Citations de Antoine de Saint-Exupéry (3245)
"Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique."
Le Petit Prince
Être homme, c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde.
Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons.
- Si j'ordonnais à un général de voler d'une fleur à l'autre à la façon d'un papillon, ou d'écrire une tragédie, ou de se changer en oiseau de mer, et si le général n'exécutait pas l'ordre reçu, qui, de lui ou de moi, serait dans son tort ?
- Ce serait vous, dit fermement le petit prince.
- Exact. Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner, reprit le roi. L'autorité repose d'abord sur la raison. Si tu ordonnes à ton peuple d'aller se jeter à la mer, il fera la révolution. J'ai le droit d'exiger l'obéissance parce que mes ordres sont raisonnables.
Chapitre X.
À LÉON WERTH
Je demande pardon aux enfants d'avoir dédié ce livre à une grande personne. J'ai une excuse sérieuse : cette grande personne est le meilleur ami que j'ai au monde. J'ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. J'ai une troisième excuse : cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a bien besoin d'être consolée. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l'enfant qu'a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. (Mais peu d'entre elles s'en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace :
À LÉON WERTH
QUAND IL ÉTAIT PETIT GARÇON.
Il est plus difficile de se juger soi-même que de juger les autres.
Aujourd'hui, je rêve. Tout cela est bien lointain. Que sont devenues ces deux fées ? Sans doute se sont-elles mariées. Mais alors ont-elles changé ? Il est si grave de passer de l’état de jeune fille à l'état de femme. Que font-elles dans leur maison neuve ? Que sont devenues leurs relations avec les herbes folles et les serpents ? Elles étaient mêlées à quelque chose d'universel. Mais un jour vient où la femme s’éveille dans la jeune fille. On rêve de décerner enfin un dix-neuf. Un dix-neuf pèse au fond du cœur. Alors un imbécile se présente. Pour la première fois des yeux si aiguisés se trompent et l'éclairent de belles couleurs. L'imbécile, s'il dit des vers, on le croit poète. On croit qu il comprend les parquets troués, on croit qu'il aime les mangoustes. On croit que cette confiance le flatte, d'une vipère qui se dandine, sous la table, entre ses jambes. On lui donne son cœur qui est un jardin sauvage, à lui qui n'aime que les parcs soignés. Et l’imbécile emmène la princesse en esclavage.
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
"S'il te plait…apprivoise-moi ! dit-il.
- Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
- Que faut-il faire ? dit le petit prince.
- Il faut être très patient, répond le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près…"
Le lendemain revient le petit prince.
" Il eût valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai : je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur…il faut des rites.
Si tu viens, par exemple ,à quatre heures de l'après-midi,dès trois heures, je commencerai à être heureux.
Les yeux sont aveugles il faut chercher avec le coeur.
Je ne savais comment l'atteindre, où le rejoindre... C'est tellement mystérieux, le pays des larmes!
C'est doux, la nuit, de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries.
Voyez-vous, Robineau, dans la vie n'y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent .
"je ne savais pas comment l'atteindre, où le rejoindre... C'est tellement mystérieux, le pays des larmes. "
L’essentiel est invisible pour les yeux.
_ Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons. Il paraît que c'est tellement beau.
P. 40
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. (Mais peu d'entre elles s'en souviennent.)
Heureux les pays du Nord auxquels les saisons composent, l’été, une légende de neige, l’hiver, une légende de soleil, tristes tropiques où dans l’étuve rien ne change beaucoup, mais heureux aussi ce Sahara où le jour et la nuit balancent si simplement les hommes d’une espérance à l’autre.
Force-les de bâtir ensemble une tour et tu les changeras en frère .Mais si tu veux qu'ils se haïssent , jette- leur du grain.
Pour ce qui est de l'avenir, l'important n'est pas de le prévoir, mais de le rendre possible.