Citations de Arne Dahl (69)
Rien n’est plus froid, pensa l’observateur en serrant autant qu’il pouvait son manteau autour de son corps. Rien n’est plus froid que Londres en ces premiers jours frissonnants d’avril.
La situation actuelle de la Suède, Il n’était pas certain de bien la comprendre. Le
Marché faisait la loi, ça, au moins, c'était clair. Les valeurs boursières avaient remplacé les valeurs humaines. La question n'était pas vraiment d'en connaître les conséquences présentes, elles semblaient évidentes : le partage entre riches et pauvres. C'était l'argent qui gagnait de l'argent, pas le travail, et cet argent devait bien venir de quelque part. Tout ce bla-bla sur l'actionnariat populaire et les fonds d'épargne collectifs n'était qu'un pâle alibi pour que puisse se perpétrer le vrai système: pour gagner de l'argent avec de l'argent, il fallait des gros sous.
Il n'était pas donné à tous de cheminer un peu en compagnie de la mort avant la fin, d'avoir le temps de réfléchir à ce que sa vie avait offert. Mais d'une certaine façon, il aurait préféré mourir d'un seul coup, sans regrets, sans y penser, sans remords. Tomber comme une pierre en pleine rue et être balayé comme les tessons d'une bouteille de vin.
Le capitalisme est devenu une idéologie. Il n'a jamais éré conçu comme un système politique. Il n'a jamais été destiné à autre chose qu’à la conduite efficace des entreprises. Quand, d’un coup, il est utilisé comme idéologie, il produit une quantité
d'effets secondaires, car ses angles aveugles sont innombrables. Nous devons reconquérir l'UE des mains des capitalistes et reconstruire son projet de paix originel, fondé sur L'idée d'une appartenance commune, l'idée que nous, peuples européens,
devons pouvoir nous sentir, tous, partie prenante d'une communauté. Le capitalisme est toujours l'opposé de la communauté, le capitalisme comme idéologie affirme que seul on est fort. Voulons nous vraiment que la seule motivation d'un continent tout entier soit le porte-monnaie, vu par chacun à travers des œillères ? Ne sommes-nous pas arrivés plus loin que ça ?
Nous voulons des vies complètes, à multiples facettes, et nous voulons surtout en faire étalage. Nous voulons montrer nos vies pour qu'on les approuve et, dans le meilleur des cas, les admire. Nous ne voulons plus arriver quelque part au bout
du monde, du monde de la pensée, ce qui jadis nous a conduits au sommet de la civilisation - aujourd'hui, nous voulons être plutôt larges que pointus, une connaissance générale de la vie plutôt qu'une compétence de pointe. La
jouissance plutôt que la conquête.
Ce que la politique devrait être : créer une société la plus juste et durable possible. Rien de plus.
Mais nous n'apprenons rien. Nous inventons des choses de plus en plus perfectionnées, mais nous n'apprenons plus rien d'essentiel. De plus en plus vite, nous oublions l'essentiel.
Depuis deux cents ans, non, depuis toujours, nous pensons ainsi, bien avant l'avènement du capitalisme proprement dit. C'est de cette façon que nous nous sommes développés, chaque génération cherchant à en savoir plus que ses parents. Etre plus capable, savoir plus, apprendre plus, gagner plus. Vouloir plus.
Tout notre organisme aspire à la régularité, l'habitude, la reconnaissance. Tandis que notre âme, tant que nous sommes en vie, aspire au contraire.
Presque chaque jour nous réserve une nouvelle surprise dans ce foutu boulot. Et même si elles sont rarement bonnes, les surprises en soi sont positives. On apprend grâce aux surprises. On continue à progresser.
Les animaux l’effrayaient, déjà tout jeune il les détestait. Et voilà que surgissaient ces girafes géantes, monstrueuses, puantes et criardes, une vision de cauchemar. Un soupçon de panique le traversa puis il réalisa que les girafes n’étaient que deux grues de l’arsenal et que les cris d’enfants provenaient de la fête foraine voisine, qui venait d’ouvrir pour la saison. Et les déjections de girafes redevinrent les effluves d’un printemps pris au dépourvu.
Les nouveau-nés voient le monde à l’envers. Le cerveau doit apprendre à remettre l’image à l’endroit.
« Aujourd’hui, j’ai appris le français, mère. » Bien sûr, je ne sais pas exactement de quoi il s’agit, mais ça m’a fait chaud au cœur. Je me demande quelles connaissances contient ce petit corps. Ses deux sœurs ont du mal à s’approprier une septième langue. Elles mélangent la grammaire et l’orthographe. Luigi dit que c’est parce que W est plus jeune, et qu’il est plus facile d’apprendre des nouvelles langues quand on est jeune, mais je sais que ce n’est pas la seule raison.”
Un médecin hautement qualifié ayant accès à toute une palette de substances mortelles. Pour en arriver à se suicider avec une corde trop courte, il y a du chemin.
Plus on en sait, plus on mesure ce qu’on ne sait pas.
Une femme en chaleur, un coup vite tiré, et c’est reparti. Aucune responsabilité.
La puissance publique se réjouissait de ses comptes positifs qu’elle interprétait selon la grille de lecture dépassée du capitalisme industriel. Les requins de la finance se réjouissaient aussi, mais pour de tout autres raisons. Ils suçaient jusqu’à la moelle des finances publiques masochistes.
Le parfum, juste le parfum ordinaire d’une peau de femme. Quelques mèches de cheveux lui chatouillent le nez. Rien de plus.
Il n’a besoin de rien d’autre
—Il est certain que fonder une unité spéciale un 1er avril n’est pas forcément du meilleur augure...
—C’est toujours mieux qu’un vendredi 13, je suppose...
Il faut bien rigoler comme des gosses de temps en temps, pour dédramatiser, quand on en a gros sur la patate.