1954 après J-C. La Cour Suprême des États-Unis vote la déségrégation et permet aux étudiants Noirs d’aller étudier dans les écoles de Blancs.
Toute l’Amérique se soumet ? Non, les états du Sud résistent encore et toujours à ce jugement.
Arkansas, 1957 : le prestigieux Lycée Central de Little Rock doit ouvrir ses portes à neuf étudiants noirs… et c’est là que les Romains s’empoignèrent.
En Amérique, les Sweet Sixteen symbolisent le passage à l’âge adulte. 16 ans, c’est un cap, mais pour certains étudiants, ce ne sera pas sweet du tout.
Qu’il en a fallu du courage et une grosse paires de cojones à ces 9 étudiantes et étudiants Noirs pour effectuer leur rentrée scolaire dans un bahut composé de plus de 2500 Blancs qui n’étaient pas du tout disposés à leur faciliter la vie. Pire, même…
Ils n’en voulaient pas, de ces « Nègres », comme ils disaient, ces étudiants dont le crâne avait été bourré de préjugés et de théories à la con par leurs parents, leurs grands-parents et tous leurs ancêtres esclavagistes.
Dans ce court roman d’un peu plus de 200 pages, il y a du concentré d’imbécilité humaine, des préjugés raciaux, des conneries à l’état pur dites ou pensées par les Blancs et je vous avoue que voir des gens civilisés (sois-disant) se comporter comme des enfoirés de première, et bien, ça fait mal à la gueule.
Mal ma gueule parce que ce sont les Noirs qui sont désignés comme des non-civilisés par des gens qui se comportent pire que des singes (les Blancs). Honte pour eux, les Blancs. Même le président Eisenhower devra intervenir…
Voir ces honnêtes (tu parles) mères de famille blanches grimper aux grillages de l’école, les cheveux décoiffés, les jupes déchirées par l’exercice, la rage déformant leurs traits… tout ça pour quoi ?? Pour agresse Molly, noire, une des deux narratrices du roman. Pitoyable…
L’autre narratrice est Grace, une jeune fille blanche, de « bonne famille », c’est-à-dire que ses parents ne sont pas trop enchanté de l’arrivée des étudiants noirs. L’autre est Molly, étudiante noire, qui fait partie des Neuf. Molly est inspirée d’une des véritables étudiantes.
J’ai aimé avoir l’avis de Grace qui se trouve être plus modérée que les autres Blancs, bien qu’elle ne se frotte pas pour autant aux étudiants de couleurs, de peur de perdre sa popularité. Pour le reste, elle ne brutalise personne, elle est d’avis de ne pas faire attention à eux et puis c’est tout. Pourtant, elle n’est pas faite de bois et c’est bien une des rares qui réfléchisse et qui comprenne.
Molly, elle, elle va en baver durant son année scolaire… j’ai aimé sa fraicheur, ses peurs, ses faiblesses, son cran. Elle sait qu’elle et les autres sont des pionniers et que plus tard, d’autres en profiteront, il faut juste ouvrir la voie.
Tout le roman se lit sous tension, on a peur pour eux parce qu’un Blanc peut tuer un Noir sans que cela entraine des sanctions. C’est comme s’il avait écrasé une mouche. Le Blanc peut insulter le Noir, mais le pauvre ne peut pas répondre. Facile, non ?
Lire ces événements aux travers le récit d’un personnage inspiré d’un vrai donne plus de corps au récit, plus de punch, plus de peine et de cœur serré. Nous sommes en 1957, mais c’est dans le Deep South qu’on est tombé et ça pue encore le racisme de la guerre de Sécession.
Voir autant de conneries humaines, ça ne vous fait pas vous sentir bien. Savoir que l’on ferma ensuite le Lycée durant plus d’une année scolaire, empêchant ainsi TOUS les étudiants d’y entrer, je trouve ça du gâchis. Un manque de logique grave que d’empêcher 2500 élèves de faire leur rentrée juste pour ne pas que quelques uns (les Noirs) rentrent eux aussi.
Mais ce qui me donne encore plus de sueurs froides, c’est lorsque je me demande comment nous réagirions, nous, si demain, on faisant entrer dans nos écoles certains enfants… vous savez, ceux des gens qui nous font resserrer instinctivement les bras sur nos sacs à main lorsqu’ils arpentent les métros, ceux que Daniel Guichart mettaient à l’honneur dans une chanson ♫ Il ne sait pas d´où il vient ♫ Mais il sait toujours où il va, Il a des milliers de cousins ♪
Comment réagirions-nous si… ? Et là, j’ai peur de la réponse, peur de voir des gens se comporter aussi mal que dans ce roman.
Parce qu’une foule, c’est bête ! Une foule en colère, ça ne réfléchit pas. Parce que les préjugés et la démagogie ont encore de beaux jours devant eux et que certains aiment jeter de l’huile sur le feu.
Un grand roman fort, brutal, servi par une plume que l’on sent au service de la littérature jeunesse, mais qui n’écorchera pas les yeux d’un lecteur adulte.
Un roman qui fait réfléchir sur les comportements totalement fous de certains humains qui auraient juste mérité le titre de tarés profonds et dangereux. Non, pas taré, ce serait encore trop gentil.
Heureusement qu’il reste l’espoir dans ces pages, même si les actualités me font douter parfois…
Lien :
https://thecanniballecteur.w..