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Citations de Antoine Sénanque (258)


Il n’avait cessé de lutter contre lui-même pour protéger les siens, de surveiller ses paroles, sa conduite, ses décisions et de résister à ses propres ombres. Face à l’inquisiteur il avait enfin un adversaire extérieur à combattre, bénédiction que tous les hommes ne recevaient pas.
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La règle dominicaine voulait qu’aucune réponse ne soit précipitée, même si les mots arrivaient vite aux lèvres. L’humeur précède la réflexion, enseignaient les professeurs et l’humeur était la voix du diable.
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Mais ils savaient que l'Inquisition n'avait que faire des actes que l'on commettait et chassait plutôt les pensées mauvaises qu'elle découvrait par clairvoyance.
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Il était écrit qu'aucun juif ni aucun Turc ne connaîtrait la fin du monde en Europe, tant on les massacrait pour les priver d'apocalypse.
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Personne ne guérit sans Dieu, Antonin. Les clercs des universités brandissent la science à la place de la croix. Mais sans Dieu, la médecine est boiteuse. Apprends à soigner avec les secrets de la nature mais n’oublie jamais d’ajouter une prière à tes décoctions et à tes purges.
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Je me demandais pourquoi Dieu m’avait créé s’il fallait que je rejette tout ce qui faisait de moi une créature. Eckhart répondait à cela que Dieu avait besoin de moi pour sortir du néant. Dieu se réalisait dans la création.
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Leur mythologie était pleine de fantaisies et d’extravagances mais aussi de leçons subtiles. Comme celle de Dionysos. Ce dieu était le fils chéri de Zeus. Dès sa venue au monde, tous les ennemis du ciel le jalousèrent. Des forces archaïques et brutales, les titans, qui convoitaient le pouvoir, le pourchassèrent. L’enfant s’enfuit, se cacha mais ne parvint pas à leur échapper. Les titans finirent par le dévorer au cours d’un horrible festin. Chacun digéra cette chair sacrée qui imprégna de lumière leurs corps monstrueux. Quand il le découvrit, Zeus foudroya les assassins. De leurs cendres naquirent les hommes que nous sommes, fils de la matière des titans mélangée aux restes d’un dieu. Vois-tu, Guillaume, les Grecs savaient déjà qu’il existait dans le cœur humain une petite étincelle divine. Et cette petite étincelle, je ne cesse de la prêcher. Quelquefois, je l’appelle l’étincelle, quelquefois la citadelle de l’âme, quelquefois l’intellect. C’est la part que Dieu a laissée en nous pour que nous puissions revenir en lui. Si tu ne comprends pas mes sermons, pense au festin des titans et n’oublie pas le dieu qui est en toi.
— Je croyais que ces écrits grecs étaient pour les païens.
— Ils le sont, raison pour laquelle je ne les apprends pas à nos sœurs. D’autant que les yeux de l’Inquisition nous guettent. Je pense, ajouta-t-il en souriant, que l’histoire de Dionysos règlerait mon compte une fois pour toutes auprès de l’archevêque. Et que ce petit titan ne ferait qu’une bouchée de moi.
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Notre église était un champ de bataille. Les prêtres détestaient les moines qui se méprisaient entre eux. Le pape allait excommunier l’empereur élu contre sa volonté. Les Franciscains, fidèles à l’empereur, complotaient contre les Dominicains fidèles au pape. L’interdit lancé contre l’Allemagne fermait les portes des églises. Plus de messe, plus de sacrements et des hérésies qui poussaient partout. Les bûchers s’allumaient à travers le pays. On brûlait pour une parole, pour un livre. On chassait les juifs, les bégards, les sorciers. Chaque jour moissonnait une énergie puissante et sombre. Le monde grondait sous ces courants contraires qui s’entrechoquaient.
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L’alchimie est une voie spirituelle. Le plomb, c’est l’homme misérable que nous sommes lorsque nous vivons selon les désirs terrestres. L’or, c’est l’homme spirituel, enrichi de Dieu. Et la pierre philosophale qui transforme l’un en l’autre s’appelle le détachement. Lorsque tu auras abandonné la volonté d’obtenir quelque chose, tu auras gravi la première marche du détachement.
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— Quand le sculpteur conçoit son œuvre avant de commencer à tailler la pierre, est-ce que cette œuvre n’est rien ?
— Elle est dans sa pensée.
— Tu vois, Guillaume, “elle est”, tu l’as dit toi-même. Et c’est là que commence l’histoire de notre ressemblance avec Dieu, quand nous sommes dans sa pensée, pas encore créés dans le monde. Là… il désignait mon front, et seulement là ! Ce n’est que sous une forme purement spirituelle que nous pouvons nous unir à Lui, car Dieu est esprit. Si tu veux être de même nature que l’esprit, deviens pensée. Deviens “Idée d’homme”, il n’y aura alors aucune différence entre ce qui pense et ce qui est pensé. Aucune différence, Guillaume, entre celui qui pense et celui qui est pensé.
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— Quel est le but d’une existence terrestre, Guillaume ? me demanda-t-il.
— Le bonheur.
— Bien sûr, mais quel bonheur ? La santé, la bonne humeur, la paix intérieure, le confort pour toi et pour les tiens ?
— Je ne vois rien de plus désirable.
— Non ? Alors pourquoi ceux qui les obtiennent désirent-ils encore ? Si l’assouvissement du désir n’exigeait rien au-delà de ses limites, à quoi servirait cette force en nous qui ne s’apaise jamais ? Non, Guillaume, notre désir est fait pour Dieu, puisqu’il est infini.
— Alors tous les hommes devraient se faire moines ?
— Tous les hommes devraient se faire passants. Rien sur terre ne devrait les arrêter.
— Il suffit de désirer Dieu ?
— De désirer s’unir à Dieu.
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Il n’exigeait aucune prière, aucun rituel. Il me demandait de laisser faire la nature, de la laisser prier pour nous et pour le monde car sa beauté était action de grâce. C’était la première leçon du maître, Antonin, voir dans la nature une action de Dieu
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_ Il brûlera avec ses putains du Libre Esprit, me promettait-il.
Les clercs de Cologne le redoutaient. Moi, je n'avais pas peur de lui. Malgré ses menaces, je le trouvais inoffensif.
J'avais tort.
C'est lui qui détruisit le maître.
Bien sûr, il y eut le procès, les voyages exténuants vers Avignon, l'Inquisition qui comdamna son œuvre et la maudit pour les siècles à venir. Mais l'Inquisition n'a pas touché au cœur d'Eckhart. Kanssel l'a brisé.
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Pas besoin de carte pour trouver l'atelier des tanneurs. Les villes les exilaient hors des murs. Pour tomber dessus, il suffisait de tourner autour des remparts et de suivre, parmi les puanteurs du monde, celle qui dominait toutes : la puanteur des peaux.

- Chapitre 4 : Vélin -
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Le sacristain annonça Antonin en lui jetant un regard sans bienveillance. C'était un des plus vieux occupants du monastère. Il avait enterré une génération de frères. Modèle de piété rude et rigoureuse, il semblait n'aimer personne, prouvant ainsi que l'amour du prochain n'est pas une condition nécessaire pour exercer le métier de moine.

- Chapitre 2 : Mission -
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« Faire le point », règle matinale et militaire du docteur Crapal, surnommé « Crapaud » par les hiboux [résidents de la maison de retraire] qui aimaient l'entendre au pluriel. Il était bizarrement jeune, sur la frontière de la quarantaine. Il ne faisait pas plus, pas moins non plus, mais il n'avait pas les marques de la reconnaissance de son âge. Le regard ne brillait pas, la démarche manquait d'impulsion, la jeunesse avait laissé un mot d'absence à sa place encore tiède mais vide.
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Il essuya ses mains, en les tournant l’une sur l’autre, un geste de vieux, qu’il avait vu souvent faire à ses patients. Sa peau sentait la bière. On lui avait appris à être attentif aux signes. Les maladies avaient leur odeur. Les diabétiques sentaient l’acétone, les cirrhotiques l’ammoniac, les tuberculeux le chlore. On disait que les chiens pouvaient détecter les maladies mieux que les médecins mais que si les hommes marchaient à quatre pattes et reniflaient la terre, ils sentiraient presque aussi bien qu’eux. Les médecins devraient se baisser sur la piste des maladies. 
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Lorsqu’on aimait plus l’autre, c’est qu’on n’aimait plus rien. Raison pour laquelle toute rupture était plus grave qu’elle n’y paraissait.
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Il avait depuis longtemps constaté que la philosophie ne servait à rien dans les difficultés. Elle était juste inopérante. On pouvait se référer aux leçons les plus pertinentes des uns et des autres, tous siècles confondus, la souffrance était juste la limite que les principes ne franchissaient pas. La philosophie était une consolation pour homme heureux.
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Ma belle-soeur pédale aux côtés de son époux avec des petites boules clignotantes en couronne autour de son casque pour signaler sa présence à son prochain afin qu’il ne se précipite pas sur elle. Précaution qui m’a toujours semblé inutile.
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