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Critiques de C.E. Morgan (98)
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Le sport des rois

Un roman virtuose d’une implacable noirceur. C’est ce dernier point qui m’a le plus troublé et gêné. Le roman se déroule sur plusieurs générations dans l’état du Kentucky. La famille Forge y vit dans une grande demeure coloniale entourée de champs de maïs où travaillent les esclaves . Raciste, conformiste, capitaliste, le pater familia n’hésite pas à attacher son fils au poteau des punitions pour le fouetter dans l’objectif de lui faire comprendre qu’il n’aura dans sa vie qu’un seul projet : suivre le chemin de ses ancêtres et maintenir le capital. Ça fait mal ! Si le père est profondément antipathique, le fils ne l’est guère moins. Le racisme vécu comme une supériorité naturelle des blancs sur les noirs donnent des pages stupéfiantes où l’on découvre la façon de penser de l’Amérique blanche d’avant les droits civiques, ça fait mal ! Passionné par les chevaux, le fils (qui s’appelle Henry comme le père) transforme la plantation en élevage de chevaux de courses, toujours convaincu de sa supériorité raciale il reste le digne successeur de ces grands propriétaires. A partir de là se raconte l’histoire de l’élevage des purs sangs, des courses, des paddocks, des poulinières, des derby. Ça se lit même si j’ai souvent sauté des pages car le sport des rois n’est pas ma passion loin s’en faut. Pour les chevaux c’est une forme d’esclavage pour les propriétaires une source de revenu. La prédation toujours.., plus terrible, en parallèle se raconte l’histoire de la lignée des esclaves et là aussi ça fait mal parce que durant tout le roman rien n’allège leur souffrances. Soumission, peur, assassinants, viols, absence d couverture santé, misère, prison … bref c’est presque pénible à lire.



Quand arrive sur la propriété le jeune Allmon hyper doué avec les chevaux on espère que ce métis orphelin de mère abandonné par son père blanc, apportera un peu de rédemption…. Henrietta la fille d’Henry qui elle, en miroir, voit sa mère quitter sa famille pour se remarier en Allemagne, dotée d’une personnalité singulière elle a une vie intérieure riche et complexe , d’une sexualité exubérante elle est séduite par Allmon mais n’attendez pas du romantisme que nenni ça reste désespérément sombre. Bref inceste, mort , haine traversent encore une fois les pages… j’avoue qu’à la fin j’étais épuisée de peine. La fin est flou comme l’eau d’un fleuve la nuit, Allmon vaincu, la seule espérance de ce livre c’est le petit chérubin Samuel qu’on découvre presque à la fin et toujours d’une façon violente . Une lecture pour courageux.se
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Le sport des rois

ABANDON



Déçue. Déçue par ce rendez-vous manqué avec ce livre. Pourtant, ce n'est pas à cause d'un manque de talent de l'autrice ou d'une histoire mal construite. C'est juste que ce livre et moi, nous ne nous sommes pas trouvés.



Pourtant je l'avais contemplé longuement sur les étals des libraires, attirée par cette saga américaine d'un homme à la recherche du cheval de course parfait, brimant sa fille unique avant que l'arrivée d'un garçon d'écurie noir ne change tout. L'action se déroulant dans une ferme d'anciens esclavagistes du sud des États-Unis.



La plume est recherchée, dense et très imagée. Étouffante. L'histoire offre aussi des personnages tourmentés, renforçant ce sentiment de malaise.



Les pages passant, je commençais à lire des passages en diagonale, me détachant de plus en plus de l'histoire, jusqu'au moment où j'ai préféré arrêter.



Cette histoire avait tout pour plaire mais l'alchimie n'était pas au rendez-vous.

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Tous les vivants

« Tous les vivants » est le premier roman de C. E. Morgan découverte l'an dernier avec le magnifique « Le sport des rois », finaliste du Pulitzer.

« Elle n'avait jamais vécu dans une maison et, maintenant qu'elle la voyait, elle n'était plus sûre d'en avoir envie ». C'est par cette phrase que commence l'histoire d'Aloma. Orpheline depuis l'âge de 3 ans, la jeune femme a été élevée par sa tante et son oncle qui réservaient leur affection à leurs propres enfants. Pensionnaire dans une école de la mission catholique, elle découvre le piano, instrument pour lequel elle se révèle très douée. Elle rêve de quitter ce lieu sombre pour passer sa vie sous le soleil, loin des montagnes qui cachent l'astre lumineux.

Un jour, elle rencontre Orren, élève au lycée agricole. Hormis l'attirance physique, rien ne les rapproche. Elle aspire à la liberté et à pratiquer la musique ; lui ne parle que de « la ferme qu'il posséderait un jour ». En guise de liberté et de musique, elle se retrouve dans une vaste maison qu'elle doit entretenir où se trouve un vieux piano déglingué ; lui doit reprendre l'exploitation familiale après le décès de sa mère et de son frère quelques années après celui du père.

Peu à peu les amants vont s'éloigner. Les relations sexuelles, de plus en plus brutales, seront leur seul lien.

Alors qu'elle songe à une autre vie, Orren travaille avec acharnement comme s'il avait une dette envers ses morts, oubliant que Aloma est vivante et que, n'ayant pas de famille, elle n'a pas de racines. Contrairement à lui qui ne pense qu'aux disparus et à l'héritage empoisonné qu'ils lui ont laissé.

Malgré leurs divergences, ces deux solitudes parviendront-elles à se trouver ? Je ne donnerai pas la réponse pour ne pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs de ce beau roman à l'écriture puissante, visuelle, charnelle et lyrique qui se penche sur le poids du passé. Comme elle l'a fait avec Henrietta dans « Le sport des rois », l'auteure a imaginé un personnage féminin fort confronté à des choix pour son avenir. C. E. Morgan est décidément une voix singulière de la littérature américaine.



EXTRAIT

L'âme aime davantage ce qu'elle a perdu, il s'agissait donc de tout cela, de tous ceux-là, de ceux même qui étaient morts depuis longtemps, ceux qu'il n'avait jamais rencontrés, et dont peut-être il ne connaissait même pas les noms.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Le sport des rois

Fresque sociale et familiale Américaine, prend racine au sein d'une famille noble et riche, dans laquelle Henry Forge nourrit un rêve secret, manipuler la génétique équine afin de voir naître le cheval parfait, une bête à course imbattable. Cette quête eugéniste rendue possible par l'aura de sa famille, son influence et sa puissance. Quête transmise à sa fille, absorbée elle aussi dans cette recherche de la perfection.



En parallèle, cette fresque se poursuit, dépeignant la vie d'Allmon, aux antipodes de celle d'henry, puisque cet homme noir subit de plein fouet la discrimination et la violence. Ces trois personnages, Henry, Henrietta et Allmon vont se rencontrer...



Le récit demande un certain temps pour se mettre en place, mais aucune phrase n'est de trop pour montrer les moindres héritages de l'esclavage, et les questions d'héritage, de destin. Le récit oscille entre les époques, les lieux, sans jamais perdre notre attention. Une fois le rythme pris, ce livre nous emporte avec lui, nous en sommes les cavaliers, et le rodéo littéraire commence enfin.

EN filigrane, la critique de la noblesse, les débordements du pouvoir, et les drames intra familiaux qu'abrite cette famille de la haute.

Un parallèle saisissant sur la génétique, la famille, et la provocation du destin... quoiqu'il en coute.

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Tous les vivants

Aloma est une jeune orpheline, élevée dans une école catholique où elle a étudié le piano. Aloma a des rêves : elle travaille dur le piano, afin de de pouvoir en vivre et quitter pour toujours le Kentucky, dont les montagnes l’étouffent. Mais sa rencontre avec Orren, jeune fils de fermiers, lui offre une autre façon de changer de vie. Elle s’installe avec Orren dans la ferme familiale ; le jeune homme vient de perdre sa famille et se retrouve seul à la tête de l’exploitation familiale. Orren s’épuise au travail, tandis qu’Aloma fait de son mieux pour assurer l’intendance de la maison. Ce n’est pas l’idéal pour débuter une vie de couple : Orren, taiseux, est obnubilé par sa lutte pour maintenir la ferme à flots ; il n’est pas suffisamment présent pour Aloma, qui souffre de la solitude et de devoir renoncer à ses rêves…

On est vite happé par le charme de ce roman intemporel, à travers le portrait extrêmement fin d’une jeune femme déchirée entre ses idéaux de liberté et sa soif d’amour ; une jeune femme qui a grandi dans une extrême solitude, sans modèles à qui se référer. Orren est également un personnage très touchant, lui qui se retrouve responsable d’une charge qui l’effraie et l’empêche de se laisser aller à vivre. Le roman décrit avec beaucoup de justesse et de pudeur la distance au sein du couple, renforcée par leurs difficultés de communication vis-à-vis des attentes qu’ils ont l’un de l’autre.

La belle écriture de l’autrice rend un bel hommage aux paysages du Kentucky, à cette Amérique rurale écrasée par la chaleur, et suspendue à l’arrivée salvatrice de la pluie. Les journées sont rythmées par le lever et le coucher du soleil, dont les couleurs remplissent le paysage de poésie.

Un très beau roman, à l’écriture subtile parfaitement restituée par la traductrice Mathilde Bach.

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Le sport des rois

C’est une lecture totalement hypnotique et addictive que celle de ce grand roman épique et flamboyant rempli de testostérone ai je envie d’ajouter. On ne le lâche pas tellement on est happé. Nous voilà partis dans un voyage dans le sud des États Unis à travers différentes périodes et Différents personnages, dans une Amérique violente, raciste, mysogine, Inégalitaire Avec chevaux et nature. Le style est enlevé mais l’utilisation des métaphores et images introduites par le mot « tel » m’a agacée particulièrement dans la deuxième partie du livre... peut être un style à parfaire.. par ailleurs je dois dire que je ne me suis attachée à aucun personnage décrits sans trop d’empathie m’ a t il semblé mais probablement à dessein de la part de l’auteur...en tout cas je vous recommande chaudement ce livre que l’on n’oublie pas... waouh, quelle claque !
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Le sport des rois

Excellent roman ! cependant j'abandonne sa lecture et j'attendrai sa sortie en poche pour le terminer. Il faut pouvoir prendre son temps pour le lire, car il est très dense.
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Tous les vivants

Aloma n’avait jamas vécu dans une maison comme celle-ci et maintenant qu’elle la voyait, elle n’était plus très sûre d’en avoir envie mais elle aime Orren, alors supportera-t-elle cette vie dans cette région rude du Kentucky avec des cultures de tabac à perte de vue qu’elle voit au travers des rideaux déchirés de cette vieille maison où les murs de pierre et de terre s’effritent. Aloma et Orren sont deux jeunes orphelins ce qui les lient et les rapprochent et en même temps quelques différences de caractère les séparent, lui est taciturne et taiseux presque violent, juste rude, Aloma est douce et sensible et de plus elle est dotée d’un talent rare pour le piano. Orren sait travailler la terre, ce sol pierreux pourvu d’herbes hautes qu’il travaille et qu’il doit entretenir seul suite à la disparition de sa famille. Les mains d’Orren ont eu l’habitude d’être endurantes celles d’Aloma sont faites pour l’art. Un jour elle décide d’aller à la rencontre du pasteur du village car elle sait qu’il y a un piano et elle a tant besoin d’effleurer les touches et d’entendre sa résonance. Il lui propose de venir jouer à la messe du dimanche ce qui lui permettra de gagner un peu d’argent. Aloma commence à se sentir tirailler entre désirs et devoirs. Avec Aloma l’auteure nous entraîne vers les peurs, les tourments et les contradictions de l’âme humaine. Elle nous emmène en procession vers une introuvable terre promise. Le talent de C.E. Morgan s’est imposé à moi dès l’instant où elle a mis en lumière ce très beau portrait de femme déchirée entre son désir de conserver sa liberté et son devoir d’être une compagne courageuse pour Orren.
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Tous les vivants

Cette semaine, j'ai lu Tous les vivants de C.E. Morgan. J'étais dans mon canapé ou dans mon transat (sur mon immense balcon de 2 mètres carrés 😄) et j'aurais tout aussi bien pu être au cinéma tellement ce roman a éveillé en moi des images précises et évocatrices.

Aloma et Orenn se rencontrent, se plaisent. Alors qu'Orenn hérite d'un domaine suite à la mort de sa famille dans un accident, il demande à Aloma de venir vivre avec lui.

Mais tous deux sont jeunes, absolument pas préparés à gérer une vie d'adulte.

Tandis qu'Orenn cherche à sauver sa plantation, Aloma veut jouer du piano, sa passion.

La plume de C. E. Morgan est somptueuse, elle a créé sous mes yeux de magnifiques mais cruels paysages, habillés d'une bande-son qui fait la part belle aux sonates de Mozart.

Certaines scènes aux tons flamboyants atteignent une intensité et une puissance saisissantes.

Orenn m'a touchée en plein cœur, sa douleur qui semble sans fond ne peut pas laisser indifférent.
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Tous les vivants

Une écriture sensorielle et précise.

Magnifiquement écrit
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Le sport des rois

Combien j'aurais aimé aimer ce livre....

J'ai bien accroché au début et puis la lassitude est venue, petit à petit, j'ai mis bcp de temps à reconnaitre les personnages d'un chapitre à l'autre, je ne suis pas arrivée à m'intéresser à ce monde des chevaux de course qui est quand même très présent.



Je ne nie pas les qualités littéraires de l'ouvrage, au contraire, je pense d'ailleurs que c'est ce qui m'a perdue, ce livre m'a fait énormément penser à Hemingway, à Faulkner aussi,



Je mets quatre étoiles parce que je suis sûre qu'il les vaut et même plus, mais trop ambitieux pour moi, du moins actuellement, c'est un livre magnifique mais pas facile, j'ai sauté bcp de pages, seule la relation familiale entre Henry et Henrietta et Almond m'intéressait, j'ai fini en diagonale. Je le regrette.
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Tous les vivants

Une demeure délabrée et des champs bien trop grands à gérer pour un homme seul, voilà ce qui attend Aloma quand elle s’installe enfin avec son amoureux Orren. La gestion de cette ferme devient vite l’unique but du jeune homme, déterminé à rendre fier sa mère et son frère aîné récemment décédés dans un accident de voiture. Un but qui confine bientôt à l’obsession...

Tous les Vivants brosse le portrait subtil d’une jeune femme ordinaire qui croit toucher le bonheur du doigt. Sa désillusion, ses hésitations, ses espoirs m’ont serré le cœur et me l’ont rendu incroyablement proche. Un roman d’une sensibilité bouleversante à l’héroïne ambiguë, changeante mais ô combien humaine.
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Le sport des rois

💙💙💙💙💙💙💙💙Le sport des rois. 💙💙💙💙💙💙💙💙 de C.E Morgan

@editions_gallimard .



Terminer sa lecture, refermer le livre et se sentir K.O !

Pas en raison du nombre de pages ( quoique !!! ) mais ressortir bouleversée face à la puissance et à la densité de ces pages.

C.E. Morgan nous entraîne dans une folle course sur 3 générations, dans le Kentucky rural et raciste. Nous sommes aux USA avant l'arrivée d'Obama ; c'est une histoire de transmission { " nous sommes tous la somme de ceux qui ont vécu avant nous " }, d'héritage, d'esclavage, d'amour,... .



Les mots me manquent... Un énorme coup de 💙 . Ce roman est tellement fort que le mieux est de s'y plonger et de se laisser envoûter, emporter par le flot des pages, qui se déroulent comme un script de film.Suivez la recommandation d' #oliviadelamberterie et découvrez un "grand, grand grand roman, à ne plus parler à personne ." .



Hommes, Femmes, Chevaux, Noirs, Blancs , se mélangent et s'affrontent sous nos yeux . Un chef-d'œuvre, finaliste du prix Pulitzer ! .
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Le sport des rois

Finaliste du Pulitzer 2017, l'écrivaine C.E. Morgan retrace dans ce livre l'histoire du Kentucky sur 3 générations de riches propriétaires terriens blancs. L'un d'eux, Henry Forge, va dédier sa vie à la recherche de la combinaison génétique idéale pour obtenir le cheval de course parfait. Autoritaire et raciste, il élèvera sa fille unique avec l'obsession de la perfection. Mais l'arrivée d'Allmon Shaughnessy, jeune homme noir élevé dans les quartiers pauvres et déterminé à prendre sa revanche sur la vie va bouleverser celle des Forge.

Nul besoin d'être un spécialiste des chevaux de course pour apprécier ce roman! Car c'est surtout une incroyable épopée menée tambour battant qui aborde de nombreux thèmes: l'esclavage, le darwinisme, les désillusions du rêve américain; l'économie, les relations familiales... Un livre dense, intense et exigeant qui laisse KO après 650 pages d'une lecture échevelée! Un coup de cœur!
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Le sport des rois

Un grand roman américain, dira-t-on, et sans doute aura-t-on raison tant l’auteure explore, dans ses tréfonds, ce que peut-être cette Amérique de l’intérieur, si loin de New-York ou de la Californie, repliée sur elle-même, rurale, primale, instinctive. Une Amérique où coule le fleuve Ohio que tant de noirs ont essayé, souvent au prix de leur vie, de traverser pour vivre une meilleure vie, pour vivre tout simplement. Portraits croisés d’une famille blanche, les Forge, aisée, confite dans des valeurs issues d’un autre temps, fondées sur l’amour d’un nom, d’une identité, d’une terre et d’une famille noire à qui, à jamais, non pas le bonheur, mais même l’espoir est interdit. Toujours les noirs seront victimes, toujours les femmes seront dépréciées. Ici, jusqu’à la banalisation de l’inceste. Le passé et le présent s’entremêlent, comme si jamais rien ne change, comme s’il existait une malédiction ancestrale qui fige pour toujours la position des vaincus et des vainqueurs. Mais si les vaincus le sont à jamais, les vainqueurs n’ont pas pour autant accès au bonheur. Allmon a un père blanc et une mère noire, mais son destin, sa position sociale feront de lui un noir à part entière, un homme au destin broyé qui a vendu son fils au plus offrant dans l’espoir d’une vie qu’il ne vivra pas. Henry Forge, héritier de la dynastie, intrinsèquement raciste et mysogine, verra presque avec indifférence son monde partir en fumée, ne trouvant plus de sens à sa vie que dans l’amour pour son petit-fils, dans les veines duquel coule du sang noir. Paradoxe d’une destinée. Vanité de presque toute une vie. Henrietta, fille d’Henry Forge, sera libre de son corps et de ses pensées, sans même être traumatisée par l’inceste dont elle est la victime ou le simple objet complice et sans échapper non plus au creuset étouffant de sa famille. Henrietta aimera Allmon, aura un enfant de lui, mais ne survivra pas à sa naissance. Chaque aiguillage débouche sur une impasse. C’est aussi un livre sur la recherche du cheval parfait qui, clin d’œil facétieux, sera une jument puissante, indomptable et orgueilleuse. Sans doute, le récit n’échappe pas à certaines longueurs, à des digressions sur les équidés, à des réflexions sur la génétique ou la géologie, mais il converge toujours vers l’essentiel : une forme de fatalité qui interdit le bonheur parfait, qui fige les rapports de force, qui fait qu’il est si difficile, sinon impossible, de donner durablement un sens à l’existence des femmes et des hommes. Et c’est là que l’œuvre de C.E. MORGAN est bien plus qu’un grand roman américain. Il se déroule essentiellement aujourd’hui. Il se déroule au Kentuky, mais il touche à l’universel. C’est un grand roman tout court.
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Tous les vivants

C.E. Morgan ne donne pas dans le sentimentalisme. Elle brosse un portrait de femme touchant dans une Amérique rurale sclérosée par des siècles de patriarcat. La focalisation sur Aloma est totale, extrêmement intime. Du sacrifice pour Orren et son projet de vie sans avenir à l’éveil d’une conscience lui autorisant l’espoir de forcer les barreaux de cette prison à ciel ouvert où elle a accepté de se laisser enfermer, le chemin vers la liberté est tracé pas à pas. Solitude, frustration, désir ou colère, Aloma dévoile au fil du temps un tempérament complexe et bien moins docile que les apparences ne le laissent penser.

Un très beau texte, tout en pudeur et en sensibilité.


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Tous les vivants

Au cœur des montagnes du Kentucky, Aloma et Orren, la vingtaine, sont loin d’avoir l’insouciance de leur âge.

Bien qu’ils se soient rencontrés à l’université, leur rêve d’avenir et d’ailleurs se sont vite évaporés. La famille d’Orren meure dans un accident de voiture. Les parents géraient une exploitation de tabac et un élevage de vaches. Orren décide de s’installer sur le domaine et de reprendre les activités. Aloma, par amour, vient s’installer avec lui et le seconde. Mais, on ne s’improvise pas agriculteur du jour au lendemain. L’exploitation est loin d’être rentable, les fins de mois sont difficiles et l’argent est compté avec soin. Orren sue sang et os pour faire vivre l’héritage familial auquel il s’est enchaîné et Aloma, qui ne travaille pas, fait de son mieux pour tenir la maison, cuisiner et s’occuper des poules pondeuses. Le quotidien est bien souvent morose.

Aloma a un regret, celui de ne plus pouvoir jouer de piano. Elle trouve un emploi à l’église du village où elle va jouer le dimanche et parfois en semaines. Le pasteur est accueillant avec cette nouvelle arrivante dans sa paroisse. Cela redonne du souffle à la jeune femme qui ne sait plus où en est sa vie et qui aimerait autre chose.

On ne peut pas dire que ce roman soit gai. J’ai trouvé l’histoire vraiment touchante. Ces deux jeunes gens plein d’abnégation qui se lancent dans ce projet fou et qui se donnent les moyens de réussir. C’est une belle leçon de courage. Mais dans le même temps, l’autrice axe son récit sur Aloma et avec elle, sur la place des femmes. Elles sont celles qui bien souvent se sacrifient mais elles sont surtout celles que l’on juge à la moindre occasion. Si Aloma semble si bien s’accomoder au début de la situation et si elle suit Orren les yeux fermés, c’est parce qu’elle-même n’a plus de famille. Cependant, l’amour d’Orren ne suffit plus, ils s’éloignent l’un de l’autre, ne se comprennent plus, ils sont accaparés par leurs quotidiens diamétralement opposés : lui agit là où elle, elle attend. On sent bien qu’Aloma veut autre chose, voire qu’elle voudrait partir. Elle est sur le fil tout le long du récit. Ce n’est qu’à la toute fin qu’elle prend sa décision. C’est un très beau récit de deux destinés.
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Tous les vivants

La simplicité d'une histoire dénudée jusqu'à l'allégorie : sentiments et contradictions, tacite opacité d'un couple hasardeux précipité dans l'âpre sécheresse du Kentucky. Sous la plume lumineuse, intemporelle, empruntée presque parfois de tendre vers un sens universel, Orren et Aloma se déchirent et acceptent.
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Tous les vivants

Un roman qui embarque, même s'il ne se passe pas grand chose. C'est très introspectif, Aloma se cherche, tâtonne, hésite. Et on doute avec elle.
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Tous les vivants

Des personnages très attachants qui doivent vivre là où les morts sont encore très présents, ont laissé des traces. Des personnages, jeunes, attachants, qui doivent apprendre à vivre ensemble. Ils font avec leurs blessures. C'est bien écrit. J'ai retrouvé le même plaisir de lecture que dans Le sport des rois.
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