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Critiques de Auður Ava Ólafsdóttir (1793)
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Éden

Un voisin qui porte le nom d’un arbre. Une linguiste dont est tombé fou amoureux un étudiant poète au point d’émailler toute sa bibliothèque de dédicaces sibyllines. Un chauffeur de taxi témoin de Jéhovah. Un jeune homme réfugié. Et quelques autres, toute petite communauté de voisins, d’amis, de cousins en Islande tandis que le climat se dérègle et que les langues rares meurent (il s’en éteint une toutes les semaines. Le vendredi, a statué un groupe de chercheurs espérant marquer les esprits, quelle que soit l’impuissance ).



Comme toujours avec Auđur Ava Ólafsdóttir, il n’y aura pas d’explications interminables pour justifier les actions des personnages. Pas de velléités non plus. Ce sont les inscriptions dans les faits qui portent le sens. Ainsi, lorsque Alba Jakobsdóttir visite une maison à vendre avec son grand lopin de terre à quelques dizaines de kilomètres de Reykjavik où elle réside pour le moment, on n’aura pas eu le temps de caresser l’idée qu’elle l’achète, change radicalement de vie, que c’est déjà fait. De même, son projet de planter des milliers d’arbres pour compenser les milliers de kilomètres qu’elle a parcourus en avion pour se rendre à des colloques entre linguistes. Pas une ligne d’explication alarmiste ou moralisante sur la gravité du changement climatique et la prise de conscience de notre narratrice. Ce sont les plants dans le coffre, le bleu de travail acheté au rayon bricolage du magasin d’à côté qui entérinent un projet qui n’avait surgi auparavant que dans une demi-phrase.



A la place des interprétations psychologisantes, des discours d’experts, des postures, on aura la déclinaison des terminaisons correspondant aux différents cas de l’islandais selon la fonction grammaticale du mot dans une phrase. Les analogies dont il est souvent difficile de retrouver le cours qui font jaillir dans l’esprit d’Alba tel ou tel mot, la confondante proximité, à une lettre près, qu’il a avec un autre, sans que le sens en justifie rien.

« Debout sur mon carré d’herbe, je tenais par la queue une souris que j’avais attrapée dans la maison et je cherchais un trou dans lequel la glisser lorsqu’une phrase lue récemment dans un article m’est brusquement venue à l’esprit : la langue est le principal outil de l’être humain dans sa lutte pour le pouvoir. Cela m’a fait comprendre que même si mon travail consiste à analyser la manière dont idées et sentiments se coulent dans le moule du langage, je n’ai pas toujours été très douée pour faire coïncider mes pensées avec mes paroles. Il est à la fois étrange et illogique qu’une souris soit à l’origine de telles réflexions, et il est plus bizarre encore que, juste après, j’aie décidé de construire un mur en pierres. »



Voilà. Pas exactement sans rime ni raison, mais sans qu’on puisse en tracer le chemin, sans que, malgré la multitude de ses combinaisons, le langage en épouse exactement la réalité, mettant souvent au jour, au contraire, d’insolites et impertinentes coïncidences, le concret enlace les considérations les plus abstraites ; les vents, la pluie, le jour varient leur manière d’advenir, les hommes migrent ou meurent, les villageois se mettent à la linguistique et il nait de tout ceci, malgré les pertes, malgré les erreurs, une chaleur, une confiance dans l’humanité et dans les mots qui rassénère.



J’ai savouré ce livre au rythme doux d’une fatigue cotonneuse comme on retrouve l’histoire farfelue et gravement légère que vous conte un ami pour vous distraire, vous extraire tendrement de votre léthargie. Suivant les mues des perdrix des neiges, la lente croissance des boulots et d’un érable, j’ai dérivé « Là où librement le Verbe s’envole » dans une rêveuse quiétude.

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Éden

« Pourquoi recourir à la virgule ? L'enseignante en moi répondrait : pour sortir de sa torpeur et respirer. Regarder autour de soi. Décider de la prochaine étape du voyage. »

Et pour Alba, professeure, linguiste et traductrice à Reykjavik, la prochaine étape, c'est de restaurer son empreinte carbone en plantant des arbres. Elle achète un terrain, à la campagne et met en terre 5000 bouleaux, suivant les conseils de son père et d'un ami de ce dernier. C'est aussi l'occasion pour elle de rencontrer ses voisins et de s'investir dans cette petite communauté très soudée…

Et cela s’avère un véritable tournant dans son existence

Quel texte délicieux et apaisant, qui traite avec délicatesse et bienveillance d'écologie et d'exil. La plume est douce, l'humour léger, les mots empreints de poésie. Et comment ne pas succomber à un livre qui propose 8 mots différents pour évoquer le vent ?

C'est impossible. Ce roman est irrésistible de bonté.

Et ça fait un bien fou
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Miss Islande

Hekla n’a qu’une idée en tête : écrire, peu de personnes sont au courant. Même à son petit ami, elle ne l’avoue pas toute de suite. Écrire, c’est une chose, être publié dans le milieu très masculin de l’édition islandaise des années 1960 en est une autre. Ne pourrait-elle pas plutôt se présenter au concours de Miss Islande ?



Miss Islande raconte l’histoire de gens qui ne rentrent pas dans les cases. Bien que ce soit Hekla la narratrice, j’ai regretté de ne pas avoir accès à ses pensées, notamment celles qui concernent son petit ami. J’ai été obligée de deviner grâce à ce qui se passait, mais la fin n’en est pas moins énigmatique. Elle est rapide, condensée dans une lettre. À vous de l’interpréter.



L’histoire se déroule en 1963 à Reykjavik. L’époque ne tolère pas les homosexuels qu’elle confond avec des pédophiles. Quant aux femmes, elles sont priées de rester à leur place.



À cette époque, une nouvelle île volcanique, Surtsey, est apparue. Vous adorerez vivre cet évènement exceptionnel avec les Islandais.


Lien : https://dequoilire.com/miss-..
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Rosa Candida

Arnljótur a perdu sa mère dans un accident de voiture ; il a un frère jumeau autiste, et son père, octogénaire se retrouve désemparé et tente de réapprendre à vivre. Il a eu une relation d’une nuit avec Anna et décide d’aller voir ailleurs si la terre est plus verte.



A peine a-t-il traversé la frontière, qu’une appendicite nécessite une intervention. Mais il est bien décidé à continuer sa route, car il veut remettre en état une roseraie abandonnée dans un monastère. Il est parti d’ailleurs en emportant des boutures de sa rose à huit pétales, la Rosa Candida.



Ce roman est mignon tout plein, nous propose une réflexion sur la vie, sur la paternité car il s’occupe de sa petite fille pendant qu’Anna sa compagne travaille sur son mémoire ; il apprend à faire la cuisine, à s’occuper d’elle aussi bien qu’il s’occupe des rosiers.



C’est aussi une réflexion sur le couple, comment le cimenter, surtout quand on hérite d’un bébé après une relation d’une nuit parmi les roses, toujours.



Il s’occupe de la roseraie, à la manière d’une longue méditation, comme s’il composait un mandala.



L’histoire est sympathique, mais mon dieu que c’est lent, parfois même soporifique… J’ai ressenti la même chose en lisant « L’embellie », j’avais parlé à l’époque d’un éloge de la lenteur…



Audur Ava Olafsdottir a des idées intéressantes, souvent des voyages plus ou moins initiatiques mais le rythme de son écriture n’arrive pas vraiment à me convaincre.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Rosa Candida

Les Islandais sont les meilleurs lecteurs du monde, c’est bien connu.



C’est en Islande que les ventes de livres, les clubs de lecture, les bibliothèques publiques sont les plus développés. Avec un imaginaire tiré des sagas runiques, une des langues – paraît-il - les plus difficiles du monde, un appétit aigu de formation, et de longues soirées d’hiver, les Islandais ont tout pour lire.



Et qui dit beaucoup de lecteurs dit beaucoup d’écrivains, beaucoup plus que ne le justifierait le poids démographique de l’Islande (300.000 habitants). Et pas seulement des auteurs de romans policiers.



Audur Ava Olafsdottir fait partie de ces écrivains islandais que nous découvrons avec bonheur. Elle a deux qualités fondamentales : elle écrit de façon claire et harmonieuse, et elle est sensible. Elle a construit un personnage de jeune homme simple et intelligent, qui va faire son éducation au loin, et aspire finalement à une vie d’amour familial. Tout cela est bien construit, riche d’évènements, et fait appel à l’émotion.



Un livre à lire !





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Rosa Candida

Dès les premières pages, je me suis demandé où voulait en venir l'auteure. En fait, nulle part ! Ce qui importe ici n'est pas le lieu mais les personnes, les rencontres, les vies.

Ce roman, ou ce conte initiatique, est tout à fait charmant, léger, poétique. C'est une bulle de douceur qui se lit facilement et, je le crains, s'oublie de même. Mais qu'importe, ces quelques heures de lecture nous convient à un moment de paix très loin des vicissitudes du monde.



C'est l'histoire d'un jeune homme de vingt-deux ans à la recherche de lui-même. Jardinier de son état, il quitte son pays, sa famille pour travailler et remettre en état une roseraie dans un monastère perdu. Ses pensées vagabondent sans cesse : la vie, la mort, le sexe mais surtout son rôle de père. Une petite fille lui est presque tombée du ciel, après une aventure très courte avec Anna, la maman. Il ne refuse pas ses responsabilités, au contraire, mais comment faire face ?



Prendre la vie comme elle vient avec simplicité et bonheur, être attentif aux autres et à la nature seraient peut-être le chemin à suivre par Auður Ava Ólafsdóttir pour accéder à la sérénité...
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L'Exception

J'ai eu bien du mal à aller au bout de ce roman, qui n'est pourtant ni mal écrit ni réellement ennuyeux. Je crois que ce n'était tout simplement pas la bonne histoire au bon moment...

Un homme profite du soir du réveillon pour annoncer à sa femme, la mère de leurs petits jumeaux, qu'il la quitte, et ce, pour un homme.

Bien sûr, c'est la claque et nous allons suivre Maria, pauvre petite chose complètement abasourdie, durant les jours qui suivent.

Elle essaie de comprendre ce qui lui arrive, tout en gérant le quotidien et ses enfants, avec l'aide d'une voisine un peu loufoque.

Je n'ai pas retrouvé la douceur, la tendresse et l'empathie dont cet auteur faire preuve d'ordinaire.

J'ai lu d'une traite les cent premières pages mais ensuite, chaque fois que je reprenais le livre, c'était avec lassitude. La magie n'a pas opéré, j'ai trouvé ça déprimant, un peu long, bref, je n'ai pas accroché.
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L'Embellie

Reçu du Jura le 13 janvier 2023...



Une fort jolie lecture un tantinet

" déjantée " qu' un ami jurassien m'a offert en en début d'année...

Quelque peu honte, car j'ai sous le coude depuis des lustres, en attente de lecture " Rosa Candida"...

Cette " embellie" a justifié largement le bon moment lumineux offert, après des lectures plus sombres !



Une jeune trentenaire apprend brutalement que son mari la quitte, au bout de quatre années de mariage, pour une compagne plus jeune, enceinte de lui.



Étonnée, certes, mais pas plus affectée que cela. D'emblée, sa personnalité intrigue : traductrice, rédactrice, surdouée des langues....elle semble comme spectatrice de sa propre vie...

Dans un même temps , sa meilleure amie, attendant des jumeaux, et devant être hospitalisée, lui confie son petit garçon de quatre ans, Tumi...elle qui n'a aucun goût pour les enfants ni pour des velléités personnelles de

" maternité "...



Elle se retrouve ainsi en charge d'un petit bonhomme de quatre ans, différent, quasi sourd-muet, avec des soucis de vue, supplémentaires, pratiquant la langue des signes....Avant cette maternité obligée...elle avait décidé de partir autour de son île en " longues vacances d'été en plein mois de novembre" : la parfaite image de notre " héroïne décalée " !



Cette expérience détournée de la maternité avec ce petit garçon différent va être comme un révélateur de sa vie et de ses choix....

Sur un ton enjoué, facétieux, décalé, l'auteure nous parle de l' Essentiel: trouver un sens à son existence, le rapport au couple, à la maternité...la nature, le retour sur les lieux de l'enfance, les bilans d'un parcours après une séparation...qu'est ce qui vaut la peine de s'engager, le refus des chemins balisés...une résistance tenace aux choses pratiques du quotidien !



Deux temps de narration alternent : le Présent , en caractères classiques, et le Passé : récits des souvenirs de l'enfance, en italique...



Pour finir par une liste de recettes farfelues, récapitulant les repas fantaisistes préparés par la narratrice pour le Petit Tumi..lors du roman !



Une belle lecture au ton facétieux et singulier...parfois, franchement désopilant !



"-Quel effet ça te fait d'être avec un enfant ?

- Tumi est très spécial, c'est un enfant adorable. J'ai commencé à apprendre la langue des signes, à me documenter, il m'enseigne, lui aussi, il m'indique les objets et me montre les signes.

- Serait-il en train de te changer ?

- Ça se pourrait bien. "



( Zulma poche, 2022)
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Miss Islande

Auður Ava Ólafsdóttir divise son roman en deux parties : La terre de nos mères et le poète du jour. Il y a cependant un prologue. Nous sommes en 1942, la narratrice accouche d'une fille alors qu'elle pensait attendre un garçon. le vétérinaire l'aidera à mettre au monde l'enfant que le père, passionné de volcans, baptisera Hekla. Alors que la petite fille a quatre ans et demi, il l'emmène voir le volcan éponyme en éruption. Elle en revient changée selon la mère : « Tu parlais la langue des éruptions, tu employais des mots comme sublime, prodigieux, titanesque. Tu avais découvert le monde, tu regardais le ciel. » La première partie commence alors. Nous sommes en 1963. Hekla, la nouvelle narratrice, a vingt et un ans. Elle a quitté son village. Dans l'autocar de Reykjavík, à l'aide d'un dictionnaire, elle déchiffre patiemment l'Ulysse de Joyce qui la transporte à Dublin... Dans le restaurant où elle trouve du travail, plusieurs hommes lui conseillent de concourir pour le titre de Miss Islande : jolie comme elle est, elle a toutes ses chances ! Mais Hekla s'y refuse obstinément. Elle n'a qu'un rêve : écrire, devenir écrivaine. Elle sait qu'elle aura du mal à se faire publier, à être prise au sérieux, parce qu'elle est une femme, évidemment, et que peu d'éditeurs oseront prendre ce risque.

***

Hekla se débat dans la société conformiste islandaise des années soixante. Elle choisit courageusement de ne pas obéir à un destin tout tracé pour les femmes de l'époque et décide de vivre son rêve. le touchant personnage d'Ísey, sa meilleure amie, qui apparaît d'abord comme une sorte de double, incarnera, petit à petit, tout ce qu'elle refuse de devenir. Son meilleur ami, Jón John, subit un ostracisme constant et des brimades répétées à cause de son homosexualité. Ses récits douloureux nous plongent dans une société où les gays se marient pour donner le change. Ils espèrent ainsi se soustraire aux persécutions. Auður Ava Ólafsdóttir réussit à entrainer le lecteur au cœur des magnifiques paysages islandais, à lui faire comprendre à quel point la littérature, des sagas anciennes à la poésie contemporaine, imprègnent la plupart des habitants de cette île magnifique au climat hostile et aux coutumes parfois déroutantes pour les étrangers. Les très courts chapitres titrés, parfois bizarrement, les descriptions comme autant de petits tableaux pris sur le vif, les nombreuses ellipses, la délicatesse des images, les détails de la vie quotidienne, et paradoxalement les non-dits, l'humour et l'autodérision qui affleurent si discrètement (le poète, dit-elle en parlant de son amant !) servent magnifiquement ce roman sur l'amitié, sur les pouvoirs de la littérature et sur la réalisation de soi.

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Miss Islande

Je referme Miss Islande complètement retournée !!! Tout au long de ma lecture, j'ai hésité entre ma fascination pour le pouvoir d'évocation des mots de l'auteure, et mon agacement devant ses personnages qui expriment de manière froide des élans enflammés. J'avais l'impression d'être obligée d'ajouter moi-même l'émotion aux mots : le monde d'Hekla, Jón John et Ísey est étrangement silencieux, étrangement dépourvu de sensations qui permettent de ressentir leur vie en même temps qu'eux, tout en n'étant que poésie et formules qui touchent au cœur.⠀



Pourtant, inquiète de ce que je pressentais pour la destinée des héros, je me suis quand même retrouvée à le dévorer très vite. Et finalement... je me trompais du tout au tout. De multiples thématiques (féminisme, homosexualité) traversent le livre, mais il parle avant tout de création, et de la manière dont il est possible de s'affranchir des conditions matérielles et sociales pour vivre ce pour quoi on est profondément fait.⠀



Chaque personnage, à sa manière, chemine vers lui-même et à cet égard, la fin, qui provoque d'abord la stupéfaction, est finalement ce qui renverse complètement toutes les impressions qu'on a eues, et donne au livre une profondeur nouvelle. Impossible de la révéler sans spoiler et surtout, sans priver le livre de sa véritable dimension, mais je dirai juste que cela m'a rappelé à point nommé qu'écrire, ce n'est pas chercher la reconnaissance pour sa personne, mais pour son texte, parce qu'une fois écrit, il appartient tout autant aux autres qu'à soi.⠀



J'ai lu ce roman parce qu'il a eu le Prix Bookstagram, qui couronne un roman étranger. Je peux bien le dire : j'avais été vaguement déçue que ce prix, qui émane de chroniqueurs indépendants et qui s'appuie sur la communauté de lecteurs présents sur instagram, couronne un livre qui avait déjà reçu un prix (le Médicis étranger). Mais maintenant que je l'ai lu, j'ai compris : bravo au jury et au processus qu'il fédère autour des livres. Miss Islande va m'accompagner longtemps.⠀



« Et je pense : Il pourrait aussi me tendre une plume⠀

comme une fleur⠀

qu'il aurait arrachée à un oiseau noir⠀

la tremper dans du sang et m'ordonner :⠀

Écris. »⠀
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Miss Islande

Bcp de critiques favorables et j'arrive avec mes gros sabots et ma note pas terrible....

Je comprends qu'on puisse avoir aimé ce livre. Moi j'ai été peut-être décontenancée :

- par le rythme trop saccadé du livre qui lui donne un côté décousu : chaque chapitre fait une page et demie, chaque chapitre est très indépendant

- par les personnages : l'héroïne m'a parue éloignée du roman. Je ne sais pas comment dire. Presque étrangère à sa propre histoire....

- par le fond : la condition féminine et homosexuelle trop survolée pour moi.

Manifestement je n'étais pas le public de ce livre. Ca arrive !
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Rosa Candida

L'histoire débute en Islande.

Lobbi est un jeune homme de 22 ans qui vit avec son père.

Sa mère est décédée dans un accident de la route et il en est très affecté.

Il a un frère jumeau Josef qui a un retard de développement.

Une nuit, par hasard, il couche avec une fille, Anna et 9 mois plus tard, une petite fille vient au monde. Elle répond au joli prénom de Flora Sol. Il est loin de s'en désintéresser, on verra plus tard à quel point il s'engage.

Sa mère, prénommée Anna elle aussi, cultivait des roses dont une variété à huit pétales, sans épines.

C'est muni de boutures de cette fleur qu'il quitte l'Islande, après avoir fait ses adieux, pour rejoindre un monastère avec une roseraie qu'il est chargé de remettre en état.

C'est le deuxième livre d'Audur Ava Olafsdottir que je lis.

Je préférais "Le rouge vif de la rhubarbe" car j'y ai mieux ressenti la vie, l'ambiance, la lumière ou l'obscurité islandaises.

Celui-ci est très spécial aussi : le héros est d'une gentillesse extrême. De son point de vue, tout le monde est aimable avec lui.

Les scènes les plus crues comme un accident de la route ou le jeune homme qui vomit partout avant d'être opéré de l'appendicite ont l'air de se passer comme sur un petit nuage cotonneux.

Etrange ambiance presque magique comme la description du petit village où il arrive en fin de parcours, perdu, au bout du monde et pourtant tout ce dont on a besoin s'y trouve.

Attention, amateur d'actions sensationnelles, s'abstenir.
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Éden

Ce livre m’a fait un bien fou. J’ai envie de l’offrir à tout le monde tant il a inscrit en moi une forme d’allégresse doucement transgressive.

Je pensais que l’œuvre d’Audur Ava Ólafsdóttir était réservée aux amateurs de filegoudes scandinaves. Que nenni. Quelle erreur!

Alors c’est quoi ce livre ?

C’est l’histoire d’Alba, la linguiste islandaise.

C’est l’histoire des mots d’Alba.

Un gars a dit un jour que l’inconscient est structuré comme le langage, alors c’est aussi l’histoire du va-et-vient entre la pensée d’Alba, ses rêves, ses images, ses réservoirs de mots, ses déclinaisons. Ici le travail d’Eric Boury, le traducteur, est époustouflant.

C’est aussi l’histoire de la superposition entre catastrophe climatique et catastrophe linguistique : une langue meurt toute les semaines et Alba doit planter 5600 arbres pour compenser son empreinte carbone.

C’est l’histoire de l’Eden, l’endroit où nous devons être, au centre de notre existence et à chaque instant.

C’est aussi l’histoire de la possibilité du changement.

En moins de 250 pages, l’auteure aborde avec une simplicité désarmante (ou armante, oui plutôt ça, une simplicité armante) les thèmes majeurs du dérèglement climatique, des réfugiés, de la fin de la poésie et des grands cétacés.

C’est parfois flippant mais c’est surtout très beau et très drôle en même temps.

La description du congrès sur les langues en voie de disparition est un morceau de bravoure. Alba est aussi re-lectrice pour une maison d’édition, à ce titre elle cherche désespérément à donner un semblant de vraisemblance au polar écrit par le Ministre de l’agriculture et c’est absolument bidonnant !

Alba a une grande demi-soeur infirmière obsédée par le don du sang et un vieux père, « l’expert-comptable », veuf d’une comédienne connue, infidèle et parfumée.

Elle va rencontrer tout un tas de personnage à partir du moment où elle achète une maison à retaper au fin fond de la campagne. Doucement mais radicalement, en quelques tableaux géniaux, Alba nous explique qu’elle a démissionné et qu’elle va s’installer à flanc de volcan pour y vivre en quasi-autosuffisance. Et que le village le plus proche est atteint d’une épidémie de phonologie, de pragmatique, d’analyse du discours et de syntaxe historique.

Ah, j’ai des fourmis dans les doigts, j’ai envie de tout raconter mais il faut que je vous laisse découvrir que le silence est en réalité un système complexe de communication .

Juste un extrait. Alba donne ses livres à Håkon qui les vend pour le compte de la Croix-Rouge :

« —Ce qui est étrange, c’est que la dédicace se trouve au milieu de l’ouvrage. C’est sans doute pour ça que tu ne t’en es pas aperçue.

Il le tourne vers moi pour que je puisse lire les mots écrits à la main:

À jamais dans mon coeur. Caresse-moi. »



J’ai adoré.

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Miss Islande

Bienvenue dans la contrée des volcans, des geysers, des nuits éternelles et des aurores boréales ! Entre feu et glace, les islandais, lorsqu'ils ne sont pas sortis en mer pour pêcher, vivent de légendes, emmitouflés au chaud, puis de longues soirées agrémentées en lectures également. J'ai beaucoup aimé l'atmosphère de ce pays intriguant, lequel sait nous imprégner avec son climat des plus particuliers, sa langue unique, aux mots interminables...imprononçables. L'Islande insaisissable. Terre de mystères, de contrastes - verte, noire, bleue, grise, rouge ou blanche, selon ses humeurs - il fait toujours un immense plaisir de partir à ta découverte !



C'est dans cet état d'esprit que nous abîme "Miss Islande" dès les premières pages. le cadre naturel est souvent mis de l'avant puisque ce pays est justement cela: une force de la nature à l'état brut.

Comment ne pas aborder sa facette la plus représentative ?

D'ailleurs, notre personnage principal, Hekla, tire son prénom d'un volcan, l'un des plus actifs de l'île.



À vingt-et-un ans, Hekla sort du lot pour son époque ! Dans les années soixante, en Islande aussi la place d'une jeune fille est cantonnée à la maison, mariée et mère d'un ou plusieurs enfants. Cuisiner, nettoyer, vivre dans l'ombre de son mari...non merci ! Sans le sou, elle voyage avec sa machine à écrire et quitte son village pour la capitale, dormant ici et là dans de toutes petites mansardes. Sans demander quoi que ce soit, elle fonce au gré de ce qui la passionne le plus: l'écriture. Son rêve: devenir écrivain. Rien de plus. Ou rien de moins.

Hekla est déjà sur la bonne voie, pourtant, puisqu'à l'insu de tous, elle commence à être publiée...sous des patronymes masculins !

Si les éditeurs savaient, ils la jugeraient mal simplement parce qu'elle est femme. Malgré son talent, c'est donc presqu'en cachette qu'elle écrit, tout le temps.



La jeune fille écoute plus qu'elle ne parle, plongée dans ses inspirations; les scènes que nous imaginons se font à travers ses yeux, son coeur, ses pensées, surtout. Nullement vantarde, son personnage est discret, se fond dans le décor mais elle sait ce qu'elle veut - et surtout ce qu'elle ne veut pas ! - faisant d'elle un électron libre et autonome. Pour qui l'amitié compte au-delà des relations sentimentales. Parmi eux Isey et Jon John, ses deux meilleurs amis. Isey, qui adore écrire elle aussi mais bien que contente de son choix de maternité, aurait peut-être aspiré à plus grande destinée. On ressent une forme de regret à travers ses mots... Jon John, quant à lui, aime le même sexe que lui et souffre de sa différence, du rejet imposé par la société. Hekla sort du cadre mais est celle qui s'adapte le mieux aux bâtons dans les roues. Elle écoute ses pairs sans jamais beaucoup consoler mais sans jamais juger, aussi. Je me suis attachée à son personnage introverti, indépendant et avant-gardiste. Elle ressent tout sans s'exposer et j'ai aimé cela.



Lorsqu'un homme lui suggère à quelques reprises de concourir pour le titre de Miss Islande, avec son physique et sa stature impressionnants, Hekla tourne le dos sans hésiter. L'univers des mots est son refuge, son seul amour, son seul objectif. le sujet du concours est très furtif, ici, on le contourne sans peine...



Quelque chose m'a pourtant dérangée dans cette lecture et je suis incapable de mettre le doigt dessus, ou plutôt de l'expliquer...



Tout ce qui se rapporte à l'Islande - c'est-à-dire beaucoup - j'ai adoré.

J'ai aimé le lieu, le cadre, l'époque, les personnages. Ensuite, si j'ai grandement apprécié les thèmes abordés, tels que la place de la femme dans la société et l'homosexualité, traités avec justesse, délicatesse et sans jugement, je me suis sentie moins emportée par le corps de texte. Pas que ce ne soit pas bien écrit, au contraire, mais je me suis occasionnellement sentie perdue dans les mailles du filet, à tenter de suivre certains soliloques très coq-à-l'âne, notamment dans les pensées qu'Isey exprime à son amie Hekla. Je me suis même ennuyée, par moments.



L'écrit était beau au sens poétique mais manquait de structure selon moi. Souvent embrouillé, j'en perdais le fil et du même coup, l'intérêt. Peut-être est-ce mon interprétation; d'après la construction du récit, on aurait dit plus un recueil d'idées qu'un roman, en fait. Il m'a de plus semblé que les en-têtes des chapitres n'avaient souvent aucun rapport avec ce qui suivait. Tout cela m'a donné une légère impression de désorganisation...peut-être intentionnelle cela dit, tout dépend de l'objectif de l'autrice. Remarquez, cela est un ressenti très personnel, je comprends que ce petit roman plaise à plusieurs. Si j'ai aimé celui-ci moitié-moitié, je suis cependant curieuse de m'aventurer plus loin et impatiente de relire Audur Ava Olafsdottir pour comparer avec ses autres oeuvres !



CHALLENGE PLUMES FÉMININES 2023
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Rosa Candida

Rosa Candida narre la jolie histoire d’un jeune homme immature. L’intrigue est originale, l’écriture addictive, ce qui compense l’impression d’une histoire qui part dans tous les sens.



Arnljótur Thórir, vingt-deux ans, quitte son Islande natale pour se rendre dans un monastère où subsiste la plus belle roseraie du monde. Il laisse derrière lui un père âgé et un jumeau handicapé, mais pas seulement. Il laisse aussi une petite fille de sept mois qu’il a eu lors d’une brève nuit d’amour.



Pas forcément très attachant, ce jeune homme travaillé par ses hormones et qui n’en fait qu’à sa tête. Il a pourtant une passion héritée de sa mère, il aime cultiver les plantes et rêve de restaurer la roseraie du monastère.

J’ai été déçue par la fin ouverte, dois-je rappeler que je déteste ça, la plupart du temps ?



Le rythme est lent et il ne s’y passe pas grand-chose, ou les évènements ne sont pas si importants que ça. Je ne me suis pourtant pas ennuyée une minute tant j’ai eu envie savoir ce qu’Arnljótur allait découvrir sur sa route.


Lien : https://dequoilire.com/rosa-..
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Rosa Candida

Doux, déjà discrètement éclairé des considérations qui marqueront l’œuvre d'Auður Ava Ólafsdóttirsur les coïncidences, la religion, la beauté de la vie, Rosa candida est un roman d'apprentissage plein de finesse. D'une insolence charmante et délicate, ce livre est aussi une ode à la nature, à la paternité et aux liens familiaux dans leur ensemble. En évoquant la différence, l'errance décalée d'un narrateur lunaire, l'autrice islandaise confirme son talent pour écrire des récits initiatiques inspirés, croquignolets et tendres (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/06/21/rosa-candida-audur-ava-olafsdottir/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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La vérité sur la lumière

Malgré la tendresse poétique de certains passages, La vérité sur la lumière reste froid, à la fois très succinct sur certains sujets et presque encyclopédique sur d'autres. Notre humanité et ses failles constituent le cœur de l’œuvre qui s'éloigne du genre romanesque pour s'approcher de la philosophie – simples éclats de vie finalement décousus, constellés, parfois traversés par un rayon de soleil trop rare qui jette alors une lumière opaque sur ce livre sibyllin à de nombreux égards (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/10/10/la-verite-sur-la-lumiere-audur-ava-olafsdottir/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Rosa Candida

Roman islandais superbement traduit par Catherine Eyjolfsson.



Arnljotur va s'en aller loin de son père et son frère jumeau pour s'occuper d'une ancienne roseraie du continent, dans un monastère oublié du monde et gardé par un moine cinéphile.



Un véritable éden qu'il va recréé de ses mains en y apportant tout l'art dont il est capable, pour laisser s'épanouir les essences de diverses plantes botaniques mais également un nombre incalculable de variétés de roses.



Anna et l'enfant qu'ils ont eu ensemble le rejoindra pour un temps et ils apprendront à se connaître et découvriront ensemble une vie de famille simple auréolée de leur amour pour leur petite Flora Sol.



C'est tendre, c'est joli, c'est lumineux comme un angelot aux joues rebondies et au regard limpide.



Superbe.













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Le rouge vif de la rhubarbe

Tout d'abord quel titre !

Quand on adore les tartes à la rhubarbe, qu'on aime l'odeur que dégagent ces tiges lorsqu'on les épluche, on ne peut que vouloir dévorer ce livre !



Il nous conte l'histoire d'une adolescente, Ágústína, conçue dans un jardin de rhubarbe en Islande. On l'accompagne, au rythme de ses béquilles (elle est née avec des jambes qui ne peuvent pas la soutenir), dans cette île sauvage et rude.

C'est une enfant qui a appris à lire en faisant des montagnes de mots, elle résout des problèmes mathématiques en faisant des montagnes de nombres... est-ce surprenant, alors, lorsqu'elle annonce qu'elle grimpera tout en haut de la montagne qui occupe une grande partie de son paysage, malgré ses jambes en coton ?



Cette enfant est élevée par Nina une amie de sa grand-mère, sa mère étant trop occupée à parcourir le monde pour étudier les oiseaux. A ses côtés il y a aussi Vermundur, un voisin bricoleur, qui lui raconte sa naissance tel que lui l'a vécue, sans filtre, aucun... on découvre aussi Salomon, le fils de la chef de choeur, un adolescent très prévenant...



L'écriture d'Audur Ava Ólafsdóttir est très agréable et fonctionne un peu comme un kaléidoscope, parfois c'est très réaliste, lorsqu'elle décrit le boudin de mouton par exemple, ou la fabrication de la confiture de rhubarbe, parfois c'est un peu loufoque, parfois elle nous enveloppe d'une tendresse émouvante, parfois c'est rude, brutal, parfois c'est profond et parfois c'est sincèrement drôle.



J'ai vraiment passé un très bon moment avec ce livre... je ne regrette qu'une chose, c'est de l'avoir lu en hiver, alors qu'il n'y a plus une seule tige de rhubarbe dans le jardin... il va falloir attendre !

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L'Exception

J'ai de nouveau été embarqué dans cette lecture, j'avais déjà beaucoup apprécié Rosa Candida du même auteur et j'ai lu cet opus en une journée.



On suit ici l'histoire de Maria qui est quitté le soir du réveillon par son mari Floki qui part vivre avec un homme qui se prénomme Floki également. Maria et Floki sont parents de deux faux jumeaux de 2 ans et demi.



Il y a également d'autres personnages Perla la voisine psychologue et nègre d'un auteur de polars qui cherchent de nouvelles pistes originales pour la construction de son dernier roman, mais également le voisin de Maria, les parents de celle-ci et son père biologique qu'elle rencontre peu après être séparé de Floki. Ce qui lui fait pas mal de changement en peu de temps sans compter ce qu'il va se passer plus tard.



Le genre de roman ou j'aurais pu facilement tourner 100 à 200 pages de plus tant cela se lit bien, le ton sonne juste tout au long de l'histoire.
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