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EAN : 9782226320254
240 pages
Albin Michel (04/01/2016)
3.25/5   6 notes
Résumé :
La France n'en a pas fini avec son passé colonial. Il a imprégné les imaginaires et a constitué un socle idéologique sur lequel le Front national s'est construit. C'est ce Transfert d'une mémoire, de l'Algérie coloniale vers la métropole, qu'avait décrit Benjamin Stora en 1999. Cet ouvrage analysait déjà les raisons historiques pour lesquelles les questions difficiles de l'immigration ou de l'islam en France seraient au coeur du débat public. C'était également le su... >Voir plus
Que lire après Les mémoires dangereuses. De l'Algérie coloniale à la France d'aujourd'hui suivi d'une nouvelle édition de Transfert d'une mémoireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quelques entretiens avec Alexis Jenni, entre l'été 2014 et février 2015 puis les massacres qui ont suivi, ont motivé l'historien Benjamin Stora à publier Les mémoires dangereuses, un livre indispensable afin de comprendre l'utilisation de la violence pour parvenir à ses fins, la montée des extrêmes identitaires, la place de l'islam dans la République et cette autre guerre d'Algérie (1991 – 2001). Pour ne pas céder à la haine, il faut mener une bataille culturelle contre la radicalisation et l'obscurantisme puis se mobiliser pour la fraternité.
Dans un entretien vivant et bien argumenté, Benjamin Stora et Alexis Jenni explorent ce « sudisme à la française » dont on ne parle pas et qui propose des explications aux problèmes qui se posent.
Menacé par des groupes islamistes, Benjamin Stora était au Vietnam en 1996 pendant la montée inexorable du Front National, avec les mêmes thèmes développés au temps de l'Algérie française. Trois ans plus tard, il publiait "Transfert d'une mémoire", au mauvais moment et son livre n'avait pas d'écho. Quant à Alexis Jenni, c'est dans L'art français de la guerre (Prix Goncourt 2011) qu'il explore les plaies toujours ouvertes des guerres coloniales.
Le Transfert d'une mémoire (nouvelle édition) – de « l'Algérie française » au racisme anti-arabe – rappelle d'emblée l'analyse indispensable de 132 ans de présence française, de cette colonisation, si on veut comprendre la montée de l'extrême-droite.
Le parallèle entre la guerre de Sécession et celle d'Algérie révèle beaucoup de similitudes avec des espaces à conquérir, une mythologie du sud vu comme un Eldorado, une nouvelle Terre promise… L'auteur n'oublie pas de préciser que ceux qui ont été appelés pieds-noirs constituent un véritable melting-pot où se sont brassées toutes les populations de la Méditerranée occidentale.
« L'ennui »… ce sont « les indigènes qu'il a fallu écraser, soumettre puis protéger et éduquer… La guerre d'Algérie est cette guerre historique particulière renouant avec le passé des guerres de conquête coloniales, moment de rattachement d'un Sud à la France métropolitaine. »
Il ne faut pas oublier que l'Algérie faisait partie du territoire français depuis 1948, avec ses trois départements mais avec une « législation ni française (parce que menaçant sa suprématie à terme, par stricte application des principes républicains), ni algérienne (puisque risquant de provoquer un « ressourcement » dangereux). »
En 1954, il était hors de question d'abandonner un territoire rattaché à la France, avant même la Savoie, plus le pétrole, plus les essais nucléaires et l'on y envoie donc le contingent, les jeunes nés entre 1932 et 1943.
L'auteur détaille le parcours de le Pen accusé d'avoir torturé en 1957. Celui qui avait été le plus jeune député de France, partit combattre là-bas pour garder l'Algérie française. Farouchement anti De Gaulle, il n'est pas réélu en 1962.
Le Front National est l'héritier des émeutiers de 1934, des collabos des années 1940 et des factieux de la guerre d'Algérie. Il regroupe « des fascistes, des pétainistes et des intégristes religieux. » Aujourd'hui, « l'extrême-droite tire sa force principale des représentations de l'islam des immigrés. »
Cette mémoire du Sud doit être sans cesse rappelée car elle touche les pieds-noirs et leurs enfants, les soldats partis en Algérie, les immigrés algériens, enfants, petits-enfants et les harkis, soit un total de 5 millions de personnes qui ont une mémoire du Sud avec plusieurs Algérie qui se superposent.
Benjamin Stora livre encore quantité d'analyses pertinentes qu'il serait trop long de détailler ici mais il conclut en rappelant que les petits-enfants de l'immigration algérienne demandent : « l'égalité des chances pour tous les citoyens quelle que soit leur origine. » plus « des mesures économiques dans les domaines du travail, du logement, de l'école. »


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Voici un excellent livre qui devrait figurer dans les manuels scolaires afin d'expliquer à tous les jeunes la Guerre d'Algérie. Benjamin Stora a tout à fait raison, les futures générations ne pourront jamais tourner la page de ce sombre passé de l'histoire si on omet de leur expliquer les origines diverses du peuple algérien cohabitant dans un pays colonisé durant plus de 130 ans, l'indépendance obtenue au prix d'un conflit aveugle et meurtrier, et ses conséquences désastreuses, encore visibles de nos jours. Publiés en septembre 1999, il faut, bien entendu, replacer les propos de l'auteur dans le contexte politique et social de l'époque à laquelle il les a tenus ; cependant la genèse du conflit est bien développée, enrichie d'une documentation variée, basée sur des références littéraires, des extraits de discours et des citations bibliographiques.

En éminent connaisseur de cette période, c'est donc en véritable « passeur de mémoire » que le romancier traite son sujet, y associant son talent littéraire à son expertise d'historien. Toutefois, je me permets de lui faire un seul reproche, celui de manquer de neutralité dans sa plaidoirie, entièrement à charge contre les Français. Il nous parle du racisme français anti-arabe et anti-juif, le racisme serait-il donc à sens unique ? Et les exactions commises, auraient-elles été uniquement perpétrées par les militaires français et les organisations politico-militaires clandestines françaises, hostiles à l'indépendance de l'Algérie ? Quid des actions meurtrières et sanglantes commises par le FLN et les Fellaghas, tant sur des Français que sur leurs propres concitoyens algériens, notamment les Harkis ? C'est bien dommage de ne regarder l'Histoire qu'à travers un seul bout de la lorgnette…
Si du point de vue purement historique j'approuve totalement les écrits de l'auteur, en revanche, je reste plus circonspecte quant aux positions politiques qu'il affiche ; mais ça, c'est une autre histoire !
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« Les mémoires dangereuses » est un échange entre Benjamin Stora, Président du conseil d'orientation du Musée de l'histoire et de l'immigration et auteur de nombreux livres sur l'Algérie, et Alexis Jenni écrivain émérite et prix Goncourt 2011. Dans un contexte français de plus en plus tendu, ces deux hommes s'interrogent sur l'origine du malaise identitaire et communautaire ambiant.

Le passé colonial de la France pourrait bien définir et avoir engendré ces frustrations identitaires d'hier et d'aujourd'hui. La discussion entre l'historien et l'écrivain doit normalement donner à réfléchir sur les conséquences de la Guerre d'Algérie sur notre présent. Pour autant, il n'en est rien. En effet, on a plutôt la dérangeante impression que les deux compères sont là pour encenser et valider leurs travaux respectifs.
On apprend certes des éléments intéressants sur l'indépendance de l'Algérie, sur le rôle et l'implication des politiques dans cette guerre sanglante, sur les propos tenus et les reprises médiatiques mais on ne rentre jamais vraiment dans le sujet qui nous intéresse véritablement. On est alors davantage dans le survol et non dans la critique historique approfondie et réfléchie.

Cette discussion est suivie d'une nouvelle édition de l'oeuvre de Stora parue en 1999 : « Transfert d'une mémoire » et remise au goût du jour à la lumière des événements récents qui ont plongé la France dans un profond désarroi voire même un rejet de l'autre. Lecture plus intéressante selon moi, cette deuxième partie nous fait réfléchir et comprendre les mémoires du Sud et les impacts du colonialisme sur notre environnement politique et social. Centré sur la montée du FN et les souvenirs d'un passé qui hante les nouvelles générations, l'auteur nous livre une réflexion riche et détaillée ponctuée de citations pertinentes et d'extraits de bouquins traitant du sujet.

En définitif, on appréciera que moyennement la première partie de ce double ouvrage car sans grand intérêt historique ou philosophique. A l'inverse, on découvre une seconde partie plus dense qui pourra plaire à des non-initiés, n'ayant pas encore lu d'ouvrages traitant de la Guerre d'Algérie.
Lien : http://www.chroniquesdurenar..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L’ennui… ce sont les indigènes qu’il a fallu écraser, soumettre puis protéger et éduquer… La guerre d’Algérie est cette guerre historique particulière renouant avec le passé des guerres de conquête coloniales, moment de rattachement d’un Sud à la France métropolitaine.
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Depuis 1948, l'Algérie avait une :
législation ni française (parce que menaçant sa suprématie à terme, par stricte application des principes républicains), ni algérienne (puisque risquant de provoquer un « ressourcement » dangereux).
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Vidéo de Benjamin Stora
Quelles cicatrices a laissé la colonisation française ? Que doit faire la France pour guérir ces maux ? Doit-elle s'excuser ?
Cet échange comprend Pascal Blanchard, historien, spécialiste du « fait colonial » et des immigrations, chercheur-associé au CRHIM et co-directeur du Groupe de recherche Achac sur les représentations, les discours et les imaginaires coloniaux et postcoloniaux, et Benjamin Stora, docteur en Histoire et en Sociologie, ancien Président du Musée national de l'histoire de l'immigration.
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0:00 Pourquoi parle-t-on encore de la colonisation ? 4:50 La responsabilité de la République 11:05 Les responsabilités individuelles 14:05 La reconnaissance par l'Etat des crimes 17:50 L'Indochine VS l'Algérie 23:12 Les autres puissances coloniales 26:48 La mémoire en tant qu'instrument diplomatique 37:35 La Françafrique 39:00 La repentance en tant qu'instrument politique
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