Encore un livre avec une histoire à part, j’en ai lu beaucoup sur le féministe, je n’ai jamais été un homme dans le clivage entre les deux sexes, je n’aurai pas eu la présence d’esprit première de le choisir, je ne connais pas du tout Benoîte Groult, et le titre Ainsi soit-elle, me semble être un lien avec la forme religieuse Ainsi soit-il, rien d’aller dans le sens commun d’aller vers lui, mais les rencontres vous amène toujours des situations nouvelles comme vers lui, je me retrouve avec lui en main avec un plaisir de curiosité et de découverte, je vais comme souvent me renseigner sur cette auteure, afin d’avoir une idée globale sur ce livre et sa destinée, mettre aussi celui-ci dans le contexte de son écriture et de surcroit de savoir sa pertinence actuelle, Benoîte Groult dans une préambule place Ainsi soit-elle au XXIe siècle de ce titre. Ce livre était une nécessité pour Benoîte Groult dans cette décennie des années 70, comme elle le dit avec ironie, n’ayant pas d’eczéma, elle devait écrire Benoîte Groult se promenait sur l’autoroute de l’avenir, avec ces panneaux si asservissant…. Même si le livre traite de la femme au fil des époques, ou plutôt de son esclavage, j’ai trouvé fortement à propos sa pensée sur la métamorphose sociétale, qui était judicieuse, mais allons découvrir l’histoire de la femme au fil des siècles.
Je digère cette lecture, depuis deux jours, en gestation dans mon corps, puis en délibération dans mon esprit, je me demande comment je vais pouvoir exprimer un avis sur Ainsi soit-elle, sur le listing affligent des tortures morales et physiques de la femme au cours des siècles, structuré dans différents chapitres, Benoîte Groult dépoussière la condition féminine à la faveur de sa propre condition, cette femme avoue ses faiblesses, et son regard sur son mari reste lucide et amusant. « Quant à l'homme qui occupe depuis vingt-cinq ans auprès de moi le poste délicat de mari féministe, race extrêmement peu répandue et dont les contrefaçons sont innombrables. »
Ce noble passage sur la personne qui accompagnera sa vie, est cette vérité, celle brulant son livre, quelque fois abrupte par cette férocité des hommes à rendre la femme esclave de leur orgueil de domination, tout le long du livre, la femme devient en quelque sorte comme la population noire, mise en esclavage. « Les femmes ont fini par se croire faites pour leurs chaînes et sont devenues antiféministes comme tant d'esclaves du Sud furent esclavagistes et combattirent aux côtés de leurs maîtres contre leur propre libération lors de la guerre de Sécession. » Cette comparaison est forte, elle est même encore plus puissante et violente lorsqu’elle met en balance, les femmes, les noirs et les pauvres, cette trinité de tout temps persécutée, et que seules les femmes n’ont pas réussi leurs combats à l’époque du livre, 1975, mais l’ont-elles accomplies de nos jours, en cette année 2021 qui débute ! « Les Noirs ont obtenu l'indépendance. Les prolétaires se sont unis. Les femmes seulement demeurent soumises et désunies, handicapées par le lien très spécial et souvent délicieux qui les unit à leurs oppresseurs.» Dans le tumulte chaotique de la vie des femmes que nous propose Benoîte Groult, dans ce milieu austère masculin qui peuple notre terre avec toutes ces cultures, ces religions, la psychanalyse Freudienne, la littérature, la politique, l’éducation, la culture et toutes les choses que j’oublie, la femme devrait être une espèce en voie d’extinction, j’ai ,au cours de ma lecture, eu presque un écœurement de cet étalage inhumain de la condition féminine, j’ai même cette honte qui m’habite de cet avilissement masculin face à la gent féminine, cette domination animale de pouvoir, comme dans ce roman Le règne animal, mais c’est une autre histoire. Benoîte Groult est une femme admirable dans cette démarche, avec une recherche approfondie sur les femmes au fil de l’histoire, j’ai beaucoup apprécié cette culture, mais je me suis perdu dans cette lecture, non pas par le sujet mais par les références multiples, un puits sans fond, comme si j’avais fait un déni, ne voulant pas accepter toutes ces immondices subies par ces femmes, mais je suis un homme comme on peut dire, pour aller plus loin, je suis un être humain, comme ces femmes et ces hommes qui ont fait l’histoire de notre planète sont aussi des êtres humains, je ne suis pas coupable de ce Freud, misogyne, de Napoléon avec son code civil exclusivement masculin, de Saint Augustin rabaissant les femmes, des Nietzsche, Proudhon, Lamennais, sur leurs propos dégradant sur les femmes et je ne peux pas faire comme Benoîte Groult tous les citer, nous croulerons sur ces hommes de mauvaises augures face à leurs réflexions rabaissantes….
Lorsque Simone Weil se bat pour l’avortement, ce droit légitime de la femme de pouvoir disposer de son corps, dans l’hémicycle la sauvagerie masculine parade sa grossièreté abjecte face à la liberté de cet avortement par des interventions que Benoîte Groult nous faut part, certains députés le comparé à la propagande nazi et au four crématoires, puis par des liens nationaux, comme ce conseil atroce : « Faites-nous des enfants pour la défense nationale. », la peur que la femme soit seul décideuse de la procréation, mettant l’homme de côté, cette fuite de pouvoir de l’homme , comme le souligne un Médecin réformateur, mais certains hommes ont cette bienveillance de dire cette vérité que peu d’hommes ne peuvent entendre : « En ce qui concerne le respect de la vie, les femmes n'ont certainement pas de leçon à recevoir de nous », Benoîte ironise sur la fonction de ces hommes en disant « nous ne devrions plus élire si nous avions le sens de notre honneur », les nommant aussi et se moque l’un d’eux pour son âge d’un autre sur sa réflexion stupide, d’avorter après quatre enfants, pourquoi pas en fonction des varices, s’insurge notre auteure, et ce sujet de la sexualité féminine et de son organe du plaisir , le clitoris tant de fois ignoré par l’homme….
Cette partie sur l’excision des filles fut très rude à lire, la barbarie masculine est souvent si imaginative dans l’horreur, sachant qu’elle s’exprime sur des êtres humains, ayant eu le malheur de naitre filles, je ne vais pas approfondir le sujet que Benoîte Groult sait si bien décrire sans édulcorant, comme ce dure passage relaté par Alain de Benoist sur les filles de Djibouti, et les autres comme le Dr Zwang avec cette affirmation « La clitoridectomie, c'est la santé. » et tant d’autres aussi répugnant, je finirais par la prose de Benoîte Groult. «Mais toutes les complications, ratages opératoires, fistules lors des accouchements faisant communiquer le vagin avec le rectum ou l'urètre, sans parler bien sûr de la frigidité totale pour 95 % des mutilées, ne pèsent rien en face du but recherché : extirper à la base le désir féminin et interdire à la femme de disposer de son corps. On a mal au c..., n'est-ce pas, quand on lit ça? On a mal à ses caractéristiques féminines, on a mal au cœur de soi-même, on a mal à sa dignité humaine, on a mal pour toutes ces femmes qui nous ressemblent et qui sont niées, esquintées, détruites dans leur vérité. Et on a mal aussi pour tous ces imbéciles d'hommes qui croient indispensable d'être supérieurs en tout et qui ont choisi pour cela la solution la plus facile et la plus dégradante pour tous les deux : rabaisser l'autre . » Le passage est long, il est à lui seul ce cri de cette auteure face à la barbarie de l’homme contre le plaisir de la femme et cette torture de cette clitoridectomie (castration féminine). La différence c’est que cette femme restera la créatrice de vie, le berceau de l’humanité par l’enfantement que l’homme ne pourra jamais faire, Freud trouva une parade à ce miracle de la vie, engendrée par les femmes.
Pour finir avec la richesse de ce livre, je citerai cette citation de l’auteure et de Isabelle Alonso dans Tous les hommes sont égaux, même les femmes, aux éditions R. Laffont : « Les hommes sont « des analphabètes du féminisme », on le sait. Mais les femmes le sont à peine moins, ce qui est beaucoup plus inquiétant. » Comme Albert Camus disait de l’homme qu’il se révolte, Benoîte Groult demande aux femmes de crier, ce cri du nouveau-né, celui de l’espoir.
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