Citations de Amélie de Bourbon Parme (42)
La voix de Castellesi résonnait encore dans le conduit en pierre, qui parlait de la cour de Laurent de Médicis : une Olympe peuplée d'érudits, d'hommes de lettres et autres philosophes. Il avait, retenu ses paroles « A Rome, nous sommes environnés de ruines ; à Florence, l'Antiquité est vivante : des hommes mettent en pratique ses concepts philosophiques et leur donnent de nouveaux développements. »
Neuf fois je suis allé en Haute Allemagne, six fois je suis passé en Espagne, sept en Italie, dix fois je suis venu au Pays-Bas. (...) Quatre fois en temps de paix ou de guerre je suis entré en France, deux en Angleterre, deux autres fois, je suis descendu en Afrique, ce qui fait au total quarante voyages...
Les événements auxquels on se prépare sont moins désagréables, que ceux qui vous frappent brusquement...
La rébellion de Pic contre un destin programmé depuis sa naissance lui avait fait sentir qu'il y avait dans les livres, la connaissance, les idées, plus d'aventure, plus de risque que dans n'importe quelle trajectoire militaire. D'autres combats pouvaient être menés différemment, et d'autres victoires pouvaient advenir sous la forme de révélations ou d'enrichissement, d'élévations ou de conquêtes.
Ses étendards arboraient la puissante devise « Le temps revient » en forme de convocation : Laurent revendiquait ce retour vers un âge d'or où les valeurs de l'Antiquité s'imposaient à nouveau aux hommes de sa cité. Il s'y mêlait une nostalgie pour ce monde perdu, idéalisé, que les fouilles et les traductions d'ouvrages exhumaient chaque jour davantage.
Le premier moine, le plus âgé des deux, était celui qui devait sonder les âmes : le dos voûté sous sa robe, le sourire presque caressant, en forme de confession. L'autre, grand et mince, le visage sec et jeune, mettait à exécution les intuitions de son acolyte : du haut de sa silhouette, il flairait le relâchement par-delà les tonsures.
Traversés par leur mission comme par la foudre, les deux serviteurs de l'Inquisition se tenaient sans bouger au milieu de l'atelier.
A la mort d'un pontife toutes les cartes étaient rebattues, l'issue d'un conclave était toujours imprévisible.
Et il n'aimait pas que le fils du pape ne connaisse plus de limites à son pouvoir et à sa folie.
Qui a dit : L'avarice chez un vieillard n'a pas de sens : peut-on imaginer rien de plus absurde que d'augmenter les provisions de voyage à mesure qu'il reste moins de à faire ?
Les grilles de la forteresse se refermèrent sur un bruit interminable. Construit sur la rive droite du Tibre, ce gigantesque chaudron de murs circulaires enfermait les hommes et leurs questions dans un exil sphérique. En période troublée, les papes s'y réfugiaient pour se protéger des armées étrangères, mais surtout des ennemis de l'intérieur, ces forces hostiles qui contestaient leur pouvoir à l'intérieur des murailles. En pénétrant dans la galerie qui menait au premier étage, Alessandro sentit le poids du temps s'abattre presque physiquement sur ses épaules, le mur en brique suintait l'humidité. Dans l'air, une odeur de poussière, de suie et de passé. Au coeur de ce cylindre de pierre, il y avait un tombeau construit treize siècles plus tôt pour recueillir l'urne funéraire de l'empereur Hadrien. Ce mausolée était devenu une prison et les cellules funéraires avaient été converties en geôles.
Lorsque Philippe arrivait quelque part, il fallait toujours tout recommencer. Remonter le cours de la journée, reparler des mêmes choses [] Même lorsqu'il était arrivé au monde, il avait fallu le faire renaître ; [], il avait été ranimé grâce aux soins d'un médecin juif un peu sorcier. Il en avait gardé cet air froissé, légèrement choqué dans son intégrité.
Novembre 1549
La nuit enveloppe le palais du Vatican. J'ai ordonné aux camériers de plonger ma chambre dans l'obscurité totale. Je ne supporte plus ces lumières permanentes, ces torches qui brûlent la nuit, ces cierges qui traversent les âmes. C'est une des choses queje n'ai jamais aimée depuis mon arrivée au palais pontifical : la lumière perpétuelle, le jour ininterrompu, la nuit impossible. On voudrait m'environner de ces lampions jusqu'à la mort. Je les soupçonne de vouloir empêcher que le pape s'éclipse dans l'ombre, qu'il se mette à l'abri, de peur qu'il redevienne un homme, livré aux doutes et à la crainte. A défaut de pouvoir fuir vers les rives du lac Bolsena ou d'être veillé ici par Silvia, j'aspire seulement à la pénombre d'un confessionnal, à la simplicité d'une absolution, au dénuement d'une prière.
Je n'ai renoncé à rien. Ni au pouvoir, ni à la richesse, ni au savoir, ni à la beauté. Ni à l'amour, ni à ma charge. J'ai laissé à d'autres le soin d'étre irréprochables et la folie des regrets.
(INCIPIT)
À son approche, les arbres fruitiers et les fleurs retenaient leur souffle.
Les abords du monastère étaient calmes, plus tranquilles que tous les territoires traversés durant ce périple : le silence des moines était contagieux, il irradiait des alentours de l’enceinte comme une onde bienveillante.
Le discours de son médecin était une purge à lui seul : il suffisait de l'entendre une fois par jour pour être guéri. Ainsi, dès qu'il fut parti, l'empereur se sentit déjà mieux.
Une de ces tristesses qui surviennent à la fin d'un grand événement,ou à l'issue de ces batailles qui semblent dérisoires quand elles sont terminées.
Puis il le posa sur la tablette où il plaçait tous ses livres de chevet, ceux qu'il ne lisait pas mais qui infusaient dans l'ombre pendant qu'il dormait, sortes de tisanes de l'esprit dans lesquelles il trempait ses rêves : la Bible en latin, un missel, deux psautiers et un ouvrage en castillan, "Doctrina Christiana"
- C'est ma tête qui me fait le plus souffrir. Des migraines intolérables m'empêchent parfois de penser. Sans mon esprit, que deviendrait la Révolution ? Pour soulager mes maux, on m'a mis sur le crâne ce bandeau imbibé de vinaigre.
A chaque conseil, il associait une potion de plantes à prendre après chaque repas. L'empereur écouta d'un air soumis cette séance de reproches, un peu comme lorsqu'il se confessait. Le discours de son médecin était une purge à lui seul : il suffisait de l'entendre une fois par jour pour être guéri. Ainsi dès qu'il fût parti, l'empereur se senti déjà mieux.
Les semaines glissaient comme des nénuphars sur un étang, en douceur, sans faire de bruit.
Les restes de son petit-déjeûner étaient disposés sur sa table: un chapon au pot préparé avec du lait, du sucre et des épices, qu'on lui servait dès le premier lever.
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Le temps passant, les symptômes grandissant, il devenait évident qu'ils (les médecins) n'étaient pas en mesure de remédier aux inconvénients de la nature, aux dégradations du corps. Pire, leurs prétendus savoirs ne servaient qu'à punir davantage les hommes de leurs mauvaises habitudes. Et à les aider à quitter le monde