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Critiques de Anton Tchekhov (652)
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7 pièces en un acte

Délicieuses comédies en un Acte de Tchékhov sur l'amour, les relations sociales, l'indépendance etc...

Des pièces simples, contenant tous les ressorts du comique, efficaces et aussi sympathiques à lire qu'à voir jouer par des comédiens.



Tchékhov traduit dans ses pièces les raisons de sa reconversion professionnelle. Rappelons qu'il admirait Tolstoï et la littérature. Il abandonna sa carrière de médecin pour la comédie, espérant par le rire soigner les âmes souffrantes et en peine. Noble projet, au temps d'une Russie exsangue, au tsarisme finissant.



Ces courtes pièces ne sont peut être pas de grands chefs d'œuvre mais permettent au lecteur de passer un bon moment au théâtre.



J'aime particulièrement la dernière pièce " les méfaits du tabac".





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7 pièces en un acte

Anton Tchékhov nous a laissé un total de neuf pièces en un acte achevées et quelques fragments. On peut scinder ces neufs pièces en deux catégories : les farces, au nombre de six, et les études dramatiques, pour lesquelles je ne vous ferai pas l'injure de les compter à votre place.



Les sept pièces retenues ici appartiennent toutes à la catégorie des farces sauf Le Chant Du Cygne. Au risque d'en froisser certains, j'ose prétendre sans peur que, dans l'ensemble, on est loin, très loin, du grand Tchékhov d'Oncle Vania.



Concernant les farces, ça se veut drôle, probablement, mais ça ne l'est pas. Je ne peux même pas dire que j'aie pu esquisser des sourires. Mécanique lourde, prévisible, répliques sans trop d'intérêt, à de rares exceptions près.



Les deux pièces que j'ai le mieux aimé étaient les deux premières, Le Chant Du Cygne et L'Ours pour lesquelles ma notation irait sans doute jusqu'à 3 étoiles. Toutes les autres sont à deux voire moins, d'où ma note d'ensemble assez basse.



Le Chant Du Cygne n'est donc pas une pièce comique. L'on y assiste à la grande remise en question d'un acteur âgé, sur le déclin, qui s'interroge sur son art et sur le sens qu'il a donné à sa vie durant toutes ses années de scène. Cette pièce fait écho, mais de façon faible à La Mouette, où cette thématique est mieux développée.



L'Ours nous met en présence un créancier qui vient réclamer une somme d'argent à une jeune veuve. Cette dernière, plutôt prude et de belles manières, lui confesse qu'elle ne pourra recouvrer sa créance que dans quelques jours. Or, lui, a un besoin urgent de la somme aujourd'hui même. S'ensuit donc une empoignade verbale de toute beauté où fourmillent quelques belles répliques pour se finir d'une façon quelque peu inattendue.



Une Demande En Mariage surfe sur l'éternelle âpreté au gain et l’étroitesse d’esprit de ces propriétaires terriens que fustige souvent Tchékhov. Toujours est-il que toute la pièce est un crêpage de chignon sur des peccadilles, qui interdisent même au fiancé de formuler sa demande auprès de la jeune fille convoitée. Très faible intérêt selon moi.



Le Tragédien Malgré Lui, c'est encore pire, du gros, lourd et gras qui tache... Un quasi monologue où un citadin de la classe moyenne, qui vient passer son été en datcha à la campagne, égrène les mille misères que cette vie de villégiature lui cause auprès de son épouse tyrannique. On est au fond du trou de Tchékhov d'après moi.



La Noce, un peu à la manière d'Une Demande En Mariage, se prétend une caricature des classes moyennes qui veulent faire comme les " grands ", en mettre plein la vue, mais qui n'en ont ni les moyens ni les manières. Le passage avec le capitaine de frégate, assez drôle au tout début, devient catastrophique et d'un lourdingue absolu vers la fin.



Le Jubilé nous transporte dans une banque où, là encore, Tchékhov s'en prend au vernis derrière lequel se cachent les personnages " respectables " et essaie de l'écailler. Mais c'est encore de la grosse mécanique redondante, pas drôle et qui ne présente pas beaucoup d'intérêt à mes yeux.



Enfin, le clou, Les Méfaits Du Tabac, une autre pièce creuse où l'auteur n'a rien ou à peu près à nous dire, tout comme son protagoniste principal. C'est un monologue, un peu comme Le Tragédien Malgré Lui, où un mari, complètement phagocyté par sa femme, tenancière d'un pensionnat-école de musique, est mandé par son épouse pour faire une énième conférence de bienfaisance. Le brave factotum va donc s'exécuter, en ayant bien évidemment pas la moindre idée de ce dont il va pouvoir parler devant un auditoire qui, de toute façon, ne l'écoutera pas. Or, accablé par la férule de sa despotique épouse, il pète un câble et balance à l'assemblée les secrets du caractère de sa femme et de ses pitoyables relations avec elle. Bref, il parle de tout, sauf peut-être des méfaits du tabac...



En somme, pour ce qui est du recueil, à mon avis du mauvais Tchékhov, voire très mauvais, quand on sait ce dont il est capable dans ses excellentes pièces. Si vous ne connaissez pas du tout l'auteur, passez votre route et reportez-vous plus volontiers sur Oncle Vania, La Cerisaie ou encore La Mouette, des pièces d'une tout autre épaisseur. Mais ce n'est bien sûr qu'un avis en un acte, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Aïe, mes dents !

Aïe mes dents !

Une microscopique nouvelle à chute vraiment très rigolote, parue dans le Grillon en 1886.

Sergueï Dybkine a mal aux dents, mais alors très très mal. Le diable lui-même semble installé dans sa dent. Les femmes de la maison lui font ingurgiter tout un tas de potions bien raides : de la vodka bien sûr mais aussi du raifort mêlé de pétrole, de l'eau de Cologne mélangé à de l'encre...Mais rien n'y fait...Sergueï songe à se loger une balle dans le front...Que va-t-il lui arriver ?



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Angoisse



Cette nouvelle pourrait être résumé par cette citation de Cohen : «chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte».

Iôna un cocher, homme à la vie simple, perd son fils brutalement. « À qui confierai-je ma peine ? » gémit Iôna car personne ne prête une oreille attentive. « Seul encore une fois ! Et une fois encore le silence recommence… Sa peine, un instant adoucie, renaît et distend sa poitrine avec une force plus grande. Les yeux de Iôna courent anxieux sur les groupes de gens qui se pressent des deux côtés de la rue. Ne se trouvera-t-il pas dans ce millier de gens quelqu’un pour l’entendre ? Mais les gens passent sans remarquer ni lui ni sa peine… »

Tchekhov fait naitre l’émotion, il plante un décor où Iôna et son cheval sont immobiles, le corps couvert de neige « lourde et molle », autour d’eux la ville s’agite, ce contraste accentue la solitude et la tristesse du cocher. Iöna travaille peu et il est souvent houspillé et brutalisé. Tchekhov éveille notre compassion et interroge sur l’indifférence des hommes. Il entrouve la porte sur le lien de l’homme avec l’animal qui joue le rôle de confident pour soulager la peine et la désespérance de Iôna. Car c’est à lui que le cocher raconte sa peine.

Les thèmes de l’angoisse, de la peur et de la solitude sont des thèmes récurrents chez Tchekhov, et la vie semble bien morne, voire absurde. « Il y a tant de choses dont Iôna aurait à parler maintenant. »

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Au royaume des femmes - Ariadna - Monseigne..

"Au royaume des femmes" ou "Un royaume de femmes" (Бабье царство) est une nouvelle parue dans la revue "La Pensée russe" en janvier 1894.



Ces "vingt-quatre heures de la vie d'une femme" (pour citer le titre d'une autre nouvelle renommée, due au cher Stefan ZWEIG) nous font d'abord partager les errements affectifs d'une jeune héritière la veille et le jour de Noël.



C'est qu'Anna est si maladroite. Elle ne se sent jamais à sa place. Elle doit promener du matin au soir son oisiveté subie pour honorer des "visites de charité" (adaptées à ces temps de Nativité), telle celle qui l'amène en traîneau jusqu'à ce misérable immeuble où un pitoyable fonctionnaire licencié alcoolique - l'ineffable Tchalikov, suintant de servilité - survit avec sa famille nombreuse (Chapitre I : VEILLE DE NOËL) et sous-loue une chambre de son logement crasseux à un ouvrier amateur d'horlogerie : Piménov aux larges épaules et au visage noir de suie, qui ne laissera pas Anna indifférente...



Puis nous retournons au monde d'en haut : ce premier étage des appartements cossus qu'elle habite (Chapitre II & III : MATIN DE NOËL" et "LE DÎNER") : là où l'on reçoit les gens dits "bien"... Comme ce Lyssévitch, un avocat repu, dragueur sans scrupules, grand admirateur du travail De Maupassant... additionné d'un vieux général somnolent - sorte de figurant nommé Kriline.



Nous terminerons notre immersion dans les pièces d'en bas (Chapitre IV : "LA SOIREE") : là où le peuple, la cuisinière et les autres domestiques se pressent sous l'oeil et les dorures des icônes. Anna devant son lit, terminant cette journée exceptionnelle et banale se retranchera en elle-même avant de pleurer avec Macha d'en bas, dite "Macha la Rousse" : le "royaume des femmes" n'est pas si étendu que cela et sa relative liberté "étroitement surveillée"...



Ce bon Docteur TCHEKHOV (1860-1904) suit évidemment tout cela de très près, et nous sommes immédiatement attachés aux pas d'Anna, aux froufrous de sa robe neuve. Pas de jugement de l'auteur. Juste les jugements intérieurs (parfois naïfs, parfois impitoyables) de sa "femme de trente ans" balzacienne, découvrant le monde ("son" monde) et ses limites avec nous...



Il nous découvre "ses" personnages là où ils en sont et nous les laissera - à la chute de sa nouvelle - là où ils sont parvenus : à une incertitude complète...



Finalement Piménov ne sera pas pour Anna, et le domestique "Michenka" échappera à "Machenka" la Rousse...



En passant, au chapitre IV, le portrait réjouissant d'une vraie langue de vipère (ou "de p...te", comme on dit plus crûment par chez nous... ), femme du peuple rouée inoubliable et cocasse, mécréante punaise de lit revenue de tout et surnommée (par tous) "La Punaise".



Toujours au chapitre IV, quelques petites fautes de goût du traducteur, Vladimir Volkoff : un "Ouais" et "mes copines", assez malvenus dans un dialogue quand bien même il surgit des lèvres de la Punaise... Tout cela sans gravité, tant ce passage "volkovien" du russe au français est dynamique, fluide, parfait....



"Une banale histoire" (magnifiée par Wojciech Jerzy HAS) puis "La Dame au petit chien" (affadie par Nikita MIKHALKOV) furent nos deux portes d'entrée dans l'univers tchékhovien... Cette troisième voie d'accès fait que ce monde infini ne nous quittera plus. Andrei ZVIAGUINTSEV et Nuri Bilge CEYLAN ont bien raison d'avoir fait de ce Continent tchekhovien leur icône secrète. Au moins quatre cinéastes (polonais, russes, turc) également fascinés...



Et pour parler avec les mots de notre amie La Punaise, de plus en plus l'impression qu'en dehors de ces fantastiques "Classiques" (y compris modernes) : "Franchement, tout le reste c'est de la m... ! " :-)
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Bagatelles quotidiennes et autres nouvelles

Lire les nouvelles de Tchekhov, c’est rentrer en quelques mots dans un univers unique. Il a le don d’esquisser un paysage, une scène de vie avec une élégance unique. C’est comme si on admirait un magnifique tableau et qu’on s’imprégnait de l’ambiance.

Le choix de l’éditeur s’est porté sur des nouvelles qui ont un caractère doux-amer. La première nouvelle, qui est la plus longue aussi, raconte le quotidien morose d’un professeur d’université, qui voit sa vie se déliter au fur et à mesure qu’il vieillit. On sent avec acuité son désarroi, son envie de s’accrocher à l’existence, ses liens de plus en plus ténus avec les membres de sa famille : cette nouvelle me rappelle un peu celui d’Ivan Ilitch de Tolstoï avec l’accent moral en moins.

Le reste des autres nouvelles est plus courte mais chaque histoire a sa propre particularité : un infirmier qui se retrouve coincée dans une auberge fréquentée par des voleurs de chevaux à cause d’une tempête de neige ; les gens qui essaient de débusquer une lotte enfouie sous une branche ; la petite domestique de treize ans qui s’effondre de sommeil (une nouvelle d’ailleurs qui m’a marquée par sa fin brutale) ; les déportés en Sibérie qui essaient de survivre tant bien que mal ; le requiem d’un père pour sa fille qu’il estime avoir mené une vie dissolue etc.

Le style d’écriture est élégant, agréable et fluide. C’est du grand art. Il a vraiment un talent de conteur, une manière d’écrire qui est unique. Je n’ai pas mis le cinquième coeur car je trouve ce recueil malheureusement trop court.

Je vous recommande ces nouvelles si vous êtes fans du genre. Vous trouverez quelques pépites inoubliables.
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Bagatelles quotidiennes et autres nouvelles

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les Éditions Les Belles Lettres pour l'envoi de ce recueil dans le cadre de l'opération Masse Critique.



Je n'avais encore rien lu d'Anton Tchekhov et si j'ai sélectionné ce livre c'est d'abord pour sa couverture : j'adore les poupées russes. Je l'ai aussi choisi car je m'intéresse à la littérature russe en général.



Une belle découverte. J'ai adoré l'écriture de Tchekhov. Je pense même qu'elle est « supérieure » à celle de Joseph Kessel dont je viens de lire le recueil intitulé « La steppe rouge ». Mais j'ai aussi préféré ses histoires et sa façon de les raconter. Les thèmes « russes » étaient présents mais c'est surtout le désespoir des personnages qui m'a marquée.



Mis à part deux ou trois nouvelles que j'ai moins aimé je dois dire que dans l'ensemble j'ai été assez conquise (il y a 14 nouvelles en tout).



Ma nouvelle préférée (et la plus longue) entre toutes reste « Morne histoire », qui est commentée en fin d'ouvrage avec un essai de Léon Chestov « La création ex-nihilo ». Je ne suis pas vraiment d'accord avec tout ce qu'il y dit mais il m'a néanmoins donné envie de lire Ivanov et La Mouette. C'est déjà ça !



Je terminerai sur cette citation :



« Une fumée bleue monte de l'encensoir et baigne dans le large rayon de soleil qui coupe obliquement le vide ténébreux et sans vie de l'église. Et il semble qu'avec la fumée, l'âme même de la morte plane dans le rayon. Pareilles à des boucles d'enfants, les minces volutes de fumée tourbillonnent, montent vers la fenêtre, comme si elles voulaient fuir l'accablement et la tristesse dont cette pauvre âme est pleine. » (Le Requiem)



Un bon moment de lecture.







Challenge multi-défis 2018 (62)
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Bagatelles quotidiennes et autres nouvelles

Cher ami, janvier se termine et je prends le temps de saisir enfin ma plume pour vous faire signe et partager avec vous de grandes nouvelles.

Ici, les pluies semblent ne pas vouloir cesser. Mais, depuis ce matin le jour semble retenir un rayon de soleil au creux de ses plaines. Et je m'amuse à penser que ce rayon est comme la Lotte que notre cher Anton a décrite. Filera..., filera pas ! Schubert a donné à l'Autriche sa truite, notre cher Tchekhov une lotte ! Après tout, dieu a bien donné une baleine pour instruire les hommes.

Oui les beaux jours semblent nous filer entre les doigts... Pourrons espérer un jour goûter de nouveau un peu de la chair de leur soleil ?

Mais je m'égare ...Je vous écris ce matin pour vous transmettre un heureuse nouvelle : Nous avons reçu des nouvelles ! Des nouvelles d'Anton Tchekhov !

Elles nous disent beaucoup sur l'âme slave, beaucoup sur la Russie, beaucoup sur le tourment des hommes, et beaucoup sur le cher Anton Tchekhov lui même.

Anton Tchekhov est une étoile filante.. Le ciel de la littérature et du théâtre s'en trouve encore tout illuminé !.. Parce qu'une étoile est éclatante, rapide, elle trace et puis s'absente. Mais la lumière de l'étoile reste pour celle ou celui qui la regarde, longtemps dans sa mémoire, et dans le regard de son coeur.

Atteint des sa jeunesse de tuberculose, c'est à quarante quatre ans qu'il quitte le monde des hommes. Enfant issu d'une famille pauvre, il sera médecin. Il écrit très vite des nouvelles qui très rapidement seront remarquées. Plus de 600 nouvelles, et plus d'une quinzaine de pièces de théâtre.

Oui, médecin. Et ce n'est pas anodin. On lui a parfois reproché son détachement, une certaine froideur par rapport à ses personnages. Mais il a l’œil, et l'oreille ! Et sa retenue ne doit être attribué qu'au respect qu'il a envers ses personnages. Il les connaît bien les hommes !

Il sait ce qui se trouve à l'intérieur d'eux. Ce qui s'entortille, craque, trottine, ronge. Des abîmes, des grandeurs, des terreurs, des blessures. Il sait leur armure de papier, leurs rêves, leur pudeur, leur honte, leur solitude. Il sait ce que cache les conventions, l'arbitraire, l'injustice, la fatalité, les codes sociaux et familiaux. Il sait le poids que supporte un dos voûté.

Il sait leur silence, leur folie, leur détresse, leur peurs, leur tendresse, leur amour.

Lire les nouvelles de Tchekhov c'est comme se promener dans une galerie de peinture. Mille âmes, mille tableaux. Oui c'est une réel plaisir que d'avoir pu recevoir ses nouvelles.

La littérature russe est éternelle parce qu'elle ressemble beaucoup aux hommes. Des vies plutôt que des destins. Des âmes qui font comme elles peuvent avec le tourment du monde. Du boutiquier, au professeur, du valet, à l'enfant, tous ont reçu la juste bienveillance d'Anton Tchekhov.

Il ne les a pas autopsiés, ni disséqués. Il n'a pas pris ses personnages comme des mouches à épingler sur une page. Ils nous a confié ses personnages tel qu'il les a rencontrés. Pas plus grands, pas plus petits qu'ils ne l'étaient. Il les a simplement écouté. Sans les juger. Sinon qui l'aurait fait ? Qui aurait pu témoigner ?

Cher ami, je termine ma lettre en espérant que le printemps nous donnera l'occasion de recevoir bien vite d'autres nouvelles. Aussi douces, belles et bienveillantes que celles que l'hiver vient de nous confier.

Amitiés.



Ps : savez vous que le corps du pauvre Anton Tchekov fut rapatrié en Russie dans un wagon de chemin de fer destiné au transport des huîtres ? Je ne sais quoi penser de cette information…

Peut -on voir de telle chose autre part qu'en Russie?!



Astrid Shriqui Garain



Opération masse critique Babelio /Editions Les belles Lettres – janvier 2018

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Bagatelles quotidiennes et autres nouvelles

tout comme Maupassant il y a là un génie qui consiste à saisir le moment, l'occasion de révéler la face cachée des êtres ou des choses. Partant d'un banal trajet en calèche ou d'une visite à l'asile on prend conscience de l'existence de liens ténus entre les gens ou les événements.
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Bagatelles quotidiennes et autres nouvelles

Je connaissais un peu le théâtre de Tchekhov donc j'étais déjà convaincue de son talent de dialoguiste. Lorsque la dernière opération de masse critique a proposé ce recueil de nouvelles, je me suis dit que c'était là l'occasion de découvrir une autre facette de l'auteur.



Certaines nouvelles viennent confirmer l'art du dialogue de Tchekhov, comme par exemple "la lotte" et surtout "un malfaiteur", saynète très amusante qu'on imagine très bien jouée sur scène. Mais, tout au long de ces nouvelles, j'ai aussi découvert un auteur maîtrisant la narration, la caractérisation des personnages, les descriptions.



Avec ce recueil, c'est un voyage au cœur de la société russe du 19ème siècle qui nous est proposé. Tout au long des différents textes, on y rencontre toutes les classes sociales. Et Tchekhov semble à l'aise pour dépeindre le quotidien de chacune d'elles. Tchekhov, grâce à ses qualités d'observateur et grâce à son talent d'écriture, sait donner vie à des personnages variés et tous crédibles. Que ce soit un vieux professeur d'université, une jeune bonne, un infirmier ou des voleurs, ils sont tous criants de vérité, finement caractérisés.



L'écriture est fluide et élégante. Les passages descriptifs sont remarquables, évocateurs sans être trop longs.

Si certaines nouvelles sont drôles ("la lotte", "un malfaiteur"), la tonalité générale de ce recueil est plutôt douce-amère, parfois même tragique ou cruelle. S'il ne juge pas ses personnages, Tchekhov n'est pas pour autant un auteur sans opinion ni colère. Lorsqu'il évoque la dureté de la vie de certaines classes sociales, on sent que le sort de ces pauvres gens ne le laissent pas indifférent. Comment ne pas être bouleversée par la triste vie d'une petite bonne de 13 ans épuisée par le manque de sommeil ou par le destin de déportés au bord d'une rivière qui, lorsque l'activité de passeurs ne leur suffit pas pour subvenir à leurs besoins, vivent de la mendicité...

Pour autant, le ton n'est jamais misérabiliste, l'écriture de Tchekhov est pleine de pudeur.



J'ai donc passé un très beau moment de lecture et je remercie vivement Babelio et les éditions Les belles lettres pour ce voyage dans la Russie du 19ème siècle.
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Bagatelles quotidiennes et autres nouvelles

Les nouvelles de Tchekov sont une pure merveille. Elles sont marquées par un pessimisme profond sur le sens de la vie humaine. Peut-être la plus représentative à ce sujet est-elle « Une morne histoire », le récit d’un homme âgé, célèbre professeur, admiré, mais qui a le sentiment que sa vie n’a eu aucun sens. La seule personne à qui il peut se confier est sa fille adoptive, elle-même totalement désemparée, qui lui demande conseil et à laquelle il ne trouve rien à répondre. Tchékhov affirmait que le rôle de l’écrivain n’est pas de philosopher, de suggérer des explications, une morale. Pour lui, le rôle de l’écrivain est de poser aussi correctement que possible les problèmes. C’est tout. Le reste est livré au lecteur. Le style est d'une totale simplicité et, en même temps, empreint d'une sorte de nostalgie inspirée par les paysages russes, la nature souveraine, dont on peut se demander ce qu'elle est devenur aujourd'hui.
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Ce fou de Platonov

"Platonov" est la première pièce écrite par Anton Tchekhov.

On voit bien, dès cette première pièce, certaines thématiques importantes de l'œuvre de Tchekhov-qui seront développées dans l'œuvre ultérieure. Toutefois, c'est là qu'il y a un petit problème ( à mes yeux ) : certes, cette pièce est prometteuse… Mais ce ne sont que des promesses, non un travail abouti !...

Néanmoins, j'ai bien aimé cette pièce. Elle reste une belle pièce, comme Tchekhov savait en faire, je ne la met pas au même niveau qu'"Ivanov" ou que "La mouette", mais il y a quand même une grande originalité, une psychologie des personnages très travaillée, une vraie dramaturgie.

Pour une première œuvre, c'est pas mal, mais ça reste une première œuvre.
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Ce fou de Platonov

"Ce fou de Platonov" est la première pièce écrite par Anton Pavlovitch Tchekhov. Il était très jeune et non seulement il l'a reprise au cours du temps mais il l'a laissé sans titre définitif, c'est pour cela que cette pièce n'a pas toujours le même nom. Je viens d'aller voir une adaptation au théâtre de la colline à Paris et la pièce se nomme "Platonov" tout simplement.

L'action se déroule en Russie vers 1880, dans le petit village de Voinitzevka. Nous entrons de plein-pied dans le petit monde d'Anna Petrovna qui reçoit ses amis dont l'instituteur turbulant et débauché au grand coeur, Platonov. La pièce est composée des ingrédients qui caractérisent les oeuvres de Tchechov : à travers le badinage de nombreux personnages on découvre le questionnement d'un milieu, celui de la bourgeoisie russe à l'époque du tsar Nicolas, l'appât du gain et de l'amour mais surtout la fin des idéaux. Ce que j'aime c'est la psychologie des personnages, leurs failles et à la place des femmes dans la société. Même si ce n'est pas la meilleure pièce de Tchekhov, le texte est très moderne.



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Ce fou de Platonov

Il est fou Platonov, parce qu'il ne sait pas ce qu'il veut, il ne sait pas qui aimer. Il nous est présenté comme quelqu'un d'intelligent, entre le philosophe et le poète, qui parle beaucoup et bien, qui séduit aussi beaucoup. Il se décrit lui-même comme un Don Juan : il inspire l'amour passionné, l'amour fou de trois femmes - au moins. Mais il hésite en permanence, il ne sait pas ce qu'il veut, il ne sait pas quelle femme aimer. Il est fou, parce qu'il est indécis ; et une des explications suggérées, est qu'il est fou, parce qu'il boit - comme tous les autres personnages masculins. Il boit au point que sa raison soit troublée et qu'il ne sache pas comment diriger sa vie.

J'ai souvent ce sentiment en lisant des oeuvres du XIX ème siècle - russes ou non d'ailleurs : les personnages féminins sont plus intéressants que les hommes. Il y a la mère de famille aimante qui aspire à une vie de famille sereine, la femme mariée qui veut suivre sa passion, travailler et découvrir le monde, la grande dame qui revendique d'être une femme libre, en choisissant sa sexualité, en choisissant de boire aussi, la jeune femme qui veut être respectée. Ce sont ces femmes qui sont folles, d'aimer un homme qui se comporte comme un tel minable. Dommage, j'aurais préféré sans doute que chacune d'entre elle soit plus présente, plus approfondie, plutôt que ces personnages d'usuriers qui sont assez redondants.
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Ce fou de Platonov

Au cours d’une soirée, des drames se nouent et se dénouent entre une brochette de personnages.



Une pièce de théâtre qui tourne autour de drames domestiques (endettement, infidélité), mais aussi de la place des femmes dans la société russe de l’époque. Les dialogues sont vivants, les échanges entre les personnages sont crédibles malgré le niveau relevé de la langue et même si leurs préoccupations sont plutôt oiseuses parfois.



Intéressant et plutôt vivant, les thèmes abordés et leur traitement m’ont plu. Après c’était un peu long, ça passe sûrement mieux sur scène, mais c’était une bonne lecture.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Ce fou de Platonov

Le personnage de Platonov m'évoque un peu celui d'Ivanov, notamment dans ses rapports aux femmes et un peu l'Oncle Vania quant à son caractère volcanique. Le trio constitué par la veuve du général, Anna Pétrovna, son beau-fils Sergueï et Sofia Iégorovna, l'épouse de ce dernier me rappellent tout à fait la trame de La Mouette.



La situation même de la famille Voïnitsev, d'ancienne noblesse russe, rattrapée par son époque, incapable de gérer ses finances ni ses dépenses et qui se fait souffler son domaine par un " ami " de la famille, est le pivot de La Cerisaie. Rappelons au passage, qu'il y a beaucoup d'éléments autobiographiques pour Anton Tchekhov, dans ce traumatisme de la vente du domaine familial à un spéculateur bourgeois proche de la famille.



Incroyable, n'est-ce pas ? je vous ai presque cité toutes les pièces de Tchekhov comme étant déjà contenues en germe dans cette ébauche, ventripotente ébauche, aux nombreuses facettes. Car il est probablement bon de rappeler que Ce Fou De Platonov est la première pièce de son auteur, écrite alors qu'il n'avait vraisemblablement que dix-huit ou vingt ans. On n'en sait rien dans le détail car la pièce ne fut jamais publiée ni jouée de son vivant et n'avait d'ailleurs pas de titre définitif. Voilà aussi pourquoi cette pièce apparaît sous différents titres.



Du fait même de la jeunesse de l'auteur et de sa non publication, la structure de la pièce est un peu bancale, pas trop finie : deux énormes premiers actes, très typiques du théâtre d'Anton Tchekhov, réunion de famille et d'amis dans une maison de campagne où chacun s'envoie en pleine face ce qu'il pense de vous ou de l'autre, plombant ainsi durablement l'ambiance.



Les deux autres actes sont beaucoup plus brefs, un peu déconnectés, où il s'est produit des mutations profondes chez les personnages dont on n'a pas trop eu le temps de percevoir l'ampleur ni la genèse.



Voici l'histoire : nous sommes chez les Voïnitsev, domaine d'un général décédé, qui échoit désormais à sa seconde épouse, la jeune et encore très belle Anna Pétrovna, dont beaucoup de sont pas insensibles aux charmes tant physiques qu'intellectuels.



La belle dame raffinée et instruite, en ce milieu campagnard et bas de plafond, s'ennuyant ferme dans la vie, est une situation inchangée par rapport à la quasi totalité des autres pièces de l'auteur. Son beau-fils Sergueï est plutôt un brave type, mais totalement incapable de fournir le moindre travail digne d'intérêt pour la communauté. C'est l'archétype de l'homme inutile à la société, pas idiot mais sans aucun talent particulier.



Sa femme, Sofia, est elle-aussi une très belle femme, et elle aussi aurait souhaité autre chose dans sa vie. Elle nous évoque inévitablement les Trois Sœurs, regroupées sous une seule tête.



Autour de cette famille gravite une foule de pique-assiettes, voisins tous plus ou moins intéressés, soit par les charmes de la générale, soit par le domaine, soit les deux. Le seul personnage qui tranche avec le voisinage est Platonov, l'instituteur.



Platonov est cultivé, instruit, il a même suivi les cours de l'université ce qui n'était pas si fréquent au fin fond de cette campagne russe à la fin du XIXème siècle. De plus, il est charmant, il philosophe, il a une grande âme...



Il a une grande âme, mais sa langue est fourchue ! Il lâche de ses saloperies à tout le monde, sans se soucier le moins du monde de l'effet produit. Malgré cela, les dames sont toutes plus ou moins folles de lui, mais lui n'a d'yeux que pour sa petite épouse, la modeste Sacha, qui nous annonce sans erreur possible Sarah, la petite juive d'Ivanov.



Platonov alterne les marques excessives d'amour vis-à-vis d'elle et les remarques où il ne cesse de la traiter de dinde. Mais il est fidèle et ne se soûle pas, ce n'est déjà pas si mal pour Sacha, non ?



Et s'il n'était pas si fidèle, ce glauquissime Platonov ? Quel cataclysme cela créerait-il dans l'équilibre bien huilé que je viens de vous décrire ? Qu'en résulterait-il ? Quel virage sociétal est contenu dans les quatre actes de cette pièce ? C'est ce que je ne me permettrai pas de vous dévoiler.



En somme, selon moi une pièce pas inintéressante du tout, mais il est vrai assez brouillonne. Et j'en terminerai en vous rappelant, que cette critique, témoin d'une affection platonique pour le théâtre de Tchékhov, n'en n'est pas moins qu'un misérable avis, un fou de platonique, c'est-à-dire, très peu de choses.
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Ce fou de Platonov - Le Sauvage

Ces deux pièces des débuts de Tchekhov n'atteignent pas loin de là la beauté de ses oeuvres majeures . Mais elles sont en quelque sorte une matrice de celles-ci ( c'est particulièrement frappant pour Le Sauvage comparé à Oncle Vania) . On y trouve déjà ces familles dysfonctionnelles d'aristocrates englués dans la Russie rurale , où l'on s'aime et l'on se déchire . Et ces personnages tourmentés et explosifs ,crevant du mépris de soi et de la perspective d'une vie perdue .
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Ce fou de Platonov - Le Sauvage

Ce recueil propose deux parents pauvres de l'œuvre dramatique de Tchekhov. La première, Ce Fou De Platonov, semble être la première pièce écrite par l'écrivain alors qu'il n'avait vraisemblablement que dix-huit ans, vingt ans à tout casser. On n'en sait rien exactement car la pièce n'a jamais été ni publiée ni jouée du vivant de l'auteur.



Seul demeure un gros manuscrit, environ deux fois plus gros que la taille d'une pièce " ordinaire ". Lequel manuscrit est abondamment biffé, avec des scènes pour lesquelles il existe deux voire trois variantes. La vérité aussi, c'est que la pièce n'a pas de titre définitif. Voilà pourquoi l'on la trouve parfois traduite sous le simple titre, Platonov, du nom du personnage principal. La seule indication de titre qu'y avait apposé Anton Tchekhov était un néologisme qui signifiait en gros : L'Absence De Père.



La seconde pièce, Le Sauvage, est également sous-considérée car elle n'est souvent perçue que comme un brouillon de ce qui allait devenir l'une des toutes meilleures pièces de l'auteur, Oncle Vania. Elle aussi se fait appeler de bien des façons différentes selon les traductions. On voit parfois Le Génie Des Bois ou encore L'Homme Des Bois.





1) CE FOU DE PLATONOV

Le personnage de Platonov m'évoque un peu celui d'Ivanov, notamment dans ses rapports aux femmes et un peu l'Oncle Vania quant à son caractère volcanique. Le trio constitué par la veuve du général, Anna Pétrovna, son beau-fils Sergueï et Sofia Iégorovna, l'épouse de ce dernier me rappelle tout à fait la trame de La Mouette.



La situation même de la famille Voïnitsev, d'ancienne noblesse russe, rattrapée par son époque, incapable de gérer ses finances ni ses dépenses et qui se fait souffler son domaine par un " ami " de la famille, est le pivot de La Cerisaie. Rappelons au passage, qu'il y a beaucoup d'éléments autobiographiques pour Tchekhov, dans ce traumatisme de la vente du domaine familial à un spéculateur bourgeois proche de la famille.



Incroyable, n'est-ce pas ? je vous ai presque cité toutes les pièces de Tchekhov comme étant déjà contenues en germe dans cette ébauche, — ventripotente ébauche — aux nombreuses facettes.



Même la structure en est un peu bancale, pas trop finie : deux énormes premiers actes, très typiques du théâtre d'Anton Tchekhov, réunion de famille et d'amis dans une maison de campagne où chacun s'envoie en pleine face ce qu'il pense de vous ou de l'autre, plombant ainsi durablement l'ambiance.



Les deux autres actes sont beaucoup plus brefs, un peu déconnectés, où il s'est produit des mutations profondes chez les personnages dont on n'a pas trop eu le temps de percevoir l'ampleur ni la genèse.



Voici l'histoire : nous sommes chez les Voïnitsev, domaine d'un général décédé, qui échoit désormais à sa seconde épouse, la jeune et encore très belle Anna Pétrovna, dont beaucoup de sont pas insensibles aux charmes tant physiques qu'intellectuels.



La belle dame raffinée et instruite, en ce milieu campagnard et bas de plafond, s'ennuyant ferme dans la vie, est une situation inchangée par rapport à la quasi totalité des autres pièces de l'auteur. Son beau-fils Sergueï est plutôt un brave type, mais totalement incapable de fournir le moindre travail digne d'intérêt pour la communauté. C'est l'archétype de l'homme inutile à la société, pas idiot mais sans aucun talent particulier.



Sa femme, Sofia, est elle-aussi une très belle femme, et elle aussi aurait souhaité autre chose dans sa vie. Elle nous évoque inévitablement les Trois Sœurs, regroupées sous une seule tête.



Autour de cette famille gravite une foule de pique-assiettes, voisins tous plus ou moins intéressés, soit par les charmes de la générale, soit par le domaine, soit les deux. Le seul personnage qui tranche avec le voisinage est Platonov, l'instituteur.



Platonov est cultivé, instruit, il a même suivi les cours de l'université ce qui n'était pas si fréquent au fin fond de cette campagne russe à la fin du XIXème siècle. De plus, il est charmant, il philosophe, il a une grande âme...



Il a une grande âme, mais sa langue est fourchue ! Il lâche de ses saloperies à tout le monde, sans se soucier le moins du monde de l'effet produit. Malgré cela, les dames sont toutes plus ou moins folles de lui, mais lui n'a d'yeux que pour sa petite épouse, la modeste Sacha, qui nous annonce sans erreur possible Sarah, la petite juive d'Ivanov.



Platonov alterne les marques excessives d'amour vis-à-vis d'elle et les remarques où il ne cesse de la traiter de dinde. Mais il est fidèle et ne se soûle pas, ce n'est déjà pas si mal pour Sacha, non ?



Et s'il n'était pas si fidèle, ce glauquissime Platonov ? Quel cataclysme cela créerait-il dans l'équilibre bien huilé que je viens de vous décrire ? Qu'en résulterait-il ? Quel virage sociétal est contenu dans les quatre actes de cette pièce ? C'est ce que je ne me permettrai pas de vous dévoiler.



2) LE SAUVAGE

La trame du Sauvage annonce en tous points celle d'Oncle Vania. Dans le milieu rural mais aristocratique, plusieurs familles se côtoient. Les hommes et les femmes ont tous plus ou moins des désirs inassouvis et des frustrations diverses.



Sérébriakov est un ancien universitaire de peu d'envergure venu de mauvaise grâce se retirer à la campagne faute de pouvoir assumer financièrement le train de vie citadin. Sa jeune épouse Éléna semble bien trop belle et bien trop appétissante pour un tel homme. À tout le moins, c'est ce que pense Iégor Voïnitski, le frère de la première épouse de Sérébriakov.



Sofia, la fille de Sérébriakov issue de son premier mariage est elle convoitée par Jeltoukhine, un riche propriétaire terrien local mais qui n'arrive pas à se marier. Et enfin, Khrouchtchov, également propriétaire terrien et doublé d'un médecin est considéré comme " un sauvage ".



En effet, celui-ci ne jure que par les forêts et leur préservation. En somme, une ambiance toujours très tendue lors des déjeuners aux terrasses, et, malgré une volonté de paraître tous en bonne intelligence, les remarques cinglantes fusent à droite ou à gauche derrière les sourires pincés.



Mais le pompon, l'étincelle qui fait éclater cette pétaudière, c'est l'annonce inattendue de Sérébriakov de son intension de vendre le domaine où il vit, lequel domaine appartenait à sa première femme défunte et qui échoirait normalement à sa fille Sofia. C'est l'occasion pour Voïnitski, qui travaille dessus en rongeant son frein et fait tourner le domaine depuis des années de vider son sac face à Sérébriakov et de lui cracher à la figure, aux yeux de tous tout, ce qu'il pense de lui.



Khrouchtchov y va de sa petite contribution en signifiant que convertir un domaine rural en argent sonnant est un acte irresponsable, écologiquement parlant, qu'il convient d'être plus responsable pour les générations futures. Je vous épargne aussi les déboires amoureux de chacun envers chacun et leur lot de conjectures adultérines mais je pense que vous avez saisi l'atmosphère du tableau : celle d'un clash en bonne et due forme dont tout le monde ne sortira vraisemblablement pas indemne…



Pour conclure, deux bonnes pièces où, comme à son habitude, Tchékhov fustige les faux semblants et le comportement général de la petite noblesse, mais pas forcément le top niveau de ce qu'a su créer l'auteur. Néanmoins très intéressantes l'une et l'autre pour celles et ceux qui sont désireux(ses) de comprendre le processus ontologique de la création dramaturgique chez auteur majeur du tournant du XIXème siècle. Mais ce n'est bien évidemment qu'un fou d'avis, à bien des égards, trop sauvage, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Chroniques d'une fin d'après-midi

Dans Chroniques d'une fin d'après midi, fragments de deux pièces et d'une nouvelle d'Anton Tchékov (écrivain,essayiste,nouvelliste,dramaturge qui a marqué la littérature russe du XIX° siècle) on retrouve les thèmes (amours croisés, péché,mal, petite bourgeoisie russe,enfants d'anciens serfs, déclin de l'esprit et de la société, vacuité..) chers à l'auteur.

Il faut savoir que lui même fils de serf affranchi a grandi dans la pauvreté.

Il expose ici des personnages et des dialogues de: Le duel, La Cerisaie et La Mouette qui, mis bout à bout, forment le spectacle mis en scène par Pierre Romans au Festival d'Avignon en 1988 et publié par la suite chez Actes Sud.

On retrouve (du Duel) Nadejda, veuve et endettée, qui doit épouser Laïevski (fils d'une aristocrate "bornée) mais il confie qu'il ne l'aime plus. Leur liaison sans être mariés est mal vue par le sergent Kiriline (d'où péché!!)

On retrouve Alex l'intendant (ancien serf affranchi) de La Cerisaie prêt à s'enrichir (on constate les changements profonds qui s'effectuent en Russie et annoncent de plus importants bouleversements) et Ania amoureuse de Sergueï.

On retrouve Nina de La Mouette, fille de riches propriétaires, aimée de Constantin.

(dramaturge qui se cherche) qui est aimé de Macha elle-même aimée de Semeion.

Et bien sûr on retrouve les rapports houleux mère (Irina l'actrice qui aime l'écrivain à succés Boris) et fils Constantin (vexé par les critiques de sa pièce).

Conclusion:mieux vaut avoir une bonne mémoire, ou avoir lu ou vu pièces et nouvelles récemment et, comme je l'ai fait, prendre un stylo pour éviter de mélanger les personnages car c'est un sacré méli-mélo de sentiments contradictoires et contrariés!!!
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Conseils à un écrivain

Comme son titre l'indique, ce livre regroupe, par fragment, des conseils aux écrivains s'appuyant sur des exemples littéraires. Chaque fragment porte un titre et une thématique précise et s'adresse au lecteur ou retrace des extrait de lettres.



Extrait : "Parenthèses, traits et virgules" (lettre adressée de Moscou le 20 octobre 1888 à S. Lazarev-Grouzinski) : "Votre défaut : dans vos récits, vous avez peur de donner libre cours à votre tempérament, vous redoutez les emportements et les erreurs, autrement dit, cela même qui est la marque de votre talent. Vous allez jusqu'à excessivement lécher et polir tout ce qui vous paraît trop hardi et trop tranchant. Vous vous hâtez de l'enfermer entre des parenthèses et des guillemets (par ex. dans Au domaine). Pour l'amour du ciel, laissez tomber les parenthèses et les guillemets ! Il existe une excellente façon de marquer les incises, le double tiret. Quant aux guillemets, il y a deux sortes d'écrivains pour les utiliser, les timides et ceux qui sont dépourvus de talent […]."

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Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

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