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EAN : 9782072780219
656 pages
Gallimard (03/01/2019)
3.66/5   148 notes
Résumé :
Riche propriétaire terrien du Kentucky, Henry Forge dédie sa vie à la recherche de la combinaison génétique idéale pour créer le cheval parfait, une machine de course imbattable et grandiose. Digne héritier d’une famille autoritaire habituée depuis des décennies à posséder, commander, dominer, il fait tout plier à sa volonté, la génétique comme sa fille unique, Henrietta, à qui il transmet son obsession.
Dans une ville voisine, Allmon Shaughnessy, un jeune h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
3,66

sur 148 notes
Une grande fresque familiale aux Etats-Unis, qui tourne autour des chevaux, de territoires conquis à la sueur du front, à un travail acharné pour trouver le moyen de « créer » le meilleur cheval qui soit, quitte à écraser tout sur son chemin pour aboutir à ce projet fou. Les femmes de cette famille en feront les frais, ainsi que les Noirs qui en font partie, considérés comme des esclaves et des moins que rien, encore aujourd'hui.

Les époques se mêlent, s'entremêlent, livrent petit à petit les drames des Maîtres et des Esclaves, Blancs et Noirs, que ce soit hommes ou chevaux, où tout se mêlent, sangs-purs et sangs mêlés, obsession de la perfection allant jusqu'au-boutiste.

Une écriture incisive, belle, pour une oeuvre dure, amère, où le bonheur n'existe pas ou lorsque les personnages sont prêts à le toucher, ce n'est que pour l'effleurer. iI s'envole tout aussi vite vers d'autres contrées.

L'auteure nous offre un livre dense, qui se mérite, il faut prendre le temps de se plonger dedans. Ce livre restera dans les annales.
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"Certaines fables demeurent, d'autres tombent dans l'oubli, toutes sont nées pour être racontées. Elles l'exigent ; les morts se changent en fables pour pouvoir continuer à vire. Leur éternité patiente derrière vos lèvres. (p368)"

Paris - Kentucky - de 1950 à nos jours - Il m'a fallu de l'attention et du temps pour découvrir ce deuxième ouvrage de C.E. Morgan que j'avais découverte avec Tous les vivants, un roman dont j'avais beaucoup aimé l'écriture, analysant et effleurant les personnages sans trop en dire, une douceur baignant l'ensemble du récit.

Dans celui-ci elle fait preuve de beaucoup d'ambition en voulant retracer sur plus de trois générations l'histoire non seulement d'une famille, les Forge, dont Henry et sa fille Henrietta sont les derniers représentants, partageant une même passion, celle des chevaux de course, Henry ayant transformé le domaine familial axé jusqu'à maintenant sur la culture du maïs en élevage de chevaux de race et de course après la mort de son père. Les Forge sont, comme beaucoup dans cet état du sud-est des Etats-Unis, profondément attachés à la suprématie de leur couleur de peau et donc profondément racistes et ségrégationnistes. Une autre lignée est auscultée : celle de Allmon  Shaughnessy, jeune groom (lad) métis, embauché par Henrietta pour prendre soin des pouliches et de leurs progénitures, lignée animale où la pureté de la race est recherchée afin d'atteindre l'excellence.

Mettant en parallèle les parcours de ces deux familles que tout oppose mais ayant en commun le soin et l'amour du cheval,  C.E. Morgan utilise la forme romanesque pour que les chemins se rejoignent, se croisent, se lient et s'affrontent dans un récit ambitieux pour finalement retracer l'histoire d'un pays, de ses différences raciales d'hier mais encore actuelles tant elles sont ancrées dans l'esprit de certains, avec une écriture et une construction, qui, comme je l'indique, vous plongent à la fois dans de l'admiration pour la richesse de la première et la maîtrise de la deuxième en y ajoutant un lyrisme qui fait rupture parfois avec la narration romanesque.

On a vite conscience de la dramaturgie qui va se jouer mais ce n'est qu'un prétexte pour explorer l'évolution des races, quelle soit humaine ou animale avec de nombreux rappels des théories de Darwin, chaque race évoluant (ou non) au fil du temps avec les cicatrices du passé et les événements qui peuvent surgir dans le présent et laisser en héritage non seulement une éducation, un vécu mais également transformer le devenir de chacun.

J'ai parfois trouvé des longueurs,  sans jamais avoir eu envie d'abandonner le récit mais en prenant mon temps car on ne peut comprendre une situation qu'en observant le passé, les racines étant prépondérantes dans le devenir, en y incluant des chemins de traverse, explorant à la fois la psychologie et le vécu de chaque génération, son héritage, dans une région ancrée dans ses certitudes sur sa suprématie et son pouvoir d'un côté et de l'autre sur l'impossibilité de sortir du destin qui s'accroche à vous mais, pour être tout à fait honnête, je m'y suis parfois perdue, l'auteure réussissant malgré tout à chaque fois à me "repêcher" et à me convaincre de reprendre le fil de l'histoire.

Je pense qu'il aurait peut-être mérité d'être éclairci, allégé mais il est à la fois un roman et une analyse de par la diversité des sujets traités : saga familiale, amour, ambiguïté des sentiments, mine d'informations sur le cheval et du monde des courses hippiques, histoire d'un pays gangrené par la supériorité d'une race où les exactions commises dans le passé trouvent encore un écho de nos jours et parfois un terrain propice à maintenir une distance haineuse infranchissable.

Chaque personnage laissera en moi une trace même si pour certains j'ai eu plus de mal m'y attacher par la multiplicité, les changements d'époque et les dispersions prises, l'auteure réussissant à tenir jusqu'au bout les rênes, à livrer peu à peu tout ce qui constitue chaque destin et leurs prolongements sur les générations suivantes avec un attachement particulier, pour ma part,  à Allmon et sa mère, famille déchue, victime à la fois de sa couleur de peau mais également une descente sociale due à un système social désavantageant les plus pauvres, C.E. Morgan n'écartant ainsi aucun des facteurs aggravant où l'on comprend qu'être noir et pauvre peut vous destiner à un avenir sombre et douloureux.

J'ai aimé mais il s'agit d'une lecture qui demande temps et concentration pour ne pas s'y perdre, pour en apprécier toutes les ramifications, en apprécier toute la richesse de l'écriture et l'analyse presque scientifique des espèces, qu'elles soient humaines ou animales et accepter le parti pris par C.E. Morgan de les confronter que ce soit sur le plan géographique, historique, environnemental mais également sociétal, éducatif, se laissant parfois emporter par une certaine forme de lyrisme.
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Un vrai grand roman américain, 650 p serrées aussi chez Gallimard, et je pense la traduction de Mathilde Bach qui n'affadit en rien , au contraire, le texte initial de l'auteur qui publie là son second roman.
Le Kentucky, l'Ohio, sont les frontières de cette saga qui se déroule sur 3 générations, et à laquelle aucun ingrédient ne manque pour retenir le lecteur, l'essouffler, l'ébouriffer même.
Une famille noire, une blanche, une pauvre, une riche, des amours interdites bien sur, l'esclavage, et les dures lois de la ségrégation, la nature, les prairies à perte de vue, des élevages de chevaux de course, un brasier tel que l'a vu Scarlett en d'autres lieux...
Bref, un superbe roman .
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Fils unique d'un homme tyrannique et d'une mère muette, Henry Forge grandit dans les relents racistes du Kentucky, au sein d'une propriété agricole dont il sait qu'il héritera, mais qu'il veut transformer. Finies les monotones étendues de céréales : Henry veut élever des chevaux de course. Mais dans les années 1950, un jeune homme peut encore difficilement s'opposer à l'autorité brutale du patriarche. « Les gens appellent cela un sport, mais je vais te dire une chose : ce soi-disant sport n'est guidé que par l'obsession, et il n'y a rien que les hommes faibles aiment davantage que de se laisser aller à leurs obsessions. » (p.58) À force de volonté, Henry mène à bien son projet. Désormais, à la tête du domaine Forge, c'est lui qui impose sa tyrannie : il cherche la perfection génétique en toutes choses, tant pour produire le pur-sang le plus parfait que pour maîtriser sa descendance. Sa fille Henrietta le subit pendant une enfance solitaire, privée de mère et de tendresse. « Tu ne ressembleras à aucune autre fille. [...] Car je ne te laisserai pas faire. » (p. 137) Quand Allmon Saughnessy, repris et épris de justice, orphelin noir et ambitieux, arrive au domaine Forge, il brise un cercle pervers et rebat les cartes d'un jeu trop longtemps truqué. « Qu'est-ce qu'il venait faire ici ? Il venait chercher les choses qu'on lui avait volées, les choses auxquelles il n'avait pas le droit de toucher. » (p. 374)

L'autrice décrit sans concession le racisme profond et structurel qui règle encore en Amérique. « Depuis toujours, la race noire a besoin de nous pour trouver un sens à la conduite de la vie. » (p. 59) C'est toute une vision du Sud du pays qu'elle présente, sans ménager les égos boursouflés de ceux qui fondent leur légitimité sur un billet jauni du Mayflower. La critique est acide : les différences de e, de chance ou de naissance ne valent que parce que le système les entretient. Ce qui m'a surtout frappée, c'est la façon dont s'opposent frontalement et au fil des générations l'obsession de la lignée et la haine du père. Cela m'a rappelé le fils, de Philipp Meyer.

Sur la forme, immense bravo. L'autrice maîtrise les ellipses et le temps narratif, entremêlant passé et présent, récit des origines et changement de point de vue, sans jamais perdre son lecteur, et même en attisant encore plus sa curiosité. Je ne m'intéresse pas aux courses ni à l'élevage des chevaux, mais C. E. Morgan a su capter mon attention. Et à chaque Derby, une chanson résonnait en moi, la tristissime Stewball d'Hugues Aufray. Quand une oeuvre écrite suscite l'émotion par support interposé, c'est que sa portée dépasse largement ses pages. Et ça mérite d'être salué !
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De la fin des années 40 au début des années 2000
Kentucky-Ohio

Nous faisons la connaissance d'Henry quand il a 10 ans. Il a fait une grosse bêtise et son père lui flanque une correction mémorable, devant un employé (noir) du ranch.
Six ans plus tard, Henry est devenu un jeune homme qui déteste son père et qui se venge de façon ignoble de ce même employé de son père ... la vengeance est un plat qui se mange froid ... qu'est-il advenu du petit garçon de dix ans ?
Cette famille est une famille typique de Sud dans les années 50.
La ségrégation est pour eux tout à fait nécessaire et voir des noirs pendus au arbres ne leur fait ni chaud ni froid. « l'homme blanc est selon eux supérieur » et les noirs juste bons à rester serviles et être traité comme du bétail.
L'histoire se poursuit ensuite avec la jeunesse de la fille d'Henri, Henrietta.
A la fin de la première partie elle a environ 25 ans, elle dirige l’écurie de courses avec son père et rencontre, lors d'un entretien d'embauche, Allmon, un jeune homme noir, qui dit s'y connaitre en chevaux, il sort de prison.
La deuxième partie raconte l'histoire de ce jeune homme à Cincinnati Ohio depuis ses quatre ans jusqu'au début de son séjour en prison.

Voici pour les personnages. Pour le style c'est âpre, rude, direct...La vie n'a pas été facile pour Henrietta (ni pour Allmon) et l'on se prend à espérer que ces deux là vont pouvoir se libérer de leurs chaînes respectives ... mais peut on se libérer d'une enfance maltraitée...

Pour tout dire, je m'attendais à un livre autour des champs de courses un peu comme le paradis des chevaux de Jane Smiley... Pour ceux qui l'ont lu le livre est plus proche de My absolute Darling de Gabriel Tallent (parfois insoutenable...mais très bien écrit)
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critiques presse (6)
LaLibreBelgique
12 mars 2020
Après avoir publié Le sport des rois en 2019 - titre qui a récolté un beau succès critique et public -, Gallimard propose en traduction française un roman antérieur de C.E. Morgan : Tous les vivants (All the Living, 2009). Après une ambitieuse fresque familiale, on découvre avec bonheur C.E. Morgan dans une veine plus intimiste.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaLibreBelgique
28 juin 2019
De sa plume cérébrale et précise, C.E. Morgan mène son récit tambour battant, entremêlant la trame principale avec des éclats de contes et de légendes. Du tumulte des vies retracées aux plus vils penchants humains, personne n’échappe à sa sagacité.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaCroix
29 mars 2019
L’Américaine C. E. Morgan fait le portrait sur plusieurs générations de deux familles, l’une blanche, l’autre noire, dans un Kentucky rural et raciste.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Bibliobs
14 février 2019
Voici donc, à la fois anachronique et ultramoderne, épique et intime, étouffant et survolté, pur-sang et sang mêlé, le grand roman américain d'aujourd'hui.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
06 février 2019
Point n’est besoin d’être soi-même cavalier, amateur de milieux hippiques, familier des champs de courses, pour se lancer dans Le Sport des rois, de C. E. Morgan [...] Mais loin de se laisser réduire au seul monde des écuries et des paddocks, le deuxième roman de l’Américaine [...] se caractérise au contraire par son extrême luxuriance de thèmes.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LePoint
06 février 2019
Une exceptionnelle épopée américaine en noir et blanc sur plus de trois générations et sur fond d’élevage de pur-sang : lisez Le sport des rois.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Henry fulminait, se mordait les joues tout en soutenant le regard de son père. Sa mère les ignorait l’un et l’autre, elle s’était fermée, les yeux rivés sur la fenêtre. Henry bouillait de rage durant tout le trajet, mais lorsqu’ils arrivèrent enfin à la maison, John Henry ne coupa pas le moteur, il ne se gara pas non plus le long du mur. Au lieu de cela, il continua sur la route qui longeait les frontières du domaine. Il fit signe à sa femme de rentrer sans eux, elle glissa donc de son siège et se retrouva plantée bêtement au milieu du chemin. Henry se refusa à la regarder, il se figurait très bien ses épaules basses, face à John Henry poursuivant sa route. Personne ne se retourna sur Lavinia, seule sur le chemin, figure solitaire serrant dans ses mains une pochette jaune vif, le visage ombragé par la voilette qui lui couvrait le front.
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Il faut que tu penses comme un homme et non plus comme un enfant. Une des plaies de la jeunesse est sa tentation de rompre avec la tradition, mais la tradition n'est rien d'autre que l'accumulation des enseignements. Il serait absurde de l'oublier et d'être obligé de réapprendre ce que tant d'hommes avant toi ont déjà appris. Tu leur dois obéissance et tu me dois obéissance, de même que je leur dois obéissance et que je dois obéissance à mon père, plus encore que mon frère car je suis l'aîné. Toutes ces routes mènent à toi, Henry, et je ne te laisserai pas tout gâcher pour un tas de diamants de pacotille. Je suis un fils de cultivateur et tu es un fils de cultivateur à ton tour. Nul besoin de progresser, Henry, il importe juste de se conformer à une lignée qui n'a jamais dévié, car elle s'est toujours avérée judicieuse.
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Car la justice est une chose parfaite, mais la justice ne commande pas les actions des hommes. Jésus ne va pas te forcer la main. Il se contente de vivre en toi, tel un espoir, de te montrer son visage jour après jour, c'est toi qui dois décider si tu veux que ta vie ait les attraits de la justice, bien qu'il ne t'apparaisse jamais nulle part, ou si tu veux que ta vie ait les attraits de la célébrité, des jolies choses, de l'argent, et tout le reste. La plupart des gens choisissent les jolies choses et l'argent, parce qu'elles sont là, à portée de vue et de main. Pourtant, ce sont les choses qu'on ne peut pas voir qui comptent le plus. Elles remplissent on esprit et ton coeur. Ces choses parfaites, comme la justice.
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Les hommes bombaient leurs torses de pingouins, jouant les élégants devant les femmes, offrant verres de vin et bouteilles de Coca, agitant leurs mégots avec des airs savants sur une science qu'ils avaient étudiée à la va-vite pour le premier samedi de mai. Au derby, tant qu'il y avait une femelle dans les alentours, chaque mâle était un expert.
(p. 195)
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Crois-tu que l'histoire a été écrite par des hommes ordinaires ? L'histoire est l’œuvre des exceptions génétiques, les rebelles, les entêtés, les implacables. Les hommes qui décident de devenir différents de leurs pères. Oui, je sais que tu es une femme, mais ton esprit est celui d'un homme. De ceux qui sont prêts à tout risquer, même leur propre santé mentale, peut-être nécessairement leur santé mentale, pour accomplir quelque chose de grand, et la grandeur est absolument et toujours contingente à l'individualité.
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