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Critiques de Benoîte Groult (306)
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La Part des choses

C'est avec plaisir que j'ai retrouvé Benoîte Groult dans ce roman de 1972.

Le début de ce roman m'a semblé fastidieux, dû sans doute à l'écriture bien spéciale de B.Groult :des phrases longues,très bien construites,une vraie recherche dans la syntaxe et le vocabulaire,puis petit à petit,je suis "entree" dans ce roman très psychologique, en fait.

Neuf personnages ,pour diverses raisons vont embarquer sur un yacht de luxe et faire le tour du monde.Quatre couples et un garçon de vingt ans vont être disséquėspar l'auteur,dans la description de certain comportement face à des situations bien précises.Un regard sans concession sur son couple ,malgré le luxe qui les entoure certaines vérités ne sont pas toujours bonnes à dire.J'ai beaucoup aimé l'analyse subtile de B.Groult,même si le début à été pour moi laborieux. Ce roman se lit calmement et le temps qui nous sépare de ce livre(1972),l'analyse faite par l'auteur sur les générations (lorsqu'elle parle du rôle de la femme et de ses filles)est vraiment d'actualité et c'est ce qui m'a "scotchée ",et j'aurai presque tendance à dire que nous avons régressé, mais ce constat n'engage que moi!

C'était une "sacrée visionnaire" cette Benoîte Groult !!

Pour les amoureux de la "belle ecriture" à recommander.⭐⭐⭐⭐
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La Touche étoile

Constat désabusé, dépité et cynique d'une femme (Alice militante féministe qui pioche largement ses idées dans celles de son auteur) en fin de vie qui a été et qui n'est plus (physiquement j'entends) parce que la virulence est très vivace.

Là où j'attendais un roman, restent des bribes romancées de plusieurs couples de différentes générations qui se croisent, des citations (excellentes) lors de leurs joutes intellectuelles (liberté du couple selon les préceptes Sartre-Beauvoir, condition des femmes, comparaison des pratiques abortives de l'époque de la mère à celle de la fille,contraception,travail,égalité des sexes) et une évocation des rapports au sein d'une famille(couple,soeurs,frère et soeur, rapports filaux...).

Alice et Adrien, désenchantés entre prothèses tout azimuts.

Marion (fille des précédents) et Maurice, agrémentés par Brian l'amant irlandais de Marion (petit plus:brêve visite irlandaise) que Moïra (la destinée) met "en présence au bon moment". C'est d'ailleurs Moïra qu'appellera Alice (à présent initiée à "Belzébuth l'ordinateur) lorsqu'elle voudra en finir en appuyant sur La touche étoile (d'où le titre).

Hélène (soeur cadette d'Alice) plus soumise à son Victor.

Trois couples et demi pour quatre visions différentes des couples:Interessant!

Bon là il me faut un remontant car vieillir n'est pas de tout repos!
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Journal amoureux

A la lecture de ce livre, on constate que Benoîte Groult est venue assez tardivement à la littérature. Paul Guimard a cru en elle, et le dessein ici est de lui mettre l'eau à la bouche. A part ça, je n'ai pas trop compris la manoeuvre (en eau douce). Un Journal à quatre mains avec sa soeur Flora Groult, . Ils écrivent au lit sur ce que leur inspire la journée basée sur l'état de leur relation, l'un à part l'autre, d'abord sans lire le travail de l'autre, mais il semble que c'est bien plus amusant quand l'un subrepticement lit le travail de l'autre..



Personnellement pour moi, le maître c'est Paul Guimard, il a un beau style et signe de magnifiques feuilles au milieu du livre. Il agrémente ses textes de poésie. La troisième personne qui entend prendre sa part du gâteau, Blandine de Caunes qui n'est autre que la fille de Benoîte Groult, signe la préface assez abondante voulant ainsi marquer qu'elle existe et profiter de l'ombre des deux écrivains pour y mettre sa patte personnelle. C'est elle qui a réuni ces textes aux fins de publication. Il manque d'ailleurs des feuilles, des fois 15 jours se passent sans que les deux protagonistes ne produisent de textes. Doit-on appeler cela Journal, je suis perplexe. Ce sont des exercices amoureux ! .;



L'ouvrage est cela dit intéressant si l'on est intéressé par le défrichage permanent de leur jardin de Valmondois, contrée de Duhamel, de Daumier.. C'est Benoîte qui s'y coltine et qui s'en plaint, lui il fait plutôt le pacha.. Si on n'est pas de cette partie, il est intéressant de voir comment se comportait cette gauche intellectuelle des années cinquante qui se relevait de de la guerre avec une relative morgue. Sous des faux airs de liberté reconquise, je trouve qu'on était assez dans le quand dira t'on malgré tout . Le puritanisme en prenait plein son grade, il semble qu'un nouvel ordre idéologique prenait place, plus d'ailleurs chez Benoîte Groult qui va devenir la grande féministe que l'on sait..
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Mon évasion

je viens de terminer cette autobiographie, parue en 2008 Le talent de Benoite Groult n'est plus à démontrer, après "Ainsi soit-elle", cet essai est indispensable , d'une lecture claire, drôle et bien documentée , je le recommande à tout lecteurs et lectrices intéressés par le féminisme, parsemé d'un humour ravageur.. un plaisir !!!!!
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La Touche étoile

Une sacrée "bonne femme" cette Benoīte Groult!!

Avant-gardiste et féministe avant l'heure,son petit roman est vraiment d'actualité à l'heure où l'on parle beaucoup de discrimination entre l'homme et la femme;peut-être aurait-elle "hurler de rire "en apprenant qu'à présent ce n'est plus Don José qui tue Carmen,mais l'inverse Carmen qui tue Don José pour sauver son honneur de femme!quel gâchis!

J'ai dévoré ce petit roman sur les affres du temps et l'approche de la vieillesse ,un regard et une analyse sans concession mais que cela fait du bien de lire de temps en temps un livre de cette "trempe",un élixir, un bain de jouvence,malgré le sujet traité. 🌟🌟🌟🌟🌟
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Les trois quarts du temps

Fille d'Hermine et d'Adrien, mais aussi un peu de Lou, Louise Morvan grandit dans l'ombre de deux mères fantasques et d'un père effacé. Adolescente complexée, rêvant de faire médecine, elle côtoie la bande des Infâmes avant de tomber éperdument amoureuse de Jean-Marie, qu'elle épouse. Veuve à moins de trente ans, elle rencontre un bel Américain au lendemain de la Libération mais épouse le très sérieux et égoïste Arnaud Castéjà. Il naît de cette union trois filles, aux personnalités bien différentes. Sa carrière évoluant au fil du temps, Louise débute comme secrétaire, puis devient journaliste et enfin écrivain. Mais quel regard porter sur elle-même aux trois quarts du chemin, à la soixantaine ?



Ce bilan d'une vie, qui démarre en 1913 (la nuit de noce d'Hermine) et s'achève dans les années 70, est forcément l'oeuvre d'une grande dame. Benoîte Groult, dont j'admire le travail et la personnalité depuis quelques années déjà, est une de nos plus illustres féministes. Auteure du très célèbre Ainsi soit-elle, son courage à rappeler sans relâche le combat mené par les femmes pour la conquête de leur droit, comme celui inaliénable de disposer de leur corps, me touche profondément. Tout comme sa défense répétée et sans conditions de l'avortement. Aussi me suis-je plongée avec bonheur dans ce roman. Une semaine à vivre aux côtés de Louise, cette héroïne si humaine, si Femme, m'a vraiment enchantée. Car l'auteure est une exploratrice de l'âme humaine à la vision tellement précise et juste que cela en devient presque troublant. Il y a des passages entiers où l'on se reconnait, où l'on aperçoit l'ombre d'un homme aimé (le salaud, le flippé de l'engagement, l'obsédé du paraître, l'amant bienveillant...). Les émotions qui traversent Louise sont celles que toutes les femmes ressentent un jour ; l'amour, le désir, la jalousie, le deuil... Elle traite de la difficulté de s'accomplir en tant que femme ; à la fois comme épouse, amante, mère mais aussi salariée. Elle évoque le machisme de la société (qui n'a pas évolué autant qu'on aimerait nous le faire croire...), les rapports hommes/femmes, l'avortement, la pilule, la sexualité (même des séniors !).



En écrivant la vie de son héroïne, Benoîte Groult nous parle des évolutions de la société, des combats qui ont été menés hier, qui seront à mener demain. Son écriture d'ailleurs, parlons-en ! Un vrai régal ! La langue est soutenue, expressive, foisonnante. Féminine ? Sûrement. J'ai refermé ce roman la tête pleine de questions. Sur le bonheur, l'accomplissement de soi, de ses rêves. Sur l'amour, sur le couple. Peut-être qu'une réponse est à chercher du côté de Louise : "Le bonheur, ce n'est peut-être pas la réussite, se disait Louise en nageant, suspendue sans poids dans l'eau transparente et se laissant pénétrer par la beauté calme de cet océan, de ce ciel ardent, de la côte où les champs pas encore moissonnés blondissaient au soleil. Ce n'est pas forcément l'amour fou, totalement partagé. C'est plutôt un amour indistinct pour la vie toute entière. C'est de s'accorder au monde, de ne pas rompre l'harmonie d'un paysage." . Je vous laisse faire sa connaissance...



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Ainsi soit-elle

Ce livre date de 1975. Avant ma naissance.

On a, par le truchement et l'écriture de Benoîte Groult, une analyse, une réflexion historique, biologique, sociale, psychologique, que sais-je encore, absolument sans faille.

Ce féminisme est juste un cri de vie, et d'évidences qu'on a trop cherché à (se) cacher... Comment ne pas savourer chaque ligne, tout en trouvant désastreuses ces histoires si douloureuses pour la moitié de l'humanité, et une autre aveugle qui ne se rend pas compte que ce faisant elle se tire une balle dans le pied, et dans le coeur. Depuis si longtemps.

Oui, Freud c'est et son envie de pénis est ridicule et a fait des dégâts, la tristesse et le désarroi de ne pas avoir la possibilité de donner la vie (pour les garçons) est certainement plus fécond comme idée... C'est quelque chose que je ressens depuis toujours.

Sinon chaque mot est bien dit, bien placé, tout est bien, tout est bon, cette lecture devrait faire partie des indispensables. En tout cas, j'aurais sans doute adoré qu'on me l'apporte dans les mains beaucoup plus tôt.

(Tout est bien, oui, même quand elle "critique" Henry Miller, un de mes chouchous, elle est juste, elle a raison. Ce qu'elle dit est "vrai", c'est une littérature plutôt triste, au fond. Un érotisme triste. Parce que coupant.)



Comme pour King Kong Théorie de Despentes, ce Ainsi soit-elle de Groult est juste un magnifique exemple de ce que l'Humanité a à gagner en donnant toute sa place à chacun, et à tous ceux qu'on a beaucoup trop longtemps empêché de s'exprimer.

Merci pour nous tous.
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Mon évasion

Quel plaisir d'entendre Benoîte Groult (1920 - 2016) lire la préface de son autobiographie Mon évasion, et répondre aux questions de Josiane Savino sur son roman érotique, Les vaisseaux du coeur, écrit alors qu'elle avait plus de 60 ans.



A quatre-vingt-huit ans, Benoîte Groult raconte sa vie, qui - selon elle - a seulement commencé à cinquante ans, en 1970, avec sa rencontre avec le MLF (Mouvement de Libération des Femmes) et sa prise de conscience féministe. Benoîte Groult analyse comment et pourquoi elle n’a jamais été une militante de première ligne ni une féministe radicale, ni même une figure féministe de premier plan. Néanmoins, c’est elle qui, la première, a parlé de l’excision encore largement pratiqué dans le monde et sortie des oubliettes de l’Histoire des féministes comme Olympe de Gouge.



Lorsque ma bibliothèque a dû faire de la place sur ses rayons après la longue fermeture de 2020-21, beaucoup livres de Christiane Collange, Flora et Benoîte Groult ont été mis à la disposition des lecteurs. Je me suis aperçue que je n’avais lu aucun de ses romans. A lire cet été, avant de transmettre les livres à d’autres bibliothèques, en espérant que ces livres ne restent pas sur les rayons.

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Ainsi soit-elle

J'ai beaucoup aimé cet essai datant de 1977 et pourtant toujours d'actualité par certains aspects. Aujourd'hui on pourrait penser que l'égalité entre les hommes et les femmes est atteinte... dans les faits ce n'est pas vraiment le cas. Les femmes sont sous représentées, souvent leur parole est dévalorisée. On oublie que l'on a du se battre pour avoir des droits, et que ceux-ci restent incertains, tel le droit à l'IVG régulièrement remis en cause.

Heureusement nous pouvons observer un réel changement, de plus en plus de femmes prennent la parole, les moeurs évoluent, lentement certes.

Toutefois, le chemin reste encore long, semé d'embuches... Mais ensemble nous devons y arriver.
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Journal d'Irlande : Carnets de pêche et d'amour

Voilà une belle lecture, pour moi qui ne connaissais Benoite Groult que de nom mais n'avais jamais rien lu.

C'est un journal, donc il faut s'attendre à ce que l'auteur de ce journal évoque ses passions, ses pensées les plus intimes, ses tracas, ses projets..Je comprends les lecteurs qui ont pu s'ennuyer lors des longs passages relatifs à la pêche, passion de Benoite Groult, pour autant, il me semble important de garder à l'esprit que comme tout journal, il est question de vie, de quotidien, d'intimité.

Pour ma part, cette lecture m'a touchée, d'abord parce que j'y ai découvert une femme atypique, qui ose penser et exprimer ses passions, ses amours, sa pensée féministe.

Mais une pensée fine, un féminisme intelligent qui n'a pas pour but d'accabler la gente masculine avec agressivité et vengeance! Car elle mène une vie hors des senties battus, entre un mari, intellectuel engagé politiquement, et un amant américain, qui suscite chez elle la passion physique et le mélange des corps. Oui, Benoite Groult aime faire l'amour, aime les caresses, le toucher, le sexe avec cet homme qui ne ressemble en rien à son Paul, mais qui pourtant lui donne une forme de jeunesse.

En 1977 Benoite et Paul achète un terrain en Irlande et font construire une maison.

Ce journal retrace 20 étés (un peu plus même) passés dans cette maison, à recevoir d'autres personnalités plus ou moins connus, un milieu intellectuel, qu'elle décrit sans concession, avec ce qu'elle en ressent d'agacement et de joie. Benoite porte un regard dur sur son mari et ce qu'il devient avec le temps. On pourrait lui en vouloir d'être aussi intransigeante mais il se trouve qu'elle est toute aussi incisive avec elle même et ses propres travers, et c'est là que l'on se dit "punaise, quelle femme exceptionnelle!"

Et puis ce livre est bouleversant parce qu'il se déroule sur une vingtaine d'années et que l'on perçoit la vieillesse qui fait son oeuvre, les amis qui meurent peu à peu autour d'elle (elle a vécu jusqu'à l'âge de 96 ans!) et ce livre se termine lorsqu'elle a 83 ans environ..

Benoite est une force de la nature, et il le faut pour vivre ces étés en Irlande, dont la côte ouest où se situe sa maison, est balayée par les vents, la bruine, le "drizzle", le soleil jouant à cache cache, la brume se manifestant quand on ne l'attend pas.

Ce journal nous emmène dans cette météo terrible, avec une humidité implacable, mais Benoite pêche, chaque jour, elle ramène sa pêche et cuisine.

Benoite Groult sait tout faire, et là, elle n'aide pas les femmes (!) elle cuisine, elle bricole, elle prend soin d'elle et de son intérieur même si au fil du temps elle adopte les gros pulls difformes!

Ce livre est un carnet des jours qui s'écoulent et de la vieillesse qui s'insinue toujours un peu plus, c'en est bouleversant, moi j'ai été très touché par ce témoignage moderne d'une femme engagée qui nous raconte le temps qui passe sur la vie, les souvenirs, les proches et les gens qu'on aime.
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Les Vaisseaux du coeur

Un beau roman d'amour, surtout très bien écrit, avec le style en prime.

Benoîte Groult appelle un chat un chat. Son récit ne s'arrête pas au-dessus de la ceinture : elle parle d'amour, de plaisir, de sexe et elle en parle bien. Elle fait partie de ces romancières pionnières en littérature qui ont libéré la parole des femmes, qui se sont autorisées à parler de sexualité.

Beau roman, émouvant, sans vernis ni à l'eau de rose. L'histoire d'un amour improbable entre une femme de lettres et un marin pêcheur, amour irrépressible et décousu qui se poursuivra à travers les décennies jusqu'à ce que la mort les sépare.

Cette histoire subversive peut choquer la bien-pensance. L'amour n'est pas une chose simple!
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Les Vaisseaux du coeur

L'amour dure toute la vie ? George nous prouve que "oui" par son amour indéfectible pour Gauvin qu'elle a dans la peau à toutes les périodes de sa vie. Il peuvent ne pas se voir pendant 10 ans, vivre leurs vies chacun de leur côté et tout repart comme au 1 er jour, sensuellement, sexuellement aussi. Une intellectuelle parisienne et un marin breton. Une superbe histoire d'amour.
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Ainsi soit-elle

Après avoir récemment brossé le portrait de Joséphine BAKER et Olympe de GOUGES au gré de leurs biographies rédigées et illustrées par CATEL et BOCQUET, et parce qu'il convient de célébrer dignement la journée internationale en faveur des droits des femmes, j'ai choisi le 8 mars 2017 de vous parler d'une grande Dame du féminisme : Benoîte GROULT.



Elle s'est éteinte l'année dernière à l'âge de 96 ans.



Depuis, ma fille m'a confié "Ainsi soit-elle" en m'invitant avec insistance à le lire (comme c'est bon de se faire conseiller de pareille manière, peut-être une affaire d'éducation !). Je m'étais promise de lire cet essai en mars, c'est chose faite, et je vous invite, vous aussi, à vous y plonger.



D'abord, il faut savoir que Benoîte GROULT avait beaucoup d'humour. J'ai ri à la lecture de cet essai qui donne à voir une femme de personnalité capable d'user de la dérision dans le propos, histoire de répondre aux hommes avec tact et finesse. C'était certainement là une de ses très grandes forces. J'ai beaucoup aimé sa réponse à Freud qui parle "d'insuffisance génitale" lorsqu'il évoque les femmes :



"Parler d'insuffisance génitale à propos d'un être qui possède deux organes de plaisir sexuel, plus un appareil reproducteur, me paraît, soit dit en passant, d'une suffisance..." P. 132



Ensuite, parce que Benoîte GROULT avait cette capacité à nous faire déculpabiliser d'être femme, faisant sauter ainsi tous les verrous culturels et psychologiques. Il suffit de suivre les actualités pour se convaincre de la fragilité de la condition féminine encore aujourd'hui, au XXIème siècle. Se remémorer cette sage philosophie devient juste une évidence :



"Il faut enfin guérir d'être femme. Non pas d'être née femme, mais d'avoir été élevée femme dans un univers d'hommes, d'avoir vécu chaque étape et chaque acte de notre vie avec les yeux des hommes, selon les critères des hommes." P. 34



Mais aussi, parce que Benoîte GROULT respectait ses adversaires, les hommes. Alors même qu'elle relate des propos odieux tenus par certains d'entre eux traitant les femmes tantôt de singes (Stephen HECQUET en 1960), tantôt de légumes Le Père Lelong en 1972), elle continue de porter un discours avec déférence.



"Il semble que la seule notion de liberté féminine dans quelque domaine que ce soit, ait eu le don de rendre enragés, au point d'oblitérer en eux tout jugement, des hommes qui passent par ailleurs pour extrêmement intelligents." P. 55



Enfin, parce que sa définition du féminisme me parle et qu'elle semble toujours être au goût du jour :



"Car le féminisme ne se résume pas à une revendication de justice, parfois rageuse, ni à telle ou telle manifestation scandaleuse ; c'est aussi la promesse, ou du moins l'espoir, d'un monde différent et qui pourrait être meilleur." P. 73



Cet essai date de 2006, et pourtant il ne semble pas avoir pris une ride, comme Benoîte GROULT qui restera à jamais une grande Femme.
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La Touche étoile

Benoîte Groult est une écrivaine assez âgée que j'ai entendu à la radio et vu à la télé... Elle parle du féminisme et de sa sexualité sans tabou.



La touche étoile est un beau roman qui donne parole à la vieillesse... Cette vieillesse qui comme pour elle me fait peur...

Peur d'être seule, déconnectée, dans la souffrance. C'est écrit de belle manière avec aussi de la malice et de l'insolence.



J'aime ces quelques phrases à la fin qui expliquent le titre du livre "la touche étoile".

Un livre vraiment émouvant.
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Les Vaisseaux du coeur

Un livre qui m'a énormément touchée quand je l'ai lu, il y a bien longtemps.

A relire pour savoir si l'un de nous deux a plus vieilli que l'autre ou si nous sommes toujours à l'unisson.
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La Touche étoile

Ce roman est une réflexion sur la vieillesse.

Alice nous fait partager ses questions, ses doutes, ses combats, ses refus. Avec humour et lucidité. Son monde a changé, évolué. Ses combats (le féminisme entre autres) n'intéressent plus personne. Elle lutte pour continuer d'exister dans ce monde qu'elle ne comprend plus, qui la met au rebus. Et qu'elle a pourtant construit.

Les femmes d'aujourd'hui ont oublié les luttes de leurs aînées. Oublient que les droits qu'elles ont reçus en cadeau de naissance sont encore fragiles.

Benoîte Groult ne cesse pas son combat de féministe dans ce roman. En prenant un peu de recul sur son combat, elle lui donne, à mon avis, encore plus de force.

Et elle mène un nouveau de combat. Après avoir revendiqué le droit de choisir sa vie elle demande celui de choisir sa mort. Dignement.



Mais qu'est-ce que la "touche étoile"? Je vous laisse le plaisir de le découvrir.
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Ainsi soit-elle

Sorti en 1977, Benoîte Groult évoque dans ce témoignage féministe la place de la femme dans nos sociétés contemporaines en pleine mutation ainsi que l'éducation genrée qui a, aujourd'hui encore, du mal à évoluer.



Vous pensez sans doute que cet ouvrage est daté et que beaucoup de choses ne sont plus d'actualités. Détrompez-vous, Ainsi soit-elle est un essai féministe complet, qui vous apprendra beaucoup sur l'histoire de la femme à travers les siècles. Même lorsque l'autrice parle de la notion de mariage, vous pouvez tout à fait remplacer ce mot par celui de ''couple'' et vous obtiendrez ce que nous nous appelons aujourd'hui la ''charge mentale''. Elle revient également sur la force de l'image et de la publicité, les clichés véhiculés sur ce que doivent être nos loisirs et nos passions, bien évidemment tous en rapport avec les taches ménagères et notre physique.



Ainsi soit-elle est écrit avec force et détermination, franchise et arguments à l’appui. Un ouvrage qu'il est important de lire, encore aujourd'hui pour comprendre qu'il reste beaucoup à faire et que les inégalités n'ont pas autant diminuées depuis ces quelques décennies. Un livre qu'il est de bon ton de faire lire aux hommes également...



Sur le même thème, sortis plus récemment, vous pouvez également lire Sorcières de Mona Chollet plus historique ou Libérées ! Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale de Titiou Lecoq sur la charge mentale.
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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Les Vaisseaux du coeur

Chère lectrice, cher lecteur,



Depuis plusieurs années, je me pose des questions par rapport à mes choix de romans préférés. Qu’est-ce qui fait en sorte qu’un roman me plait plus qu’un autre? Pourquoi l’histoire présentée dans Les Vaisseaux du cœur de Benoîte Groulx me bouleverse-t-elle? Je crois que tout simplement, la narratrice, dans ce récit, a réussi à parler avec intelligence à mon cœur, d’amour, de sensualité, d’affirmation de soi, de complicité. Mais encore, pour réussir à dialoguer avec un cœur, qu’est-ce que l’écrivain ou l’écrivaine doit faire? Le processus de lecture est un acte assez complexe. Lors de mes études au cycle supérieur, j’ai analysé l’effet-personnage adolescent à partir de la théorie présentée par Vincent Jouve dans son essai L’effet-personnage dans le roman. En passant, je n’aurais jamais pensé que j’allais à nouveau consulter cet ouvrage ou encore que j’allais le citer. Ce dernier mentionne dans sa partie concernant «le personnage comme prétexte» :





“Pour cette dernière instance, le personnage n’est ni une marionnette, ni une personne, mais un support permettant de vivre imaginairement les désirs barrés par la vie sociale. Si le personnage peut ainsi apparaître comme médiateur entre l’imaginaire et l’auteur et les attentes du lecteur, c’est qu’il existe des invariants fantasmatiques préexistants à l’acte de lecture. Il est légitime de penser que les mécanismes psychiques à l’œuvre dans la création ne sont pas sensiblement différents de ceux qui déterminent la réception : créée pour combler le désir de l’artiste, l’œuvre comble également notre propre désir. (p. 150)”



Dans ce roman, je peux, grâce au personnage de George «vivre imaginairement les désirs barrés par la vie sociale». Je crois également que je m’associe beaucoup à elle car c’est une passionnée, elle possède une force de caractère, elle apparaît indépendante, elle est intelligente, elle a une bonne culture et elle a fait des choix en fonction de sa carrière. En plus, ce récit est autobiographique; il impose donc un rapport privilégié entre l’auteur/le narrateur/ le lecteur. Ainsi, il comble un besoin entre les parties. Besoin pour l’écrivaine d’immortaliser une passion hors du commun et besoin pour le lecteur de vivre par procuration cette dernière afin de combler, peut-être, un vide émotionnel. D’ailleurs, Gauvain demandera à George d’écrire leur histoire. Mais encore, au début du récit, la narratrice me fait participer à ce dernier en m’octroyant le rôle de témoin. À la première phrase, elle pose la question suivante et me rend complice de son adultère et de son histoire : « D’abord, comment vais-je l’appeler pour que sa femme ne sache jamais?» et de poursuivre :





“Il serait flatteur et plus facile pour expliquer cet amour d’évoquer une complicité d’idées ou de cultures, une amitié d’enfance, un talent rare chez l’un d’eux, une émouvante infirmité…, mais il faut bien reconnaître la vérité toute nue : ces deux-là étaient faits pour s’ignorer, voire se mépriser, et seul le langage inarticulé de l’amour leur a permis de communiquer […]. (p.14).”



En ce sens, la narratrice, George, intellectuelle parisienne, et Gauvain, marin breton, vont vivre une histoire marquée par le sceau de la chair, mais qui, au fil du temps, va se transformer en amour. Ces deux êtres que tout oppose (classes sociales, études, intérêts) vont s’aimer durant plus de trente ans loin l’un de l’autre, en volant des jours ici et là à la vie. Ils vont réussir à se retrouver un peu partout aux quatre coins de la planète pour donner libre cours à leurs sentiments, à leur passion. Par ailleurs, ma pulsion de voyeurisme est doublement sollicitée. Ainsi, l’objet de voyeurisme se retrouve dans les scènes érotiques décrites par la narratrice dans des chambres et par le fait que cette relation semble interdite (convention, état matrimonial, etc.). Le premier chapitre débute ainsi :





“J’avais dix-huit ans quand Gauvain m’est entré dans le cœur pour la vie, sans que nous ne le sachions, ni lui, ni moi. Oui, cela a commencé par le cœur ou ce que je prenais pour le cœur à cette époque et qui n’était encore que la peau. (p. 19).”



Dans ce voyage de la vie, les deux protagonistes empruntent différents chemins, pour en arriver à l’amour. La narratrice, dès le premier chapitre, présente sa relation avec Gauvain comme étant mythique :





“Quels mots d’ailleurs auraient pu rendre compte du sentiment qui nous envahissait et qui était, à l’évidence, totalement incongru et absurde? Le sentiment que nos corps et que nos âmes- car ce n’était pas nos cerveaux- aspiraient à se joindre, sans souci de tout ce qui pouvait nous séparer en ce bas monde. (p. 27).”



Elle fait référence bien sûr à Platon et au concept de l’âme sœur. Comment ne pas être séduite? Deux âmes sœurs si différentes… qui se retrouvent, qui se perdent…Car Gauvain propose au tout début de l’histoire le mariage à George et il lui dit qu’il est prêt à suivre des cours, à rompre ses fiançailles et à l’épouser. Cette dernière refuse car elle a trop de préjugés et elle ne souhaite pas qu’il fasse partie de son cercle social. Elle ne se voit pas vivre à ses côtés. Elle dira :





“Je ressentis un frisson de délaissement et maudis notre incapacité à vivre selon nos cœurs, la mienne sûrement, celle de Gauvain, qu’il aurait découverte plus tard. (p. 59)”



George choisit alors d’écouter sa raison. Ensuite, les deux vont se marier à d’autres et avoir des enfants. Toutefois, George divorcera de son époux. Ils se revoient treize ans plus tard, par hasard, à Dakar. Ils retrouvent le langage du corps et du cœur. Ils passeront par la suite un séjour aux Seychelles :





“Il était une fois dans un archipel de l’océan Indien, par le plus grand des hasards- ou était-ce la plus impérieuse des nécessités?- un marin et une historienne que rien ne prédisposait à se retrouver ensemble, l’un et l’autre habités par un désir si physique qu’ils n’osaient le nommer amour; l’un et l’autre incrédules devant cette attirance et s’attendant chaque matin à retrouver raison; l’un et l’autre enfin s’interrogeant sur ce qui leur advenait, comme vous ou moi, comme tous ceux qui ont buté un jour sur ce mystère lancinant dont seuls les poètes ont su sonder les profondeurs, sans pour autant supprimer la question. (p. 85)”



Comme vous le remarquerez, dans cet extrait, le lecteur, par conséquent moi, est directement interpellé par l’emploi du vous. Aussi, ils ont dix jours à eux et George lui avoue qu’elle aime son intelligence amoureuse. Ils repartiront après avoir donné libre cours à toute la frénésie sexuelle dont ils sont capables afin de se rassasier l’un de l’autre. Par la suite, ils se donnent des nouvelles par le biais d’appels téléphoniques, de lettres. Ainsi, Gauvain écrit à George à la fin d’une missive de lui garder une place dans son cœur. Gauvain et George se verront en Floride, en France, au Québec. Ils se retrouvent à Montréal, ils ont cinquante ans. Gauvain dira à celle qu’il appelle malgré tout sa femme :





“-C’est pas ma vie qui compte pour moi, c’est toi dans ma vie. Tu le sais. Sans toi, je me fous de ce qui peut arriver. (p. 254)”



George tant qu’à elle lui répondra :





“Tu es vraiment sinoque! Tu crois qu’on reste trente ans à aimer un ‘’type-pas-pour-soi’’? (p. 254).”



Cette histoire me touche depuis deux décennies. Je peux comprendre le fait que Benoîte Groulx ait voulu l’immortaliser. Son écriture s’avère poétique, parfois ironique. Elle écrit bien et grâce à ce récit, elle nous fait vivre par procuration des émotions qui brisent les tabous au nom de l’amour. Les classes sociales sont renversées et la dualité entre le cœur et la raison s’avère une thématique qui vient me chercher… car, j’ai eu à transiger constamment avec cette dernière.



Le titre évoque à lui seul ce voyage à travers les vaisseaux pour aboutir au pays du cœur. À cet égard, c’est en naviguant à travers différents vaisseaux que nos deux protagonistes finiront par réaliser ce que c’est que d’aimer. Mais, en même temps, George perd à tout jamais Gauvain à cause d’un problème cardiaque. Quel paradoxe! Que dire de plus sur ce roman que j’aime tant? Que j’aurais aimé vivre une telle histoire?



Je vous laisse sur ce poème qu’offre George adolescente à Gauvain après avoir passé une soirée avec lui :





“Très purs devant l’océan

Tous deux nous nous sommes assis

Tu étais timide comme un homme-enfant

Qui n’aurait pas lu Gide.

La nuit était douce comme la nuit

Mais moi froide comme la première femme.



Nous sommes restés au bord du temps

Au bord du désir et de la femme en moi

Toi homme et moi jeune fille

Raide et calme

Comme on sait parfois l’être à vingt ans.



Je reviens souvent à Raguenès

Moi qui ai lu Gide

Pour retrouver tes yeux fuyants

Et ta bouche sauvage et tremblante.

Je suis douce aujourd’hui comme la première femme

Mais les nuits sont froides comme la nuit.



Je t’embrasserais si bien ce soir pourtant

Dans le goût du sel sur nos peaux

Toi qui navigues en mer d’Irlande

Dans la violente étreinte des vagues

Bien loin de mes vingt ans

Et de la douce plage où tu me conduisis

Pour pêcher la bête fabuleuse

Qui ne s’est pas montrée.



Et toi?

Viens-tu au rendez-vous parfois

Regretter ce baiser qu’on ne s’est pas donné? (p. 31)”



J’espère avoir réussi à vous faire comprendre mon intérêt pour ce récit. Pour ce faire, j’ai abordé le fait que je peux vivre par procuration une histoire d’amour qui brise les tabous sociaux, j’ai soulevé que ma pulsion de voyeurisme était sollicitée et j’ai mentionné que je suis touchée par la thématique cœur-raison.



Si vous avez envie de plonger dans une mer de sensualité, de briser avec ces deux êtres toutes les conventions et de partir vous aussi à bord de ces vaisseaux du cœur, n’hésitez pas à lire cette histoire où la liberté d’aimer transcende toutes les pages.



Bien à vous,



Madame lit



Références :



GROULX, Benoîte. Les Vaisseaux du cœur, Paris, Bernard Grasset, 1988, 261 p.



JOUVE, Vincent. L’effet-personnage dans le roman, Paris, PUF, 1992, 271 p.


Lien : https://madamelit.wordpress...
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Ainsi soit-elle

Ce livre est véritablement oeuvre d'utilité publique. Sa lecture devrait être imposée à toutes les adolescentes, particulièrement celles issues de milieux où les femmes sont opprimées ou victimes d'une différenciation extrêmes des rôles masculin et féminin. Il dresse l'inventaire implacable de l'oppression des femmes à travers l'histoire et dans toutes les régions du monde. D'aucuns pourraient estimer que ce livre, sorti dans les années soixante-dix, a un peu vieilli. Mais rien n'est moins vrai. Au contraire, à notre époque de relativisme culturel qui voit resurgir des pratiques et risques ataviques invariablement oppresseurs pour les femmes, il importe de rappeler aux jeunes filles pourquoi et pour quoi leurs mères et grand-mères ont lutté et qu'elles risquent bien de perdre à l'aune du nouveau conformisme...
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Ainsi soit-elle

Ce livre est ancien (sauf erreur de ma part il est des années 70), il décrit la condition féminine.

Le plus drôle/triste/inquiétant, c'est qu'en fait rien n'a bien changé... J'ai bien envie de le mettre dans la pile des livres de ma fille de 14 ans !

A lire surtout que le style est enlevé et pas académique, la réflexion est présente et parfois drôle toujours enrichissante !

Merci madame Groult !
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Certains esprits chagrins m'avaient mis en garde, le titre de ce roman disaient-ils constitue le déclenchement d'un compte à rebours dont nous connaissons tous l'issue ...???....

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