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EAN : 9782246823544
224 pages
Grasset (11/03/2020)
3.47/5   34 notes
Résumé :
Pierre Mourange, 52 ans, docteur et directeur d’une maison de retraite près de Paris, père et mari lointain, tombe un jour sur un revolver dans le cabinet de leur thérapeute familial. Par curiosité, il le prend et y laisse ses empreintes. Manque de chance, le soir-même, le psychanalyste s’en sert pour se suicider, faisant de son patient un coupable tout trouvé. C’est du moins ce que va vouloir prouver l’inspecteur Guise, petit homme limité mais hélas pugnace. Mouran... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Découverte de l'auteur avec ce roman qui se donne des airs de polar, même si pour une fois, le flic de service est non seulement pitoyable mais aussi nul, dans ses capacités de déduction.

Lorsque Pierre Mourange attend patiemment l'arrive de son épouse et de sa fille chez leur thérapeute familial, il ne se doute pas qu'une partie de son existence va changer. Les deux femmes de sa vie n'arrivent pas, il sort du cabinet pour confier son mal-être à une masseuse professionnelle, et c'est pendant cet épisode réconfortant que le psychiatre dont il fut le dernier patient à plus d'un titre, choisit de mettre fin à ses jours. Avec le revolver que par curiosité Pierre a manipulé quelques instants…

Cette intrigue est le support pour d'autres évocations, des histoires d'amour, naissantes ou mourantes, des histoires d'amitiés, si profondes qu'elles survivent à des trahisons pardonnées mais pas oubliées, ou font franchir le rubicond de la légalité.
On aime aussi les papys qui font de la résistance malgré la puissance des forces qui gouvernent l'administration d'une institution qui héberge des personnes âgées

Le ton est quelque peu désabusé, mais les circonstances ne sont pas particulièrement drôles, et malgré tout, certains personnages nous feront sourire par leur compétences cachées ou leur incompétence notoire.

Beaucoup de plaisir donc à la découverte de ce roman qui m'incite à vouloir explorer l'univers littéraire de l'auteur .

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Il y a les livres que vous aimez bien, qui vous ont fait passer un agréable moment de lecture. Il y a les livres que vous aimez beaucoup, que vous voulez relire, que vous conseillez à tous ceux que vous aimez, et même aux autres. Et puis il y a les coups de coeur, les livres que vous n'oublierez jamais, ceux qui touchent en vous quelque chose d'enfoui, d'important, ceux qui vous parlent personnellement, avec lesquels s'instaure un dialogue, ceux dont vous recevez la petite musique comme un vrai cadeau. Pour moi, Que sont mes amis devenus ? d'Antoine Sénanque est de ceux-là. J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce roman… le début est assez déroutant. Un narrateur à la première personne explique, dans le bref prologue, que cette histoire n'est pas la sienne, mais qu'il va l'écrire à la première personne. Dans le premier chapitre, le narrateur à la première personne se présente : Pierre Mourange. Et dès le chapitre deux, on apprend que Pierre « ne disait pas toujours “je” quand sa pensée parlait de lui. Il disait Pierre comme pour un autre, pour la distance qui le séparait de lui-même ». Et c'est exactement ça : Pierre est distant de lui-même, c'est pourquoi un narrateur à la troisième personne nous racontera cette vivante, troublante et émouvante histoire d'amitié.
***
Pierre est médecin, directeur d'un EHPAD. La cinquantaine passée, il a entrepris une thérapie familiale chez le docteur Petit-Jean. Sa femme, Isabelle, et sa fille, Mathilde, se sont éloignées de lui. Ou l'inverse. Elles sont en retard toutes les deux à ce rendez-vous et, pendant une courte absence du psychiatre, Pierre va prendre en main le revolver que le docteur garde dans un tiroir. Seulement le psychiatre se suicidera le soir même, et les empreintes de Pierre se trouvent maintenant sur l'arme…
***
L'intrigue policière va servir de prétexte pour découvrir Pierre, ses désillusions, ses peurs, ses réussites et ses échecs, mais aussi ses espoirs. On rencontrera ses proches et on suivra l'évolution de leurs relations. Si Isabelle ne fait que passer, me semble-t-il, on comprendra petit à petit l'importance de Mathilde. On constatera la panne d'inspiration de Camille, l'ami de toujours, écrivain stérile depuis dix ans. On découvrira aussi Boivieux et Nikolas, deux pensionnaires de l'EHPAD auprès desquels Pierre semble se ressourcer (!). On fera aussi connaissance de deux policiers bien différents : un enquêteur teigneux, amer et somme toute assez limité, et sa supérieure subtile et compatissante. Bref, ce roman avait tout pour être sinistre : une famille qui se désagrège, un suicide, un écrivain plus ou moins raté, un médecin désabusé et une intrigue qui se déroule en partie dans un EHPAD… Evidemment, il n'en est rien. L'écriture déliée, le vocabulaire précis, les phrases courtes et percutantes ainsi que l'humour, parfois cruel mais plus souvent complice, sans oublier des passages d'une vraie poésie, autant de caractéristiques qui font de ce roman un vrai bijou. C'était mon premier d'Antoine Sénanque. Chouette !
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Deux amis de longue date, Pierre Mourange et Camille Fusain. le premier est directeur d'un Ehpad à Gouvieux, le deuxième, écrivain, en bute avec la page blanche. Ils sont liés par une amitié forte, libérée, proche de la relation amoureuse, j'ai envie dire. Si puissante que même « [une] trahison [peut devenir] en réalité l'abri de leur amitié ». Ils peuvent compter l'un sur l'autre et noient les épisodes fâcheux de leur vie en trinquant plus que de raison.

« Il n'y avait pas de réponse claire à la question de savoir pourquoi certains préféraient au pollen quotidien le miel noir que ¨Pierre Mourange et ses deux amis aimaient butiner ensemble. Parce que c'était peut-être là et nulle part ailleurs qu'on s'amusait, chatouillé par les doigts des ombres. »

Autour d'eux gravitent deux résidents hauts en couleur de l'Ehpad, Nikolas et Bouvieux, deux hiboux, asociaux mais ingénieux et téméraires quand il s'agira d'aider Pierre. Nous faisons aussi la connaissance de Blanche, la secrétaire de l'Ehpad, entichée de Pierre et déplorant un amour à sens unique, ainsi que de la femme de Pierre dont la relation est à un point de non retour. Et entre eux les deux amis, Mathilde, la fille de Pierre que Camille chérit comme sa propre fille.
Un petit monde qui vivote paisiblement jusqu'à ce que Pierre soit accusé du meurtre de son psychanalyste, le docteur Petit-Jean. Entre alors en scène l'inspecteur Guise, un homme aigri, qui n'aura de cesse de s'acharner sur Pierre afin de prouver sa culpabilité et une commissaire qui, quant à elle, portera sur Pierre un jugement tout autre...

L'écriture semble légère mais sous cette première couche de légèreté se cache beaucoup de subtilité, de causticité, poussant à la réflexion. Avec que sont devenus nos amis ? (au passage, le titre est une citation du poète Ruteboeuf), on s'interroge sur la vie, l'amitié, la mort, l'amour, la trahison, le temps qui passe, la mémoire, sur ce qui fait chacun de nous. Pierre le protagoniste porte un regard sur lui-même. Un regard acéré, profondément humain, un regard de médecin, et pour cause Antoine Sénanque est neurologue. Et nous, c'est aussi un regard sur nous-même que nous posons au fil des pages.
Un roman empreint de mélancolie, pimenté par une intrigue policière et des tournures de phrases absolument délicieuses.
D'aucuns y verront un quelconque ennui. D'autres, et j'en fais partie, y verront un moment de lecture suspendu dans le temps et bercé par une mélodie subtile et délicate, mêlant poésie et humour aiguisé.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Que sont nos amis devenus ? est une histoire d'amitié . De trahison également (de celle qui brise une relation). C'est aussi une histoire d'hommes qui cherchent (et se cherchent) : Pierre cherche un sens à sa vie alors que son couple se délite, Camille cherche l'inspiration pour un nouveau roman et l'inspecteur Guise cherche à boucler une dernière affaire avec éclat avant son départ en retraite. C'est pourquoi lorsque les empreintes de Pierre sont retrouvées sur un revolver ayant servi au suicide de son thérapeute, il est rapidement soupçonné par ce dernier. Heureusement, il peut compter sur Camille (son meilleur ami), ainsi que sur Nikolas et Boisvieux, 2 pensionnaires de l'EHPAD où il officie, pour l'aider. Même si de son côté, il ne met pas beaucoup d'enthousiasme à se sortir de cette situation. Ce en quoi il a tort, car parfois la pire des situations peut déboucher sur la plus belle des histoires...
Un roman à la plume précise. Les phrases font mouches, les pages se tournent vite et les hommes sont faillibles. Un bon moment.
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A plus de 50 ans, Pierre Mourange, directeur d'un EHPAD s'éloigne de sa femme et de sa fille. Un soir où il les attend toutes les 2 dans le cabinet de leur thérapeuthe familial, il se retrouve seul dans le bureau du psychanalyste et se met à fouiller dans ses affaires. En ouvrant un tiroir, il découvre un revolver, le prend dans ses mains avant de le ranger. Mais trop tard ses empreintes sont sur l'arme. Arme avec laquelle, le médecin se suicidera le soir même. Pour l'inspecteur Guise, à deux doigts de la retraite et à l'esprit étroit, même si l'enquête prouve à un suicide, les empreintes de Mourange sur l'arme ne peuvent faire de lui qu'un coupable. Et même si ce dernier ne cherche pas plus que ça à essayer de se défendre, il va se rendre compte que ses amis sont à ses côtés. Grâce à Camille l'ami de toujours, écrivain devant la page blanche et de certains résidents de l'EHPAD, la vie de Pierre va prendre une voie qu'il ne croyait plus possible.
Avec une écriture exquise et intelligemment drôle et sur fond d'intrigue policière, Antoine Senanque nous fait cheminer dans les aléas de la vie et interroge sur l'amitié entre trahison et loyauté. Il nous fait passer un moment réjouissant de lecture grâce à des personnages cassés mais si humains pour mieux nous montrer la fragilité des hommes.
Un roman d'ambiance plein d'humour, tendre et qui fait réfléchir. Un pur délice comme j'aimerais avoir entre les mains plus souvent !
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
On devrait toujours remplacer le mot « personne » par « très peu de gens », répondit Nikolas. Personne ne pouvait craquer le génome humain, personne ne pouvait créer l'intelligence artificielle, personne ne pouvait créer les nanorobots. Au XXIème siècle, il y a toujours quelqu'un derrière personne.
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J'ai été médecin dans une autre existence, je sais reconnaître les mauvais signes. Le docteur Petit-Jean tousse gras et souvent. Ça vient de loin et de longtemps. Sa peau est cireuse et ses yeux pleins de petites artérioles rouges qui courent sous le voile des larmes. Il est gros et essoufflé. Il sue beaucoup, de l'effort de son corps pour se maintenir au repos. Dans un film, il est le personnage auquel il ne faut pas s'attacher. On sent, dès les premières scènes, le manque d'avenir. Je le visite pourtant depuis deux ans et je ne peux pas dire que son état ait empiré. Il reste au bord de l'inquiétant. Comme moi.
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- T'as remarqué qu'il y avait de plus en plus de connards à Paris ?
- Oui, répond Camille, c'est normal, le con est devenu une espèce protégée. C'est le couvre-feu pour les autres. La ville n'autorise la circulation que des gardiens de l'ordre moral, les surveillants qui font respecter les vertus civiques et chassent les dissidents. On n'arrête pas de féliciter les cons, donc ils montent en puissance. C'est l'effet récompense. Quand tu es montré en exemple, tu prends de l'assurance. Ils forment l'axe du bien, ceux qui pensent air pur, trottoirs propres, vélos, trottinettes, tous les jours décorés du grand ordre des aseptisés, dans les journaux, sur les murs, à la télé. Ça finit par leur monter à la tête toutes ces félicitations. Maintenant, ils seraient capables de t'étrangler pour t'apprendre à respecter l'oxygène. En t'en privant radicalement. Leurs mains gantées de vert ne laissent pas de traces et ils ont un bon avocat, Maître du Comme il faut, un ténor du barreau qui obtient toujours la grâce des criminels qui agissent en état de légitime morale.
- C'est pas seulement Paris...
- Non, c'est sûr, c'est un grand sujet la connerie, ça dépasse nos murs, c'est de la sociologie et de la médecine aussi. C'est le quatrième agent infectieux reconnu après les bactéries, les virus t les prions : très contagieux, très virulent, très présent. Avec la démographie galopante, le problème ne peut que s'aggraver. [...] Il y a une étude anglaise. On a perdu 14 points de QI depuis l'époque victorienne. À chaque génération, on devient plus con. C'est scientifiquement prouvé et ça s'accélère. Des Norvégiens qui viennent d'étudier la question prévoient une perte de 7 points de QI pour chaque nouvelle génération. Ils ne proposent pas de solution sauf manger plus de poisson, mais c'est des Norvégiens.
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Il n’éprouvait pas de mal-être majeur […] mais il observait un fait indiscutable : la quantité d’alcool qu’il ingérait quotidiennement suivait une courbe ascendante d’année en année. Ce qui n’était pas le symptôme le plus reconnu de la tranquillité intérieure. (p. 27-28)
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J'attendais ma famille.
Dans l'antichambre d'un cabinet de psychiatrie. Pour une séance de groupe. Le psychiatre s'appelle le docteur Petit-Jean, 43 rue du Cherche-Midi, Paris 7.
Je donne l'adresse parce que les psychiatres sont plus des lieux que des personnes. Des endroits où les rendez-vous avec vous-même coûte de l'argent.
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