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Citations de Amos Oz (490)


Amos Oz
Je n'ai jamais rencontré un fanatique ayant le sens de l'humour
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Des livres, en revanche, on en avait à profusion, les murs en étaient tapissés, dans le couloir, la cuisine, l'entrée, sur les rebords des fenêtres, que sais-je encore ? Il y en avait des milliers, dans tous les coins de la maison. On aurait dit que les gens allaient et venaient, naissaient et mouraient, mais que les livres étaient éternels. Enfant, j'espérais devenir un livre quand je serais grand. Pas un écrivain, un livre : les hommes se font tuer comme des fourmis. Les écrivains aussi. Mais un livre, même si on le détruisait méthodiquement, il en subsisterait toujours quelque part un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d'un rayonnage dans quelque bibliothèque perdue, à Reykjavik, Valladolid ou Vancouver. (p. 42)
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Israël est un pays où le Premier ministre invite souvent un poète ou un écrivain pour un tête-à-tête privé, tard dans la nuit, afin de discuter d’un grave problème de conscience.
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Et c’est là le grand miracle de l’art en général, et de la littérature en particulier, la possibilité d’une grâce. La réconciliation, finalement, avec cette part de nous-mêmes dont nous aurions voulu qu’elle meure ou qu’elle n’existe pas.
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Durant des années, pour s'endormir, Almon avait coutume de se laisser bercer par le grignotement destructeur des insectes xylophages, au sein de l'obscurité. De sorte que, depuis cette terrible nuit, il peinait à trouver le sommeil : comme si le silence pesant le narguait dans les ténèbres. Assis à la table de la cuisine, le pêcheur veillait jusqu'à minuit, se rappelant que jadis, à cette heure, s'infiltraient à travers les persiennes closes les jappements tristes des chacals de la forêt auxquels répondaient les aboiements furieux des chiens du village qui se muaient à leur tour en glapissements. A ces moments-là, son chien, ce cher animal, posait sa tête tiède sur ses genoux et levait vers lui un regard rayonnant d'intelligence, de compassion muette, d'amour et de tristesse. "Merci, Zito, lui disait Almon. Ça va passer. Ça ira.
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Il y a une certaine justice en ce monde, pour parler comme les philosophes, une certaine logique qui fait que l’intelligence ne va pas avec la bonté, et que la beauté et la bonté font chacune bande à part. Sinon, il y en a qui seraient parfaits, des créatures immaculées, et les autres, des cochons. Voilà pourquoi il a été décrété qu’une jolie femme aurait une cervelle d’oiseau.
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Les pires conflits entre les individus ou entre les peuples opposent souvent des opprimés. C'est une idée romanesque largement répandue que d'imaginer que les persécutés se serrent les coudes et agissent comme un seul homme pour combattre les tyrans despotiques. En réalité, deux enfants martyrs ne sont pas forcément solidaires et leur destin commun ne les rapprochent pas nécessairement. Souvent ils ne se considèrent pas comme compagnons d'infortune, mais chacun voit en l'autre l'image terrifiante de leur bourreau commun.
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Avant l’aube, [Pierre] renia Jésus par trois fois. Judas ne le renia point. Quelle ironie […] que le premier et dernier Chrétien, le seul Chrétien qui ne quitta pas Jésus d’une semelle ni ne le trahit, le seul Chrétien à avoir cru en la nature divine de Jésus jusqu’à son dernier souffle sur la croix, le seul Chrétien persuadé jusqu’à la fin que Jésus descendrait de la croix au vu et au su de tous à Jérusalem et dans le monde entier, le seul Chrétien qui ne lui survécut pas, le seul qui fut anéanti par sa mort, ait été considéré […] pendant des milliers d’années comme l’archétype du Juif, le plus haïssable, le plus méprisable de tous. L’incarnation de la traîtrise, l’incarnation du judaïsme, l’incarnation du lien entre ces deux concepts.
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Il y a quelque chose en moi qui vous captive et vous fascine, mais ce n’est absolument pas moi.
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De nos jours, l’Europe a changé, elle est pleine à craquer d’Européens. Soit dit en passant, les graffitis aussi ont changé du tout au tout en Europe : l’inscription « Les Juifs en Palestine ! » recouvrait tous les murs quand mon père était enfant en Lituanie. Lorsqu’il retourna en Europe une cinquantaine d’années plus tard, les murs lui crachèrent au visage : « Les Juifs hors de Palestine ! ».
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Il y avait aussi des réfugiés et des immigrants clandestins, des rescapés, d'anciens déportés à qui l'on manifestait généralement une compassion mêlée de dégoût : pauvres diables, à qui la faute s'ils avaient eu la bêtise d'attendre Hitler au lieu de venir ici quand il en était encore temps ? Et pourquoi s'étaient-ils laissés mener comme un troupeau à l'abattoir au lieu de s'organiser et de résister ? Qu'ils cessent une bonne fois de baragouiner le yiddish, et qu'ils ne se mettent surtout pas à nous raconter ce qu'on leur a fait là-bas, parce qu'ils n'ont pas à s'en vanter et nous non plus.
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« C’était un village somnolent, vieux d’un siècle au moins. » (p. 50)
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Vaincre l'amour ? [...] L'amour était un obstacle dans l'existence, [...] : mieux valait faire le gros dos plutôt que de l' l'affronter.

(dans "Entre amis")
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Tel-Ilan était un village séculaire, environné de champs et de vergers. A l'est, s'élevaient des coteaux plantés de vignes. Des amandiers s'alignaient par-delà la route. Les toits de tuiles étaient noyés dans le berceau de verdure que formaient les cimes touffues des vieux arbres. Certains habitants s'occupaient encore d'agriculture et employaient des ouvriers étrangers, logés dans des cabanes donnant sur les arrière-cours. La plupart avaient affermé leurs terres pour se reconvertir dans les chambres d'hotes, les galeries d'art, les boutiques de mode, quand ils ne travaillaient pas a l'exterieur. Deux restaurants gastronomiques, une cave à vins et un magasin d'aguariophilie avaient ouvert dans le centre. Quelqu'un avait créé une petite usine spécialisée dans la copie de meubles anciens. Le bourg accueillait, le shabbat, une foule de visiteurs venus déjeuner ou dénicher les bonnes affaires. Le vendredi à midi, en revanche, les rues se vidaient et tout le monde faisait la sieste derrière les stores tirés.
[Extrait de la nouvelle "Attendre"]
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Le mauvais lecteur veut tout savoir, immédiatement, "ce qui s'est réellement passé". Ce qui se cache derrière l'histoire, de quoi il s'agit, qui est contre qui, qui a baisé qui. "Professeur Nabokov" avait questionné un jour une journaliste, en direct, à la télévision, "are you really so hooked on little girls ?"
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Cinq ou six étoiles brillaient dans le ciel sombre teinté de pourpre où le vent emportait des nuages bas et obscurs. Le kibboutz dormait à poings fermés. Les projecteurs de la clôture formaient des flaques de lumière jaune sur le sol. L'un d'eux, sur le point d'expirer, vacillait comme en proie à l'incertitude. Yoav dépassa à pas lents les massifs ténébreux et contourna la grange, les souliers pleins de boue. Tu es complètement aveugle, obtus et sourd, songea-t-il accablé. Nina s'était penchée pour lui prendre la main et la presser contre son coeur lorsqu'il lui avait promis de lui trouver un endroit où dormir, se rappela-t-il. Il aurait dû saisir le message et la prendre dans ses bras. Elle lui avait donné un signal auquel il n'avait pas répondu. Et un second en lui frôlant le bras - il l'avait ignoré une fois de plus.
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Le plus beau jour de ma vie - je devais avoir six ans -fut celui où papa me fit un peu de place sur l'une de ses étagères pour y ranger mes livres....
... je les disposai à la verticale, comme il se doit : le dos vers l'extérieur et la tranche contre le mur. C'était un rite de passage, une cérémonie initiale : celui dont les livres tiennent debout n'est plus un enfant, c'est déjà un homme. j'étais comme mon père. Mes livres tenaient droit.
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Abraham Lincoln, qui abolit l’esclavage, fut qualifié de traître par ses opposants. Les officiers allemands qui tentèrent d’assassiner Hitler furent exécutés pour haute trahison. L’histoire a souvent produit des individus courageux, en avance sur leur temps, qui étaient passés pour des traîtres ou des hurluberlus.
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Des olives

Car le goût fort de ces olives qui ont longuement mariné dans l'huile
avec de l'ail, du sel, du citron, du piment et du laurier,
exhale parfois des effluves du passé : des pierres fendillées, un troupeau,
l'ombre et le son d'un pipeau, un souffle mélodieux venu du fond des âges.

La fraîcheur d'une grotte, une hutte cachée au fond d'une vigne, un abri dans un champ,
une tranche de pain d'orge et de l'eau du puits. C'est de là que tu viens. Tu t'es égaré.
Ici c'est l'exil. Quand ta mort viendra, une main omnisciente se posera sur ton épaule,
viens, il est temps de rentrer à la maison.
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De plus, je suis obèse et je prends de plus en plus de poids. Je fume sans compter, cigarette sur cigarette. Tout ceci dévaste le corps petit à petit. Et, pour ma part, je ressemble au Juif de l'histoire qui fume tranquillement dans un avion en train de tomber parce que l'avion ne lui appartient pas.
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