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Critiques de Benjamin Stora (126)
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68, et après : Les héritages égarés

Non sans éprouver quelques déceptions, regrets et mélancolies



Le constat de la disparition d’un monde suscite des interrogations plus que légitimes sur « nos » engagements, sur les choix et les pratiques de « cette génération particulière de l’après-68 ».



Il ne faut pas sombrer dans un chagrin politique narcissique mais analyser « les coups de boutoir de ceux qui ont toujours voulu la restauration d’une société autoritaire, conformiste, vivant dans les normes établies par les puissances de l’argent et de l’ordre moral » ou, pour le dire autrement, les nouvelles contraintes et contradictions du capitalisme, de ses régulations, de son régime d’accumulation, les formes actualisées de l’imbrication des rapports sociaux.



« Nous » devons, comme le souligne l’auteur, revenir sur « les trous de mémoire », l’absence de transmission des questionnements radicaux (l’auteur parle de d’« expérience politique ») aux générations suivantes. J’ajoute les impasses et les manques dans « nos » interrogations.



Il convient aussi de rappeler le souffle chaud des révoltes, tout ce qui jeta dans la rue des milliers de jeunes, à commencer par lutte contre la guerre du Vietnam.



Je n’ai jamais été fasciné ni par le parti socialiste ni par le courant politique (souvent qualifié de lambertiste) représenté par l’OCI. Je ne traiterai donc ici ni des illusions ni des pratiques de l’auteur et de ses camarades. Je signale cependant des passages assez croquignolesques sur les personnalités de certains (Jean Christophe Cambadélis, Lionel Jospin ou Jean-Luc Mélenchon…).



68. J’étais lycéen, trop jeune et trop enfant, pour des participations actives. Les engagements viendront plus tard. Je ne fais donc pas totalement parti de cette « génération » mais je m’y reconnais.



L’irruption des mots de la politique révolutionnaire, la mise à distance de l’emprise familiale, le rejet de l’école-caserne, le vocabulaire des révoltes antérieures, l’affranchissement « de la soumission organisée par les rites religieux », les évolutions culturelles, la rupture avec les logiques étroites des appartenances communautaires, les moments d’apprentissage et de découverte, les jonctions de mémoires, « Tous nos souvenirs « d’avant » nous propulseront vers un « après » idéalisé porteur de liberté et de société égalitaire ».



Mais aussi, « une volonté bien dangereuse de pureté se réalisant par la violence sur les autres », la transformation de l’amour des livres « en fétichisation des textes canoniques », le silence sur la destruction/génocide des populations juives et tziganes durant la seconde guerre mondiale, le volontarisme « rejetant avec mépris toute forme de sensiblerie », l’effacement systématique du « je » pour le « nous »…



Je souligne, entre autres, les pages sur l’exil (voir les autres livres de l’auteur), la « déchéance sociale » et l’intégration, l’évanouissement progressif des certitudes, le sentiment d’enlisement des idéaux du socialisme, l’importance de la question de l’immigration et des marches pour l’égalité, le coup d’Etat d’Augusto Pinochet, la défaite des mineurs britanniques, l’arrivée du sida, l’affaire du Rainbow Warrior, les « drames » personnels, les réalités de l’Algérie, l’impossible « travail de deuil », l’insertion professionnelle. « La maladie de ma fille en 1998, puis son décès en 1992, ma crise cardiaque en 1995, les menaces de mort proférées provoquant mon exil pendant de longues années à l’étranger m’éloigneront encore de ce monde ».



Benjamin Stora parle avec justesse de cette partie de la « jeunesse postcoloniale, la plus démunie socialement et la plus isolée politiquement », de la lutte institutionnelle contre l’immigration et de ses effets, de ses « questions d’Orient », de l’identité hybride, de la mémoire longue d’inquiétude, de l’exil de la réflexion sur soi, de la défense des humilié·es et des sans-droits, de la réduction de l’imaginaire dominant.



J’ai particulièrement été intéressé par la partie sur « Ecrire l’histoire ».



« C’est une richesse de ne pas soustraire, détruire les strates sociales, culturelles ou politiques, mais de les additionner, de mieux les combiner ». L’auteur parle de d’« agrandir l’Histoire », des programmes scolaires et d’assumer la mémoire coloniale du temps « de cette guerre longtemps restée sans nom ». Et dans sa conclusion : « L’histoire s’ouvre toujours sur d’infinies possibilités et variantes sur lesquelles la société a de nouveaux prise ».



Je partage enfin (je l’illustre personnellement, entre autres, par les formidables luttes féministes à travers le monde) « l’espérance d’un monde nouveau ne s’est pas éteinte ».
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68, et après : Les héritages égarés

En lisant l’historien, plus d’une fois exilé, Benjamin Stora, on peut s’attendre à ce qu’il évoque ses thématiques préférées, celles en tout cas qui constituent ses travaux universitaires, l’« exil » et « la guerre d’Algérie ».

Dès les premières pages, la guerre d’Algérie est évoquée comme un héritage égaré; une histoire à oublier mais une histoire qui est une des causes majeures dans l’aboutissement du mouvement de mai 68. En ces années de consciences et pour ce juif d’Algérie arrivé en France en 1962, le chagrin de la perte du pays natal est étouffé par le désir de changer le monde dans une France à découvrir.

Ce récit autobiographique ne parle pas forcément d’une date (le 2 mai 1968), mais d’une période d’avant et d’après 68 (entre 1958 et 2017) où tout a basculé : l’opposition des jeunes face aux aînés, l’assouplissement des mœurs, la mixité, la liberté de la presse, la décolonisation, la solidarité entre les jeunes et les immigrés, la loi sur l’avortement ont été des acquis incontestables de cette révolte des jeunes. Or, s’il y a un avant et un après mai 68, la solidarité entre les jeunes militants de gauche qui seraient à l’origine de ces changements a volé en éclat à cause des « affaires », de la professionnalisation de la politique, des bouleversements nationaux et internationaux, de l’individualisme naissant, du rejet des minorités, des revendications de l’immigration postcoloniale, de la diabolisation du féminisme... Bref, dans ce récit, l’ex-soixante-huitard nous raconte un mai 68 qui a commencé avant 68 et qui ne s’est pas encore achevé, 50 ans après.

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68, et après : Les héritages égarés

Dès le début, le lecteur est confronté à la complexité des mémoires sur cet évènement pluriel et plus long qu'on imagine.



Ce témoignage particulier revisite l'histoire des années 68 à travers l'expérience personnelle et le vécu d'un juif d'Algérie qui débarque en 1962 avec une Algérie perdue et dans une France à découvrir.



Dans ce désordre des mémoires, l'auteur nous apprend que 68 est une date intrinsèquement liée à la gauche française, une gauche formée d'une génération 68 qui avait combattu pour la décolonisation de l'Algérie et contre la guerre au Vietnam, refusant l'égoïsme des ainés, des pères, de la bourgeoisie en place, une génération solidaire avec les étrangers, les jeunes et les femmes. Mais force est de constater qu'à cause des « affaires », de la montée du nationalisme, le rêve de mai 68 a volé en éclat…



A travers une vision à la fois impliquée (en tant que militant trotskiste) et détachée (d'une certaine gauche qui aurait façonné mai 68), l'auteur démontre qu'il est impossible de comprendre une date sans prendre en compte ses causes et ses conséquences à travers le temps.



Merci à Net Galley et aux éditions Stock pour m'avoir permis de lire ce livre.

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Algérie 1954, une chute au ralenti

Un petit livre concernant un grand évènement ! En une centaine de pages, une sorte de «Que sais-je» (d'ailleurs le format est adapté) qui raconte le début de la fin de la colonisation : l'année 1954.



Une brève chronologie des événements politiques qui ont émaillé l'année, de janvier à décembre ; une année qui avait commencé avec l'attaque massive du Viêtminh, sous les ordres du genéral Giap, contre le camp militaire français de Diên Biên Phu, en Indochine... et la défaite de la France début mai. Juillet, c'est la reconnaissance du principe d'autodétermination en Tunisie... et, en novembre la guerre qui commence de manière tonitruante le 1er novembre.



Tous les obervateurs avertis s'y attendaient, mais il n'y a de pire sourd que celui qui ne veut entendre. Il en était ainsi des hommes politiques français de l'époque, la plupart -de tous les bords politiques- étant pour «la répression sans faiblesse» (Pierre Mendès France). Il en est ainsi, aussi, pour la population européenne installée en Algérie... installée «au centre d'un empire qui va mal». Il est vrai que l'Algérie, «avec ses lieux magnifiques, des montagnes de Kabylie au désert saharien, les personnages hauts en couleurs, des administrateurs coloniaux aux commerçants prospères, semblent à leur place. Mais c'est un leurre».



D'un côté, il y a le mélange d'immaturité et d'inaccompli pour les Européens d'Algérie. De l'autre, il y a la rage et l'espoir pour les colonisés : absence de réformes sans cesse remises, poids de l'inertie, répression aveugle et parfois, sinon souvent, massive... La longue chute, au ralenti, de l'empire colonial avait commencé, mouvement peu perceptible par la classe politique française, hormis dans les petits cercles anarchistes ou trotskistes.



L'auteur raconte la descente à travers la vie quotidienne en Kabylie, à Alger, Sétif, Oran, Constantine (ville qui comprenait la communauté juive la plus importante du pays : environ 30.000 personnes ).. «à la veille de la tourmente»... la vie de 922.000 Européens et de 7.860.000 musulmans... une vie où «un Algérien ne vaut que le neuvième d'un électeur français» (selon Gilbert Meynier), où les villes sont occupées à plus de 60% par les Européens, où les villes se bidonvillisent à une allure folle, tout particulièrement à partir des années 50 où «le plus petit fonctionnaire français se croit supérieur à n'importe quel Arabe» et où «la peur commune de la majorité musulmane» avait forgé une sorte d'unité quasi-ségrégationniste, ignorant la misère de leurs «voisins» arabes.

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Algérie vue du ciel

Beau livre de photographies des paysages et villes algériens vus du ciel. Toutes les prises de vues sont des réussites, qu'il s'agisse des cités avec leurs mosquées, leurs ponts -- particulièrement à Constantine --, ou des campagnes avec leurs cultures, ou encore du désert et des montagnes de l'Atlas.



Ainsi, le lecteur réalise une visite des grands sites tels Alger, Tlemcen, Oran, Miliana, Timgad, il admire les dunes et les palmeraies des deux Grand Erg, il est au-dessus des montagnes et de la mer ou des lacs et peut découvrir tout un pays tellement riche de beautés naturelles ou réalisées par les hommes.



Les commentaires des photographies sont suffisamment détaillés, sans lasser, ils laissent sa place à l'histoire avec les conquêtes romaine et française, avec la cité gigantesque de Timgad, le désastre de Mers el-Kebir, les richesses pétrolières, et une nature dont on n'imagine pas qu'elle recèle autant de verdure.



C'est un plaisir de suivre les ondulations des dunes, de découvrir les oasis, quelquefois minuscules, certaines créées intelligemment par les humains en utilisant les protections du sable, de survoler ces villages accrochés aux rochers, de pénétrer dans des gorges profondes, le tout dans la magnifique lumière algérienne.

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Algérie, 1954-1962 : Lettres, carnets et récits..

Enfin un livre sur la guerre d’Algérie - et quel livre - écrit par un professionnel (Benjamin Stora est professeur d’histoire spécialisé dans le Maghreb) qui s’adresse à tous et qui se donne les moyens d’intéresser même ceux qui, jusqu’à présent, restaient hermétiques à des sigles tels que F.L.N., M.N.A. ou O.A.S.

Ce document est en quelque sorte « l’illustré » d’un autre ouvrage, publié par le même auteur en 2004, sur l’Algérie entre 1954 et 1962. Comme s’il avait voulu, finalement, matérialiser ses théories qu’il destinait, à l’origine plutôt, à ses étudiants, voire à des spécialistes.

Cet ouvrage aborde de nombreuses facettes de cette guerre qui a toujours un pied dans la politique et un autre déjà dans l’Histoire, et que presque cinquante années écoulées, ne parviennent pourtant pas encore à dissiper les passions qu’elle suscite. Benjamin Stora a choisi de suivre un plan chronologique qui balaye la situation de l’Algérie d’avant la guerre jusqu’à l’indépendance de 1962, des Accords d’Evian à l’exode des populations européennes, au début du mois de juillet. Chaque moment clé, de ces plus de sept années de conflit, est éclairé par des copies de documents originaux (100 au total) provenant de sources aussi différentes que variées. Pour chaque imprimé, les concepteurs ont imaginé les proposer à l’identique de la présentation de l’époque : les lettres sont à sortir de leurs enveloppes, la page du journal Libération datée du 19 mars 1962 est une copie grandeur nature, ainsi que les tracts ou les dessins d’enfants. L’originalité des documents ne réside pas seulement dans leur forme, mais également, dans leur nature car ils émanent de différents acteurs, qu’ils aient subi, initié ou été observateurs de ce conflit. La lettre du déserteur à ses parents côtoie le brouillon raturé d’un discours du Général De Gaulle qui lui-même contrebalance la lettre d’un maquisard algérien très engagé dans le F.L.N.

J’ai trouvé un réel intérêt à parcourir ces papiers d’archive. Et au-delà du plaisir esthétique procuré par ces documents, j’ai pu réaliser que la guerre d’Algérie n’est pas seulement un chapitre de plus de l’Histoire contemporaine, mais bien une succession d’évènements ayant bouleversé la vie d’hommes, de femmes et d’enfants qui vivaient en harmonie sur cette terre gorgée de soleil.
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Algérie, 1954-1962 : Lettres, carnets et récits..

Tout d'abord ce livre est proche d'une oeuvre d'art : un excellente surprise attend le lecteur lorsqu'il l'ouvre, à savoir la multitude de documents historiques reprographiés mais plus vrais que nature, glissés dans des enveloppes et collés sur les pages (lettres, photographies, dessins, cartes géographiques, coupures de journaux). Ce procédé n'est pas nouveau mais il fait toujours son petit effet et permet d'aborder le sujet de manière originale.

Tout au long du livre, l'historien s'efface pour laisser la place aux lettres et récits de ceux qui ont vécu cette guerre (c'est d'ailleurs ce qu'indique le sous-titre "Lettres, carnets et récits des Français et des Algériens dans la guerre"). Il se contente juste de poser un regard sur chacune des doubles pages thématiques et chronologiques dans un petit encadré pour expliquer ce dont parlent les gens (civils, enfants, soldats, déserteurs,instituteurs-militaires...) ou les journaux, avant d'approfondir l'explication en toute fin de livre.

Un livre qui a su me captiver et m'étonner. J'ai apprécié le principe du témoignage qui prime sur le discours de l'historien, la dimension pédagogique originale de l'ouvrage. Une belle découverte et une belle réussite !

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Appelés en guerre d'Algérie

Mon père a fait la guerre d'Algérie et je cherche à découvrir les zones d'ombre qui sont une composante de sa personnalité depuis cette guerre qui n'en avait même pas le nom. Car il ne sera pas possible d'obtenir des témoignages de sa part, c'est sous verrou, enfoui dans son esprit. Ma mère m'a toujours dit "J'ai vu partir un fiancé, j'ai vu revenir un autre homme...". Cette guerre a fracassé beaucoup de ces appelés; Benjamin STORA est l'historien spécialiste de la question et ce livre est très instructif, associant archives, témoignages et analyse historique poussée et complètement abordable pour tous.
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De Gaulle et la guerre d'Algérie

Un livre formidable, didactique et passionnant sur les relations du Général de Gaulle avec l'Algérie.

Parcours historique d'un conflit mais aussi portrait d'un homme d'Etat, d'un homme politique au travers du prisme de la guerre d'Algérie et de ses décisions de chef d'Etat.

Un livre indispensable pour comprendre le conflit qui opposa les 2 pays.
Lien : https://laffairekoutiepov.wo..
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De Gaulle et la guerre d'Algérie

C’est en apparence un petit bouquin, édité en format de poche en 2012. C’est en réalité un grand livre, qui donne des clés essentielles pour comprendre la période qui va du retour au pouvoir du Général de Gaulle (1958) à l’indépendance de l’Algérie (1962).

Benjamin Stora, historien universitaire, est un maître de l’analyse interactive des faits : pour nous faire comprendre l’évolution spectaculaire du Général –du « Je vous ai compris » à l’autodétermination, en un an -, il dresse un état des forces.

Le FLN a été quasiment écrasé sur le terrain par « la machine de guerre française », et il est déjà déchiré par des rivalités qui n’ont pas cessé 50 ans après, mais il est porté par une grande partie du Peuple musulman d’Algérie, et soutenu par toute l’opinion internationale, y compris les alliés de la France, Etats-Unis et Europe occidentale.

La France, et pas seulement le Président qu’elle s’est donnée, a envie de tourner la page de la colonisation : les Français pensent à profiter de la croissance économique, le Général à rétablir le statut de grande Puissance de la France, qui ne peut trainer derrière elle les dépenses et la réprobation internationale de la guerre d’Algérie.

Et les Français considèrent comme une chimère l’intégration de 9 millions de Musulmans dans l’ensemble national.

C’est donc une décision mûrement et rationnellement réfléchie qui est annoncée le 16 septembre 1959. Elle surprend pourtant tout le monde : l’Armée, « désarçonnée », les européens d’Algérie, qui se mobilisent en hâte, le FLN, méfiant, et la classe politique française.

L’auteur, lui-même issu de la communauté des juifs d’Algérie a écrit bien d’autres ouvrages qui exposent les 3 années de guerre civile que suscitera cette décision, jusqu’au désordre final de l’été 62.

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France-Algérie, les passions douloureuses

*****EXTRAIT D4UN INTERVIEW PARU DANS " MARIANNE . NET " du 5 au 11 mars 2021 .



-- Depuis la remise de votre " rapport " ( à Emmanuel Macron ) , il semble que les choses se déroulent à l'inverse de ce qu'on pouvait espérer . Les attaques venues de toutes parts ( de la rive algérienne comme des pieds-noirs ) rouvrent les blessures .

-- Je m'attendais à des réponses précises aux propositions , à une mise en mouvement pour tenter de régler , pratiquement , le lourd contentieux mémoriel entre la France et l'Algérie . Sur les archives , les essais nucléaires , l'entretien des cimetières en Algérie , et bien d'autres choses encore .....Mais non , je vois depuis la remise de ce rapport , une répétition des débats des temps anciens , au moment par exemple du passage à la décolonisation . Or , depuis des années , différents groupes de mémoire , des pieds-noirs aux appelés , et des immigrés aux harkis et leurs descendants , veulent toujours se persuader d'avoir eu raison dans le passé . Ils mettent en scène les débats de l'anticolonialisme et les crimes de la colonisation , le rejet de la " repentance " et les échecs de l'Algérie indépendante . le grand islamologue Mohammed Arkoun s'était attiré lui aussi les foudres des censeurs , car il avait évoqué la colonisation comme " expérience historique " , c'est-à-dire comme quelque chose qui fait partie de c qui arrive . Ce qui ne veut pas dire qu'elle est approuvée . Mais il n'avait pas compris .
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France-Algérie, les passions douloureuses

Je parle ici du rapport officiel remis au président de la république (rapport disponible en ligne). Il s’agit d’un ouvrage très intéressant qui met en lumière la complexité des rapports entre la France et l’Algérie au travers de ses différents protagonistes. Au delà des quelques recommandations faites par l’auteur, le rapport (qui fait 80 pages dans sa partie explicative) met bien en lumière les différentes forces en présence et les émotions toujours à fleur de peau soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie.

Pour moi, ce document a trois intérêts : le premier est de rester sur un plan historique, le deuxième est de montrer que les politiques français et algériens ne sont pas sur le même plan lorsqu’ils en parlent, ce qui rend le dialogue impossible et le troisième de montrer comment cette démarche pourrait s’appliquer à d’autres conflits embrouillés: Israël/ Palestine, le Liban, Russie / Ukraine...

Une belle leçon de prise de recul dans un monde où l’info « politique » nous est « balancée » sans prise de recul.
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François Mitterrand et la guerre d'Algérie

Le livre de François Malye et Benjamin Stora « François Mitterrand et la guerre d'Algérie »), ainsi qu'un documentaire des mêmes auteurs (diffusé sur France 2 le 04/11/2010) ont mis l'accent sur l'attitude du Garde des Sceaux de 1957, bien différente, à l'égard de la peine de mort, de celle du président de la République qui l'abolira avec le concours de Robert Badinter. Ces auteurs relèvent, en effet, que François Mitterrand, ministre de la justice du gouvernement Guy Mollet, a refusé la grâce, dans plus de 80 % des cas, aux militants du FLN condamnés à mort, dont 45 seront guillotinés.



Le livre fait controverse. Aveuglement de l'un des véhéments défenseurs de l'Algérie Française — comme Ministre de l'Intérieur en 1954 — ? Ambiguïté, au service de son ambition de succéder au président du Conseil en 1957 ? Versatilité des convictions du futur chef de l'État en 1981 ?



S'y ajoute le reproche, fait aux auteurs cette fois, de risquer de jeter le discrédit sur l'homme qui a représenté les idées dont ils se réclament.



Vaine querelle ! le « métier d'historien », selon Marc Bloch, est aussi une déontologie qui se refuse au biais partisan. Et c'est l'honneur des auteurs de jeter un regard décapant sur L Histoire, quel qu'en soit le prix.



Vain procès ! Car sur le fond, il ne semble pas non plus que le grief contre François Mitterrand soit vraiment fondé en droit. Car l'histoire politique, lorsqu'elle concerne la justice, doit aussi faire sa place à l'examen attentif des règles constitutionnelles.



Le droit de grâce, dont Louis XVI, dans son testament politique du 20 juin 1791, se désolait d'avoir été privé et dans lequel il voyait « une des plus belles prérogatives attachées partout à la Royauté » est redevenu un pouvoir « régalien » au sein des Républiques. Sous la IVe, où le Président n'avait plus guère de pouvoir, il restait une prérogative à laquelle le chef de l'État était attaché, même si l'article 35 de la constitution de 1946 précisait que ce droit s'exerçait « en Conseil Supérieur de la Magistrature ». En réalité, la procédure se déroulait plusieurs temps : d'abord, une commission des grâces à la Chancellerie instruisait le recours et émettait un avis. Puis le Garde des Sceaux transmettait le dossier au Conseil Supérieur, où l'avis était examiné en séance plénière. Enfin, le Chef de l'État prenait sa décision. Vincent Auriol la défendait et l'exerçait comme il l'entendait. Il le rappelle dans ses mémoires. René Coty, comme le confirme, dans le film, un ancien secrétaire général de cette institution, n'indiquait jamais au Conseil le sens de la décision qu'il prenait plus tard et seul. Sachant que le Conseil comportait 14 membres, et que le poids politique l'emportait dans sa composition (six membres élus pour six ans par l'Assemblée nationale, deux membres désignés par le Président) par rapport à la composante professionnelle (quatre membres élus par le corps judiciaire), il est sans doute imprudent d'inférer que l'avis du seul Vice-Président (François Mitterrand, garde des Sceaux) était prééminent et emportait nécessairement la décision d'un Président de la République politiquement effacé. Non seulement la responsabilité juridique de la grâce ou de son refus était bien celle, exclusive, du Chef de l'État, à ce titre président du Conseil supérieur de la magistrature. Mais encore, il paraît douteux que dans un tel domaine, René Coty, ancien avocat, homme plein de finesse et de dignité, ne se décidât pas en conscience, alors même qu'il était exempt d'une quelconque sanction de nature politique.



Aussi bien, doit-on rendre à René Coty ce qui lui revient, c'est-à-dire la lourde et la seule responsabilité de ces exécutions. Tout au plus doit-on constater que François Mitterrand y a, le plus souvent, donné un avis favorable. En faisant la part de l'époque, de la pression de l'opinion, des compromissions des partis, des ambitions politiciennes, toutes choses admirablement mises en lumière par les historiens, mais sans procès mal dirigé contre celui qui prendra, en 1981, la décision politique de l'abolition de la peine de mort en France, avec le courage de l'annoncer avant son élection, en en assumant tous les risques politiques.
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Histoire de l'Algérie coloniale (1830-1954)

Synthétique, clair, indispensable pour mieux comprendre l 'histoire de la France et de l ' Algérie, et ses conséquences pour la période actuelle.

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Histoire de l'Algérie depuis l'indépendance

Voici le livre « Histoire de l'Algérie depuis l'indépendance - 1. 1962-1988 » écris par le très célèbre historien Benjamin Stora aux Éditions La Découverte.



Ce livre concis, mais complet, est une très bonne approche pour découvrir ou redécouvrir, l'histoire de l'Algérie après l'indépendance en 1962.



Ce livre traite de cette histoire de manière chronologique, d'abord la période de transition du pouvoir avec les conflits internes du FLN.

Puis la prise de pouvoir d'Ahmed Ben Bella et la période de sa présidence jusqu'au coup d'État du colonel Houari Boumédiène.

Ensuite la période Boumédiène, jusqu'à ça mort et puis la présidence de Chadli Bendjedid jusqu'en 1988 et la fin du système du parti unique en Algérie.



Ce livre à la spécificité de s'intéresser à l'histoire chronologique et aux événements, mais aussi aux travaux économiques, diplomatiques, culturels, religieux, sociaux et démographiques de l'Algérie sous les différentes périodes.



Un livre très intéressant, écris par un monument des études historiques que je félicite pour son travail.



Merci aux Éditions La Découverte pour cette publication de qualité.



À lire et à relire 😊
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Histoire de la guerre d'Algérie (1954-1962)

Raconter l'histoire peut emprunter plusieurs voies. Celle-ci est assez originale : elle raconte l'Algérie de 1954 à 1962 à travers des écrits et documents. En fragments… comme dans une sorte de bande dessinée ou de film. Textes courts et clairs. Un peu de tout, de tout un peu. Un livre-objet, qui fait se faufiler le réel dans l'intimité du lecteur, d'où une incroyable effet d'émotion… ou de révolte. En faisant parler les autres, acteurs ou observateurs, soutiens ou ennemis, repentis ou têtus…



Bien sûr, l'ouvrage est initialement destiné aux lecteurs français mais, , il concerne aussi les Algériens... qui y retrouveront les traces d'un passé, pour les jeunes, déjà si loin, mais pas encore oublié par les quinquagénaires et plus.



Sept parties, allant «De la colonisation à l'insurrection» à «L'Indépendance», en passant par «La rébellion algérienne qui s'organise» (partie, pour nous, la plus parlante, la plus prenante, même si on note que les auteurs insistent un peu trop sur «une guerre civile algérienne» , parlent du combat Fln-Mna, de Melouza…) et «L'enlisement» et «Les déchirements». Un ouvrage documentaire et d'histoire complet ? Pas si sûr, d'autant que les auteurs n'ont pas voulu, certainement, «remuer» trop fort «le couteau dans la plaie» et ont évité d'aller assez loin dans les sujets qui fâchent… les lecteurs d'ici et, surtout, d'ailleurs. Plus de 10 000 insoumis français, 400 objecteurs de conscience, un millier de déserteurs…10 000 morts et 23 000 blessés dans les affrontements Mna et Fln (en France et en Algérie), 1 400 condamnations à mort et 200 exécuttions par ordre du gouvernement français, plus de 2 000 tués par l'Oas, 1 million de rapatriés, dont 60 000 musulmans pro-français (les «harkis»)…

Avis : Un ouvrage d'abord destiné aux lecteurs de France… mais aussi à tous ceux qui aiment… ou haïssent l'Algérie. Des textes, des souvenirs, des correspondances, des photos, des chiffres, une chrono, des documents d'archives… avec les inévitables rappels historiques. Un déroulé implacable de toutes les mémoires, de toutes les déchirures, une pluralité des voix, l'Histoire sous toutes ses dimensions. Mais, aucun chiffre sur le nombre de victimes algériennes de la guerre. Etrange, non ? Pour éviter des polémiques ? A parcourir seulement

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Histoire de la guerre d'Algérie (1954-1962)

Lu en un après-midi, ce petit livre d'une centaine de pages est exactement ce qu'il me fallait pour me documenter sur la guerre d'Algérie.

On ne présente plus l'auteur, Benjamin Stora, spécialiste de cette période si noire de notre histoire.

J'ai appris beaucoup de choses que j'ignorais, mais avec une horreur grandissante.

Ce fut vraiment une sale guerre ou plutôt une guerre sale. Tortures, attentats, exactions de toute sorte et bien sûr le rejet et la non reconnaissance des harkis.

Un chapitre m'a bien plu, celui qui parle de l'engagement des intellectuels de l'époque comme Sartre ou Camus.

Un livre très bien fait.
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Histoire dessinée de la guerre d'Algérie

Un album sans concession ni parti pris qui donne envie d’aller plus loin dans la compréhension de ce conflit peut-être mal connu et de ses séquelles.
Lien : http://www.bdencre.com/2017/..
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Histoire dessinée de la guerre d'Algérie

Benjamin Stora et Sébastien Vassant apportent une réponse à la fois efficace, originale et sensible qui respecte l'histoire dans sa complexité sans nier les souffrances engendrées de part et d'autre par ce conflit.
Lien : http://culturebox.francetvin..
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Histoire dessinée de la guerre d'Algérie

Je n'ai rien a reprocher aux illustrations, aux graphismes, aux couleurs que j'ai vraiment apprécié et qui interviennent bien souvent dans le choix de mes achats.

Le contenu s'avérait intéressant étant donné le peu d'informations reçues (et encore moins stockées) durant ma scolarité, mes connaissances sur le sujet sont quasi nulles.

Je suis d'un naturel assez empathique, trait souvent exacerbé lors de mes lectures, pourtant, je ne suis pas parvenu à me projeter dans cet ouvrage que j'ai pourtant apprécié d'un bout à l'autre. C'est assez étrange, j'ai appris beaucoup, j'ai apprécié l'univers, la structure mais je n'ai pas l'impression d''avoir pris part, je suis restée dans quelque chose de purement formel et informatif. Et si cet aspect est déjà satisfaisant, ce que me fait ressentir une œuvre l'est beaucoup plus. Ma déception concerne cette absence de ressenti, comme une impression de survole de l'information.

Donc je concède un bilan plutôt mitigé, qui est probablement dû à moi plus qu'au roman graphique en lui même, il me faudra certainement le relire d'ici quelques temps !
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