"La luna e i falo" écrit en 1946, publié en 1950, quelques mois avant son suicide;
Lu en italien dans ma jeunesse;
L'histoire est racontée à la première personne par le protagoniste Anguilla dont on ne connaît que le surnom donné dans son adolescence.
La quarantaine, environ, il revient dans sa terre natale, les Langhe, après plusieurs années passées aux Etats-Unis où il avait émigré.
Orphelin, il avait été adopté par une famille de paysans. Elevé sans confort et sans amour.
Il a treize ans lorsque meurt son père adoptif et va travailler dans la ferme de la Mora. Les jeunes filles de la maison sont charmantes.
A Gênes, il prend contact avec les milieux anti fascistes;
Au moment de son service militaire, pour fuir le régime, il émigre aux Etats-Unis. Il réussit à obtenir un joli pécule. Mais la nostalgie le pousse à revenir au pays.
Et le retour est amer. Tout a changé : il ne retrouve plus sa jeunesse. Il se lie avec avec le jeune garçon boiteux de la ferme. Il l'emmènera dans les collines et lui racontera comment c'était alors. Initiation du jeune, plongée dans le passé du narrateur.
Un ancien, ex-forgeron, ex-partisan, lui révèle les horreurs de la guerre civile.
Ce roman se compose de trente-deux chapitres. Chacun développe un souvenir, une petite scène narrative.
Et l'importance du rôle de la mémoire, la transfiguration du souvenir.
Anguilla s'interroge sur sa condition d'orphelin et sur ses origines . Il ne sait pas où il est né . Il ne peut se sentir affectivement lié à un lieu natal.
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Il s'agit d'un recueil de trois longues nouvelles, dans chacune au centre, un homme qui vit un moment décisif de sa vie.
Par chez nous : un petit malfrat sort de prison en même temps qu'un paysan, ce dernier le persuade d'aller chez son père pour travailler en tant que mécanicien. Notre héros va vite se rendre compte que celui qu'il prenait pour un pauvre paysan naïf est bien plus retors et dangereux qu'il n'y paraît.
La prison : Stefano se retrouve en résidence surveillée dans un village de sud de l'Italie, il y a été condamné pour des activités politiques, après avoir connu la prison. Il supporte de plus en plus mal la relégation, et la solitude, n'arrive pas vraiment à comprendre les gens avec qui il est amené à vivre.
La maison sur la colline : Corrado, fils de paysan, après de brillantes études est devenu professeur. Nous sommes vers la fin de la deuxième guerre mondiale, Corrado se voit plutôt comme un opposant au fascisme, mais son opposition ne se traduit pas en actes. Il rencontre son ancienne maîtresse Cate, qu'il n'a pas l'impression de regretter, mais elle a changée, a un enfant, Dino, peut être celui de Corrado. Les amis de Cate sont des opposants beaucoup plus actifs que Corrado, certains prennent le maquis, d'autres sont arrêtés, et Cate elle même connaîtra ce sort. Corrado essaie de s'occuper de Dino, mais l'enfant s'enfuie, et Corrado va se réfugier dans sa famille, pendant que la guerre s'intensifie.
J'ai beaucoup aimé la troisième nouvelle, La maison sur la colline, Pavese rend magistralement compte des indécisions, de la difficulté de s'engager de choisir, ou de s'attacher de Corrado. Il rend le personnage pathétique, pitoyable et attachant. Il fait un beau portrait de Cate et de Dino, les personnages secondaires existent vraiment autrement que par les yeux du personnage principal, ce qui n'était pas trop le cas dans les deux premières nouvelles. La langue est somptueuse. Je suis restée un peu moins concernée par les deux premières nouvelles.
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Une splendide introduction au Piémont et à l'importance des souvenirs d'enfance. Une découverte.
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D'une intensité redoutable et merveilleusement écrit, ce livre est un vrai et beau moment de réflexion sur "le métier de vivre"
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Evénements tragiques parmi les fatigues,les douleurs et les préjugés de la vie paysanne italienne, écrit en 1939.
La campagne, microcosme fermé, est à peine effleurée par l'écho lointain de la ville.
Les événements se déroulent sur quelques jours et sont racontés à la première personne par Berto, un mécanicien sortant de prison en compagnie d' un certain Talino, rencontré à l'intérieur des murs qui voudrait l'emmener avec lui dans la ferme de ses parents à Monticello, près de Bra.
Berto est d'abord réticent puis accepte. Il conduira le tracteur des parents et participera à la moisson.
Dès lors, la véritable protagoniste est la Nature.
Très vite Berto découvre la personnalité de Talino, sa nature imprévisible de demi-fou sur lequel peu à peu se densifient les ombres.
Je vous le laisse découvrir.
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Pablo, le narrateur, est un jeune Turinois qui vit à l’époque de l’Italie fasciste. Il tient à l’occasion le comptoir-tabac familial, il sort le soir avec les copains, il joue (très bien) de la guitare, mais dès les premières pages, il fait part de son amertume : « Je voulais comprendre pourquoi j’en avais marre et pourquoi, précisément maintenant je me sentais comme un chien, je ne voulais plus entendre parler des autres ». Un sentiment de vie gâchée, comme celle de son ami Amelio victime d’un accident de moto. Jusqu’au jour où, presque sur un coup de tête, il part pour Rome. Là-bas, il se frotte à la résistance antifasciste.
Une action lente, mais un récit tendu. Le ton est sec et distant, à l’image du narrateur, et le texte n'offre que peu de descriptions et de développements psychologiques. Malgré sa simplicité apparente, ce style exige une attention de lecture particulière pour interpréter les faits et les paroles, souvent chargées de sous-entendus.
Pavese, comme Carlo Levi, a été assigné en résidence surveillée dans un village du sud de l’Italie en 1935. Autant le ton de Levi est chaleureux dans Le Christ s’est arrêté à Éboli (voir ma critique), autant celui de Pavese est froid dans Le camarade. Les deux auteurs se connaissaient et j’ai trouvé très intéressant de confronter leurs approches opposées de la littérature, de la vie même (sachant que Pavese s’est suicidé à 41 ans), malgré un combat politique partagé.
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De retour à son pays d’origine où il a vécu depuis l’enfance jusqu’à son départ en Amérique, le narrateur revenu au pays, sur les traces de son passé, retrouve ceux qu’il a côtoyés autrefois, à la fois les mêmes et à la fois devenus étrangers à lui, il apprend les drames qui se sont passés depuis son départ, puis ceux qui sont morts, et ceux qui sont partis de la région. Rien n’a changé et en même temps, tout a changé. À travers les collines, la plaine du Piémont, les tilleuls et leur senteur marquée comme une empreinte, à travers ces paysages familiers, c’est le rapport au temps qui fait mal. Se mêlent le passé et le présent, la nostalgie de l’impossible retour dans le passé, et ce temps qui passe inexorablement. La solitude du narrateur est comme un destin, solitude de souffrance mais aussi solitude voulue. Derrière ces descriptions des paysages de son Piémont, la mélancolie d'aujourd'hui est la douleur qui fait place à l’ennui d’autrefois. Ce temps qu’il a vécu ailleurs, en Amérique, puis à Gênes, cette rupture avec le passé pour échapper à l’ennui, aux jours qui s’égrènent toujours les mêmes, insupportables jusqu’à partir…, ont-ils forgé un autre homme ? Quel homme serait-il devenu s’il était resté ?
Le récit de Pavese, ce récit du narrateur, est celui de la solitude, de l’ennui, de la nostalgie.
Très belle lecture que 'La Lune et les Feux' de Cesare Pavese.
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Avant de l'avoir entre les mains, je me figurais que Le Bel été, de Pavese, était un long récit fait de rocailles et de collines, sous le soleil radieux d'Italie. Ce n'est qu'après avoir reçu mon ouvrage — une superbe édition des années 1980, avec une typo aussi insolente que gracieuse — et après en avoir feuilleté les pages, que je me suis rendue compte de mon erreur : Le Bel été est en réalité un recueil de trois textes.
Le premier, qui donne son titre à l'ouvrage, est un récit de jeunesse : celle de Ginia, 16 ans, qui vit seule avec son frère et travaille dans un atelier de couture, et Amelia, de quelques années son aînée, qui vit entre deux ateliers de peintre et un café... Les peintres, ce sont Guido et Rodrigues, autour desquelles gravitent les deux jeunes filles. Tous les quatre forment un même tableau fait de multiples clairs-obscurs tant les facettes de chacune de leurs personnalités s'accordent ou se défont au fil des jours. Tous se livrent à un étrange chassé-croisé — entretissé de désirs contraires ou inavoués, de silences ou de murmures.
C'est avec un immense regret que j'ai tourné la dernière page du Bel été, mais j'ai peut-être eu encore plus de mal à quitter Le Diable sur les collines ! Le narrateur, dont on ignore le prénom (est-ce Cesare ?) évoque son quotidien — ou devrais-je dire ses nuits — aux côtés de Pieretto et Oreste, étudiants comme lui. Leurs nuits sont faites d'errances et de paroles sans fin, à travers les rues de Turin. Un soir, ils décident de se rendre sur une colline avoisinante et font une étrange rencontre qui va — bien qu'ils l'ignorent encore — bouleverser leurs vies : celle de Poli. S'ensuit un court épisode (que je ne vais pas vous raconter ici, par respect pour l'intrigue) qui se solde par le départ du nouveau venu.
Le narrateur relate ensuite l'arrivée de l'été, au cours duquel ils se rendent tous trois à la campagne, chez les parents d'Oreste. Mais non loin de là, se trouve la colline du Greppo... qui n'est autre que la demeure de Poli.
Entre femmes seules est quant à lui le récit que Clélia fait de son retour à Turin, après avoir passé des années à Rome dans une maison de couture. Elle y est envoyée pour ouvrir un nouveau magasin et loge à l'hôtel. Le soir de son arrivée, elle est témoin d'une scène de grande agitation, qui a lieu sur le même palier : dans une chambre voisine, la jeune Rosetta a essayé d'attenter à ses jours. Ce n'est qu'après avoir fait connaissance avec tout un groupe de la société turinoise qu'elle finit par se lier avec l'impétueuse Momina, l'amie intime de Rosetta. Entre désir d'indépendance exacerbé et désespérance farouche, les trois femmes s'interrogent à cœur ouvert, quitte à remuer certaines plaies. Mais parfois même l'amitié la plus solide ne suffit pas à combler la solitude — impérieuse et inflexible — qui s'empare de l'âme de certaines femmes.
La prose de Cesare Pavese est donc à la mesure de ses promesses et regorge de surprises. Dans chacun de ces récits, il prend le temps de monter décors et intrigues afin que ses personnages prennent peu à peu vie sous nos yeux. L'ensemble du recueil est un monde de passions — terrible — suscitant chez le lecteur un amour féroce et une douloureuse empathie. Les feux du soleil y enflamment corps et esprits, qui ne trouvent du repos qu'à l'ombre des collines.
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Ce recueil de nouvelles déploie en majesté le génie de Pavese autant qu'il le distille en petites grappes, nouvelles délicieuses, qui portent dans les plis de chaque mot ce qui fait la beauté de l'oeuvre de Pavese : une douce mélancolie, une populaire langueur, une lascive tentation à la nature.
Cette édition, bilingue, permet de comprendre la pureté de la langue de Pavese, assonnante et chantante, lancinante et suave.
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Je ne peux dire qu'une chose : je ne crois pas que le métier de vivre soit le meilleur livre avec lequel commencer.
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difficile à lire mais intéressant
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J'avais été à moitié convaincue par Avant que le coq chante mais ces trois petits romans ou longues nouvelles me réconcilient avec Cesare Pavese. Il a une façon de camper ses personnages, solitaires et perdus, de les rendre sensibles et touchants d'une façon étonnante. Dans les petits gestes du quotidien plus que dans longs développements philosophiques. L'incapacité au bonheur comme une fatalité, quel que soit le milieu social.
J'ai aimé l'écriture, sobre, faite de petites phrases, même si très travaillées me semble-t-il ; la façon dont les phrases courtes s'enchaînent donne au final une sorte de rythme, presque scandé. Et de cette façon l'auteur évite le pathos que le sujet pourrait provoquer, et ne surcharge pas, cette retenue donne à mon sens de la force au récit. Comme une épure.
J'ai aimé aussi cette façon de ne pas tout dire, de suggérer, de laisser le lecteur donner ses propres interprétations, de laisser les possibles prendre forme. Tout en finesse, mais en donnant suffisamment de matière pour se faire sa propre version.
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Mention très bien pour ces nouvelles de Pavese sur "l'impossibilité du couple" comme le dit la 4eme de couv. J'ai particulièrement aimé la dernière, "L'idole", qui reconte à la première personne l'histoire de ce pauvre Guido qui se fait mener en bateau par sa tendre amie devenue prostituée.
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Je crois que je suis, plus ou moins, passée à côté ...
Beaucoup de passages sont consacrés à la construction d'un poème, à son style, beaucoup de références à d'autres ouvrages, beaucoup d'"études de cas", si je puis dire (Shakespeare, Rousseau, Baudelaire, etc.).
Par contre, j'ai vraiment apprécié les autres passages, plus philosophiques, concernant ses états d'âme. Toutefois, pas mal de pensées auxquelles je n'adhère pas, telle que sa vision des femmes, notamment...
Rédigé sous cette forme, de "journal", nous permet de clairement différencier les hauts et les bas de Cesare Pavese ; c'est si flagrant et étonnant qu'on a parfois la sensation d'être confronté à deux personnalités différentes.
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Non proprio una recensione, ma una considerazione: quel mondo di contadini, al di là della nostalgia dell'infanzia che suscita nel protagonista e anche in noi, e che a volte qualcuno rimpiange, era di una durezza e di una violenza oggi sconosciute: nel libro si racconta, come se fossero episodi normali di: un vecchio buttato fuori di casa a mendicare dai generi, una volta morte entrambe le figlie-spose; donne e bambini regolarmente presi a cinghiate; un morto cadendo da un fienile; una quasi morta di tifo; una morta in seguito a un aborto clandestino; proprietari che sottraggono quanto possono ai loro mezzadri già alla fame; un uomo violento che alla fine uccide le due donne di casa e poi si impicca. Senza parlare della guerra...
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"La Plage" est un court récit de C. Pavese. Le personnage principal (et narrateur) va passer quelques jours en bord de mer en compagnie de son meilleur ami récemment marié.
Il n'y a pas d'intrigue dans ce roman, l'idée de l'auteur est de montrer l'impact du mariage sur l'amitié entre deux hommes.
Le narrateur évoque de façon laconique ses états d'âme, ainsi que les autres personnages d'ailleurs.
L'ensemble est une ébauche de réflexions sur le vide, l'ennui et le temps qui passe. Et beaucoup de silence. Mais aucun de ces thèmes n'est approfondi, et le tout manque d'entrain et laisse une sensation d'inabouti.
Enfin, si je ne dois retenir qu'un mot de cette lecture, ce sera sans hésiter l'ennui.
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Je découvre Cesare Pavese par cet écrit.
J'avoue être resté à l'extérieur de ce livre, comme devant un tableau que je ne comprends pas, dubitatif, essayant de m'en imprégner sans y parvenir...
Des personnages en bord de mer, un couple, des amis, le narrateur, ensembles mais chacun terriblement solitaire.
Une femme qui est le centre des regards et le temps qui s'écoule ennuyeux et ennuyant.
Ce n'était peut-être pas le bon timing pour le lire...
J'y plongerai à nouveau peut être....
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Un roman qui aborde avec beaucoup de délicatesse, les éternels questionnements d'un être à la découverte des émois sentimentaux, mais aussi de son rapport à autrui à travers ses sentiments, son corps et par extension, sa sexualité.
C'est par le regard de la jeune Ginia, 16 ans, que Cesare Pavese décrit l'entrée d'une jeune fille en fleur dans le monde des adultes. Cette dernière évolue dans la Turin de l'après-guerre, dans l'univers très particulier (et - semble-t-il, très codifié) des artistes peintres sans envergure et des modèles alimentaires pour nus féminins.
Le lecteur accompagne (et se reconnaît forcément) dans cette découverte des déconvenues qui suivent inéluctablement toute expérience sentimentale, celles qui font le lit des attentes déçues de l'existence.
Une oeuvre pudique et crépusculaire.
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Pavese imagine des rencontres dialoguées entre des personnages de la mythologie romaine. Ces dialogues portent sur des thèmes philosophiques : la place des dieux, la signification des sexes, le sens de l'amour physique, la vie, la mort, le destin.
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