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Critiques de Christopher Priest (439)
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Le prestige

Début du XXe siècle, deux prestidigitateurs s'opposent et se déchirent les faveurs du public. Mais cette rivalité puérile va avoir des conséquences sur leurs rejetons...



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Et bien, j'ai dévoré ce livre ! Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir repoussé sans cesse sa lecture (prêté par un ami, j'avais peur d'être déçu...), alors je remercie Nadouch pour sa pioche judicieuse (et merci au [vrai] forum des membres de Babelio !).

J'ai rapidement été happé par le récit avec son écriture à la première personne et ses différents narrateurs qui livrent leurs mémoires.

La dose de SF est très minime, et bien amenée, elle est certes la clé de l'intrigue mais passe vraiment comme une lettre à la poste (grâce au fameux Nikola Tesla).

J'ai également beaucoup apprécié les multiples révélations et surprises, ainsi que le fait que les revirements de situations soient amenés de manière naturelle avec, pour le lecteur, cette impression de flotter sur un doux nuage de coton. Rarement l'intrigue ne m'a paru aussi fluide (peut-être le format "journal" y est-il pour beaucoup) et aussi surprenante.



Bref, lisez-le et appréciez-le comme ce fut mon cas :)



PS : je vais regarder le film, même si je pense forcément être déçu après cette lecture...
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Le monde inverti

Un livre étonnant. De la science fiction, oui mais loin de n'être que cela, c'est un roman qui peut ouvrir à de multiples réflexions. Qu'est ce que la réalité? Que croire?



La construction de cette histoire est franchement bien faite. On découvre cet univers petit à petit avant de croiser une autre facette et de terminer par une fin détonante.



A une époque de fake news, alternative facts, de rumeurs, de conspirationnistes, complotiste, de guerres où les deux camps s'affrontent et surenchérissent en terme d'horreur, ce livre permet de comprendre comment / pourquoi des certitudes peuvent aveugler.



Et avec la montée en puissance de l'IA, ce roman ne risque pas de vieillir.



Une vraie claque!
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L'o10ssée

Quoi de meilleur, lorsque l'on ne connaît pas trop la science-fiction ni même les plus grands auteurs qui appartiennent à ce monde que de lire une petite anthologie histoire de se faire une idée ? Même si cette dernière est loin d'être exhaustive, elle m'a permis de découvrir certains auteurs vers lesquels j'ai envie de me tourner un peu plus. Certains de ces romanciers m'étaient simplement connu de noms, alors que d'autres m'étaient complètement inconnus et cela m'a permis de me faire une petite idée. C'est donc une superbe idée de la part des éditions "Folio SF" que d'avoir édite cet ouvrage en 2010, à l'occasion des 10 ans de la série. Il était alors offert à tout lecteur achetant deux ouvrages de la dite collection mais si il s'est retrouvé entre mes mains, c'est complètement par hasard puisqu'il s'agit d'un ami qui m'en a fait cadeau.



Bref, plongeons-nous un peu dans ce monde qui nous dépasse, qui dépasse l'entendement et tout ce qu'il est possible d'imaginer : celui de la science-fiction. Dans cet ouvrage se retrouvent réunies dix nouvelles qui n'ont absolument aucun rapport les unes avec les autres si ce n'est celui d'aborder des sujets tout droit sortis, soit de nos pires cauchemars, soit d'un futur que, nous, en tant qu'êtres humains, ne connaîtront probablement jamais. L'univers extraterrestre y trouve bien entendu sa place mais ce n'est pas le seul. Mary Gentle, Jean-Philippe Jaworski, Philippe K.Dick, Maïa Mazaurette, Christopher Priest, Thomas Day, Robert Silverberg, Ray Bradbury, Stéphane Beauverger et Robert Charles Wilson..voilà les noms des auteurs dont vous trouverez une nouvelle représentée dans ce recueil et qui doivent vraisemblablement parler à tous les passionnés de SF. Pour ma part, je dois avouer que je n'en connaissais même pas la moitié (à part les plus connus d'entre eux et encore) et ce que j'ai apprécié, c'est qu'à chaque début de nouvelle se trouvait une courte présentation de l'auteur tout comme à chaque fin, une brève bibliographie de ce dernier. Cela m'a permis de compléter un peu mon pense-bête. Nouvelles inédites pour la plupart, d'autres retranscrites à cette occasion, celles-ci sont complétées par de courts textes (sortes d'interludes) d'autres auteurs qui ne sont pas des familiers de ce genre d'écriture et qui ont pourtant accepté de jouer le jeu en acceptant d'écrire un court texte sur le sujet.



Je crois, pour en revenir au contenu du livre en lui-même que la nouvelle qui m'a le plus plue est celle intitulée "Éthologie du tigre" de Thomas Day où le narrateur enquête sur la mystérieuse découverte de trois cranes de bébés tigres disposés de manière trop appliquée pour qu'elle soit simplement due à la disposition qu'aurait pu en faire un simple animal...à moins qu'il ne s'agisse pas d'un simple animal ou que la raison se trouve ailleurs encore ! Qui sait, dans le monde su surnaturel et de l'étrange, tout est possible et envisageable puisqu'il s'agit justement d'un monde où il n'y a pas de limites...



Un ouvrage que je ne peux que recommander à tous les férus de science-fiction et à tous les autres, pas simple curiosité !
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L'o10ssée

En 2010, une anthologie a été publiée et gracieusement offerte aux lecteurs par Folio SF pour fêter l'anniversaire de leur dix ans d'existence. L'ouvrage réunit dix nouvelles de dix auteurs phares publiés ces dernières années par la collection, aussi bien des Français (Stéphane Beauverger, Thomas Day, Jean-Philippe Jaworski...), que des étrangers (Philipp K. Dick, Christopher Priest, Robert Silverberg...). Les noms inscrits au sommaire sont prestigieux et laissent présager d'une certaine qualité qui est bel et bien au rendez-vous pour la plupart des textes qui permettront sans doute aux lecteurs peu familiers de ces auteurs de se faire une idée plus précise de leur style et de leurs sujets de prédilection. En ce qui me concerne, les nouvelles signées par ces auteurs érigés aujourd'hui au statut de référence ne sont pas nécessairement celles qui m'auront le plus enthousiasmée (je pense notamment à « La bétonnière à mafiosi » de Ray Bradbury qui nous propose une drôle de réflexion sur le voyage temporel et l’œuvre inachevée de Scott Fitzgerlad ; ou encore à « Vestige » de Christopher Priest, texte pourtant chargé d'une certaine émotion mais à laquelle je suis malgré restée totalement hermétique).



Sans grande surprise, les nouvelles qui m'ont le plus séduites sont celles d'auteurs pour lesquels j'avais déjà une affection particulière, à commencer par Jean-Philippe Jaworski qui nous offre avec « Kenningar » un texte épique mettant en scène la curieuse rivalité opposant un guerrier viking et un barde. Maïa Mazaurette fait elle aussi mouche avec « Chronos », nouvelle cruelle dans laquelle l'auteur aborde le sujet de la jeunesse éternelle et de la nécessité pour les vedettes d'aujourd'hui de paraître éternellement fraîches et belles. Mais à quel prix... ? Belle réussite également que l'« Éthologie du Tigre », nouvelle de Thomas Day depuis parue dans le recueil « Sept secondes pour devenir un aigle » et qui nous fait nous interroger sur la survie de notre monde et de la nature tels que nous les connaissons actuellement. J'ai également spécialement apprécié « Passagers » de Robert Silverberg qui nous dépeint une société paralysée par la présence d’entités extraterrestres possédant la capacité de s'introduire dans le corps et l'esprit de n'importe quel mortel, sans lui laisser ensuite aucun souvenir de ce qui a pu lui arriver ou de ce qu'il a pu faire durant tout le temps de la « possession ». La fin est particulièrement saisissante.



Une anthologie qui célèbre avec succès le travail d'édition réalisé depuis 2000 par la collection Folio SF qui aura permis la publication en format poche de nombreux ouvrages de référence dans le monde des littératures de l’imaginaire. C'est également l'occasion de découvrir un certain nombre de textes inédits d'auteurs d'ordinaire assez discrets (Mary Gentle, Stephan Beauverger...) que l'on retrouve avec grand plaisir. Longue vie à Folio SF !
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Le monde inverti

Difficile de décrire ce livre sans dévoiler des éléments importants qui briseraient le mystère de l'intrigue !

Ce livre est un OVNI, dans une vision d'un monde proche de celui de DAMASIO dans la horde du contrevent.

Le style est clair, visuel, les sensations sont très bien rendues. Les impressions, les perceptions des paysages et des autres personnages constituent le centre de l'intrigue qui se déroule a la première personne dans la peau d'un jeune apprenti qui découvre le monde : Helward Mann.

Un voyage très lent dans un univers distordu, mystérieux, une ville isolée dans un environnement hostile ! Les mystères sont distillés au goutte à goutte. On se plonge dans l'intrigue avec l'envie de comprendre, mais comme dit un des protagonistes : je ne saurai pas te raconter, il faut que tu ailles voir toi-même.

Écrit en 1974, on peut aussi y voir une parabole de notre monde actuel, isolé, enfermé dans ses propres perceptions et ses certitudes !
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L'Adjacent

« La moitié de l’Europe était maintenant quasi inhabitable. La plupart des gens qui pouvaient encore vivre dans le monde tempéré, ces étroites et sinueuses bandes de terre vivables des hémisphères Nord et Sud, se coupaient du reste du monde, s’accrochaient aux ruines de ce qu’ils connaissaient. La curiosité quant aux parties inhabitables du monde s’était éteinte, étouffée par l’instinct de conservation. »



Tous les thèmes récurrents de Christopher Priest se trouvent dans ce roman, nouvel exemple de son grand talent. Ici ils sont tout de même particulièrement embrouillés ; je suis un de ses nombreux lecteurs fidèles mais si j’essaye de me mettre à la place de qui le découvrirait avec ce livre, je ne suis pas sûr qu’il ne se perdrait pas dans sa narration à plusieurs fils temporels, dans lesquels on retrouve des personnages qui ont un air de parenté mais ne sont jamais tout à fait les mêmes. La faute à un mystérieux effet « adjacent » qui les frappe régulièrement.



La guerre (celle de 1914-1918, celle de 1939-1945 mais aussi celles, imaginaires, de la fin du 21ème siècle) occupe beaucoup le terrain. Dans cette dernière période le Royaume-Uni est devenu quasiment inhabitable à cause de tempêtes redoutables. Politiquement il est devenu une république islamique. Mais on se perd aussi dans une des îles de l’Archipel du rêve, Prachous, où un des avatars de Tibor/Tomak est devenu Thom le Thaumaturge, un prestidigitateur et illusionniste qui sera aussi confronté à la mort.



Je suis admiratif du travail de Christopher Priest qui parvient chaque fois à renouveler son envoûtement, avec ses univers sombres et cauchemardesques. Son écriture est belle sans être compliquée. Je compte bien poursuivre mon exploration de son œuvre, sans pour autant vouloir « lire dans l’ordre » ce qu’il a fait paraître depuis les années 1980.

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La fontaine pétrifiante

Il est un peu paradoxal de trouver autant de qualités à un livre qu'on n'a pas trop aimé ! Dans ce roman de Christopher Priest, il est question d'autobiographie, de mémoire, d'imagination et d'imaginaire, du réel, de métaphore, de la mort, de mélanges de tout cela, avec quelques échappées vers la folie. Et fondamentalement, de dualités. Il n'y a guère que le thème, permanent, de l'insularité qui ne fonctionne pas en miroir. Et ce jeu de miroir renvoie à quelques autres œuvres anglaises telles "Le Faiseur d'histoire" de Stephen Fry ou, au cinéma, "Pile et Face/Sliding Doors" de Peter Howitt. Autant de thèmes fascinants, autant de raisons qui auraient pu me faire adhérer, de la part de l'auteur déjà apprécié du "Monde inverti" et surtout du "Prestige".



Dans la première partie du "Monde inverti", on suivant poliment une histoire dont les ressorts finissaient par apparaître et nous happer, voire nous fasciner. Il en est un peu de même ici, d'autant que le livre débute de manière presque précieuse (très bien rendue, comme tout du long, par l'excellente traduction de Jacques Chambon), puis s'installe dans discours lent, très analytique et autocentré, plein de digressions, en lien avec les thèmes, mais qui alourdissent la lecture. Tout aussi poliment, par respect, par curiosité et espoir, on s'accroche donc à l'histoire. Une première bascule intervient, qui introduit une certaine action, qui anime un peu la lecture, mais celle-ci conserve foncièrement la même lenteur, les mêmes auto-analyses, rapidement pesantes.



Plusieurs ressorts, dans les situations, dans l'opposition des argumentations, éveillent suffisamment l'attention pour éviter de refermer le livre. Qui plus est, Sur la promesse d'une fin réussie (comme l'étaient celles des précédents), je me suis donc accroché. Et si la toute fin ne peut s'empêcher de décocher un sourire complice, elle vient conclure une séquence finale qui n'est pas un aboutissement. La relecture du premier chapitre confirme bien que celui-ci contenait bien les avertissements et les clés du livre, mais il n'empêche : je n'ai donc pas eu grand plaisir à le lire. Sa construction est soignée, ses thèmes sont majeurs, et j'ai trouvé dans ce travail sur les dualités une illustration intéressante sur celle de la littérature et de la vie. Mais le ton du livre nécessite une humeur, dégage un genre de poésie auxquelles je n'ai pas été suffisamment sensible, et dans un sens je le regrette.



PS: Les deux titres, aussi bien l'anglais (The Affirmation) que le français (la Fontaine pétrifiante) sont un autre sujet de conjecture, tant ils semblent mal contenir l'étendu du propos du livre.
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Le monde inverti

Voici un roman de science fiction totalement déroutant. Christopher Priest fait tomber les codes pour explorer des réalités parallèles.



La cité Terre se déplace continuellement sur un monde en proie au chaos. Les guildes qui régissent se microcosme gardent un secret. Helward Mann affecté à la guilde de l’avenir fait son initiation et s’interroge sur la finalité de ce voyage sans fin sur des rails pour rejoindre un optimum qui semble ne jamais pouvoir être atteint.



La première phrase du roman « J’avais atteint l’âge de 1000 kilomètres » accroche le lecteur et montre le pouvoir d’hameçonnage de l’écrivain et son merveilleux talent.

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Notre île sombre

J'ai été assez déçue par cette lecture. À la base l'idée est très intéressante : le continent africain n'est plus habitable suite à l'épuisement des ressources naturelles et les réfugiés débarquent par miliers sur l'île de Grande-Bretagne. Très rapidement, on se retrouve dans une ambiance post-apocalyptique.



J'ai déjà lu des livres où le présent est alterné avec des flashbacks mais ici c'était un peu trop mélangé et il n'y avait pas vraiment de fil conducteur (à mon avis) et je me suis un peu perdue dans la chronologie des événements.



Je n'ai pas du tout aimé le style et bon... je ne pense pas que je m'aventurerai à nouveau dans l'univers de Christopher Priest (de cet auteur j'ai lu et aimé Futur intérieur, par contre je m'étais ennuyée avec L'Inclinaison).





Challenge multi-défis 2017 (64)

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L'inclinaison

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Denoël pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique.



Je ne sais pas trop comment aborder cette critique? Je dois avouer que je suis jamais vraiment entrée dans l'histoire. Dès qu'un élément commençait à éveiller mon intérêt et bien l'auteur passait à autre chose. Frustration.



C'est le deuxième livre que je lis de cet auteur et j'ai pas le souvenir d'avoir passé un moment de lecture aussi ennuyeux.



Sandro est musicien et sa "rencontre" avec les îles de l'Archipel du Rêve vont l'entraîner dans une histoire défiant les lois du temps et dont le sens m'a échappé. Aucune réponse n'est donnée aux nombreuses questions que je me suis posée (notamment la fin que je n'ai pas compris).



La chose qui m'a le plus intriguée est cette fameuse barre qui m'a fait penser au bâton d'Ishango. L'auteur s'en est peut-être inspiré? Qui sait?



Ce qui me reste est cette impression d'avoir navigué dans un livre où un nombre incalculable de portes se sont ouvertes et refermées sans avoir eu le temps d'apprécier ce qu'il y avait de l'autre côté.



Cela étant dit j'ai beaucoup aimé ce qu'il écrit sur la musique et notamment le passage où il explique ce que le plagiaire à fait de sa musique : "quelque chose de médiocre et de répétitif, de puéril et décérébré, mais elle restait ma musique. L'armée avait fait de mon frère un soldat sans âme, mais il restait mon frère." Une des plus belles métaphores que j'ai eu l'occasion de lire.



En conclusion : il faut le lire pour se faire sa propre opinion ^_^

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Le prestige

Magie.



Le journaliste Andrew Wesley est chargé d'enquêter sur une secte. Cette enquête lui permettra de découvrir son passé.



J'ai bien aimé ce roman. C'était plutôt mal parti à la base. Je n'aime pas la période victorienne. Je la trouve triste et terne, corsetée à l'extrême. de plus, tout ce qui touche à l'art de la magie m'indiffère globalement. Toutefois, ce roman fût agréable à lire.



Nous suivons deux prestidigitateurs qui vont se vouer une haine mutuelle et s'affronter à la fin du XIXe siècle. Ce duel fera d'eux les meilleurs magiciens de leur génération. Les époques s'entremêlent, un chapitre sur deux nous suivons leurs descendants, l'autre étant consacré à l'un des deux magiciens.



Nous vivons leurs vies à travers leurs journaux respectifs. Toutefois quelques incohérences et zones d'ombres apparaissent entre les deux. Il devient difficile de savoir où se situe la vérité. Plus la lecture avance, plus le mystère s'épaissit. La conclusion apporte une réponse face à celui-ci.

La construction est très bien trouvée.



J'ai été également agréablement surprise par un élément de l'intrigue. Je pensais que ce roman relevait du fantastique, même si certains éléments en relèvent, il s'agit en fait de retro science-fiction. Cet aspect a contribué à rendre la lecture agréable.



En somme, un roman dont je n'attendais pas grand chose qui s'est avéré être une sympathique surprise.
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Le monde inverti

Helward, jeune homme tout juste sorti de l'enfance, intègre le système très mystérieux des guildes de la cité Terre, ville en perpétuel mouvement vers l'optimum. C'est un roman aux contours flous, aux multiples interrogations : où erre cette humanité en marche ? vers quoi ? pourquoi ? à quoi bon ?

Certaines scènes sont dignes d'un tableau de Dali, une histoire de perception. Et cette réponse qui arrive à la toute fin du roman mais qui laisse en suspens bien des interrogations, qui abandonne l'histoire et Helward à son sort sans réelle fin. Comme un roman de science-fiction digne de ce nom.

Peut-être un peu lent parfois mais la réflexion philosophique et sociale qui s'en dégage est très intéressante.

Une bonne lecture SF en somme.
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Le prestige

Découvert grâce à l'adaptation ciné que j'avais trouvé excellente, c'est avec plaisir que je me suis lancée dans cette lecture commune.

J'ai beaucoup aimé le format de ce roman, sous formes de différents journaux intimes, notamment celui des deux prestidigitateurs, personnages principaux : Alfred Borden et Rupert Angier, magiciens de renom à la charnière du 20ème siècle à Londres. On y retrouve aussi des parties concernant les descendants des deux adversaires. La lutte de pouvoir (et de savoir) entre les deux hommes se poursuit à travers toutes leur vie et celles de leurs enfants et petits-enfants.

Les prestiges de leurs illusions sont simple mais diablement contraignante pour l'un et délicieusement inexplicable pour l'autre. Le style est vraiment très fluide et la forme d'un journal rend la lecture très agréable. Les deux personnages sont génialement décrits à travers leurs propres écrits comme par ceux de leur rival. Le rapport avec l'invention de Tesla est bien plus sombre que dans la version filmée et d'autant plus mystérieuse. J'ai adoré cette fin très ouverte qui laisse beaucoup de place à l'interprétation du lecteur.

Une lecture immersive dans cette atmosphère des coulisses du monde du spectacle au 19ème siècle finissant. Un régal qui laisse un goût d'électricité sur la langue.
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La fontaine pétrifiante

Sans doute une de mes lectures les plus marquantes cette année!

Je n’aurais jamais choisi ce roman sur la base de la quatrième de couverture. « Roman sur l’acte d’écrire, rêverie poétique sur l’eau et la terre, méditation sur la mémoire et la mort » : beaucoup trop intellectuel pour moi tout ça.

Mais voilà, comme souvent, c’est souvent en sortant de sentiers battus que l’on trouve des pépites inattendues.

Le récit suit les méandres des aventures de Peter Sinclair. Où l’on passe de sa situation compliquée (il vient de perdre son travail et de se séparer de sa compagne) à un monde imaginaire issu de sa plume, composé d’îles exotiques où il est possible de gagner la vie éternelle.

Tantôt fiction dans le récit, tantôt récit dans la fiction, Christopher Priest entremêle avec talent différents niveaux de réalités dans lesquels il est plus ou moins plaisant de se promener, mais que la curiosité pousse à découvrir malgré quelques amers passages. Avec sans doute le final le plus … le plus… qu’il m’ait été donné de lire. Je ne trouve pas bien le mot ;). L’impression d’avoir assisté à un cours magistral d’un maître, que tous les romans qui cherchent à surprendre leurs lecteurs n’ont, ni ne pourront, égaler.

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L'inclinaison

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui va nous plonger dans un récit que j’ai trouvé hypnotique, entraînant, étrange et fascinant à découvrir au fil des pages. Il s’agit d’un récit envoutant, ouvert, où de nombreuses questions restent à l’appréciation du lecteur et où chacun se fera sa propre idée une fois la dernière page tournée. Le thème central du roman est le temps, ou plutôt le voyage dans le temps, mais l’auteur nous propose franchement quelque-chose d’original dans sa construction, tout en restant logique et cohérent. Ici l’aspect temporel ne sert pas vraiment à changer les choses, il va permettre plutôt de faire avancer et évoluer le héros. L’étrangeté de l’archipel des îles apporte un vrai plus au récit et devient même un personnage à part entière. Les technologies offrent aussi des idées intéressantes comme cette barre. Mais surtout ce roman nous propose quelques réflexions captivantes que ce soit sur la notion du temps, la façon donc on le gère, la guerre, les voyages, la perte, l’espoir, mais surtout, selon moi, l’inspiration. Une certaine musicalité aussi se dégage de ce livre, que ce soit dans son ambiance et son rythme, comme à travers le héros qui est compositeur et joue aussi sur mon immersion dans ce roman ; me laissant porter. Alors après je reprocherai peut-être juste un premier quart du roman légèrement froid, ainsi que, dans les premiers chapitres le besoin de trop vouloir prévenir le lecteur en disant que le héros va tout perdre. Mais rien de trop dérangeant tant j’ai été happé par ce récit, le tout porté par une plume poétique, dense, soignée et entraînante. Il faut que je sorte les autres romans de l’auteur de ma PAL.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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La séparation

Captivant ! Ce roman est un mélange détonnant et réussi entre plein de styles et d'idées. Un peu d'Histoire (la seconde guerre mondiale en Angleterre essentiellement), un peu de fantastique (mode uchronie activé !), de l'enquête, de l'amour, des histoires de famille, des rebonds entre les époques... Bref, quel brio il faut pour réussir cette prouesse !

Tout repose sur la trajectoire respective des jumeaux Sawyer pendant la guerre, l'un aviateur à la RAF, l'autre objecteur de conscience, marié à la femme qu'ils aimaient tous les deux...

La gémellité est centrale, on y croise aussi des personnages historiques, l'auteur invente des sources diverses pour ses chapitres (journaux personnels, faux livres, faux entretiens, faux mémoires...).

On ne sait plus ce qui est vrai ou faux dans cette guerre, c'est habilement mené et captivant !
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Notre île sombre

L'Afrique n'est plus habitable suite à une explosion nucléaire. Les réfugiés sont légion et débarquent par centaines sur les côtes britanniques. Sauf qu'en Angleterre où un nouveau gouvernement conservateur vient d'être élu, on ne considère pas ces gens comme des réfugiés mais comme des immigrants illégaux. Une guerre éclate entre ceux qui veulent laisser les Africains entrer sur le territoire, ceux qui refusent, et les Africains qui s'approprient de force les possessions d'autrui vu le rejet qu'ils suscitent. Alan Whitman, le narrateur, vit avec sa femme et sa fille la guerre en cours. D'abord de loin, puis de manière plus participative...



D'abord j'ai cru à tort que l'histoire portait sur une inversion des richesses, avec une Afrique prospère et une Angleterre affamée.

Ensuite j'ai été séduite par la couverture de la nouvelle édition française chez Denoël (qui ne l'a visiblement pas été ?) sous le titre Notre île sombre.

Ce livre, je l'ai lu en anglais dans sa version américaine de 1972. Autant dire une version pas du tout révisée comme celle de 2014. Et j'ai très vite compris pourquoi ce bouquin avait subi des modifications, même si j'en ignore les tenants.

Ce livre, j'ai plusieurs fois failli l'abandonner en le balançant sur le lit comme un objet dégoûtant. Je vais vous expliquer pourquoi.

J'imagine parfaitement et tout d'abord que la première chose que l'auteur a dû supprimer dans son ouvrage, c'est l'utilisation du "N" word. Il est constamment utilisé comme un mot normal, on ne sait vraiment si ça vient du narrateur ou de l'auteur. 1971 (année de publication en Grande-Bretagne), 1968 et le discours anti-immigrants de Powell. Il n'y a qu'un pas à faire entre le contexte historique de l'époque et le racisme cinglant du livre. Critique, Priest ? Pas évident à la lecture, tant ce mot ne semble pas utilisé de manière dénonciatrice.

Alan Whitman, le personnage principal au nom pas du tout ambigu, est carrément antipathique. On est loin de l'image d'un anti-héros. C'est juste un mec banal et con comme beaucoup d'autres qui pense beaucoup avec sa bite et pas trop avec son cerveau. On assiste dans ce livre à la genèse de sa vie sexuelle dont on n'a d'ailleurs absolument rien à foutre. Et pourtant, combien y a-t-il de pages sur ses ébats avec diverses femmes (pas la sienne hein, on a dit qu'il était con), ébats qui sont parfois des viols, ébats qui ne servent EN RIEN l'histoire ? On nous déroule sur un tapis rouge l'étiolement rapide et constant de ses relations intraconjugales qui n'a jamais mené à une confrontation directe et sérieuse, ni à un arrêt pur et simple des frais qui aurait pourtant arrangé bien des choses. Tout ça pour quoi ? Pour rien.

Ce roman est construit sous forme de flashbacks qu'on met un temps fou à remettre dans l'ordre. Cela pourrait créer une dynamique, peut-être était-ce l'effet recherché par l'auteur, sauf que ce système ne sert à rien non plus à part emmêler sérieusement et vraiment inutilement aussi bien les cheveux que les neurones. Au lieu d'une dynamique, c'est la confusion et un désintérêt grandissants qui se manifestent. On s'y perd et tout ça pour quoi ? Pour rien.

Le récit s'apparente à un savant mélange de La Guerre des mondes, Au coeur des ténèbres et L'Île du Docteur Moreau "grâce" à une description quasi sans émotion et super précise quoique superflue, comme dans le récit de Wells, et à une perte d'identité qui rejoint la noirceur du genre humain perdu dans les méandres d'un monde sans lois où le plus fort règne, comme dans les deux autres. Mais comme le style est relativement absent, pourquoi tout ça ? Pour rien.

Ce récit est une dystopie plus trop dystopique de nos jours vu les cruelles similitudes que son développement a avec notre actualité : des migrants réfugiés dont personne ne veut, la haine et peur de l'étranger, le rejet pur et simple de l'immigration... Des passages de ce livre auraient pu être publiés dans des articles sur l'Aquarius et autres navires de sauvetage que personne ne veut voir amarrer dans ses ports européens tant les images sont identiques. L'auteur a fait plus que de l'anticipation : il a vu l'avenir. L'anticipation, elle est peut-être pour la prochaine étape : les immigrants pourraient se rebeller et ne plus accepter qu'on les traite comme des moins que rien à les parquer dans des camps ou les laisser crever dans l'eau. L'idée se défend et paraît même logique et normale à force de tirer des ficelles anti-humanitaires. Sauf que ce qui est détestable dans ce livre, c'est que seuls les Blancs sont décrits comme des victimes, seul leur point de vue est défendu, tandis que les Noirs sont décrits comme des kidnappeurs-violeurs-tueurs-voleurs. C'est manichéen au possible et c'est moche, c'est laid. C'est carrément raciste. D'autant plus qu'on découvre à la fin (une fin super tranchée dans le vif mais loin d'asséner un coup fatal) que Whitman commet un meurtre contre un Africain. Par vengeance, par défoulement, par folie, on ne sait trop. La déshumanisation l'a atteint et a fini de faire de lui un être abject, mais ça n'excuse rien. Temps de guerre, me direz-vous. Atrocités qui courent par ces temps maudits. Certes. Je lis les news. Je vois très bien ce que ça peut faire faire aux gens. Mais la description d'Africains comme envahisseurs présents pour "tout faire péter" et violer nos femmes et nos enfants et en faire des esclaves, c'est mettre tout un groupe de gens dans le même panier et c'est raciste, point barre.

Quant à l'idée de l'arroseur arrosé, ce Blanc qui a conquis et commis les mêmes horreurs quand il a lui-même colonisé et qui est maintenant remis à sa place avec les mêmes châtiments, c'est finalement le seul concept acceptable de ce bouquin. Voir Whitman te parler de sa maison et son quartier envahis par les aliens (oui oui, faut pas oublier qu'en anglais les aliens, c'est les étrangers, les immigrants, les gens qui ne sont pas d'ici) et se présenter comme la victime du siècle qui n'a rien fait lui le pauvre, c'est juste fendant et pathétique.

Le racisme, dans tous les sens du terme et surtout dans toutes les combinaisons de couleurs possibles, c'est pourri. J'en ai marre que le monde soit pas capable de tourner rond. Marre qu'on se base sur des différences pour décrire l'apocalypse. Et marre que ça existe toujours surtout. Ce livre, je l'ai détesté. Lui et les idées qui en émanent et qu'il continue de véhiculer.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Le monde inverti

Rarement lu un bouquin de SF aussi bien ficelé !

Imaginez une ville montée sur des rails et perdue sur une planète inconnue, qui serait forcée de rester en mouvement continuellement pour échapper à une mystérieuse menace. Toute l'organisation sociale de cette cité est orientée vers ce but unique, avec une rigide organisation en castes qui se partagent le pouvoir et un certain nombre de secrets que le hérços va découvrir peu à peu au fil d'un parcours initatique cruel.

Mais l'auteur va encore plus loin. Comme la cité est perpétuellement en mouvement, ses habitants n'ont pas la même conception que nous des rapports entre le temps et l'espace : pour eux, le passé se situe dans l'espace, à l'arrière de la piste laissée par la ville, et le futur se situe en avant, parmi l'infinité des routes que la ville pourrait suivre.

A partir de ce postulat, l'auteur fouille toutes les implications de cette inversion Espace/Temps : sociales, politiques, psychologiques et aussi philosophiques. Avec un final lui aussi ... renversant !

Un livre qui prouvera aux sceptiques que la SF peut-être très profonde et matûre, très loin des clichés que l'on entend encore parfois à son endroit.

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Conséquences d'une disparition

Comme le laisse deviner l’ingénieuse illustration proposée par Aurélien Police (pour peu que l’œil accepte de changer sa manière de voir et découvre l’illusion d’optique) « Conséquences d’une disparition » propose une perspective nouvelle sur un évènement majeur de l’Histoire mondiale récente. Christopher Priest revisite les Attentats du 11 septembre 2001. Ce n’est pas du journalisme d’investigation ; le but de l’auteur n’est pas tant d’en proposer une énième variation explicative, ni d’y insérer un personnage romanesque et son destin imaginaire que de truquer, une fois de plus dans sa bibliographie, la réalité de ce qu’il écrit. Le jeu de dupes qu’innocemment il propose le transforme en marionnettiste ; son lecteur en bouts de fils se laisse manipuler, tombe dans un piège qui ne dit pas vraiment son nom. Sa manière talentueuse d’agencer les phrases et les situations s’y prête, se fait magie stylistique (comme dans « Le prestige ») et devient art. Mais sur ce coup, est t’il aussi efficace que dans « La séparation » ? Non, quand, à mon sens, l’évènement central mange toute la place accordée à la fiction.



Nous sommes en 2021, mais aussi en 2001 et 2006, Priest brasse le temps en flashbacks incessants, jongle avec les années, va et revient sans cesse, en flux et ressacs explosant le récit. Les repères en pré, per et post 2001 s’éparpillent, participent du jeu en cours ; Priest est maitre de leur distribution et impose ses règles. Le plus étonnant est qu’il n’y perd pas son lecteur, tout est fluide et avance doucement.



Benjamin Matson est journaliste scientifique, travaille en freelance, parcourt le monde d’une interview à l’autre ; il rencontre des sommités reconnues dans leurs domaines respectifs à l’occasion des avancées notables qui sont les leurs.



L’avion est le quotidien de Ben. C’est, le concernant, un instrument de travail indispensable ; mais aussi un moyen d’enquête parallèle, de part et d’autre de l’Atlantique, sur un évènement qui a fait basculer son existence, sur l’énigme d’une disparition qu’il n’a jamais pu résoudre.



Les attentats contre les Twin Towers du World Trade Center et le Pentagone ont bousculé le monde, rien ne sera plus comme avant, encore moins pour Ben Matson. Le 11 Septembre 2001, il a perdu la femme de sa vie, Lil ; elle se trouvait dans l’avion ciblant le Pentagone ; elle n’apparait pourtant pas sur le listing des personnes disparues ...



20 ans plus tard, bien que marié à une autre et papa de deux enfants, Ben enquête toujours sur les attentats. Il se veut rationnel et pragmatique entre version officielle et celles oscillant entre possibles raisonnables et délires complotistes. Il n’aura de cesse de chercher l’absente, de comprendre, pour enfin faire son deuil.



De détails en détails il va peu à peu glisser vers la vérité … la suite appartient au récit.



Si le dernier chapitre titré « En ce temps qui vient, 2024 » suggère au final un récit d’anticipation qu’en est ‘il de ce qui le précède ? Trans-fiction* entre littérature blanche et SF ? Littérature générale ? Rien n’est sûr. Toujours est ’il que le roman s’inscrit en collection spécialisée SF chez Folio et que d’autres particularités du récit renforcent ce positionnement éditorial.



Ainsi, un des personnages secondaires, la belle-mère de Ben Matson, semble régurgiter aux berges d’un Alzheimer naissant et tenir pour authentiques, des souvenirs issus d’une réalité alternative qu’a entrevue le héros lui-même auparavant.



Ben Matson vit sur une ile (une parmi quelques autres) du nord de la côte ouest écossaise, elles évoquent celles, alternatives, de « L’archipel du rêve » (et des œuvres consœurs affiliées). Priest joue des codes internes présents dans son œuvre, ramène son lecteur vers une structure insulaire qu’il a imaginé et qui a bâti quelques-uns de ses succès de librairie.



Le héros est né en Angleterre et vit près de Glasgow; il serait britannique si l’Ecosse ne s’était pas volontairement décrochée du Brexit et ralliée à l’Union Européenne. Ce fait non historique place le roman de plein pied, certes léger, en territoire SF, en uchronie ou au cœur d’un univers parallèle. Le lecteur n’en saura guère plus sur ce changement alternatif de perspective géopolitique, économique et social ; il ne métamorphose que peu, car semble t’il trop récent, la face du monde que nous connaissons. A moins que Priest n’ai mis le diable dans d’autres détails que je n’ai pas perçus, la différentiation entre notre réalité et celle présentée ici ne sera guère creusée plus avant. Avec Priest, ici, rien d’étonnant ; il s’est créé une spécificité d’auteur, celle de proposer des trans-fictions* où les thèmes abordés hésitent entre Littérature Blanche et SF, dans un étroit no man’s land où il taille des réalités alternatives discrètes et fragiles. Ce Royaume Uni totalement disloqué où des frontières hermétiques cisaillent l’ile n’impacte finalement que peu les attentats ; le propos de l’auteur est ailleurs, celui de semer le doute dans l’esprit du lecteur tout autant que l’ont fait les évènements du 11 septembre eux-mêmes sur la réalité des choses. Univers alternatif ? Réalités parallèles ? Uchronie ? Les touches de différentiation sont légères, le lecteur doute, s’accroche aux détails qui se dérobent, sa compréhension est instable, incertaine, floue.



Lil disparue, Ben cherche à comprendre. La version officielle de l’emboitement des faits est, peu à peu, rendue publique. Les hautes sphères ne démordront jamais des conclusions initiales, même si pourtant, des zones d’ombre comme autant de coins de bois fendillant la réalité, pointent des failles béantes que personne ne daignera jamais boucher. Un autre monde se profile, moins le fruit des événements que le produit de ce qui n’a pas été révélé.



« … si une situation peut être considérée comme réelle, alors elle aura des conséquences réelles » ainsi s’exprime Kyril Tatarov un mathématicien de renom que Ben interviewe en 2006.



Priest s’immisce dans les interstices entre version officielle, celles raisonnablement divergentes et les dernières délibérément complotistes. Il semble vouloir démontrer que sa version n’a pas plus de consistance que celle incomplète proposée par l’état, que le monde réel dans lequel nous évoluons, désormais bâti sur des incertitudes majeures faute de réelle transparence, n’est pas plus légitime que celui qu’il a imaginé.



Mais est-ce vraiment çà ? Va savoir ? Avec Priest, les choses ne sont jamais ce qu’elles paraissent être ; elles sont subrepticement autres, il y a tromperies lentement instillées, manipulations discrètes. Priest est maitre d’œuvre d’une réalité malmenée sans qu’on y prenne vraiment garde ; elle subit des twists en touches légères, presque invisibles, diaphanes, simplement nécessaires et suffisantes. Priest agit en filigrane, doucement fantomatique. Il y a du Dick et de ses réalités truquées en lui. Mais là où Dick y perdit les miettes de lui-même qui lui restaient, là où il exorcisa en vain par l’écriture les doutes qui le minaient, Priest s’amuse, bluffe, piège et dupe qui le lit, impose ses règles là où Dick les subissait.



Lire Priest c’est ouvrir un territoire de mots où chaque phrase manipule, pousse vers une réflexion autre que celle que la logique aurait dû imposer, c’est s’offrir à un talent d’auteur qui, mine de rien, nous fait croire à une réalité inventée, crédible, dissoute dans une autre (la vraie) qu’il tait et révèle en épilogue.



Étonnante lecture.



Merci à Babelio, Masse Critique, Lunes d’Encre et Folio SF.



*Trans-fiction : une œuvre romanesque malaisément classable, à cheval entre deux genres, entre littératures de l’Imaginaire et celle dite générale.


Lien : https://laconvergenceparalle..
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Le prestige

Voici un roman qui me laissera quelques regrets.

Pour tout dire, j'avais acheté cet ouvrage quand j'ai appri que l'excellent film de Nolan en était inspiré. La vision du film, que j'avais vraiment adoré, étant alors trop fraiche dans ma mémoire, je l'avais quelque peu oublié. Il est ressorti de ma PAL au profit d'une « pioche dans ma PAL » opérée par Juten-doji

J'ai beaucoup aimé le style et le chassé-croisé des narrateurs est parfaitement exploité. J'ai passé un bon moment mais, malheureusement, ma lecture a été complètement faussée par le fait que j'avais vu le film et que, même si je ne me souvenais pas de tous les détails, ce film est tellement marquant que j'étais loin d'avoir oublié les ‘claques' qu'on s'y prend.

Je tiens toutefois à signaler que le livre présente de nombreuses différences par rapport à son adaptation cinéma, sa dimension temporelle notamment, basée sur plusieurs générations mais également dans de nombreux faits – d'importance ou de détails- ainsi que dans la dynamique générale de l'histoire et la personnalité même des personnages.

Tout cela est vraiment très dense, bien pensé et très abouti mais presque inconsciemment, mon esprit tentait sans cesse de se raccrocher aux images du film (qui est donc assez différent sur de nombreux plans) et je n'ai pas réussi, malgré de nombreux efforts, à en faire abstraction. Finalement, ce n'est que dans le dernier tiers du livre (qui n'a rien de commun avec l'issue du film) que j'ai enfin été prise complètement par l'histoire.

Voilà, c'était mon premier Christopher Priest et j'ai passé un bon moment…mais comme la donne était un peu faussée, je vais essayer de vite m'atteler à un autre de ses romans.

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