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Critiques de Art Spiegelman (605)
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Maus : Intégrale

Tout aura déjà été dit sur cet incroyable roman graphique, mais voilà des années que je voulais relire cet ouvrage découvert au collège et c’est enfin chose faite !

Une histoire connue et mille fois racontée, un père qui parle comme Yoda, des souris et des chats… et pourtant, le tout est un chef d’œuvre qui mérite amplement ses multiples récompenses !



Dans ce roman graphique en noir et blanc, les Juifs sont représentés en souris (« Maus » en allemand), menacées par les chats nazis, eux-mêmes chassés par les chiens américains. Lorsqu’un Juif cache sa religion pour se présenter en Polonais chrétien, il portera alors un masque de cochon. Outre d’être original, le zoomorphisme est utilisé de façon très maligne : permettant de situer les personnages sans explications, il ne nuit en aucune manière au réalisme de l’œuvre. Sans tomber dans la caricature que ce choix de représentation aurait pu induire, Art Spiegelman montre des gens qui aident et des gens qui font souffrir dans tous les camps, sans réduire le script aux gentilles souris et aux méchants chats.



Des années 1930 à 1945, nous suivons Vladek à travers la Seconde Guerre mondiale. Vie aisée suite à son mariage avec la douce et maladive Anja, puis lente dégringolade jusqu’au camp de concentration. La faim, les combines pour survivre un jour de plus, les amitiés nouées au bon moment, les pertes successives, la peur… Un témoignage personnel qui n’a pas pour objectif de dévoiler la vérité sur cette période, juste une histoire intime absolument terrifiante et bouleversante. (A chaque roman sur 39-45, j’ai une petite pensée du genre « c’est bon, on a déjà tout vu tout lu » et pourtant, à chaque fois, je ne peux pas rester indifférente devant cette atrocité qui semble impensable et qui pourtant ne l’est pas, il suffit de regarder autour de soi…)



Cependant, la narration ne se focalise pas uniquement sur le passé. En effet, Art Spiegelman se montre interviewant son père et présente ainsi tout le contexte dans lequel le roman graphique a été créé. Il parle ainsi de sa relation avec un père extrêmement difficile ou de celle de celui-ci avec sa seconde femme (nous offrant également son point de vue à elle sur leur vie de couple). Il évoque sa position vis-à-vis de l’Holocauste et ses doutes sur sa capacité à évoquer cette abominable époque. Il s’interroge sur sa culpabilité de n’avoir pas vécu les mêmes épreuves que sa famille ou sur la rivalité avec son frère décédé et idéalisé par ses parents.

Ainsi, tandis que, de son anglais malhabile, son père partage ses souvenirs avec son fils – et à travers lui, les lecteurs et lectrices –, Art Spiegelman parle aussi de comment raconter, comment se remémorer. Cette perspective apporte une profondeur supplémentaire, une vraie richesse à ce récit sur la transmission et la mémoire.



En outre, l’auteur n’idéalise pas son père et aborde sans concession ses pires défauts. S’il reconnaît que celui-ci a traversé l’Europe d’Hitler avec une débrouillardise incroyable, un flair quasi infaillible et pas mal de chance, il présente également un vieil homme de très mauvaise foi, égocentrique, radin, paranoïaque et raciste. Si ce dernier trait de caractère est extrêmement choquant pour le lecteur comme pour la femme d’Art qui manifeste sa stupéfaction horrifiée, cela contribue à mon goût au réalisme et à la justesse de l’histoire. Vladek est marqué à jamais et la guerre, les privations, se rappellent à lui chaque jour.



L’ouvrage est dense et bavard : le texte est omniprésent et absolument essentiel. Le trait, sombre et minimaliste, correspond parfaitement à l’ambiance dure et froide du récit. De cette sobriété naissent la peur et l’émotion. Si cette succession de petites cases peut effrayer, on se rend rapidement compte que le choix de ce type de dessin est absolument judicieux.



Construit sur une alternance du passé et du présent – coupures appréciables qui permettent de respirer un peu entre deux épisodes toujours plus atroces –, mêlant biographie d’un rescapé et autobiographie d’un fils de survivant, Maus raconte une histoire humaine et inhumaine à la fois, le tout sans pathos ni haine. Une réussite, une œuvre à ne laisser passer sous aucun prétexte.
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Maus : Intégrale

Une lecture pesante mais instructive. Le thème est si rebattu que j'ai toujours du mal à m'y replonger. Là où réside l'originalité de cette oeuvre, c'est l'anthropomorphisme animalier pour aborder l'horreur de la période.

Chaque entité est incarnée par un animal différent et on sent l'inspiration autobiographique prégnante dans cette histoire tragique et émouvante.

Une des choses qui m'a également semblé ardue, c'est l'agencement des cases, très rapprochées, le foisonnement du texte, il y a énormément à lire pour un support bande-dessinée. Le sens et l'intensité de l'intrigue repose sur le style du texte autant que sur les images. Il est parfois difficile de différencier certains personnages.

La lecture de cette intégrale est harassante aussi bien psychologiquement que physiquement (pour les yeux) mais nécessaire et intéressante du point de vue historique.

Sur un support graphique, j'avais par contre davantage été touchée par l'histoire d'Osamu TEZUKA dans Les 3 Adolf, la faute au caractère très fourni en informations historico-culturelles de ce Maus.

Lecture dure mais qui ne peut laisser indifférent.
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Maus : Intégrale

(critique de septembre 2010)

C’est la première fois que j’écris un billet sur une bande dessinée, genre que je connais assez peu. Pour une première, la barre est placée très haut : c’est un récit à la fois juste, sobre, émouvant, tragique mais non dénué d’humour, mis en images de façon remarquable sur un sujet aussi périlleux ! Je n’hésite pas à le comparer au témoignage de Primo Levi « Si c’est un homme » qui m’a beaucoup touché aussi. Une différence cependant : c’est un témoignage de seconde main, puisque retranscrit par le fils d’un rescapé des camps nazis, ce qui ne lui fait rien perdre de sa force. Le personnage du père vieillissant n’est pas très sympathique, et le fils s’interroge aussi, au fil des bulles, sur l’image qu’il transmet de lui, ainsi que sur sa place assez difficile, de deuxième enfant, né après un frère mort dans des circonstances tragiques. Ces rapports familiaux sont le deuxième sujet de cette bande dessinée, et sont tout à fait intéressants aussi.

Une bande dessinée à recommander à tous, afin de ne pas oublier ; elle est d’ailleurs étudiée dans certaines classes de lycée…


Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Breakdowns

Planches publiées entre 2002 et 2003 dans différents journaux (Die Zeit, Le Courrier International, The Independent). La BD ne vit le jour en tant qu'album grand format (34,8 × 24,5 cm) qu'en 2004. Il s'agit d'une réflexion, très originale à mon sens, sur les attentats du 11 septembre 2001 et l'impact qu'ils ont eu sur le comportement des Américains, l'artiste compris. «Je voulais refaire de la B.D. Après tout, ma muse s'appelle Désastre», dit-il en insistant sur le «Dropping the other shoe», expression idiomatique américaine utilisée pour exprimer l'attente d'un événement prévisible et théoriquement inéluctable. Après le gant de Kant (heureusement que j'ai corrigé : le logiciel de reconnaissance vocale avait mis Cantona) le chaussure (seconde) du «vaudeville étymologique». Lui qui n'aurait jamais porté un T-shirt I ♥ NY éprouva soudain de la tendresse pour ses rues familières et vulnérables qui ont trouvé la force de se reconstruire.

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Maus, un survivant raconte, Tome 2 : Et c'e..

Difficile de faire une critique de ce second tome de Maus qui raconte l'expérience concentrationnaire du père d'Art Spiegelman.



Le moins qu'on puisse dire c'est que ce tome-ci est et de très loin, beaucoup plus émouvant, plus personnel et a nécessité plus de recherches à l'auteur . Art Spiegelman se met toujours en scène dans son travail et ses tourments, et pour le plus grand plaisir du lecteur, ce qui fait la spécificité de cet ouvrage, en dehors de la métaphore animalière.



On retrouve bien sûr dans ce récit tout ce qui fait le lot des déportés : faim, hygiène de vie épouvantables, mauvais traitements, sélections, marché noir, typhus, etc. Rien de bien original en soit, si ce n'est que j'ai trouvé certaines vignettes plus fortes que lorsqu'elles sont décrites dans un roman ; l'épisode de la sélection notamment. Mais surtout, ce qui donne tout de même le sourire au lecteur c'est de voir comment l'amour que les parents de Spiegelman se sont porté leur a permis de résister à cette affreuse période de leur vie à laquelle tant n'ont pas réchappés… à commencer par Vladek Spiegelman (le père) qui en dehors de sa femme et un de ses frères a perdu toute sa famille.



Ce qui ressort de l'histoire de ce père devenu insupportable pour sa famille, c'est la chance qu'il a eu et toutes les formes et visages que prend cette "chance" : dans les rencontres qu'il a faites au camp, le culot qu'il a eu et les contacts et "marchandages"qui lui ont permis de survivre.

Que ce soit les idées pour échapper à la sélection qui l'aurait menée directement aux fours crématoires ou le malheureux concours de circonstance qui fait qu'il aurait pu échapper à la Marche de la Mort, … Cela donne au final ce qu'on pourrait appeler un formidable récit d'aventure si seulement c'était de la fiction….



Une oeuvre incontournable.
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Maus, un survivant raconte, tome 1 : Mon père..

Dans ce premier tome, Artie un journaliste, interroge son père au sujet de son passé, le poussant sans cesse à revenir sur ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale : l'antisémitisme dont il est victime et sa déportation.



La bande dessinée est entièrement en noir et blanc, elle se démarque par la personnification des personnages en animaux. Spiegelman a représenté les Juifs sous forme de souris, les nazis en chats...



Il est difficile de lire cette histoire, celle de Viadek, de cette hostilité et de ses libertés qui se perdent les unes après les autres. La BD oscille entre ce début de guerre, de violence et le présent où Artie écoute son père qui lui raconte tout dans les moindres détails et qui se montre parfois particulièrement dur et désagréable.
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Maus : Intégrale

Récit autobiographique, l'auteur situé dans les années 70 à New York se fait raconter par son père sa vie du début de la seconde guerre mondiale en Pologne, au ghetto en passant par les camps de la mort avec toutes ses horreurs.



Le récit prend le parti original de transformer et caricaturer les différents groupes "nationaux" en animaux : les juifs en souris, les allemands en chat, les polonais en porcs... Ce zoomorphisme offre une lecture forte des relations entre les personnages et symbolise (et caricature) leur trait de caractère.



Art Spiegelman traite des grands sujets de la Shoah: le racisme, la déshumanisation, le devoir de mémoire et l'héritage. Mais il prend le parti de raconter une vérité avec toutes ses horreurs et ses atrocités même celle commise par son père. Comme la scène où celui-ci est raciste envers un américain devant son fils et que celui-ci ne comprend pas après ce qu'il a vécu comme il peut être comme ça.



Art Spiegelman au travers des deux tomes de Maus a révolutionné le roman graphique et fait un chef d'oeuvre du genre qui a insipiré de nombreux autres auteurs comme Persepolis.



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Maus, un survivant raconte, Tome 2 : Et c'e..

Il y a un moment que j'ai lu le premier tome de « Maus », la bande dessinée culte sur la Shoah, et je m'en souviens comme si c'était hier. C'est bon signe.

Après « Maus, un survivant raconte, Tome 1 : Mon père saigne l'histoire » Art Spiegelman poursuit des années plus tard les entretiens avec son père pour qu'il lui raconte l'enfer de ce qu'il a vécu dans les camps d'extermination pendant la seconde guerre mondiale décrit dans "Maus, un survivant raconte, Tome 2 : Et c'est là que mes ennuis ont commencé". Juif polonais ayant survécu et vivant aux Etats-Unis, il reste avant tout un témoin de la Shoah même s'il est devenu un vieux monsieur aigri qui ressemble à une caricature de juif radin et irascible. Son fils a parfois du mal a le supporter surtout quand il fait preuve de racisme mais s'intéresse avant tout à son témoignage y compris pour comprendre le suicide de sa mère bien après la guerre.

Les faits sont d'un réalisme glaçant sur les souffrances mais aussi l'entraide et la façon dont chacun s'arrangeait pour survivre dans les camps. le fait d'utiliser le noir et blanc et surtout l'anthropomorphisme pour témoigner (les juifs sont des souris, les polonais des cochons et les nazis des chats) donne une certaine distance face aux événements sordides qui pourraient vite être insupportables.

Un incontournable du « devoir de mémoire ».





Challenge Riquiqui 2022

Challenge XXème siècle 2022

Challenge Multi-défis 2022



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Maus : Intégrale

Bonjour les babeliophiles petit retour sur ma dernière lecture.

Je tiens à remercier Catf qui m'a donné envie de lire cette intégrale de Maus

Dans l'intégrale de Maus (2 Bd) Art Spieglman retrace le passé de son père Vladek,Juif Polonais pensant l'occupation allemande.

On va retrouver dans ces 2 Bd toute l'horreur de cette période.Au début de ma lecture j'ai trouvé dommage que les personnages soient représentés par des animaux,les Juifs par des souris,les Allemands par des chats,tiens tiens!!!! les Américains par des chiens tiens tiens!!!!!les Polonais par des cochons et les Français par des grenouilles tiens tiens!!!!!

et au fil de ma lecture j'ai trouvé cela très fort au niveau du sens.

Une époque que j'adore lire car je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi autant de haine et cette Bd me fait découvrir cette époque différemment. A DECOUVRIR mais comme je dis toujours ceci n'est que mon avis personnel.
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Maus : Intégrale

Art Spiegelman, une petite souris new-yorkaise, rend visite à son père Vladek qui est âgé et souffre de problèmes cardiaques. Cherchant à comprendre quelles sont ses racines, quelle est son histoire, et surtout souhaitant la transmettre, Art demande à son père de lui conter son passé.



Nous voici donc transporté dans la Pologne des années 30. Et Vladek petite souris juive, de se souvenir : la rencontre avec la mère d’Art, la montée du nazisme, l’annexion de la Pologne, le ghetto, la clandestinité et enfin le summum de l’horreur, l’indicible : les camps.



Maus l’intégrale se décline en deux volumes :

1/ Mon père saigne l’histoire

2/ Et c’est là que mes ennuis ont commencé.



Le premier couvre toute la période où la famille Spiegelman échappe aux camps. Le second débute à l’arrivée dans les camps de la mort.



Maus est un incontournable, que ce soit sur le fond ou sur la forme...

Parlons d'abord du fond, qui est désormais mondialement connu, puisqu'il s'agit d'une histoire de l'holocauste, remarquablement bien traitée et bien rendue. Découvrir (ou plutôt redécouvrir) toute cette parcelle de l'histoire par les yeux de l'auteur et l'histoire de son père est plutôt inhabituelle dans le monde de la bande dessinée. On ne peut rester indifférent à cette lecture, car pour beaucoup d'entre nous cette partie de l'histoire ne nous est familière que par les livres d'Histoire... Donc intéressant pour le récit et sa proximité dans l'écriture.



Maintenant la forme, le lecteur découvre un dessin et une histoire entièrement en noir et blanc, ce qui est malheureusement désormais marginal dans le monde du 9ème art. Ici le noir et blanc est plus que jamais adapté à l'histoire. Cela fait ressortir le caractère des personnages, et permet au lecteur de se concentrer sur l'œuvre et ce qu'elle raconte. Le texte et l'expressivité sont très importantes dans une BD en noir et blanc, et force est de constater que Spiegelman est très doué dans ce domaine.



Le second parti pris artistique majeur est le choix de représenter chaque nationalité par un animal : les allemands sont des chats, les français des grenouilles, les américains des chiens, les polonais des cochons. Et il décide de dessiner les juifs en souris (maus en allemand) ce qui permet de les reconnaitre facilement dans le roman. Un seul vrai visage d’homme, celui du père sur sa photo d’identité (page 294), en habit rayé de prisonnier, photo retrouvée par Anja, sa première femme, la mère du narrateur, elle-même survivante mais qui se suicidera plus tard. Remplacer les personnages par des animaux est un autre choix judicieux et qui permet au lecteur de prendre un peu de recul par rapport aux horreurs du récit, qui sont pourtant bien réelles.



« Maus » est l’une des œuvres graphiques qu’il faut à tout prix avoir lues au moins une fois dans sa vie. C’est une œuvre chargée en émotions, qui interroge sur de nombreux sujets, et en particulier sur le travail de mémoire et l’héritage à conserver de ce terrible épisode de l’Histoire.
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Maus : Intégrale

Ce n'est que le second roman graphique que je lis et j'apprécie vraiment ce style. De plus, celui-ci en particulier parle d'un sujet qui me passionne.



Véritable Best-Seller, lu partout à travers le monde, MAUS m'a été recommandé plus d'une fois.

Je suis très contente de l'avoir lu. Je pensais le lire en seulement quelques heures et je me suis aperçue que les pages n'étaient pas si faciles que cela à tourner. J'ai vraiment essayé de prendre le temps de m'arrêter sur les dessins et les bulles, afin de m'imprégner complètement de l'histoire.



J'apprécie que l'auteur contemporain nous parle de lui, de sa vie, mais surtout qu'il rapporte le témoignage de son père. Dans un sens, on prend conscience des horreurs qu'il a vécu, mais on ne peut s'empêcher de le trouver très difficile à vivre. C'est cette nuance entre le fait de savoir par quoi il est passé et comment il est aujourd'hui qui rend le tout très humain.



Enfin, quoi qu'il en soit, je recommande évidemment !
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Maus : Intégrale

A travers Maus, Art Spiegelman aborde la shoah d’une manière à la fois originale et poignante. Dans cette bande dessinée en noir et blanc et en utilisant le procédé de la fable, l’auteur se permet une liberté de ton et évoque ainsi plus aisément les âpretés de cette sombre période.

Pour narrer l’histoire de ses parents déportés à Auschwitz, Art Spiegelman utilise le procédé de la mise en abyme. Il se représente avec son père et nous raconte, à travers leurs échanges qui sont aussi l’occasion de retrouvailles entre père et fils, le récit de leur déportation.

Ce roman graphique est un formidable témoignage d’un rescapé d’Auschwitz qui fait l’unanimité. Je l’avais déjà lu, apprécié et j’en étais sortie bouleversée. Après relecture, je ressens les mêmes impressions et je suis toujours aussi admirative. A découvrir ou redécouvrir absolument !

NB : C’est aussi un merveilleux outil pédagogique à destination d’élèves (qui sont par ailleurs d eplus en plus nombreux aujourd’hui à ignorer les événements de la 2nde guerre mondiale et de la Shoah) grâce à son format original (une BD et non roman) et à la description du processus de la déportation.

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Maus : Intégrale

Ce livre est un témoignage extraordinaire sur l'histoire d'un juif polonais déporté à Auschwitz puis Dachau, rescapé comme sa femme des camps de la mort, histoire raconté en BD par leur fils Art Spiegelman. Celui-ci se met lui-même en scène alors qu'il interview son père pour préparer son livre. Le savant mélange de ces 2 histoires (celle du père lors de la Shoah et celle du fils à la recherche de l'histoire du père) rend le livre particulièrement attachant et subtil.
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Maus : Intégrale

Voilà des années que cette bande dessinée me tentait et j'ai vraiment eu de la peine à me lancer dans son achat car les dessins me retenaient un peu. J'ai enfin sauté le pas grâce à un challenge et j'en suis ravie car cette intégrale m'a bouleversée! Si je craignais de ne pas adhérer aux graphismes, finalement ils sont juste parfaits par rapport au récit et aux thèmes évoqués. Ils servent magnifiquement cette oeuvre magistrale qui parle de façon personnelle, passionnante et coup de poing de la deuxième guerre mondiale et des camps de concentration.



C'est l'histoire de son père que nous raconte l'auteur, une histoire bouleversante qui nous retourne au plus profond de notre âme. C'est en nous racontant comment il en est venu à écrire son histoire que nous découvrons ce récit. J'ai adoré suivre l'évolution des personnages sous cette forme, car cela permet de mélanger le passé à travers des flashbacks et le "présent" quand le père arrête de conter et qu'il échange avec son fils.



Ce passage entre présent et passé permet de ne pas être harassé par les faits horribles vécus par les protagonistes tout en nous permettant de plonger dans l'après guerre, ou plutôt dans l'après camp afin de rendre le livre encore plus humain et plus proche du lecteur... Franchement, tout n'est pas simple avec ce père au caractère bien trempé et pas facile à vivre... Je dois admettre que par moments, malgré ce qu'il a vécu, il en devenait clairement exaspérant et comme le fils nous avons envie de le rembarrer et de nous éloigner, surtout quand nous touchons au thème du racisme où les réactions du père sont quelque peu inattendues et font vraiment réfléchir...



Cette bande dessinée devrait être une incontournable sur ce thème si douloureux car elle transmet les informations de façon sobre, touchante, tout en nous impliquant dans l'histoire. C'est un bel hommage familial qui est transmis avec sensibilité et humour aussi, de quoi passer un très bon moment avec ces personnages attachants.



En bref, cette bande dessinée est un énorme coup de coeur tant par le contenu brillamment restranscrit que par l'objet livre lui-même qui est magnifique! C'est une intégrale qui devrait se trouver dans toutes les bibliothèques et qui devrait être lue même par les plus jeunes.
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Maus : Intégrale

Par une sorte d'impérieuse nécessité, j'y reviens souvent. je le feuillette ou j'y replonge, selon les circonstances. Mais j'y reviens. Il m'aimante, il me fascine, il me semble répondre à toutes mes questions sur le sujet.

Peut-on dessiner / peindre la Shoah? la réponse de Maus est non: on ne peut que l'approcher, par des images, des métaphores- l'animalisation des peuples, souris, chats, cochons, grenouilles...

Peut-on vivre après la Shoah? encore un non: le père d'Artie en est la preuve, incapable de s'adapter à la réalité d'après, invivable, c'est vrai, comme père et comme époux, mais surtout incapable de vivre...

Peut-on témoigner de la Shoah? il le faut, semble nous dire Art, mais c'est une expérience proche de celle de Sisyphe, toujours recommencée, elle se heurte à l'incrédulité, à la culpabilité des autres, à leur incapacité à entendre de quoi Shoah est-il le nom...

Peut-on comprendre l'expérience extrême d'un déporté, fût-on son propre fils?on doit essayer, semble nous répondre Artie.., pour essayer de guérir du poison terrible de cette confession -arrachée par bribes à un père impossible et adoré...

Le dessin de Maus ressemble à une gravure expressionniste, on dirait une lino ou une lithogravure noire sur fond blanc,, sombre et sauvage. Le livre est de petit format, à emporter partout, à lire et à relire, en boucle. Et qui vous marque au fer...
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Maus : Intégrale

Le prix Pullizer est assez nébuleux dans l'hexagone, nous savons tous ce que c'est mais rare sont ceux dont il est fait promotion jusque chez nous. Voici l'un d'entre eux qui nous fait prendre toute la mesure d'un tel prix. Maus est tout simplement un chef d'oeuvre traitant avec simplicité, tendresse et justesse de l'un des plus terrible tragédie que la Terre ait connue.
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Maus : Intégrale

Il ait des livres que je fais patienter dans ma PAL un petit moment, attendant le bon moment pour les ouvrir ou parfois un concours de circonstances ... Le moment était venu et la rencontre fut un choc. Parfois, à trop attendre un livre, on finit par être déçu. Ce n'est pas le cas pour ce livre qui était même au-delà de mes espérances.



Le livre s'ouvre sur une histoire anecdotique mais révélatrice de l'ambiance dans laquelle a été élevé Art. Alors qu'il n'avait que dix ou onze ans, il est rentré en pleurs chez lui. Son père, Vladek Spiegelman, bricolait à l'extérieur et lorsqu'il lui a demandé ce qu'il avait Art lui a confié sa tristesse face à ses amis partis sans lui. La réponse de son père a été cinglante :





"Enfermez-vous tous une semaine dans une seule pièce, sans rien à manger. ALORS, tu verras ce que c'est les amis ! ...".



Art se construit avec de terribles secrets de famille car son père est un rescapé d'Auschwitz. Il élaborera une première mouture du récit alors qu'il est étudiant. Puis commencera, dès 1972, a enregistrer les récits de son père et à se livrer à un véritable travail de recherche sur ce qu'a été cet holocauste. Pour aboutir à ce chef d'oeuvre !



Il y a plusieurs orientations dans cette lecture et c'est un peu ce qui en fait toute sa richesse. En premier lieu, on pourrait parler d'un versant psychologique par le biais des liens familiaux : le père et le fils ont beaucoup de mal à s'entendre. Art trouve son père presque proche de la caricature du vieux juifs : radin, antipathique, caractériel, ... Très vite, il étouffe quand il se retrouve en sa compagnie, quant il n'est pas furieux ou mort de honte. La question se pose bien sûr de savoir si ce ne sont pas des séquelles des camps qui l'ont rendu à ce point invivable mais d'autres survivants ne semblent pas réagir de la même façon. Une chose est sûre cela lui a laissé de nombreuses séquelles mais pas seulement ... La mort d'Anja, mère de Art, elle aussi rescapée, qui s'est suicidée plus tard semble les hanter tous les deux. Il y a dans ce cheminement comme un désir de retrouver celle qu'ils ont perdu ... et cette difficulté pour se construire et vivre en tant que survivant ...



L'utilisation de la métaphore animalière pour représenter les juifs et les nazis ainsi que les civils polonais par le biais de souris, de chats ou de cochons, m'a permise de prendre de la distance avec l'horreur qui était présente en arrière plan et de ne pas tomber dans le larmoyant ce que j'aurai trouvé assez lourd. Le procédé est donc particulièrement efficace. Efficace aussi ce mélange d'autobiographie, de fiction et de documentation qui créé une oeuvre d'une densité et d'une richesse sans pareil.



C'est une oeuvre créative de la mémoire ni plus ni moins. Une lecture indispensable !



"Quand j'étais petit, je n'étais pas sûr qu'être juif soit une si bonne idée - J'avais entendu dire qu'on tuait des gens pour ça"
Lien : http://depuislecadredemafene..
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Maus : Intégrale

Un témoignage indirect d'un fils de survivants d'une grande objectivité. Sans faux-semblant, Art Spiegelman nous fait part de ses états d'âme, des difficultés de communication avec son père, il s'interroge et nous interroge sur l'héritage que nous laisse la génération qui a (sur)vécu (à) l'holocauste.

Un ouvrage tout simplement INDISPENSABLE.
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Breakdowns : Portrait de l'artiste en jeune..

Limite nervous breakdown, j’aurais préféré rester dans la piaule à rien faire, barjaquer sans se cailler le trognon dans le froid, au calme, sans même un son de ce qu’on appelle foutue musique, rien faire du tout, mais j’avais été traînée là après un long arpentage des rues glaciales. Bonsoir tout le monde. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Dans quatre heures, il n’en paraîtra plus rien.





- Eh non, ce n’est pas lui, dit-il en riant, ravi d’avoir été pris pour la vedette dont il est le sosie officieux.



Qui sont ces prolétaires hantés par la promesse de la gloire et qui, sortis dans un bar quelconque, imaginent probable de croiser la route d’une célébrité ? Leur esprit semble tendu à cette seule fin. Je prends une bière mais il commande une limonade : non, la soirée ne sera vraiment pas bonne. Les serveurs s’emmerdent-ils ? Ils le semblent, collets-montés comme des pouliches de seconde zone. Pour la deuxième tournée, je connais la combine. Je demande une ginger beer, qui n’a de bière que le nom. Avec le temps, même les bonnes choses finissent par ne l’être plus tant. Le serveur me tend une cannette en aluminium. Je pense à l’opérateur de production de Constellium. J’en avais été chamboulée jusqu’aux os. Je dégoupille la languette, je porte la cannette à mes lèvres mais il m’arrête.





- Prends un verre, c’est dégueulasse.





Je regarde la cannette : ça, c’est sale. Je regarde le verre : ça, c’est propre.



Il faut s’imaginer. Les cannettes sont entreposées dans des hangars. Des rats y vivent. Ils sortent roder sur les tas de cannettes, les escaladent comme des châteaux de sable, y pissent allègrement, puis redescendent en plaine. La pisse stagne sur le dessus des cannettes. Les jours passent, la pisse s’évapore, elle coule même, et les cannettes sont soulevées, retournées, manipulées, aimées d’un entrepôt à un autre. La pisse disparaît d’heure en heure. Les cannettes semblent alors avoir retrouvé leur virginité originelle : le métal reflète la lumière comme au premier jour. Ne vous y fiez pas : les germes n’ont pas disparu. Au contraire, l’urine s’étant évaporée, les germes se sont accrochés plus que jamais au métal, ils l’ont infiltré, ils se sont multipliés, ils sont devenus redoutables, milliards de petits germes en forme de gouttes de pisse et avec des gueules de rats. Sale ? Cet argument est-il censé me rebuter ? Bien au contraire. La cannette m’apparaissait désormais comme une surface aux points d’intérêts proliférants, infusée d’escherichia coli asséchés, rabougris comme ces petites poires que nous récoltions en plein été et que nous oubliions sur le rebord d’une fenêtre pendant des semaines. Leur peau était alors celle du serpent.





Je me sentais limite nervous breakdown quand la musique, ce que certains appellent ainsi – chanson à base de tromperie, vengeances, saine supériorité morale, commença. Lécher la cannette pourrait me sauver. Avaler les germes. Communier avec la substantifique moelle de la pisse des rats. Où étaient passées les souris ? Les souris sont de petites fées. Il ne serait pas question de les évoquer pour faire peser la menace d’une intoxication digestive. Le nom « rat » est masculin, le nom « souris » est féminin, vous comprenez. J’emmerde les souris.





- Je crois que la chanteuse me regarde, dit-il.





J’étouffais au milieu des têtes dodelinantes qui m’entouraient. Tant de crânes remplis de tant d’yeux. Je regardais la chanteuse, et pourtant, cela ne voulait rien dire. Je ne le regardais pas car, s’il était vraiment regardé par la chanteuse, alors, il ne fallait pas multiplier indécemment le nombre de regards focalisés sur un même point. La chose regardée pourrait imploser après une lente liquéfaction des éléments solides internes. Il se créerait alors une dépression qui entraînerait l’ensemble des chairs en un mouvement centrifuge. Je voulais passer ma langue à l’intérieur de la languette de la canette, en lécher les rebords tranchants, sectionner une papille gustative, une filiforme, peut-être. Cette chanteuse me sort par les gobilles.





J’ai failli rater la cible en faisant la bise à Alice. Je ne savais plus s’il fallait d’abord tourner la tête à gauche ou à droite. J’aurais pu embrasser le voisin, c’est-à-dire celui qui était à la place du mauvais côté, par inadvertance. J’ai oublié de me présenter. C’est-à-dire qu’elle a dit « Alice » tandis que je me demandais : rats ou souris ? Les souris sont plus petites, elles doivent pisser moins. De toute façon, je ne la reverrai plus jamais, alors, les efforts, pour quoi faire ? Les rats, évidemment. Imaginez que des souris aient pissé et que je boive de la pisse de souris ? Non, cela ne serait pas possible. La pisse d’Alice : dégueulasse. La sienne, oui, pourquoi pas, dans la décomposition de son implosion narcissique. Les objets du désir des autres me sont déchets.

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Maus : Intégrale

Étant en histoire, je ne pouvais pas passer à côté du chef-d'œuvre du genre (n'ayons pas peur des mots). En effet, cette BD est culte à bien des égards.



Tout d'abord, je pense qu'il est important de souligner son ancienneté, qui permet de bien cerner cette œuvre dans l'histoire des mentalités (elle apparue juste avant les grandes recherches et théories sur les camps et les survivants ... drôle de coïncidence non ?). Et puis surtout, elle fait partie des anciennes BD, celles qui ont ouvert les portes à plein d'autres choses.



En second lieu, ce qui frappe beaucoup de monde dans cette BD, c'est le dessin (bien que je n'ai pas spécialement été choqué par ça). Minimaliste, en noir et blanc, animalier, "simple". Un dessin qui sert son histoire, mais j'y reviens juste après. Ce qui est "amusant", c'est aussi cette distinction entre chaque pays et entre les juifs, avec plusieurs sortes d'animaux. Mais en fait on rentre très vite dedans, le dessin ne gênant plus à partir de deux pages. Et certaines planches sont véritablement belle (si !).



Mais surtout, la grande force de Maus, son excellence, c'est ce scénario à deux facettes, cette histoire double d'un père et de son fils, d'une opposition constante dans le présent ramenée à une relation beaucoup plus calme et simple dans le récit du passé.

Les deux livres sont découpés en plusieurs chapitres, avec un nouveau chapitre de l'histoire du père intercalée entre deux tranches du présent. Du coup, on se sent comme Art Spiegelman, comme si on le suivait dans sa recherche historique du passé. On est avec lui dans la vie, et comme lui on écoute parler ce père marqué à vie par l'épisode de sa vie qu'il conte. Car il ne raconte pas, il conte véritablement. On est entrainé dans une histoire tellement prenante qu'il est quasiment impossible de décrocher dès que l'on rentre dedans.



Analyser Maus est quelque chose d'énorme, dans lequel je n'aurais pas la prétention de me lancer. Mais cette œuvre touche tout public, par son message, par son humanité et sa dés-humanité, par ces deux histoires à la fois triste et pourtant terriblement vraie.



Maus est bien plus qu'un simple témoignage sur les camps. C'est un témoignage sur l'humain, sur son horreur, sur ses faiblesses et ses forces, sur sa partie la plus sombre et parfois aussi la plus belle. Sur nos actes et leurs conséquences funestes, parfois bien plus loin qu'on ne le pense.



Cette BD est à mon avis un indispensable sur n'importe quelle étagère d'un lecteur, même occasionnel. Il est presque impossible de passer outre.
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