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Citations de Caroline de Mulder (162)


Elle regarde les cartons se consumer, les écritures et les mots disparaitre. Disparaitre les origines de tous ces enfants, qui ne parlent pas et viennent d’on ne sait où. Disparaitre l’espoir que quelqu’un puisse les retrouver un jour. Regarde le feu effacer leur passé.[…] des vestiges de documents, l’impression dès qu’on met le pied dehors de marcher dans les mots, les noms, la poussière et la cendre, de piétiner le passé, le présent, l’avenir.
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C’est une des phrases qu’il répétait, avant : « On a toujours le choix ». À tous ceux qui disaient, « Je n’ai pas eu le choix ». On l’a toujours. C’est juste qu’il n’est quelquefois pas facile à faire. Que dans certains cas il coûte très cher. Ceux qui disent « Je n’ai pas eu le choix » sont ceux qui ont choisi la facilité. Et soudain, il pense que si Wanda et lui avaient eux aussi fait ce choix-là, ils seraient en ce moment ensemble et heureux et rassasiés.
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page 182


Elle se revoit, enfant en Bretagne, et elle marche sur des coquillage qui lui font mal à ses orteils. Maman est près d'elle, avec une robe colorée qu'elle mettait à l'époque.
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elle fait semblant de croire que Leïla ira loin
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A l'ombre d'un mur très haut et d'un acacia qui mange tout le ciel, ce jardin plein nord est un puits humide, une ordure de caillasse, de branches entortillées et cassées, d'herbes mauvaises jamais contrariées. Le végétal est à son tour entamé par des herbes parasites, mousses et champignons rares. Tout ça pousse à tort et de travers, pourrit gentiment, et dégage une odeur de moisissure piquante.
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Et tant pis pour celles qui jettent leur âme aux ordures, en pensant que les ordures ça disparaît, comme par magie, vous jetez, et hop ça s’évapore. Je vais vous dire un secret, luitenant, ça s’évapore pas. Pas du tout même. Ça s’entasse, ça dort. Ça vous attend au tournant. Et la mémoire de ces dames, elle reste là, intacte, leur cœur continue à battre au milieu des déchets, leur tête à rêver, tout en mordant à belles dents la poussière. Ah j’aurais pu être maître chanteur ! Les traîtresses, les traîtres cœurs ! L’amour, ce bâtard de Bohême. Mais loin de moi l’idée ! Je suis de leur côté, nous partageons elles et moi cette manie de coucher sur le papier, ce dangereux besoin de mots.
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Le malheur et la solitude donnent aux contacts les plus fugaces une profondeur que le bonheur ne connaît pas. Et une importance qui rend leur disparition insupportable.
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Heim Hochland en Bavière est la première des pouponnières mises en place par le régime nazi. Ces maternités avaient pour vocation d’accueillir des femmes définies comme étant de « race pure » pour donner naissance à des enfants en tout point conformes aux critères aryens. Mais bientôt, ces lebensborns vont aussi héberger des enfants enlevés à leurs parents en Pologne, en Norvège, en Tchécoslovaquie.

Caroline de Mulder a choisi de donner pour cadre à son récit ce lebensborn en particulier. Premier ouvert et dernier fermé, où Himmler faisait des visites régulières.

Elle y place trois personnages. Renée, jeune française enceinte d’un soldat allemand pour qui le Heim Hochland est devenu le seul lieu où trouver refuge. Helga, infirmière dévouée dont les certitudes vont peu à peu vaciller au cours de cette année 1944 où tout se délite autour d’elle. Et Marek, prisonnier politique déporté qui construit, avec d’autres prisonniers, les maisons qui complètent la maternité.

A travers ces trois destins qui vont se croiser et se mêler, Caroline de Mulder raconte ce projet fou de créer une race supérieure, dépouillée de tout ce qui peut être considéré comme une imperfection. Les vies de Renée, Helga et Marek vont se trouver totalement changée. Bien que française, Renée a été acceptée dans le lebensborn car elle possède les caractéristiques demandées par les nazis : un panel de critères, régit par une échelle de notation extrêmement précise. La toute jeune fille d’à peine vingt ans, tondue par ses compatriotes, plongée dans une profonde solitude, trouve ici une sorte de havre, où elle est bien nourrie, bien logée. Et même si elle ne parle pas allemand et que les autres femmes ne lui font pas très bon accueil, elle trouve là un abri où faire halte et être prise en charge.

De son côté, Helga est intimement persuadée du bien fondé de ce programme et de l’aide qu’elle apporte aux mères et aux enfants. Toutefois, au fur et à mesure du repli des autres lebensborn vers Hochland, ses yeux s’ouvrent progressivement. Jusqu’à la découverte de certains dossiers que les SS s’emploient à faire disparaitre par le feu. Ses doutes et ses questionnements sont traduits dans les pages de son journal intime. Son humanité transparaît aussi par la compassion dont elle fait preuve envers Frau Geertrui, mère d’un petit Jürgen qui sera euthanasié sans état d’âme car non conforme aux critères de pureté de la race.

Quant à Marek, Caroline de Mulder en transcrit les souffrances avec une grande acuité. Souffrances physiques dues à la faim, à la maltraitance mais aussi douleurs morales quand il replonge dans ses souvenirs. Marek est le personnage par qui la violence entre dans ce récit et le contrepoint à l’espèce de quiétude qui règne dans le lebensborn complètement coupé du monde et de la guerre.

Au fur et à mesure que les Américains avancent, libérant les pays traversés et s’approchant du lebensborn, les choses vont basculer pour ces trois personnages. Au bout de cette longue et terrible succession d’événements, certains trouveront un nouveau sens à leur vie quand d’autres la remettront en question.

Caroline de Mulder nous plonge ici dans un abîme à la fois fascinant et terrifiant mais absolument pas manichéen. Elle ne livre aucun jugement, laissant le lecteur se faire son avis sur les personnages et sur leurs choix, donnant à chacun cette part d’humanité qui fait que l’on peut basculer vers le bien ou vers le mal.

Si elle concentre son récit sur trois personnages et un moment particulier de la vie de ce lebensborn, on ne peut évidemment lire ce récit sans penser à tous ces enfants devenus orphelins, sans histoire, sans identité et qui ont dû se construire sans fondations solides à leur sortie de ces lieux.
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Il n’y a pas d’un côté le bien, de l’autre le mal, il y a de longues glissades dont on ne se relève pas, et des passages quelquefois imperceptibles de l’un à l’autre. Quand on s’en rend compte, il est déjà trop tard.
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page 124

Elle est pieds nus. L'appartement est une étuve, mais elle a froid. , les mains gelées, elle se masse les orteils, elle s'appelle Julie.
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Elle meublait de gestes inutiles les nombreux silences.
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Sur le dos d'un enveloppe kraft non ouverte, elle affine artistiquement des rails soigneux, à petits coups de carte bleue, "Laisse tomber la bière", elle dit, "on se passera de bière, de mères et même l'amour rien à battre." D'un billet de dix euros, elle se fait une paille, "T'en veux", puis répond elle-même, "Nan t'en veux pas." Bambi n'en veut jamais, ces cochonneries l'embrouillent, et ce qui l'embrouille l'angoisse.
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Quand on souffre, on ne s'ennuie jamais, et ça les flics doivent le savoir. L'ennui, ça se voit; il faut donc rester concentré sur le malheur.
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Il y a un moment où la fibre intérieure se rompt, et après on ne se reconnaît plus. On se survit. P 122
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A mesure qu'elle s'est enfoncée dans l'Allemagne, elle s'est éloignée d'elle-même, perdant peu à peu toute appartenance et toute consistance. S'est éloignée d'Artur, dont elle ne connaît que le nom. Parfois elle se dit qu'il ne lui reste rien. Il ne lui reste rien ni personne, mais au moins elle n'a plus jamais faim. A-t-elle vendu son âme , son pays et son honneur pour se nourrir ?
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Choisit-on le mal ou est-ce lui qui nous choisit ?
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Le Reichsführer s’est suicidé ! Avec la lâcheté de ces hommes auxquels il reprochait une attitude qui n’était pas « chevaleresque ». Où est-il donc, ce courage qu’il exigeait du peuple et des femmes que nous soignions ? 
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Choisit-on le mal ou est-ce lui qui nous choisit ? J'étais bonne, mais pas du bon côté ? Ne pensons-nous pas tous être du côté de la lumière ?
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Et si le moment présent devenait ce que demain vous appellerez bonheur ?
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Enfants abandonnés, enfants pris au hasard, enfants nés dans les KZ, envoyés dans des camps de travail, dans des camps de l’Office de rapatriement allemand, enfants de mères déportées, de mères mortes ou vivantes, enfants de parents rebelles, de parents expulsés, réinstallés, déportés, exterminés. Enfants utiles et inutiles. Valables, non valables. Faisant bonne impression, mauvaise impression. Soignés ou stérilisés ou déportés ou morts.
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