AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ann Radcliffe (86)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les Mystères d'Udolphe

Émile Saint-Aubert lorsqu'elle perd ses parents à quelques mois d'intervalle se retrouve orpheline. Avant de mourir, son père a souhaité que sa soeur, Mme Chéron, prenne soin d'elle. Après avoir vécu une enfance de bonheur sous le regard aimant de ses parents, Émile va découvrir la méchanceté avec cette tante. Cette dernière épouse un Italien, Montoni, qui n'a pas une réputation sans tâches. Après ce mariage, il est question de quitter la France et d'aller s'installer à Venise. A cette occasion, Emilie va devoir renoncer à celui qu'elle aime, Valancourt, qui n'a pas reçu les faveurs de sa tante. Lorsqu'elle quitte la France pour ce long voyage, Émile a l'impression de quitter tout ce qui lui était cher et perçoit déjà la noirceur de son avenir ... Elle ne sait pas ce qui l'attend dans ce pays étranger mais sent déjà qu'elle ne reverra plus jamais son bien-aimé Valancourt. A Venise, elle se retrouve vite sous la coupe de sa tante et de son oncle qui essaient de conclure pour elle un mariage "prestigieux" avec un comte pour lequel elle ne ressent rien. Alors que le mariage est programmé, il est question de fuir à Udolphe, dans les Appenins, où Montoni possède un château. Ce château, au milieu de nulle part va vite se révéler une prison pour Émile. En plus d'un environnement inhospitalier, le château semble être hanté par des esprits! Depuis cette prison où elle imagine son avenir funeste, Émile ne pense plus qu'à une chose : s'enfuir et retourner en France pour y retrouver Valancourt que son coeur n'arrive pas à oublier ...



Le fil rouge de ce roman est l'histoire d'amour qui unit Émile et Valancourt et qui a tout d'un amour impossible. Le personnage d'Emilie m'a un peu agacé. En effet, c'est une jeune fille un peu trop parfaite qui se plie aux codes et qui pardonne à ceux qui lui causent le plus de mal. J'avais parfois envie de la secouer au cours de ma lecture. Mais malgré ça, je dois dire que j'ai plutôt apprécié le roman.

Si ce roman a pu effrayer les lecteurs de l'époque, il n'a plus du tout le même effet sur le lecteur contemporain et aucun passage n'est susceptible de vous faire avoir la chair de poule. Cependant, je m'en doutais un peu et ce n'est pas le but que je recherchais en lisant ce livre donc, cela ne m'a pas gêné.

J'ai trouvé que ce roman était un peu long (certains passages auraient largement pu être écourtés).
Commenter  J’apprécie          20
Les Mystères d'Udolphe

Roman d'Ann Radcliffe.



1584. Émilie Saint-Aubert a grandi dans le refuge paisible d'un domaine de Gascogne, entourée des soins tendres et affectueux de parents aimants, au sein d'une nature sereine et généreuse. Tous les talents de l'enfant ont été developpés et Émilie présente toutes les grâces physiques et morales d'une jeune fille accomplie mais garde l'âme modeste. Dans les lieux paradisiaques qui entoure La Vallée, le château de son père, Émilie partage ses journées entre l'étude, la pratique du dessin ou de la musique et de longues promenades. Quand la maladie la prive d'abord de sa tendre mère puis de son père, Émilie se voir confiée aux soins abrupts de sa tante, Mme Chéron, femme acariâtre et sans tendresse. Cette dernière épouse un Italien, le signor Montoni dont la sombre réputation le précède et ne fait qu'augmenter à mesure que ses actes révèlent sa nature violente et perverse. "Il aimait le tumulte et la vie orageuse ; il était étranger à la pitié comme à la crainte. Son courage ressemblait à une férocité animale." (p. 481) Montoni entraîne à sa suite épouse et nièce par alliance en Italie, terre de violence où les condottieri sont légions. Dans son lugubre château d'Udolphe, gothique forteresse perdue dans les Apennins, il tient recluses les deux femmes avec pour dessein d'obtenir d'elles toutes sortes de fortunes et d'accords. Le dédale des couloirs et les chambres obscures fournissent à Émilie un nombre infini de terreurs et de craintes. Les portes dérobent de sombres horreurs et tous les recoins semblent abriter des spectres et des secrets sordides. Alors qu'Udolphe est attaqué, Émilie craint pour la vie de son amant, le jeune Valancourt, rencontré lors d'un voyage en Languedoc avec son père. Attachée au seul souvenir de l'élu de son coeur, elle préserve ses forces dans le dessein de le retrouver et de lui offrir et sa fortune et son coeur tout entier.



Ann Radcliffe sert un roman gothique de la meilleure facture. Tout est là pour susciter la terreur et les émois du lecteurs. Une longue mise en situation permet une connaissance intime de la jeune héroïne pour laquelle toute âme charitable ne peut concevoir que la plus grande pitié et frémir de la plus furieuse injustice à la vue des chagrins qui l'accablent. L'accumulation de ses malheurs est infinie, mais par un curieux effet d'accoutumance et de dépendance, la lectrice que je suis en voulait toujours plus, pour voir tout ce que la pauvre Émilie pouvait endurer, en versant comme il se doit des seaux de larmes et en se pâmant tous les sept paragraphes. Si je suis un peu ironique, c'est parce que je suis éberluée par la faiblesse des nerfs de la jeune fille, mais il semble qu'à l'époque il était de bon ton pour une femme de perdre ses esprits à la moindre contrariété ou frayeur... Petite digression: les malheurs d'Émilie m'ont rappelé ceux de la Justine de Sade, les sévices sexuels en moins. Dans les deux textes, les jeunes filles en fleur, parées de toutes les grâces possibles, sont précipitées dans des univers sombres et violents d'où seule la pureté de leur âme peut les tirer.



J'en reviens à la nature du roman gothique. Les personnages de noble nature s'opposent aux vilaines âmes qui n'entendent jamais la voix de la raison ou les plaintes éplorées des suppliantes. Les éléments mystérieux et terrifiants sont légions: voix venues de nulle part, lueurs nocturnes vacillantes, voiles noirs qui couvrent des tableaux horrifiques, ombres spectrales, portes vérouillées ou qui grincent, etc. La description du château d'Udolphe, la "gothique splendeur de son architecture, ses antiques murailles de pierre grise, [qui] en faisaient un objet imposant et sinistre." (p. 312), s'opposent aux charmes naturels et arcadiens de La Vallée, le berceau de l'enfance d'Émilie. Le locus amoenus de Lucrèce est revisité et déplacé en Gascogne. Tout s'oppose à la merveilleuse sérénité de La Vallée dont le nom annonce déjà toutes les beautés et les vertus. À la douceur de La Vallée, nature maîtrisée et domptée par l'homme, s'oppose la sauvagerie de la nature intouchée. Les voyages d'Émilie dans les Pyrénées, les Alpes et les Apennins la confrontent à la beauté féroce de paysages accidentés et inexplorés. Son esprit fragile et enflammé par une imagination féconde la pousse à se voir sans cesse dans les pires dangers et vouée aux périls les plus mortels.



Il se peint en filigrane de ce roman une acerbe critique de la société et des mondanités. La nature telle que la célèbrent Émilie et Blanche est le seul environnement où l'âme peut communier avec le Seigneur. Le vice des sociétés et leurs penchants dénaturés sont morbides pour l'esprit et le corps. Seule une âme forte et pure peut résister aux tentations et se défaire des néfastes habitudes de la ville. Le danger n'est pas que dans les montagnes reculées ou les châteaux isolés, il est tapi dans les relations douteuses qu'entretiennent les gens du monde. Les secrets que dissimule M. Saint-Aubert autour du portrait d'une autre femme et d'un manuscrit répondent au mystère qui entoure la disparition de la signora Laurentini, ancienne propriétaire d'Udolphe. Si l'on finit par comprendre que les deux histoires se rejoignent et que les coupables sont en fait les victimes, la conclusion des deux drames tend à réaffirmer que le monde, la politique et la vie en société ne sont que frivolités et dangers. La seule source de félicité ne peut se trouver que dans la paisible retraite du monde en un lieu protégé et au sein d'une compagnie choisie et limitée.



La musique est omniprésente au fil des pages. Émilie pince plus souvent qu'à son tour les cordes de son luth. De nombreux chants et mélodies mystérieux résonnent dans les bois qu'elle traverse. Le luth se fait la voix du coeur, des sentiments, des souvenirs et de la mélancolie. Le lyrisme est au rendez-vous, la suavité aussi. Tout cela concourt à accentuer l'horreur que véhiculent les éléments du roman gothique.



Comme dans toute structure manichéenne, il faut que les deux parties s'identifient rapidement. Il me semble que, dans ce roman plus que dans tout autre que j'ai lus, les caractères se lisent sur les visages. Les méchants ont la gueule de l'emploi, les gentils tout autant. Si les personnages principaux bénéficient de longues descriptions qui permettent de ne concevoir aucun doute sur leur naturel, les personnages secondaires sont plus rapidement esquissés, mais plus clairement également. Les domestiques ont tous un défaut majeur qui les qualifie mieux que de longs discours: Ludovico est fanfaron mais brave, Bernardin est sournois et donc traître, etc. Le plus bel exemple est pour moi Annette, la chambrière de Mme Chéron puis la suivante d'Émilie. La jeune personne allie à une crédulité sans fond une capacité de bavardage irrépressible. Certes de bonne nature, elle est incapable de tenir un secret : commère accomplie, elle est la gazette de tout ce à quoi Émilie n'assiste pas.



Le roman d'Ann Radcliffe est ce que je peux appeler une somme: près de 900 pages d'émois, de frayeurs et de questions. Tout se dénoue finalement et la morale de l'auteure est des plus pontifiantes. Voltaire l'a dit à peu de choses près avec le jardin de Candide.



J'ai particulièrement goûté ce texte, ses ressorts, ses détours. Il n'y a pas plus de fantastique que de surnaturel et c'est là tout le pouvoir du roman gothique: nous faire crier au loup alors que tout s'explique rationnellement. J'ai même découvert l'existence du feu de Saint-Elme. Je sors ravie de cette lecture qui ne m'a pas essoufflée un instant!
Commenter  J’apprécie          180
Les Mystères d'Udolphe

On assiste ici à l'avènement de la littérature gohique : jeune file pure, homme machiavlique, sombre chateaux, une once d'onirisme, tout y est. Pour entrer dans ce roman (très long au demeurant), il faut entrer dans la tête d'Emilie, chose qui n'est pas aisée étant donné l'état d'esprit beaucoup moins romantique et beaucoup plus indépendant des femmes de notre époque. Ceci fait, on vibre aux doutes et aux peurs de cette jeune fille à fleur de peau et Ann Radcliffe nous emporte dans une épopée extravagante.

Ce grand classique de la littérature anglaise a inspiré nombres d'auteurs. Si son style très romantique l'a quelque peu vieillir, il vaut néanmoins le détour.

Commenter  J’apprécie          40
L'italien ou le confessionnal des pénitents n..

J’ai découvert Ann Radcliffe quand j’étais en fac de lettres et que nous étudions le Romantisme Noir et les romans gothiques… après Les Hauts-de-Hurlevent et Jane Eyre, l’univers de Radcliffe, plus noir, m’avait beaucoup séduite. J’avais plongée dans Les Mystères D’Udolpho avec angoisse et ce roman était resté gravé en moi. Quand Keisha m’a proposé de me prêter son exemplaire de L’Italien, j’étais très emballée, certaine de retrouver l’ambiance qui m’avait tant plu dans Udolpho.



On ne peut pas aborder Ann Radcliffe sans la replacer dans son contexte littéraire. Le Roman gothique voit le jour à la fin du XVIIIe siècle à un moment où l’on découvre et commence à s’intéresser à l’architecture gothique. Précurseur du romantisme, il pose les bases en mettant en scène des intrigues sentimentales dans un décors de ruines, de souterrains, de pièces dérobées, mêlant le crime, les enlèvements. Les héroïnes sont souvent de jeunes orphelines innocentes sur lesquelles le sort s’acharne. Les motifs de la reconnaissance et du déguisement fonctionnent à plein.
Lien : http://leslivresdegeorgesand..
Commenter  J’apprécie          10
L'italien ou le confessionnal des pénitents n..

Ann Radcliffe est bien connue des lectrices (s'il y a des lecteurs, qu'ils m'en excusent) de Northanger Abbey, roman dans lesquel Jane Austen s'offre le plaisir de parodier et moquer les romans gothiques dont Mrs Radclife a fait son fond de commerce.



Malheureusement je ne présente pas ici les mystères d'Udolphe chers à Catherine Morland, mais cet Italien au titre complet fort prometteur.



"C'est à l'église de San-Lorenzo, à Naples, que Vincenzo Vivaldi vit pour la première fois Elena Rosalba. La douceur et le charme de sa voix(...) attirèrent d'abord l'attention du jeune homme. Son visage était couvert d'un voile; mais une distinction rare et une grâce parfaite se révélaient dans toute sa personne." Complice, le vent soulève son voile et "sur ses traits d'une beauté grecque se peignait la pureté de son âme, et dans ses yeux bleus éclatait la vivacité de son esprit."



Presque du Harlequin.



Donc Vivaldi aime Elena et s'en fait aimer assez rapidement.

Hélas, le père du jeune homme désapprouve cette mésalliance (apparente, bien sûr...) et sa mère, aidée de son confesseur, le moine Schedoni, fait tout pour empêcher le mariage.



On a donc droit à un enlèvement d'Elena, direction un couvent éloigné, puis sa délivrance par Vivaldi. L'inquisition s'en mêle, Vivaldi est reclus dans ses geôles, pendant qu'Elena risque l'assassinat dans une horrible villa au bord de la mer déchaînée, enfermée dans une sombre chambre dotée d'un passage secret...



Ajoutons des moines inconnus qui profèrent des messages mystérieux, apparaissant et disparaissant en un instant.



Et bien sûr un chouette final, où l'héroïne découvre des secrets de famille, les méchants meurent (à savoir Schedoni, ses complices, la mère de Vivaldi..., foin de toute pusillanimité! ), les obstacles au mariage disparaissent et Vivaldi épouse Elena. Oooh happy end!



D'accord, j'ai tout raconté, je me moque un peu, mais j'ai quand même pris plaisir à cette lecture malgré ses grosses ficelles. Le style, classique, est agréable à lire, l'histoire ne traîne pas en longueur, les coïncidences s'enchaînent et le suspense est bien là. Vivaldi est un jeune homme fougueux et assez naïf qui agit sans trop réfléchir, il en est agaçant, mais Elena est un joli personnage de jeune fille de bonne famille fidèle aux conventions sociales, et qui s'évanouit aux moments opportuns.



Les méchants, on les sent à un kilomètre :

"La porte du vestibule s'ouvrit lentement et donna passage à un homme d'une mine pâle et décharné, dont la physionomie portait l'empreinte des passions les plus basses."



Le passage où Vivaldi est interrogé par les religieux de l'Inquisition est excellent et, hélas, est sans doute conforme à la vérité historique.



Je suis donc ravie de ma découverte et relirai Northanger Abbey avec un oeil plus averti. Les ingrédients du roman gothique sont en effet bien présents: un peu d'"exotisme" avec l'Italie, des prisons, des couvents, beaucoups de ruines, des souterrains, des cryptes, des passages secrets, la mer agitée, la nature, divers religieux dont ceux de l'Inquisition, de lourds secrets du passé, un récit dans le récit...

Je ne qualifierais pas ce récit de "fantastique" car tous les éléments "surnaturels" reçoivent une explication. Même si tout est fait pour plonger le lecteur dans une ambiance effrayante, cela n'a pas du tout marché pour moi, au 21ème siècle ce type de récit a un peu vieilli.

Commenter  J’apprécie          20
Les évadés des ténèbres : Les Mystères du château d'U..

Excellent recueil de nouvelles fantastiques, sombres et gothiques, en tout cas, cultes !



Comme le titre l'indique, y figurent:

les mysteres du chateau d'udolphe

Frankenstein

Carmilla

Le Fanu

Le Golem.



On explore avidement et inlassablement le Vampirisme, le mythe de la créature qui échappe au démurge, des histoires de fantomes.



Une plume parfois désuette, mais toujours efficace.



Sans hésiter, je le conseillerais à tous ceux qui souhaitent découvrir ce type de littérature: c'est une excellente initiation, un "coffret découverte et dégustation" très séduisant



Commenter  J’apprécie          11




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ann Radcliffe (719)Voir plus

Quiz Voir plus

Monde

Comment est le monde de Branwell Brontë selon Daphné DuMaurier :

Génial
Infernal
Merveilleux

10 questions
15 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}