus vomie par la gueule des lions.
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Devant la fenêtre baignée d'un clair de lune, il me sembla que le doigt de Dieu effleurait le clavier de l'orgue universel. Ainsi les phalènes bourdonnantes se dégagent du sein des fleurs qui pâment leurs lèvres aux baisers de la nuit.
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