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Critiques de Bruce Bégout (50)
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Le sauvetage

Décidément.... le précédent livre lu j'avais mis "pas pour moi".... Là au contraire l'histoire correspondait à mes critères.

Roman historique racontant le récit véridique du sauvetage des manuscrits de philosophie de l'auteur juif Husserl en 1938, par un jeune moine franciscain belge. le tout dans l'Allemagne nazie. Qui ne portait dans son coeur ni les Juifs (et leurs écrits) ni les moines catholiques.... Pourtant cet incroyable religieux va réussir la prouesse de sauver plus de 100 kilos de manuscrits sur la phénoménologie.





Oui mais voilà. le style de l'auteur. Je n'ai pas compris.

"le moine était raide comme une perche à selfie" ?!?!

"Mme Husserl, une p'tite bonne femme"

"le lieutenant était vénère"

C'est quoi ce style ? Faire d'jeune pour les attirer ?

Ah, et quelqu'un pourrait lui dire qu'en français le "/" n'a jamais remplacé les conjonctions de coordination ? Ce "/" à tout bout de champ m'a exaspérée....

Personnellement j'aurais sans doute préféré plus de détails sur les principes énoncés par Husserl.



En résumé une histoire qui aurait pu être passionnante. D'où le 2 étoiles et demi. Au moins, merci Wikipédia, je suis allée chercher des infos sur Husserl et van Breda (le moine) ainsi que sur la phénoménologie.
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Zéropolis

Une irrépressible envie de m’enfuir, c’est ce que j’ai ressenti dans les rues de Las Vegas. Bruce Bégout met des mots sur ce cauchemar, annonçant dans cet essai de 2002 l’extraordinaire Le ParK publié en 2010.



«Las Vegas a la capacité singulière de nous laisser croire à notre propre irréalité.»

Tout est conçu ici pour faire perdre le sens des réalités, pour oublier cette peur de perdre de l’argent. Las Vegas tend à euphoriser et sécuriser pour faire consommer, dans un univers qui a l’apparence d’un bric-à-brac festif, mais où en réalité tout est surveillé par des polices privées, «opulence et normalisation, pays de cocagne et univers totalitaire».



Bruce Bégout nous bombarde d’images de ce mirage réel : Hommes cryogénisés par l’air conditionné, qui déambulent avec ses margharitas glacées comme des fantômes dans les couloirs des palaces, joueurs promenant devant les bandits-manchot leur seau en plastique, tel le pot de chambre d’un malade dans les allées sans vie d’un sanatorium.



« Ce n’est pas une bonne ville pour les drogues psychédéliques. La réalité elle-même est trop déformée.» (Hunter Thompson, Las Vegas Parano)



Comme une éponge, Las Vegas a absorbé les valeurs de la contre-culture, dans un mouvement emblématique de la manière dont le capitalisme sait incorporer une partie des valeurs au nom desquelles il est critiqué. Las Vegas a ainsi digéré tous les registres de la fête et du jeu, l’expression du désir de vivre et de la liberté, et paradoxalement le refus des formes domestiques de subordination.



«Las Vegas a traduit les paradis artificiels en Eden de l’artifice.»



Cette absorption des valeurs au profit du capitalisme et le divertissement total, englobant toute activité humaine, font de Las Vegas non pas un lieu à part mais un miroir grossissant de nos sociétés humaines, bric-à-brac culturel où tout est fait pour susciter le désir de consommer et la passion de l’instant.



La seule poésie est aux frontières de la ville, le spectacle des ruines des motels ou des enseignes abandonnées aux abords du désert, elle est dans le rêve d’un black-out total qui éteindrait ce maelström électrique, et redonnerait une profondeur à cette toile de fond nocturne constellée de néons. À Vegas finalement, la seule voie de contestation possible pour ne pas être l’esprit chagrin du lieu, est vraiment de partir.

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Sphex - Fantaisies malsaines

Trente sept nouvelles en 220 pages, c'est très court, ça se lit vite me direz-vous... eh bien non. Je ne savais pas à quoi m'attendre en ouvrant ce livre, moi je vois horreur, je teste, d'autres ont la même réaction en voyant ou entendant "chocolat", donc qu'on ne me jette pas la pierre. Si, si, toi là-bas, au fond, je vois que ça éveille quelque chose en toi.

En tout cas, je croyais me trouver face à des petites nouvelles d'épouvante tranquilles, et puis non, ce n'est pas ça du tout. L'auteur s'est servi du sphex, insecte prédateur, mais il faut bien qu'il s'alimente, même si ses pratiques nous semblent cruelles. D'ailleurs nous serions bien mal placés pour le juger, nous les hommes, qui nous croyons tout en haut de la chaîne alimentaire. Mais là n'est pas le propos.

Donc, ce sphex paralyse ses proies, les transporte dans son petit chez-lui et les transforme pour nourrir ses larves. Mais l'auteur a juste utilisé cet insecte pour épiloguer sur les humains, leurs seuils émotionnels et cognitifs. Et on s'aperçoit très vite qu'en fait, il a utilisé l'insecte pour décrire ce qui fait notre quotidien, ce qui nous semble banal et naturel, dépourvu de cruauté, nous empêchant d'en voir le côté tragique.

Alors tout le monde y passe, ce qu'on vit, la façon dont on perçoit les autres, les jugements qu'on se permet de porter sur ce qu'on ne connaît pas forcément. C'est un décorticage de la société, plutôt vers les bas-fonds de l'âme humaine, que nous propose Bruce Bégout.

Bon, vous l'aurez compris, c'est un ouvrage philosophique magnifiquement écrit, par une plume acérée et sans concessions ; il faut lire entre les lignes... ou pas. Et je ne sais pas vraiment faire de retour sur ce genre de livres. Par contre, j'ai vraiment aimé le style, tout ce que transmet l'auteur dans ces courtes nouvelles qui amènent à la réflexion, et je me pencherai sur ses autres écrits. Peut-être pas tout de suite, parce qu'il m'a un peu mis la tête à l'envers, mais j'y reviendrai.
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Zéropolis

Tout petit livre intéressant qui analyse de manière pertinente l'urbanisme de Las Vegas.
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L'accumulation primitive de la noirceur

Voilà un ouvrage bien singulier... Sans doute peut-on le qualifier de recueil de nouvelles, mais cela ne rend pas la juste mesure de l'originalité de ces textes qui naviguent entre la fable et l'anecdote, flirtent parfois avec le surnaturel, se parent régulièrement d'une atmosphère étrange et inquiétante...



Ce qui s'impose assez rapidement à l'esprit du lecteur, c'est l'ancrage profond de ces récits dans la modernité, ou du moins dans une certaine expression de la modernité, révélée par les traumatismes, les compulsions, les angoisses que suscitent l'espace urbain et l'invasion par la technicité de notre quotidien.



Le monde ainsi décrit foisonne d'objets (on ne s'étonnera pas d'y trouver des collectionneurs, voire des fétichistes, tel ce pianiste qui possède tout en double) ; y surgissent parfois aussi des objets incongrus, qui, en perturbant les règles établies de la banalité quotidienne, suscitent des réactions surprenantes.



C'est aussi un monde de nouvelles icônes, dans lequel un compositeur de musique électro ou un designer à la mode peuvent être les dieux éphémères que choisissent d'aduler des quidam en mal de modèles. Mais le véritable maître, qui trône au-dessus de tous et de tout, c'est l'argent, qui détermine le positionnement des individus, et conditionne leurs comportements, l'argent dont le manque induit la peur, dont la jouissance autorise tous les abus, permet et exonère toutes les folies.



Les lieux qui servent de cadres aux histoires sont représentatifs d'un espace urbain qui, parallèlement à son développement effrené, commence à montrer des signes de déclin. Centres commerciaux des années 70 tristement démodés et mal entretenus, collège désaffecté, probablement bourré d'amiante, opposent leur déréliction à la froideur des tours de verre lisses et brillantes qui abritent open space déshumanisés et parkings souterrains anxiogènes.



C'est, enfin, un monde automatisé, dans lequel les individus se croisent sans se voir, où la possession tourne à l'obsession, où l'existence se réduit à une course trépidante, vaine et dénué de sens, hormis celui, illusoire, fourni par un vague impératif économique et productif. Rares sont ceux qui osent interrompre cette course, du moins de manière consciente : s'arrêter reviendrait à remettre en question les fondements d'un système (le Dispositif, ainsi qu'il est désigné à plusieurs reprises) auquel il est plus facile de contribuer.

Certains, malgré tout, à leur modeste échelle, contestent, et tombent ainsi parfois dans la violence. D'autres, pourtant entièrement investis dans les rouages de ce système, sont pris d'une folie soudaine, ou se métamorphosent en terroristes...



Tel un anthropologue de notre société contemporaine, doté en sus d'un solide sens de l'humour... noir, Bruce Bégout se penche sur les comportements déviants provoqués par la modernité et les maux qu'elle occasionne. Le trait est volontairement forcé, ses textes nous plongent dans des ambiances glauques, gothiques (rendues par des environnements oppressants, où tout semble pouvoir arriver, y compris l'irrationnel), et nous mènent à la rencontre de personnages excessifs, souvent mal dans leur peau, ou mal tout court, parce qu'écrasés par le poids d'une société individualiste et insensible qui n'a rien à leur offrir.



Les chutes -ou l'absence de chute- de ses textes sont souvent obscures, et laissent le lecteur quelque peu démuni, avec l'impression de se trouver face à une impasse, à moins qu'il ne s'agisse d'une porte ouverte sur un espace vierge ? Est-ce pour nous signifier qu'il n'y a pas de fin, puisque nous sommes en train de vivre ce qui est relaté, et qu'il nous revient d'écrire la suite de ces histoires, et décider de ce que nous voulons faire de ce monde qui est le nôtre ?



Toujours est-il que l'écriture, minutieuse et juste, et le ton employé par l'auteur, qui pare "L'accumulation primitive de la noirceur" d'une sorte de distance amusée, font de la lecture de ces contes moroses à caractère sociologiques un véritable régal.
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Zéropolis

ATTENTION : ceci n'est pas une critique. Je ne saurais donner mon avis sur ce livre qui est un essai et non un roman. Comment donner un avis de lecteur sur un essai ? C'est en tout cas un livre érudit, plein de références et qui présente la réflexion de son auteur sur la ville de Las Vegas et sur la société du "fun". La ville de Las Vegas est l'objet central de cet essai qui aborde des thèmes architecturaux, sociologiques et philosophiques.



Ps : pour les profs de Français en Term Bac Pro qui lorgneraient sur ce court livre pour en faire une etude en oeuvre intégrale ... ce n'est pas un roman et ce n'est pas du tout accessible. Je m'étonne même du choix de cette oeuvre dans la liste du programme.
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Le park

«Tout ce qui peut caractériser en général un parc se retrouve dans Le ParK, mais sous une forme inédite et quelque peu fantastique. D’aucuns diront abominable.»



On pénètre dans le ParK sans vraiment le comprendre, dans une ambiance flottante, faites de considérations ambigües qui indiquent l’atroce mais sans le définir. Le ParK se trouve sur une île privée, au large de Bornéo. Né du cerveau dérangé d’un architecte fou, d’un business man avisé et aboutissement d’une civilisation malade, le ParK va nous être dévoilé, cocktail abominable du divertissement, du voyeurisme et du mal, Disneyland et Auschwitz unis en un même lieu.



Le narrateur nous expose tout cela avec une distance et une objectivité qu’il veut de bon ton, et qui amplifient encore les cauchemars éveillés qui naissent de ce récit glaçant. Élitisme du ParK, loin de l’affadissement du divertissement de masse, pour une clientèle triée sur le volet ; Visites d’hommes politiques, spectateurs passifs comme des enfants naïfs - on dirait le compte-rendu d’une visite officielle dans les pires dictatures ; Réussite commerciale sur le terreau de l’horreur, avec le langage de l’entreprise et la logique du compte d’exploitation ; Visites détaillées de certaines « attractions », et le clou du spectacle, la parade du soir, « défilé grandiose et apocalyptique ».



On ne peut même pas se rassurer en se disant qu’horreur et perversion sont les maux de demain ; l’histoire se déroule vers l’année 2010…



Spectacle et ordre, distraction et sadisme, dans l’ombre de Ballard, et rappelant Hugues Jallon ou bien Alain Wegscheider (État dynamique des stocks), on ne quittera pas Le ParK sans un souvenir fort : « L’expérience du ParK ne nous laissera jamais en paix. »



«Dans les campements, quelques loupiotes surveillent comme les yeux rougis d’un maton insomniaque le sommeil difficile des prisonniers harassés par le travail. Dans les poches d’ombre, les animaux sauvages vadrouillent, maraudent et chassent. Le rugissement terrifiant d’un lion se fait parfois entendre jusqu’aux parvis illuminés des boîtes de nuit et glace le sang des clients sortis quelques minutes prendre l’air loin du dancefloor irrespirable.»

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Le sauvetage

A priori le sujet du livre pourrait paraître un poil ennuyeux, le sauvetage dont il est question dans le titre étant celui des manuscrits sténographiés du philosophe Husserl, en danger d’être anéantis par les nazis dans l'Allemagne de 1938. Le lecteur potentiel pourrait peut-être craindre une lecture soporifique truffée de phénoménologie.

Or il n’en est rien ! Bruce Bégout parvient à rendre palpitante cette histoire qui s’inspire de faits réels. Son personnage principal est un jeune franciscain belge, étudiant en philosophie, Herman Léo van Breda, qui a vraiment existé et a effectivement réussi à faire passer en Belgique les précieux documents.

Ce roman laisse aussi la part belle à la fiction, dans une langue jamais figée, qui laisse respirer la narration par des expressions familières, des anachronismes voulus, des séries d’adjectifs séparés par le caractère « / », comme si l’auteur n’avait pas voulu choisir entre plusieurs termes… Bref, je ne me suis pas ennuyé une seconde.

Merci aux éditions Fayard et à NetGalley de m’avoir autorisé à lire cet eBook.

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L'après-midi d'une terroriste

En l’an 2000 déjà, Naomi Klein parlait de la «bombe du branding», de la saturation de l’espace et des individus par les marques, jusqu'à un point ultime proche de la destruction (No logo).



Cette courte nouvelle est l’après-midi shopping d’une «fashion victim», qui cherche un petit haut à assortir à sa jupe, grignote une pâtisserie du bout des lèvres, feuillette un magazine, et se fait faire un soin dans un institut de beauté. Mais cette jeune femme dont le nom est Kate Moss, créature belle et lisse, parfaitement intégrée, se fait exploser dans le métro à la fin de la journée, apparemment sans comprendre pourquoi.



Le facétieux Bruce Bégout aime créer sous sa plume des réactions explosives, en assemblant dans le récit des éléments hétérogènes, ici terrorisme et société de consommation, rapprochement parfaitement illustré par Éric Nosal.



Enfin la postface de Xavier Boissel est absolument brillante, faisant de lui de fait l’autre auteur de ce livre - «ce qui unit dans le récit l’univers de la mode à l’univers du terrorisme, c’est le langage publicitaire en tant que totalité cosmétique».

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L'après-midi d'une terroriste

Kate Moss, une terroriste, prépare son attentat tout en faisant ses emplettes de luxe. Subversif.



Publiée en avril 2013 par l'ssociation "Une Autre Image", cette nouvelle de Bruce Bégout superbement et richement illustrée par Éric Nosal est une bien subtile mise en abîme de la notion même de terrorisme, par un détour surprenant au premier abord, mais d'une grande pertinence ensuite, par celles de luxe, de hype, d'icône people et de, tout simplement, consommation.



La postface de Xavier Boissel, qui justifierait à elle seule le modeste investissement de 5 € demandé pour ce superbe objet, donne toutes les clés, et au-delà, pour que cette lecture résonne longtemps dans vos songes... Laissez-vous donc emporter par une terroriste qui se fait appeler - ou est, qui sait après tout ? - Kate Moss, et qui, après d'ultimes briefings et recommandations par ses compères et co-conspirateurs Jude Law, Matt Damon, David Beckham ou encore Andy Murray, met la dernière main aux préparatifs de son attentat, tout en se gorgeant gentiment d'indispensables achats de luxe dans les boutiques avoisinantes...



Très étonnant et très subversif, un must donc, qui est comme magnifié par le trait parodiant le dessin de mode, mêlant vêtements, bouteilles de parfum et armes de guerre, d'Éric Nosal, et qui de plus vibre joliment à l'unisson de l'excellent "Killing Kate Knight (Keira Knightley)" d'Arkady Knight.
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Obsolescence des ruines

L'effacement des ruines dans le paysage contemporain comme incarnation, déjà dépassée par définition, du capitolocène. Partons dans cette exploration - livresque, esthétique et philosophique - des suburbia, zones intermédiaires, difficilement définissables d'être totalement aliénées à la fonctionnalité. Avec l'élégance rieuse de la vraie érudition, Bruce Bégout s'empare des ruines, de nos conceptions historiques, de nos façons d'en faire un miroir esthétique, afin de proposer un rapport au lieu. Obsolescence des ruines ou une très fine méditation sur notre rapport à la destruction.
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Zéropolis

Ce soir, lecteur, je t’embarque pour une virée qui marquera tes pupilles à jamais, dans la ville du plaisir immédiat et de la démesure, dans l’antre de la consommation, du flashy et du fun à l’américaine : Las Vegas apparaît comme la capitale du libéralisme enorgueilli et de la mégalomanie poussée à son paroxysme.



Attention ! Faites vos jeux. Rien ne va plus !



Las Vegas, c’est le degré zéro de l’utopie collective, de l’excès et de la saturation. Vegas, ainsi amputée d’une partie de son nom, est croquée avec soin dans ce petit essai qui cherche à nous persuader de son insipidité et à ôter à la Belle Nocturne tous ses fars tape à l’oeil.



Oui mais voilà, Bruce Bégout se fait plus descriptif qu’analytique, et à trop vouloir nous donner à voir ce que nous connaissons déjà de ce monstre urbain, il a fini par me lasser. A l’issue de ma lecture, je suis restée seule avec une curiosité exacerbée qui a failli me coûter un aller-retour fissa aux states. Dommage, leurs frontières nous sont désormais fermées pour cause de crise mondiale… quel comble d'ironie !

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Le sauvetage

C'est le parcours plein de rebondissements d'un jeune père franciscain qui a pour mission de sauvegarder les œuvres de Hessel, un philosophe, car c'est l'époque du nazisme et des autodafés d'auteurs réputés dégénérés. Un partisan de la Gestapo le recherche sans le trouver car il est pris dans des affaires personnelles (femmes, santé, etc.). Deux destins qui se croisent sans se rencontrer.
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Zéropolis

Welcome to Fabulous Zeropolis Nevada, proclame la couverture. Et déjà elle donne le ton : du néant noir absolu du fond de l'image et qui recouvre le livre, flottent dans le vide des points de lumière, des panneaux à néons, des phares de voitures. Une rangée d'autos et d'immeubles qui s'auto-reflètent. Zéropolis, Las Vegas, ville nouvelle créée à partir de rien, qui ne proclame rien, malgré son fracas terrible qui saute aux yeux et aux oreilles et qui avale tout cru. Bruce Bégout en fait le tour (la ligne)(rapide) en peu de pages, avec une simplicité tout efficace qui contraste avec l’exubérance.



Ce qui ressort en premier, avant tout, c'est l'électricité, la lumière, le son, l'aspect "feu d'artifice" qui fait autant exploser les sensations que le porte-monnaie. Et comme l'électricité, ce que promeut Las Vegas est impalpable : un sentiment, une exaltation, la promesse du vide, de repartir à zéro, d'être hors du monde, de n'avoir rien à faire d'autre que le fun. De toute façon il n'y a rien d'autre à faire : Las Vegas n'a pas d'histoire culturelle ni sociale, elle ne promet que des histoires, des fabulettes, de la poudre aux yeux. Elle vous promet de faire partie de l'histoire, à sa manière, d'une façon totalement inconséquente mais satisfaisante.



Telles des enfants, les personnes qui viennent à Las Vegas pour écumer les casinos ont comme l'impression de jouer à la dinette : l'argent est dissimulé, plastique, on est là seulement pour faire comme si, pour s'amuser, sans penser aux conséquences réelles pour soi - et plus globalement, aux conséquences directes de la ville en terme d'écologie / économie. Las Vegas est un parc d'attraction pour adultes, qui brouille tous les codes et les recrache en une bouillasse indigeste pour tous les sens.



Parlant de parc d'attraction, c'est un thème plutôt familier à Bruce Bégout, puisqu'il a aussi écrit Le ParK. On est donc en terrain déjà conquis. Il n'y a pas grand chose à apprendre de nouveau de son analyse de Las Vegas, et d'ailleurs ça résonne bien avec une de ses phrases d'entrée : « Je ne serais pas très loin de la vérité, me semble-t-il, si, à celui qui, d'aventure, me poserait la question de savoir ce que j'ai appris à Las Vegas, je répondais tout simplement : "rien". Par là, non seulement je voudrais dire que la ville ne ressemble elle-même à rien, pur chaos urbain, mais je signifierais aussi que je n'y ai rien vu que je n'aie déjà su. » Néanmoins, c'est un livre que j'ai réellement apprécié - quand bien même la simple pensée de Las Vegas me donne des frissons de fièvre -, parce que j'aime tout particulièrement l'écriture de Bruce Bégout. Lucide, simple, parfois pragmatique, parfois fantaisiste, cynique - clairement, analytique et joueuse. Après Le Sauvetage qui m'avait quelque peu laissée sur ma faim, j'ai lu avec un vrai plaisir ce livre-ci, seulement parce qu'il arrive à m'entraîner là où je n'ai pas envie d'aller et à me rendre plaisant un voyage que j'aurais détesté.
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Le park

En 150 pages, un chef d'œuvre glaçant montre l'âme noire de l'industrie du loisir.



Publié en 2010 chez Allia, "Le ParK" est parfaitement représentatif du superbe et étroit chemin, entre essai et fiction, que pratique Bruce Bégout depuis plusieurs années.



Construit sur une île de tous les fantasmes glaçants (Wells, Bioy Casares, Schoedsack & Pichel, voire Kinji Fukasaku, ne sont pas si loin), œuvre fantasque et néanmoins pensée dans les moindres détails d'un milliardaire russe et de son âme damnée d'architecte aux visées panoptiques, "Le ParK" matérialise en 150 pages d'une rare densité le nec plus ultra contemporain de l' "entertainment" destiné aux "happy extremely few", et rejoint ici largement les thématiques développées par La Spirale de Laurent Courau sur les divergences désormais essentielles au sein d'une humanité devenue à deux vitesses et demie. Pour les ultra-riches, "Le ParK" met en scène le concept même de "parc d'attractions", et exprime dans toute sa splendeur glauque la nature fondamentalement concentrationnaire de l' "industrie du loisir", la formidablement nommée.



Merveille de langue désincarnée, précise, technocratique, alliant la précision de ceux dont la mort pourrait être le métier au scrupule apparent du journaliste aux ordres, dans un registre voisin du travail langagier d'un Hugues Jallon, "Le ParK" en dit infiniment plus long que bien des essais sur ce qui, ayant fini de menacer, est là.



Une lecture peut-être éprouvante dans sa noirceur chirurgicale à la légéreté toute affectée, mais extrêmement salutaire.
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Le park

Le Park est une dystopie très clinique, dans laquelle l'auteur semble pousser l'équation de l'époque contemporaine pour voir où elle nous mène. Destination ? Une île (on pense à un Thomas More renversé ici), où un parce d'attraction concentre divertissements, satisfaction pulsionnelle, et organisation concentrationnaire. En somme, un savant mélange d'absurde, de jouissance, et de normalisation des comportements, gérant les cobayes que nous sommes tous devenus pour nous-mêmes. Pas inutile de connaître aussi bien Foucault que Nietzsche ou Heidegger pour saisir les intentions de l'auteur. Mais cela reste un roman accessible, clair, et qui se lit facilement. Glaçant et intéressant. Pas mal.
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Le park

Voici un roman qui n'est pas vraiment un roman. Je ne connaissais pas du tout Bruce Bégout, et voilà une découverte (personnelle j'entends bien) intéressante.

Le Park est un court roman très original. Voici une description assez clinique d'un parc d'attraction d'un nouveau genre. Parc qui attire et révulse en même temps. Son thème? Non pas les dessins animés ou un héros moustachu (quoique) sympathique. Le Parc offre à ses rares visiteurs des amusement autour de la question du parcage humain. Toutes les horreurs dont l'homme est capable sont ici présentes pour son plus grand plaisir. Jouer au casino dans un baraquement d'un camp de concentration? C'est possible. Faire des auto-tamponneuses avec des accidentés de la route? C'est possible. Torturer comme à Guantanamo? Mais oui, aussi. Et tout est tellement amusant!!

Le livre pointe du doigt l'attraction que nous pouvons avoir pour les horreurs que sont capables de commettre les hommes contre les hommes. Il y a aussi tout un travail sur l'architecture, que, personnellement, j'ai adoré.

Pas d'action, ou si peu (seul un chapitre raconte une petite histoire), tout le reste n'est que description. Un journaliste fait un travail sur ce parc qui attire les foules, mais qui reste encore assez confidentiel. Il décrit de manière froide les attractions, le mode de fonctionnement du parc, l'organisation, les travailleurs et leurs conditions de vie. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, avec la découverte des Camps de Concentration, nous avions dit "Plus jamais ça". Et pourtant... Ici nous nous amusons avec ces camps, nous n'en sommes plus seulement les témoins qui ne veulent pas voir. Nous y entrons de notre plein gré, nous en profitons, et nous retournons à notre vie. Ce n'est qu'un jeu.

Le lecteur n'est-il pas lui aussi acteur de cette horreur?



J'ai adoré ce livre. L'écriture de Bruce Bégout y est vraiment travaillée, vraiment littéraire. Mais cela reste tout de même un livre un peu difficile à aborder.

Pour lecteurs avertis.
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Le park

Sur une île au large de Bornéo vous attend le ParK, étrange fusion entre le parc d’attraction et le camp d’internement, lieu exprimant « l’essence de tous les parcs réels et possibles », témoin et vitrine de toutes les tentatives de ghettoïsation et d’enclavement produites par l’espèce humaine. Vous êtes invités à défiler dans un délire forain où les horreurs les plus absurdes du XXe siècle s’accouplent à sa volonté acérée de divertissement. Venez observer la parade, véritable freak show où défilent les mutilés de guerre, venez voir nos zoos, nos prisons, notre hôtel Todeskamp 1 et jouer au casino dans une ambiance stalag, venez admirer de pauvres cols blancs se faire dévorer par des pythons et, peut-être, contre supplément, assister à des exécutions ou scènes de tortures en privé !



Le ParK, c’est l’abominable synthèse de notre société, entre horreur et règne de l’hyper- festif, un rapport sur la banalité quotidienne de la violence et du Mal. Bruce Bégout nous balade entre ses diverses attractions, dans un style neutre, presque clinique, nous transformant en improbables voyeurs, spectateurs plus ou moins réactifs à ce fleuve de tableaux grotesques qu’il nous présente. Il s’inscrit dans la démarche d’un Haneke, qui, avec Funny Games, nous invitait à nous questionner sur le spectacle de la violence au cinéma (ah ! cette terrible scène du coup de fusil où, le temps de quelques minutes, avant rembobinage, le spectateur jubile d’un crime, qui lui semble tout à coup moral) ou d’un Amenabar qui, avec le terrible Tesis, nous demandait jusqu’où nous pouvions voir et accepter l’horreur.



Tout en nous décrivant le mode de fonctionnement du ParK, son architecture improbable, il interroge la probabilité d’une telle galerie des horreurs et les réactions qu’elle pourrait ou non susciter. Qui serait apte à payer 25 000 dollars pour une telle attraction ? Quel genre d’esthète y trouverait goût ? Y-a-t-il une place pour la moralité dans une telle excroissance grotesque de la société ? L’horreur est-elle la prochaine attraction, le divertissement ordinaire des temps à venir ? Quand la normalité ne parviendra plus à ressentir le moindre frisson face aux films d’horreur qu’on lui propose ou aux émissions de télé-réalité dégueulant de bêtise et de sursauts programmés, viendra-t-elle s’abreuver aux marécages ordinaires du ParK ?



Le lecteur ne peut se raccrocher à la figure d’un visiteur en particulier, sur lequel il pourrait projeter ses interrogations, fantasmer d’improbables projections de ses propres réactions. Le ParK est central dans ce livre qui ne propose aucun récit, juste une série de descriptions : le « je » qui intervient vers la fin du livre est trop neutre et fuyant pour que l’on s’y (r)accroche. Seul demeure le lieu et ses circonvolutions macabres, dans lequel on promène notre esprit, intrigué et pensif à la fois, visiteur malgré nous.



Les quelques personnages développés – Licht le mal nommé (comment nommer lumière celui qui met en scène de telles obscurités ?), architecte réfugié dans sa tour d’ivoire au loin des contingences mortelles, Kalt, l’homme d’affaires à l’argent aussi froid que son nom, ou Lady W. aux passions reptiliennes- nous semblent être autant d’échos exhibés du ParK. Nous restons seuls et perplexes devant le réalisme de cette architecture du futur, hésitant entre le malaise et la fascination face à cette tumeur trop probable de notre société



Servi par un style froid et analytique, cette courte dystopie est à lire comme un reportage sur les déviances familières de notre société. Indispensable.
Lien : http://www.delitteris.com/in..
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De la décence ordinaire

Cet essai avait un objectif prometteur : restituer la notion de common decency, généralement mal traduite en français mais concept fondamental de l’oeuvre d’Orwell. La décence ordinaire, c’est la qualité morale innée qu’a le peuple de savoir intuitivement ce qui est bon ou pas, et que les élites ont perdu en s’éloignant du peuple. Cette notion est développée tant dans les essais d’Orwell (que je n’ai pas lu), que dans ses romans sociaux. Pour Orwell, les décisions politiques devraient se baser sur ce sens primordial, issu de l’expérience concrète de la vie simple.



Malheureusement, on n’apprend pas grand chose passées les 30 premières pages qui cadrent le sujet, le contenu d’introduction semblant simplement ressassé dans le reste de l’ouvrage à des sauces différentes, sur le mode de l’éloge au maître. L’auteur décrit bien la genèse de cette notion de décence ordinaire au travers des textes d’Orwell, certes, mais jamais ne tente de la secouer, de la “challenger”. Voire d’approfondir les points laissés sans réponse par Orwell lui même, en s’appropriant la notion.



Par exemple, les principes moraux innés qui définissent cette décence ordinaire sont-ils les mêmes en fonction des pays ? Ou plutôt : comment réconcilier cette prétention à forger une morale universelle alors qu’on constate des moeurs et principes moraux différents en fonction des peuples ? Sont-ils donc vraiment universels ? S’ils ont une origine culturelle, d’où viennent-ils ? Sont-ils applicables seulement aux sociétés industrielles, ou par exemple aux sociétés tribales ? D’ailleurs, quel est le périmètre précis des ces principes ? Qu’est ce qui entre dans la common decency ? Des comportements sociaux ? politiques ? Les moeurs aussi ?



Par ailleurs, seul “le peuple” bénéficie selon Orwell de cette capacité à distinguer le bien du mal. Quel est le processus de perte de la common decency chez les élites ? Peut-on entrer dans le monde “d’élite” sans perdre ce sens de la common decency ? Et à quelles conditions ?



On pourrait donc se demander ce que le flou de la définition de la common decency dit de la vision du monde d’Orwell. Mais l’essai ne prendra jamais ce recul.



Toutes ces questions qui semblent aller de soi dès lors que l’on écrit un ouvrage sur la philosophie morale ne sont tout simplement pas abordées - sans doute d’une part par ce que l’objectif de Bruce Bégout est d’abord de rendre hommage à Orwell et à sa conception du peuple, pas de la remettre en question ou de l’insérer dans une analyse dialectique plus large. Et aussi parce qu’Orwell n’était tout simplement pas un philosophe de la morale, seulement un écrivain qui sentait très bien le monde - et c’est déjà exceptionnel. Le concept de départ était flou, et il le restera à l’issue de ce livre.
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Zéropolis

Bruce Begout nous entraîne à Las Vegas jusqu'au dégoût. L'autre ville lumière montre sans fin le "néant du néon". Le terrain de jeu de l'Amérique, comme le dit Daniel Océan avant de s'en prendre à ses trois plus gros casinos est en fin de compte le dernier endroit où l'on peut trouver la liberté tant la vie y est codifiée, régentée, réglementée,surveillée. Toutes les lumières clignotantes, vibrantes , énervantes et excitantes n'illuminent que le vide du désert qui rode et où l'on vient se perdre lorsque l'inconscience nous gagne.
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