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Citations de Christian Giudicelli (15)


- Mon pauvre Jacquot...
Oh! non, pas de pitié ou je cogne.
- Tu partiras avec une bien triste impression de ton pays. Hier j'étais sûre que tu reviendrais, à présent je n'ai plus confiance.
Un soupir et elle passe aux aveux :
- Ma mère vit encore, Jacquot... ton arrière-grand-mère. Elle a envoyé sa servante parce qu'elle ne se déplace plus. Elle s'enferme chez elle... à cause de Jacques et de moi... Elle n'était pas favorable à notre mariage. Quand mon père est mort, juste après la guerre, elle n'a plus quitté sa maison à l'autre bout du village. Depuis quinze ans je ne l'ai pas vue. Jadis, lorsque je la croisais avec Antoine tout enfant, elle n'avait pas le moindre geste, à ses yeux nous n'existions pas. Si elle désire te rencontrer, c'est pour te faire du mal.
- Elle a quel âge?
- Plus de quatre-vingt-dix.
- Je ne suis pas obligé de lui obéir.
- Si
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Mon père s'appelle Antoine. Au village, il est très populaire. Lorsque le 15 ou le 16 juillet nous descendons du car, il y a toujours un tas de cousins et d'amis d'enfance pour l'accueillir. Embrassades, grandes tapes dans le dos, on ne lui ménage pas les marques de sympathie. Ma mère n'a droit qu'à de la politesse. Fatiguée par la traversée nocturne du continent à l'île sur un rafiot peu stable malgré l'absence de vagues, elle n'a pas supporté les quarante kilomètres de ce matin (la route, à peine le port disparu, s'élève en lacets de col en col dans la montagne). Elle a réussi à ne pas vomir mais sort du car plus morte que vive. Après les souhaits de bienvenue, personne ne s'occupe d'elle. En un échange de coups d'oeil ironiques, cousins et amis - tous des hommes - l'ont jugée : une petite nature de Française, fragile comme du verre, plus un décor qu'une femme. Antoine aurait mieux fait de choisir son épouse au pays, une de leurs soeurs par exemple, solide et travailleuse.
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Quand la mort menace, le sommeil est un luxe qu'on ne s'offre pas.
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A la mort de son père, il ne versa pas une larme. Il se mit à rêver de lui. D'abord il le vit en cavalier un peu grotesque : Sancho Pança sur un âne squelettique quelque part à la lisière d'une forêt de pins dans la montagne. Puis - même paysage en toile de fond - c'était lui qui rejoignait son père. Ils se promenaient bras dessus, bras dessous. Ensemble ils parlaient, une longue conversation telle qu'ils n'en avaient jamais eu. A un moment ils s'arrêtaient. Le père pointait l'index vers le sol. Et lui, il se baissait, écartait des deux mains les feuilles vertes. Une petite flaque apparaissait avec en son centre un jet d'eau pareil à ceux des tirs forains. L'un après l'autre ils buvaient à la source. C'était très froid, ça coupait le souffle. Ils se regardaient en riant. Le père n'avait pas encore de ventre ou il n'en avait plus. Ses cheveux repoussaient, lui les voyait renaître, s'allonger, tomber sur le front, couvrir les oreilles. Et soudain, dans ce visage qui, dès l'enfance, lui avait semblé si lointain, si étranger, il rencontrait son visage, son visage qui le dévisageait.
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Ma disparition me semblait un scandale. Aujourd'hui, tandis qu'elle se rapproche, je garde le même sentiment. Pourquoi m'a-t-on offert le cadeau de ce monde si on doit me le retirer ? Pas question d'approuver une telle escroquerie.
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- C’est drôle, di sa mère, toi et moi je trouve que c’est en mangeant qu’on se raconte les choses.
- Quelles choses ?
- Des choses qui nous rapprochent.
- Peut-être parce quemanger facilite le partage.
Partager quoi ? Un regard, une souffrance, ce qu’il y a d’informulé entre un fils et sa mère ?
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Si j'avais eu la candeur du petit éclairagiste mort si jeune, je n'aurais pas réprimé cette larme que je sentais au bord des cils mais, en homme soucieux de masquer ses émotions, je me contentai d'embrasser celle dont le talent de vivre n'était pas inférieur à celui de jouer.
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Déjà il riait des yeux, privilège des âmes généreuses. Si un rire n'illumine pas un regard, s'il n'est qu'un bruit de gorge suivi d'une grimace, je me méfie du Judas qui me l'adresse.
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Ensuite, octogénaire un peu radoteur, il s'est volatilisé dans son sommeil, affrontant l'éternité, c'est_à_dire l'oubli, avec le sourire de celui qui n'a pas raté son séjour ici_bas.
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Bientôt, la grand-mère aura quatre-vingt-cinq ans. Depuis vingt-deux ans, Jacques ne l'a plus vue, n'étant pas retourné dans l'île après l'adolescence. Quant à elle, l'idée de prendre le bateau ou l'avion pour le continent ne l'a sans doute pas effleurée. Ou elle l'a repoussée : "C'est là-bas qu'ils ont tué mon pauvre Jacquot, dans leur guerre idiote." Jacques l'avait entendue plusieurs fois prononcer cette phrase, sans haine dans la voix, calmement, sur le ton du constat. Elle désirait ignorer un monde qui avait réduit en charpie le jeune corps de son amour. D'où la scène faite à son fils Antoine qui, le bac réussi, avait décidé d'aller tenter sa chance de l'autre côté de la mer. Scène mémorable que Jacques reconstituait à partir de rares allusions échappées à ses deux protagonistes.
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Avec Tom, un jour ou l'autre, ça aurait mal fini. Ils ont eu de la chance que ça n'ait pas vraiment commencé.
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Dans les histoires d'amour, l'oubli est l'unique vainqueur, elle ne le sait pas par expérience, elle le devine. Y a-t-il une façon de précipiter sa venue ?
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Les dieux sont plus sadiques que le marquis de Sade : ils offrent une existence à laquelle on s'accroche - même les infirmes, les disgraciés, les misérables - , et puis la suppriment sans demander notre avis.
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Tout ce qui est jeune se ressemble.
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J'espère un deus ex machina. Il y en a un ou plutôt une : une petite fille qui vient chercher son papa en le tirant par la manche. C'est le signal. Tous se dispersent. La via Garibaldi s'allume. Dernier figurant, je me lève et baisse le rideau.
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