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Citations de Christiane Rochefort (170)


L’été finissait. Il tombait des seaux. Plus des virées, plus d’étoiles. Et Joël partit à son tour. Je commençais à entendre parler d’armée autour de moi, c’était signe que je vieillissais, Patrick partirait peut-être avant l’âge, on l’avait averti ; s’il s’avérait irréductible il serait envoyé comme volontaire.
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« Alors ? Alors rien. Ils me font chier.
Qu’est-ce qui est arrivé en fait – on pourrait aussi bien dire : rien. Je me suis assis à table. Le vieux a dit : pousse-toi un peu, tu me bouches l’écran. Il n’y avait rien sur l’écran.
- Mais il n’y a rien sur l’écran…
- Pousse-toi un peu tout de même.
- Mais.
Non, c’était trop bête, non ?
- Je me pousserai quand il y aura quelque chose. J’ai dit ça calmement, sur un ton raisonnable ; comme si c’était normal. Il est devenu comme pâle. Les yeux fixes. Un truc horrible, en une seconde. Non, pour une histoire de dix centimères même pas, et qui ne servaient à rien en plus… Elle, n’est pas intervenue. Elle nous regardait l’un après l’autre, sans savoir quoi.
- - Je t’ai dit pousse-toi.
Je me suis levé et je suis parti. Tel quel.Je n’ai pas eu le temps de réfléchir. En fait je ne savais pas que je partais. Quand je me suis aperçu je me suis dit : j’aurais dû prendre une valise. Mais quoi une valise, ça pouvait me servir à quoi pour aller où j’allais : quelque chose comme à Tahiti. Ca pouvait juste servir à me donner une touche d’émigrant, et à m’encombrer. Tandis que les mains dans les poches, qui sait quoi ? C’est un type qui est là comme tous les autres types, peut-être qu’il va à son travail, ou à l’école, ou il se promène tout simplement, et d’ailleurs personne ne se le demande.

Je suis donc resté logiquement sur place, dans la cour, au milieu des maisons. J’ai regardé les fenêtres : derrière toutes les fenêtres, il se passait la même histoire d’un écran qu »on bouche, et le père dit au fils de se pousser, et le fils s’en va pour toujours nulle part. Obligé, puisque c’était la même heure.
Malheureusement il n’y avait personne dans la cour, que moi.
Normalement avec mon système on aurait dû être mille.
Si on avait été mille, on serait remontés tous ensemble et on aurait cassé toutes les télés. »
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BON CHIEN


Ils ont des chiens de garde
pour défendre leurs petites cuillers
en inox,
leurs chaussettes,
leur brosse à dents.

Bon chien :
Tu gueules donc je suis.

p.53
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"Si dans une journée un homme réussit à écouter un poème, à écouter de la musique, à voir une belle chose et à avoir une pensée intelligente, il a vécu".
Goethe (page 182)
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Un dieu c'est une idée primaire, la première qui vient.(...)

Ou alors , il nous faut poser des milliards de dieux vivants et grouillant partout (Sauf là où nous avons étendus l'asphalte et le béton, où ne peut grouiller aucun de ces milliards de dieux. Nous sommes les seuls, hommes industriels, à avoir inventé du non-dieu- même les incendies, les tremblements de terre et toutes les catastrophes n'y sont pas arrivés. Les hommes industriels sont les seuls vivants à être arrivés à tuer les dieux (...)
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Je connais une décision qui a été prise par un calcul vésiculaire; une quantité de pauvres gens en sont mort dans une île. On a ôté le calcul mais les morts sont restés.
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-La vérité, c'est que vous ne faites attention à rien! dit Sereine, fâchée. A rien! sauf à vous.
-Mais vous savez bien que c'est comme-ça, dit Théostat.
- Qu'est-ce qui est comme ça?
-Tout. Les choses sont comme ça, parce que c'est comme ça
- Ce n'est pas vrai! dit Sereine. Elles vont autrement
- Vous êtes une penseresse, vous.
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Tout d'abord est prologalement, dit-elle je vous annonce que le président se représidentera. Il n'y a en effet d'autre téléologie à l'exercice du pouvoir que l'exercice du pouvoir celui-ci est la fin dernière de celui-là et ne suppose aucune ultériorité. Durant son nouveau mandatement, ayant renforcé dans le précédent ses pouvoirs légiférants, il fera anticonstitutionnellement des ordonnancementations présidentstabilatrices qui seront référendomisées auprès de la surpopulations hyperconditionnalisée.
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Vous avez aperçu je pense que, si la fin d'un système clos est l'entropie, la fin de l'Esprit est de dépasser les clôtures et de découvrir ce qui est plus grand que lui, et la fin de l'être s'inscrire dans le système le plus large. Amen.
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Quand j'avait une seconde je regardais la grille en essayant de me rappeler mes états bizarres d'avant, et au lieu de ça je pensais rageusement à foutre le camp, sans même me poser la question où, juste filer de cette baraque et ne plus être la bonne de tout le monde, comme lisait Chantal dans la chambre à coté, " Ma chérie je vous emmènerai loin de ce monde sordide et nous irons tous deux vers le bonheur ! "
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Je pensai que j'allais surement être malheureuse, et j'aimais mieux l’être de manquer de quelque chose que de ne pas savoir que ça existe .
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Première année où je ne sais pas
si j’en verrai le printemps.
Malgré quoi, j’espère que oui. Je voudrais
un
ou plusieurs, printemps.
Je suis insatiable.
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Il ne voulait plus plus y penser jamais. Ni à ça ni au reste, toutes les salades il en avait marre, il ne voulait pas s'en mêler. De rien de tout ça. Seulement à être heureux et c'est tout, la seule chose qu'on a à faire dans la vie c'est d'être heureux, il n'y a rien d'autre rien, et pour être heureux il faut s'aimer, être deux qui vivent l'un pour l'autre sans s'occuper du reste, se faire un nid où cacher leur bonheur et le préserver contre toute attente.
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Il y a des gens qui ont des mauvais rêves. Moi, je les vivais. Ce n’est pas une métaphore. Ils avaient lieu la nuit et c’était vraiment des rêves, avec tous les caractères des rêves : caprices de l’espace et du temps, matière changeante, parfois distendue comme l’étoile, parfois lourde comme le noyau ; répétitions hallucinantes, aura prémonitoire, métamorphoses des personnages, et jusqu’au sentiment d’irréalité.
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Cette école où il me fait passer n’est pas pour sa délectation, mais pour ma gouverne : ce ne sont pas des leçons d’érotisme qu’il me donne, mais une leçon unique : si tu aimes, sois au moins capable des actes de l’amour, ou bien tais-toi. Une sorte d’honneur alors me convie à m’abandonner toujours davantage.
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Les enfants sont appelés à combler des goufres que l'oppression dans la société de classes a creusés.
Supposons un monde oû le plus grand n'est pas conditionné à dominer le plus petit, oû les enfants peuvent s'abreuver à tous les seins environnants, vont oû ils veulent et sont accueillis partout, participent aux travaux selon leurs forces et sont considérés enfants de l'Univers et non propriété de gens particuliers. Que serait l'amour filial ?Libre.
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Christiane Rochefort (1917-1998) : L'écrevisse combattante
sur FRANCE CULTURE le 27/02/2021 59 minutes Émission Toute une vie

https://www.franceculture.fr/emissions/toute-une-vie/christiane-rochefort-1917-1998-lecrevisse-combattante

Rebelle dans l'âme, Christiane Rochefort, sa vie durant, a lutté contre toute forme de domination, pour un monde meilleur. Dans "La Porte du fond" (Grasset, 1988), roman majeur sur l'inceste, prix Médicis l'année de sa parution, on y retrouve sa personnalité dans chaque mot, chaque ligne.
La Porte du fond (Grasset, septembre 1988) est un roman majeur sur l'inceste, couronné par le prix Médicis en 1988, qui décortique la mécanique de l'emprise d'un père sur sa fille, ou comment dire l'indicible par la puissance de la fiction. Derrière chaque mot, chaque ligne, on retrouve la personnalité de Christiane Rochefort qui, sa vie durant, a lutté contre toute forme de domination, pour un monde meilleur.

Écrivaine atypique, elle lui préférait le mot "écrevisse" (parce que "vaine"… vous comprenez, ironisait-elle), elle entra sur la scène littéraire trente ans auparavant en 1958 avec son Repos du guerrier, roman bestseller qui fit l'effet d'une bombe dans la France engoncée de la fin des années 50, récit au scalpel d'une relation dévastatrice adapté au cinéma en 1962 par Roger Vadim avec Brigitte Bardot et Robert Hossein.

Pour celle qui avait rédigé ses mémoires d’une façon inédite (Ma vie revue et corrigée par l’auteur, 1978), tout en entretenant le mystère sur sa vie, raconter son parcours relève du jeu de pistes, entre révoltes et passion pour l'écriture, intimement liées.

Convaincue de toutes les potentialités qu'offre le monde, elle prend position publiquement, contre la guerre d'Algérie et celle du Vietnam, pour le droit à l'avortement (elle signe le Manisfeste des 343), la libre éducation des enfants, etc. Écologiste de la première heure, elle fait partie des pionnières du MLF au sein du groupe de 9 féministes qui déposèrent le 26 août 1970 une gerbe sous l'Arc de triomphe à la femme du soldat inconnu. Une action spontanée, joyeuse, qui marqua les esprits. La voici radieuse face aux policiers qui avaient du mal à comprendre la banderole "Un homme sur deux est une femme".



Dans la vie comme en littérature, Christiane Rochefort est une femme engagée, qui n'a pas peur de déranger, pour questionner son époque. Chacun de ses romans, essais, scénarii est l'occasion de faire avancer ses idées et de combattre les abus de pouvoir : patriarcat, aliénation sociale et société de consommation (Les petits enfants du siècle, 1961), institution du mariage (Les stances à Sophie 1963), poids de l'éducation des enfants (Encore heureux qu'on va vers l'été, Les enfants d'abord, 1976), perversion des utopies (Archaos, 1972), colonisation des esprits et des cœurs.

Son sourire de voyou quand elle vous balançait une vacherie. En plus d’un très grand écrivain, c’était un sacré combattant. Pour ses idées. Parce qu’elle s’était donné la peine d’avoir des idées et de les organiser. Et elle s’est battue pour ses idées avec les armes qu’elle a fourbi toute sa vie, le Roman. Auteur d’une œuvre véritable, d’un univers romanesque complet. Au point que même amies comme nous fûmes, il était difficile de parler d’autre chose que de ses livres ou de littérature." Sophie Chauveau, écrivaine.

On la traite de Gavroche en jupon ? Elle devient la Shéhérazade du stylo, comme elle se qualifie elle-même, retournant l'arme du langage contre l'oppresseur. Elle invente une écriture libre, mordante. C'est l'une des rares auteures à s'interroger sur son propre processus de création (C'est bizarre l'écriture, 1970 et Journal Pré-posthume possible).

Écrivain ce n'est pas une profession, c'est toute une vie, écrit celle qui a traduit avec son amie Rachel Mizrahi le premier livre de John Lennon, régal de "non-sens", sous le titre En flagrant délire (bien avant l'émission de Claude Villers).

En 1988, elle signe donc La Porte du fond, livre pionnier à l'heure du mouvement #MeTooInceste et de la libération de la parole sur le viol et les abus sexuels.

L'oppresseur n'entend pas ce que dit son opprimé comme un langage mais comme un bruit. C'est dans la définition de l'oppression. /…/ Il y a un moment où il faut sortir les couteaux. écrit-elle dans son préambule à l'édition française du "SCUM Manifesto" de Valerie Solanas (1971).

Mon courage est aussi violent que ma peur, avoue-t-elle plus tard en 1986 évoquant son engagement à lutter contre les dominants de tous poils.

Rebelle dans l'âme, Christiane Rochefort a vécu sans se prendre au sérieux tout en s'attaquant à des sujets profonds. Femme indépendante, d'une intelligence vive, elle a toujours privilégié la force de contestation au conformisme moral. Elle nous laisse une œuvre originale, pleine de verve. Sa voix forte et singulière mérite d'être redécouverte aujourd'hui.

Intervenantes
Sophie Chauveau, écrivaine
Martine Sagaert, professeur de littérature à l'université
Aurore Turbiau, doctorante en littérature comparée
Claire Blandin, historienne des médias
Geneviève Brisac, écrivaine
Oristelle Bonis, éditrice
Delphine Naudier, directrice de recherche au CNRS
Orit Mizrahi et Awena Burgess, comédiennes

Un documentaire de Pierre Lorimy, réalisé par Franck Lilin. Prise de son, Ollivia Branger. Archives INA, Véronique Jolivet. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France.
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Justement ils avaient mis un banc; c'était sans doute pour moi, pour que je me repose un peu, le découragement ça fatigue.
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Elle me dit que je n'avais pas à chercher à comprendre, mais à savoir par cœur, c'est tout ce qu'on me demandait. Mais moi je ne peux pas réciter par cœur un truc que je ne comprends pas, c'est comme si j'essayais d'avaler un tampon jex.
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Car enfin – pour la première fois cette pensée se formait chez moi – ne savait-elle pas ? Et – oh mon dieu ! – n'avait-elle pas toujours su ? Autrement, comment pourrait-elle avancer qu'il y a, dans ma vie, « des choses qu'on ne dit pas » ? Comment pourrait-elle affirmer qu'il se passait dans cette famille des choses dont « on ne parle pas » ?
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