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EAN : 9782070735341
46 pages
Gallimard (01/08/2003)
3.78/5   152 notes
Résumé :
Si le voile est à la mode, c'est que la réalité est voilée, clame avec force cette jeune anthropologue iranienne à qui l'intégrisme imposa le foulard pendant dix ans. Le voile n'est respectable à aucun prix, rappelle-t-elle, car il promeut la culpabilité d'être femme : tout comme les victimes d'un viol, les voilées se sentent honteuses, intrinsèquement impures de l'intérieur. Pour Chahdortt Djavann, le voile est l'étoile jaune de la condition féminine !
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 152 notes
Petit livre écrit en 2003.
Sans tabou, sans concession. C'est un appel à la réaction, un appel pour que chacun de nous réagisse face à la non-liberté de ces femmes, jeunes filles, et très jeunes filles et qu'elles ne soient plus des objets.
L'auteur a porté le voile durant 10 ans, elle explique de façon brute la responsabilité de chacun, musulman ou non, intellectuel ou non, français ou non. Elle n'épargne personne. Elle fait entendre sa voix.
Presque 20 ans après la parution de ce petit livret, rien n'a changé, au contraire, le constat est peut être encore plus amer...
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"J'ai porté dix ans le voile. C'était le voile ou la mort. Je sais de quoi je parle."
Oui, elle sait de quoi elle parle, Chahdortt Djavann, et elle en parle très bien. En des termes clairs et précis.
Chahdortt Djavann a vécu en Iran où elle a connu l'arrivée de Khomeyni au pouvoir et le basculement dans le fondamentalisme religieux. Elle qui a été élevée dans un milieu intellectuel et ouvert d'esprit, « dans l'amour des livres et la détestation des mollahs », est obligée de remplacer la lecture des grands auteurs français (subversifs sans doute) par celle du Coran.
Elle est également obligée de se voiler.
Ayant fui l'Iran, elle arrive en France en 1993, sans parler le français, langue qu'elle apprend sur le tas et en lisant de grands auteurs, en version originale cette fois. Avec succès puisqu'elle écrit directement en français.

L'objet de ce pamphlet est clair, le titre l'annonce : l'auteur est une farouche pourfendeuse du voile.
Ce n'est pas le premier texte que je lis sur ce sujet qui m'intéresse et qui mérite que l'on y réfléchisse en profondeur, loin des petites phrases ou petits slogans réducteurs et sans contenu que l'on peut entendre ici où là, de la part des pro-voile comme des anti-voile.
Le débat devient souvent hystérique entre partisans des deux camps, chacun prétendant détenir LA vérité, mais si l'on réfléchit bien, que savent-ils tous ceux qui pérorent à qui mieux mieux sans y connaître grand-chose ?
"Qui a le droit d'en parler ?" interroge Chahdortt Djavann. Question à laquelle elle apporte une réponse très simple : seuls celles qui subissent ou ont subi le voile sont qualifiées pour le faire. Pour les autres, il ne peut s'agir que d'une vue de l'esprit.
Quelques lignes cinglantes, dont je recopie une partie en fin de critique remettent à leur place ceux qui prétendent s'exprimer alors qu'ils n'ont pas la légitimité pour le faire.

Le voile n'est pas un vêtement ordinaire. Ce n'est pas un simple bout de tissu. Ce n'est pas une simple marque de piété. C'est une prison physique et psychique. C'est un signe fort de l'infériorité de la femme.
Imposé aux fillettes, il les conditionne dès le plus jeune âge : tu es impure, tu ne vaux rien, tu dois être soumise à l'homme.
Chahdortt Djavann explique, analyse et surtout démontre, arguments (historiques, politiques et religieux) à l'appui : voilà la force de ce texte.
"Le voile définit la femme psychologiquement, socialement, sexuellement et juridiquement comme sous-homme."résumera-t-elle dans un roman paru ultérieurement.

Il est honteux qu'en France nombre de personnes se prétendant "féministes" ne s'attaquent pas à ce problème. Si seulement ce petit monde mettait autant d'énergie à combattre le voilement des fillettes (que l'auteur assimile à juste titre à de la maltraitance) qu'il en met à vouloir imposer des stupidités telles que l'écriture inclusive !
Au passage, ces féministes de pacotille feraient bien de s'attaquer aussi à cette barbarie qu'est l'excision et dont la pratique est en augmentation.
Cette abjection. En France en 2020. Oui !
J'ai honte pour mon pays : "patrie des droits de l'homme", "pays des Lumières", semblent désormais des coquilles vides.
J'ai honte de voir que personne ou presque ne s'émeut de ces atrocités infligées à des fillettes sans défense. J'ai honte de voir que quand une voix (timide) tente de se faire entendre dans l'assourdissant silence complaisant, son propriétaire se fait aussitôt traiter d'intolérant, de raciste, d'islamophobe, quand ce n'est pas directement de fasciste, voire de nazi.
Mais, bon sang ! Il n'est pas question de race ou de religion ici : il s'agit d'une barbarie que l'on interdirait si elle se pratiquait sur les animaux !

Ce livre a été écrit en 2003, et il n'a malheureusement pas pris une ride.
Un livre fort de la force de celle qui a vécu et s'est libérée.
Un livre à lire et à méditer. Un livre à faire lire autour de soi.
Ceux qui "soutiennent" les femmes voilées en France, que ce soit par "esprit de tolérance" ou par intérêt politique et clientélisme électoral, ceux qui le font au nom de la "liberté de choix", ne font que les maintenir dans la condition d'êtres inférieurs et de sous-citoyens dans laquelle certains veulent les enfermer. Ils ne font pas le bien : ils nuisent.
Foin d'angélisme, du réalisme !

"Certains intellectuels français parlent volontiers à la place des autres. Et aujourd'hui voilà qu'ils parlent à la place de celles qu'on n'entend pas − la place que tout autre qu'elles devrait avoir la décence de ne pas essayer d'occuper. Car ils continuent, ils signent, ils pétitionnent, ces intellectuels. Ils parlent de l'école, où ils n'ont pas mis les pieds depuis longtemps, des banlieues où ils n'ont jamais mis les pieds, ils parlent du voile sous lequel ils n'ont jamais vécu. Ils décident des stratégies et des tactiques, oubliant que celles sont ils parlent existent, vivent en France, pays de droit, et ne sont pas un sujet de dissertation, un produit de synthèse pour exposé en trois parties. Cesseront-ils jamais de paver de bonnes intentions l'enfer des autres, prêtes à tout pour avoir leur nom en bas d'un article de journal ?
Peuvent-ils me répondre ces intellectuels ?
Pourquoi voile-t-on les filles, seulement les filles, les adolescentes de seize ans, de quatorze ans, les fillettes de douze ans, de dix ans, de neuf ans, de sept ans ? Pourquoi cache-ton leur corps, leur chevelure ? Que signifie réellement voiler les filles ? Qu'est-ce qu'on essaie de leur inculquer, d'instiller en elles ? Car au départ elles n'ont pas chois d'être voilées. On les a voilées. Et comment vit-on, habite-t-on un corps d'adolescente voilée ? Après tout, pourquoi ne voile-t-on pas les garçons musulmans ? Leur corps, leur chevelure ne peuvent-ils pas susciter le désir des filles ? Mais les filles ne sont pas faites pour avoir du désir, dans l'islam, seulement pour être l'objet du désir des hommes."
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"De treize à vingt-trois ans, j'ai été réprimée, condamnée à être musulmane, une soumise, et emprisonnée sous le noir du voile. de treize ans à vingt-trois ans. Et je ne laisserai personne dire que furent les plus belles années de ma vie." (p. 10, Folio, 2016).... En trois phrases, tout est énoncé , du sujet de révolte absolue de cette auteure iranienne, que je viens de découvrir avec un immense intérêt, avec "Les putes n'iront jamais au paradis "!


Un petit texte , rageur, submergé de colère et de tristesse... paru initialement il y a dix ans...et malheureusement ce que Chahdortt Djavann dénonce ne s'est arrangé en rien, semble même s'être exacerbé au fil des années... Elle s'insurge contre ce qu'elle a vécu intimement toute jeune , dans son propre pays,qu'est l'Iran...Ensuite ce qu'elle a pu observer et constater avec désolation du port du voile, dans son pays d'accueil, la France...
Elle exprime sa colère envers les abus exercés contre les femmes musulmanes, et par là-même, contre toutes les petites filles et jeunes femmes de la terre!

"Ce qu'on dérobe aux regards ne fait qu'attiser les regards. (...)
Le regard salace, le regard illicite, le regard aux aguets, le regard qui -pénètre- le voile. Et les filles réprimandées, car, malgré leur voile, leur corps dissimulé, elles ont attiré les regards illicites. (Folio, 2016, p.24)"

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Alors qu'elle a quitté l'Iran pour quitter le voile et ses symboliques sexuelles, religieuses et discriminatoires, elle le voit gagner du terrain en France.
Avec colère, elle dénonce nos grands intellectuels, prompts à applaudir Khomeiny. Eux qui croient tout savoir ont laissé mettre en place une théocratie basée sur une version de la charia rigide.
Elle exhorte l'Etat à réinvestir pacifiquement les banlieues, en ouvrant des cours pour les migrants adultes (alphabétisation, mais aussi civilisation). Pour les intégrer, les émanciper. La meilleure manière de rencontrer, puis de diffuser démocratie, tolérance et laïcité. Ou alors les extrémistes gagneront du terrain. Voyez où nous en sommes, 10 ans après la 1ère édition.
Elle ne croit pas non plus au prétendu choix du retour au voile ; pour elle, simple pose. Et surtout, craint le dangereux zèle dont font preuve ces femmes.
Sans parler des religieux, qui au nom de l'Islam laissent bafouer les droits les plus élémentaires.
Plus un coup de gueule qu'un essai construit, l'auteur distribue les coups et renvoie chacun devant ses responsabilités. Beaucoup de ces constats se sont avérés, malheureusement. Sans beaucoup de nuances toutefois car il existe un féminisme voilé qui trouve se libération dans l'étude du Coran. Cela leur a permis de rétablir quelques vérités occultées par les oulémas (hommes, bien entendu). Mais sa position est compréhensible : "c'était le voile ou la mort".
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Chahdortt Djavann nous présente ici son cri de coeur contre la discrimination des femmes musulmanes, son angle d'attaque est le voile, un symbole qui vise simplement à mettre la femme l'arrière plan de tout. pour fuir le voile, Chahdortt Djavann quitte l'Iran, son pays d'origine et arrive en France. Malheureusement après la France accepte le port de voile alors là, son indignation est plus que totale, elle lance un appel pour pouvoir réviser les recommandations de la religion et de ne pas se fier mangeurs de conscience qui dénaturent tout pour restreindre un petit monde d'intégristes alors que le monde actuel est de plus en plus laïque...
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Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
La construction de l’identité féminine et de l’identité masculine dans l’islam repose sur Hojb et Hayâ de la femme et Nâmous et Qeyrat de l’homme. Ces mots chargés de sens véhiculent des poids traditionnels lourds, des qualificatifs qui sont propres à chaque sexe et qui ont été transmis de génération en génération à travers les siècles. Ils n’ont pas d’équivalent exact dans la langue française, mais leur traduction approximative serait la pudeur et la honte de la femme et l’honneur et le zèle de l’homme. Nâmous est l’honneur sexuel de l’homme. Impur, sacré, il est tabou. C’est un tabou refoulé au fin fond de l’homme musulman. Propre à chaque musulman, Nâmous doit rester à l’abri du regard des autres hommes, des regards illicites.

Nâmous de l’homme doit être protégé, dissimulé. Il symbolise le dedans et ne peut être dehors. Il a pour garant la mère, la sœur, la femme, la fille, le corps féminin. Le voile est un abri pour Nâmous, pour l’honneur de l’homme musulman, et il crée chez ce dernier une dépendance psychique; car l’essence de l’identité de l’homme musulman s’enracine sous le voile féminin.

Qeyrat, le zèle, symbolise la virilité et la capacité de l’homme musulman à préserver son Nâmous, son honneur sexuel qui a comme objet le corps féminin. Le corps de la femme, garant de l’honneur sexuel de l’homme, ce tabou non avoué, ne peut être dehors, libre, sous les regards illicites des autres hommes. C’est l’identité de l’homme musulman, l’honneur d’être un homme, qui en dépend. La femme non voilée peut ébranler l’édifice de l’identité masculine dans l’islam. La littérature et le cinéma subversifs nous ont montré parfois ces hommes musulmans perdus à jamais car la fille, la femme, la sœur ou la mère a transgressé les dogmes de la pudeur.

Hojb et Hayâ de la femme, la pudeur et la honte de la femme, sont les garants et l’expression de l’honneur et du zèle de l’homme musulman. Plus une femme est honteuse et pudique, plus son père, ses frères, son mari ont de l’honneur et du zèle. Autrement dit, la construction de l’identité masculine chez les musulmans est tributaire de la pudeur et de la honte de la femme. L’honneur et le zèle de l’homme musulman, sans lesquels il n’est rien, sont à la merci du voile de la femme. Tout contact, toute tentative de rapprochement entre les deux sexes déshonore l’homme musulman. Ce n’est pas la relation sexuelle qui est un tabou; l’autre sexe, le corps féminin, est en soi un tabou.
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Les femmes musulmanes qui ont pu s’en sortir grâce aux lois et à l’éducation républicaines et laïques de la France et qui aujourd’hui revendiquent le voile pensent-elles jamais à ces autres femmes, ensevelies sous le voile, qui dans leur pays n’ont aucun droit ? Je me demande si elles mesurent la situation de ces femmes privées de l’éducation la plus élémentaire, qui n’ont, pour les plus pauvres d’entre elles, pas même un acte de naissance, ces femmes écrasées, ces femmes très nombreuses des régions les plus désertiques et les plus isolées des pays musulmans. Peut-être un séjour dans un pays comme l’Afghanistan ferait-il le plus grand bien à celles qui se prétendent « libérées par le voile » ? Peut-être pourraient-elles faire partager leur « liberté » aux femmes afghanes ?
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Cet appel s'adresse enfin et surtout aux femmes, à toute les femmes, musulmanes ou non, et aux mères. Le temps de l'humiliation et de l'aliénation est révolu. Demander aux dépositaires mâles des dogmes religieux les moyens et les chemins de la libération des femmes, c'est le comble de l'humiliation et de l'aliénation. Il incombe aux femmes, surtout aux femmes originaires des pays musulmans d'affirmer qu'elles n'ont plus à marchander les conditions de leur existence, qu'elles sont des individus de plein droit et qu'à ce titre elles ne peuvent pas supporter qu'en France ou ailleurs (mais en France il y va de leur responsabilité directe) des fillettes soient élevées, à l'ombre du voile, dans un esprit de passivité et d'infériorité, que la culture soit l'alibi de la religion et la religion l'alibi de la discrimination sexiste.
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J'avais treize ans quand la loi islamique s'est imposée en Iran sous la férule de Khomeyni rentré de France avec la bénédiction de beaucoup d'intellectuels français. Une fois encore, ces derniers avaient décidé pour les autres de ce que devaient être leur liberté et leur avenir. Une fois encore, ils s'étaient répandus en leçons de morale et en conseils politiques. Une fois encore, ils n'avaient rien vu venir, ils n'avaient rien compris. Une fois encore, ils avaient tout oublié et, forts de leurs erreurs passées, s'apprêtaient à observer impunément les épreuves subies par les autres, à souffrir par procuration, quitte à opérer, le moment venu, quelques révisions déchirantes qui n'entameraient toutefois ni leur bonne conscience ni leur superbe.
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Une fille n'est rien. Le garçon est tout. Une fille n'a aucun droit, le garçon a tous les droits. Une fille doit rester à l'intérieur, à sa place, elle ne peut circuler à l'air libre. Nul ne peut ignorer que, dans les pays musulmans, les hommes, seulement les hommes, sont agglutinés sur les places publiques.
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