Citations de Christian Léourier (195)
Il n'est pire prison que celle dont nous forgeons nous-mêmes les barreaux.
(introduction au roman "Les Racines de l'Oubli")
On a beau être une déesse, on a ses fragilités. Celle-ci, à l'évidence, ne supportait pas d'être violemment projetée au sol la face la première.
Même les Mjök supportent mal de voir leurs organes internes s'éparpiller dans des dimensions spatiales pour lesquelles ils ne sont pas prévus.
Korso avait fait fortune en vendant la mort sous toutes ses espèces. Les armes. La drogue. La nostalgie. L'illusion. Tout ce qui détruisait les corps et les esprits.
Sais-tu pourquoi le capitaine t'a confié le commandement en second du navire, bien que tu lui aies avoué avoir trop peu navigué pour y prétendre ? Parce que ton compagnon a préféré pénétrer dans une cale en feu, plutôt que t'abandonner. Aux yeux du Danois, il est plus méritoire d'inspirer une telle amitié que de savoir prendre un ris ou changer d'armure. Car manoeuvrer s'apprend; inspirer le dévouement, non. C'est un don de Dieu.
Le commandant indique le but, le pilote mène au but, l'équipage adhère au but.
Si tu ne peux pas tuer un Heer, fuis-le. Si tu peux tuer un Heer, fuis-le quand même, avant qu'il ne s'en avise.
J'ai à plusieurs reprises eu l'occasion de constater que, malgré son appellation, la science-fiction est davantage philosophique que scientifique. Pour résumer, sans doute un peu brutalement, je dirais que la question que la science-fiction ne cesse d'explorer est : quelle place l'homme occupe-t-il dans l'univers ? Ce qui, subséquemment, amène à s'interroger sur la manière dont nous connaissons cet univers. Et, depuis les travaux de Gödel, selon lequel un système logique ne peut démontrer lui-même sa cohérence, sur la possibilité de le connaître un jour entièrement, dans la mesure où nous en sommes partie intégrante.
(préface du cycle de Lanmeur, Intégrale 3)
Le commandant indique le but, le pilote mène au but, l’équipage adhère au but.
- Qu'arrive-t-il après la mort ? insista Twern.
Talhael posa sur lui des yeux candides.
- Comment le saurais-je? Je suis vivant.
- Tu es un Conteur. Ne connais-tu aucun récit sur ce qui se passe après?
- Qui mordrait à une telle fable?
- Les hommes ont peur de la mort, argumenta Twern. Ils sont prêts à croire n'importe quoi.
- Mais comment pourraient-ils croire ce qui n'est pas vrai? s'insurgea Talhael.
- Tes histoires sont donc toutes vraies?
- Bien sûr! s'écria le Conteur. Puisque je les raconte!
[Ti-Harnog]
Pour ma part, je tirai une conclusion de la sévérité manifestée par l'administration pénitentiaire: les gardiens pouvaient tout faire, sauf attenter ouvertement au capital humain des bagnes. Nos pauvres bras constituaient la seule richesse de ce monde dont Lanmeur voulait réaliser la conquête. On ne permettrait à personne de compromettre le grand-œuvre.
("Les Racines de l'Oubli")
Ce n'est pas l'espace qui nous emprisonne dans la solitude, mais le temps.
Le crépuscule parut bien sombre,quand l'astéroïde se fut éteint.
Le beau n'est pas mesurable, il relève d'un jugement de valeur. Partant, il est corrélé à la personnalité de l'observateur. En d'autres termes, toi aussi tu as été formé à associer certaines sensations à ce concept. Ton jugement se réfère comme le mien à une table de correspondance préétablie. Comment expliquer, sinon, que cette catégorie varie selon les lieux et les époques?
La nature a plus d'imagination que le vocabulaire.
Naguère, j'avais peur de l'obscurité. La nuit, sur le fleuve, c'est le temps des bruits inhumains. Les murmures de l'eau. Le saut de bêtes ignorées. Le ricanement des génies. Le cri des rapaces. Le complot des roseaux. Aujourd'hui, le noir m'apaise. Il dissimule la fugitive que je suis devenue.
Les vieux, ils respectent un silence inquiet, comme s'ils espéraient passer inaperçus aux yeux de la mort.
Les lois physiques reflètent notre organisation cérébrale et le cosmos n'a aucune obligation de s'y soumettre.
Jadis, une montagne s'élevait là, haute, escarpée, gonflée de lave. Des sources en jaillissaient, quelquefois dans un jet de vapeur. Voilà ce qu'affirment les légendes, et nul, pas même les Sachants, ne saurait révoquer les légendes en doute. Mais le vent a soufflé avec tant de force qu'il a déplacé la montagne., il l'a poussée loin du rivage, car il avait besoin d'une couche confortable pour ses noces avec la blancheur. Or, vous en conviendrez, une montagne, avec ses rocs épars, ses crêtes acérées, ses sources jaillissantes, ne répond pas aux attentes des fiancés. Donc ce récit est vrai et s'il se trouvait un homme assez irréfléchi pour le contester, il lui suffirait d'ouvrir les yeux : là-bas, loin vers le sud, tout là-bas au bout du bout du désert, on distingue une ombre contre le ciel : c'est la montagne que le vent a poussée.
("La Source")
Ceux qui s'effacent de votre vie concervent à jamais l'aspect qu'ils revêtaient au moment de leur disparition. L'usante banalité des jours ne vient jamais plus ternir leur image. Peut-être est-ce pour cela qu'ils n'en finissent pas de nous hanter.