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Critiques de Catherine Ecole-Boivin (70)
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Jeanne des falaises

La Hague, début du XXème siècle. Jeanne naît dans une famille rurale, après deux frères. Sa mère est accoucheuse.

Jeanne aime la terre, la mer, les contrées battues par le vent, les falaises, la pêche.

Lorsque son père meurt, elle seconde sa mère aux travaux des champs et de la maison, et l'accompagne auprès des parturientes, puisque ses frères sont appelés sous les drapeaux.

Son grand amour, Germain, elle l'a connu à l'école, puis lorsqu'elle a grandi. Il désire plus que tout l'épouser.

Seulement sa mère ne l'entend pas ainsi, puisqu'elle a besoin de sa fille, et c'est dans le plus grand secret que les jeunes gens vont écrire une singulière histoire d'amour.

Catherine Ecole-Boivin livre cette histoire ( vraie) d'une plume que je trouve magnifique. Les émotions et les actions de chaque personnage sont décrits avec soin et souvent poésie. Ce roman se lit avec beaucoup de plaisir.
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Les bergers blancs

Catherine Ecole-Boivin place cette histoire en Normandie, fin XIXème siècle.

Un berger vaguement ermite recueille une enfant abandonnée aux vagues. Il la prénomme Katica, et l'élève de façon très libre.

Katica se découvre le don de guérir et son "père" va l'y aider.

Ce roman se lit sans peine, mais j'ai trouvé le style très pauvre, et je n'ai pas éprouvé de plaisir à suivre cette histoire, dommage.
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Paroles d'un paysan

Ce livre est une petite merveille d'humanité, de délicatesse, d'authenticité, de poésie et de bon sens paysan, une expression trop souvent employée péjorativement. Un témoignage joliment illustré de photos, et des propos de Paul Bedel, qui pourraient passer pour des maximes !

Un bel album pour les amoureux de la nature et les nostalgiques d'un temps que les moins de vingt ans...
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Mémoires d'un rebouteux breton

Un très vivant et très instructif témoignage. témoignage de la vie d'un rebouteux, mais aussi de la vie dans les campagnes, bretonnes et normandes. De sa jeunesse pauvre où il a travaillé comme un esclave pour un boucher sans vergogne à la tranquille aisance qu'il a acquise au fil des années, grâce à son travail de rebouteux notamment mais aussi son sens des affaires, ce rebouteux anonyme (il a choisi au moment de la publication de retirer son nom et bien lui en a pris) nous étonne et nous charme par sa personnalité entière et son sincère désir de soulager les gens de leurs douleurs, quand on sait que pour un paysan ou une paysanne, rester bloqué du dos ou boiteux, c'est une perte significative de force de travail donc de revenus. J'ai lu très rapidement ce livre, tant la plume alerte de Catherine Ecole Boivin est agréable à lire. Elle, que j'avais découvert avec Paul Bedel, sait admirablement s'effacer pour raconter la vie des gens.
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Le petit bonnet de laine rouge

L’absence de son père, prisonnier de guerre, marquera terriblement Margriette, alors enfant. Le couple ne résiste pas aux blessures causées de part et d’autre par la captivité et l’absence, la mère s’en va rejoindre un soldat américain. Un bonnet rapporté de captivité sera pour la petite fille et tout au long de sa vie le fil rouge qui la relira à l’espoir de retrouver sa mère. Sa vie se construit ainsi sur les ruines de sa famille. Elle connaît une amitié enfantine qui, au fil des ans, se mue dans un amour intense. Mais le destin s’acharne et la guerre sépare Margriette de son amoureux dont elle attend un enfant. Par dépit elle se marie avec un paysan rustre et égoïste… L’auteur nous invite dans un monde paysan en pleine mutation, l’après-guerre déclinant cette évolution. Les personnages nous sont décrits sans concessions, sans tomber dans le manichéisme. On retrouve ainsi l’ensemble des sentiments et comportements humains, notamment la solidarité, la bienveillance côtoyant la bêtise et l’égoïsme. Un plaisir de lire.
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Embrasser l'eau et la lumière

Ce roman est un hymne d’amour pour la Bretagne. Chaque mot, chaque phrase nous dévoile un peu cette terre du marais et tout l’amour que ressent cette protagoniste.



Dès les premières pages, j’ai pu constater que l’auteure avait une bien jolie plume. Elle a un style assez singulier et la poésie entoure les mots qui forment ce joli récit. Par contre, pour la petite québécoise en moi, j’ai senti que parfois la lecture n’était pas aisée. J’ai dû prendre mon temps pour lire, mais également relire certains passages.



N’empêche que je me suis laissé charmer par le personnage de Lucille. J’ai senti parfois sa révolte face à ce monde d’hommes et sa volonté d’être encore meilleure pour leur démontrer que malgré le fait qu’elle soit une femme, elle pouvait aussi effectuer le même travail. Elle est si déterminée et courageuse. À aucun moment je n’ai ressenti de doutes.



L’auteure a bien situé l’époque et les aventures de Lucille, lorsqu’elle est à Nantes, nous démontrent à quel point elle est au tout début de l’émancipation de la femme. Il était intéressant d’être témoin de son évolution au sein de cette ville.



Ce ne fut pas une lecture aussi aisée que je me l’étais imaginé au tout début, mais j’ai aimé découvrir cette culture unique ainsi que le métier de salinière. Un récit tout en poésie qui m’a permis de découvrir la Bretagne.


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Paroles d'un paysan

Une vraie surprise que ce livre et une heureuse surprise. Sobrement préfacé par Serge Joncour, la prose de Paul Bedel se déploie peu à peu en miroir de photos de son univers de paysan (Arthur son tracteur, la laiterie, les murets ancestraux qu'il redresse patiemment, et ses carnets épéhémérides qui attestent d'une attention permanente aux vents et à la météo du jour).

Paul Bedel, paysan de la Hague, a repris la ferme de ses parents avec ses deux soeurs, n'a jamais quitté son pays de terre et de mer, ne s'est jamais marié. Il a connu une célébrité tardive gràce à un documentaire cinéma "Paul dans sa vie" que personellement je n'ai pas vu.

Paul est parti pour l'autre monde en septembre 2018 et ce recueil de ces pensées est un hommage autant qu'un testament. Il est le fruit des années d'écriture de Paul, rassemblées avec brio par Catherine Ecole-Boivin.

La simplicité de Paul touche, son rapport à la nature et au monde aussi. Sa sagesse de paysan affleure souvent, mais plus encore c'est la poésie de son regard qui au fil des pages achève de nous transporter.

Les écrivains sont souvent des pionniers, les artistes nous rendent familiers des idées qui sont encore des bulles de l'esprit, nous poussent à franchir nos limites par leur esprit aventurier, Paul Bedel est tout l'inverse, c'est un gardien. Un gardien de la mémoire, un gardien des murs en pierre, un gardien du travail des mains. Mais c'est indéniablement un écrivain. D'abord car il a écrit toute sa vie, et d'autre part car son oeil n'est pas celui du commun. Sa voix toute en douceur nous dévoile le monde, son monde.

'Les rochers devant chez moi ne m'ont jamais trahi" écrit-il, une image que n'aurait pas renié le poète René Char. Cette parole d'un paysan nous offre quelque beau diamant brut, je vous la conseille, come un témoignage mais aussi comme une oeuvre littéraire à part entière. Paul Bedel n'est certes pas un écrivain des contrées inexplorées, mais en matière de contemplation, c'est un Maître.
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Enfuir l'hiver

Voilà un roman superbement bien écrit. Le début a été un peu laborieux du fait que je ne suis pas habituée à ce style d'écriture. Mais, ensuite, une pure merveille.

Les mots forment des phrases d'une incroyable beauté. C'est presque de la poésie.

Une sacrée découverte, une perle à découvrir...

Il ne me reste plus qu'à lire les autres romans de Catherine Ecole-Boivin.

Bravo et merci à l'auteur. Je suis rarement touchée par un roman mais là, c'est vraiment de la dynamite !
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La Métallo

MON AVIS: Très peu vu sur les réseaux de lecteurs, je trouve que ce livre mérite vraiment d'être lu. Je l'ai acquis lors des nocturnes littéraires 2019 à Josselin et j'ai été profondément émue par la narration de ces vies ouvrières.Au nom du profit, le marché a détruit et continue de détruire le sens du mot travail.Il n'y a plus de solidarité et l'humain est remplacé par les machines.Est-ce une raison pour cesser de lutter? Surement pas. Au contraire il faut garder les yeux ouverts et en lisant ce livre, entre autre, vous verrez. Vous verrez ce qui nous avale, ce que nous avons perdu.

RÉSUMÉ:"Si Yvonnick a un prénom et des bras d'homme, c'est grâce à sa mère qui lui a appris à se défendre des coups. Et ces bras d'homme, Yvonnick en a bien besoin depuis que son mari, qui travaillait à J.J. Carnaud et forges de Basse-Indre, l'ancêtre d'Usinor puis d'Arcelor, n'est plus là. En acceptant de prendre sa relève à la forge, la jeune veuve et mère d'un enfant fragile, élevée dans le marais salant breton, devient métallo. Une vie ouvrière de lutte qui ne l'empêche pas de se faire respecter des hommes ni de gagner son indépendance, et surtout, d'être fière de son travail à l'usine et de sa communauté solidaire. Mais cette fierté, menacée dès 1968, se rompt au fil du temps, les notions de rentabilité, de courbes et de tableaux de chiffres chassant l'idée d'un combat pour une vie meilleure.

Inspiré d'un authentique témoignage, le destin d'Yvonnick fait revivre un monde aujourd'hui disparu. De l'apogée de l'industrie française dans les années 50 à son déclin en 1980, Catherine Ecole-Boivin trace, dans ce roman d'une vie peuplée d'étincelles, le portrait empreint d'humanité du monde ouvrier.

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La Métallo

Je n'apprécie que moyennement la littérature dite de terroir; ce livre découvert lors d'une table ronde consacré au monde ouvrier dans un salon du livre me semblait en être issu. En effet l'auteure évoque la vie d'une jeune femme dans les années 50 et 60 ouvrière dans une aciérie nantaise. Mais s'il s'agit d'une histoire personnelle - réelle, vécue - l'auteure la transfigure grâce à une plume formidable. Au delà de la vie de Yvonnick le Bihan, c'est le monde du travail dans ces années d'après-guerre qui y est évoqué. Et être une femme métallo est une gageure: interdiction de porter le pantalon, rémunération inférieure (bien sûr) ou encore quolibets quotidiens (avant les posters pornographiques). Il faut assurément une force de caractère pour supporter ces conditions mais pas de misérabilisme! L'héroïne assume cet emploi (proposé après le décès accidentel de son mari). Elle y trouve aussi de la camaraderie, le plaisir du travail bien fait et le sens du collectif. Enrichissant.
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Paul, dans les pas du père : D'après les mémoires..

bel exemple de resistance face à la modernisation à tout va de la société .

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La Métallo

Certains livres sont particulièrement utiles pour rappeler à nos bons souvenirs que nous sommes l'humanité !



Catherine Ecole-Boivin nous propose d'entrer dans la vie d'une femme, Yvonnick. C'est une femme ordinaire à qui le destin va jouer un drôle de tour. Elle va affronter des événements aussi terribles que durs tout en gardant toujours son incroyable féminité.



Yvonnick va devoir aller à l'usine remplacer son mari qui vient de décéder. Elle est un peu une pionnière en la matière puisqu'il s'agit d'un monde en majorité masculin. Elle va avoir pour objectif de se faire une place, d'arriver à percer dans ce milieu un peu hostile au début. Et puis au fil du récit nous la verrons évoluer que ce soit dans sa carrière professionnelle mais aussi dans sa vie personnelle. C'est une femme qui n'a jamais été épargnée par les drames mais elle a su les affronter.



L'histoire ne se déroule pas à notre époque, où on peut penser que la femme a gagné une place plus respectée dans notre société, non ! Le récit est situé des années 60 à 80 et la femme avait encore un vaste chantier devant elle pour gagner en égalité.



J'ai parfois du mal à lire les récits de vie jusqu'au bout parce que parfois je perds l'intérêt, soit c'est lié à la personne dont il est question soit parce que l'écriture n'arrive pas à me happer.



Si j'ai choisi de lire Catherine Ecole-Boivin c'est parce que je connais la texture de ses écrits. Ils sont brillants et passionnants.



J'ai été surprise de me voir accrocher autant à Yvonnick. C'est une femme qui n'est pas féministe spécialement, elle a juste su comment faire naturellement pour montrer qu'elle valait autant qu'un homme et qu'elle pouvait assurer dans la vie.



Je suis admirative de son parcours car il démontre que souvent les limites que nous nous fixons sont parfois guidées par nos peurs et Yvonnick nous prouve qu'elles sont toutes franchissables.



La lecture de ce roman est un moment très agréable que vous pouvez prévoir à n'importe quel moment. Il est percutant et particulièrement bien écrit pour vous donner l'impression d'être face à Yvonnick et que sa vie déroule sous vos yeux sans efforts à fournir. Au travers des yeux de son auteure, Yvonnick passionnera par sa spontanéité, son courage, son optimisme, son naturel.



C'est une héroïne du quotidien qui prouve que ce qui compte dans la vie c'est d'avoir du cœur, tout le reste est somme toute futile !



Certains livres marquent car ils sont ancrés dans le réel et qu'ils rendent compte de ce qu'est la vie.



J'ai besoin de lire pour me détendre et pour rêver mais j'ai aussi besoin qu'on me dise, qu'on me transmette, une culture, une histoire, l'amour de notre prochain, la connaissance de mon pays et surtout de ceux qui le façonne. C'est tout ce que je retrouve dans les ouvrages de Catherine et c'est pour cela que je m'y attache particulièrement.



C'est surement pour toutes ces qualités, entre autres, que Catherine Ecole-Boivin a reçu le Prix Ouest lors du Printemps du livre à Montaigu en avril 2019 !
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Testament d'un paysan en voie de disparition

En regardant la couverture du livre, j'ai l'impression de voir mon grand-père.

Paul raconte sa vie de modeste paysan, au sens noble du terme. Il parle très bien de "sa " terre, qu'il préserve pour ceux qui arriveront après lui.

C'est un sage. Il incarne le bon sens, le développement durable, le respect de l'environnement.

C'est un ambassadeur de son pays qui est le bout du Cotentin.

Lorsque j'ai terminé ce livre, j'ai eu envie de rencontrer ce bonhomme. En allant sur le net, je me suis aperçu que beaucoup d'autres avant moi avaient eu la même envie.
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Nos vaches sont jolies parce qu'elles mange..

Voici le témoignage d'un monsieur qui a peu d'instruction au sens scolaire, mais qui a appris à vivre en adéquation avec son milieu ou plutôt qui a reçu son milieu comme un patrimoine à faire fructifier. Il est étonnant de bon sens, même si parfois, on sent que son rapport à la nature n'est pas loin d'une certaine pensée magique.

Il n'en reste pas moins un témoin qu'on aurait tord de prendre à la légère, d'un temps hélas disparu. Cela rend ce témoignage incommensurablement précieux car il contient des valeurs et des manières de faire que nous avons perdu, sans en connaitre le sens profond. Non, nos paysans d'autrefois n'avaient pas fait le lycée agricole, mais leur pratique était patinée par les siècles. Ce n'était pas des technocrates, mais ils avaient un profond respect de ce qui leur avait été transmis et de ceux qui les avaient précédés.

Ici Paul Bedel nous livre ses réflexions, un peu en vrac, mais on est réellement surpris de leur profondeur.
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La Métallo

Un immense coup de coeur pour ce roman d'une vie ouvrière située entre les années 1960 et 1980...qui dit avec les "tripes"... la détermination, le courage et le combat d'une femme "métallo" pour sa dignité !! La citation choisie en exergue l'exprime au plus juste !





"J'étais de la race de ces hommes qui brisent les cailloux avec les mains, qui couchent sur la neige comme sur de l'ouate, qui meulent des olives entre leurs mâchoires et qui veulent aimer toutes les belles tsiganes de la terre. Je ne demandais pas à mon prochain qu'il me nourrit et n'acceptais pas

non plus d'être son âne : je crois que c'est cela la dignité.

- Panaït Istrati, Dominitza de Snagov [éd. le livre moderne illustré, 1935]"



Un choix de lecture non intentionnelle, mais qui tombe dans cette période de révolte plus que compréhensible de la population française; ce mouvement fort des "Gilets jaunes", et ce "roman de vie" a des résonances

démultipliées dans ce contexte social de cette fin 2018 !!! A tel point que cela en est très troublant , après lecture...!!



Un grand coup de coeur pour cette auteure-historienne que je découvre par ce dernier roman, inspiré de la réalité ouvrière entre les années 60 [ *L'histoire débute en 1967] et 80, plus spécifiquement dans les forges et les acieries , en Basse-Indre, ancêtres d'Usinor puis d'Arcelor...

Notre "héroïne" courageuse, et magnifiquement fière porte un prénom d'homme, Yvonnick, ainsi que des bras d'homme grâce à sa mère qui l'a incité aux exercices, sport, et surtout lui a appris à se battre et à vivre indépendamment des hommes !



Pourtant... elle rencontre Julien, c'est l'amour partagé, la naissance d'un petit garçon, adorable, mais handicapé... cela ne décourage pas les nouveaux parents, courageux et unis ! Julien est métallo, il est fier de son travail... et en parle joyeusement et fièrement à son épouse. Et puis, le drame survient: Yvonnick se retrouve veuve à 29 ans, avec un tout petit... Si elle en veut pas perdre la petite maison, propriété de l'usine, elle doit remplacer son mari à la forge... et voilà notre Mère Courage, qui s'attelle à la tâche avec vaillance, et ce n'est pas une mince affaire de se faire accepter dans le monde de l'Usine, exclusivement masculin....



"On me confie une burette d'huile et une caisse à outils pour les menus entretiens. Certains collègues râlent de me voir tripoter le laminoir, rôder autour de cette chasse gardée.

On prend ma défense : " Yvonnick, c'est pas pareil, elle est la femme de Julien."

Je ne suis pas moi, je suis la veuve de quelqu'un, cela me donne le droit de marcher où il a marché, ma vie ici dépend d'un mort. (p. 216)



Une vraie pépite d'émotion et de parole redonnée au monde ouvrier...Une femme-mère-Courage, Yvonnick que les épreuves auraient pu terrasser, se bat, aime, joue des coudes, a son franc-parler, est fière de son métier de "métallo", de son difficile quotidien à l'usine, entre les chefaillons tripoteurs" et les camarades solidaires...Yvonnick nous parle des évolutions de l'Usine, de mai 1968, du dit progrès... qui oublie, "laisse sur le carreau " en passant, les ouvriers qui ont enrichi les grands patrons de l'industrie, pendant des décennies !!



"L'acier nous fabrique en nous rendant vulnérables.

On exploite les sols, on exploite les hommes, l'acier nous bouffe. le genre de mots interdit dans notre métier : le verbe aimer. Beaucoup d'entre nous se réfugient ici, comme le crassier et ses canaux se nourrissent des mauvaises herbes. L'acier, dans sa constance, dans le rythme des machines, me rassure contre la violence des hommes quand la pression les aspire. L'usine, c'est un bruit, mais aussi nos regards du temps où nos ancêtres travaillaient ensemble dans la campagne ou sur les océans, la loi du plus endurant et le soutien du plus faible. Bien sûr, je voudrais travailler d'un coup sans jamais revenir, mais je reviens et chaque fois, remplie d'elle plus que la veille.

La pauvreté, notre pauvreté, a des choses à dire."(p. 244)



Un roman "vrai", tiré d'une authentique réalité sociale, rendue encore plus vivante par le style de l'auteure, mêlant poésie, jargon ouvrier, technique, argot du monde du travail, de l'Usine...et le parcours d'une femme

déterminée, indépendante et vaillante , auquel on ne peut que s'attacher...! Des mots très justes pour exprimer la dureté incroyable du monde ouvrier en usine... alors d'autant plus pour les femmes... qui doivent combattre pour leur dignité, tant au travail qu'à la maison !!...



"Elles draguent en jurant que non mais en s'approchant des gars avec familiarité. Je ne les juge pas.

Elles m'apprennent quelque chose : pour survivre ici parmi les machines il faut que quelqu'un d'humain nous regarde. (p. 133)



Bravo et MERCI à Catherine Ecole-Boivin... pour ce concentré social , émotionnel et littéraire...même si la Bible de notre Mère-Courage se concentre sur le catalogue annuel de Manufrance...Objet-papier magique et consolateur pour la métallo, Yvonnick...!
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La Métallo


« On l'appelait Mézioù, une forte en gueule. On n'avait pas intérêt d'y approcher les pattes car elle cartonnait des bras autant que nous. Sinon, durant nos dimanches copains à vélo elle était increvable. Après son départ, des comme elle, y'en a plus eu dans nos ateliers. Les femmes coquettes nouvellement embauchées demandaient à travailler dans les bureaux. Faut dire, on rapportait l'usine avec nous à la maison, dans nos cheveux et jusqu'à dans nos slips quand on avait été de corvée de bacs à graisse du laminoir. Yvonnick, c'était un homme comme nous. »





Yvonnick n'est pas une femme comme les autres. En plus d'avoir un prénom et des bras d'homme, elle a une force de caractère extraordinaire.

Et elle en a bien besoin pour affronter cette vie difficile. Depuis le départ de son homme, elle a repris sa place à la forge.




” Je ne veux plus devenir secrétaire, passer une blouse blanche pour travailler. Je veux des marques d'ouvrier sur moi et de l'huile de moteur sous mes semelles. “ 





Jeune veuve et mère d'un enfant fragile, elle devient métallo. Commence alors une lutte ouvrière où elle devra se faire respecter par les hommes.




” J'invente la posture de la courageuse, la virile. Je n'ai pas de couilles mais j'ai de la place pour en avoir. “ 




Jour après jour, son courage force le respect, elle est fière de son travail et de sa communauté solidaire. Hélas une nouvelle menace se pointe en 1968, il est dorénavant question de rentabilité, de chiffres d'affaires, de restructuration...





 ” J'ignore comment nous allons garder notre histoire, notre mémoire à tous et celle de tous ceux venus poser leur existence pénible et parfois heureuse ici. “ 




Ce que j'en dis :


Malgré une couverture qui ne rend pas justice à ce récit, il serait dommage que vous passiez votre chemin, car derrière se cache une pépite littéraire qui rend hommage à toute une génération d'ouvriers hors du commun.


Inspiré d'un authentique témoignage, l'auteure Catherine Ecole-Boivin nous offre le destin d'une femme, Yvonnick.



C'est aussi l'histoire de celles et de ceux qui ont ont travaillé pour l'industrie Française dans les années 50, de son apogée jusqu'à son déclin dans les années 80.




” Il ne reste rien de nous si personne ne nous raconte quelque part. “




Une plume de caractère ciselée dans l'acier métallique, aussi étincelante qu'une usine en pleine nuit où brille le feu du brasier, aussi brûlante que les flammes des hauts-fourneaux, aussi travaillée et puissante que le courage de ces ouvriers qui acceptaient tant pour des salaires de misère.


Homme ou femme, même combat et pourtant salaires inégaux pour tâches identiques, apparemment certaines choses ne changeront jamais, mise à part le hashtag #balancetonporc ou #balancetonpatron inexistant à l'époque. 


Un récit qui défend également la cause des femmes qui ont combattu à tous les niveaux autant à la maison que sur leur lieu de travail pour se faire une place et gagner le respect.


Comme le dit si bien Bernard Lavilliers dans son texte Fench Vallée, ici pas de place pour les manchots, les shootés du désespoir fument la came par les cheminées et les usines désossées ont rencard avec la mort...mais c'est bien plus sa magnifique chanson Les mains d'or, qui résonne entre ces pages.


Rarement un récit m'a autant touché par l'humanité qu'il dégage, par la puissance de l'écriture et l'hommage extraordinaire rendu à ce peuple ouvrier dont mon père a fait partie. 



" L'histoire vraie des hommes, des femmes et des enfants remarquables qui n'auront jamais leurs noms dans les livres d'histoires. "


Authentique, brillant, admirable, féministe, engagé, historique, à lire pour ne jamais les oublier.
.

Je remercie les éditions Albin Michel pour ce livre en hommage à toutes les mains d'or. 

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Jeanne des falaises

Cette histoire, vraie de surcroit, m'a révoltée.

De quel droit cette mère refuse-t-elle à sa fille ce qu'elle a elle-même connu : l'amour ?

Mystère de ces communes rurales qui suivent encore au vingtième siècle des traditions ancestrales où les enfants sont soumis aux parents, au maître et au curé.

C'est de l'esclavage.

Et la fin ne rattrape pas les années de bonheur perdues par la faute de cette mère abusive.

L'auteur sait très bien restituer l'époque, l'atmosphère et les sentiments en écrivant son récit à la première personne.
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Les bergers blancs

J'ai dévoré ce livre, plein d'humanité, d'embruns, de vent, de joies, de souffrances.

Il m'a rappelé " Les déferlantes " de Claudie Gallay qui se passe aussi à La Hague.
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Enfuir l'hiver

La quatrième de couverture d’Enfuir l’hiver annonce des secrets, une histoire sombre teintée de superstitions et de trahisons. Je regrette qu’elle n’évoque pas les deux événements principaux qui jouent un rôle crucial dans la vie des personnages : la Première et la Seconde Guerre Mondiale. Les Valvachet ont été écorchés par la Première Guerre Mondiale et ne s’attendent pas à trouver l’amour quand ils rencontrent les sœurs Kermadec à l’occasion d’un bal. Les Nantaises tombent pourtant sous le charme de ces hommes et les épousent, quittant la ville pour s’accommoder d’une vie plus simple. Quelques années après ces noces, ce sont la Seconde Guerre Mondiale et l’occupation allemande qui touchent à nouveau nos personnages et les entraînent dans des situations dramatiques.



Ça a été relativement compliqué de dresser le bilan de cette lecture qui m’a entraînée sans totalement me convaincre. J’ai eu un peu de mal à accrocher au style de l’auteure que j’ai parfois trouvé trop sophistiqué et lourd. Les phrases sont longues et complexes alors que ce n’est pas toujours utile. J’aurais aimé un peu plus de légèreté pour pouvoir souffler de temps en temps. Après quelques pages, je suis rentrée dans l’ambiance mais cette gêne est restée jusqu’à la fin du roman et m’a éloignée des émotions du roman.



Cette prise de recul forcée est regrettable car l’histoire imaginée par Catherine Ecole-Boivin est plutôt bien menée et originale bien que le sujet des grandes guerres ait déjà été beaucoup abordé dans la littérature. Le roman tisse des liens entre différents événements et met en avant ces petites vies touchées de près ou de loin par les événements dramatiques du XXème siècle. Les personnages sont bien dépeints mais j’ai eu du mal à m’y attacher, encore une fois à cause de ce style qui apparaît également dans les dialogues (qui sont par ailleurs peu nombreux).



Le sujet de la voyance est abordé d’une façon très intéressante, le personnage de Thilda est assez fascinant, j’aurais même apprécié qu’elle apparaisse davantage. Je pensais, en lisant la quatrième de couverture, qu’elle aurait un rôle beaucoup plus important dans l’intrigue et je n’ai cette impression au final.



Un avis qui reste mitigé donc, je regrette car ce roman est plein de bonnes idées, il n’aurait probablement pas manqué de m’émouvoir si j’avais mieux accroché avec la plume de l’auteure. Je remercie Babelio et les Presses de la Cité qui m’ont permis de découvrir ce livre grâce à une opération Masse Critique !
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Enfuir l'hiver

1931, Aëlle et sa sœur Madalen Kermadec, font la connaissance des frères Valvachet, tous deux plus âgés qu'elles, vieux garçons qui pensaient ne jamais trouver l'amour.

Madalen, l'institutrice, aime sa vie auprès de Roland, le potier de Barfleur, il a perdu une jambe à la guerre, heureux parents du petit Joseph, filent le parfait amour dans la maison de Thilda, veuve de l'aîné des Valachet, fille adoptive du devin Imanol, qui lui a tout appris, et en fait une voyante très prisée, que ce soit des pêcheurs, dew fermiers ou de la bourgeoisie de Cherbourg

Aëlle, pétillante vendeuse de vêtements, se retrouve loin de tout, dans la ferme isolée de ses beaux-parents, au beau milieu de la pointe de la Hague, entre landes et falaises escarpées, malgré son amour pour Auguste, elle n'arrivera pas à s'épanouir dans sa nouvelle vie, surtout que la venue d'un enfant se fait trop attendre.

Mais la vie n'est pas faite que de bons moments, elle peut être des plus cruelles, et s'acharner plus que de raisons sur les membres d'une même famille, les sœurs Kermadec en ont déjà fait les frais dans leur jeunesse en perdant leurs parents, leur bonheur auprès de leur nouvelle famille ne sera, malheureusement pas, épargné par les drames ...



J'ai gagné ce roman avec l' opération Masse Critique de Babelio.com, je l'avais sélectionné en partie parce qu'il se passe chez moi, dans le Cotentin, chauvinisme quand tu nous tient 😉

Quand je l'ai reçu, j'avoue m'être demandé pourquoi je l'avais sélectionné, il est à de milliards de lieues de mes lectures habituelles, j'avais d'ailleurs choisi d'autres romans qui me correspondent plus mais c'est celui-ci qui est arrivé à la maison, une sorte de retour aux sources pour lui ...

Je m'y suis donc attelé, d'une part parce que c'est un contrat à remplir quand on s'inscrit à Masse Critique, et parce qu'il me titillait quand même pas mal, de fait, c'est vrai qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d' avis : j'ai été littéralement transportée par cette petite pépite !!

Un roman d'une beauté, d'une de des forces, une incursion bouleversante dans l'âme humaine, dans ce qu'elle a de plus beau comme de plus violent, une incursion dans la vie d'une famille avec ses joies et ses drames, ses secrets ....

J'avoue avoir pris un plaisir immense à lire une histoire dont je connais les lieux, dont je connais les noms des villes et villages, les paysages sauvages et isolés comme les plus civilisés, je connais ce vent normand qui fouettait les protagonistes, ce vent salé par les embruns, je connais cette pluie qui les lavait de toutes leurs joies et leurs peines, je connais cette mer qui entoure notre presqu'île, c'est chez moi et je suis fière d'y être née et d'y vivre, que ce soit réellement ou lors d'un court moment dans un livre, comme celui-ci !

Court moment littéraire, car j'ai dévoré ce roman, impossible de le lâcher ! Que j'ai aimé ces personnages, si vivants, si vibrants, j'ai ri et pleuré avec eux, j'ai souffert autant qu'eux, et comme eux, j'ai pardonné...

Vraiment une magnifique découverte, hors de mes sentiers battus, et ça fait un bien fou, je remercie à nouveau Babelio, sans oublier les éditionsPresses de la Citéé et l' auteure Catherine Ecole-Boivin
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