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Critiques de Antonin Varenne (449)
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Dernier tour lancé

"C'est un roman sur la vitesse qui commence lentement. C'est un roman noir avec un mort au début, mais tellement au début que c'est même avant. Et puis on sait qui a tué et pourquoi, assez tôt. C'était un accident, mais des accidents comme ça, certains ont vite fait de les qualifier d'assassinats.

Dernier tour lancé est un roman passionnant avec pour cadre l'univers des Grands Prix moto, avec pour personnage un coureur doué, peut-être même génial, mais dingue, ce qui est peut-être inévitable voire nécessaire pour réussir à aller si vite, et surtout poissard : rien ne va jamais, tout est toujours soumis à des aléas infimes et sans pitié. (...)

Julien Perrault est donc ce pilote doué, très rapide, que tous détestent, non seulement ses adversaires, mais aussi les organisateurs, les sponsors, les journalistes, les voisins de son pavillon où il habite avec son père mécanicien. C'est la scoumoune incarnée, l'ange noir qui fait peur à tous, qui excite évidemment toutes les curiosités, suscite toutes les interrogations, supputations, condamnations. Il a tellement peu de sponsors que sa combinaison et sa moto sont presque toutes noires, choix graphique assumé du propriétaire de l'écurie, qui joue là aussi son va-tout avant la faillite et les tribunaux de commerce, lui, le manipulateur en chef dans un univers qui en compte pas mal.

Comment remonter en selle quand on a une telle réputation ? de la même manière que le dernier capitaliste vendra la corde pour qu'on le pende, le dernier propriétaire de la dernière écurie est prêt à tenter un dernier coup de pute pour se relancer, trouver un dernier sponsor crédule, arnaquer Honda pour avoir des motos récentes en prétendant avoir des millions, cacher jusqu'au dernier moment qu'il a recruté pour pas cher le loser en chef, le gars le plus rapide et le plus dangereux, qui n'a encore rien gagné ou presque, mais qui fait des temps de folie, des records que même le numéro 1 du circuit n'atteint pas.

Mais Julien Perrault a du mal à revenir. Il sort d'hôpital, ses vertèbres sont cimentés, verrouillées par des plaques et des vis en titane, il n'est pas en forme même s'il a la rage. Les premiers essais ne sont pas concluants.(...)

Ce roman raconte la remontée de Julien, enfin essaye de nous la raconter parce que rien n'est simple et Antonin Varenne n'a pas l'intention de nous faire croire que ça va bien se passer. Les histoires de pilotes finissent-elles mal en général ? Peut-être pas, ça dépend.

Derrière Julien, de beaux personnages secondaires sont présents, son père, mécanicien dévoué à son fils, François, rescapé d'hôpital psychiatrique et admirateur inconditionnel, Emmanuelle, psychiatre en rupture de ban, qui essaye de donner du sens à ce qui n'en a pas, de comprendre comment fonctionne cette famille, quels secrets elle cache, qui les découvre et ne sait pas quoi en faire.

Dernier tour lancé est un excellent roman, avec une écriture précise et efficace, des effets réussis et beaucoup de sensibilité, un rythme qui s'accélère à mesure qu'on avance. Un roman à lire même si on n'aime pas la mécanique, les motos et les cinglés qui les conduisent."



François Muratet pour Double Marge (Extrait)








Lien : https://doublemarge.com/dern..
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Battues

Je sors à l'instant de ce roman , comment dire , étourdi , assommé , admiratif du talent de cet auteur aussi , tant j'ai été transporté par cette histoire , ses personnages , son cadre .Oui , subjugué et triste aussi de quitter un environnement qui m'a pourtant fait tourner les pages avec gourmandise et rapidité et renoncer à toute autre activité . Et puis , si la " faculté " demande de bouger , je pourrai toujours dire que j'en ai fait des pas , à travers bois , en pleine nature , en sous - sol , (mais si) et même en ville . Oui , une petite ville qui se meurt , comme beaucoup , aprés avoir connu des heures de gloire , une petite ville , la ville de " R " , dans le département de .....Une petite ville si bien décrite , que je l'ai bien reconnue , moi qui y ai connu les années lycée et l'internat ... C'est du reste extraordinaire puisque j'y étais il y a encore quelques mois , de passage , et qu'elle m'est apparue exactement comme ....ça . Incroyable le talent de l'auteur pour faire " vivre un lieu qui se meurt". Et puis , quand vous la quittez , nichée au fond d'un point de rencontre de cinq vallées , vous vous retrouvez dans une nature foisonnante , dense , oppressante , vous vous retrouvez au bord de rivières etincelantes au soleil mais si menaçantes lorsque les arbres la couvrent mystérieusement de leurs bras feuillus . Il n'y manque que le gibier , me direz- vous . Oh que non , mais vous ne le voyez pas , vous ne le sentez pas , vous ne l'entendez pas et pourtant , il est là , à deux pas de vous .Chutt....Varenne sait , lui , ressentir tout l'émotion qui se dégage de ces lieux aussi splendides que légendaires et périlleux . En choisissant Rémi comme personnage principal , il vous confie au meilleur guide qui soit , officier des eaux et forêts , un homme défiguré à cause d'un dramatique accident , un homme perturbé , on le serait à moins , aussi bien physiquement que moralement , personnage magnifiquement campé , originaire de l'endroit , amoureux des lieux et ....de la belle - trop belle - Michèle de retour au pays après l'avoir fui , la belle Michèle, héritière d'une des deux grosses familles propriétaires de tout le territoire alentours et qui ....Ah oui , il y a Jean , l'ami de Rémi , sorte de " zombie " toujours prêt à " boire un coup ou fumer un petard" , toujours prêt et ...toujours présent...Et le vieux chirurgien , et les gitans et le commandant de gendarmerie.....Allez , j'arrête mais sachez le , aucun n'est " clean" mais tous savent manier le mensonge , le non - dit , faire jouer la solidarité de circonstances dès lors qu'elle peut permettre de " sauver sa peau " ...Oh ce n'est pas embrouillé comme histoire , non , pas vraiment , sauf qu'on se croirait dans un bois à éviter tel ou tel arbre et ...à partir sur une autre piste jusqu'à ce qu'un autre nous oblige , une nouvelle fois à changer de direction ". Peur ? Mais non , et puis , si vous vous perdez ,appelez - moi , je connais bien la région...(Oui , bon , d'accord , le téléphone ne passe pas toujours) .Enfin , il faut bien que je vous le dise , Varenne , il ne doit pas trop aimer qu'on vienne le déranger : pour nous perdre un peu plus , au debut de chaque chapitre , il a .... si , si , je vous le jure . Quand je le rencontrerai dans un salon du livre ( pas dans les bois , il me ferait perdre .... ) , j'irai lui en " toucher deux mots , moi , de son bouquin , et je lui dirai...je lui dirai ..." qu'il est vachement bien" . Amateurs de romans noirs , à vous de vous faire plaisir et attention ...au gibier et aux hommes de là- bas .Je ne sais pas qui craindre le plus...
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Trois mille chevaux vapeur

Ce livre figurait depuis quelques semaines dans mon pense-bête et c'est une amie libraire, "Babéliote" à ses heures, qui finit par me convaincre que je devais absolument me le procurer. Je dois aujourd'hui l'en remercier.



Antonin Varenne, retenez bien ce nom.

Si vous aimez l'aventure, le dépaysement et les grandes chevauchée, avec une pointe d'action et de suspense, ce livre est pour vous.

De la jungle Birmane aux grands espaces de l'ouest américain, en passant par les faubourgs de Londres et l'Angleterre du 19è siècle, nous suivons donc le périple d'un soldat de l'armée britannique.

Le sergent Arthur Bowman.

Prisonnier, torturé et mutilé, il est libéré avec une poignée de ses hommes, rescapés du conflit anglo-birman.

Tourmenté, cherchant le réconfort dans l'opium et l'alcool dans une Angleterre en proie à une grande sécheresse où règnent la misère et la folie, il se voit bientôt soupçonné d'un crime atroce.

Ce crime n'est pas sans lui rappeler certaines choses qu'il à vécu en captivité. Il décide donc, autant pour prouver son innocence que pour mettre un terme à une série de crime, de mener l'enquête et de poursuivre celui qu'il soupçonne jusque dans le Nouveau Monde.

Tantôt chasseur, tantôt chassé il mène un combat contre ses vieux démons, pour sa dignité et rétablir la vérité.

Lui, qui pense connaitre le coupable, n'est pas au bout de ses surprises.

Antonin Varenne à du talent.

Il y a tant de détails, ce livre est... lent, mais pas... long

Chaque scène, chaque paysage y est décrit avec précision, on vit l'histoire de cet homme au même rythme que lui, on l'accompagne dans son voyage, on lutte avec lui contre ses fantômes, on s'enivre avec lui, on se réveille à ses cotés...

Croyez moi, l'auteur qui réussit ce pari là, est un grand écrivain.

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Trois mille chevaux vapeur

1852. le sergent Bowman, de la compagnie de la East India House, est envoyé en mission secrète avec quelques hommes sur une rivière birmane. La mission tourne mal, les Anglais sont faits prisonniers des Birmans, affamés, torturés. Quand ils seront libérés, ils ne sont que dix, les plus coriaces, à avoir survécu.



1858. Londres, en pleine canicule, déborde de ses propres déjections. Bowman n'est plus que l'ombre de lui-même, et occupe, lorsqu'il n'est pas trop ivre, le poste de surveillant dans les rues de la capitale anglaise. D'ailleurs on se demande comment il marche encore, cet ex-sergent, dont le corps mutilé reste marqué par les mois d'enfer de sa captivité. Il passe une énergie folle à tenter de s'oublier, entre l'alcool qu'il boit et l'opium qu'il fume pour occulter ses cauchemars qui le ramènent quelques années plus tôt, dans l'atmosphère humide et chaude de sa cage birmane.



Un cadavre est retrouvé dans les égouts londoniens par un gamin des rues. La position du corps, les mutilations... Pour Bowman, ça ne fait pas l'ombre d'un doute, c'est l'un de ses compagnons d'infortune qui a fait le coup. Et il faut l'arrêter. Et pour cela, il faut découvrir ce que chacun des dix survivants est devenu.







Trois mille chevaux vapeur se situe au carrefour du roman d'aventure, du western (si, si !), du thriller, de la quête personnelle et de l'histoire d'amour. J'ai bien conscience que dit comme ça, on a l'impression d'un mélange pas très ragoutant, et pourtant ! Pourtant ce cocktail est sacrément réussi. Antonin Varenne dresse le portrait d'un Bowman plus vrai que nature qui, partant à la recherche d'un meurtrier, finira par se trouver lui-même. Mais pour ça, il lui faudra errer comme une âme en peine en Angleterre, traverser l'océan sur un paquebot qui va à la vitesse de trois mille chevaux-vapeur, et parcourir plus de la moitié des Etats-Unis, un continent en construction, peuplé de chercheurs d'or, de militaires, d'idéalistes, et d'Indiens rendus fous par la perte de leur identité et de leur territoire.



Au-delà de Bowman qui est un anti-héros très crédible, Antonin Varenne dresse toute une belle galerie de personnages secondaires qui côtoieront plus ou moins longtemps le sergent, dont celui d'une femme forte et libre. J'ai particulièrement apprécié le côté "exotique" des aventures de Bowman, ce monde en construction, en pleine mutation, qu'il traverse. Avec un sens du dosage très sûr, Varenne nous propose un meurtrier, un justicier, de l'action, des fausses pistes, de l'utopie, des grands espaces, de l'amour, des indiens et des pistes solitaires sous la lune, de la rédemption.



Bref, je vous invite fortement à parcourir le monde à la vitesse de Trois mille chevaux-vapeur ! Pour ma part, j'ajoute Antonin Varenne à ma liste des auteurs à suivre !
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Dernier tour lancé

" Dernier tour lancé ", note moyenne sur Babelio , 4,25 . Pas mal du tout , non ? Oui mais 20 notes seulement , ça fait un peu " misère " pour un auteur du niveau d'Antonin Varenne ... Remarquez , ça ne devrait pas trop m'étonner car le thème des sports mécaniques évoqué dans le titre et la couverture , ça peut " faire peur " , si , si . La preuve c'est que je n'envisageais pas , mais pas du tout de le lire , ce bouquin jusqu'a ce que mon ami Nicolas , le libraire dont je vous ai déjà parlé ne nous le présente lors d'une soirée lecture qu'il anime régulièrement et ...brillamment , pour notre plus grand plaisir.



Le contexte : une future star des circuits motos veut revenir au top niveau après un terrible accident qui l'a profondement touché , aussi bien physiquement que psychologiquement puisqu' il s'est trouvé responsable de la mort d'un de ses adversaires et la paralysie d'un autre . Pour l'accompagner dans cette reconquête, il pourra compter sur l'aide de François, un peintre quelque peu " fantaisiste " rencontré à l'hôpital et celle d' Emmanuelle , leur médecin psychiatre en mal de renouveau dans sa vie . Le trio deviendra quatuor avec Alain Perrault , le père de Julien , veuf et analphabète, " détail " d'une importance capitale tout au long du récit .

Oserai- je mentionner " Santa Krauss " , le " sympathique "mécène.?..Non , je n'ose pas , débrouillez- vous ...A lui seul , un reflet du " milieu ".



Voilà , vous allez me dire que le scénario est " cousu de fil blanc " , qu'il ne faut pas vous prendre pour " des perdreaux de l'année ", que oui , après des épreuves terribles , le héros ....Oh !Stop !Vous vous souvenez du nom de l'auteur ? Oui , Varenne ! Ceux qui le lisent le savent : pour " le cousu de fil blanc " , vous pouvez revoir votre copie et ranger votre petit sourire en coin . Varenne , c'est du lourd en matière de noirceur et ce roman ne va pas déroger à la règle.



Le quatuor va bel et bien évoluer dans le monde " pétaradant " du " Circus " , un monde prêt à " tourner casaque " ( c'est pour les chevaux , ça !!! ) dès que le fric inonde les débats et s'empare du pouvoir . Société où la haine succède aux vivats et vice -versa , plus vite que ne le ferait une Honda lancée à fond à l'amorce du dernier tour . " Tel qui rit vendredi , dimanche pleurera " .



Quel style , les amis .Je vous l'ai dit , c'est de " la première qualité ", de la dynamite , ça émeut , ça perturbe , ça effraie , ça choque .Mais qu'est ce que c'est bien.



Je vais aussi m'adresser plus spécialement à ceux et celles qui , comme moi , aiment se " vautrer " dans un roman noir pour en ressortir " perturbés , lessivés , exangues " . Procurez vous immédiatement ce roman , il vient de sortir en poche . Approchez- vous ( mais pas trop quand même ) de la piste avec ce quatuor qui n'a pas fini de vous interpeller , de susciter en vous une foule de sentiments . Anges ou démons ? Varenne malaxe ses personnages et cette histoire comme un boulanger d'exception " pétrit " sa pâte. Avec amour , passion , mais sans concession , jusqu'au bout .Et puis , voyez - vous , c'est tellement fort que je me demande si je ne vais pas m'intéresser au monde si particulier de la moto . A la vitesse où ça va , ça doit bien " faire de l'air " ? Et le moindre brin d'air , en ce moment ...On se comprend , non?

Moi , je transpire et je me demande si c'est à cause de la chaleur ou de l'ambiance terrible de ce roman . Et dire que j'ai bien failli passer à côté. Ah , la chance d'avoir un libraire de grande qualité.

Merci Nicolas et merci Antonin Varenne.

Allez , les amis et amies , le casque , les gants , le cuir et .......Mince , ils sont déjà partis ! J'y vais . A bientôt...peut - être.
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L'artiste

Voici un de ces polars à " la française " qui me ramènent loin en arrière ( hélas...) au bon vieux temps des films en noir et blanc que je découvrais avec délectation, les DS , les tractions , les " feutres " et les longs impers , les pavillons de province , le vieux toubib en déshérence qui retirait dans des conditions d'hygiène douteuses , la balle qui avait perforé un corps , sans toutefois avoir touché un organe vital puisque , dès le lendemain , le héros......J'ai retrouvé un peu de cela dans ce roman d'Antonin Varennes , un auteur déjà rencontré pour mon plus grand plaisir ....Bon , pour l'ambiance ressentie , c'est fait . Pour le vieux médecin- magicien , c'est fait aussi . Pourtant , il faut bien quitter cette atmosphère de nostalgie pour s'ancrer dans une réalité plus proche puisque l'an 2000 est juste entamé lorsque les faits éclatent. Et ça part fort : une terrasse de café dévastée par la chute de trois corps , une femme ayant choisi de quitter ce monde , emmenant avec elle ses deux enfants . Terribles images d'une extrême détresse , premier épisode d'une série de drames , de crimes commis par un serial - killer d'une incroyable cruauté dont on apprend peu de choses , sinon que sa barbarie n'a d'égal que son souci ....de la propreté. Avec ça, la tâche ( tiens , ca , c'est pas mal , mais pas volontaire...) va être bien difficile pour l'inspecteur Heckmann , un flic dont , au passage , on pourra apprécier la pugnacité. Un portrait de maître. Et que dire de Max ? Maximilien Marty, ouvrier et enquêteur privé, futur papa mal dans sa peau quant à cette future responsabilité qui va lui incomber et réveille en lui tant de tourments ?

Dans ce roman , l'action ne manque pas . Cruelle , souvent " hot " ( attention les âmes sensibles ) mais très intéressante aussi lorsque les trois principaux protagonistes se dévoilent pudiquement , à petits traits , Virgile , Max et le docteur occupent l'espace sans le moins du monde nuire au bon déroulement du récit. Que dire aussi ? Ah oui , des drames , mais , aussi , de ci , de là, des situations cocasses et des réflexions pleines d'humour qui vous arrachent de l'ambiance générale plutôt dramatique. La fin est ...subtile.

Antonin Varennes n'est pas auteur par hasard . C'est un monsieur qui sait construire une histoire et la mener habilement à son terme , il connaît " la musique " et " pince les bonnes cordes " au bon moment .Un travail d'Artiste , quoi ....Oh , pardon . J'ai employé le mot " Artiste " , je ne sais pas si c'est à bon escient car l'" Artiste " dans le récit , il y aurait à dire ...ou mieux , à découvrir, enfin , si le coeur vous en dit .Par contre , un conseil , si vous décidez de prendre " un pot " dans le quartier , prenez garde à vous , on ne sait jamais ce qui pourrait choir de l'étage au- dessus ...Rare ? Oui , heureusement , mais tout de même. Ça pourrait vous entraîner dans une drôle d'histoire .. Et , comme , hélas, on le dit souvent en ce moment , " prenez soin de vous ".
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Trois mille chevaux vapeur

Trois mille chevaux vapeur ? Plutôt 3000 heures de torture dans la forêt birmane, 3000 odeurs infâmes pendant la sécheresse à Londres, 3000 km de chevauchée dans le Far West américain... Sans oublier les 9 survivants de l'unité d'Arthur Bowman après la guerre anglo-birmane de 1852, les 6 crimes barbares commis par un de ces hommes, les 2 héros en quête de rédemption et la cinquantaine de personnages secondaires, plus réussis et attachants les uns que les autres !



J'ai lu dans les critiques déjà en ligne que la force de Trois mille chevaux vapeur venait du mélange des genres et je ne peux que rejoindre ce point de vue : tantôt roman d'aventure, tantôt polar, tantôt histoire d'un traumatisme, tantôt western, arrosé de beaucoup de whisky et de cauchemars, mais aussi d'une once de psychologie et de romantisme, et de pas mal d'amitié virile et de paysages sauvages, ce roman est tout aussi déroutant qu'il est beau...



L'histoire est rude : lors de la guerre anglo-birmane, le sergent Arthur Bowman et ses hommes ont été capturés et torturés. Neuf sont revenus. Mais dans quel état, mental aussi bien que physique. Des années plus tard, Bowman n'est toujours pas remis et vivote à Londres, à coup de bagarres, d'opium ou de gnôle. Jusqu'à ce qu'un crime horrible le tire de sa torpeur. Car ce crime porte la marque de la forêt birmane, des tortures que lui et ses hommes ont subies là-bas. Voulant arrêter le meurtrier, il s'engage donc dans une grande quête.



Le sergent Bowman est un héros, ou plutôt un anti-héros, réaliste et attachant. Il est certes brutal, alcoolique, un peu fou et très solitaire, mais surtout volontaire, humain, courageux, honnête et très bon. Il évolue au fil du livre, du temps, de ses rencontres, de ses rêves et de ses lectures et m'a donné envie de lire Thoreau, d'aller nager dans le lac Tahoe et d'aider autant que possible les gens autour de moi. Alors, même si j'ai trouvé par moments qu'il y avait quelques longueurs, je suis heureuse d'avoir fait cette belle rencontre.



Challenge Pavés 2015/2016 : 4/xx
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Battues

Il y a 8 ans, Michèle Massenet a quitté la ville de R. qu'elle a toujours détestée. Aujourd'hui, les immeubles se vident, la moitié des boutiques est à vendre et les usines ferment. Mais, elle y est revenue pour aider son père malade. Du moins, c'est une des explications qu'elle donne au commandant Vanberten. L'autre étant Rémi Parrot, qui, comme elle, sera soumis aux questions du commandant. En effet, un meurtre s'est produit dans cette ville où les familles Massenet, des éleveurs, et Courbier, des exploitants forestiers, se disputent toutes les terres. Rémi Parrot, garde-chasse, a tenu bon et a réussi à conserver la Terre Noire sur laquelle il s'est construit une fuste avec l'aide de son ami Jean. Mais ce meurtre risque bien de réveiller des rancoeurs et des jalousies tenaces...



C'est en pleine nature que nous emmène Antonin Varenne, une nature parfois rude que les hommes s'arrachent sans vergogne. D'un côté, les Massenet et les Courbier qui s'entretuent pour des terres; de l'autre, Rémi et ses quelques amis qui tentent de faire front et de sauvegarder le peu qu'il leur reste. L'on sait, dès le titre du premier chapitre, qu'un meurtre s'est déroulé ainsi qu'une fusillade. L'auteur, au fil des pages, remonte ainsi le cours du temps, alternant passé et présent. L'intrigue se lève peu à peu, les personnages, eux, se dévoilent. L'auteur maîtrise parfaitement son sujet, notamment toutes ces descriptions de la nature, insufflant à ce roman une saveur particulière. Il nous offre un roman noir intelligemment construit, puissant et âpre.
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Trois mille chevaux vapeur

Trois mille chevaux vapeur est un roman inoubliable, un roman d’aventure comme on n’en fait plus et une véritable expérimentation sensorielle.



Oui, c’est un voyage à travers le monde tout autant qu’un voyage intérieur, un roman qui fait appel à tous vos sens et toute votre sensibilité.



Découpé en trois parties se déroulant sur plusieurs années à partir de 1852, cette aventure nous mène de la Birmanie (un passage du récit plein de sons, de bruits et de fureur), au Londres de la grande canicule (un passage tout en odeurs) pour se terminer dans l’Amérique naissante (terre des grands espaces, vision panoramique).



Quand on y rajoute un personnage principal d’une telle épaisseur qu’on a littéralement l’impression de le toucher (tout autant qu’il nous touche) et des dialogues tellement forts qu’ils résonnent longuement à nos oreilles, on sent très vite que ce livre a le goût des expériences mémorables.



Et si, en plus, j’insiste sur le fait que l’auteur possède un talent unique pour titiller notre sixième sens qu’est l’imagination, vous aurez compris pourquoi je parle d’expérience sensorielle.



A la croisée des chemins du western, du roman de guerre, du polar et de l’aventure intérieure, cette histoire est d’une profondeur rare. Le genre de récit immersif dont on ne peut (on ne veut) se détacher.



Fascinant, dépaysant, prenant, émouvant, violent, le roman est tout ça à la fois (et tellement plus encore). Difficile de trouver mes mots pour exprimer à quel point les mots de l’auteur m’ont marqué.



Sa plume est si expressive, son récit si crédible, les sentiments exprimés si forts que cette aventure humaine prend vite des dimensions d’épopée, à une période charnière de notre histoire où elle bascule vers notre société moderne.



Antonin Varenne prend son temps, tout au long de ces 550 pages, pour nous conter son histoire. Pourtant, à aucun moment, on ne sent poindre le moindre ennui tant l’action qui se déroule sous nos yeux (à travers nos sens) prend une dimension épique, en restant au plus proche de l’humain.



Parce qu’il faut parler de cet inoubliable personnage principal. Un homme dur et violent, une vraie brute, qui va se lancer à la poursuite d’un assassin, de ses fantômes et d’une hypothétique rédemption. Un personnage complexe, à la fois effrayant et bouleversant. Un personnage en pleine transformation, à l’image de l’époque qu’il vit.



Je n’aime pas lancer les mots à la légère. J’insiste pourtant : ce roman, d’une profondeur romanesque et psychologique étonnante, loin de tomber dans la facilité tout en restant vraiment accessible, est inoubliable. Un véritable et sombre bijou.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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Dernier tour lancé

Julien Perrault est une légende dans le monde du GP. Le numéro 5 connaît une ascension fulgurante, bat des records de vitesse sur les pistes du monde entier. Promis encore à de belles années... Jusqu'au jour du drame où, sur le circuit du Mans, il percute deux de ses concurrents. Franco Simonelli meurt sur le circuit, Edward Spies devient paraplégique. Si Julien s'en sort vivant, il subit de nombreuses opérations et est fortement marqué, brisé au point de faire une tentative de suicide à sa sortie. Trouvé à temps par son père, il est envoyé en hôpital psychiatrique. Suivi pendant des mois par le docteur Terracher, il ne cache pas son envie de sortir au plus vite, rentrer à Villeneuve-Lès-Maguelone, retrouver son père, Alain, et tenter un nouveau départ. Mais lui qui a la vitesse dans le sang, qui est monté sur sa première moto à l'âge de 5 ans, peut-il réellement tourner la page de ce qui l'anime ?



Nul besoin de tour de chauffe, encore moins d'aimer la moto ou les GP pour apprécier ce roman d'Antonin Varenne. Loin s'en faut. Car, outre le parcours sportif de Julien Perrault (de sa chute à sa nouvelle ascension en passant par sa reconstruction), l'auteur dépeint, avec finesse et intelligence, les relations particulières qui unissent le jeune homme et son père (un mécanicien très doué et analphabète qui a tout donné et fait pour lui), l'univers psychédélique de François, un patient de la clinique qui s'est pris d'affection pour Julien et vient habiter chez eux, le dévouement de la psychiatre, Emmanuelle Terracher, ainsi que ce monde bien particulier et ses coulisses que sont les GP. Et c'est la tête dans le guidon que l'on suit avidement et ardemment, les mains crispées sur le roman, l'histoire de cette légende et de ceux qui l'entourent. Des personnages fragiles, perdus ou passionnés, minutieusement dépeints. Aussi, Antonin Varenne mélange habilement les genres et nous entraîne dans une course effrénée, tragique et remarquable, portée par une écriture à la fois précise et sensible.
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Le Mur, le Kabyle et le Marin

2009. Georges Crozat, surnommé Le Mur dû à sa capacité à encaisser les coups mieux que quiconque, est flic le jour et boxeur la nuit. Un boxeur malheureusement en fin de carrière. À la fin d'un match de boxe éprouvant pour son adversaire, un certain Pakistanais, videur dans une boîte, vient le voir dans sa loge et lui propose de bosser pour un pote. Ce dernier, cocu, voudrait que Georges donne une bonne leçon à l'amant de sa femme. Un beau billet l'attend s'il exécute ce contrat... 

1957. Pascal Verini, fils d'une famille communiste nanterrienne, est appelé en juin, comme bon nombre de ses congénères. Pacifiste dans l'âme mais forte tête, une sanction disciplinaire l'envoie en Algérie, dans une ferme isolée, un DOP (Détachement Opérationnel de Protection) autrement dit un centre de torture...



Ce roman, inspiré des confidences de son papa, que l'on aura reconnu en la personne de Pascal Verini, met en scène alternativement les destins de ce dernier, un soldat affecté dans une vieille ferme, et de Georges, ce flic bien mal engagé dans ses combines. Deux destins qui vont immanquablement se croiser. Quel est donc le lien qui unit ces deux hommes que tout semble séparer ? Antonin Varenne signe ici un roman noir, âpre et puissant au scénario intelligent au cours duquel l'on fait la connaissance du Mur, du Kabyle et du Marin. Trois personnages au fort tempérament qui côtoient malheureusement bien trop souvent la violence, fut-elle infligée ou subie. Un roman fort bien documenté, que ce soit le monde de la boxe ou la guerre d'Algérie. Des histoires profondément humaines et remarquables servies par une écriture percutante et riche.
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Trois mille chevaux vapeur

La Birmanie a connu plusieurs assauts et conquêtes mais en 1852, une seconde guerre mis ce pays à la discrétion des anglais.



C'est dans ce contexte de guerre, qu'Arthur Bowman est mandaté par la Compagnie des Indes Orientales pour une mission secrète avec ses comparses. Cela ne se passe pas tout à fait comme prévu, ils sont faits prisonniers par les Birmans et seuls 10 survivront.



Déjà bien avant leur captivité, cela a été le début d'une véritable épopée pour lire ce livre… en effet, il m'avait été fortement recommandé, me poussant aux antipodes de mes goûts littéraires habituels. Lorsque je l'ai trouvé en livre de poche, j'étais toute emballée après avoir reçu tant d'arguments convaincants….mais je ne réalisais pas ce qui m'attendait…. Fleur colchique dans les prés…en Birmanie….



Et puis une promesse, même si c'est pour une lecture cela reste pour moi… un engagement….moral !



Il y a quelques mois me voilà donc embarquée en Birmanie avec Bowman et ses hommes, à bord d'un vieux greement où la mort, la cruauté, sont là à chaque instant, les conditions de vie sont inhumaines. Cela pue la sueur, la testostérone, il y a des cadavres partout, je ne sais pas où je vais, je me prends les pieds dans les mots, bastingage, garnison, enfield, licol, cipayes, aussières.



Alors, pour ne pas tomber par-dessus la jonque, j'ai abandonné Bowman et ses colistiers à leur triste sort….



Non décidemment un roman, une histoire plus que jamais pour un « mâle », ;))) pas pour Fleur !....j'étais…désarçonnée !!!



Enfin, promis, juré, craché, pas très élégant pour une femme vous me direz, mais dans cette histoire de cow boys, pour tenir il faut avoir du caractère, j'ai repris ma lecture au moment de la canicule et là Bowman est revenu de Birmanie et vit en Angleterre. Pour oublier son passé et ses horreurs, il boit et se drogue à outrance.



Et puis au fil des pages, je rentre dans l'histoire et m'attache au personnage de Bowman dans sa quête d'un tueur qui pourrait se trouver parmi la liste des 10 survivants de Birmanie. Il sillonne l'Angleterre s'en va traverser l'Amérique à sa recherche.



J'en suis arrivée à suivre ses miles parcourus sur une carte des US accrochée au mur chez moi, je suis complètement dans l'histoire. Il lui arrive des tas de péripéties, de rencontres, des retournements de situations, je me crois dans les Mystères de l'Ouest…. L'auteur décrit tellement bien les contrées qu'il traverse, la personnalité de ce héros, que je finis par imager Bowman dans mon esprit ! un véritable cow boy que rien ni personne ne peut arrêter, en quête de vérité, un homme solitaire, indépendant, qui peut survivre au désert américain, après ce qu'il a vécu. C'est un vrai guerrier, rusé, intelligent, droit dans ses bottes, un homme de troupes aussi, viril, généreux, qui n'a qu'un seul but : comprendre et aller jusqu'au bout de son objectif, pour laver son honneur, fuir ses démons.



3000 chevaux vapeurs regorge de surprises, d'aventures, de rebondissements, d'émotions, c'est plusieurs histoires dans cette histoire.



Alors oui l'ascenseur émotionnel est monté un max, je me suis parfois empourprée, j'ai aimé quand Mary, la femme du pêcheur lui a nettoyé ses cicatrices…., sa rencontre avec le prêcheur Peevish, j'ai aimé Madames Desmond, une histoire d'amour profondément romantique, vraie ; la tendresse qui se dégage de cette écriture à la fin du roman, d'une autre époque certes, mais j'ai adoré, je m'y suis presque crue…. à ses côtés….



Il a été mon héros Bowman, un homme sans visage, mais pourtant si authentique.



Au début de cette aventure chevaleresque, livresque, renverser la vapeur avec moi, c'était loin d'être gagné….



C'est la prouesse d'écriture d'Antonin Varenne, certes j'ai lu cette histoire, mais je l'ai surtout VECUE..... ;)

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L'artiste

Est-ce que le recyclage des premiers romans s'inscrit dans une démarche éco-responsable ou plutôt éco-rentable ?

Ce roman était paru en 2006 sous le titre "Le Fruit de vos entrailles", sobriquet que je trouve d’ailleurs plus adapté à cette histoire qui décrit des scènes de crimes digne d’un marché aux tripes et qui interroge la frustration générée par des vocations contrariées. N'ayant pas lu la version originale, je ne suis pas en mesure d'évaluer le travail de réécriture annoncé par l'auteur.

Nous sommes en 2001 à Paris. Un tueur en série se spécialise dans le meurtre d’artistes en organisant des mises en scène pas très ragoûtantes. L'enquête est confiée à l’inspecteur Heckmann, flic vedette mais guère populaire du 36.

La trame policière est distrayante avec ce tueur qui transforme ses crimes en œuvre d’art en utilisant les outils et les techniques de ses victimes. Il ne se contente pas de les tuer. Il leur vole ainsi tout passage à la postérité.

Le roman est bien rythmé, l’issue est assez imprévisible mais manque de réalisme. Le dénouement constitue le seul passage du livre où l’on sent trop une rupture de ton et le travail de réécriture.

En revanche, ce roman policier mérite de quitter le rayon boucherie pour rejoindre les allées « Bio » car la psychologie originale et fouillée des personnages échappe aux poncifs habituels.

L’inspecteur Heckmann ne boit pas trop, il parle poliment, ne saute pas sur tout ce qui bouge, ne porte pas de vieille gabardine élimée et s’il souffre d’une crise existentielle, le récit lève habilement le voile sur les traumatismes qui en sont à l’origine.

Ill est accompagné dans son enquête par un ex détective privé lassé de gérer des « griveauseries » et devenu cordiste pour assurer le nettoyage des façades. Ce métier atypique qui ne supporte pas le vertige, offre des scènes inhabituelles et la description de décors grandioses dans Paris. Effrayé par une prochaine paternité, le laveur de vitres se lance à corps perdu dans l’enquête sans son baudrier.

Enfin, l’inspecteur reçoit le soutien d’un ancien résistant, faussaire et médecin avorteur, toujours révolté malgré les années.

J’ai davantage trouvé mon compte de lecteur dans les rencontres entre ces différents personnages que dans cette intrigue autour d’un malade qui aurait voulu être un artiste pour tous les jours changer de peau…

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Trois mille chevaux vapeur

Ressentez-vous le souffle ?



Celui du voyage, celui de l'aventure, celui qui provoque des picotements le long de l'échine ?



Celui de la peur, des cauchemars, des remords, de l'angoisse ?



Il vient battre contre votre visage, s'infiltrer dans les pores de votre peau, s'introduisant dans vos tripes, faisant un petit arrêt par votre cœur et remontant jusqu'aux parcelles les plus cachées de votre cervelle. Provoquant un riche mélange de sensations épicées, amères, peu sucrées mais entêtantes.



Un bouquin immense. J'ai beaucoup de chance ces temps derniers de tomber sur des pépites. Bon pas que de la chance. Gruz et ses chroniques y sont pour beaucoup. Rendons à Gruz ce qui est à Gruz.



Un bouquin immense disais-je. Un vrai roman d'aventure, une vision moderne et pas idyllique du milieu du XIXème siècle.



Où la vie était âpre et ne faisait jamais de cadeau. Où seuls les plus forts survivaient (dixit Darwin abondamment cité). Un monde où la bonté et la beauté étaient vite souillées par l'homme.

Un monde en effervescence, en pleine mutation scientifique, religieuse, économique, morale et sociale.



Antonin Varenne nous propose un voyage original, inédit et passionnant à travers 3 continents.

Son tour de force est d'introduire des éléments modernes dans son récit : tueur en série, femme indépendante, vision humaniste des minorités... La projection en est d'autant plus forte.



Son personnage, Arthur Bowman, véritable force de la nature va nous emmener dans sa quête de rédemption à travers une odyssée abrupte, violente et sans retour.

Bowman va vivre le traumatisme de la guerre en Birmanie, l'horreur d'un Londres à bout de souffle et neurasthénique et les grands espaces américains sifflant entre ses oreilles.

Cette quête désespérée le conduira aux confins de la folie, du désespoir et de l'abandon pour en ressortir de sa chrysalide telle un papillon magnifique.

Entre-temps, son combat contre ses démons, l'alcool et la drogue, ses pensées, ses remords et ses rêves monstrueux lui réserveront des années sombres et de sacrés moments d'effroi et de solitude.



Mordant. Le bouquin l'est. Assurément.

4/5
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Trois mille chevaux vapeur

1852.

Le sergent Bowman est soldat. Un excellent soldat. La Birmanie, son nouveau terrain de jeu. Désigné par le haut commandement pour ses qualités de meneur d'hommes, il sent bien que cette nouvelle mission fumeuse pourrait bien être de celles qui vous laissent sur le carreau.



1858.

Londres. Bowman a survécu. S'il en est revenu, il y a cependant laissé une part conséquente de son humanité. Le trauma est profond, les fantômes nombreux. Il y a, comme ça, des hommes sur qui le destin, qu'est jamais le dernier pour la déconne, s'acharne. Lorsqu'un corps atrocement mutilé se fait jour, c'est qui qui qu'on accuse-t-on ? Misteeeeeer chance ! Seulement voilà, si le bonhomme est souvent compté ces derniers temps, il s'est constamment relevé ! Groggy, chancelant, mais toujours combatif. D'autant plus que ce mode opératoire, il le connaît. La victime expiatoire, pas son truc ! Il est grand temps de solder les comptes avec le passé...



Que dire de ce récit homérique si ce n'est qu'il est de ces romans que l'on évoque avec le petit sourire ému du ravi de la crèche.

Bowman est un anti-héros dont on se souviendra longtemps. Assimilant avec brio aventure et quête identitaire, Varenne délivre une partition proche de la perfection. Une petite musique entêtante qui vous titille au tout début, sournoise et impérieuse, puis qui s'affirme crescendo pour finalement lâcher ses trois mille chevaux vapeur dans un fracas assourdissant. Pas une once d'ennui, pas un seul décrochement de mâchoire à déplorer à ce jour.



L'ambition de la vérité comme catharsis. Un monde, tout comme Bowman, en pleine mutation. L'esprit multi-univers de cette histoire foisonnante ne cesse de surprendre agréablement. Philosophie, polar, odyssée, amour, tout y est à sa juste place, s'imbriquant symbiotiquement en un récit dépaysant au souffle ravageur. Un homme dans la tourmente qui, à force de ténacité et d'abnégation, pourrait bien se dire qu'en définitive, le premier jour du reste de sa vie vaut peut-être la peine d'être vécue...



Merci à Gruz...

4,589/5,000
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Fakirs

Alan Mustgrave était fakir, il est mort sur scène, le clou du spectacle.

C'est à son pote ricain, John Nichols, exilé volontaire en pleine nature, de gérer la succession sur Paname.

Quant à l'élucidation de ce mortel numéro de cabaret, pouf, pouf, ce sera toi qu'y t'y colleras. Tadammmm, and the winner is... l'commissaire Guérin, pestiféré du 36, flanqué de son Lambert de stagiaire.



D'Antonin Varenne, je ne connaissais que "Trois mille chevaux vapeur".

Forcément enthousiaste à l'idée d'entamer "Fakirs", j'allais rapidement remballer ma frénésie au profit de lectures prometteuses, "Qu'est-ce que le parti chrétien démocrate ?" de l'inénarrable Cricri B. en étant l'exemple parfait.



Difficile, pour autant, de cibler précisément le pourquoi du comment.

Le pitch était loufoque en diable.

Les personnages consistants.

Et pourtant j'en suis ressorti fort marri.

Avec le sentiment d'avoir passé ces quelques 300 pages à bord d'un tire-bouchon alors que j'escomptais l'allure diabolique d'un TGV dernière génération.

Un faux rythme récurrent aura eu raison de mon engouement initial.



Si "Fakirs" est loin d'être à mettre au clou, il ne constitue visiblement pas le point d'orgue de la bibliographie d'Antonin Varenne que je m'empresserai de redécouvrir dans un avenir futur ultérieur.
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Dos à la mer, tome 1 : Ouest

C'est l'histoire d'un brave soudeur des chantiers de Saint-Nazaire embarqué dans une fuite vers le sud pour accompagner une fille en cavale suite à trafic de drogue et relations avec l'ETA.



Le scénario bien usé aurait pu être sauvé par le dessin mais celui-ci, hormis pour les ponts et les sites industriels ne crève pas le papier. Tous les visages sont d'une tristesse infinie même celui de la fille dont on pourrait croire en lisant le texte qu'elle est jolie.



On a quelques meurtres plutôt saignants mais pas vraiment de suspense, même si le dénouement ne doit intervenir que dans le tome 2.



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Le Mur, le Kabyle et le Marin



Cela faisait quelques années que ce livre traînait dans les profondeurs abyssales de ma PAL, et comme je cherchais pour le Challenge ABC un livre dont l’auteur avait comme première lettre un V…

J’avais déjà entendu beaucoup de bien au sujet d’Antonin Varenne, aussi à une époque je m’étais empressée d’acheter ce livre ainsi que « Trois mille chevaux-vapeur « et depuis, ces deux livres m’attendaient fort patiemment …

Bon j’en ai exhumé et lu un des deux, et je garde l’autre sous le coude pour le prochain Challenge ABC je l’avoue…

Revenons à ce polar dont le titre n’avait cependant pour moi rien d’alléchant et dont l’une des thématiques abordées me semblait être la boxe. Je dois tout de suite avouer que la boxe et moi…Jamais vu ou eu envie de voir Rocky , et en plus, j’ai été traumatisée par le très beau film de Clint Eastwood « Million Dollar Baby », donc oui, j’ai dû me forcer un petit peu pour me lancer dans cette lecture..

Et très vite, je me suis laissé prendre à cette histoire…ou plutôt à ces deux histoires qui sont séparées par plusieurs décennies…

Au début, j’ai plus été intéressée par l’histoire de pascal , soldat embarqué dans la guerre d’Algerie que par celle de Geoges, flic et boxeur à ses heures perdues…

L’évocation des heures sombres de la guerre d’Algérie a évoqué pour moi un témoignage qu’un ancien soldat m’a fait spontanément un jour, après près de 50 années de silence et de non-dit…Je n’oublierais jamais ses paroles et évidemment ce livre a été un terrible écho à ce témoignage…A un point qu’en ai oublié qu’il s’agissait d’un roman…

Une belle découverte….







Challenge ABC 2022/2023

Challenge Mauvais genres 2023

Challenge A travers l’Histoire 2023

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Dos à la mer, tome 2 : Sud

Suite de la cavale de Natacha et Henri vers le sud, avec une mallette de drogue qui doit assurer l'avenir de la fille, ce pauvre Henri ne l'accompagnant que pour rendre service.



Toujours des dessins peu engageants sauf la nature et le viaduc de Millau. Merci quand même au dessinateur d'avoir représenté la ville avec son beffroi.



Les dialogues restent sans tonalité et la fin arrive sans suspense même si le sang a coulé.
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Trois mille chevaux vapeur

« Trois mille chevaux vapeur » d'Antonin Varenne est un condensé de western, polar, nature writing, histoire, amour, aventure, voyage, guerre et littérature maritime. Un mélange surprenant mais qui se révèle loin d'être un gloubi-boulga fade ou pire, écoeurant. Bien au contraire, c'est un cocktail détonnant qui fonctionne à merveille.

1852, guerre anglo-Birmane. A bord du Healing Joy (« Joy » qu'on pourrait traduire par « grosse ironie » sûrement…), le sergent Bowman et quelques-uns de ses hommes reçoivent l'ordre d'une mission secrète pour l'East India Company… Mission qui tournera mal puisqu'ils seront fait prisonniers et torturés dans les geôles birmanes pendant 6 ans (y a d'la joie, vite dit, on cherche encore les hirondelles…).

De retour à Londres six ans plus tard, il est loin le soldat fort, fier et sans peur. Ivre et embrumé dans les volutes d'opium à longueurs de journée, il traine dans un Londres aussi fétide que lui (quand il est en mesure de « trainer »). Dire qu'il n'est plus que l'ombre de lui-même serait presque une description trop flatteuse de ce qu'il est devenu.

J'avais bon nombre de critiques élogieuses sur ce roman, ce qui a, sans conteste, éveillé ma curiosité. Mais lorsque j'ai commencé les premières pages, je me suis demandé si j'allais tenir la longueur, dans cette ambiance lourde et sombre, près de 554 pages… Pourtant, il a suffi de me perdre dans le fog londonien pour me mettre à suivre Bowman, lui-même, sur la piste du tueur dont les massacres ressemblant aux tortures birmanes réveillent ses angoisses et ses crises.

Quelles sont les raisons qui poussent l'ancien sergent à rechercher ce tueur, à essayer de découvrir quel est parmi ces dix hommes qui ont rescapé comme lui à ces années de captivité, celui qui sème la mort et réveille ses cauchemars ? le sait-il lui-même ? Sorte d'acte de rédemption, pour sauver des êtres, lui qui, de sa main, a si souvent donné la mort ? Besoin d'aller vers les ténèbres encore et toujours, parce qu'il ne connait que ça, parce qu'il est hypnotisé par cela ? Façon de sombrer plus encore, d'aller à la rencontre de la mort, car la solution finale est la seule possible après ce qu'il a vécu ? Incapacité de se sauver, de tourner la page et de chercher à oublier et à trouver un sens à sa vie, une envie de vivre et non plus de survivre comme un errant ?

Bowman, c'est d'abord un soldat. Un homme rustre, dont le visage est rarement dessiné par des sourires (ou alors sardoniques). Un soldat et donc, par définition, obéissant aux ordres des chefs sans broncher, et qui attend que ses hommes en fassent de même avec ses propres injonctions. Un soldat que certains pourraient définir sans coeur, capable des pires atrocités en temps de guerre, mais aussi un homme qui n'a pas peur de se battre, un homme que beaucoup considèrent comme courageux. (toute médaille a son revers ?).

Sans doute n'aurais-je pas aimé suivre les pas de ce soldat, s'il n'avait été qu'un roc à la Rambo, sans sa part d'ombre, sans ses fêlures, ses crises d'alcoolique et ses nombreux cauchemars, suite à ces années d'emprisonnement et de tortures en Birmanie. Bref, je n'aurais pu l'apprécier s'il n'avait pas sombré, même si l'image du héros en était bien effritée. Les cicatrices sur son corps lui rappellent l'enfer qu'ils ont vécu, lui et ses hommes. Et cela lui rappelle qu'avoir l'âme en paix n'est peut-être pas fait pour lui. Je n'aurais pas été curieuse de comprendre cet homme s'il n'avait été que le sergent Bowman sans jamais être Arthur (lorsque Varenne le nommait par son prénom, -ça c'est le miracle des mots et du sens qu'ils prennent-, cela le rendait tout à coup plus humain, un être presque capable de côtoyer les hommes qui l'entourent).

Ses traits, sa carrure, sa force en imposent et impressionnent ceux qui croisent sa route. Il force le respect et fait presque peur. Son visage et son regard sont marqués parce qu'il a vécu. On comprend en une seconde que ce n'est pas le genre de joyeux drille avec qui on pourrait s'en payer une bonne tranche un soir, en sirotant un verre ou deux, à se raconter les anecdotes de notre jeunesse et nos dernières aventures. Sûr qu'on va pas se risquer, après une bonne blague, à lui donner une claque dans le dos, en super potes qu'on est devenus. Pas même sûr qu'il comprenne notre humour (et pourtant je peux en avoir, de l'humour, je crois, surtout après un verre ou deux. Tu sais pas ce que tu perds, Bowman). Alors on l'évite, on change de trottoir. Idem pour les femmes qui croisent sa carapace. Elles sont à la fois curieuses et effrayées par lui. Certaines sentent d'instinct qu'il vaut mieux ne pas l'approcher de trop près, au risque de se faire mal, de se brûler.

J'ai grandement apprécié la description de ces hommes, aux caractères si différents, des plus rustres aux plus doux et altruistes, j'ai aimé partager leurs espoirs et les envies de chacun. J'ai aimé ces rencontres, ces hommes au coeur bon, généreux qui adoucissaient un peu l'ambiance sombre : Franck le pécheur, Peevish (« Prêcheur »), le vieux Brewster et Alexandra Desmond, et d'autres encore...

J'ai aimé l'écriture d'Antonin Varenne, capable de rendre si réel chacun des personnages, même les secondaires mais aussi l'atmosphère qu'il rendait de chacun des pays, de toutes les bourgades et villes qu'Arthur Bowman parcoure lors de sa quête : la Birmanie, les bas-fonds de Londres, les grands espaces américains, le tout saupoudré par les faits historiques de la fin du 19ème : la guerre de sécession, la conquête de l'Ouest, les indiens et mexicains, les rêves de tous qu'ils soient américains ou non… Et j'ai fini par m'attacher à Arthur Bowman.

Comme dans un vrai polar sans autre étiquette, Varenne arrive à ménager le suspense. Je me suis vue passer d'un suspect à un autre, me tromper de cible, de coupable, pour finalement, comprendre que c'est parce qu'on l'est tous un peu, à notre manière…

Une belle découverte. Une très belle aventure, riche en émotions et impressions diverses. Et je vous remercie encore de m'avoir donné l'envie de cette lecture. Je me suis sentie l'âme d'une chercheuse d'or ravie, exultant d'émotions, en serrant entre les mains cette petite pépite-là.

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