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Critiques de Christopher Priest (439)
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Le monde inverti

Un texte qui sort des sentiers battus dès les premiers mots. A partir d'un sujet original et bien traité, on découvre un système social, politique et technique poussés, au rythme du héros qui n'en sait pas plus que nous sur ce monde caché dans lequel il a pourtant toujours vécu. La distorsion de l'espace et du temps qu'il subit va soulever des questions relatives à chaque type de perception et qui tiennent complètement debout, sans être pour autant incompréhensible. C'est aussi un "héros" au final très humain qui reste parfois longtemps dans l'erreur et persiste, ce qui est rare dans un roman et relativise certains concepts sur lesquels on pourrait être plus radical à partir d'un autre point de vue.

J'ai peur d'en dire plus car je ne veux rien dévoiler, d'autant plus que l'un des grands plaisirs de cette lecture est justement la découverte à chaque page de tous ces détails, importants ou non, qui rendent ce monde crédible et nous donnent envie d'en savoir plus.

Même si j'ai trouvé la fin un peu abrupte et vite expédiée, ce roman à part mérite sa place de classique de la SF, mais c'est aussi une expérience de lecture qui devrait être conseillée même à ceux qui ne sont pas adeptes du genre.
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La fontaine pétrifiante

C’est ma troisième incursion dans l’Archipel du rêve, après avoir lu « L’inclinaison » et « L’archipel du rêve ».

Ce roman, paru en 1981, est probablement le tout premier à explorer cet univers. Seules, peut être certaines nouvelles de « L’Archipel du rêve » sont-elles plus anciennes…



J’ai été tout d’abord décontenancé car la narration semble au début relativement simple, tout entière située dans l’Angleterre du milieu des années 1970. Mais rapidement les choses deviennent temporellement plus complexes. Le monde de Peter Sinclair, le personnage principal, va bifurquer, grâce à l’écriture d’un roman supposé refléter sa vraie vie, vers deux réalités parallèles.



C’est dans cette seconde réalité, ou pour employer un des termes du roman, dans cette sous-vie, que Peter va naviguer dans cet Archipel, avec pour destination une île où l’attend un traitement médical qui devrait lui permettre de prolonger sa vie de manière conséquente.



Véritable ode aux pouvoirs des mots, de l’écriture ce roman est un autre exemple du grand talent de Christopher Priest.



Un seul point, mais de taille, m’a gêné : il est beaucoup question de relations de couple chaotiques, ce que j’ai trouvé assez plombant et répétitif. Mais il reste suffisamment de très belles trouvailles de narration pour contenter même un vieux grincheux comme moi.

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L'Adjacent

Grand écrivain de science-fiction anglais, Christopher Priest est l’auteur de nombreux romans dont certains font désormais figures de classiques du genre, qu’il s’agisse de « La séparation » ou encore du « Prestige » (popularisé notamment par l’adaptation cinématographique de Christopher Nolan en 2006). En m’intéressant d’un peu plus près à sa bibliographie, j’ai finalement décidé de poursuivre ma découverte de cette figure incontournable des littératures de l’imaginaire avec « L’adjacent », roman vendu comme le plus ambitieux de l’auteur ces dernières années et relatant une magnifique histoire d’amour à travers les époques. Contrairement à « La séparation », qui m’avait enthousiasmée du début à la fin, cet ouvrage m’a toutefois laissée bien plus dubitative et c’est avec un sentiment très mitigé que j’ai finalement refermé la dernière page. Posons un peu le contexte avant de rentrer dans le vif du sujet. Tibor Tarent est un photographe free-lance qui débarque en Angleterre après un séjour en Anatolie au cours duquel il a perdu sa femme, Mélanie, dans des circonstances tragiques. Attendu par les autorités qui souhaitent recueillir son témoignage sur l’attentat dont son épouse a été victime, notre héros se retrouve malgré lui trimballé de lieux en lieux par des agents du gouvernement peu loquaces, jusqu’à finalement rejoindre une base sécurisée où il espère trouver enfin des réponses à ses questions. Manque de chance, rien ne se déroule comme prévu et le personnage se retrouve pris dans une toile dont la nature lui échappe totalement. Voilà pour ce qui est de l’intrigue qu’on pourrait qualifier de « principale » sur laquelle viennent se greffer d’autres parties plus ou moins longues mettant en scène d’autres lieux, d’autres époques, et d’autres personnages.



Outre les événements liés au retour du photographe dans cette Angleterre futuriste, l’auteur consacre ainsi plusieurs autres chapitres à des époques bien antérieures, à savoir la Première puis la Deuxième Guerre mondiale. Dans le premier cas, on suit un civil dont les compétences ont été réquisitionnées par l’armée et qui quitte donc l’Angleterre pour rejoindre une base aérienne sur le front français. Au cours de son voyage, il aura la chance de faire la connaissance d’un certain H. G. Wells, auteur de génie auquel il voue une admiration sans borne, lui aussi mobilisé pour le concours inattendu qu’il pourrait apporter aux forces anglaises dans les tranchées. Une autre partie, plus longue, se déroule durant la Seconde Guerre mondiale et nous narre à la fois le quotidien d’une base d’aviation anglaise et l’invasion de la Pologne par les troupes nazies en 1939 à travers le récit de deux personnages : un jeune mécanicien et une aviatrice ayant fui son pays. On est guère étonné de voir ces deux périodes abordées tant la passion de Christopher Priest pour les deux guerres mondiales en générale, et le rôle qu’y jouèrent les forces aériennes en particulier, est connue. La documentation est une fois encore impeccable et permet de mettre l’accent sur des aspects de ces conflits qu’on a souvent tendance à omettre (l’extrême jeunesse des soldats, les progrès réalisés en matière d’aviation…). Il ne s’agit d’ailleurs pas là du seul thème de prédilection de l’auteur que l’on retrouve. Ainsi, l’art de l’illusion et de la prestidigitation occupent une fois encore une place très importante dans l’intrigue, de même que tout ce qui tourne autour de la gémellité dont le traitement est ici plus superficiel que dans ses précédentes œuvres mais qui sautera malgré tout aux yeux de tout lecteur connaissant un peu l’œuvre et les marotte de l’auteur. Bref, pas de doute, on est bien dans un roman de Christopher Priest !



En dépit de son incontestable richesse, le roman souffre malheureusement d’un trop grand nombre de défauts qui rendent la lecture particulièrement laborieuse. Le plus grand d’entre eux concerne moins la construction que la teneur même du récit que l’on ne comprend tout simplement pas pendant les trois-quarts du roman (et encore, la conclusion n’est pas beaucoup plus éclairante…). Outre le fait que les différentes parties ne semblent avoir aucun rapport les unes avec les autres, le plus gênant reste que les événements racontés peinent à éveiller l’intérêt du lecteur : c’est souvent trop plat, trop lent, et quand survient finalement un rebondissement qu’on attendait plus, on peine à en comprendre le sens tant les enjeux nous échappent complètement. Seul le récit de l’aviatrice polonaise qui nous raconte l’arrivée de l’armée allemande en Pologne est parvenu à vraiment me sortir de l’espèce de torpeur dans laquelle le reste du roman m’avait plongée, à commencer par la partie se déroulant dans le futur qui m’a complètement laissée sur la touche. Le périple du photographe repose en effet sur un enchaînement de situations totalement ubuesques qui ne semblent pourtant jamais vraiment perturber le personnage dont les réactions sont, au mieux inappropriées, au pire parfaitement incompréhensibles. On se croirait parfois chez Kafka tant le récit bascule dans l’irrationnel et multiplie les scènes absurdes et décousues. Je suis également assez dubitative en ce qui concerne la nature même de ce futur proche qui peine à convaincre non seulement parce qu’on en sait trop peu à son sujet, mais aussi, paradoxalement, parce que les rares éléments que l’on parvient à rassembler paraissent un peu à côté de la plaque. Ainsi, si on peut trouver tout à fait logique de voir mentionner les conséquences de plus en plus dramatiques du réchauffement climatique partout dans le monde, je peine encore à comprendre l’intérêt de présenter l’Angleterre comme un califat dans lequel l’islam et ses règles auraient été imposés partout. Pourquoi ? Comment ? On ne sait pas, et on s’en moque même totalement puisque cet aspect de l’univers mis en scène par l’auteur n’est amené à jouer absolument aucun rôle dans le récit.



Malgré tous ces bémols qui auront contribué à rendre cette lecture assez pénible (le roman fait tout de même sept cent pages, il faut donc s’accrocher !), on ne peut s’empêcher d’être titillé par les nombreuses énigmes posées par l’auteur. L’ouvrage repose en effet sur une succession de mystères plus intrigants les uns que les autres et auxquels le lecteur n’aura de cesse de trouver les réponses : quel est le lien entre ces personnages issus d’époques différentes ? qu’est-il vraiment arrivé aux victimes des attentats et que signifie la forme triangulaire qu’on retrouve immanquablement sur les lieux de l’attaque ? Pourquoi un même événement se déroule-t-il de manière différente en fonction de la personne qui en est témoin ? Quelle est cette île qui semble hors du temps et sur laquelle on retrouve plusieurs personnages ? A tous ces grands mystères viennent s’ajouter une multitude d’autres questions de moindre importance (mais toutes aussi intrigantes) qui font travailler encore davantage les méninges du lecteur. Car même si l’intrigue s’embourbe, même s’il est agaçant de ne rien comprendre à ce que font les personnages ou au lien entre les différents chapitres, on ne peut s’empêcher de cogiter. La soif de réponses du lecteur est d’ailleurs attisée de manière fort habile par l’auteur qui sème dans son récit un certain nombre d’indices qu’on identifie assez aisément… sans pour autant parvenir à les déchiffrer. La frustration ne fait ainsi que grandir et atteint son paroxysme lorsque, comme on pouvait s’y attendre étant donné la réputation de l’auteur, on comprend que celui-ci ne nous révélera pas la clé du mystère. Au lecteur de se débrouiller avec tous les indices qu’il aura pu récolter et à lui de se faire sa propre interprétation. C’est agaçant au possible, mais aussi diablement efficace dans la mesure où, même si la lecture n’aura pas été divertissante, on la ressasse encore et encore, notre cerveau cherchant par tous les moyens à trouver un sens à tout cela et à tenter d’emboîter les pièces de cet insolite puzzle.



Bilan très mitigé pour ce roman qui concentre tout ce qui fait la « patte » de Christopher Priest (thématiques, construction alambiquée, tromperies au nez à la barbe du lecteur…) mais qui peine pourtant à convaincre en raison notamment de l’insipidité des événements relatés dont la plupart ne semblent être là que pour servir d’écran de fumée masquant le tour qu’est en train de nous jouer l’auteur. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, si le récit s’effacera sans doute très rapidement de ma mémoire, le mystère qui l’entoure continuera, lui, à me trotter dans la tête pendant un long moment.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Une femme sans histoires

Première incursion dans l'oeuvre de Christopher Priest, et.. Bingo! Cet auteur anglais contemporain a bien plus qu'un "univers", il a un style, et il a un vrai talent. Celui de faire ressentir l'inconsistance, la fragilité, l'illusion de ce que nous nommons avec aplomb la réalité. Surtout dans un monde d'images, dont la signification change en fonction du montage; dans un monde de communication, où le danger est présent ou absent selon qu'on le signale sur les media ou qu'on le passe sous silence; un monde de données numérisées, où votre profil citoyen, votre histoire, votre destin social, peuvent être modifiés, réécrits, effacés, en quelques clics. Un monde où le processus créatif… mais chut, je n'en dis pas plus.

Ce livre est composite. Il n'est ni un ouvrage de science fiction, ni un roman sur la vie sexuelle contemporaine, ni une enquête qui devrait nous conduire à exiger un moratoire du tout numérique, ni un ouvrage psychanalytique.Il est tout ça et bien plus encore. Il a l'envergure littéraire et visionnaire d'un Kafka, il a le souffle et la portée métaphysique d'un Philip K. Dick, sans la moindre mégalomanie. Rien que ça. Et il paraît que ce n'est pas le meilleur de C Priest. De belles heures de lecture de cet auteur en perspective!
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Le prestige

En illusionnisme, « le Prestige » est le point d’orgue d’un tour de magie, le moment où le prestidigitateur fait jaillir l’impossible du possible, suscitant ainsi stupeur et enchantement. Tout ceci n’est évidemment qu’illusion et si le spectateur s’y laisse prendre volontiers, les autres magiciens n’ont qu’une hâte : découvrir la clef de l’énigme. Car le Prestige n’est pas seulement source d’émerveillement, il l’est également de fortune, de gloire et de réussite. Un état de fait qui n’a jamais été aussi vrai que dans l’Angleterre victorienne où les théâtres à la mode se disputent les numéros de magie et où tous les praticiens de ce noble art se livrent à une lutte acharnée pour attirer l’admiration exclusive du public – une lutte qui peut aller fort loin car pour acquérir un nouveau tour ou le subtiliser à un confrère, des illusionnistes sont prêts à commettre bien des vilénies, allant jusqu’à l’espionnage, au vol et pire encore.



Nous sommes à la fin du XXe siècle à Londres où un conflit de ce type va naître entre deux jeunes magiciens, tous deux aussi talentueux et orgueilleux l’un que l’autre, Alfred Borden et Rupert Angier. Un accident tragique et personnel va débuter leur querelle, querelle qui ne va pas tarder à dangereusement dégénérer, la haine entre les deux illusionnistes atteignant des sommets sans commune mesure avec l’élément déclencheur du duel. Surtout que l’enjeu du conflit n’est pas mince : rien de moins que le tour le plus demandé et le plus mystérieux de toute l’Angleterre, celui de « L’homme transporté » où l’illusionniste se transfert instantanément d’un coin à l’autre d’un théâtre. Des petites échauffourées, on passe progressivement à des actes de malveillance de plus en plus graves, menaces, vandalismes, chantages… Aucun acte, aucune extrémité ne semble à même de rebuter les deux hommes dans leur course forcenée à la gloire. Où s’arrêtera l’escalade ?



Avec « Le Prestige », Christopher Priest nous offre une captivante plongée dans le monde de la prestidigitation avec ses secrets, ses traditions et ses multiples codes. Doté d’une ambiance très réussie, le roman est mené comme un tour d’illusionniste ; tout n’y est que faux-semblants, fausses pistes, semi-mensonges, au point qu’il y devient parfois difficile de distinguer la vérité de l’élucubration et l’illusion du fantastique… Le récit se démarque par une construction particulièrement ingénieuse : on y découvre d’abord les mémoires d’Alfred Borden, avant d’enchaîner sur le journal intime de Rupert Angier (ses deux récits étant entrecoupés de passages fort intrigants se situant au début du XXIe siècle et mettant en scène leurs descendants respectifs). Les récits des deux magiciens se complètent, se contredisent, s’éclairent et s’obscurcissent l’un l’autre, créant ainsi une suspense grandissante qui trouve sa conclusion dans un final de haute volée. Quand l’histoire prend fin et que le Prestige nous est enfin révélé, bien des zones d’ombre persistent… Mais où serait le plaisir d’un tour de magie, si tout nous était dévoilé ?



(Petit aparté sur l’adaptation au cinéma de Christopher Nolan : le cinéaste ayant pris de très nombreuses libertés par rapport au roman, les deux peuvent donc être visionnées sans crainte de redite. Personnellement, j’avoue avoir préféré le roman que j’ai trouvé plus subtil, mieux construit et moins enclin au manichéisme. Le film n’en est pas moins un divertissement fort réussi que je conseille chaleureusement aux amateurs.)

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Le monde inverti

Quel bonheur de se faire mener en vaisseau par Christopher Priest. Car c'est un malin, l'ami Priest, et après s'être échiné - avec une belle écriture au passage ! - à vous faire croire que son héros était entouré de gens abusés, il vous retourne, vous pauvre lecteur, comme une crêpe... Attention à ne pas tomber car la chûte est vertigineuse !
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Le prestige

Etant une fan inconditionnelle de Christopher Nolan, j'ai vu le film adapté du roman le Prestige une bonne dizaine de fois (et je ne m'en lasse pas).

C'est donc tout naturellement que je me suis tournée vers le roman, espérant être aussi fascinée par le travail de Priest que par celui de Nolan.



Quelques longueurs m'ont pourtant un peu agacée dans le roman. Et particulièrement dans la partie qui reproduit le journal du Grand Danton ou Rupert Angier. Les très nombreux détails qu'il donne sur son art d'illusionniste, sur sa vie privée, sur ses rencontres et ses négociations avec Nikola Tesla m'ont parus trop détaillés, justement. Une bonne partie de tout cela semble totalement inutile à la bonne compréhension de l'intrigue et de la relation entre Angier et Alfred Borden, son rival. Ce dernier fait également partie du récit : son journal personnel constitue d'ailleurs la première partie du roman et a moins mis ma patience à l'épreuve que la seconde partie. Borden est plus direct et plus simple dans sa façon de s'exprimer qu'Angier et les premières pages de l'histoire des deux hommes est donc plus agréable à découvrir.



Un élément a pourtant racheté ces défauts du récit : la fin du roman ! L'explication qui nous est donnée du Prestige et des conséquences de l'utilisation de la machine mise au point par Tesla est absolument fascinante et inattendue (même pour quelqu'un qui a visionné le film aussi souvent que moi).

Ce dénouement a complètement changé le ton du roman : d'un récit épistolaire relatant la rivalité entre deux illusionnistes de l'époque victorienne, on passe à une intrigue très sombre, limite gothique.



Quant à ce que j'appellerais le "second" dénouement, à savoir celui qui se situe à notre époque et qui permet à Andrew Westley d'enfin découvrir , il est assez expédié par rapport au reste du roman : j'aurais souhaité plus de détails sur le destin de certains personnages, comme Andrew lui-même,

Christopher Priest ne fait toutefois pas ce cadeau au lecteur : à vous d'imaginer la fin de l'histoire !
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Le glamour

Victime d'un attentat à la bombe, Richard Grey est un cameraman chevronné qui a couvert beaucoup de conflits. L'explosion de la voiture piégée lui a fait perdre la mémoire, qu'il tente de recouvrer dans un institut spécialisé. C'est alors qu'il reçoit la visite d'une jeune femme, Susan Kewley, qui prétend être une ancienne petite amie. Mais quand des souvenirs de sa vie passée lui reviennent, il se rend compte que Sue possède un don, le Glamour, qui lui permet de se rendre invisible...



Dans ce livre, l'attention du lecteur est souvent attirée quelque part (un peu comme avec le fameux prestige du roman éponyme), tel un foulard rouge agité sous ses yeux. Et puis, sans crier gare, il finit par se rendre compte qu'il s'est fait avoir. Sans révéler quoi que ce soit de la fin de ce roman, histoire de ne pas divulgâcher le plaisir de lecture, on peut quand même dire que Le glamour se termine de manière extrêmement brillante. Le lecteur sort secoué d'une expérience comme rarement vécue ailleurs. Et comme en plus les 400 pages qui mènent vers cette conclusion inouïe sont excellentes, je ne vois pas comment vous pouvez encore rester là à lire cette pauvre chronique qui tente, tant bien que mal, de rendre justice à ce livre. Si vous ne l'avez pas déjà lu, précipitez-vous sur ce roman et dévorez-le. Vous ne pourrez qu'adorer vous faire manipuler à votre tour. Et si vous l'avez déjà dévoré, relisez-le...



Chronique complète en suivant ce lien :
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L'Adjacent

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce nouveau roman de Christopher Priest dont il m’est difficile d’en écrire mon ressenti tant l’ensemble se révèle finalement dense et possédant une certaine complexité. En effet l’auteur nous propose ici un récit qui joue avec le lecteur, un peu comme un illusionniste, avec le temps, l’espace et la réalité, proposant ainsi différentes histoires qui paraissent liées entre elles et dont on dévoile un peu plus au fil de la lecture les mystères. Le grand intérêt du roman vient que chaque lecteur, finalement, se fera son propre avis, son propre « puzzle » des pièces laissées par l’auteur, ce qui pourrait déranger ceux qui aiment un récit ou tout est expliqué, mais qui pour m’a part m’a fasciné et offert une lecture différente. Surtout l’auteur nous offre un récit universel, une histoire d’amour, certes qui parait se jouer des frontières physiques, mais qui pourtant se révèle touchante dans son évolution. L’univers construit par l’auteur est solide, efficace où l’auteur nous partage ses passions pour la magie et l’aviation le tout de façon soignée et sans tomber dans les longueurs ou les lourdeurs. Alors après c’est un roman ouvert, où comme je l’ai dit chacun y trouvera ses propres réponses, mais je ne peux m’empêcher de me sentir tout de même légèrement frustré, comme si j’avais l’impression d’avoir manqué une clé ou un élément important. Rien de non plus bloquant, car cela me donne envie de relire ce livre un jour ou l’autre. Il faut dire aussi que la plume de l’auteur fluide, poétique et entrainante y joue aussi pour beaucoup, happant le lecteur assez facilement.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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L'Adjacent

L'Adjacent est tout à la fois roman de science-fiction, de guerre, d'amour...et comporte beaucoup de considérations relevant des sciences humaines, histoire, géographie, psychologie...



Je n'avais encore jamais lu de Christopher Priest. Et bien il était temps, car sans pouvoir vérifier s'il s'agit de son meilleur livre comme certains l'ont dit, il faut bien admettre qu'il m'a drôlement plu !



L'histoire débute aux alentours de 2040, sur une terre bien abîmée par le réchauffement climatique. Les zones habitables ont reculé, les pays méditerranéens ne sont plus vivables, la Grande-Bretagne (pardon, le Royaume Islamique de Grande-Bretagne, RIGB) est balayée tous les 2-3 jours par des tempêtes tropicales, au point que leur donner un simple prénom ne suffit plus (alors ce sera plutôt Danielle Darrieux, Graham Greene...).

Le photographe Tibor Tarent est sous le choc, il vient de voir sa femme, Melanie, infirmière, disparaître en Anatolie, frappée par un étrange attentat...qui n'a laissé qu'un immense triangle équilatéral noir au sol. Ramené en Angleterre à bord d'un mebsher, véhicule de transport de troupes blindé, par d'étranges agents gouvernementaux, il apprend qu'un attentat similaire a eu lieu à Londres et aurait fait 100 000 morts.

Mais tout cela a-t-il bien eu lieu ? Et qui est vraiment celle de ces agents qui se fait appeler "Flo" et avec qui il fait l'amour ? Et au-delà, peut-on vraiment se fier à ce qu'on voit ? Et si le regard pouvait être attiré, capté, focalisé sur un point précis de l'espace pour mieux nous détourner de l'espace adjacent où le réel suit son cours, un peu comme un magicien détourne l'attention du spectateur pour mieux le mystifier ?

Pourquoi le scientifique néerlandais Thijs Rietveld, "inventeur" de la théorie du Champ Adjacent Perturbatif, que Tibor a photographié jadis était-il mort le lendemain, "suicidé", alors qu'il craignait que cette découverte tombe dans les mains d'organisations ou nations mal intentionnées ?



Priest nous entraîne dans une histoire ambitieuse, où nous nous transportons successivement de 2040 à la guerre de 1914 (où l'on croise au passage H.G.Wells), puis à celle de 1940, puis sur Prachous, île de l'Archipel du Rêve (déjà connu des lecteurs de Priest), avant le retour dans ce futur finalement proche....avec l'étrange sensation que l'histoire se répète, un homme tombe sous le charme d'une femme remarquable qui lui échappe finalement, les prénoms des protagonistes sont étrangement proches, une lettre change, une racine...Avons-nous été transportés dans un espace-temps différent ?

Et finalement, Melanie est-elle bien morte, aucun corps n'étant jamais retrouvé, à moins que nous existions dans plusieurs espace-temps à la fois ?



On pourrait se lasser d'une redondance apparente ? Impossible ! Car les longueurs qui commenceraient à poindre parfois trouvent toujours leur pertinence : on en apprend beaucoup sur les théories et techniques autour de la magie (sujet qui passionne l'auteur de "Le Prestige"), sur les avions de guerre (là encore, un spécialiste !)...et quels beaux portraits de couples...amoureux, amants, amis. L'émotion est là, palpable dans les coeurs de ces jeunes héros ordinaires de la guerre, dans celui de la belle aviatrice polonaise Krystyna ou dans celui de Michael Torrance...alias Tibor Tarrent ?



L'oeuvre est complexe, elle évoque parfois Philip K.Dick, par l'angoisse née des sensations de réalité chancelante, de schizophrénie qu'on frôle...

L'écriture est superbe (je maintiens que les écrivains de SF ont souvent produit des oeuvres d'une qualité de style exceptionnelle, lisez Gene Wolfe !). Elle véhicule beaucoup de romantisme et d'émotion pour traduire le manque et la recherche de l'être aimé disparu, les amours impossibles, les souvenirs...

Au final, c'est aussi une oeuvre positive, car l'amour s'avère plus fort que tout, il y a toujours de l'espoir pour ceux qui se battent pour retrouver l'être aimé...Sans jamais tomber dans le sentimentalisme fleur bleue, ce roman sonne aussi contre toute attente comme un Tristan et Yseult revisité.



Alors on ne comprend pas tout, il y a beaucoup de points d'interrogation...bien visibles dans ce modeste essai de critique qui du coup s'avère périlleux, mais il fallait bien s'y coller car nos amis de Babelio commençaient à me tirer l'oreille (c'est bon de se faire désirer !). Enfin, il est temps de les remercier, ainsi que Denoel (Ah ! Denoel, ado, vous m'avez donné le goût de la SF, avec les Chroniques martiennes et tant d'autres, collection "Présence du Futur", quel délice !)...et de vous conseiller...non, de vous exhorter ! à lire ce pavé qui se dévore !



Et chapeau à Christopher Priest, un grand, encore un, de la SF britannique !



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Le monde inverti

Priest est décidément un très grand contemporain, que je regrette un peu de découvrir à travers ses traducteurs. Mais cet écrivain si subtil serait trop difficile pour moi à aborder dans sa langue, que je parle, mais ne lis pas, au sens littéraire. Alors oui, j'ai lu cette nouvellle traduction tronquée, tronquée par l'éditeur puisqu'il en manque une partie, selon les exégètes, et je suis en colère.Etant donnée la portée métaphorique et philosophique de cette oeuvre, comment peut-on, du vivant de son auteur, s'autoriser à la mutiler? Et comment l'auteur, lui, peut-il laisser faire? Un contrat léonin? du coup j'hésite, tel l'âne de Buridan, entre deux possibilités: continuer à lire des traductions caviardées ou tronquées, ou rester dans l'ignorance d'une telle oeuvre? Oui, que faire?
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Notre île sombre

Le continent africain est ravagé par une guerre nucléaire. Des réfugiés affluent en masse sur les côtes occidentales. La Grande-Bretagne doit accueillir sur son sol plusieurs centaines de milliers de ces survivants mais les autorités sont dépassées et peinent à organiser leur prise en charge. De nombreux africains se retrouvent livrés à eux-mêmes dans un pays qu’ils ne connaissent pas. Les heurts et les incidents avec la population locale ne se font pas attendre. Au même moment, un gouvernement conservateur et extrémiste est porté au pouvoir.



En 1971, Christopher Priest publiait son premier roman d’anticipation Fugue for a darkening island, traduit en français sous le titre Le Rat Blanc.

Cette année paraît une version revisitée de ce même roman : Notre île sombre. Les raisons qui ont poussé Christopher Priest à reprendre son texte initial trouvent leur origine dans deux critiques parues à l’époque et qui accusaient Priest de prendre parti politiquement. Bien que la rédaction de son roman fut influencée par l’actualité du moment, à savoir les violences quotidiennes en Irlande du Nord et l’arrivée d’un flux massif de migrants indiens, Christopher Priest se défendait d’avoir écrit selon une quelconque visée politique. Félicité d’abord d’avoir dénoncé un racisme latent dans la société britannique, il fut ensuite et de façon contradictoire accusé lui-même de xénophobie. Afin de mettre les choses au clair de ce côté, l’auteur a donc souhaité réécrire son texte en l’expurgeant de tout passage susceptible de mener à une éventuelle interprétation sur ses propres opinions. Christopher Priest avait pour unique but de décrire et proposer un aperçu des effets d’une situation catastrophique.



Le thème du roman reste très actuel. L’immigration et l’intégration des étrangers demeurent des sujets brûlants de notre actualité. Parmi les réactions à cette situation tendue, deux tendances se dessinent nettement. D’un côté, les défenseurs de l’identité nationale exigent une assimilation totale du migrant ou son renvoi définitif si refus de se conformer aux us et coutumes du pays accueillant. De l’autre, les partisans du vivre ensemble prônent la tolérance, la diversité des cultures est pour eux une source de richesse.

Mais une troisième tendance est souvent oubliée et c’est à celle-ci que Christopher Priest donne la parole.

Son personnage principal Alan Whitman est un homme lambda, bon citoyen issu de la classe moyenne, enseignant, marié et père de famille, il possède un pavillon confortable en banlieue londonienne. A première vue, Alan n’a rien contre les étrangers. Il mène sa vie, une vie finalement médiocre. Son mariage n’est pas heureux, il cumule les infidélités sans jamais chercher à se définir une bonne fois pour toutes. Il ne cherche pas particulièrement à résoudre ses problèmes matrimoniaux et encore moins à se remettre en question. C’est un homme plutôt faible, un suiveur. Mais la situation brutale dans lequel le pays est plongé va le pousser à prendre ses responsabilités et des décisions, à s’affirmer. Le basculement de sa personnalité et de sa position relative aux Afrims ( nom donné aux africains réfugiés) se fait progressivement tout au long du roman.



La narration se fait à la première personne et alterne entre plusieurs périodes de la vie de Alan. L’alternance n’est pas chronologique et le lecteur est baladé dans le temps. Petit à petit, au fur et à mesure de l’avancement de la lecture, on reconstitue sa vie mais aussi l’ordre des évènements à l’échelle du pays. Les réactions de la population, les mesures du gouvernement, l’intervention de l’ONU et de diverses organisations, la constitution de milices, de groupes armés constituent un paysage de chaos décrit minutieusement par l’auteur. Les détails sont si plausibles que ça en fait froid dans le dos : expropriation des résidents locaux, rues barricadées, enlèvement des femmes et constitution de réseaux de prostitution. Des milliers de britanniques sont condamnés à errer sur les routes. Certains se regroupent et s’organisent pour se protéger et survivre, d’autres pour combattre les Afrims. Et on constate avec stupeur le maintien de certaines zones « protégées » qui vivent repliées sur elles-mêmes totalement coupées du monde extérieur, regardant les évènements se déroulant à quelques kilomètres de chez elles comme si c’était à l’autre bout du monde.



Roman catastrophe, Notre île sombre offre une idée de l’extrémité dans laquelle nous pourrions tomber dans le cas où les pays riches occidentaux continuaient à considérer le reste du monde avec condescendance et mépris. L’époque coloniale est censée être révolue mais les mentalités nationalistes et identitaires persistent et notre actualité montre leur ascension chaque jour plus évidente. Christopher Priest ne donne pas de solution mais a tiré, dès 1971, la sonnette d’alarme.

A lire absolument !



J'avais repéré sur Babelio l'ancienne version de ce roman sous le titre Le Rat Blanc que je m'étais empressée d'ajouter à ma wish-list. Je me sens en effet de plus en plus concernée et touchée par les problèmes d'immigration et d'intégration ainsi que par la montée des extrémistes. Il faut croire que l'homme s'obstine à ne pas apprendre des leçons de l'Histoire pour qu'il saute à pieds joints dans les mêmes pièges et refasse sans cesse les mêmes erreurs. Je remercie donc infiniment Dana et les éditions Denoël pour m'avoir donné l'occasion de découvrir enfin ce roman qui m'intriguait tant. Et un grand bravo pour la magnifique couverture !








Lien : http://0z.fr/AuAdX
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Rendez-vous demain

Dernier roman en date de Christopher Priest, « Rendez-vous demain » reprend la plupart des thématiques et des procédés narratifs chers à l’auteur du « Prestige ». L’ouvrage met ainsi en scène plusieurs périodes historiques dans lesquelles évoluent plusieurs paires de jumeaux. Une partie de l’intrigue met ainsi en scène un glaciologue de la fin du XIXe siècle, Adler Beck, dont les recherches l’amènent à se pencher sur la question de l’évolution du climat au court du prochain siècle. Or, après des années d’observations des éruptions volcaniques, des courants marins et des cycles solaires, le scientifique entrevoit un futur bien sombre pour l’humanité et anticipe un refroidissement majeur qui pourrait bien mettre en péril la survie de l’humanité. Ce chercheur a un jumeau, Adolf, ténor parti faire carrière en Amérique du Sud et qui correspond régulièrement avec son frère, soit pour solliciter une aide financière, soit pour évoquer avec lui la question de leurs « apparitions ». En effet, tous deux sont victimes des mêmes « attaques », des moments effrayants au cours desquels une voix venue de nul part s’adresse à eux de façon impérieuse, provoquant une paralysie totale et une angoisse difficile à dissiper. A cela s’ajoute toute une série de scandales judiciaires auxquels Adolf se retrouve mêlé, bien qu’il ne cesse de clamer son innocence. Ces chapitres se déroulant à la fin du XIXe alternent avec d’autres dont l’action se déroule cette fois en 2050. Les protagonistes y sont à nouveau des jumeaux, l’un journaliste de terrain, l’autre profileur pour la police. Le monde dépeint par l’auteur dans ce futur proche semble en tout cas totalement en décalage avec les prévisions du glaciologue Beck puisque le monde subi de plein fouet les effets du réchauffement climatique. Le lien entre ces deux trames ? Les jumeaux de 2050 sont les descendants d’Adler Beck, et, pour des raisons tant professionnelles que personnelles, ils vont enquêter sur le passé sulfureux de leur grand-oncle.



On retrouve ici tous les éléments qui constituent désormais la marque de fabrique de Christopher Priest. Gémellité, usurpations d’identité, futur alternatif… : les thématiques sont les mêmes que dans « Le Prestige », « La séparation » ou encore « L’adjacent », et cela pourra provoquer une certaine lassitude chez les lecteurs connaisseurs de la bibliographie de l’auteur. Outre son aspect répétitif, l’intrigue se révèle dans l’ensemble décevante tant les liens entre les deux périodes évoquées semblent artificiels ou anodins. Le mystère mis en scène au XIXe concernant la culpabilité ou non d’Adolf Beck dans les affaires d’escroqueries qu’on lui a mis sur le dos est finalement tout à fait commun et sans véritable lien avec le reste de l’histoire. De même, les éléments fournis pour expliquer la différence entre les prédictions d’Adler et le quotidien des protagonistes de 2050 ne donnent pas lieu à de grandes révélations ou à un quelconque bouleversement d’ampleur. Et c’est là que ce situe à mon sens le nœud du problème dans ce roman : on passe une bonne partie de la lecture à attendre LE retournement de situation, celui qui nous fera réaliser que les anecdotes à priori sans intérêt relatées jusqu’à présent sont en réalité capitales et que toute l’intrigue doit désormais être réanalysée selon un logiciel totalement différent… seulement ce moment n’arrive jamais. L’auteur conclut ces deux trames narratives en fournissant des explications logiques et satisfaisantes à chacune de ses intrigues, mais sans chercher à les lier ou les complexifier davantage. On comprend rapidement d’où provient la voix qui hante régulièrement les des deux Beck du XIXe, aussi non seulement son origine ne provoque-t-elle aucune surprise au moment de sa révélation, mais en plus son influence sur la vie des frères se révélera, en dépit de la forte attente du lecteur, totalement marginale. Le seul aspect véritablement intéressant du roman concerne en fait le cadre de l’anticipation proche évoquée par Christopher Priest et qui met le problème du réchauffement climatique au cœur de l’histoire.



En dépit de notre proximité chronologique avec les jumeaux vivant en 2050, on a bien du mal à reconnaître le monde tel que dépeint ici. Instabilité politique chronique, tempêtes d’une rare violence, invasions d’insectes porteurs de maladies mortelles, montée inéluctable des eaux… : le futur imaginé par Priest a tout du scénario catastrophe mais anticipe en réalité en grande partie ce qui nous attend à plus ou moins long terme. La question de la montée des eaux, notamment, est centrale puisque l’un des deux frères vit en Écosse dont le littoral a été totalement transformé ces dernières décennies. Le malaise qui saisit le lecteur vient également du fait que les troubles graves dépeints (montée de l’insécurité, exodes massifs, catastrophes naturelles de grande ampleur…) concernent cette fois directement l’Europe, et non pas les continents qui sont d’ores et déjà touchés par ces phénomènes et dont l’éloignement encourage l’indifférence. L’action se concentre ainsi sur le Nord de l’Europe, nous entraînant de l’Écosse à la Britanie (le Royaume Uni réduis à l’Angleterre et au Pays-de-Galle), sans oublier la Norvège, le reste du continent étant de toute évidence presque perdu, tant à cause de la montée des températures que de l’impossibilité désormais manifeste des gouvernements à y maintenir l’ordre. Les bouleversements que ce réchauffement climatique a engendré sur le mode de vie des habitants est sans doute ce qui frappera le plus le lecteur, Priest évoquant aussi bien les nécessaires transformations des habitations que les nouvelles pratiques en terme de mobilité ou encore d’alimentation. En dépit de la gravité de la situation mise en scène, l’auteur parvient à donner à ce futur alternatif une cohérence et à le rendre plausible, ce qui suscite tour à tour fascination ou malaise chez le lecteur. Cet aspect mis à part, le reste du roman se révèle malheureusement trop morne et prévisible pour captiver durablement l’attention du lecteur.



Avec « Rendez-vous demain », Christopher Priest renoue avec toutes les thématiques qui caractérisent la plupart de ses œuvres, ce qui limite quelque peu l’effet de surprise. Si le cadre futuriste centré sur le réchauffement climatique dans lequel se déroule l’intrigue est intéressant, l’intrigue souffre d’un manque criant de rebondissements et provoque la frustration du lecteur dès lors qu’il apparaît que le retournement de situation tant attendu n’arrivera jamais. Petite déception, donc, pour un auteur dont j’apprécie pourtant d’ordinaire les ouvrages.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Conséquences d'une disparition

Pour se débarrasser des choses qui fâchent, je vais tout de suite faire part de ma surprise, en effet étant un roman de la collection Lunes D'Encre, je m'attendais à un roman de science-fiction (ou au moins un récit en ayant des éléments), mais ici il n'en est rien. Nous suivons un journaliste impliqué dans les conséquences de l'après 11 septembre 2001, obsédé par l'événement ici présenté sous forme d'enquête mais aussi de moments de vie et de souvenirs et ce pour une raison, faire son deuil de ce jour tragique.



En dehors cette déconvenue de contenu, j'ai passé un moment de lecture très agréable, une enquête rondement menée avec une théorie intéressante et des recherches poussées sur une catastrophe qui nous a tous marqués au fer rouge, je me souviens encore de ma découverte de cet événement sur toutes les chaînes en direct ce jour tragique, des images atroces que l'ont nous a martelé en boucle pendant des jours.



L'intrigue est fictive bien-sûr mais aussi plausible. S'y mêle une belle histoire d'amour et surtout un deuil impossible à faire lorsque l'être cher s'est volatilisé sans traces. Le personnage du journaliste est excellent psychologiquement parlant.



Christopher Priest nous propose cette histoire avec une écriture ciselée et complexe telle une toile d'araignée, en entremêlant les époques nous tenant en haleine de bout en bout sans jamais nous perdre car tout est bien placé, bien calculé, même avec ce récit emmêlé diluant les informations avec parcimonie tenant le lecteur captivé.



C'est un des rares récits sur les attentats du World Trade Center qui ne fait ni l'apologie de ce que l'on nous a montré dans les médias ni celle de la théorie du complot, le lecteur se fait son propre avis ou alors il se laisse porté par l'histoire contée ici sans prendre parti.



Une réelle bonne surprise, mais qui aurait bien plus sa place au rayon littérature contemporaine.



Voir la chronique sur mon blog :
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Le prestige

’ai acheté ce roman il y a quelques temps car j’en avais entendu dire beaucoup de bien. Je n’avais pas vu le film de Christopher Nolan inspiré du livre avant de le lire, si bien que la surprise a été intacte jusqu’à la fin.



Le récit est découpé en 5 parties de taille très variées, avec des narrateurs différents et deux époques distinctes: celle des deux magiciens Alfred Borden et Rupert Angier entre la fin du XIX ème siècle et le début 1900, et celle de leurs descendants vers 1995. Le cœur du récit tient surtout dans la rivalité entre les 2 personnages centraux. Néanmoins, l’histoire de leurs descendants est intéressante et a de l’importance. Le roman commence d’ailleurs avec le récit du descendant d’Alfred Borden qui est amené à rencontrer la descendante de Rupert Angier et par là-même à apprendre la vérité sur ses origines. Ensuite s’enchainent les récits des 2 magiciens sous forme de journal intime.



Les changements de narrateurs sont marqués par l’écriture de l’auteur qui change et permet de s’adapter sans problème aux différents points de vue. Les personnalités des narrateurs apparaissent bien distinctement et on se laisse très facilement porter par le récit. Le roman offre 4 points de vue différents avec une tonalité, un style différent qui dépeignent tout à fait le caractère de chacun des protagonistes. Les récits se complètent et s’emboitent parfaitement permettant de comprendre l’histoire sans aucun souci. Ces changements de points de vue sont parfaitement maîtrisés par l’auteur. De plus, l’utilisation des journaux intimes pour Angier et Borden permet de mettre en valeur les points de divergence dans leur manière de voir les choses et la mauvaise foi dont ils peuvent faire preuve.



Le roman est vraiment très immersif, on se laisse prendre comme par magie à ces histoires. La magie est la grande star du récit : tout est question de magie dans ce roman, elle opère des les premières lignes avec un Christopher Priest qui prend la place de l’illusionniste pour nous bluffer et nous enchanter, nous spectateurs médusés par son talent. Le roman est fondé sur l’illusion, et l’auteur s’amuse à essayer de perdre son lecteur. L’illusion est présente à la fois dans le thème du roman et dans l’écriture.



Les personnages sont assez atypiques, ils ne sont pas vraiment sympathiques mais ils sont très intéressants et complexes. Les deux sont assez similaires dans leurs réactions et leurs manières d’agir souvent excessives mais ont des caractères opposés. Ils sont des génies dans leur domaine, ils placent leur art au dessus de tout, de leur famille, de leur vie. Pourtant, malgré leurs caractères aussi tranchés, on prend vraiment plaisir à les suivre. Leurs descendants sont très différents, ils sont marqués malgré eux par la guerre que se sont menés Alfred Borden et Rupert Angier.



Le roman est également extrêmement bien documenté que ce soit au niveau de la magie, des différents tours utilisés, des objets nécessaires aux illusions qu’au niveau historique. L’époque des deux illusionnistes est très réaliste, on assiste aux différents progrès technologiques notamment au niveau de l’électricité. La thématique du double est à nouveau au cœur du récit, on la retrouve souvent chez l’auteur qui nous offre également toujours des récits très documentés.



Christopher Priest nous offre ainsi avec Le prestige un très grand roman, admirablement écrit et construit. Le roman est à la fois divertissant et immersif tout en nous prenant au jeu de l’illusion. Le roman se lit vraiment très bien, les 500 pages en poche se tournent sans souci, j’ai dévoré les 150 dernières pages d’une traite. Le « Prestige » est le troisième acte d’un tour de magie, le moment où le magicien fait surgir l’impossible devant nos yeux enchantés et c’est vraiment ce qu’arrive à produire Christopher Priest avec ce roman. Vraiment une très grande réussite!
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Rendez-vous demain

Le seul prestige de ce roman : me l'avoir fait lire jusqu'au bout en espérant que. Mais même pas...



Un nouveau Priest débarque, je me rue de suite dessus (je l'ai lu en avril). Enfin, je regarde le prix : 16€ en epub !!! 22.50€ en papier ! Ouch, ça pique. Heureusement que les médiathèques existent et bonheur, ils ont le Priest en numérique, sinon, je ne l'aurai pas acheté. Reste la question de savoir si ce roman vaut ce prix...



Après avoir lu ce roman, je suis certain d'une chose : Christopher Priest écoute assidûment La méthode scientifique. Une bonne partie de ce que j'ai écouté se trouve dans ce livre, surtout les émissions autour de l'écologie, du changement climatique et celles de SF. Il a mélangé le tout avec ses thèmes favoris, la réalité distendue, les jumeaux. C'est ce qui m'avait fait tiquer à la lecture du résumé, l'impression d'être un concentré de Priest. Mais n'y a-t-il pas trop de Priest dans un seul texte ?



Du Priest à la sauce Méthode scientifique, cela ne pouvait que me plaire. Las, n'est pas Nicolas Martin qui veut. Ici c'est intéressant, mais qu'e st ce que c'est chiant. Il aurait dû prendre aussi la légèreté de l'équipe pour faire son livre. Alors c'est du Priest, la réalité n'est pas forcément la réalité, ca se lit rapidement, mais bon. L'auteur semble se justifier des critiques comme la mienne à la fin de son roman :



"Il commença à lire Alerte !, le livre d’Adler. Il avait pour sous-titre : Un scientifique révèle la terreur à venir. Au début, il trouva son style difficile à suivre. Il était pesant, périphrastique, presque pompeux. Les paragraphes étaient longs, les phrases aussi. Le ton était un peu professoral, les rares tentatives d’humour étaient maladroites, il insistait trop sur les détails.

Le premier chapitre, très long, était une histoire de la science des glaciers depuis son origine jusqu’à l’époque où Adler écrivait, soit probablement les toutes premières années du XXe siècle : le livre avait été publié en 1905, Adler avait dû l’écrire un ou deux ans plus tôt. Les détails et les anecdotes étaient visiblement autobiographiques, mais l’usage maladroit de la troisième personne rendait la lecture peu digeste."



Alors oui, si on veut, mais ce roman est chiant à lire. Pas inintéressant, mais juste chiant. Le reproche principal fait aux jeunes auteurs est show don't tell. Voilà ce qu'a fait Priest. Le seul prestige de ce roman : me l'avoir fait lire jusqu'au bout en espérant que. Mais même pas...
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Le monde inverti

Très étonnant, très original. Le livre raconte l'histoire d'un monde à part (d'une ville qui se déplace) dans un monde, mais les règles physique de ce monde semblent être très particulières...

L'histoire est vraiment étonnamment originale, parfois un peu difficile de tout suivre et de comprendre les distorsions propres à ce monde.

Une belle découverte de science-fiction qui m'a donné envie de lire d'autres livres de Christopher Priest.
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Le monde inverti

Une histoire basée sur une idée originale. Où il est question d'espace-temps, de déformation du temps. Un peu difficile à adhérer, mais qui reste intéressante. Enfin, un livre de "science-fiction" abordable par tous.

Un livre qui se lit seulement en quelques "kilomètres" !
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Le prestige

A la fin du 19ème siècle à Londres, deux magiciens, Rupert Angier et Alfred Borden, se livrent à un terrible duel. Leur rivalité nait d’un accident, un terrible malentendu et au fil des années, les deux hommes n’auront d’autre but que de se nuire mutuellement. Dévorés par l’ambition et l’orgueil, les deux magiciens s’efforcent d’accéder au sommet de leur art en créant des tours de plus en plus élaborés, de plus en plus surprenants et originaux. Le monde des magiciens est empli de dissimulations, de secrets, qui se répercutent également dans leur vie privée. La haine obsessionnelle qui unit les deux illusionnistes les conduit à des actes de plus en plus graves, jusqu’à commettre l’irréparable…



J'ai d'abord découvert le formidable film de Christopher Nolan.



La structure du film se cale sur les différentes étapes d’un tour de magie : the pledge, the turn et the prestige. Le lien entre les deux hommes est assuré par le personnage de Michaël Caine, qui officie à la fois comme témoin et arbitre. Le scientifique Tesla est interprété par un David Bowie étonnant, son assistant lui, est incarné par un Andy Serkis très sobre et très juste. Nolan a préféré supprimé la partie contemporaine du roman, à savoir la rencontre entre les descendants, de nos jours, pour se concentrer uniquement sur les deux magiciens. Ce n’est pas plus mal, car l’histoire de cette rivalité se suffit à elle-même. Cela a amené le réalisateur, forcément, à modifier la fin de l’histoire. Et j’avoue que je préfère la fin du film plutôt que celle du roman.



Le spectateur ou lecteur se retrouve forcément berné, à naviguer ainsi entre doubles, faux-semblants, apparitions et faux décès... Tout n'est qu'illusion, tout est histoire de perspective. Les deux magiciens sont tenaillés par le même désir, celui de régner en maître dans le monde de la magie. Pour atteindre le but suprême, ils n'hésitent à pas à sacrifier ceux qu'ils aiment et à perdre leur propre intégrité, c'est le cas d'Angier surtout. C'est en cela que leur rivalité est si poignante.



Le roman quant à lui est un récit à quatre voix. L’arrière-petit-fils de Borden est un journaliste enquêtant sur les phénomènes paranormaux (le tout début du roman est d'ailleurs un clin d'oeil à tout ce qui relie les personnages) et qui va rencontrer Kate Angier, l’arrière-petite-fille de Rupert, détentrice d’un lourd secret. Le roman se partage ensuite entre deux journaux intimes, celui d’Alfred et celui de Rupert, si bien que nous avons les mêmes événements perçus et donc rapportés par deux personnes différentes. Chacun des deux magiciens est de bonne foi, aucun des deux n’est un homme foncièrement mauvais, voilà pourquoi il est bien difficile de prendre parti. D'ailleurs, on est loin d'avoir toutes les explications, les deux magiciens jaloux de leurs secrets, ne se dévoilent pas entièrement dans leurs journaux. Mais la pirouette de fin m'a passablement dérangée. Je trouve qu'elle ne colle pas avec le reste de l'histoire par ailleurs formidable. La fin du film me semble plus logique, si on peut parler de logique avec un tel sujet...

La fin du livre occasionne quelques sueurs froides, une conclusion digne d'un roman d'épouvante, alors que je préfère la tristesse qui émane des dernières images du film, renforcée par la très belle chanson de Thom Yorke qui accompagne le générique final, et pour laquelle j'ai complètement craqué.



Néanmoins, le roman absolument incroyable figure désormais parmi mes préférés.
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Rendez-vous demain

Quel est le rapport entre John Smith, personnage à l'identité douteuse condamné à cinq ans de travaux forcés pour escroquerie en 1877 et Adler Beck, glaciologue et climatologue norvégien dont le frère Adolf, son vrai jumeau, parcourt le monde ? Et d'où viennent ces voix qui hantent épisodiquement les deux frères ?

En 2050, le climat est totalement déréglé et la société se délite, Gregory Ramsey a besoin d'informations sur un ancêtre qui aurait été bagnard, afin de garder son emploi, quoi de plus naturel que demander à Chad, son vrai jumeau de faire des recherches en utilisant les facilités que lui offre son travail de profiler auprès de la police ?





Au début du livre nous sommes plongé dans une sombre affaire d'escroquerie, puis nous suivons Adler que l'étude des glaciers à mené à celle du climat, ce qui l'entrainera en Amérique, où il s'apercevra que les courants marins, les tâches solaires et l'effet de serre doivent être pris en compte s'il veut bâtir une théorie solide. Les années passent et il revient à Londres pour enseigner tout en continuant ses recherches. Ses contacts avec son frère se limitent à quelques missives adressées en poste restante, celui-ci semblant parcourir l'Amérique du Sud en ne restant pas en place. L'auteur nous narre la vie de cette fin du XIXème siècle dans un style adaptée à l'époque, une occasion d'aborder l'invention de l'électricité, du télégraphe, des premières automobiles et aussi d'approfondir nos connaissances sur la climatologie et même de nous inquiéter lors de l'éruption du Krakatoa.





Lorsque nous abordons le milieu du XXIème siècle le ton change, L'Angleterre, ou plutôt Brittania voit ses villes côtières envahies par les flots, la température communément dépasser les 40°, des foules de migrants se faire violemment refouler, la société est au plus mal ! Pour Chad il n'est pas question d'étudier la climatologie, c'est tous les jours qu'il vit le dérèglement climatique avec les épidémies et autres catastrophes qui l'accompagnent. le nouveau commissaire dont il dépend lui impose un stage où un moyen de communication révolutionnaire lui sera greffé - juste avant d'être licencié. le rôle de la police a changé, la recherche des criminels en utilisant les capacités d'un profiler n'est plus d'actualité, maintenant la priorité c'est l'action directe !

Le temps libre dont il dispose lui offre la possibilité de faire des recherches sur ce mystérieux arrière grand oncle, et pourquoi pas en profitant de ce moyen de communication étonnant qui lui a été greffé ?





Le récit se déroule à travers Adler et Chad séparés par plus de cent cinquante ans, le climat et ses à-côtés sont au premier plan, mais c'est à travers l'enquête sur John Smith que les deux époques se télescopent, et c'est elle aussi qui sert de liant pour la continuité du récit, tout en maintenant notre attention par l'intrigante intrusion du mystère de la condamnation d'Adolf.





Encore une fois Christopher Priest ne m'a pas déçu, ce dernier livre est agréable, facile à lire et les photos qui l'illustrent ne peuvent qu'aiguiser notre curiosité. Une lecture que je ne manquerai pas de conseiller …







PS : Lorsque vous aurez fini le livre amusez vous à faire une recherche sur les photos et les noms des personnages cités, un complément d'informations intéressant …





NB : Je remercie les Éditions Denoël qui m'ont fait parvenir ce livre dans le cadre d'une opération "Masse Critique Mauvais Genres" de Babelio.
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