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Critiques de Benjamin Stora (126)
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Histoire dessinée des juifs d'Algérie

Les 2 auteur/illustrateur ont eu la bonne idée de scénariser l'histoire des Juifs d'Algérie en mettant en scène la vie d'une famille algéroise émaillée d'éléments pédagogiques documentaires sur les déplacements migratoires successifs, les différentes composantes de la population algérienne, l'architecture, les coutumes,la musique, les vêtements, les bijoux, la cuisine.

J'aime la mise en pages avec de belles vignettes. Les gens sont beaux, les teintes utilisées claires et douces.

En 138 pages, le côté historique n'est pas appofondi mais par contre la période traitée devient une fresque 2 fois millénaire qui ravive les mémoires. Une belle entrée en matière si on s'intéresse à la question.

Une lecture enrichissante.
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Les écrits de Novembre

Les écrits de Novembre (Réflexions sur le livre et la guerre À travers cet ouvrage, l’écrivain se penche sur le rôle de l’écrit, en tant que vecteur privilégié de la transmission de la mémoire, transmission mue par le souci du devoir de vérité historique. L’originalité de ce travail réside dans le choix narratif : le témoignage. la guerre d’Algérie est ressuscitée par les récits des témoins de cette époque : soldats français, Françaises, pieds-noirs exprimant la nostalgie de leur enfance, moudjahidine, écrits de jeunes issus de l’immigration… Florilège de voix exprimant une mémoire diverse et des identités multiples.d’Algérie), de l’historien français Benjamin Stora.

Un livre très édifiant et enrichissant .
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Octobre noir

Cet album revient sur un événement extrêmement sinistre de l’histoire de France, la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 organisée par le FLN (Front de Libération Nationale).

Alors que les pourparlers entre le gouvernement et le FLN se préparent pour entériner l’indépendance de l’Algérie et la fin de la guerre, le Préfet de Police de Paris - Maurice Papon - signe un arrêté pour imposer un couvre-feu à tous les français-musulmans. Un délit de faciès évident que le FLN ne peut pas laisser passer. Le 17 octobre est donc organisée une manifestation pacifiste qui sera réprimée dans le sang.

Je trouvait important de faire un résumé historique rapide : celui présent en début d’album est bien plus développé évidemment et surtout très intéressant pour comprendre le contexte.

A l’époque, la police était toute puissante et surtout les Indigènes (comme on appelait à l’époque les personnes originaires de l’Afrique du Nord) étaient fréquemment violenter, sinon plus.

Ce que je trouve très réussi dans cet album c’est de présenter le contexte de cet événement de façon très clair, et la réaction de la presse française jusqu’à aujourd’hui. L’auteur propose d’ailleurs des ouvrages à lire pour aller plus loin dans la compréhension de cet événement tragique.

Le récit BD est lui très intéressant, complétant parfaitement le dossier historique.

Bref, même si on est sur un format BD, l’ouvrage tient parfaitement son rôle de devoir de mémoire en expliquant des faits de façon complète et compréhensible, même pour ceux qui ne connaissent pas cette période de l’histoire.
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Octobre noir

Octobre Noir est un album utile pour le devoir de mémoire. La Guerre d'Algérie est encore trop peu traitée en France. Difficile de parler d'une guerre où l'on a été du côté des "méchants", et que l'on a perdu. Notre Viêt-Nam a nous, en somme. Les éditions AdLibris proposent un album qui fait le point sur ce qui s'est déroulé cette nuit là, ce que l'on sait, ce que l'on devine. Le racisme, les algériens vus comme des ennemis intérieurs (et intimes, pour reprendre un film récemment réalisé), et les difficultés des français pour appréhender ces faits. Je n'ai qu'un seul reproche sur cet album, il est est beaucoup trop court. En se limitant au format classique, Didier Daeninckx raccourci ses démonstrations, va à l'essentiel, alors qu'il est suffisamment intéressant pour nous accrocher à un récit plus complexe et plus dense. Tout va très vite, se concentre autour de la seule nuit du 17 octobre ou presque, alors qu'on aurait pu couvrir un peu plus de temps, et surtout entrer plus encore dans les détails de ces actes honteux de la police française. Peut-être le scénariste, qui a aussi écrit un livre sur le sujet, a-t-il craint de se montrer redondant. Mais avec ce support de Mohand/ Vincent, de cette ambiance Rock, je pense qu'il avait vraiment la matière pour aller encore plus loin. Mais cet album reste déjà très satisfaisant.

Mako, le dessinateur, possède un trait sombre et légèrement grossier, qui convient assez bien, je trouve, à ces heures sombres de la France. Sa mise en couleur est toujours juste, parfaitement adaptée. Il s'avère un excellent support pour le scénario.



Voici un ouvrage intéressant, bien mené, et surtout, bien documenté. Il s'accompagne d'une préface de Benjamin Stora, d'une postface, et d'une liste des victimes présumées de la police française. Un véritable travail de mémoire, qui s'avère indispensable sur un pan d'Histoire que nous autres français, n'osons pas encore assez affronter.
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
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Histoire dessinée de la guerre d'Algérie

Benjamin Stora est un historien, spécialiste de l'Algérie où il est né. Cette histoire est dessinée par un bon illustrateur.

Cela donne un chef d'oeuvre et les éléments pour mieux comprendre cette guerre enfin reconnue comme telle.

Les différents points de vue sont évoqués sans jugement sur ces événements qui restent une plaie ouverte pour ceux qui les ont vécus.

Un travail remarquable et un aide-mémoire contre l'oubli.
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Octobre noir

Une bande dessinée très courte sur la terrible répression à la manifestation du F.L.N le 17 octobre 1961 contre le couvre-feu imposé aux Algériens.

Vincent intégré à la société participe à un groupe de rock. Dans le privé, il s'appelle Mohand et est Algérien. Ce soir fatidique, il va et jouer au cours d'un concert et défiler ensuite. Sa soeur disparaît après la manifestation. Il s'agit d'un hommage à la jeune Fatima Bedar, 15 ans, retrouvée noyée quelques jours après la manifestation. L'enquête avait conclu à un suicide. Malheureusement beaucoup d'Algériens se sont soi-disant suicidés ce soir-là au cours d'une terrible répression organisée par le préfet de police, un sinistre personnage Maurice Papon qui oeuvrait encore malgré son passé criminel.
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Les mémoires dangereuses. De l'Algérie colonial..

Quelques entretiens avec Alexis Jenni, entre l'été 2014 et février 2015 puis les massacres qui ont suivi, ont motivé l'historien Benjamin Stora à publier Les mémoires dangereuses, un livre indispensable afin de comprendre l'utilisation de la violence pour parvenir à ses fins, la montée des extrêmes identitaires, la place de l'islam dans la République et cette autre guerre d'Algérie (1991 – 2001). Pour ne pas céder à la haine, il faut mener une bataille culturelle contre la radicalisation et l'obscurantisme puis se mobiliser pour la fraternité.

Dans un entretien vivant et bien argumenté, Benjamin Stora et Alexis Jenni explorent ce « sudisme à la française » dont on ne parle pas et qui propose des explications aux problèmes qui se posent.

Menacé par des groupes islamistes, Benjamin Stora était au Vietnam en 1996 pendant la montée inexorable du Front National, avec les mêmes thèmes développés au temps de l'Algérie française. Trois ans plus tard, il publiait "Transfert d'une mémoire", au mauvais moment et son livre n'avait pas d'écho. Quant à Alexis Jenni, c'est dans L'art français de la guerre (Prix Goncourt 2011) qu'il explore les plaies toujours ouvertes des guerres coloniales.

Le Transfert d'une mémoire (nouvelle édition) – de « l'Algérie française » au racisme anti-arabe – rappelle d'emblée l'analyse indispensable de 132 ans de présence française, de cette colonisation, si on veut comprendre la montée de l'extrême-droite.

Le parallèle entre la guerre de Sécession et celle d'Algérie révèle beaucoup de similitudes avec des espaces à conquérir, une mythologie du sud vu comme un Eldorado, une nouvelle Terre promise… L'auteur n'oublie pas de préciser que ceux qui ont été appelés pieds-noirs constituent un véritable melting-pot où se sont brassées toutes les populations de la Méditerranée occidentale.

« L'ennui »… ce sont « les indigènes qu'il a fallu écraser, soumettre puis protéger et éduquer… La guerre d'Algérie est cette guerre historique particulière renouant avec le passé des guerres de conquête coloniales, moment de rattachement d'un Sud à la France métropolitaine. »

Il ne faut pas oublier que l'Algérie faisait partie du territoire français depuis 1948, avec ses trois départements mais avec une « législation ni française (parce que menaçant sa suprématie à terme, par stricte application des principes républicains), ni algérienne (puisque risquant de provoquer un « ressourcement » dangereux). »

En 1954, il était hors de question d'abandonner un territoire rattaché à la France, avant même la Savoie, plus le pétrole, plus les essais nucléaires et l'on y envoie donc le contingent, les jeunes nés entre 1932 et 1943.

L'auteur détaille le parcours de le Pen accusé d'avoir torturé en 1957. Celui qui avait été le plus jeune député de France, partit combattre là-bas pour garder l'Algérie française. Farouchement anti De Gaulle, il n'est pas réélu en 1962.

Le Front National est l'héritier des émeutiers de 1934, des collabos des années 1940 et des factieux de la guerre d'Algérie. Il regroupe « des fascistes, des pétainistes et des intégristes religieux. » Aujourd'hui, « l'extrême-droite tire sa force principale des représentations de l'islam des immigrés. »

Cette mémoire du Sud doit être sans cesse rappelée car elle touche les pieds-noirs et leurs enfants, les soldats partis en Algérie, les immigrés algériens, enfants, petits-enfants et les harkis, soit un total de 5 millions de personnes qui ont une mémoire du Sud avec plusieurs Algérie qui se superposent.

Benjamin Stora livre encore quantité d'analyses pertinentes qu'il serait trop long de détailler ici mais il conclut en rappelant que les petits-enfants de l'immigration algérienne demandent : « l'égalité des chances pour tous les citoyens quelle que soit leur origine. » plus « des mesures économiques dans les domaines du travail, du logement, de l'école. »




Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Les clés retrouvées

Les dimensions intimes de l’histoire d’un « monde perdu »

Mémoire, mémoires, « La guerre d’Algérie était cachée dans les plis de ma mémoire d’enfant » ; la langue, les langues, français, hébreux, arabe « je parlais arabe à la maison, avec ma mère » ; une suite plus biographique au livre Les trois exils Juifs d’Algérie (voir en fin de note)… « L’enfance est comme hors temps, un bloc où tout se mêle »



Une si longue histoire, la présence juive précédant celle des arabes, le statut de dhimmis, les décrets Crémieux en 1870…



Constantine, deux villes, l’une judéo-arabe, l’autre européenne, la séparation communautaire, puis le début de la migration vers l’autre quartier, « un signe avant-coureur d’une transformation de l’espace judéo-arabe »…



L’école, les écoles, les « inégalités juridiques, politiques, sociales et économiques dans l’Algérie coloniale des années 1950 », un monde de « préjugés ancestraux »…



En commun, les langues, les mélopées de prière, les parentés musicales, les traditions culinaires, la vie judéo-musulmane, « Mais je me vivais comme Français »…



Le désir d’émancipation, de conquête d’égalité et l’attachement aux « traditions » dont la pratique de la langue arabe…



Benjamin Stora insiste sur les impacts à court et long terme de la « naturalisation collective » des juifs et juives d’Algérie par le décret Crémieux d’octobre 1870.



L’auteur parle de la double séparation, femmes et hommes, « Juifs et musulmans », de la famille, des traditions, de l’Algérie berbère et juive profondément religieuse, de la France si proche et si lointaine, de l’école de la République comme lieu de permissivité, de l’abrogation du décret Crémieux par le gouvernement de Vichy, de la possible transgression des lois religieuses (savoureuse devanture de la pâtisserie de Jost), du cinéma, des quartiers séparés, de la richesse des Européens enviable et inaccessible, des douceurs culinaires orientales…



La guerre, la non-publication des communiqués du FLN s’adressant à la communauté juive, le choix de la France « émancipatrice » et le refus de partir, la dualité identitaire, le durcissement des comportements, « le basculement irréversible vers l’Algérie française »…



L’accentuation, la confirmation de la séparation, cette séparation commencée antérieurement, du statut au social, la mobilité « paradoxale », l’« occidentalisation sur place »…



L’exil, l’appartement nettoyé et fermé à clé comme pour un départ en vacances, exil mais « ils ne se vivaient pas comme des immigrés, des réfugiés, mais comme des Français jetés dans l’exode », la France, la découverte du salariat comme « nouvelle forme de socialisation », l’assimilation, la dissimulation des origines juives et orientales…



L’élargissement des possibles, l’addition des « racines », l’allégement du poids communautaire, Mai 68, une autre histoire…



Un livre de mémoires, « mémoire vive et douloureuse », les aspects contradictoires de l’insertion sociale juive dans ses milieu judéo-arabe et français. Les identités troublées et mouvantes…



« Lorsque ma mère est décédée en 2000, j’ai retrouvé au fond du tiroir de sa table de nuit le trousseau de clés. C’était bien celui de l’appartement de Constantine, qu’elle avait toujours conservé. Comme les histoires de marranes qui emportaient dans le Nouveau Monde les clés de leur maison d’Espagne, de l’Andalousie perdue ».
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Les trois exils : Juifs d'Algérie

L’exil est le sujet du beau livre de Benjamin Stora qui vient de paraître dans la collection « Un ordre d’idées ».



Benjamin Stora nous rappelle l’histoire très longue des juifs établis sur cette terre du Maghreb, certains avant mêmes les Phéniciens, d’autres se sont mêlés aux Berbères de l’intérieur du pays et les ont convertis à leur religion. Ne connaissant alors pas cette histoire, je me souviens avoir été très surpris de photos de berbères juifs dans une exposition à Marrakech. Au VIIème siècle, d’autres juifs, yéménites, irakiens et syriens, pour utiliser les noms actuels, arrivèrent avec les guerriers prosélytes de l’Islam.



« Composante religieuse minoritaire du Maghreb, les juifs vont traverser cinq siècles d’islamisation sans disparaître. »



Ces juifs découvriront « au XIVe et XVe siècles les juifs d’Espagne, séfarades expulsés par l’édit wisigoth de 1391, puis celui de 1492 des très catholiques maisons d’Aragon et de Castille. »



Sous la régence turque d’Alger (1529 à 1830), des juifs livournais (Italie), surnommés « juifs francs » parce que francisés s’installent dans les villes du littoral algérien.



B. Stora souligne « Signe d’intégration, les juifs algériens, dhimmis (sujets protégés) en terre d’islam, adoptent la langue arabe alors que certaines tribus berbères musulmanes ne la parlent pas. »



Rappelons les caractéristiques principales du statut « dhimmis ». Ce statut comporte à la fois des droits : liberté d’exercer son culte, latitude de pratiquer différentes professions (mais liberté limitée, comme dans le domaine militaire et dans la hiérarchie administrative et politique) et des devoirs : paiement d’un impôt de capitation et loyauté politique et militaire au pouvoir musulman. Comparer le statut des dhimmis aux actuels « droits de l’homme » serait verser dans l’anachronisme. Par rapport au niveau de violence latente au Moyen Age, la vie des communautés juives fut plutôt paisible sur la rive sud de la Méditerranée. Mais ce statut dans la période précoloniale fut un régime de subordination assez humiliant.



Le destin « maghrébin » des juifs va basculer avec l’arrivée des français.



L’auteur nous dresse un panorama des « indigènes », avant et après la colonisation et les interventions du consistoire israélite de France (Faut-il rappeler que les juifs de France sont citoyens depuis 1789). Le décret Crémieux du 24 octobre 1870 donnant la citoyenneté française aux « indigènes » juifs mais non aux musulmans va entraîner une rupture, malgré la persistance de croyances, rites et modes de vie traditionnel et explique le fort ancrage vers la république française des populations juives algériennes. Les antisémites se déchaînent. La très grande majorité des européens de l’Algérie française n’accepteront pas ce qui est perçu comme « une menace, une insulte » à leur conception de la nation L’inégalité des droits entraînera des mouvements dans les populations musulmanes.



Toujours est-il que la période 1870-1940, expliquera la stupeur des juifs aux mesures de Vichy abrogeant le décret Crémieux. L’éjection hors de la communauté française sera « un immense traumatisme pour une communauté qui avait multiplié les marques d’amour envers la République sur laquelle se focaliseraient toutes les espérances. »



Le décret Crémieux sera rétabli en octobre 1943 après le débarquement anglo-américain.



Mais la sortie de la seconde guerre mondiale, mai 1945, sera marquée par les massacres de Sétif et de Guelma, les troupes françaises feront des milliers de morts (entre 15 et 45.000 morts suivant les sources) face au soulèvement des musulmans « contre le fascisme et la colonialisme ». Il n’est pas trop fort d’insister « En Algérie, rien ne sera plus comme avant l’épisode tragique de mai 1945. Le fossé s’est considérablement élargi entre la masse des Algériens musulmans et la minorité européenne. » Pour la majorité de la population juive, ces tragiques événements accentuent le sentiment d’une crise de la présence française.



Le travail de l’histoire avait sapé les bases de l’ « indigénat juif », certains choix du FLN, malgré ses appels à la communauté juive, ne pourront être entendus « Cette période de guerre allait montrer à quel point l’attachement à la France émancipatrice pouvait tourner à la mise en retrait de son propre environnement et de ses origines historique ; mais aussi comment le processus d’assimilation à la culture française ayant fait son œuvre depuis des décennies, le basculement irréversible vers l’Algérie française conduisait à la séparation d’avec les Algériens musulmans. ». L’indépendance de l’Algérie se traduira par un exil massif et brutal dès l’indépendance.



Après l’Europe centrale vidée, par extermination, des populations juives ; ce sera le tour de cette terre de contact et de mélanges, contrecoup des modalités de la décolonisation et du sionisme, de perdre ses populations juives.



Un livre, non seulement très documenté, insistant sur les effets dissolvants de la colonisation, éclairant les multiples facettes de l’évolution des populations juives, mais remarquablement écrit avec une nostalgie sensible et ouverte d’un militant « marqué à jamais par l’Orient, par l’Algérie ».
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La guerre d'Algérie expliquée à tous

Ce court essai remplit son engagement: expliquer la guerre d'Algérie à tous, sans parti pris, en essayant de remettre les personnes et les événements dans le contexte de l'époque. L'ensemble est clair et pédagogique, ce qui est très bien pour une première approche puisqu'il offre un panorama d'ensemble de la guerre. A compléter avec d'autres lectures, des témoignages et des documentaires pour un approfondissement nécessaire. Quant à l'espoir d'un dialogue apaisé entre Français et Algériens exprimé à la fin du livre, on ne peut qu'espérer qu'un enseignement factuel puisse y contribuer.
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Penser les frontières

Il s'agit ici de la transcription d'un débat public entre Régis Debray et Benjamin Stora.

Thème du débat : à l'heure de la mondialisation que faire de la notion de frontière ? Debray et Stora diffèrent sur la réponse. Pour Debray, les frontières sont nécessaires, en particulier parce qu'elles sont un rempart pour la démocratie. Stora ne le contredit pas sur ce point, pointe certains dangers et insiste sur la nécessité de s'ouvrir.

Un petit livre de 87 pages qui pose clairement le problème.
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Histoire de la guerre d'Algérie (1954-1962)

Raconter l'histoire peut emprunter plusieurs voies. Celle-ci est assez originale : elle raconte l'Algérie de 1954 à 1962 à travers des écrits et documents. En fragments… comme dans une sorte de bande dessinée ou de film. Textes courts et clairs. Un peu de tout, de tout un peu. Un livre-objet, qui fait se faufiler le réel dans l'intimité du lecteur, d'où une incroyable effet d'émotion… ou de révolte. En faisant parler les autres, acteurs ou observateurs, soutiens ou ennemis, repentis ou têtus…



Bien sûr, l'ouvrage est initialement destiné aux lecteurs français mais, , il concerne aussi les Algériens... qui y retrouveront les traces d'un passé, pour les jeunes, déjà si loin, mais pas encore oublié par les quinquagénaires et plus.



Sept parties, allant «De la colonisation à l'insurrection» à «L'Indépendance», en passant par «La rébellion algérienne qui s'organise» (partie, pour nous, la plus parlante, la plus prenante, même si on note que les auteurs insistent un peu trop sur «une guerre civile algérienne» , parlent du combat Fln-Mna, de Melouza…) et «L'enlisement» et «Les déchirements». Un ouvrage documentaire et d'histoire complet ? Pas si sûr, d'autant que les auteurs n'ont pas voulu, certainement, «remuer» trop fort «le couteau dans la plaie» et ont évité d'aller assez loin dans les sujets qui fâchent… les lecteurs d'ici et, surtout, d'ailleurs. Plus de 10 000 insoumis français, 400 objecteurs de conscience, un millier de déserteurs…10 000 morts et 23 000 blessés dans les affrontements Mna et Fln (en France et en Algérie), 1 400 condamnations à mort et 200 exécuttions par ordre du gouvernement français, plus de 2 000 tués par l'Oas, 1 million de rapatriés, dont 60 000 musulmans pro-français (les «harkis»)…

Avis : Un ouvrage d'abord destiné aux lecteurs de France… mais aussi à tous ceux qui aiment… ou haïssent l'Algérie. Des textes, des souvenirs, des correspondances, des photos, des chiffres, une chrono, des documents d'archives… avec les inévitables rappels historiques. Un déroulé implacable de toutes les mémoires, de toutes les déchirures, une pluralité des voix, l'Histoire sous toutes ses dimensions. Mais, aucun chiffre sur le nombre de victimes algériennes de la guerre. Etrange, non ? Pour éviter des polémiques ? A parcourir seulement

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Langues déliées

Les clés retrouvées. Une enfance juive à Constantine. Essai de Benjamin Stora.

Le titre correspond assez bien à une période bien précise de la vie de l'auteur. Souvenirs d'enfance, d'enfance juive qui ne ressemble pas à celle des autres, celle des petits Arabes ou celle des petits Européens, bien qu'elle ait été bien plus proche de celle des premiers que de celle des seconds. Ces derniers vivaient ailleurs !



Premier choc, premières images, premiers bruits pour l'enfant de quatre ans et demi qu'il était : quand des soldats (de l'armée française) sont brusquement entrés dans le petit appartement des Stora, 2 rue Grand, au cœur du quartier juif de la ville, le « Kar Charrah » (en arabe « le bout », « le cul de la lie »), ont installé une sorte de trépied, posé une mitrailleuse dessus et ont commencé à tirer sur des Algériens « s'enfuyant le long des gorges du Rummel », de l'autre côté de la maison. C'était le 20 août 1955 ! La guerre d'Algérie était cachée, pour toujours, dans les plis de sa mémoire d'enfant.



Deuxième image : lorsque la famille avait décidé de partir, le matin du 16 juin 1962, la maman a lavé consciencieusement tout le petit appartement. Elle n'a pas versé de verre d'eau sur le palier, comme elle le faisait traditionnellement au moment du départ d'un proche, qui ensuite revenait sur ses pas. Cette pratique rituelle exprimait un souhait : que le voyageur parte et revienne en bonne santé. Le père a fermé la porte avec les clés et les a données à la mère qui les a mises dans son sac à main… Lorsque la maman est décédée en 2000, en France, l'auteur a retrouvé « au fond du tiroir de sa table de nuit, le trousseau de clés »… toujours conservées… « comme les histoires de marranes qui emportaient dans le Nouveau Monde les clés de leur maison d'Espagne, de l'Andalousie perdue ».



Un début…, une fin… Et, entre les deux, l'histoire de la communauté juive de Constantine, une ville « très pieuse », une vie presque à part et mouvementée, car prise en étau entre une vie vécue traditionnellement avec et au côté des musulmans et une recherche de vie plus « moderne », moins « soumise »… et l'histoire de la très modeste famille Stora (par le père), Zaoui (par la mère). Une communauté dont les origines en Berbérie remonte à des siècles et des siècles, parmi les premiers les habitants d'Afrique du Nord ayant précédé la présence arabe puis celle des Français. En 1941, la ville comptait 30.640 musulmans pour 50.232 Européens… et 14.000 juifs. Une ville où les juifs atteignaient la plus forte proportion en Algérie : entre 18% et 13% sur le total de la population communale.

Avis : Intéressant surtout … pour les vieux Constantinois… et, certainement, pour Enrico Macias !
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68, et après : Les héritages égarés

Dès le début, le lecteur est confronté à la complexité des mémoires sur cet évènement pluriel et plus long qu'on imagine.



Ce témoignage particulier revisite l'histoire des années 68 à travers l'expérience personnelle et le vécu d'un juif d'Algérie qui débarque en 1962 avec une Algérie perdue et dans une France à découvrir.



Dans ce désordre des mémoires, l'auteur nous apprend que 68 est une date intrinsèquement liée à la gauche française, une gauche formée d'une génération 68 qui avait combattu pour la décolonisation de l'Algérie et contre la guerre au Vietnam, refusant l'égoïsme des ainés, des pères, de la bourgeoisie en place, une génération solidaire avec les étrangers, les jeunes et les femmes. Mais force est de constater qu'à cause des « affaires », de la montée du nationalisme, le rêve de mai 68 a volé en éclat…



A travers une vision à la fois impliquée (en tant que militant trotskiste) et détachée (d'une certaine gauche qui aurait façonné mai 68), l'auteur démontre qu'il est impossible de comprendre une date sans prendre en compte ses causes et ses conséquences à travers le temps.



Merci à Net Galley et aux éditions Stock pour m'avoir permis de lire ce livre.

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Les guerres sans fin. Un historien, la Fran..

J´ai lu Les Guerres sans fin (*) de Benjamin Stora. Qu´aurais-je voulu lire dans cette mise en autobiographie de l´auteur ou plutôt apprendre que tout Algérien ne sache déjà? Le nom de cet historien perspicace tire l´oeil, il rappelle celui de la petite ville de la côte Est de mon pays et qui est située à une trentaine de kilomètres à l´ouest de Skikda. C´est Stora la Phénicienne (au nom dédié à Venus d´où le nom, diversement prononcé, d´Astarté, Astoreh ou Astora et Stora), l´Ottomane, le port génois, l´objet de rivalité entre Anglais et Français, le champ de corail et d´éponges, cité sous la protection de la Vierge Stora, centre de colonisation créé en 1848 et, depuis 1962, Stora l´Algérienne.

Mais Benjamin Stora est né en 1950 à Constantine d´un père originaire de Khenchla et dont les ancêtres juifs avaient été chassés d´Espagne après l´édit des rois catholiques, en 1492. Il a vécu en Algérie «jusqu´à l´âge de douze ans», jusqu´au départ de sa famille pour «l´exil de 1962», pour la France. Puis des études à l´université de Nanterre, en France, l´«engagement dans le processus révolutionnaire de l´après-68», la rencontre avec Charles-Robert Ageron, le militantisme de gauche,...l´ont conduit tout naturellement à réaliser ce qu´il appelle et confie avec émotion «le poids très lourd des héritages, des origines familiales et de la condition sociale. Ma mère était ouvrière d´usine, et mon père vivait d´un petit salaire d´agent d´assurances. En termes d´héritage, je ne possédais rien, il fallait tout bâtir, tout construire. Ainsi ce détour par l´universel m´a permis d´effacer pour un temps les traces de différences culturelles et sociales, m´a donné de l´audace et j´ai pu rejoindre, bien plus tard, l´origine qui était la mienne, né à Constantine, dans une famille juive traditionnelle. Le détour par l´engagement, la rupture avec la tradition familiale ont été également l´occasion d´adopter une sorte de décalage, de distance critique vis-à-vis de l´origine.»

Stora reste indéfiniment sur une sorte de balançoire où il joue seul, «Disparition d´un pays là-bas, et attente d´un nouveau monde.» Il confesse sa déception et sa solitude: «Je me suis retrouvé seul dans la froidure de la société française», et ce n´était pas une figure de style. Vrai, il se sentait perdu dans la diversité sociale de France, et, à «une amorce de révolution intérieure», il répond «par une interrogation sur soi, sur l´histoire, sur la langue, sur les rapports politiques.» Toute une révision de conscience, car «il ne s´agissait pas de retrouver un passé perdu, mais de fabriquer (c´est moi qui souligne) un pays, un avenir.» C´est probablement, a posteriori, le voeu pour les Algériens que formule Stora qui, lui aussi, se sentait, d´une certaine manière, privé de son identité. «La révolution algérienne´´, écrit-il, mobilise mon attention, mais pas dans sa dimension héroïsée, inéluctable, nécessaire. J´avais vingt-quatre ans lorsque j´ai commencé sur un sujet qui était largement inexploré. Ce travail, en solitaire, sur une séquence délaissée, m´attirait énormément. L´Algérie, la guerre d´indépendance semblaient ne plus exister dans le paysage français médiatique, politique ou culturel français des années 1975-1980. La solitude dans cette recherche, dans l´ancienne métropole coloniale, me confortait, m´excitait.» L´éditeur des «Guerres sans fin», affirme que Benjamin Stora est «un spécialiste reconnu de l´histoire du Maghreb» et donne la liste des titres des ouvrages parus sous ce nom. Ce qui, en vérité, peut émouvoir naturellement le lecteur algérien, ce n´est pas qu´«un jour de juin 1995, Benjamin Stora reçoit des menaces et un petit cercueil en bois dans une grande enveloppe beige...», mais sa volonté de dire clairement ce que certains historiens d´ici et d´ailleurs, qui font de l´histoire de la Révolution algérienne une sorte de fonds de commerce, disent confusément. Benjamin Stora bénéficie-t-il d´une manne chimérique qui lui permettrait d´être maître de sa liberté? Comment s´acquiert cette liberté individuelle? La réponse est dans ce long travail difficile accompli par un homme profondément marqué, emporté par les fortes phrases de Pierre Goldman: un Juif exilé sans terre promise´´ - une longue quête sur soi-même à travers de longues recherches historiques - que nous met sous les yeux cet universitaire passionné de vérité et propose à notre réflexion. L´un des chapitres, parmi les plus prenants dans ce travail sur la mémoire, s´intitule La découverte de «deux oublis». L´auteur, affirme-t-il, a essayé «d´instaurer une distinction entre l´oubli légitime, nécessaire, évident, et un oubli organisé par les États.» Il affirme également qu´«Il existe deux types d´oubli: l´oubli de la société, légitime pour pouvoir vivre, et puis un oubli très pervers, très organisé. Et progressivement, je me suis aperçu que les deux oublis s´appuyaient l´un sur l´autre.»

À mon sens, il y aurait, dans le cas de l´Algérie et la colonisation française, un troisième oubli à établir et à analyser; c´est l´oubli d´agression armée du corps expéditionnaire français contre le peuple algérien et l´oubli de résistance - par tous les moyens, historiquement légitime - des combattants de l´Armée de libération nationale. La réalisation de la grande oeuvre mémorielle et humaine doit nécessairement passer par le libre et mutuel respect entre les peuples et les États. On attendrait évidemment beaucoup des archives ouvertes, indispensablement, mais on attendrait plutôt beaucoup plus des historiens et des analystes de hautes compétences, et ce serait le mieux, c´est-à-dire le plus crédible. Et alors, je dirai avec Benjamin Stora, qui veut être «Non pas un historien du présent, mais un historien au présent» et dont les études pour la vérité ne me passionnent pas toujours, «Il faut essayer de comprendre ce drame de l´intérieur.» Oui, de «l´intérieur», autant le jeune Stora a pleuré de souffrance de la guerre d´Algérie, d´avoir quitté «la terre natale» et «de rentrer en France» indéfiniment, autant et plus, le jeune Algérien a pleuré de toutes les souffrances infligées à son pays conquis et surtout des ravages de la colonisation le privant d´apprendre à connaître sa patrie.

Aussi, à qui voudrait concilier le déni sans critique et la soumission sans le consentement, il faudrait souhaiter bien du plaisir!

Dans Les Guerres sans fin, de même que dans ses précédents ouvrages, Benjamin Stora s´est mis complètement.
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La guerre d'Algérie expliquée à tous

La série "expliqué à" au Seuil donne l'impression d'être destinée aux enfants, mais en fait elle est vraiment à mettre entre toutes les mains et elle est d'une qualité historique remarquable.

Chaque thème est traité par un spécialiste (ici, Benjamin Stora pour le guerre d'Algérie) et donne des explications très claires à partir de questions simples.



Benjamin Stora nous offre ici une description claire et limpide des événements qui ont conduits à la Guerre d'Algérie, puis de ceux qui se sont déroulés ensuite.

Il permet de comprendre ce qui s'est passé et réalise une excellente synthèse de toutes les dimensions du sujet.



Je vous recommande vivement ce court ouvrage éclairant et passionnant.
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La guerre d'Algérie expliquée à tous

Une synthèse claire et limpide, présentée par l'historien Benjamin Stora, à partir de questions simples sur la guerre d'Algérie.. Dans la série « expliqué(e) à... » au Seuil, un petit livre (à mettre entre toutes les mains) qui permet de mieux comprendre les origines, le déroulement, les enjeux et les conséquences de ce terrible conflit. Un ouvrage publié dans le cadre du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie (1962).
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Histoire dessinée de la guerre d'Algérie

Ça commence le 1 novembre 1954 … c’est la « Toussaint rouge », une nuit de violence décidée par un mouvement nationaliste organisé, le FLN … ces attentats tirent leur légitimité de l’histoire du nationalisme algérien qui a vu le jour dans les années 1920.

Ça se termine par la reconnaissance de la France de l’indépendance de l’Algérie le 3 juillet 1962 … la joie de la fête, la terreur des violences qui continue quelques temps … jusqu’à l’attentat du Petit Clamart contre le général De Gaulle.

L’heure du bilan de cette guerre qui ne voulait pas dire son nom, baptisée maladroitement « les événements » jusqu’en juin 1999 … bilan pour ces métropolitains qui ont retrouvé enfin le calme … pour ces exilés qui ont quitté ce qui restera pour toujours leur pays l’Algérie … pour ces harkis qui un jour ont fait un choix qui les a isolé de tout, jamais reconnu comme français, plus reconnu comme algériens … pour ces algériens qui se sont retrouvés enchainé par un parti qui a muselé son peuple pendant de très longues décennies.

Cet album réussit l’exploit,

D’être clair pour nous raconter l’Histoire de cette guerre avec tous les conflits d’intérêts qu’elle a généré,

D’être attentif aux ressentis des différentes populations dépassées par la grande histoire, bousculées par la violence et son aveuglement.

Le scénario a choisi de joindre à la narration les témoignages des témoins des événements qui éclairent notre vision et notre analyse.

Le dessin accompagne à merveille cette chronologie et nous rend compte de la beauté des paysages, de la violence des combats, des sentiments exacerbés ressentis par une population déboussolée.

Une très belle réussite.
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Histoire dessinée de la guerre d'Algérie

Une grande BD coréalisé par le spécialiste de cette sombre période de l histoire de France .

Grandiose passionnant clair et parfaitement documente

Comment découvrir ou redécouvrir l histoire grâce a la force du 9 ème art
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Tous migrants !

Un livre très intéressant et ludique pour parler de la crise migratoire. Grâce aux dessins de presse, on peut comprendre les incohérences politiques et la difficulté que subissent ces personnes. Un livre à mettre en de nombreuses mains.
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