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Critiques de Anton Tchekhov (652)
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Platonov : Le fléau de l'absence de pères

En quelque ligne, Anton Tchekhov nous fais rire, nous questionne, nous fais frémir.

C'est la première fois (depuis ma découverte de "L'étranger" de Camus), que j'ai pleuré en lisant un livre. On s'attache tellement aux personnages que l'on est bouleversé en lisant le mot fatidique, le mot "FIN".
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Le pari

Encore une belle surprise que cette nouvelle de Tchekhov, le thème est tellement extravagant que j'ai tout de suite été captivé par cette histoire.

Le pari, oui mais quel pari ! Imaginez le fait d'accepter de sacrifier quinze années de votre vie contre deux millions de roubles (une fortune !), les meilleures années en fait (de 25 à 40 ans).

Tout part d'une soirée arrosée dans la bourgeoisie russe, une discussion animée sur la peine de mort et la prison à perpétuité, l'une est-elle plus humaine que l'autre ? Les esprits s'échauffent entre un banquier et un étudiant jusqu'à l'improbable pari sensé départager les deux querelleurs.

Le contrat est rédigé devant témoins, l'étudiant sera cloitré dans une cabane aménagée dans le jardin du banquier, il ne manquera de rien mais sera contraint à l'isolement total.

Ce récit en deux parties nous propose une réflexion intéressante sur la liberté et la dépendance à l'argent, sur le bien être intérieur et le stress qui consiste à conserver ses privilèges. L'auteur nous invite aussi à observer l'évolution des deux parieurs dont la vie sera marquée à tout jamais par ce pari.

J'ai été enchanté par ce récit et surpris par une fin inattendue.
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Les groseilliers et autres nouvelles

La pluie des campagnes russes et les batailles intérieures des personnages, voilà ce qui ressort de ces quatre nouvelles de Tchékhov. Quatre nouvelles qui se synchronisent, se complètent presque - dans leur grisaille, dans leur honnêteté. Le désarroi des personnages, qui ne peut pas ne pas nous parler encore, est le fil de trame de l'ouvrage. Au milieu des comportements nombrilistes, c'est une leçon (désenchantée) d'ouverture que donne le personnage principal des Groseilliers, qui, dans ses vieilles années et non sans un certain pathos, exalte la volonté, la bravoure, le don de soi dans un passage qui constitue la clef de voûte de l'ouvrage. Aussi, la première nouvelle qui met en scène un personnage relativement inconscient de sa mesquinerie (fait fréquent chez Tchekhov), nous donne à réfléchir sur nos désirs, qu'ils soient endigués ou assouvis. En somme, en donnant un panorama de quatre manières d'occuper son existence, l'auteur met le doigt sur un certain mal de vivre, et, au fil d'une écriture efficace, qui ne fait pas de cadeau, il nous invite à sortir de notre inertie, à ne pas laisser la quête de la beauté nous échapper pour de basses lubies, pour du confort. Il faut s'entêter à de grandes aspirations, plus hautes que soi et être insatiable : "la vie est effrayante, alors il n'y a pas à se gêner avec elle !". Ces quatre nouvelles constituent donc une lecture revigorante, par-delà les intempéries des paysages russes magnifiquement évoqués.
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Ce fou de Platonov

Il est fou Platonov, parce qu'il ne sait pas ce qu'il veut, il ne sait pas qui aimer. Il nous est présenté comme quelqu'un d'intelligent, entre le philosophe et le poète, qui parle beaucoup et bien, qui séduit aussi beaucoup. Il se décrit lui-même comme un Don Juan : il inspire l'amour passionné, l'amour fou de trois femmes - au moins. Mais il hésite en permanence, il ne sait pas ce qu'il veut, il ne sait pas quelle femme aimer. Il est fou, parce qu'il est indécis ; et une des explications suggérées, est qu'il est fou, parce qu'il boit - comme tous les autres personnages masculins. Il boit au point que sa raison soit troublée et qu'il ne sache pas comment diriger sa vie.

J'ai souvent ce sentiment en lisant des oeuvres du XIX ème siècle - russes ou non d'ailleurs : les personnages féminins sont plus intéressants que les hommes. Il y a la mère de famille aimante qui aspire à une vie de famille sereine, la femme mariée qui veut suivre sa passion, travailler et découvrir le monde, la grande dame qui revendique d'être une femme libre, en choisissant sa sexualité, en choisissant de boire aussi, la jeune femme qui veut être respectée. Ce sont ces femmes qui sont folles, d'aimer un homme qui se comporte comme un tel minable. Dommage, j'aurais préféré sans doute que chacune d'entre elle soit plus présente, plus approfondie, plutôt que ces personnages d'usuriers qui sont assez redondants.
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Les huîtres

Petit mais costaud ! Court mais intense !

Cette toute petite nouvelle possède cette faculté de nous faire voyager dans le temps tout en nous parlant de notre quotidien, où plutôt d'un quotidien qui existe encore aujourd'hui pour de nombreux malheureux qui ne mangent pas à leur faim.

Ce court récit est l'évocation de l'extrême misère à laquelle répond le plus odieux des cynismes, cela se passait il y a un siècle ou deux, et cela c'est probablement passé hier et continuera demain, encore et longtemps, ici ou là-bas...

Une belle illustration du talent de Tchekhov et de la puissance évocatrice de ses textes, ces quelques pages valent d'être lues !
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Les trois soeurs

Un ennui profond.

'ai lu 40% du livre en essayant de me raccrocher a un élément qui pourrait me donner de l'interet à poursuivre la lecture...en vain.

Comme je livre me tombe des mains et que je tiens à ma Kindle, je passe a autre chose.

Le théâtre donne sans doute plus de "lisibilité " à ce livre..
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La Cigale et autres nouvelles

Un petit recueil de nouvelles de Tchekhov, dans lequel j'ai préféré "la Cigale", qui dresse le portrait d'une femme entichée d'artistes peintres, chanteurs et musiciens et s'étourdit de soirées, de fanfreluches en suivant et invitant un groupe superficiel à la mode alors qu'elle est mariée à un homme apparemment falot et sans autre intérêt que son adoration pour elle et les facilités qu'il lui accorde pour vivre à sa fantaisie.

Bien aimé aussi " une nuit terrible" aventure cocasse survenue à un homme après une discussion sur Spinoza avec ses amis.

Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à Maupassant mais ce regard lucide sur les contemporains, la capacité en quelques traits à nous émouvoir ou nous faire rire n'a pas de frontières ni d'époque, les nouvelles savent trouver la bonne formule.

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Salle 6 - Bilingue français-russe

Je précise que, malgré le titre de l'édition, je n'ai pas lu cette nouvelle dans l'édition bilingue.

Le docteur Raguine pourrait être qualifié de philosophe : il réfléchit aux choses de l'esprit, se situant dans le domaine spirituel. Il voulait changer les choses, améliorer le monde, mais, découragé par la pauvreté, la saleté, la paresse aussi, il ne fait plus d'effort, et préfère rêver d'une société meilleure que contribuer à la former. Ce docteur n'est donc pas matériel, ni matérialiste. Après tout, la douleur n'est qu'une information du corps, le cerveau peut choisir de l'ignorer. Il est cependant facile de raisonner lorsqu'une servante s'occupe de vous préparer le thé, de cuisiner, d'alimenter le feu... Le bon docteur va progressivement s'apercevoir de l'importance des choses matérielles, de l'importance du corps, lorsque lui-même va être souffrant.

Le récit peut sembler un peu désordonné, alternant entre portraits des malades et portrait du docteur. J'aurais d'ailleurs aimé en savoir plus sur chacun de ces patients et leur histoire singulière. Même si la chute est prévisible, cette nouvelle vaut pour son ambiance, son atmosphère, surtout la description initiale de l'hôpital et des patients de l'asile.
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Les groseilliers et autres nouvelles

A la découverte des auteurs russes classiques, ce recueil est le troisième que je lis mais j’y ressens dans chaque personnage la même solitude et le même désespoir que chez Tolstoi ou chez Boulgakov .Les déserts et le froid russe s’y prêtant bien .Mais je découvre une littérature puissante et marquée.



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Le moine noir

Je découvre Anton Tchekhov avec ce drame en neuf actes au format nouvelle, une soixantaine de pages d'une belle densité. J'ai surtout découvert une belle plume ainsi qu'un excellent novelliste !

On évoque souvent l'âme slave, pour ma part, je l'ai rarement vu aussi bien évoquée que dans ce récit à travers les personnages de Kovrine, de Pessotzki et de sa fille Tania.

Kovrine, le personnage principal du récit est un étudiant brillant, un travailleur infatigable et futur agrégé promis à une grande carrière dans le monde de l'érudition. Au bord du surmenage, il accepte l'invitation de Pessotzki, son ancien tuteur et s'installe dans l'exploitation agricole de ce dernier.

Aimé et admiré de tous, Kovrine devient l'objet de l'attention de tous et toutes, Pessotzki, qui ne vit que pour son jardin, espère que Kovrine épousera la frêle Tania.

Kovrine, qui apprécie ce changement de vie et le bon air n'en réduit pas son rythme de travail pour autant, il dort peu et dilapide son énergie. c'est alors qu'il se repose sur un banc qu'il rencontre pour la première fois le moine noir, un être de légende sensé se manifester tous les mille ans.

Difficile de savoir ce que chaque lecteur trouvera dans cette lecture, pour ma part, j'y ai vu la démonstration que la folie pouvait engendrer le génie, et la schizophrénie provoquer des dialogues féconds, et que le tout pouvait donner à un homme un charisme brillant de mille feux.

Kovrine est-il fou ? Le remède sera-t-il pire que le mal ? Peut-on redevenir quelqu'un de normal après avoir tutoyé les étoiles ? je n'en dirai pas plus, pour ma part j'ai apprécié cette première rencontre avec l'auteur !
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La Dame au petit chien et autres nouvelles

« Une nuit en sortant du Cercle des médecins en compagnie de son partenaire, un fonctionnaire, il n'y tint plus et dit :

- Si vous saviez de quelle femme ravissante j'ai fait la connaissance à Yalta !

Le fonctionnaire monta dans son traineau qui démarra, mais soudain il se retourna et l'interpella :

- Gourov !

- Quoi donc ?

- Vous aviez raison tout à l'heure : l'esturgeon sentait !



Ces paroles si banales l'indignèrent soudain, lui parurent avilissantes et sales. Quelles moeurs de sauvages, quels êtres ! Quelles nuits stupides, quels jours dépourvus d'intérêt et de sens ! Jouer aux cartes avec frénésie, bâfrer, s'enivrer, parler constamment de la même chose ! Des activités vaines et des conversations oiseuses toujours sur les mêmes sujets absorbent la meilleure partie de votre temps, le meilleur de vos forces, et, au bout du compte, il ne vous reste qu'une vie étriquée, aux ailes rognées, une vie de pacotille, et aucun moyen de s'en échapper, de fuir, c'est comme si l'on était enfermé à l'asile ou dans un pénitencier. »



À côté de Tchékhov le dramaturge, il ne faut pas oublier le Tchékhov nouvelliste, tout aussi brillant et tout aussi essentiel. Je suis parvenue à cette rencontre, par le biais de l'Américain Ray Carver, un autre immense nouvelliste, surnommé d'ailleurs par certains le Tchekhov américain.



C'est un Tchekhov extrêmement lucide qu'on découvre derrière ses personnages souvent désabusés. Des personnages qui disent la difficulté d'être au monde, car soit on est sans le sou et on s'échine à gagner sa croute sans pouvoir profiter de la vie, soit on est plein aux as et on s'ennuie ferme. Ses personnages disent l'impossible bonheur et la mélancolie qui en résulte. Ce sont des gens troublants de sincérité et de fragilité.



Mais là où Tchekhov, le grand Tchekhov, excelle, c'est quand il nous parle d'amour :



« Regardez ces Allemands assis près du rouf. Quand des Allemands ou des Anglais se rencontrent, ils parlent du prix de la laine, de la récolte et de leurs affaires personnelles; mais nous autres, Russes, quand nous nous rencontrons, nous ne parlons que de femmes ou de sujets élevés. Mais surtout de femmes. »



L'amour, cette quête sans fin et toujours vouée à l'échec. Il nous parle de l'inaccessible amour et de l'inexplicable beauté, aussi fragiles que les ailes du papillon qu'on ne peut attraper sans en détruire la beauté :



« Bien sûr une femme est une femme et un homme un homme, mais les choses sont-elles aussi simples de notre temps qu'avant le déluge, et moi, qui suis un homme cultivé, pourvu d'une organisation mentale complexe, dois-je expliquer le vif attrait que j'éprouve pour une femme par la seule différence de forme de son corps et du mien ? Ah que ce serait affreux ! Je veux penser que, dans sa lutte avec la nature, le génie humain a aussi lutté avec l'amour physique comme avec un ennemi et que s'il ne l'a pas vaincu, il a du moins réussi à le couvrir d'un voile d'illusions de fraternité et d'amour; et, pour moi du moins, ce n'est pas une simple fonction de mon organisme animal, comme chez le chien ou la grenouille, mais un amour véritable et chacune de mes étreintes est spiritualisée par un élan du coeur et le respect de la femme. […]

Il est vrai qu'en poétisant l'amour nous supposons chez l'être aimé des qualités que souvent il ne possède pas, bien sûr, et que c'est pour nous une source d'erreurs et de souffrances constantes. Mais, à mon avis, mieux vaut qu'il en soit ainsi, c'est-à-dire mieux vaut souffrir que se consoler en proclamant qu'une femme est une femme et un homme un homme. »



Tchekhov nous convie, à travers la vie de ses contemporains, à regarder nos vies, à oser les questions fondamentales et à tenter des réponses sincères – et du coup probablement douloureuses. L'air de rien, il nous invite à la profondeur et au ralentissement, denrées devenues exception dans la littérature contemporaine futile et expéditive. Un auteur qui nous invite à lutter et à ne pas « [nous] borner à critiquer, à dénoncer la médiocrité du monde, oubliant que [notre] critique même tourne peu à peu à la médiocrité.»



Tchekhov, un maitre essentiel de la nouvelle, à garder à porter de main, sur la table de chevet, aux côtés de Ray Carver.

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La Mouette

Ah la littérature russe et sa mélancolie, Tchekhov et sa tragédie des petites choses...La mouette de notre dramaturge russe est un livre que j'ai été amenée a lire dans le theme "crise personnelle, crise familiale" au lycée. Et pour le coup ce livre est le livre de la crise, crise de tous les persos qui ne savent plus où ils sont et où ils devraient etre, crise de l'art et crise du théâtre, car Tchekhov est novateur dans son domaine ! Il propose une pièce sans action, centrée sur la psychologie des personnages et sur ce qu'ils ont a nous dire...et pour le coup les personnages ont beaucoup a nous dire, tous ont le coeur bien lourd : entre Trepliev, poète maudit, incompris dans son art et dans son amour, Trigorine, l'écrivain renommé qui a l'impression de toujours "rater un train" malgré l'admiration qu'on lui voue, et Masha qui "porte le deuil de sa vie". Bref, ce qu'on voit c'est avant tout la tristesse, la mélancolie et l'ennui (pas étonnant vu la nationalité de l'auteur). Mais ce qui est intéressant dans cette oeuvre est qu'elle mêle comédie et tragédie. Dans cette piece, pas de personnes nobles soumis à une fatalité...et pourtant il s'agit d'une tragédie. Les personnages sont poursuis par l'inachèvement de leur rêve, ils s'ennuient, ne peuvent avoir ce qu'ils veulent, et c'est ça qui est tragique. La tragédie du quotidien. La tragédie qui n'est pas dans l'action désespérée et persistante comme dans Antigone mais la tragédie de l'inaction. Bref, il s'agit d'une oeuvre peu commune mais très intéressante. A ma premiere lecture, je dois avouer que la mouette m'a pas tant marqué. Mais c'est a la deuxième lecture que j'ai pu comprendre la subtilité de l'écriture et du message de Tchekhov. Petit bonus pour ceux qui aiment l'art : vous n'allez pas être déçus...
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La Dame au petit chien et autres nouvelles

De Tchekhov , je ne connaissais (que partiellement) son Théâtre. Cette série de nouvelles ont toutes un point commun, elles s'attachent au portrait de femmes au profil à chaque fois différent mais dont le milieu social est globalement celui de la petite et moyenne bourgeoisie Russe de province de la fin du 19e siècle.

L'on pense souvent ici à Maupassant dans cette manière de saisir tout à la fois avec une précision empathique et une distance analytique , ces instantanés , ces séquences de vie , ces destins de femmes aux amours empêchées, chahutées entre bovarysme et perspective d'émancipation.

Comme en ombres portées de ces récits et portraits de femmes souvent émouvants traversés par la perspective du mouvement et de la fuite, les hommes et en toile de fond la société Russe de cette fin de siècle, ont en commun d'apparaitre quant à eux symétriquement monolithiques et figés

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Une plaisanterie et autres nouvelles

Précieuse petite collection de nouvelles ayant pour fil conducteur une promesse: ne pas laisser le lecteur indifférent, sans pour autant lui permettre clairement d'identifier ce qu'il ressent.



Rien d'étonnant puisque tous ces récits sont basés sur un malentendu, les personnages évoluent dans une forme d'indécision. C'est avec un naturel assez remarquable que le lecteur s'approprie peu à peu l'aspect cryptique de ces récits.



Lorsque nous fermons ce livre, nous aussi sommes indécis. Eperdus à la fois de ravissement car nous avons pleinement pu nous imprégner de la psychologie des personnages grâce au récit d'un morceau de leur existence; mais aussi un peu perplexes quant aux issues des histoires.



Une impression commune se dégage de ces récits: celle que le personnage, après nous avoir livré un peu de son histoire, nous abandonne soudainement. Insaisissable, l'issue de l'histoire nous glisse entre les doigts, à l'instar de tous ces personnages que nous n'avons qu'entrevu et que nous ne reverrons jamais.



J'ai aimé ce que je crois être la part d'interprétation que Tchékhov laisse délibérément au lecteur. Je l'aime car elle permet de donner de la profondeur aux nouvelles et nous confronte à l'inconfortable: le doute.

Mais ce même doute, justement, certains des personnages s'en sont emparés pour le retourner à leur faveur... quand d'autres l'ont simplement dénié ou en ont payé le prix fort.



Je dirais que ces récits invitent à exercer notre tolérance à l'incertitude afin d'en tirer le meilleur et d'éloigner l'écueil des passions tristes.
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Récit d'un inconnu et autres nouvelles

Une lecture agréable pour cette anthologie de sept nouvelles.

Je vous en propose de petits résumés, n'ayant personnellement rien relevé de suffisamment consistant -certainement à tort- pour en faire une critique argumentée.



Récit d'un inconnu : le narrateur s'engage comme valet auprès d'Orlov, le fils de sa némésis en politique. Bien vite évincé, l'enjeu sociétal laisse place au point du vue du valet qui assiste à une tentative d'amour naissant. Tentative car il devient bien vite unilatéral. Thémis n'a pas été très adroite puisqu'ici les vases sont communicants et l'amour de l'un s'écoule dans l'autre, laissant le premier aussi aride qu'un maquis. Un énième individu qui est trop lâche et égoïste pour s'apercevoir de son inaptitude à prendre soin d'une femme qui l'aime; opte pour un "quiet quitting". le portrait d'un individu nihiliste et probablement aussi cynique qu'Antisthène.



La peur : Ce récit m'a laissée d'humeur égale. La figure du mari couard (quand il n'est pas naïf) m'a un peu rappelé L'Eternel Mari de Dostoïevski. Tchékov conte d'une duplicité masculine qui s'accomplit à la défaveur d'une amitié. Des sentiments de repentir plutôt triviaux y sont dépeints.



L'étudiant : Cette minuscule nouvelle à la dimension spirituelle m'a laissée un peu perplexe. On touche ici furtivement et subrepticement au sacré. le narrateur fait l'expérience de l'existence comme se déroulant sur un mode cyclique. La révélation du personnage a cependant été amenée une avec délicatesse attachante.



Le professeur de lettres: Comme l'indique le titre, cette histoire raconte l'établissement d'un jeune professeur de lettres qui vit en garçon. Je n'ai pas été enchantée par ses sentiments naissants ni par le récit de leur concrétisation, que j'ai trouvées trop banales. Toutefois, j'ai apprécié le personnage du professeur d'histoire dont le principal attribut est de ne parler que pour dire "ce que chacun sait déjà". Ce récit est surtout celui de la décristallisation, chère à Stendhal, on pourrait aussi dire de "La chute d'une illusion". Puisqu'ici le désir qui aveugle notre personnage l'abandonne sans crier gare aussi vite qu'il s'est emparé de lui.



En tombereau : Ici, nous accompagnons une institutrice visiblement neurasthénique, que rien ne semble émouvoir. Rien, sinon le rêve... d'une existence qu'elle ne pourra jamais que contempler... et qui, de fait, est bien vite dénié.



Les groseillers : le destin d'un fonctionnaire qui nourrit une obsession : devenir propriétaire terrien d'un jardin où poussent des groseillers. A première vue, nous aurions pu voir ici un souhait plutôt sain de retourner aux choses simples, à la Nature. Mais cet idéal ira pourtant jusqu'à coûter son humanité au narrateur, sa poésie et puis la vie de sa femme.



Ionytch: Un jeune médecin s'installe en province. Il se lie rapidement d'amitié avec l'intelligentsia locale. En son sein, une famille d'artistes retient particulièrement son attention. Au fil du récit, nous suivons l'évolution de ses sentiments (pour ainsi dire extrêmement changeants) envers elle. Mais à travers Ekaterina, c'est en fait toute l'institution du mariage qui semble être remise en question.
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Oncle Vania

la lecture des critiques des pièces de Tchékov dans les années 70 et 80 (avec Marina Vlady et ses sœurs) m'avait conduit à la conclusion que je n'irais jamais voir des pièces aussi déprimantes et au fond sans autre intérêt que cette capacité à saisir cette atmosphère de vide dans les vies.

L'idée qu'un tel néant pût se trouver en contradiction complète avec ce que l'on ressent à la lecture des merveilleuses nouvelles, pleine d'humour, de finesse psychologie, de vie, du même auteur, ne m'avait pas effleuré, et voici que la lecture d'oncle Vania me révèle une pièce qui mêle à ce questionnement sur ce qui rempli ou non une vie, un humour profond, avec des relents de comédie de Molière par moment.

Une pièce à lire d'urgence, et sans doute aussi à voir, c'est d'abord, bien sûr une pièce de théâtre, même si on sent bien que la communion attendue dépend beaucoup de l'intelligence de la mise en scène, alors qu'à la lecture, on est son propre metteur en scène.
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La Mouette

Je souhaitais lire le théâtre de Tchékhov après avoir lu de magnifiques nouvelles de cet auteur l'année passée. Je commence par La Mouette, sa première pièce qui l'a fait reconnaitre comme auteur de pièce de théâtre.

On est dans un univers bien Russe, on s'imagine bien la scène et les personnages. Cependant je reste un peu sur ma fin... 4 actes, je m'attendais à beaucoup d'actions et de rebondissement. Que nenni ! J'ai trouvé l'histoire assez plate et sans trop de surprises... Je pense que je n'ai pas compris la subtilité de la pièce.

Un peu déçu de cette pièce, mais ça ne m'empêchera pas d'en lire d'autres de cet auteur !
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Ivanov

J'ai découvert Ivanov au théâtre, il y a de cela vingt ans, un grand moment et indéniablement ma pièce de théâtre préférée, dont certaines répliques résonnent encore dans mon esprit. Lire une pièce ne remplacera jamais le fait de voir une pièce tant il s'agit de deux expériences en soi.
Lien : https://moncarnetlitteraire.fr
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La Cerisaie

La Cerisaie d'Anton Tchekhov est une pièce de théâtre en quatre actes, écrite en 1903 et représentée pour la première fois en 1904. Elle est considérée comme l'une des œuvres majeures du dramaturge russe, et l'une des pièces les plus importantes de la littérature mondiale.



La pièce raconte l'histoire de la famille Ranevskaïa, qui se retrouve ruinée et doit vendre sa propriété, la Cerisaie. Cette vente marque la fin d'un monde, celui de la noblesse terrienne russe, qui est en train de disparaître face à la montée de la bourgeoisie.



La pièce met en scène un large ensemble de personnages, chacun avec ses propres caractéristiques et ses propres motivations. Les personnages principaux sont :

- Lioubov Ranevskaïa : une femme aristocrate qui a vécu une vie de frivolités. Elle revient en Russie après plusieurs années d'exil, et tente de sauver la Cerisaie de la vente.

- Gaev : le frère de Lioubov. C'est un homme rêveur et insouciant, qui vit dans le passé.

- Lopakhine : un riche marchand. Il est le fils d'un serf, et représente la nouvelle classe sociale qui est en train de supplanter la noblesse.





La Cerisaie est une pièce qui explore plusieurs thèmes importants, notamment :

- La fin d'un monde : la vente de la Cerisaie symbolise la fin d'un monde, celui de la noblesse terrienne russe. Cette fin est inexorable, et les personnages de la pièce sont impuissants à l'empêcher.

- Le passage du temps : la pièce est traversée par le thème du passage du temps. Les personnages sont conscients que le monde est en train de changer, et que leur mode de vie est en train de disparaître.

- L'échec : la pièce est également une réflexion sur l'échec. Les personnages de la pièce sont tous des échecs, à leur manière. Lioubov Ranevskaïa est une femme qui a gaspillé sa vie en frivolités. Gaev et Lopakhine sont des hommes qui n'ont pas su s'adapter au monde moderne.





La Cerisaie a été un succès dès sa première représentation. Elle a été jouée dans le monde entier, et a été adaptée au cinéma et à la télévision à plusieurs reprises. La pièce est considérée comme un chef-d'œuvre de la littérature mondiale, et continue d'être jouée et étudiée aujourd'hui.



La Cerisaie est une pièce magnifique et émouvante. Elle est un chef-d'œuvre du théâtre classique, et mérite d'être lue ou vue par tous les amateurs de théâtre.

La pièce est remarquable par sa profondeur et sa complexité. Elle explore des thèmes universels, comme la fin d'un monde, le passage du temps et l'échec. Les personnages sont tous des personnages complexes et attachants, et la pièce est traversée par une émotion palpable.

Le style de Tchekhov est également remarquable. Il utilise un langage simple et direct, mais il parvient à créer des images poétiques et évocatrices. La pièce est un mélange de réalisme et de symbolisme, qui lui donne une profondeur et une richesse uniques.



En conclusion, La Cerisaie est une pièce incontournable de la littérature mondiale. Elle est une œuvre puissante et émouvante, qui continue de toucher les lecteurs et les spectateurs de tous âges.

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Le moine noir

"Le moine noir" est une nouvelle d'Anton Tchékhov dans laquelle il raconte une légende qui n'est pas vraiment effrayante mais plutôt hallucinée. S'il s'agit de folie dans ce texte de 1893, il n'est convainquant que grâce à la superbe écriture de l'écrivain russe que j'ai trouvé par ailleurs plutôt fair-play quand il fait référence aux textes de son compatriote Pouchkine.



L'histoire est celle d'Andreï Kôvrine. C'est un professeur agrégé de psychologie surmené qui décide d'aller passer quelques temps à la campagne à Borîssovka dans la famille Péssôtski, chez son tuteur et sa fille Tania. Ce dernier possède une grande propriété, féru d'horticulture.

Un jour, Andreï pense à une légende dont il ne connaît pas l'origine mais qui le hante : il y a mille ans un moine vêtu de noir cheminait dans le désert alors que son image marchait sur l'eau d'un lac. de ce mirage, l'apparition du moine noir se transmit à l'infini jusqu'au jour où Kôvrine le voit et lui parle, le moine lui affirmant qu'il est un élu de Dieu.

Il est joyeux et heureux d'être auprès de Tania qu'il va épouser et ri autant qu'elle pleure. Mais peut-on être heureux en n'écoutant qu'une hallucination ?



J'ai appris des choses sur la façon d'éviter les gelées des plantes dont la technique de l'enfumage est détaillée alors que le changement de caractère de Kôvrine est rapide et manque de précisions. J'ai donc trouvé le texte un peu déséquilibré tout en restant intrigant.





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Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

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