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Critiques de Bertrand Leclair (48)
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La villa du jouir

Voici un livre pas comme les autres, ici il est question du désir et du plaisir masculin vu par un personnage à part, un jeune écrivain très vite rebaptisé Adonis. C’est cru, sans fard souvent à la limite du vulgaire mais toujours adaptée à la situation et tellement bien écrit que l’on se laisse prendre au jeu. Bertrand Leclair nous entraîne dans un parcours initiatique d’un jeune homme qui n’hésitera pas à suivre sa queue, son désir pour enfin découvrir au-delà des limites imposées à la virilité masculine la découverte de la jouissance dans toute sa puissance.

Il va suivre sa nouvelle amante Hannah dans sa proposition incongrue d’aller en Grèce dans la Villa du Jouir tenue par une très belle princesse nigériane, une femme mystérieuse pour laquelle Hannah joue le rôle de recruteuse. Il vit une telle symbiose sexuelle avec Hannah qu’il est près à tout pour poursuivre leur aventure même à entendre son engagement particulier auprès de la Princesse. La promesse de l’extase et le fait qu’il est été choisi lui ne peut que flatter sa personne. Dans la Villa du Jouir nous allons vivre un huis clos comme on peut déjà en avoir connu dans ce genre de maisons closes, de bordel ou encore de donjon. Tout tourne autour d’une maîtresse femme La princesse, une dominante, une initiatrice qui fait subir a des mâles consentant son emprise psychologique aussi bien que physique. Adonis va se retrouver parmi 4 autres jeunes hommes sans papiers qui sont maintenus au bon vouloir de la Princesse. Ici il rarement question de tortures, nous ne trouverons pas toute la panoplie de gadgets, pas de pince à sein, de plugs et autres objets censés apporter douleur et plaisir. Non, il y aura bien quelques séances de flagellation mais tout cela reste supportable. C’était intéressant de voir qu’ici, ce sont les femmes qui sont initiatrices et imposent leur désir et cela nous change des schémas trop souvent explorés de l’homme tout puissant. Marc/Adonis sera au désespoir de ne pas avoir su dépasser ses limites et d’avoir renoncé à la Villa du Jouir. Depuis il erre comme détaché de ce qui faisait sa vie avant la rencontre d’Hannah, d’Hestia et de la Princesse.
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La villa du jouir

Il est rare qu'un roman pornographique (n'ayons pas peur des mots, ici le simple érotisme est dépassé) réussisse à passionner le lecteur avec son scénario. Il est encore plus rare qu'il fasse preuve d'inventivité dans les scènes amoureuses. Et enfin il est vraiment exceptionnel que l'écriture soit à la hauteur et n'agace pas le lecteur.

Et bien nous avons avec ce livre, une belle et assez peu fréquente réussite dans le genre.

Je partais avec un a priori négatif ne serait-ce qu'à cause ce titre peu engageant, mais je dois avouer que j'ai été assez vite pris par l'histoire plutôt bien ficelée qui n'est pas un simple prétexte à introduire les scènes de sexe qui sont, bien entendu, l'attrait principal du roman. Scènes d'ailleurs très inventives et vraiment excitantes à lire...

Mais c'est vraiment l'écriture qui donne de l'agrément au roman. Une écriture, puissante et très tonique tout en étant assez littéraire. Un juste milieu entre un classicisme de bon aloi et un style plein de vie nécessaire pour offrir une véritable stimulation, une fièvre aux nombreuses scènes (très) torrides qui parsèment le récit.

Bref, ce bouquin est une bonne surprise. Il est bien sûr réservé à un public averti mais on peut le conseiller sans réserve pour son originalité et son inventivité dans ce genre particulier.
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Dans les rouleaux du temps

Le plus bel essai sur la littérature, en hommage à la littérature mais surtout à la vie : comment la littérature et la vie sont reliées l'une à l'autre.




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Le Vertige danois de Paul Gauguin

Cet excellent roman se concentre sur les quelques mois que Gauguin a passés à Copenhague en 1885, dans sa belle famille. Il développe l'idée que c'est dans ces moments difficiles que le peintre élabore ses théories esthétiques. Le propos est très équilibré dans le sens où l'auteur ne juge pas Mette Gad, la femme de l'artiste. Il montre en effet que peu de gens auraient misé sur Gauguin, autodidacte et excessif. On peut facilement se mettre à la place de l'épouse dont le mari abandonne tout pour se consacrer à la peinture, persuadé qu'il la révolutionnera, mais à l'époque il est bien le seul. C'est passionnant. Les incursions dans la vie et l'œuvre futur ou passé ainsi que dans l'histoire familiale très singulière de Gauguin ajoutent beaucoup. Pour un livre plutôt court c'est fou ce qu'on apprend.
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Chantier Gauguin

De longue date, Bertrand Leclair s’intéresse à Paul Gauguin. En 2003, pour le centenaire de la mort du peintre, l’écrivain avait donné à France Culture un feuilleton qui retraçait son parcours. Cette même année, il avait écrit une postface à un ouvrage de l’artiste, Racontars de rapin, que le Mercure de France rééditait alors. Enfin, dans le cadre de leur collection «FolioPlus Philosophie», les éditions Gallimard commandèrent à Bertrand Leclair de courtes études de tableaux destinés à figurer en couverture de textes classiques. Ainsi commenta-t-il la grande toile intitulée D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? qui allait être associée au Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, de Jean-Jacques Rousseau, et une œuvre d’Emile Bernard, qui fut un temps très lié à Gauguin, Madeleine au bois d’amour, qui devait servir de frontispice à La volonté de savoir, de Michel Foucault, et qui cristallisa des enjeux tant affectifs que picturaux au sein du groupe de Pont-Aven.

Quelques années plus tard, en 2014, Bertrand Leclair publierait chez Actes Sud un roman intitulé Le vertige danois de Paul Gauguin.



En mars 2008, ces trois premiers ensembles de textes étaient réunis pour être publiés dans la maison que venait de fonder François Bon. Il s’agissait alors d’une édition purement numérique. A l’occasion sans doute de la rétrospective que le Grand Palais consacre dès ce mois-ci à Gauguin, une édition papier vient d’être publiée.



Il se dégage de ces textes composites le portrait d’un homme qui mettait son œuvre au-delà de toute contingence matérielle ou affective. Gauguin est un autodidacte venu tardivement à la peinture. Il n’en avait pas moins une conscience très aiguë de la rupture qu’il imposait avec les formes artistiques qui le précédaient. Si l’on peut voir à travers notamment sa correspondance qu’il ne cessa d’espérer le succès de ses tableaux ou la reconnaissance à venir de son travail, l’incompréhension du public et des critiques n’entama jamais sa détermination. Il s’acharna au contraire à être ce sauvage qu’il revendiquait, à l’opposé de l’artiste appliqué à maîtriser les techniques transmises par ses aînés. Il se voulait un être libre de faire voler en éclats les canons esthétiques classiques et les conventions pour mettre au jour une manière nouvelle, singulière, de voir et représenter le monde. Aux yeux de Gauguin, l’artiste est celui qui a le droit (le devoir ?) de tout oser, ce qui signifie tout oser dans son œuvre comme dans sa vie, celles-ci étant intimement liées. Il ne s’en priva pas et paya cette audace au prix fort, celui du mépris et du rejet.



A travers les différentes approches qu’il a choisies et en se concentrant sur certains moments cruciaux de la vie de Paul Gauguin (les deux séjours en Polynésie, l’épisode de Pont-Aven, les quelques semaines de compagnonnage avec Van Gogh…), Bertrand Leclair parvient à circonscrire – ou au moins approcher – la nature du geste artistique du peintre et, évidemment, la valeur existentielle qu’il renfermait.



Inutile de préciser que ce recueil constitue un excellent prologue à l’exposition qui s’ouvre dans quelques jours au Grand Palais pour (re)découvrir l’œuvre de cet immense peintre.


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L'industrie de la consolation. la litteratu..

Dans cet essai rapide et brillant, Bertrand Leclair dénonce l'idéologie moderne qui vise à retirer son autonomie et son libre-arbitre à l'individu, cette nouvelle religion dont le Dieu est le "cerveau global" ou bien la naissance d'une réconciliation entre la culture et la nature par la connexion des êtres humains à l'âme du monde. Puisant dans les thèses New-Age, qui exploite les dernières intrigues scientifiques, invente "Gaïa" et le chemin pris vers l'ère de Lumière et de communication lorsque la Terre entrera dans l'ère du Verseau, cette idéologie est par ailleurs fortement soutenue par les nouvelles technologies. Quoi de mieux pour vendre des objets communicants que de prôner une nouvelle humanité communicante, la constitution d'une entité inédite qui sauvera enfin l'être humain de la souffrance dans laquelle le tient l'hermétisme de son esprit ? C'est que la souffrance sociale et un autre pilier pour justifier des théories salvatrices.



Il faut pourtant savoir raison garder et ne pas plier devant les mirages d'une humanité enfin consolée, c'est-à-dire d'un ensemble d'individus pris en charge, soulagés autant qu'asservis, libérés de leurs responsabilités en même temps que réifiés par la religion de l'industrie de la consolation. Celle-ci n'a de toute manière aucune chance de se mettre en place, car les esprits sont en veille et ne seront pas dupes de la supercherie.
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Par la ville, hostile

Dans la préface - ou l’avertissement - qu’il a choisi de donner à son livre, Bertrand Leclair explique que celui-ci a été conçu à la suite de la lecture d’un entrefilet paru en mars 2014 dans le journal Le Monde. On y apprenait qu’une famille, qui ne se réduisait plus alors qu’à une femme célibataire - ses deux fils ayant été incarcérés pour trafic de stupéfiants -, venait d’être expulsée de son HLM parisien pour trouble à l’ordre public. Peu lui importait d’en savoir davantage. En revanche, il a voulu imaginer non pas les circonstances qui l’ont amenée là, mais le cheminement psychique qui avait pu la conduire jusqu’à cette situation dramatique.

C’est ainsi qu’il nous livre ce qui aurait pu être un cri de révolte, mais est plutôt une forme de renoncement à être au monde.



Bertrand Leclair part d’une situation hélas devenue banale : une femme, un être humain, se retrouve à la rue, privée du droit le plus élémentaire, celui de disposer d’un toit.

Leclair ne juge pas ; pas plus qu’il ne justifie. Il s’immisce dans la tête de cette femme qui a ignoré les courriers d’huissier, qui a refusé de saisir les propositions de relogement, qui a préféré se murer dans son silence et attendre l’implacable issue. Ecarter de son esprit le moment où l’huissier reviendrait accompagné d’un serrurier pour saisir ses quelques affaires et la jeter dehors.

Leclair défile le cours chaotique de ses pensées et de ses souvenirs, qu’elle ne peut empêcher de refluer. Pourtant, «elle ne veut pas plus de souvenirs que d’avenir, dans sa tête, tous ces mots au venin du devenir». Elle voudrait chasser ces «pointes acides qui perforent». Seule, sans emploi, sans plus aucune fonction sociale, elle est enfermée, enferrée, dans le présent. Plus aucun avenir ne s’offre à elle, et le passé n’est qu’un lointain mensonge, qui lui laissait espérer une vie lumineuse qui s’est dérobée.

Elle a tenté pourtant de lutter, de balayer les obstacles, de surmonter les épreuves, d’être forte. Mais aujourd’hui, il ne lui reste que des «élans de rage qui lui pulsent du ventre» et qu’«elle peine à contenir». Il ne lui reste plus qu’à se figer dans un présent sombre et glaçant, et à se replier sur elle-même avant qu’on ne la jette dans cet espace public, cette ville hostile où elle deviendra définitivement un fantôme parmi les fantômes.



Bertrand Leclair nous propose un texte fulgurant et poignant, servi par une langue saisissante, où domine l’extrême violence de notre société. Une belle page de littérature.
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La villa du jouir

On imagine aisément que sous d'autres régimes, dans d'autres pays ou à d'autres époques ce livre n'aurait jamais pu être publié, Et c'eût été bien dommage !



Car il arrive à Marc une aventure extra-ordinaire au sens réel du terme, celle que bien des hommes, à fortiori s'ils sont auteurs comme Marc, voudraient vivre,



Berlin, Institut français : l'auteur Marc présente son travail devant un auditoire amorphe. Seule retient son attention une jolie femme qui le regarde passionnément. Et le voilà embarqué vers la plus improbable des aventures, un rendez-vous secret à Paris, une escapade vers Athènes, un bateau qu'il prend les yeux bandés et sous narcotique, l'arrivée dans une île égéenne somptueuse, le tout pour obéir à la mission de la trop belle Hannah sous les ordres d'une mystérieuse princesse russe,



Oui, tous les clichés sont là, au moins en apparence, car rapidement la princesse sera autre chose, l'île et la maison somptueuse aussi, et nous voilà embarqués dans un rêve érotique, entre fantasme et réalité où les hommes sont les jouets sexuels d'une femme, puis d'autres femmes voire de leurs époux, De porno chic et sophistiqué nous basculons dans le géopolitique et les luttes écolos en Afrique, Nous nous laissons tourbillonner dans plusieurs mondes à la fois, où la pornographie est évitée de justesse car rien n'est laid, ni les corps ni les sentiments, sauf peut-être quand un « invité » se montre un ignoble personnage mais au final plus par ses idées que par son comportement sexuel,



Bref, un livre cru, où l'auteur ne nous ménage pas mais tellement bien écrit, tellement bien ficelé qu'on y prend un grand plaisir, Des thèmes apparaissent, plutôt réjouissants, tel l'inversion du classique rapport homme-femme, une scansion quasi-mystique des scènes érotiques avec, en souvenir embrumé celui de Eyes Wide Shut, Où est le réel, où est le fantasme ?



On aime bien aussi le petit clin d’œil à Gauguin et à sa « Maison du Jouir » en Polynésie !



Un seul regret : fallait-il absolument faire paraître ici un certain Président du FMI futur Président de la République française ? Un peu facile au milieu de tant de trouvailles !



En tous cas, merci à la maison d'édition Serge Safran pour cet envoi, livre que je n'aurais jamais acheté, encore moins trouvé dans la bibliothèque de ma petite ville!

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Le Vertige danois de Paul Gauguin

Contraint de rejoindre sa femme et leurs cinq enfants à Copenhague, en novembre 1884, Gauguin est confronté à l'hostilité qu'il génère. Il est donc contraint de quitter ce pays 6 mois plus tard suite à la pression sociale et au doute.

Ce roman nous décrit le mal-être du peintre durant cette période difficile, tiraillé entre le fort désir de peindre et la nécessité de subvenir aux besoins de sa famille.

L’auteur s’est appuyé sur les correspondances de Gauguin avec ses proches pour mener son enquête. Ce roman est court mais très bien écrit, l’ambiance pesante qu’a dû connaitre Gauguin est bien restituée.

Entre roman psychologique et biographie, ce petit livre vous plongera dans les pensées et réflexions de Paul Gauguin

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Le Vertige danois de Paul Gauguin

Certains destins présentent une véritable dimension romanesque. En littérature comme en art, il suffit d’égrener quelques noms pour que, soudain, des images nous viennent à l’esprit. Arthur Rimbaud, ses fulgurances poétiques et ses amours impossibles. Frida Kahlo, son accident et sa bissexualité assumée. Andy Warhol, ses amis célèbres et ses frasques. Le meilleur exemple reste Vincent Van Gogh dont la vie passionnée a longtemps éclipsé la peinture dans l’esprit du grand public. Paul Gauguin est également la source d’un filon visiblement inépuisable de publications, de la monographie à la bande dessinée. Dans sa vie, vous trouverez tous les ingrédients pour un livre, du plus passionnant au plus exécrable. Ses origines, ses ruptures, ses accidents … D’abord pilotin sur un bateau, puis agent de change, pour finir en peintre postimpressionniste. Et que dire des lieux servant de décors à ses aventures : le Pérou, Panama, le Danemark, Pont-Aven, Tahiti et les Marquises ? Ils sont tous teintés de cet exotisme sauvage qui auréole les grands baroudeurs du genre Henry de Monfreid (dont Gauguin connaissait le père). De plus, il sacrifie confort occidental et sécurité familiale pour un monde plus originel, plus naturel, moins frelaté (du moins, le croyait-il). Paul Gauguin, le colocataire de Van Gogh à Arles. Paul Gauguin, l’amateur de belles Polynésiennes. Aussi « le Vertige danois de Paul Gauguin » présente-t-il le mérite de romancer une période très peu documentée de la biographie officielle de l’artiste. En 1884, il est à Copenhague en famille. Il n’est guère apprécié par ses beaux-parents. Et tout se joue en ces quelques mois de remise en question, il prend la décision d’abandonner femme et enfants pour devenir peintre, au risque d’être jugé amoral. Ce sont donc les étapes d’un parcours introspectif, plutôt lent, avec ses replis sur lui-même jusqu’à la prise de décision finale, le départ avant de rejoindre la Bretagne. Ce n’est donc pas une monographie supplémentaire mais bien une tentative d’explication d’un choix existentiel, ce genre de choix qui conditionne toute une vie.



Mais le filon romanesque se tarira-t-il, un jour ? Je ne le pense. Il y aura toujours une certaine fantasmagorie autour des personnalités trop grandes pour le monde où elles vivaient.



Je tiens à remercier l’amie qui m’a offert ce livre.

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L'invraisemblable histoire de Georges Pessant

Régale-toi, lecteur ! C'est encore mieux que les histoire du Nouveau Détective(*), de Faits divers(*), La Crim'(*) et Histoires vraies(*) ! Plus croustillant ! Plus atroce ! Alors non, y a pas de photos. Mais y a mieux que ça.. : les « Confessions du tueur à la Simca 1000 » ! Ses confessions ! Du jamais lu ! :



C'est l'autopsie d'une tête coupée, qui roule et amasse la mousse, dans laquelle germe et pousse des tas d'histoires, qui tombe dans la vase des marécages médiatiques, qui s'enlise dans les accusations jetées comme des hameçons à la pêche aux scoops, aux titres à sensation.

La psychanalyse d'une vie sans histoires, d'une histoire en pointillés reliée, (re)tracée par l'écrivain - et le lecteur. D'une vie en noir et blanc, qu'on colorie en dépassant les bornes, si transparente qu'il faut la rendre opaque, d'une machine judiciaire réglée comme une horloge hésitant entre deux fuseaux horribles,

C'est la condamnation d'un monstre fabriqué sans pièces à conviction, qu'on a enfermé derrière ses mots ; un fait divers exhumé d'une boîte de Pandore, une légende contemporaine de derrière les (barreaux) fagots embrasés par une presse pyromane.

C'est la vie/l'avis d'un graphomane traçant un récit imaginé par d'autres, qui se conduit lui-même à l'échafaud, qui a tenté d'écrire ses cris et s'est grillé les ailes - auprès d'elle(s), aussi. Criminel en (trois) actes ou en pensées, c'est trop tard pour se « démonstrer » c'est lui il était trop discret être honnête, pour faire entendre sa vérité.

- Mais si, c'est toi qui a fait ça, tu ne te souviens pas ? Attends, on va te raconter, comment ça s'est passé, espèce de monstre...



Et l'on aime ça, hein, se repaître de l'horreur, de l’immonde, mais chez les autres, surtout, on aime à lire ce qu'on n'aura pas à dire, entendre ce qu'on refuse de s'avouer. Pessant stigmatisé sauve le monde, cristallise la culpabilité jusqu'alors collective. Alors le moindre doute devient évidence, l'absence d'aveux preuves irréfutables.

- C'est lui, assurément, oui, regardez, je l'ai toujours dit qu'il était bizarre, ça ne m'étonne pas, à son âge, seul, chez sa mère, c'est forcément un pervers...



« Évoquer un fait divers comme celui-là dans un roman permet d'ancrer la fiction dans la réalité de son époque. »

C'est le moins qu'on puisse dire.

Et faire un roman d'un fait divers permet-il d'ancrer la réalité dans la fiction ?

L'auteur nous aura prévenu.

Tout est dans le titre. Sauf le début.

Il faudra tout reprendre, jusqu'à la fin.

Il faut un coupable, de toute façon. Il y a toujours un coupable.



P.S. : j'aurais pu te dire qu'il y a aussi une réflexion sur l'écriture, le pouvoir des mots, sur la littérature. Oui, j'aurais pu. Mais, « pauvre et hypothétique lecteur », tu aurais trouvé ça prétentieux, et chiant. Tu n'aurais pas lu. Rien - ni moi, n'aurait donc existé. Puisque « la littérature, comme l'amour , se fait à deux »

Alors : merci.



(*) : Journaux dédiés aux faits divers d’actualité, aux enquêtes criminelles.
Lien : http://www.listesratures.fr
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Malentendus

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Malentendus

Toujours en proie au doute, en quête de la langue juste, il intervient de temps à autre dans le texte pour dire la difficulté d'écrire. La beauté du livre vient de ce tâtonnement intrépide, de ce flottement volontaire, porté par un amour paternel aussi discret que profond
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Petit éloge de la paternité

Pour parler de la paternité, Bertrand Leclair a quant à lui privilégié l’essai, auquel il mêle quelques (courts et presque rares) passages autobiographiques, étant lui-même père de quatre enfants. La prise de recul qu’il opère quant à sa propre expérience rend son éloge très intéressant et également moins accessible à un « tout-public » par son travail de recherche. Il fait souvent référence à certains philosophes, notamment Nietzsche, ou auteurs des 19e et 20e siècles, pour dire l’évolution de la pensée de la paternité au cours de ces deux siècles. D’une littérature des pères (et d’un rôle écrasant imposé à ceux-ci, comme en témoigne la célèbre lettre de Kafka), on est passé à celle des fils, avant que cette opposition ne soit enfin dépassée avec Pierre Michon entre autres. À cette théorie, s’en rattache d’autres et se pose également la question de l’héritage à laisser à ses enfants (la réponse qu’y apporte Bertrand Leclair est très belle).



Je n’ai malheureusement pas su accorder à ce texte toute l’attention qu’il méritait et ne peux en faire un résumé vraiment satisfaisant, mais tenais tout de même à présenter brièvement ce petit éloge, qui compte parmi les plus intéressants de la collection selon moi (si l’on prend le point de vue d’une réflexion sur un sujet donné).
Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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Le Vertige danois de Paul Gauguin

J’ai été très déçue par le style de ce livre qui est pédant, les tournures qui sont lourdes, le tout rendant la lecture pénible… Pourtant l’histoire m’intéressait : la parenthèse danoise de Gauguin, cette tranche de vie noire, un aperçu de sa vie d’avant dont je ne connaissais rien.
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Aux confins du soleil

Avec ce court, mais dense roman, l'auteur réussit, avec brio, le pari de captiver le lecteur autour du récit d'un cahier d'apprentissage, ressurgi du Grand Siècle.



Au fil des pages, le narrateur mêle trois personnages principaux à son récit: Jean-Baptiste Tavernier, globe trotter fascinant, explorateur, écrivain, commerçant et contemporain de Louis XIV, Edouard, l'ami du narrateur, collectionneur et passionné de livres anciens et le jeune apprenti Melchior, embarqué dans la folle aventure de Tavernier.



Des grands comptoirs des Indes, en passant par la Perse et l'Europe du XVII ième siècle, l'auteur nous entraine aussi dans une sorte de parcours initiatique, à l'aube de la mondialisation.



On se perd entre les époques, on revient, on tire un fil complexe à dénouer autour d'un "escalier à double révolution"...



Il y a du rythme, incontestablement, un souffle épique et des intrigues, qui s'achèvent sur un final très réussi.



Un beau roman historique.
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Aux confins du soleil

La thématique du roman semble anodine, comme la plupart des romans ayant pour sujet la «petite» histoire.

Que peut-on écrire à propos d’un voyageur, mi- commerçant, mi- globe trotter, protégé de Louis XIV ?

Le narrateur parvient cependant à nous captiver en conduisant en parallèle trois récits : celui des voyages et tribulations de Jean-Baptiste Tavernier, celui d’Edouard, antiquaire passionné de manuscrits anciens et celui de Melchior, accompagnant son arrière grand oncle Tavernier dans son dernier voyage.

L’introduction pose intelligemment et clairement le contexte du roman.

L’écriture est agréable, ponctuée d’un vocabulaire riche.

Cet amoureux de la langue française extirpe de leur gangue des mots oubliés que l’on remplace aujourd’hui trop facilement par des termes anglais, des acronymes, des néologismes, du verlan.

D’heureuses métaphores viennent enrichir la narration.

L’auto dérision du narrateur est maniée avec humour («Connais-toi toi-même», Socrate n’est pas loin).

Le récit est, dans l’ensemble rythmé, avec néanmoins des passages au sein desquels les considérations philosophiques, les démonstrations et les argumentations freinent la dynamique.

Le dénouement de l’histoire est surprenant : on oscille entre stupeur et hilarité. Bien joué !

Voici un regard à la fois drôle et captivant sur un personnage atypique contemporain du Roi Soleil.

A recommander à ceux que l’Histoire passionne.

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Aux confins du soleil

Très beau livre belle histoire bien écrit
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Par la ville, hostile

Véronique : "roman psychologique. Que devient cette femme quand elle sera dehors ?

Fin inattendue et réussie.

Bien écrit. Se lit vite. Roman touchant."
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Perdre la tête

Ce roman n'en est pas vraiment un mais plutôt un essai sur comment décrire les méandres de la pensée d'un personnage. L'histoire ne tient qu'à une ligne, sans suspens quoiqu'en dise la quatrième de couverture. Les longueurs sont nombreuses. L'écriture est cependant travaillée, parfois inutilement trop.
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