AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ben Lerner (37)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Au départ d'Atocha

Un premier roman. J'ai choisi de l'emprunter à la bibliothèque à cause de son titre. Je souhaitais évoluer dans Madrid dans les pas de l'auteur. Oui mais voilà, je ne me reconnais absolument pas dans le héros du roman, jeune poète américain en résidence à Madrid. Je l'ai suivi dans ses déambulations dans la ville, mais surtout au travers de ses mensonges, de ses impostures, de ses prises d'alcool et de sa consommation de joints. Un milieu qui m'a déplu. Aucune émotion n'est passée même lorsqu'il évoque le monstrueux attentat de la gare d'Atocha. Je me suis ennuyée du début à la fin du roman. Ce livre ne m'a rien apporté en dehors des quelques noms de lieux que j'ai retrouvés, ce qui est bien mince. Un rendez-vous manqué.
Lien : http://araucaria20six.fr/
Commenter  J’apprécie          430
L'école de Topeka

Ce roman dense, complexe, semble condenser la société américaine et ses maux, des errements adolescents à l'éveil de la révolte féminine face aux violences, des tromperies maritales à la stigmatisation de "l'autre". Ben Lerner réfléchit aussi, à travers ses quatre protagonistes, à l'Homme comme à la fois unique et partie d'un tout, être de sensations et de langage partageant ses traits singuliers avec le reste de l'espèce humaine (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/09/05/lecole-de-topeka-ben-lerner/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          300
10:04

Encore un roman sur New-York, me diriez vous, encore un qui arrive après des flopées de roman sur The Big Apple et Brooklyn? Oui effectivement, et pourtant 10 : 04 de Ben Lerner, qui reprend pas mal de codes du roman new yorkais classique arrive cependant à insufler une petite musique bien à lui à mi chemin entre Woody Allen et Paul Auster..



À la croisée de l’autobiographie, de l’autofiction et de la métafiction, Ben Lerner professeur d’anglais à Brooklyn College comme le narrateur de son roman,.signe un roman à la composition assez virtuose, qui joue sur les limites de la fiction et d n'hésite pas à plonger son lecteur dans différentes s mises en abyme,



Ben, auteur d’un premier roman remarqué et cherchant laborieusement l’inspiration pour son deuxième roman – lequel roman sera finalement l’histoire de Ben cherchant l’inspiration pour écrire son roman. Ben, personnage central, vit ce qu’on aime à imaginer comme la vie new-yorkaise rêvée de tout intellectuel : il fréquente les galeries d’art, les librairies nichées, et l'auteur prend un malin plaisir à perdre le lecteur dans les méandres de la fiction/réalité.



Ni de la fiction, ni de la non-fiction, mais un vacillement entre les deux », écrit-il à l’intérieur même de ce roman formidablement bien traduit par Jakuta Alikavazovic, Parfois irritant, souvent plaisant ce 10 04 ; reste un objet singulier et étonnant..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          160
10:04

Surprenante lecture ! Déstabilisée par la forme et le fond, ce livre est un OVNI profondément moderne. Et je me suis sentie vieille, enfin, plutôt plus tout à fait jeune, devant ces innovations de style.



L'auteur nous présente, comme il le dit à la fin de son livre, une oeuvre à la limite de la fiction et de la non-fiction.



Le livre débute avec les angoisses de l'auteur qui est aussi le protagoniste du livre ou s'invente-t-il son histoire ?, à qui l'on diagnostique un problème cardiaque, alors que sa meilleure amie, qui n'a sans doute pas envie de se coltiner un père qui finira pas la quitter, lui demande de lui faire un enfant par insémination artificielle interposée, qu'une tempête s'annonce sur New York et que son éditeur l'incite à écrire un deuxième livre dans un restaurant où on leur sert des poulpes massés cinq cent fois pour rendre leur chair tendre.



L'auteur nous décrit fort bien le flou total de valeurs et de conditions d'existence dans lesquels se démènent les personnages dont il s'entoure, flou qui ne caractérise que trop nos sociétés occidentales. Ainsi l'auteur voit Manhattan de Broolkyn comme une masse sombre ponctuée de petites fenêtres lumineuses et c'est bien l'impression d'une immense fourmilière et de fourmis qui se démènent comme elles peuvent mais pas toujours de manière sensée que ses personnages nous laisse. Avec une impression de déjà vu ou de connu dans nos propres existences.



A découvrir assurément car cela m'étonnerait que l'on ne reparle pas de ce jeune auteur.

Commenter  J’apprécie          150
10:04

Surprenante lecture ! Déstabilisée par la forme et le fond, ce livre est un OVNI profondément moderne. Et je me suis sentie vieille, enfin, plus tout à fait jeune, devant ces innovations de style.



L'auteur nous présente, comme il le dit à la fin de son livre, une oeuvre à la limite de la fiction et de la non-fiction.



Le livre débute avec les angoisses de l'auteur qui est aussi le protagoniste du livre ou s'invente-t-il son histoire ?, à qui l'on diagnostique un problème cardiaque, alors que sa meilleure amie, qui n'a sans doute pas envie de se coltiner un père qui finira pas la quitter, lui demande de lui faire un enfant par insémination artificielle interposée, qu'une tempête s'annonce sur New York et que son éditeur l'incite à écrire un deuxième livre dans un restaurant où on leur sert des poulpes massés cinq cent fois pour rendre leur chair tendre.



L'auteur nous décrit fort bien le flou total de valeurs et de conditions d'existence dans lesquels se démènent les personnages dont il s'entoure, flou qui ne caractérise que trop nos sociétés occidentales. Ainsi l'auteur voit Manhattan de Broolkyn comme une masse sombre ponctuée de petites fenêtres lumineuses et c'est bien l'impression d'une immense fourmilière et de fourmis qui se démènent comme elles peuvent mais pas toujours de manière sensée que ses personnages nous laisse. Avec une impression de déjà vu ou de connu dans nos propres existences.



A découvrir assurément car cela m'étonnerait que l'on ne reparle pas de ce jeune auteur.

Commenter  J’apprécie          130
Le cavalier polonais

au lieu de perdre son temps pour savoir si le nouveau livre de Christiane Gigot "c'est vraiment de la littérature?" ou si le dernier Amélie Flonflon est mieux que le précédent (qui était moins bien que celui qui était mieux que celui d'avant qui était un cran en dessous du meilleur avant l'autre), on peut acheter tout ce que publie Allia et se plonger dans ce petit texte de Ben Lerner (à qui l'on doit La Haine de la Poésie - drôle et intelligent), texte qui rappelle à la fois le film The Square et le génie d'une nouvelle d'Henry James - oui, rien que ça. Dans ce récit qui pense le rapport de la littérature à la peinture - et vice-versa (comme chantaient les Inconnus) -, on rencontre un curateur, une artiste polonaise, on parle du fameux baiser datant de 1979 entre Brejnev et Honecker, on hausse les sourcils à propos de la firme de taxi Uber, on est surpris par des coïncidences pleines de sens, etc. En quarante pages, Ben Lerner dit énormément de choses : c'est un miracle littéraire. Un seul regret : ce Cavalier Polonais* est trop court - mais bon, faites comme moi : attendez trois jours et relisez le.



* traduit par Violaine Huisman, mille mercis à elle.
Commenter  J’apprécie          60
10:04

Pour la rentrée littéraire des éditions de l'Olivier Grybouille et moi avons adoré Stewart O'Nan que l'on vous recommande sincèrement, pour Ben Lerner mon avis sera mitigé malheureusement. Rappelons que je donne mon avis non comme bon mais comme mien (dixit Montaigne) et dès lors si le résumé vous plait, n'hésitez pas à découvrir ce roman. Pour ma part je vais vous expliquer pourquoi je n'ai pas aimé...



10:04 est un roman sur la réflexion intérieure, sur un unique personnage -le narrateur- qui nous décrit la moindre de ses pensées, de ses idées, de ses connaissances. C'est l'histoire d'un homme qui apprend qu'il peut mourir à tout instant et dès lors s'engage à nous expliquer le fonctionnement médical de sa maladie ainsi que toutes ses péripéties . C'est le départ de ce roman. Un début qui a amené une certaine méfiance de ma part : beaucoup trop de détails, de termes se voulant compliqués, comme si l'auteur se parlait à lui-même en oubliant le lecteur ou alors voulait montrer à ce dernier à quel point il était fin connaisseur. Je n'en doute certes pas mais si je lis c'est pour m'évader, pour prendre du plaisir à lire et cela est devenu progressivement très difficile à apprécier...



Un livre de réflexion, un livre plein de confusion: avec de nombreuses ellipses empêchant de suivre correctement le fil de l'intrigue, des passages du passé au présent trop rapides, du vocabulaire à la portée de tous pour enchaîner subitement sur des mots alambiqués ou très spécifiques, je me suis souvent ennuyée durant cette lecture. J'avais vraiment l'impression d'être extérieure à tout ce qui était conté, que ce livre ne s'adressait qu'à une catégorie de lecteurs. Je n'ai été touchée ni par le personnage principal ni par le récit.



Pourtant il y a des moments très intéressants notamment sur le processus d'écriture, sur l'amour du livre mais je n'ai pas compris pourquoi Ben Lerner décidait d'en faire des moments très succincts au profit d'autres réflexions beaucoup moins intéressantes...



En définitive, cette lecture fût une véritable apnée, malgré certains très bons passages je n'ai pas réussi à prendre véritablement du plaisir à découvrir cette plume...
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
Commenter  J’apprécie          61
10:04

Que je me suis senti petit devant cet ouvrage. Attiré par une lecture New Yorkaise, c'est avec enthousiasme que j'entame la lecture de ce 10:04 (Référence à l'heure de retour de Marty dans " retour vers le futur").

On ne va pas se mentir, l'histoire est un peu confuse . Les personnages se suivent , qui est qui ? , où l'auteur veut il en venir ? Le style est intéressant mais j'avoue m'y perdre un peu...jusqu'au chapitre 2 (après 73 pages quand même).Et là, je suis comme un navigateur sans GPS au milieu de nulle part: Celui qui a mal aux dents n'est pas le même qu'au chapitre 1, il y a beaucoup de ressemblance entre les personnages mais ce ne sont pas les mêmes . Bref , je ne comprends rien ! Mais je m'accroche.

Au chapitre 3, quelques têtes connues réapparaissent et notamment le narrateur .

Alors que je le crois chez le dentiste , il est au "masturbatorium" pour donner son sperme . ..

C'est là que je suis venu ici pour lire les avis d'autres membres de Babelio. Si cela m'a un peu rassuré sur mon aptitude à comprendre mes lectures, cela m'a définitivement détourné de 10:04 à la page 115, au milieu du gué.

Dommage , il y avait pleins de choses intéressantes dedans . Mais quand on n'y comprend rien ....
Commenter  J’apprécie          41
L'école de Topeka

Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Cy9G1VxD7pQ





Tout d’abord, je dois dire que c’est compliqué pour moi de parler de ce roman. Il y a des œuvres, comme celle-ci, où l’on est totalement dans la réception, dans le plaisir esthétique, ce qui fait qu’on est moins dans l’analyse. Et par ailleurs, c’est compliqué aussi parce que je pense que ce serait peut-être une erreur d’essayer de l’expliquer — de dénouer tous les fils — ce roman n’est pas une énigme à résoudre, c’est bien plus que ça. Bref, il va falloir partir du principe que plus le livre est bon, moins bien je vais en parler. Un roman qui m’avait fait cette impression un peu de gueule de bois béate, gorgée de gratitude, c’était La plus secrète mémoire des hommes, donc attention, grand livre !



De quoi ça parle ? On va y suivre le destin croisé de quatre personnes : Adam, qu’on pourrait qualifier de personnage principal puisqu’il sert de jonction entre tous les autres, un jeune homme en lice pour un championnat de débat, ses parents, Jane, autrice féministe à succès et Jonathan, les deux étant aussi psychologues et Darren, un camarade qui souffre de handicap. Une traversée de l’Amérique des années 50, puisqu’on retourne jusque dans l’enfance et l’adolescence des parents à de celle de Trump, qui permet donc en même temps de parcourir son évolution et ses obessions.



Mon avis

C’est un très bon livre, qui n’est pas loin, assez souvent du Flux de conscience déjà discuté dans Mrs Dalloway, Ulysse ou Le bruit et la fureur. D’ailleurs, ce dernier exemple me semble être une source d’inspiration non négligeable, tant dans les thématiques brossées que dans la manière dont elles sont appréhendées.

Tout d’abord, le personnage de Darren, ressemble énormément à celui de Benjamin/Maury dans le livre de Faulkner : deux handicapés, dépersonnalisés, des êtres de sensations plus que de pensées, ce qui permet à Lerner d’expérimenter sa plume, de passer de la matière à l’abstraction, du dehors au-dedans et inversement. C’est lors de ces passages qu’on est dans ce que la pensée peut avoir de plus animal, de plus réactif et pulsionnel — que contrairement aux autres personnages, je pense surtout aux parents — où l’on rationnalise, et où l’on tente de trouver du sens, des explications de l’individu, là, on est dans l’explosion, la dislocation de l’individu. Comme dans le Bruit, les passages de Darren, et dans une moindre mesure d’Adam, ce sont actions, des pensées qui s’enchainent, des changements de temporalité, comme si on était aussi confus que ces deux personnages. Ce qui m’a vraiment mis sur cette route, c’est que Darren, tout comme Benjamin, se raccroche à ses sens, et surtout, à l’odorat — les parties sur Darren évoquent le chèvrefeuille, l’herbe coupée, deux odeurs qu’on retrouve, me semble-t-il, dans la description de Caddy.

On peut aussi comparer ces deux œuvres dans le sens ou l’inceste est fondateur dans cette famille, comme il l’était dans celle du Bruit et de la fureur — inceste commis ou non, c’est et cela reste une marche branlante, une zone d’ombre, une manière d’incarner une Amérique troublée — précisons par exemple que Topeka est l'une des villes des États libres fondées par les hommes de l'est contre l'esclavagisme, cependant, seulement après une décennie de combats sanglants entre pro- et anti-esclavagistes, ou que la ségrégation raciale n'était pas appliquée … sauf dans les écoles. L’inceste, c’est un peu le fantôme de la famille, tu et refoulé pendant des années par Jane, la mère d’Adam, et ce n’est pas anodin qu’il éclate au moment de la construction d’Adam en tant qu’homme.

« Ils sont là pour évaluer mon fils (pas un homme, évidemment, mais un garçon, un éternel garçon, Peter Pan, un homme-enfant, vu que l’Amérique est une adolescence sans fin).

C’est le sujet du livre. Devenir homme, dans le sens viril, grandir dans l’ombre d’une femme brillante, ce qui aurait pu être vécu comme une émasculation. Devenir homme, c’est passer par plein de petits rites de passages, on pense à l’herbe frottée contre les mains à l’enfance, aux jeux d’alcool de l’adolescence — mais cela peut aussi passer par la face sombre de la masculinité, larvée en chacun d’eux. Plaisir de domination pour Adam, infidélité pour Jonathan, pour Darren, la violence faite à une femme. (ça monte crescendo, mais ça peut s’arrêter, sauf la balle de billard envoyée, comme une manière d’illustrer que la violence ne permet pas de retour en arrière — un enfoncement du personnage de Darren dans cette sobre virilité, lui que l’on retrouve à la fin du livre avec une casquette rouge Make America great again !). Pour Adam, devenir homme, c’est s’affranchir de l’héritage masculin, de ces voix d’hommes qu’il entend enfant au passage de sa mère, « le visage collectif », et que s’affranchir totalement, c’est quasiment impossible (comme cette dernière scène où il souhaite qu’un père de famille, au parc, surveille le comportement tyrannique de son enfant, et que perdant son sang-froid, il lui fait tomber son portable des mains — violence primale et en latence, attendant toujours de ressurgir). « La voix continua en Adam, puis s’effaça, mais il savait qu’elle était quelque part en lui, depuis longtemps et pour longtemps. Comment se débarrasse-t-on d’une voix, comment l’empêche-t-on de faire partie de la sienne ? »

Devenir homme pour Adam, cela passe aussi par le prisme du langage. En effet, comme je l’ai déjà dit, il participe à des concours de débat, et il apprend à dominer son concurrent avec la technique de l’étalement — qui consiste à dire le plus de choses en très peu de temps, une sorte d’empilement des données, difficile à traiter par un cerveau humain. A parler comme un politicien. « un gamin qui imite le langage de la politique et des politiciens, le langage des hommes ». Et grandir, devenir un homme pour lui, passera par la prise de distance avec son modèle dans ce domaine (ou en tout cas, aux yeux de sa mère, car chaque vérité dans ce roman est parcellaire parce que subjective). Retrouver un langage vrai ; dépouillé de toute technique d’ensevelissement de l’autre.

C’est un livre que je vous recommande, il est très subtil, pas forcément simple à appréhender, surtout au début, quand j’ai lu le résumé, je ne m’attendais pas vraiment à ça. Mais je suis très contente de l’avoir lu, j’ai passé un très bon moment.




Lien : https://www.youtube.com/watc..
Commenter  J’apprécie          31
L'angle de lacet

L’Angle de lacet. Le titre est tellement compliqué que l’éditeur s’est senti obligé d’en donner une explication sur la quatrième de couv. Fair-play. Même avec l’explication, c’est pas si évident que ça. Vous êtes plus malins que tout le monde ? Ne bougez pas. « L’angle de lacet est le mouvement latéral d’un avion par rapport à son axe. » Alors ? Ils en remettent une couche dans la postface : « terme aéronautique qui décrit le déplacement d’un avion dont le nez bouge à gauche et à droite, tandis que l’avion poursuit sa trajectoire. » Attendez, c’est pas fini : « C’est un mouvement qui peut être mieux compris (on va enfin savoir les amis) lorsque le spectateur est placé au-dessus ou en-dessous de l’aéronef. Dans cette définition, l’accent est mis sur la position inhabituelle qu’il faut pour adopter pour se rendre compte du mouvement de l’avion. » Mouais. J’avoue avoir pensé très fort à un vieil article de Célestin Freinet qui s’intitulait « L’explication superflue ». J’ai pensé à Bourdieu aussi. Pierre. Et à Marx. Karl. Mais surtout, je me suis demandé pourquoi un tel titre alors que page 115, ligne 2, il est question de, tenez-vous bien, « la mâchoire supérieure d’Hitler » ? N’est-ce pas génial les amis ? Ligne 3, toujours page 115 : « Si vous êtes en possession de la mâchoire supérieure d’Hitler, et apparemment c’est le cas, pourriez-vous résister à la tentation de l’essayer ? » N’est-ce pas purement et simplement du génie ? « La mâchoire supérieure d’Hitler » : n’avions-nous pas un formidable titre ? Évidemment, les poètes, surtout lorsqu’ils sont profs, se sentent obligés de perdre les lecteurs en les trimbalant dans des jeux de pistes sans solution mais, lorsqu’ils arrivent à être aussi méchants qu’ils le voudraient, c’est beau. La poésie contemporaine est un drôle de monde dans lequel je navigue à vue. La plupart de ce que je lis me laisse pantois et pourtant… la mâchoire supérieure d’Hitler bordel : des trucs comme ça, ça vaut le coup, croyez-moi.
Commenter  J’apprécie          30
Au départ d'Atocha

Adam est un jeune poète américain, en résidence d’écriture à Madrid. On le suit dans ses déambulations erratiques, tant physiques qu’intellectuelles. Il fume, il boit, il glande et s’invente une vie.



Il y a dans ce roman des pistes de réflexions très intéressantes sur la poésie et la création poétique, le fossé du sens et de la communication entre les êtres. Des passages très drôles aussi, comme ceux liés à l’incompréhension partielle par Adam de la langue espagnole : « Il m’apprit qu’il était propriétaire, ou employé, d’une galerie à Salamanca, le quartier le plus chic de la ville, et que son frère ou petit ami était un grand photographe, ou vendait de grandes photographies, à moins qu’il ne fut un grand cameraman. »



Mais j’ai trouvé Au départ d’Atocha trop inégal. Le personnage principal est tellement inconstant, menteur et chaotique que le livre ne cesse de s’égarer, comme morcelé ou tournant en rond. Adam est décevant. Je croyais que son dilettantisme brouillon volerait en éclat lors de l’attentat de la gare d’Atocha, dans un sens ou dans l’autre, mais rien. Son imposture agace et finit même par faire pitié. Je me suis beaucoup ennuyée pendant cette lecture. Et pourtant, une fois arrivée au bout, l’ensemble étonnamment fait sens. Du coup, j’ai l’impression que Ben Lerner n’est pas passé loin de quelque chose, « comme si le vrai poème demeurait caché, écrit au verso d’un miroir, et qu’on ne voyait que le reflet de la lecture. ». Peut-être y verra-t-on plus clair à son prochain roman ? Parce que là, bof.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
Commenter  J’apprécie          30
L'école de Topeka

J’ai abandonné très vite ce roman sans doute écrit sous une substance quelconque auquel je suis restée totalement hermétique en raison de sa superficialité. Le style de l’auteur, quelconque, ne m’a pas retenue plus que ça non plus. Ça s'arrange peut-être ensuite, je ne veux pas décourager les bonnes volontés !
Commenter  J’apprécie          20
L'école de Topeka

Les critiques semblaient alléchantes...

Malheureusement, au bout de 80 pages j'arrête la lecture.

Impossible de rentrer dans cet univers.

L'histoire ne commence pas, et je ne vois pas où cette suite de pages va mener.

Je préfère passer à autre chose et ne plus perdre de temps à essayer de déchiffrer le message de cet ouvrage qui m'échappe totalement.



Commenter  J’apprécie          20
L'angle de lacet

Livre de poésie en prose mêlée d'aphorismes. Il semble parfois écrit par une IA aux algorithmes hackés par quelque surréaliste obsessionnel.

Il est à lire comme une abeille butinerait dans un champ de lavande. La linéarité n'est pas à rechercher, ni le long court pour lire ces courts textes plein de sens. En escales aléatoires on se balade dans un monde d'idées et d'images.
Commenter  J’apprécie          20
L'angle de lacet

Cet ouvrage est très particulier et nécessite une grande culture générale, mais surtout d’un état d’esprit très ouvert. Ben Lerner nous propose une succession de poèmes très complexes qui mettent en avant les tares de la société du XXIe siècle.



Ben Lerner, à travers des textes pointus, essaie de nous faire prendre conscience qu’il est parfois nécessaire d’adopter un point de vue différent si l’on veut se rendre compte des vérités. C’est d’ailleurs toute la symbolique du titre de ce livre. Saviez-vous que le lacet est un mouvement de l’avion ? Qu’il consiste en un mouvement latéral du nez de ce dernier ? Mais surtout qu’on ne peut l’apercevoir qu’en se plaçant en dessous ou au-dessus de l’objet volant ?



La traductrice, Virginie Poitrasson, propose des traductions parfaitement maitrisées. Il s’agit d’un ouvrage bilingue où le texte en anglais est opposé à sa version française. Alors que je parle couramment la langue de Shakespeare, je suis émerveillé par la subtilité lors du passage à la langue de Molière.



Son rôle se s’arrête pas à la traduction ! Virginie Poitrasson nous propose une postface qui nous permet de mieux comprendre certains poèmes. Ces derniers ne sont pas accessibles au commun des mortels où l’on se demande vraiment si l’auteur lui-même comprenait ce qu’il était en train d’écrire.



Toutefois, même si on prend le temps de nous expliquer certains textes, cette lecture ne peut que donner l’impression que le lecteur est un idiot qui ne comprend pas grand chose. On nous annonce des poèmes, on se retrouve avec des textes philosophiques. On nous propose d’avoir un oeil nouveau sur certains aspects de la vie, on se retrouve avec la constatation que la première cause de mort par étouffement est le ballon rouge…



Je ne peux pas clamer qu’il s’agit d’un livre qui restera dans la mémoire, mais il permet de plonger le lecteur dans un doute inédit, celui d’être incapable de comprendre sa propre langue maternelle.
Lien : https://leparfumdesmots.blog..
Commenter  J’apprécie          20
10:04

10 :04, second roman de Ben Lerner explore le lien entre fiction et réalité. Lerner nous livre une réflexion passionnante sur les variations et les virtualités dont se constitue le roman. 10 : 04 se révéle alors une magnifique altération de perpétuelle mise en abyme. Un livre à découvrir d'un romancier novateur.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          20
Au départ d'Atocha

Ben Lerner nous livre un récit percutant. Ce premier roman prend, peut-être trop systématiquement, le contre-pieds des attentes du lecteur. Peu question des attentats d'Atocha, uniquement, avec cette ironie venue d'une longue pratique, un questionnement sur la création poétique.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          20
L'école de Topeka

Le livre a traîné longtemps dans ma chambre, doublé par beaucoup d'autres dans la pile. J'ai fini par me lancer. Après une centaine de pages, je ne savais toujours pas où j'allais et si les personnages étaient suffisamment intéressants pour m'embarquer avec eux.

On suit trois (voire quatre) d'entre eux. Les parents et le fils, lycéen pendant la majeure partie du roman, puis père de famille à son tour à la fin.

A mes yeux, le point fort réside dans quelques fulgurances, des remarques très intéressantes, mais pas vraiment dans le récit de cette famille de psys à laquelle on ne s'attache pas et qu'on suit de loin. Le sujet est davantage le rapport au langage, la langue, la communication, mais est-ce suffisant ?
Commenter  J’apprécie          10
L'école de Topeka

Ses deux premiers romans nous avaient habitué à un personnage central jouant avec beaucoup d’humour de nombreuses variations sur son rôle d’imposteur. Certains lecteurs pourraient ici être déçus de ne pas y retrouver leurs marques. D’autres pourraient apprécier cette nouvelle ambition donnée par l’auteur à son œuvre. On remarquera ici une approche plus large, plus complexe et une réflexion plus sociétale. Mais étrangement ce surplus d’ambition lui fait perdre aussi en singularité. A savoir qu’on le voit se ranger dans une filiation de plus en plus nette avec ses pairs, Joyce Carole Oates, Paul Auster ou, de façon plus évidente encore, Philip Roth.

L’École de Topeka : un cas d’école.
Commenter  J’apprécie          10
L'école de Topeka

« L’Ecole de Topeka » est le troisième roman de l’américain Ben Lerner, traduit par par Jakuta Alikavazovic (2022, Christian Bourgois, 416 p.).

Où l’on retrouve la famille Gordon, celle du fils Adam, parti en bourse d’études Fullbright à Madrid, et protagoniste principal de « Au Départ d’Atocha » (2011) également traduit par Jakuta Alikavazovic. (2014, Editions de l’Olivier, 205 p.), la famille Gordon a quitté New York pour Topeka, dans le Kansas. Le père Jonathan travaille dans une prestigieuse clinique psychiatrique « La Fondation » où il s'occupe d'adolescents en difficulté. La mère Jane, est également psychologue, écrivain, auteur féministe, déjà célèbre, quoique aussi vivement critiquée. Un fils, Adam, celui qui partira à Madrid, est encore au collège où il rêve de devenir poète. Il est devenu champion de débats oratoires. Ben Lerner narre avec humour les hauts et les bas de la famille Gordon, avec les coups de canifs dans le contrat de mariage des époux. Et surtout, les problèmes d'élever un enfant lorsque l’on travaille en pédopsychiatrie. Avec en parallèle, l’évolution du jeune Darren Eberheart. Un jeune inadapté social qui accumule les expulsions, suite à des brimades et qui réagit par la violence. En toile de fond, les dégâts des réseaux sociaux, le discours machiste et ségrégationniste de « l'homme blanc en colère », dans un Kansas animé sous l’influence de la droite américaine

Le Kansas est un état qui a abolit le décret de l’abolition de l’esclave de 1854. Les élections de 1855 furent l’objet d’un conflit violent, connu sous le nom de « Bleeding Kansas » (Kansas sanglant). Depuis, les colons anti-esclavagistes se sont organisés en tant que parti politique de l'État libre, devenu depuis le Parti Républicain du Kansas, un sous-groupe du « Great Old Party » (GOP) Républicain, l’Eléphant Rouge. L’état es sous influence républicaine déclinante de Bush (62 %) à Trump (57 %). Le gouverneur est passé Démocrate en 2022 (49.5 %), avec 3 sénateurs sur 4 Républicains. C’était l’un des états clés des dernières élections.

Le roman contient une bonne partie d’éléments autobiographiques. On peut parler d’autofiction. Le jeune Ben Lerner y a grandi, il y a remporté un championnat national de débat oratoire au collège. Comme la mère d'Adam, la mère de Lerner, Harriet Goldhor-Lerner, est une psychologue qui a publié des livres à succès destinés à un public non académique, dont certains traduits. « La Danse de la Colère » (1990, First, 277 p.), « La Valse des Emotions » (1990, First, 219 p.) ), « Le Pouvoir Créateur de la Colère » (1994, Editions du Jour, 203 p.). Postulant que « la colère est un signal et mérite d'être écoutée », elle suggère aux femmes « d’identifier les véritables sources de leur colère et à ensuite l’utiliser comme un puissant moyen pour créer un changement durable ».

La fin du livre se déroule à New York, où Adam a déménagé, après s‘être marié et devenu père de deux filles. Ils reviennent à Topeka, pour assister à une conférence d’Adam. Et au retour à New York, ils assistent à une manifestation contre la politique de séparation des familles de l'administration Trump.

Cet aller-retour entre Topeka et New York se veut une description de la « violente crise d'identité parmi les hommes blancs » des années 1990 qui préfigure la montée du populisme et l’élection de Donald Trump. Le tout est accompagné, pour ne pas dire attisé par les manifestations de la « Westboro Baptist Church », basée à Topeka. Cette petite organisation religieuse, fondée par Fred Phelps et principalement composée de membres de sa famille, est connu pour ses piquets de grève homophobes et anti-américains, ainsi que pour ses discours de haine contre les athées, les juifs, les musulmans, et plus généralement les personnes transgenres.

Cette crise se rajoute à celle du machisme toxique, illustré par le jeune Darren. Ainsi que l'effondrement du langage en tant que moyen de communication, incarné par la technique du débat. C’est la « diffusion » oratoire où un orateur tente de vaincre son adversaire avec autant d'arguments que possible, quel que soit leur mérite. Elle est illustrée par les joutes oratoires de Adam au collège, épisode qui sera repris dans « Au Départ d’Atocha ». Les techniques des joutes oratoires sont décrites en détail, techniques proposées par le père Jonathan. Cela inclue l'improvisation : « le style libre des nerds », comme ces personnes solitaires, obnubilées par des sujets intellectuels abscons. Ainsi que par « L’étalement » (The Spread) une effusion verbale à grande vitesse. « Pendant quelques secondes, cela ressemble plus ou moins à un discours oratoire, mais bientôt elle accélère à une vitesse presque inintelligible, la hauteur et le volume augmentent. Elle halète comme un nageur qui fait surface, ou qui se noie peut-être ; elle tente de « répartir » leurs adversaires, car ses adversaires tenteront de les répartir à leur tour, c'est-à-dire de présenter plus d'arguments, de rassembler plus de preuves que l'autre équipe ne peut répondre dans le délai imparti ». Cette théorie, développée par Jonathan, se retrouve tout au long du roman, presque comme un fil conducteur, ainsi justifié par son auteur. « Dans des conditions de surcharge d'informations, les mécanismes de la parole s'effondrent ».

Son entraîneur, Evanson, deviendra par la suite un promoteur d'un programme de droite approuvé par l'administration Trump. On pense à Brian K Evenson, qui dans « The Wavering Knife » (2004, Fiction Collective 2, 205 p.) appelle à « spread the word about a unique, genre-busting writer » (répandre les mots pour faire connaitre un écrivain unique, qui casse les genres). Toutefois, j’ignore si BK Evenson est le même que celui qui a écrit « La Conférence des Mutilés » (2008, Le Cherche Midi, Lot 49, 228 p.) ou « Baby Leg » (2012, Le Cherche Midi, Lot 49, 108 p.). Les sujets et le style étant très différents. J’y reviendrai plus loin.

Pour en revenir à « L’Ecole de Topeka », les premières éditions du livre ont été approuvées et louées et par Sally Rooney, dont les compétences en matière de débat international étaient remarquables - avant qu'elle ne soit véritablement connue. Ce que j’en pensais après avoir lu son second roman « Normal People » traduit par Stéphane Roques (2021, Editions de l'Olivier, 320 p). « En résumé. C'est un livre que je qualifierais de surfait. C'est une prose simpliste, c'est le moins que l'on puisse dire ». Avec des phrases simplistes. « Les cerises pendent aux branches des arbres vert foncé comme autant de boucles d'oreilles ». Trumpisme et populisme.

On constate que le livre de Ben Lerner aborde beaucoup de thèmes, sans doute trop à la fois. Mais l’idée était de faire passer ces idées de crise des « Rednecks », pauvres en milieu rural. Thèmes que l’on trouve déjà dans les romans d’Erskine Caldwell (1903-1987) et ses deux romans des années 30 traduits par Maurice Edgar Coindreau « La Route au Tabac » (2017, Belfond, 220 p.) et « Le Petit Arpent du Bon Dieu » (1973, Gallimard, 269 p.).

Globalement, le livre comporte trois perspectives qui recouvrent la famille Gordon. La mère, Jane réfléchit à la vie de sa famille, à ses sombres secrets et surtout aux changements imprévus dus à la célébrité d'un livre à succès. Le père, Jonathan est, réfléchit aussi à la vie de famille, mais en s’embarquent dans des relations extérieures. Enfin, Adam le fils cherche des réponses et des explications à des questions qu’il ne maitrise pas. Se rajoutent des sortes de digressions, soit l’entourage immédiat familial, la seconde sur l’extérieur. Donc, au trio familial, Ben Lerner rajoute Darren Eberheart, patient du père, surtout inadapté social soufrant d’un trouble d’apprentissage. Il blesse gravement une fille lors d'une fête qui a repoussé ses avances soi-disant romantiques après des années d'humiliation par ses camarades. Exclusion et de brimades qui conduisent tout naturellement à la violence. Bel exemple de prise en charge par les psychologues de l’établissement. « La parodie d'inclusion qu'ils jouaient avec Darren - leur stagiaire - était aussi une citation et une critique des méthodes de la Fondation »

Parmi les personnages annexes qui contrôlent l’ambiance, il y a là le révérend Fred Phelps de la secte baptiste « « Westboro Baptist Church », homophobe et raciste, qui jette de l’huile sur le feu. Un autre est Klaus, « sûrement le seul homme de Topeka vêtu de lin blanc », sans mentionner la probité. C’est le mentor et père de substitution de Jonathan. Un psychanalyste déjà âgé qui a survécu à la Shoah alors que ses parents et ses trois sœurs étaient assassinés à Auschwitz. C’est un peu aussi le clin d’œil de Ben Lerner à la communauté, fort active et acheteuse de livres. Klaus pourrait faire partie de la communauté LGBT, autre clin d’œil marketing. Pour un psychologue, il reste étrangement déconnecté de « La Fondation », du moins des autres professionnels. « Le charme de Klaus, du moins pour moi, était que sa voix ressemblait déjà à une imitation d'elle-même ; Klaus était un acteur perplexe de jouer Klaus. Et pourtant, l'effet de ce dédoublement était généreux, autodérision ». Adam le suit et l’écoute jusqu’à sur son lit de mort où il expose les théories fumeuses de Hans Hörbiger (1860-1931) sur la « Welteislehre », ou Théorie de la Glace Eternelle. Théorie qui prétend que tout est glace et retournera en glace, et que tous les corps de l'univers sont constitués de glace. Théorie qui sera reprise par les nazis, puis par la suite par Louis Pauwels et Jacques Bergier dans « Le Matin des Magiciens" » (1965, Gallimard, 514 p.).

Comme si les digressions sur les personnes ne suffisaient pas, on a aussi celle dans l’espace-temps. « L'Amérique est une adolescence sans fin ». Je vais finir par le croire. Et c’est à propos d’Adam. « Son problème, c'est que nous lui avons donné une enfance parfaite » disent de lui ses parents, surtout sa mère. Quand Adam et sa petite amie s'embrassent, ils deviennent des véritables figures de style littéraires « Il a goûté le brillant sucré et le tabac, les notes de menthe et de métal qui lui ont fait penser au sang quand il l'a embrassée ». On croirait presque de la publicité pour un rouge à lèvres.

Ce sera aussi l’occasion pour Ben Lerner de présenter ses références à l’art. Dans « Au Départ d’Atocha », il y avait ces scènes quasi extatiques devant « La Descente de Croix » (1435) de van der Weyden. Dans « 10:04 », c’était « Jeanne d'Arc » (1879) de Bastien-Lepage. Là, c’est la « Vierge à l'Enfant » (vers 1300) de Duccio. Eclectisme, mais sujets toujours axés sur la religion.

On en arrive au côté « politique » du roman. Ouf.

A 17 ans, Adam Gordon, est félicité par le sénateur Bob Dole après avoir remporté un tournoi de débat. La scène est censée se passer en 1996 et Dole « était à moins d'un mois d'être écrasé » (49.2 %) par Bill Clinton. Victoire qui confirme la défaite du conservatisme culturel, du moins pour le Kansas, d’où Dole était originaire. Scrutin sans appel de 379 contre 159 grands électeurs. L'histoire de l’ex-sénateur était terminée. Mais en 2019, Adam Gordon, devenu père et vivant à New York sait que l'échec de la candidature présidentielle de Dole ne met pas fin à l'histoire. Il sait, vingt ans après, que le président élu sera une star de télé-réalité raciste qui parle de lui-même à la troisième personne. Ben Lerner repart donc pur un tour, en remettant une pièce dans la machine.

A Topeka, Evanson enseigne à Adam comment compenser son intellectualisme progressiste. Il lui suffit d’afficher ses racines du Midwest, son style « redneck » et son aisance des joutes oratoires. « Cessez votre aisance intellectuelle avec des extraits sonores fades de la décence régionale. Livrez de petites tautologies comme si c'étaient des proverbes ». Toute la panoplie du populisme.

Pour faire, tout de même bonne figure, Adam le plaint parce qu'il est « du mauvais côté de l'histoire qui s'est terminée avec Dole » et est mort quand « les républicains meurent en tant que parti national ». Au lieu de cela, Evanson devient un « architecte clé du poste de gouverneur le plus à droite que le Kansas ait jamais connu. Un modèle important pour l'administration Trump ». Evanson est maître de la propagande, rebaptisée « étalement ».

En résumé, et si l’on peut dire en guise de conclusion. 400 et quelques pages dans lesquelles sont exprimés des tas de choses, de thèmes, le tout sur une petite dizaine de personnages, dont 3 ou 4 principaux. Tout le reste est digression. L’écriture est facile, mais on s’y perd vite à rechercher un fil conducteur global. On a un peu l’impression d’un roman « attrape tout », qui jongle sur des thèmes très variés, sans vraiment aller chaque fois au fond des choses. Un peu la même impression au final que dans « Au Départ d’Atocha », où Adam Gordon reste très passif vis-à-vis de l’attentat terroriste. Passivité voulue, dénoncée certes dans « L’Ecole de Topeka », mais dont le message véritable est enfoui sous d’autres thèmes, qui finissent par brouiller le tout. « Surcharge d'informations » qui fait que « les mécanismes de la parole s'effondrent ». Est-ce une assertion de la théorie de « l’étalement » ou une illustration. Inexorablement, on pense à l’adage de l’étalement à propos de la confiture (ou de la culture).





Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ben Lerner (114)Voir plus


{* *}