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Critiques de Carla Guelfenbein (120)
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La Saison des femmes

Depuis qu’elle soupçonne son mari, professeur au Barnard College de New York, de la tromper avec de jeunes et fraîches étudiantes, Margarita se poste régulièrement sur un banc, dans le parc du campus, pour l’épier à distance et en silence. Soixante-cinq plus tôt, en 1948, trois autres femmes, elles aussi fictives sauf une, se croisaient sur le même campus : Elizabeth, atterrie à Harlem après avoir rompu avec sa riche famille, y suivait des cours de littérature et se laissait mourir d’amour pour un professeur adjoint de l’université ; Juliana, treize ans, interrompait sa scolarité pour y seconder sa mère, membre du personnel de ménage ; Doris Dana hésitait à mettre fin à sa relation étouffante avec l’enseignante et poétesse chilienne Gabriela Mistral, récemment couronnée du prix Nobel de littérature.





Comme en une savante et d’abord illisible juxtaposition de tesselles finissant, avec du recul, par dévoiler le complexe dessin d’une mosaïque, les brefs chapitres de ce court récit s’assemblent peu à peu pour dévoiler la trame commune tissée à leur insu par ces femmes aux prises chacune avec leur trajectoire personnelle. Entre amours vacillantes – bafouées, impossibles ou toxiques – ou scolarité brisée par la pauvreté, toutes se retrouvent indécises, incapables de trancher les fils de leur vie pour les reprendre en main, figées dans une passivité teintée de résignation masochiste qui fait dire à Carla Guelfenbein qu’ « attendre, c'est une façon de disparaître. » La narration fait résonner tous ces instants d’irrésolution de multiples échos, complétant les références à Sylvia Plath, Alejandra Pizarnik, Alfonsina Storni, Virgina Woolf, Violeta Parra et d’autres encore – toutes écrivains ou artistes s’étant plus ou moins heurtées aux parois de verre de la condition féminine avant de faire le choix du suicide –, d’extraits d’un livre intitulé « Comment disparaître en Amérique sans laisser de traces ».





Alors, que décidera notre contemporaine Margarita ? Se résignera-t-elle aux mensonges de son mari, hypothéquant sa vie et son bonheur pour se fondre en une sorte de morte vivante ? Ou refusera-t-elle la soumission pour renaître à une nouvelle existence ? Carla Guelfenbein ouvre les portes et tend les perches à ses lecteurs, leur laissant imaginer ce que pourrait devenir son personnage si elle osait enfin, mais aussi, par extension, toutes les femmes prisonnières des murs de verre qu’elles acceptent que l’on érige autour d’elles.


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Le reste est silence

Ce livre est une boite à émotions, bouleversant et prenant.

L'auteur Carla Guelfenbein nous fait entrer progressivement dans l'intime le plus profond des personnages. Chacun d'entre eux vit avec une souffrance enfouie, larvée. Leur passé est présent et à travers un silence lourd de conséquence,chacun avancent avec peine.

Tommy, jeune garçon de 12 ans va découvrir un secret et va en silence tenter d'en savoir plus. Ce petit Tommy est d'une sensibilité à donner des frissons. On a envie de le protéger, de l'aider, on l'aime !

Juan, le père va quant à lui vivre avec son secret et se réfugier dans son travail sans voir la souffrance psychologique de son fils.

Alma, la nouvelle compagne de Juan va, elle aussi taire une découverte.

Tant de silence qui pourtant résonne avec violence dans la vie de chacun...

Carla Guelfenbein, nous fait un très beau cadeau en écrivant ce livre, il faut le lire et le faire découvrir.
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Le reste est silence

On peut dire beaucoup de choses en se taisant, et à l'inverse la parole n'est pas toujours synonyme de communicabilité. Les trois personnages principaux de ce roman illustrent bien ces difficultés.

Il y a d'abord Tommy, douze ans, atteint d'une maladie cardiaque qui l'empêche de s'amuser normalement avec les enfants de son âge. Alors il s'occupe en enregistrant en cachette les conversations des adultes, ce qui lui vaudra une révélation dramatique à propos de la mort brutale de sa mère, dix ans plus tôt.

Il y a ensuite Alma, belle-mère de Tommy, qui sent que son mari s'éloigne d'elle, et qui se réfugie dans les bras d'un amour de jeunesse peu fiable.

Et puis Juan, le père de Tommy, brillant chirurgien, qui croit protéger son fils mais n'a réussi qu'à en faire un enfant solitaire, trop sérieux pour son âge.

"Le reste est silence" est un roman choral à trois voix, dans lequel les mêmes situations sont vues de trois points de vue différents, ce qui est un peu répétitif, mais qui montre l'ampleur des incompréhensions et des malentendus au milieu desquels les personnages naviguent à vue. On a mal au coeur pour Tommy, qui souffre en silence dans son corps et dans sa tête, on s'agace de cette Alma indécise et qui semble préférer Tommy à sa propre fille, on désespère devant la froideur apparente de Juan. Mais cela ne va pas beaucoup plus loin, parce que pour moi, cette histoire est  trop improbable : la question de la judéité, posée comme centrale dans l'origine du drame, m'apparaît tirée par les cheveux, la maturité de Tommy me semble excessive, et la scène finale frise la guimauve en plus d'être irréaliste.

En dehors de cela, l'écriture est sensible et délicate, et ce texte rappelle, si besoin était, que le poids des secrets de famille se pose sur les épaules des générations suivantes, qui en paient parfois un prix beaucoup trop fort.
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Nager nues

Une fois de plus j ai un coup de coeur pour Carla Guelfenbein. Elle sait créer une atmosphère bien à elle qui englobe son lecteur, on s'y sent bien malgré les tensions en tout genre. On vit avec ses personnages, on devient presque ses personnages tant on est imprégné par ce qu'ils vivent, ce qu'ils sentent et ressentent.

Il s agit d une relation triangulaire particulière. Diego, proche d Allende et père de Sophie jeune fille fragile et en admiration devant son père. Morgana l amie qui va devenir la maîtresse de Diego. Cette relation va commencer avant le putsch militaire de 73 et va éclater tout comme la situation politique au Chili.

L histoire de ces 3 personnages se retrouve dans l'Histoire du Chili et c'est un vrai plaisir que de suivre leur parcours et leur cheminement psychique et intellectuel.
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Nager nues

J’ai déniché ce roman dans une boîte à livre, son éditeur (Actes Sud), sa quatrième de couverture et les critiques rapidement parcourues sur Babelio ont dicté mon choix.



Je ne le regrette pas !

Je ne connaissais pas l’autrice mais rapidement, et de plus en plus intensément au fil des pages, elle m’a conquis.

La quatrième de couverture détaille toute la trame du roman, je ne veux rien y rajouter, elle est déjà trop détaillée à mon goût mais heureusement sans avoir gâché mon goût de lecture.



J’ai aimé cette histoire d’amour, la finesse de la description de la psychologie des protagonistes, de la naissance du désir puis de l’amour, le sentiment de trahison que cet amour entraîne.



J’ai beaucoup apprécié les dernières pages du roman.



J’ai aimé que cette histoire soit mêlée à l’histoire sombre du Chili peu avant et après le coup d’état du général Pinochet.

L’on y voit les signes avant-coureurs : les manifestations, les coups de fil anonymes, les filatures, les passages à tabac. Lors du coup d’état et par la suite, le climat de peur s’installe et la répression est féroce.



Enfin et surtout, la plume de Carla Guelfenbein m’a enchanté, elle est sensible, très sensuelle et poétique. C’est merveilleusement écrit.



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Le reste est silence

Tout au long de ma lecture du roman Le reste est silence, l’appréciation que j’en avais changeait constamment. J’ai immédiatement aimé le jeune Tommy. Douze ans, malade, il s’amuse à enregistrer les conversations des autres. C’est ainsi qu’il découvre dans les premières pages que sa mère morte il y a plusieurs années s’est en fait suicidée. Il est un peu trouble mais c’était impossible de ne pas compatir avec lui.



Mais voilà que la narration passe de Tommy à son père Juan puis ensuite à sa belle-mère Alma. Par la suite, elle se promène entre les trois personnages, dévoilant des pans de leur passé et de leur présent.



Au début, je n’étais pas convaincu de cette narration partagée entre les trois personnages. J’admets d’emblée que j’ai dû commencer la lecture trop tard le soir, je n’y accordais pas toute l’attention qu’elle aurait mérité. Je ne comprenais pas les changements de narrateurs, les symboles à la tête des chapitres, je ne les ai saisi que trop tard et, rendu à ce point, ils ne m’aidaient pas vraiment. Je me sentais perdu.



Si une partie me revient, peut-être qu’une autre repose chez l’auteure Carla Guenfelbein? Maladresses ou choix délibérés ? Je me demandais, entre autres, pourquoi elle n’avait pas concentré la narration seulement sur Tommy. Ça aurait pu être suffisant. Les autres personnages me semblaient moins importants. Je me demandais ce que l’histoire intime de Juan et celle d’Alma apportaient à l’ensemble de l’intrigue.



Mais j’ai persisté. Tranquillement, un sens s’est construit. Au fur et à mesure qu’on avance dans l’histoire, cette narration partagée me semblait appropriée (elle donne différents points de vue sur des événements uniques) et, au vu de la finale, nécessaire. Chacun des personnage traine une souffrance et celle des adultes n’est pas moins importante (bien sur, il est plus facile de s’attendrir sur celle d’un enfant qui est encore innocent que sur celles des adultes qui, souvent, y ont une part de responsabilité). Cette souffrance les empêche de faire les bons choix et a des répercussions sur les autres. En ce sens, les narrations de Tommy, Juan et Alma permettent au lecteur de les découvrir une à une et de voir comment elles vont s’entrelacer pour en arriver à une finale troublante.



Je n’aime pas laisser un livre en plan, même quand l’histoire ne me plait pas autant que je l’aurais cru. Eh bien, cette fois-ci avec Le reste est silence, j’ai bien fait de persister. Au final, je garderai un bon souvenir du roman Le reste est silence. Il traite de sujets importants comme la communication, le pardon, le désir de faire du bien autour de soi mais aussi d’aimer sa vie. Il ne faut pas laisser la part d’ombre enfouie en chacun de nous l’emporter.
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Être à distance

Carla Guelfbenbein a ce quelque chose qui m’enchante dès que j’ouvre un de ses livres. Son écriture, son style, son univers me happent instantanément. J’aime sa sensibilité, que l’on retrouve en filigrane à travers chaque phrase. Elle a une façon de décrire les relations à l’autre qui me touche beaucoup.

L’histoire d’amour entre Vera, Horacio, Daniel et Emilia est une histoire qui mêle intrigue, passion et candeur .

Tout tourne autour de Véra romancière de 80 ans qui se retrouve dans le coma suite à une chute dans les escaliers.

Daniel son jeune voisin, Emilia une jeune femme faisant une thèse sur Véra et Horacio poète et ancien amant de Véra vont être amené à se croiser

Le livre est construit en alternant les voix de ces troispersonnages.

Les failles et les secrets vont peu à peu se dévoiler et nous surprendre à la fin

Ce livre est, comme toujours avec Carla Guelfbenbein, émouvant et nous emporte dans une romance qui est loin d’être simple et parfois même douloureuse. C'est avec regret que je ferme ce livre mais je vais vivre encore un peu avec tous ces personnages que je ne peux pas quitter aussi rapidement.





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La Saison des femmes

Magarita est assise sur un banc. Elle guette la sortie de son mari, professeur de physique, qu'elle soupçonne de la tromper.



« Je pense à toutes les femmes qui attendent tranquillement dans la pénombre. Attendre, c'est une façon de disparaître, surtout quand ce qu'on espère, avec un mélange de masochisme et de perversion, c'est de surprendre son mari avec une fille accrochée à son bras ».



Nous allons croiser des femmes, à la fois fragiles et fortes, des femmes qui ont choisi de transcender la vie ordinaire, la « normalité ». Leurs histoires vont nous être racontées par quatre récitantes : Margarita (en « je »), Juliana, Doris et Elizabeth.



Le récit, autour de l'université de Columbia, se déroule en une journée, en 2016.



La saison des femmes semble, au premier abord, une suite de petites nouvelles sans lien direct, alors que c'est le contraire - ce qui exige une lecture attentive -.



Carla Guelfenbein s'est réellement assise sur ce banc du Barnard College, de l'université de Columbia (*) avec des citations de Jenny Holzer (**), artiste plasticienne qu'elle ne connaissait pas. Elle pensait à Gabriela Mistral (née en 1889 à Vicuña, Chili, morte en 1957 à New York), premier écrivain latino-américain prix Nobel de littérature (1945), grande poétesse, qui en 1946, a rencontré Doris Dana (1920 – 2006), américaine.



L'homosexualité de la légendaire Gabriela Mistral a longtemps été occultée.



Carla compose le témoignage fictionnel de Doris Dana, américaine, sa dernière amante, tout en intercalant des extraits de leur correspondance. Doris évoque Yin Yin qui s'est suicidé à l'âge de dix-huit ans. Elle le présente comme le fils de Gabriela, alors qu'officiellement il n'est que son neveu et que le mystère plane autour de sa naissance.



Ma lecture s'est faite de façon entrecoupée, sans voir les articulations. Il a fallu que j'écoute des interviews et que je reprenne la trame au fil des pages, pour tout reconstruire.



Carla arbore le tee-shirt de la saison des femmes avec le slogan « Esperar es desaparecer » (« attendre c'est disparaître ») qui est la clé de voûte. Les femmes ont trop longtemps attendu, qu'on leur donne le droit de vote, qu'on les voit, qu'on les invite à danser…, elles ne doivent plus attendre sous peine de disparaitre. « Estación », en espagnol a deux significations : gare ou saison. Ici, c'est les deux, une gare pour représenter l'endroit où on attend, la perspective d'un voyage, mais aussi une saison, « le printemps est la saison des femmes » (p.47).



Pourtant, Carla martèle que son livre n'est pas un acte de féminisme. Elle tient à séparer littérature de politique.



Je l'ai lu en chilien pour savourer la musicalité de la langue. Dans la VO, il y a une photo, à la fin du livre, qui n'est pas reproduite dans la version d'Actes Sud, je l'ai insérée en « photos » sur Babelio. Cette photo, prise par l'autrice, symbolise l'élément déclencheur, le banc avec les citations, sur lequel Carla a posé son chapeau et un livre ouvert.



Cette autrice chilienne que je ne connaissais pas m'a touchée intimement. Paradoxalement, La saison des femmes cumule tout ce que je déteste, chez les auteurs français, le mélange de fiction et d'autofiction, les fragments…, mais Carla m'a conquise par son style, sa spontanéité poétique et la singularité des pièces du puzzle qui s'emboitent à la fin. Je me suis attachée à ces femmes. Par contre, je n'ai pas accroché avec les multiples citations de Jenny Holzer et Gabriela Mistral qui émaillent le récit.

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(*) le Barnard College of Columbia University est une faculté d'arts libéraux située dans la ville de New York, aux États-Unis, réservée aux femmes (source Wikipedia).



(*) Jenny Holzer, née le 29 juillet 1950 à Gallipolis en Ohio, est une artiste conceptuelle américaine. le centre de son travail est principalement basé sur la diffusion de ses vers percutants dans des lieux publics. Elle aborde les thèmes « du sexe, de la mort et de la guerre ». (source Wikipédia).

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Le reste est silence

J'ai fini de le lire. Cet après-midi, dans le calme de ma terrasse ensoleillée. Quand je l'ai fermé, c'était comme si le soleil s'était éteint. Je ne réécrirai pas l'histoire si triste de cet enfant de 12 ans (Tommy) . On aurait envie de dire que ce qui lui arrive c'est la faute des autres, de son père (Juan) qui ne le comprenait pas, de sa mère (Soledad) , de Alma sa belle-mère qui lui vouait autant d'amour qu'à sa propre fille, du grand-père, personnage très rigide. Que va-t-il advenir de Tommy ? Qu'a-t-il appris de terrible qui va faire basculer sa vie ?



Une histoire émouvante, triste, mais ne dit-on pas que les histoires tristes sont les plus belles ?
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Être à distance

Tout est dit dans le résumé de l'Éditeur et ce n’est pas en le lisant que j’ai choisi ce livre. C’est le titre qui m’attirait : Être à distance… À distance de quoi, de qui ? Et puis je connaissais le style de Carla Guelfenbein et je savais que cette histoire serait idéale pour quelques jours de congés. Une romancière octogénaire qui fait une mauvaise chute accidentelle ou pas dans un escalier, c’est presque banal. Ce qui ne l’est pas, ce sont les personnages qui gravitent autour d’elle et le mystère qu’elle a entretenu toute sa vie presque malgré elle.



Daniel, l’ami voisin, l’Architecte incapable d’aller au bout de ses rêves, marié pourtant à son premier amour, mais qui vit mal car son épouse est une arriviste. Emilia, l’étudiante qui vient rencontrer Vera au Chili et étudier son oeuvre pour sa thèse et qui ne supporte pas qu’on la touche et pourtant fiancée à un ami d’enfance, petit en taille. Horacio, l’ancien amant, poète reconnu et pourtant porteur de secrets et léger manipulateur. Ces trois personnages nous racontent, du moins nous en avons l’impression, l’histoire de Vera, leur histoire et révèlent petit à petit, leurs failles, leurs amours, les mensonges et les raisons de leurs actes.



L’auteure est une magicienne, elle nous entraîne, dans ses histoires, et nous sommes ferrés dès les premières lignes. Alors il ne reste qu’une envie : rester dans l’histoire le plus longtemps possible.




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Nager nues

Carla Guelfenbein son écriture est limpide et belle et le texte transpire la sensualité, indispensable au déroulé du roman qui n'est en aucun cas érotique

C'est la force de sentiments (amour, dépit, haine) qui imposent aux sujets les choix de leurs actes.

Un roman tragique et magique.
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Ma femme de ta vie

Le titre français, plus bavard que sa version originale (« la mujer de mi vida » - la femme de ma vie), ne laisse aucun doute sur le thème central de ce roman. Un triangle amoureux, à Londres dans les années 80, entre deux hommes et une femme, deux Chiliens exilés et un Anglais idéaliste. Tous trois sont étudiants. Antonio est, depuis peu, le meilleur ami de Theo, Clara est la meilleure amie d'Antonio depuis longtemps. Clara est belle, aérienne, sublime. Inévitablement, Theo en tombe fou amoureux. Tout se complique quand, cet été-là, Antonio décide de rentrer clandestinement au Chili pour s'y engager dans la résistance à Pinochet. Si Antonio y voit une question d'honneur, Theo y voit, surtout, le risque, pour son ami, de se faire tuer. de mourir en héros, certes, mais de mourir quand même. Terrible dilemme : empêcher Antonio de retourner dans son pays et lui sauver la vie mais passer pour un traître aux yeux de Clara, ou l'aider à réaliser un idéal mais peut-être l'envoyer à la mort...

Après quinze ans sans le moindre contact, Antonio, désormais marié à Clara, invite Theo à passer quelques jours au Chili. Quel sera le sens de ces retrouvailles ? Explications, apaisement, rancune, pardon, nouveau départ,... ?

Sur fond de traumatisme lié à la dictature et à l'exil, l'auteur nous livre une analyse psychologique très fine de ces trois jeunes gens idéalistes, engagés, entiers, pris tour à tour dans l'exaltation puis les affres de l'amour et de l'amitié, trop sincères et trop loyaux pour ne pas en souffrir. Une histoire mélancolique, portée par une très belle écriture, tout en sensibilité.
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Nager nues

Carla Guelfenbein parvient à attraper le lecteur dès les premières lignes de son roman. En mêlant l'intime, les sentiments profonds, la sensualité, la sexualité, la tendresse, et la peur, le soulèvement d'un pays, la rage, la protestation, il est inévitablement happé par ces émotions puissantes. Des liens affectifs fusionnels ; une amitié toute en sensibilité, une passion amoureuse exacerbée, un père, sa fille, et la meilleure amie de celle-ci. L'intimité des corps et des coeurs, les batailles intérieures, les silences, les non-dits, et un pays qui bascule, des cris, l'état de siège, la révolution en marche. Des mots - et des maux – d'amour, des êtres qui se battent pour des idéaux politiques, d'autres qui s'enlacent, une page d'histoire qui s'écrit.

Dans les années soixante-dix, Sophie rejoint son père Diego, un proche d'Allende, à Santiago au Chili. Elle avait jusqu'ici vécu auprès de sa mère, une française. Sophie est une jeune femme d'une grande sensibilité, elle aime la poésie et le dessin. On perçoit très vite chez elle un besoin viscéral d'être protégée et rassurée. Sa rencontre avec sa voisine, Morgana, va la marquer à jamais. Cette dernière est espagnole, un peu plus âgée qu'elle, d'une beauté brute, il émane d'elle une énergie incroyable, une grande vitalité. Sophie et Morgana deviennent inséparables.

Et naturellement, Sophie présente sa nouvelle amie à Diego, qui tombe littéralement sous le charme irrésistible de la jeune femme. Pour préserver sa fille, Diego dissimule son histoire d'amour avec Morgana. Bientôt, la vérité se fait jour. Un sentiment de trahison l'envahi, Sophie est anéantie. Elle fuit, quitte le Chili et retourne en France laissant son père et Morgana enceinte.

Elle veut oublier. Tirer un trait sur cette période de sa vie. Poser un voile sur ces deux personnes et sur ce pays.

Peu de temps après la fuite de Sophie, le 11 septembre 1973, Allende meurt, c'est le putsh de Pinochet. Le couple entre dans la clandestinité et se fait tuer. Antonia, leur fille est sauvée et confiée aux parents de Morgana qui la ramènent en Espagne où elle grandira, sans connaître ses véritables origines.

Le 11 septembre 2001, les images des attentats du World Trade Center qui tournent en boucles sur toutes les chaînes de télévision ravivent les souvenirs enfouis de Sophie, elle se rappelle des immeubles en feu et des sirènes à Santiago... il y a presque trente ans. Diego, Morgana... les personnes qu'elle pensait avoir évacuées de sa mémoire resurgissent.

Il lui faut absolument retrouver la trace d'Antonia...

Un roman envoûtant et magnétique. Une écriture sensuelle. Les affres de l'amour traversées par les soubresauts de l'Histoire, la mémoire, l'oubli, le pardon, et la vie qui continue. Un coup de coeur.


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Ma femme de ta vie

Voilà une critique qui va être difficile à rédiger. Difficile car je suis encore toute imprégnée par l'histoire de ces trois jeunes gens, Antonio (exilé chilien), Théo et Clara, histoire d'Amitié, d'Amour, de trahison.

Le point fort de cette histoire est le lien qui se crée entre ces trois jeunes gens. Les sentiments qui les unissent et les animent sont exacerbés, parfois ambigus, troubles mais forts. On suit donc pendant 300 pages leur histoire mouvementée et leur quête de sens. C'est un très beau roman que j'ai lu avec beaucoup de plaisir.
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La Saison des femmes

Le coup de cœur que j'attendais pour le dernier roman traduit de Carla Guelfenbein n'a pas eu lieu. C'est une lecture découpée entre passé et présent, fiction et réalité, portrait de six femmes. Roman où les questions de la place des femmes dans la societé, l'attente sont centrales.

J'ai trouvé cette lecture exigeante et difficilement accessible mais j'ai sans aucun doute l'esprit parasité par le travail. Ces six portaits ont un lien qui est plus ou moins explicite et cela m'a demandé un effort, qui n'est toutefois, pas insurmontable, je rassure les futurs lecteurs.

J'ai toujours eu un grand plaisir à me fondre dans les romans de Carla Guelfenbein , celui-là, reste pour moi, un peu à part.

Je vais attendre le prochain.
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Être à distance

Un de ces livres qu’on doit interrompre avec regret et qu’on reprend avec plaisir.

Au Chili, Vera, femme de lettre octogénaire est dans le coma après une chute dans l’escalier.

Trois personnages racontent leur relation à Vera et leur propre histoire :

Daniel, son voisin et ami

Emilia, une jeune française qui écrit une thèse sur elle

Horacio Infante, célèbre poète, son ami.

Trois histoires qui s’entremêlent pour aboutir à une fin très inattendue

L’auteur s’est inspirée de la vie de l’écrivaine Clarice Lispector pour inventer cette belle fiction.

C’est un roman d’une grande cohérence écrit avec fluidité, élégance et sensibilité

Les émotions sont superbement transcrites et intensément perçues.

On en redemande !

Le prix Alfaguara décerné à Clara Guelfenbein est amplement mérité.

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Ma femme de ta vie

J’ai lu les trois romans de Carla Guelfenbein édités en français en une semaine. Oui, j’ai été happée par son écriture, les relations entre ses personnages et sa sensibilité, quel plaisir à chaque fois renouvelé !

Ma femme de ta vie raconte une belle histoire d’amour prise entre les trois côtés d’un triangle. Il y a Antonio et Clara, amis depuis toujours et un nouveau venu, ami cher d’Antonio, Theo qui tombe sous le charme de Clara. La jeune femme n’y est pas insensible. Ces trois êtres liés par des sentiments forts vont se confronter, s’aimer, se quitter et quinze ans plus tard se retrouver, avec en toile de fond, le Chili et Londres.

Si tout tourne autour de ces trois personnages, ce roman parle aussi d’engagement, de responsabilité et de courage. Clara, Theo et Antonio prennent des choix déterminants et nous en connaîtrons l’impact et le dénouement.

Je pense que ce qui me plait tant chez l’auteur, c’est sa faculté de parler des relations hommes-femmes avec une grande justesse. C’est beau sans être grandiloquent, posé sans être ennuyant. Il y a un charme indéfinissable qui s’en dégage et qui me touche tant…

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Le reste est silence

Tommy est un petit garçon de 12 ans dans un corps d’un enfant de 8 ans. Il a un coeur tout neuf dont son père, chirurgien, l’a doté. Orphelin de sa mère Soledad, il vit avec son père Juan et la seconde épouse de ce dernier, Alma. Différent des enfants de son âge, il subit leur harcèlement par des injures envoyées sur son ordinateur. De mauvaise constitution physique, mais doté d’une intelligence hors norme, Tommy est un enfant solitaire qui passe son temps à la bibliothèque et sur Google. Il aime aussi écouter les grandes personnes et enregistre leurs conversations à leur insu et c’est lors d’un mariage qu’il apprend comment sa maman est morte.



C’est un roman choral à trois voix entre le père, Alma et Tommy. Chacun donnera sa vérité, sa perception des choses et ses émotions, chacun avancera ou partira dans ses souvenirs. Exprimer son amour est parfois bien difficile, le traduire en mots justes, en gestes spontanés, surtout lorsqu’il est impossible de saisir l’intériorité d’un petit garçon qui souffre d’un manque, tout en faisant preuve d’une force intérieure surprenante.

Les trois personnages principaux sont très attachants ainsi que ceux que l’on rencontre à travers eux. Un pan de leur histoire personnelle se dévoile au fil des pages que l’on parcourt avec avidité. Au début, on se demande qui parle à chaque nouveau chapitre, puis l’on s’y habitue jusqu’à ce que cela en devienne un jeu.



Le reste est silence n’est pas un "chef d’oeuvre" ; pour moi, c’est un très bon roman qui m’a fait passer de très bons moments de lecture, mais les larmes qu’il m’a tirées à la fin et l’émotion ressentie me font lui attribuer cinq étoiles.



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Le reste est silence

Tommy a douze ans, et depuis sa naissance, une enfance excessivement protégée, car une maladie de cœur lui interdit tout effort. Un jour, au détour d’une conversation « mondaine » qu’il s’amuse à enregistrer en cachette, il apprend que sa mère s’est suicidée. Tommy est un observateur infatigable de ce qui l’entoure, et en premier lieu, de sa famille. Son père Juan, chirurgien réputé et sa belle-mère Alma le protègent beaucoup, notamment de secrets de famille qui vont bientôt émerger. Mais l’essentiel ne réside pas seulement dans ces secrets, mais plutôt dans les points de vue de chacun, que ces silences rendent bientôt incompatibles.



Trois points de vue sont alternés, un peu comme dans la série « The affair ». Les personnages racontent chacun à leur tour, parfois en reprenant les événements qui mènent au délitement de la famille de manière subtilement différente. Originalité, des petits signes indiquent en début de chapitre de quel personnage il s’agit, au lieu de leur nom : des vagues, une flèche, un sablier… on comprend vite ce que chacun représente. C’est une famille où beaucoup de choses sont tues, le procédé de reprendre les événements vus par l’un ou l’autre est donc intéressant.

J’ai trouvée très jolie l’idée de Tommy de découvrir et noter dix choses sur sa mère. Le personnage du garçon est sans doute le plus immédiatement attachant, mais les autres ne manquent pas d’intérêt pour autant. Je ne dirai rien de la fin du roman, si ce n’est qu’elle est d’une certaine manière parfaite. Seul léger bémol, si j’aime bien en général que le propos d’un roman soit universel, cette fois j’aurais préféré que le Chili, et ce qui le distingue d’autres pays, soit plus perceptible.
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Ma femme de ta vie

Déçue de ce roman, ça fait tellement longtemps que je voulais le lire, je m'attendais à plus d'émotions, à plus de plaisir au vu des critiques ici et là mais le soufflé est vite retombé.

Je n'ai pas été emportée par l'écriture rien de spécial, pas de poésie, pas de sensation, de frisson. Rien ! Et pourtant le sujet aurait pu déclencher une salve d'émotions, mais les personnages m'ont laissée complètement indifférente.

Pour tout dire, je suis restée complètement hermétique à leur histoire d'amour en trio. Ils m'ont tous paru lâches, faux, et terriblement égoïstes.

En partant de là, ce ne sont pas pour moi des beaux personnages, leur histoire n'a rien d'exceptionnel je n'ai pas appris grand-chose sur le Chili, une lecture dépourvue d'intérêt à mon goût car même l'écriture ne m'a rien apporté.

Bref, bien contente de l'avoir lu et encore plus contente de l'avoir fini illico presto.
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