AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Christy Lefteri (163)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les Oiseaux chanteurs

Courageuse Christy Lefteri qui, avec Les Oiseaux chanteurs, au travers de l’histoire de Nisha, dénonce le scandale des travailleuses immigrées exploitées sans vergogne à Chypre comme ailleurs !

Ici, Petra, l’employeuse, et Yiannis, son locataire amoureux de Nisha, s’expriment tour à tour avec, à intervalles réguliers, une parenthèse marquée par un oiseau. Cette parenthèse bien mystérieuse au départ devient de plus en plus prégnante, jusqu’à l’explication tragique finale. Elle rappelle aussi l’existence du lac Mitsero, un lac rouge, toxique, à l’emplacement d’une mine de cuivre abandonnée.

Nisha, la trentaine, prépare les repas, fait le ménage chez Petra et élève carrément la fille de la patronne, Aliki. Partie du Sri Lanka où elle a laissé Kumari, sa fille, née juste après la mort de son mari, Nisha envoie régulièrement de l’argent à sa famille car elle veut qu’elle puisse vivre décemment et que Kumari fasse des études.

Rapidement, je suis pris par la tension, l’angoisse, et scandalisé par cette exploitation, cet esclavage de femmes ayant quitté leur pays afin de permettre à leur famille de subsister ou de se bâtir tout simplement une vie meilleure.

Christy Lefteri qui m’avait conquis avec L’Apiculteur d’Alep, ne me déçoit pas car elle sait dénoncer des faits inadmissibles, honteux, tout en réservant de très beaux moments de poésie ou de rêve comme cette barque posée dans le jardin de Petra, où Nisha et Aliki peuvent venir se réfugier de jour comme de nuit. Il y a aussi ce mouflon extraordinaire rencontré dans la forêt par Yiannis.

Justement, Yiannis, de son côté, vit une belle relation avec Nisha, relation qui doit rester secrète car ces femmes dont certaines sont très jeunes, sont non seulement exploitées mais interdites de tout amour ou amitié avec une tierce personne, sous peine de renvoi. Je n’oublie pas que, pour venir du Sri Lanka, des Philippines, du Népal, de Roumanie ou du Vietnam travailler à Chypre, elles ont dû passer par une agence qui a avancé l’argent du voyage et se fait rembourser largement sur leur salaire.

Yiannis qui fut un cadre de banque gagnant bien sa vie, a perdu son travail lors de la crise mondiale de 2008. Ces banques chypriotes assuraient d’énormes transferts d’argent entre la Russie et Chypre et même avec Slobodan Milosevic, criminel de guerre serbe.

Alors, pour gagner sa vie, Yiannis s’est laissé entraîner par Seraphim, un camarade d’enfance, dans une activité interdite mais très rémunératrice : le piégeage des oiseaux chanteurs. Que ce soit avec des gluaux ou avec des filets japonais, becs-croisés, mésanges noires, grimpereaux, milans noirs, buses variables, bondrées apivores, pinsons, chardonnerets, et même un faucon crécerelle, ce sont, pour la plupart, des oiseaux migrateurs de passage sur l’île de Chypre. Attirés par des appeaux dont certains sont des oiseaux en cage, ils sont condamnés à une mort certaine – si vous voulez savoir comment ils sont achevés, lisez le livre ! -, plumés et vendus aux restaurants après avoir mariné dans du vinaigre.

Si cela rapporte beaucoup à Yiannis, Les Oiseaux chanteurs le mettent mal à l’aise puis le rendent malheureux. Voilà donc un intérêt supplémentaire au roman de cette autrice née en Angleterre mais dont les parents, Chypriotes, se sont réfugiés de l’autre côté de la Manche après la guerre de 1947 qui a divisé le pays, division toujours en place aujourd’hui. Chypriotes grecs et Chypriotes turcs qui vivaient ensemble jusque-là, se sont combattus et la capitale de cette île, Nicosie, est encore la seule capitale au monde coupée en deux par une frontière…

Dans Les Oiseaux chanteurs, tout bascule lorsque Nisha disparaît. Christy Lefteri, avec tact et douceur, conduit remarquablement la quête menée par Petra et Yiannis, quête qui se heurte au mépris de la police et suscite des retours en arrière, des souvenirs remontant à la surface, très instructifs.

Les Oiseaux chanteurs, bien traduit par Karine Lalechère, m’a ému, passionné, intrigué, révolté et je remercie vivement Babelio et les éditions du Seuil pour m’avoir permis de lire ce livre avant la sortie en librairie, en mai prochain. J’espère qu’il sera lu par le plus grand nombre car ce qu’il décrit se passe en 2016, c’est-à-dire hier, dans un pays d’Europe, dénonçant deux scandales qui font honte à notre humanité.




Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1307
L'Apiculteur d'Alep

Nuri est apiculteur et adore son métier qui lui a été enseigné par son cousin Mustafa et avec qui il le pratique. Sa femme Afra est artiste-peintre. Ils vivent à Alep avec leur jeune fils Sami. L'éclatement de la guerre civile va mettre fin à ce bonheur.

C'est l'histoire de ce couple que Christy Lefteri a choisi de nous raconter, ce couple qui va devoir fuir son pays la Syrie, les ruches sacrées de Nuri ayant été détruites et leur enfant Sami tué. Afra est devenue aveugle à la perte de son fils et Nuri doit tout tenter pour la convaincre de partir.

L'auteure va alterner le récit de cette vie à Alep et de l'exode entrepris pour fuir l'invivable avec la narration de leur vie actuelle dans une pension, tout au sud de l'Angleterre où ils attendent depuis deux semaines d'avoir terminé les formalités de demande d'asile.

Le premier chapitre du roman commence avec la description de l'attente au Royame-Uni. Il porte évidemment le chiffre 1 sous lequel se trouve une abeille. Il se termine sur une phrase inachevée à laquelle il manque un mot. Ce mot sera le titre du récit suivant, récit du périple pour arriver jusqu'en Angleterre. Il sera ainsi le dernier mot de la phrase et le premier du paragraphe suivant. Nous passons ensuite au chapitre 2 avec l'abeille puis un autre mot et ainsi jusqu'au chapitre 14 où les deux récits se rejoignent. Une façon très originale pour enchainer à la fois le présent et le passé.

Christy Lefteri a mis en opposition, d'une manière remarquable, la vie heureuse, avant la guerre, dans la magnifique ville d'Alep et la tragédie vécue tout au long du périple vers une autre vie. Elle a su transcrire à merveille les couleurs, les senteurs les odeurs, de même que l'amour de Nuri pour sa femme et pour ses abeilles, abeilles qui ne le quitteront jamais. Tout au long du roman, le thème des abeilles et des ruches sera omniprésent et aidera souvent Nuri à ne pas perdre pied complètement.

En convoquant ici une famille parmi la multitude des réfugiés, l'écrivaine parvient ainsi avec cette histoire personnelle à nous faire vivre et ressentir au plus profond de nous-mêmes, ce qu'est le calvaire de ces gens poussés sur la route malgré eux, alors qu'ils vivaient heureux jusque-là, vers un avenir complètement incertain en prenant des risques immenses, dans des conditions inhumaines.

Quel beau livre puissant de Christy Lefteri, née à Londres, livre qui lui a été inspiré, comme elle nous le dit en fin d'ouvrage par son travail de bénévole dans un camp de migrants à Athènes en 2016 et 2017. Il n'a pas été sans me rappeler le roman graphique de Fabien Toulmé : L'odyssée d'Hakim.

Ce roman, L'apiculteur d'Alep m'a touchée, émue, bouleversée et je ne trouve plus juste résumé que ce qui est écrit sur le bandeau : Une histoire d'amour fou, une odyssée vers l'espoir.

À noter la très belle couverture où deux mains nous présentent deux moitiés de grenade, ce beau fruit, cadeau de Nuri à Afra.

Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour m'avoir permis de découvrir ce magnifique deuxième roman de Christy Lefteri. J'ai par ailleurs bien apprécié le post-scriptum en bas de page de la lettre d'envoi dans laquelle l'équipe du Seuil mentionnait :"Nous ne pouvons être tenus pour responsable de toute envie de miel découlant de cette lecture".


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          12310
Les Oiseaux chanteurs

J’avais été bouleversée par L’apiculteur d’Alep, ce roman sur l’exil de Christy Lefteri. Aussi lorsqu’il m’a été proposé de recevoir Les oiseaux chanteurs de la même auteure dans le cadre d’une masse critique privilégiée et que j’ai été retenue, imaginez ma joie. Que Babelio et les éditions du Seuil soient ici remerciés pour m’avoir offert à nouveau de très belles heures de lecture !

Le récit se passe à Chypre. Petra Loizides, opticienne optométriste habite Nicosie, côté grec, à deux pas de la ligne verte qui divise Chypre depuis 1974. Elle occupe uniquement le rez-de-chaussée d’une maison vénitienne de deux étages. Elle loue depuis deux ans le premier étage à un homme appelé Yiannis qui vit de la cueillette des herbes sauvages et des champignons.

Un lundi matin, voilà Petra inquiète, Nisha, la nourrice de sa fille Aliki, 9 ans, a disparu sans laisser de trace. Yiannis, le locataire, est lui aussi bouleversé. Sans que Petra le sache, car il est interdit à ces jeunes nourrices et employées de maison, principalement originaires d’Asie de fréquenter un homme, une liaison s’est nouée entre Nisha et Yiannis. Nisha se serait-elle enfuie suite à la demande en mariage que Yiannis lui a faite la veille ?

Mais la jeune Sri-lankaise a laissé dans sa chambre son passeport et ses possessions les plus précieuses : une mèche de cheveux de sa fille Kumari qui est restée au pays et un médaillon de son défunt mari.

Petra finit par signaler sa disparition à la police qui se contente de lui dire qu’elle a dû passer au Nord et qu’ils ne peuvent s’amuser à chercher des étrangères…

Ensemble, Petra et Yiannis vont unir leurs efforts pour tenter de retrouver Nisha.

Petra, qui s’était repliée sur elle-même depuis la mort de son mari survenue avant la naissance de leur enfant va regarder ces femmes d’un nouvel œil « C’était leur travail qui rythmait la vie du quartier. Elles étaient invisibles pour moi avant la disparition de Nisha ».

Yiannis, lui, ex-banquier ruiné par la crise de 2008, prisonnier d’un réseau mafieux puissant et dangereux, bien qu’ayant promis à Nisha d’arrêter ses activités illégales, continue encore le braconnage des oiseaux. « Ça ne me plaît pas de faire ça, m’efforçais-je de lui expliquer. Mais une fois qu’on a commencé, c’est difficile d’arrêter. C’est un peu comme le trafic de drogue. Il y a une grosse organisation derrière, et on ne te lâche pas facilement. C’est trop risqué. »

C’est ainsi que par le biais de l’enquête de ces deux personnes que sont Petra, son employeuse et Yiannis, son amant, Chrity Lefteri nous fait découvrir qui était réellement Nisha. C’est par l’intermédiaire de ceux qui l’ont connue que le lecteur découvre la personnalité de cette jeune femme mais aussi la vie de toutes ces travailleuses invisibles, des femmes totalement dépendantes de leurs employeurs.

Entre les points de vue des deux protagonistes dont les prénoms donnent le titre aux chapitres, s’intercale régulièrement l’histoire de ce lac Mitsero, auquel les produits chimiques toxiques de la mine à ciel ouvert de sulfure de Kokkinopezoula, maintenant fermée ont donné une teinte rouge.

Si Les oiseaux chanteurs est un excellent thriller, dans lequel le suspense va crescendo, d’autant que d’autres employées de maison vont aussi disparaître, il est avant tout un roman contemporain sociétal qui met en exergue deux facettes très sombres d’un pays par ailleurs magnifique et enchanteur tant par son climat, ses paysages que sa nourriture.

Je dois avouer que cet esclavage moderne très répandu qui sévit à Chypre m’était totalement inconnu. J’ignorais le sort réservé à ces femmes étrangères - Philippines, Népalaises, Sri-lankaises ou Roumaines - venues à Chypre pour travailler. Exploitées par leurs employeurs qui abusent de leur pauvreté, elles sont obligées de tout accepter, la plupart étant passées par des agences à qui elles doivent énormément d’argent, se retrouvant ainsi piégées sans aucune possibilité de rentrer chez elles et prisonnières de leur situation. Les conditions de ces travailleuses immigrées, victimes d’exploitation, de violences et de sexisme, dans ce petit pays européen sont absolument indignes.

Christy Lefteri née à Londres de parents chypriotes confie en fin d’ouvrage que ce roman est né pour faire comprendre que migrants ou réfugiés, s’ils se sentent obligés de quitter leur pays c’est qu’ils ont le sentiment de ne pas avoir d’autre solution. Elle s’est inspirée également pour l’écrire d’une tragédie récente qui a endeuillé Chypre.

L’autre volet de ce récit, représenté par Yiannis, est cette chasse illicite aux oiseaux migrateurs, un véritable braconnage industriel. Chaque année, des centaines de milliers d’oiseaux migrateurs piégés par des branches enduites de colle ou d’immenses filets sont tués et servis en secret dans des restaurants de l'île, générant des profits juteux pour les trafiquants, les autorités se révélant bien passives…

Trafic humain et braconnage sont au cœur de ce roman où la poésie est néanmoins bien présente.

Les portraits de toutes ces travailleuses domestiques sont brossés par petites touches et montrent avec finesse comment elles ont été réduites à l’état de choses dont on dispose à son gré.

Quelles émotions j’ai ressenti, en découvrant le parcours de Nisha, cette jeune femme sri-lankaise qui a dû laisser sa toute jeune enfant à sa mère et se résoudre à traverser les océans, pour lui offrir des études et un avenir. Comment cette femme a partagé son amour maternel avec cette enfant dont elle est devenue la nourrice et l’aimant tout autant que sa propre enfant ! Émotions également en découvrant la renaissance de Petra et le réapprentissage nécessaire pour retrouver l’amour de sa fille.

J’ai également été sensible à la façon dont ces deux êtres, Petra et Yiannis vont évoluer et peu à peu se métamorphoser. Bien que vivant auprès de Nisha, il faudra sa disparition pour qu’ils apprennent à la connaître et comprendre sa grandeur d’âme et grandir eux-mêmes.

Les oiseaux chanteurs est paradoxalement un roman extrêmement sombre et hyper lumineux à la fois, un roman pétri d’humanité, un roman où Nisha ne prend la parole que dans les dernières pages mais dont la voix demeure présente longtemps après le livre refermé.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1178
Les Oiseaux chanteurs

Merci à Babelio de m'avoir proposé cette lecture dans le cadre de la masse critique privilégiée et aux éditions du Seuil de m'avoir envoyé ce livre.



Malgré le caractère dramatique de l'histoire, c'est une belle lecture à travers laquelle je suis saisi par deux axes majeurs.



D'abord les drames, car plusieurs sont évoqués dans ce roman qui touche diverses réalités. Drame de la vie, de l'exploitation des travailleurs dans de nombreux pays asiatiques, -- ici, il s'agit essentiellement du Sri Lanka que j'ai parcouru il y a bien longtemps, où j'ai vu les femmes casser les cailloux au bord de la route au point qu'il est impossible de conserver en mémoire le seul sourire des enfants -- drame de la misère des habitants de ces pays que l'on appelait autrefois le tiers monde, drame de tous ces migrants exploités en Europe ou ailleurs. J'ose citer, quand bien même il s'agit d'animaux, le drame de milliers d'oiseaux tués sans respect d'un quota de prélèvement que pratiquaient les anciens.



L'autre axe est celui de l'évolution des personnages principaux, les deux qui se découvrent, expriment enfin leurs ressentis, deviennent plus humains, Petra et Yannis, et pour cela il aura fallu l'adversité, celle de la disparition de Nisha. Petra et Yannis portent l'histoire écrite par Christy Lefteri en une construction littéraire convaincante, lente par moments, mais leur laissant le temps de se réunir, de partager leurs douleurs, de porter ensemble leurs fardeaux et, finalement de devenir meilleurs.



Autour de ces deux axes, il y a Nisha, l'héroïne quasiment invisible, mais tellement présente par le vécu de Yannis et Petra avec elle, deux vécus différents, celui de Yannis dans l'amour, celui de Petra dans une relative similitude de leur condition commune de veuve, mère chacune de fillettes ayant presque le même âge. Nisha est la raison du livre, elle le porte dans son absence et c'est encore une réussite de l'écrivaine.



Les deux enfants, Aliki et Kumari, jouent également un rôle important dans la montée en puissance dramatique de l'histoire. Ont-elles conscience de leur destinée si différente, du lien qui les unit à travers Nisha? Cet aspect aurait sans doute été intéressant à développer.



Et enfin, les oiseaux qui portent sans le savoir un autre drame, celui des renoncements de Yannis, du profit destructeur, de la nature bien moins dure que les hommes, ces oiseaux dont le chant ne peut que demeurer longtemps dans les oreilles du lecteur.
Commenter  J’apprécie          1132
L'Apiculteur d'Alep

Christy Lefteri a été profondément marquée par son engagement bénévole auprès des réfugiés, à Athènes. Les rencontres, les histoires racontées par ces femmes, ces hommes, les dessins des enfants l'ont poussée à écrire ce magnifique roman, dur et émouvant : L'apiculteur d'Alep.

Nuri Ibrahim, le narrateur, vit heureux en famille, à Alep (Syrie) où, avec son cousin, Mustafa, ils possèdent de nombreuses ruches dont ils extraient un miel délicieux produit par ces abeilles merveilleuses, indispensables à notre survie.

Hélas, tout dérape. Guerre civile, intégrisme religieux, luttes politiques insensées, sécheresse et c'est le peuple qui souffre, des milliers d'innocents qui voient leurs vies brisées. Mort, destruction, toute une société s'écroule. Une seule solution pour tenter de survivre : la fuite vers notre Occident rêvé où il est si difficile d'être accepté.

D'autres écrivains comme Louis-Philippe Dalembert dans Mur Méditerranée, m'ont fait partager ce cauchemar, ces souffrances inouïes, la rapacité des passeurs mais aussi la générosité des bénévoles oeuvrant pour les organisations humanitaires et Christy Lefteri donne un autre éclairage qui m'a profondément ému, troublé, révolté parfois.

Il est indispensable de lire de tels livres dans ce XXIe siècle qui apporte aujourd'hui d'autres drames et nous fait oublier un peu trop facilement que, chaque jour qui passe, des enfants, des femmes, des hommes tentent de fuir la guerre, la famine, la misère, au péril de leur vie.

L'apiculteur d'Alep, sur les pas de Nuri et d'Afra, son épouse, sans Sami, leur fils, tué par une bombe avant leur départ, est un roman remarquablement construit. Comme d'autres avant moi, je remarque et j'apprécie cette liaison subtile entre le présent – Nuri et Afra sont en Angleterre et attendent une régularisation – et ce qu'ils ont enduré pour en arriver là. Une phrase se termine par un mot écrit en caractères gras au centre de la page suivante et ce même mot est le début d'une nouvelle phrase. C'est original et je pense qu'il faut saluer le travail de la traductrice, Karine Lalechère, qui a su respecter et transcrire en français l'écriture talentueuse de Christy Lefteri.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          989
Les Oiseaux chanteurs

Son expérience de bénévole dans un camp de migrants à Athènes avait nourri L’apiculteur d’Alep, le précédent roman de l’auteur. Cette fois, ce sont les témoignages de femmes étrangères venues s’employer comme personnels de maison à Chypre, qui ont soufflé à Christy Lefteri cette histoire inspirée de faits dramatiques bien réels.





Nisha a quitté le Sri Lanka et son bébé pour devenir nounou à Chypre. Après neuf ans de bons et loyaux services chez Petra et sa fille Adèle, et au lendemain de la demande en mariage de Yiannis, le locataire qui occupe l’étage de la maison, elle disparaît un soir de 2016, abandonnant passeport et effets personnels. La police refuse d’ouvrir une enquête, au prétexte de l’instabilité de la main d’oeuvre immigrée. Petra et Yiannis, lui-même emberlificoté dans un réseau mafieux de braconnage d’oiseaux depuis son licenciement lors de la crise bancaire et financière de 2008, tentent de retrouver trace de la jeune femme. Ils prennent alors conscience des terribles réalités vécues par toutes ces femmes, endettées à vie auprès d’agences de placement, dans l’espoir de trouver dans des pays riches le travail qui leur permettra enfin, au prix de la distance et de la séparation, de faire vivre leur famille.





L’on pourra penser au roman Chanson douce de Leïla Slimani, quand l’employeuse de Nisha réalise après coup ce dont elle ne s’était jusqu’ici aucunement souciée : la vie privée et les sentiments de celle qu’elle n’avait jamais imaginée qu’entièrement dédiée à son service. En vérité, pendant presque une décennie de partage de son intimité à elle, Petra n’a jamais eu en tête que la fonction, et non la personne, de son employée, tirant parti sans s’en douter du drame personnel de cette dernière, lui imposant ses préoccupations de femme aisée sans même se rendre compte de l’indécence du contraste entre son confort et la misère de l’autre. Pourtant, là n’est pas le pire. Car, cette indifférence généralisée, y compris des autorités, vis-à-vis de ces filles seules et sans recours, coincées par leur dette dans une situation de totale dépendance vis-à vis de leur agence et de leurs employeurs, favorise les pires abus dans le secret de ces maisons ou boutiques où elles sont parfois maltraitées, à peine logées et nourries, réduites en esclavage, et même agressées et tuées.





Au fur et à mesure que l’histoire de Nisha et de ses semblables se dévoile à Petra et à Yiannis, l’émotion se fait de plus en plus poignante, en même temps que l’inquiétude grandit. Et, alors qu’en parallèle, le lecteur assiste, consterné, au trafic de ce qu’Elif Shafak appelle « le caviar de Chypre » dans L’île aux arbres disparus, se superposent peu à peu l’image de ces nuées colorées d’oiseaux migrateurs, pris au piège des vastes filets et de la glu de l’industrie du braconnage aviaire chypriote, et celle de ses migrantes venues s’échouer, au terme d’un aventureux et courageux voyage, dans un autre traquenard tout aussi inextricable.





Christy Lefteri nous livre un nouveau roman empreint de chagrin et de révolte, inspiré comme le précédent de ses rencontres et de son engagement bénévole pour la cause des migrants. A n’en pas douter, le succès devrait être encore au rendez-vous, serrant bien des gorges et faisant même couler quelques larmes.





Merci à Babelio et aux éditions du Seuil de m’avoir offert cette lecture.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          924
L'Apiculteur d'Alep

Dans Alep dévastée par la guerre, alors qu’ils ont tout perdu, l’apiculteur Nuri finit par convaincre son épouse murée dans le chagrin qu’ils n’ont que trop tardé et qu’il leur faut partir. Avec pour seuls bagages la douleur de deuils impossibles et le traumatisme de la violence et de la peur, le couple entame alors un long et dangereux périple au travers de la Turquie et de la Grèce, dans le but de gagner l’Angleterre et d’y obtenir le statut de réfugiés.





Son expérience de bénévole dans un camp de migrants à Athènes a permis à l’auteur de recueillir les témoignages et les confidences de familles syriennes et afghanes réfugiées en Grèce : autant d’histoires bouleversantes qui ont nourri ce roman et lui ont donné un centrage émotionnel fort. Au-delà d’un aperçu des dramatiques conditions et obstacles qui jalonnent le parcours des migrants, le récit met l’accent sur l’intime et l’humain, nous faisant partager le désespoir engendré par le deuil et la perte, mais aussi l’extraordinaire résilience dont beaucoup de ces personnes déplacées savent faire preuve.





Ainsi, au beau milieu des drames et de la noirceur ambiante, l’on parvient tant bien que mal à se réchauffer le coeur à une petite flamme d’espoir et de vie, précairement entretenue par les souvenirs d’un passé serein et lumineux, par l’amour et la tendresse de deux époux accrochés l’un à l’autre, et par l’actif et continu soutien des populations locales et des organisations humanitaires.





Au travers de cette histoire particulière qui laisse perler l’espoir dans un chaos général où beaucoup de migrants se perdent, l’on devine la volonté de croire, pour les aidants bénévoles comme l’auteur, à ce que, heureusement, et en partie grâce à leurs efforts, un certain nombre de destins brisés puissent retrouver la lumière.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          916
L'Apiculteur d'Alep

J’étais bien partie avec ce roman. Une plume sensorielle avec des descriptions de grande beauté.

« Afra inhalait le monde comme si c’était une rose. Voilà pourquoi je l’aimais plus que la vie. »

Nuri est apiculteur et Afra est artiste peintre. Avec leur jeune fils Sami, ils auraient pu être tellement heureux dans leur pays qui sent si bon. Sauf que leur pays, c’est la Syrie et lorsqu’un pays est en guerre, plus rien n’est beau.



Malgré l’objection d’Afra à fuir, le couple n’aura d’autre choix que de tout quitter, soleil, abeilles, même les yeux d’Afra resteront clos à jamais sur un pays qu’elle n’arrivera jamais à oublier.



Quand je lis sur la couverture « une histoire d’amour fou », je suis à même d’espérer la voir et la ressentir cette histoire d’amour. Mis à part les quelques premières pages du début, je n’ai par la suite pas du tout ressenti cet amour. Le couple est quasiment absent de cette histoire au détriment d’une odyssée vers l’immigration qui ne m’aura pas plus passionnée que cela. Pour que les nombreuses épreuves que vont vivre le couple me chavirent, je dois sentir l’ancrage et la force émotionnelle de ce couple. Et il n’en a rien été. C’est une multiplication d’épreuves, de pas en avant, en arrière, sans jamais voir Nuri tenir la main d’Afra.



Mes 3 étoiles je les accorde pour la beauté de la plume et de certains passages qui m’ont beaucoup touchée. Mais l’ensemble me laisse une impression de déséquilibre.

J’ai regardé de loin Nuri, Afra et tous les autres victimes de la guerre avec un cœur qui n’aura pas gercé comme il aurait dû.
Commenter  J’apprécie          7913
Les Oiseaux chanteurs

Trois cents pages de poésie et de mystère aux cotés de Petra et Yiannis nous mènent à Chypre où les oiseaux et les domestiques finissent dans les mailles de filets plus ou moins mafieux et nous découvrent une ile qui a des atouts pour devenir un paradis, mais le malheur d’être, sur les routes de la soie, à l’intersection de trois continents, et de collecter et de blanchir des fonds à l’origine opaque …



De quoi offrir une belle enquête et d’émoustiller le lecteur qui s’attend à des révélations croustillantes. Mais qui se conclut par un dénouement aussi banal (hélas) que déconnecté du roman et de ses intrigues. Sans divulguer la conclusion, imaginez que Nisha, employée de Petra, amoureuse de Yiannis, chute de son escabeau en lavant les carreaux ou soit renversée sur un passage clouté par un chauffard alcoolisé, vous diriez que la romancière a raté l’atterrissage … et bien c’est l’impression que m’ont laissé ces cinquante dernières pages qui laissent braconniers et exploiteurs libres de poursuivre impunément leurs méfaits.



La vérité a besoin de temps conclut la romancière … le temps semble lui avoir manqué pour achever ses enquêtes … d’où ma déception.
Commenter  J’apprécie          763
L'Apiculteur d'Alep

C’est une histoire qu’il est indispensable de lire. Elle donne le véritable éclairage sur le drame que vivent des milliers de personnes chaque année, chassées de leur pays par la famine ou par une guerre. Ces gens migrants que l’on qualifie si facilement d’envahisseurs dans nos sociétés occidentales privilégiées. Ces gens qui effraient parce qu’ils ont une culture et une langue différentes de la nôtre et dont on craint qu’ils ne se répandent dans notre espace vital pour se l’approprier, le corrompre et faire naître le chaos.

« L’apiculteur d’Alep » révèle la véritable nature de ces gens, des hommes, des femmes, des enfants traumatisés, meurtris, condamnés à errer d’un camp à un autre après avoir affronter la mort de multiples fois, des gens qui avait une vie honorable et que la folie des hommes a anéantie l’espace d’une déflagration de bombe.

La peur de l’inconnu nous les a fait craindre, haïr ou mépriser, et pourtant, l’histoire de Christy Lefteri les révèle être pour la plupart des personnes avec une âme noble et douées d’humanité comme on en rencontre de moins en moins souvent dans nos démocraties.

A travers le plus beau métier au monde, celui qui entretient la vie, l’apiculteur, l’auteur raconte le voyage sans retour de Nuri, gardien des abeilles d’Alep et Afra, son épouse devenue aveugle depuis la mort de leur fils Sami, de Syrie en Grèce puis en Angleterre.

L’auteure n’est pas tombée dans l’écueil du reportage. Il s’agit bien d’une fiction basée sur des faits réels qu’elle a bien connus puisqu’elle a travaillée deux années consécutives dans un centre de migrants à Athènes. Elle a eu le talent de traiter un sujet aussi grave avec beaucoup de poésie.

C’est une lecture qui marque et qui ne peut laisser indifférent à moins d’être dénué de toute sensibilité. Une lecture qui rend intelligent.

Traduction de Karine Lalechère.

Editions du Seuil, Points grands romans, 325 pages.

Commenter  J’apprécie          644
L'Apiculteur d'Alep

Dès les premières pages, j’ai perdu mes repères.

Du bonheur au malheur, d’heure en heure l’apiculteur se meurt.

Livre détresse, lecture frayeur.

Les prédateurs brûlent ses repaires.

Il a eu son heure.

Nuri, bombe et cauchemar, fuite essentielle et vitale, son parcours, lourd.

Quitter son pays, partir avec Afra son amour.

De Syrie au Royaume-Uni.

De migrant à réfugié, tout est écrit dans ce road-movie de la vie.

D’Istanbul à Lesbos sans pathos et d’Athènes à Londres à se morfondre.

Happy, apiculteur, quand la mort te susurre des serments veloutés, que rien n’est moins sûr,

que rien n’aura plus d’importance. Ni la chaleur, ni les piqûres…



Je me suis senti mal à l’aise dans cette fiction qui sent trop fort la réalité.

Personnages de création dans un environnement réel, actes glaçants : tu as envie de t’entraîner au tir ? Simple, deux soldats parient celui qui va tirer, c’est un jeu, pour abattre…un enfant de huit ans !

J’ai approché l’errance et ses souffrances dans les lignes de Christy, je ne me suis jamais posé, ni reposé. J’ai couru tout le temps, haletant à tâcher de trouver un peu de baume au cœur pour Afra et Nuri dans les parcs piégés laissés à l’abandon où ils sont abrités avec leurs compagnons. J’étais sans cesse sur le qui-vive pour tous ces gens qui bravent la mort chaque jour qui commence.



Merci Christy de ce témoignage qui va me hanter, je croyais m’y perdre, je m’y suis trouvé encore un peu plus d’humanité.



Merci à Bashung à qui j’ai emprunté quelques lignes de sa superbe chanson : L’apiculteur.



Merci infiniment à Babelio et Seuil pour leur cadeau de masse-critique privilégiée.

Commenter  J’apprécie          645
Les Oiseaux chanteurs

J'aime les oiseaux, les regarder voler, les entendre chanter. Et pourtant j'en ai peur, une phobie qui m'empêche de les toucher, qui m'empêchera à vie de regarder le film "Les oiseaux" de peur de voir à l'écran mes pires cauchemars.

Cependant, les scènes de braconnage décrites dans ce livre ont été compliquées à lire pour moi. J'ai vu les images se former sous mes yeux et elles étaient difficilement soutenables. J'ai peur des oiseaux, mais jamais je ne souhaite qu'ils meurent.



Fin de ce préambule sur ce qui n'est pas le sujet principal de ce livre, mais qui aurait pu m'en détourner si ce n'avait été un cadeau de Babélio et des éditions du Seuil, lors d'une MC privilégiée. Je les en remercie.



Abandonner ce livre aurait été dommage. Il dénonce une situation scandaleuse: l'exploitation de jeunes femmes venues principalement d'Asie, pour être domestiques et exploitées sans vergogne par des employeurs qui peinent à leur reconnaitre un statut d'êtres humains . Elles sont du bétail et quand l'une disparait, les pouvoirs publics ne s'en inquiètent pas: aucune enquête ouverte, aucune recherche entamée.

Petra, l'employeuse de Nisha et Yiannis, son amant, celui qui voulait l'épouser, vont alors enquêter eux-mêmes. Ils finiront par savoir ce qui s'est passé. Entretemps, chacun d'eux aura évolué. la situation les aura amenés à réfléchir sur eux-mêmes, à devenir ce que Nisha voulait pour chacun d'entre eux.

Un roman empli de tristesse mais aussi de rédemption dans une construction que j'ai appréciée, avec ce découpage en chapitres racontés alternativement par Petra et par Yiannis. Et ces pauses auprès d'un lac rouge où l'on assiste à la décomposition lente du cadavre d'un lièvre, sans comprendre au premier abord le rapport avec l'histoire.



Commenter  J’apprécie          6218
Les Oiseaux chanteurs

« Vous êtes bien tombée avait dit la femme. Votre Sri Lankaise parle l’anglais. Ce n’est pas le cas de ma népalaise.

Un vrai cauchemar, croyez-moi.

Par bonheur, la conversation s’était arrêtée-là. »



Le roman lui, pouvait débuter là.

Parce que Nisha a disparu.

Celle qui travaille comme employée de maison de 6h00 à 19h00 sauf le dimanche mais qui doit rester tranquille pour être reposée la semaine.

Celle qui parle si bien l’anglais qu’elle est devenue plus proche d’Aliki, neuf ans, que de sa mère, Petra, celle qui est bien tombée.

Et puis, il y a l’amoureux de Nisha, Yiannis, le locataire du dessus de la maison de Petra, celui qui ramasse des champignons et des escargots mais qui a une autre activité plus lucrative mais moins reluisante. « Je pensais que tu étais différent. »



Tous les trois s’inquiètent de la disparition de Nisha comme moi, je m’en suis inquiété au fil de ces pages qui enflent sans cesse, envoutantes et bouleversantes où tout se dévoile avec une exquise lenteur si intense que malgré un drame probable on a le temps de voir voleter entre ombre et lumière par les persiennes entre-ouvertes les poussières dorées du soleil chypriote.



J’ai apprécié cette écriture fine qui inonde chaque pensée d’une myriade de réflexions.



Ce roman, équivalent au précédent « L’apiculteur d’Alep » parvient presque à dissimuler une atmosphère pesante et anxiogène par de sincères marques d’amour et de tendresse tant passionnelles que maternelles.

Malgré d’importantes fractures sociales et ethniques la compréhension et la compassion envers l’autre sont érigées comme des composantes incontournables de vies éventuellement apaisées.



« C’est une âme profondément bonne. Quelqu’un de bien. Il arrive toujours malheur aux gens bien. »



J’ai parfois ressenti certaines similitudes avec l’écriture poétique et incisive de Tracy Chevalier ou de Carole Martinez que j’affectionne particulièrement.



« Je t’aime, Nisha.

Je ne suis pas venue ici pour aimer qui que ce soit, dit-elle dans une seconde d’hésitation, me lâchant la main. Je suis ici pour pouvoir envoyer de l’argent à ma fille. »



La complexité des sentiments et des émotions de chacun des protagonistes est exprimée à la perfection, leur lourd passé est divulgué sans artifice traduisant leur comportement, leurs attentes, leurs joies et leurs peines. L’immigration obligatoire pour subsister est une plaie béante et douloureuse qui ne se referme jamais vraiment.



« Je n’aurais jamais pris en considération son droit à avoir sa propre vie. »



C’est un roman poignant où il n’y pas que les braconniers qui capturent certains oiseaux chanteurs dans des filets qui confisquent la liberté de vivre.



Merci à Babelio pour cette nasse critique privilégiée et au Seuil pour cet envol.

Commenter  J’apprécie          5510
Les Oiseaux chanteurs

Ouvrage reçu lors d'une opération Masse Critique privilégiée, je tiens d'abord à commencer cette critique par remercier babelio ainsi que les éditions du Seuil pour l'envoi de ce sublime ouvrage. Je ne connaissais pas du tout l'auteure avant d'entamer cette lecture (honte à moi qui travaille en bibliothèque, je pense que je vais très sérieusement tenter de me procurer "L'apiculteur d'Alep" de cette dernière qui a remporté un succès international (mais où avais-je donc les yeux et les oreilles). En parlant d'yeux et d'oreilles, justement, cela me permet de rebondir sur ce qui nous intéresse ici : sommes-nous tous aveugles (enfin moi surtout) pour ignorer la condition de certaines femmes (comme ici à Chypre) qui sont obligées de s'expatrier, de s'exiler malgré elles, abandonnant tout, parents et enfants, pour espérer trouver, non pas une vie meilleure ailleurs, mais simplement pour pouvoir travailler et envoyer de l'argent aux êtres qui leur sont les plus chers au monde afin qu'eux puissent, encore une fois, non pas avoir une vie meilleure, mais une vie décente ?



C'est ce que nous raconte l'auteure ici à travers l'histoire bouleversante de Nisha, une employée de maison sri-lankaise qui a trouvé "asile" dans à Chypre pour y travailler. Veuve trop jeune, elle a du laisser derrière elle e sa mère et de sa fille Kumari afin de pouvoir espérer gagner suffisamment d'argent (en plus de celui qu'elle devra rembourser à l'agence qui l'emploie...je suis scandalisée et encore le mot est faible) pour que ces êtres précieux qu'elle aime plus que tout au monde puisse continuer à (sur) vivre (encore une fois grosse indignation mais bon, je vais m'arrêter là sinon, je crois que je ne vais pas arrêter de répéter ce mot tout au long de cette "chronique" (mot qui me convient me que critique car là, ce n'est absolument pas le cas, bien au contraire, bien que le sens du mot critique n'ait rien de péjoratif à la base mais je trouve qu'il a pris une connotation qui abonde de plus en plus dans ce sens).



Vivant dorénavant auprès de Petra, celle qui deviendra sa nouvelle maîtresse et de sa fille Aliki, de deux ans plus jeune que la sienne, Nisha s'est habituée à cette vie. Elle n'est pas maltraitée, s'est profondément attachée à la jeune fille avec qui elle a beaucoup d'affinités et à même rencontré un jeune homme qui s'éprend éperdument d'elle : Yiannis. D'ailleurs, c'est au travers des yeux de ce dernier er de Petra que le lecteur apprend à découvrir Nisha, à l'ailer et à souffrir de cet éloignement d'avec sa fille qu'elle ne voit et avec laquelle elle ne parle qu'au travers d'un écran (une tablette ici). Cependant, si il y a bien une chose qui indispose plus que tout Niha, ce sont les activités illégales que pratiquent Yiannis et Séraphin (parmi tant d'autres) que sont le braconnage (illégal) d'oiseaux et le livraison auprès de particuliers et pas seulement ! Cela, elle ne le supporte pas mais Yiannis se sent coincé, enfermé dans cette affaire tout comme Nisha se sent enfermée dans ce monde qui n'est pas le sien : quel avenir pour ces deux-là qui en plus de ne pouvoir s'aimer librement, sont tous deux prisonniers d'un système régi par l'argent ?



Un roman extrêmement bien écrit, passionnant et écrit de la part d'une passionnée (cela se ressent) et que je ne peux que vous recommander (d'ailleurs plutôt deux fois qu'une) mais attention, vous n'en ressortirez pas indemnes car cette lecture laisse des traces et c'est tant mieux ai-je envie de rajouter !
Commenter  J’apprécie          553
Les Oiseaux chanteurs

Hasard de lecture, c’est le deuxième roman à quelques jours d’intervalle dont l‘action de déroule à Chypre, cette île à l’histoire récente mouvementée.



Ici il sera peu question de l’animosité entre turcs et chypriotes, mais plutôt des nombreuses jeunes filles asiatiques qui viennent sur l’île dans l’espoir de subvenir aux besoins de leurs familles restées aux Philippines ou au Sri Lanka, une main d’oeuvre économique, corvéable à merci et prise aux pièges de dettes qu’elles ont contractées pour leur acheminement.



L’une de ces femmes a disparu, sans explication, alors que, au service d’une jeune veuve et de sa fille, elle semblait plutôt heureuse de sa situation.



Son fiancé aussi s’inquiète, pour elle, qu’il venait de demander en mariage, mais aussi en raison de ses activités illicites, qui font mal à chaque fois que l’on assiste au carnage : il piège des milliers de tout petits oiseaux destinés à être consommés en toute illégalité. Chaque oiseau mort est un déchirement pour le lecteur, pour le massacre écologique et pour la cruauté des méthodes.



L’enquête n’intéresse pas les autorités, c’est donc avec leurs propres moyens limités que les proches de Nisha tenteront de faire éclater la vérité.





Le roman attire l’attention sur le sort des jeunes filles employées comme domestiques, loin de chez elles, émigrées par nécessité, souvent exploitées et maltraitées, et nous ne sommes pas au dix-neuvième siècle , mais de nos jours ! Les émotions sont au rendez-vous : colère, compassion, tristesse, que l’auteur sait invoquer au fil des pages.



Deux raisons de lire Les oiseaux chanteurs : la cause des exploités et la cause écologique.



Merci à Babelio et aux éditions du Seuil


Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          540
Les Oiseaux chanteurs

Chypre, 2016. Voilà neuf ans que la jeune Nisha, d'origine sri-lankaise, a été engagée comme nounou par Petra. Celle-ci venait d'accoucher, quelques semaines après le décès de son mari, elle était seule, déprimée, dépassée par la situation.

A l'époque, Nisha, comme beaucoup de jeunes femmes du sud-est asiatique, avait tout quitté dans l'espoir de gagner sa vie dignement ailleurs, et de subvenir aux besoins de sa famille restée au pays.

A Chypre, Nisha est plutôt bien tombée, elle travaille sans relâche six jours par semaine, mais Petra la traite aussi correctement qu'on peut traiter une domestique. Et puis, il y a Yannis, le locataire qui occupe le premier étage de la maison, qui vit secrètement du braconnage d'oiseaux pour le compte d'un dangereux réseau de trafiquants, et qui est fou amoureux de Nisha.

Pourtant un jour, celle-ci se volatilise, en laissant derrière elle son passeport et d'autres choses précieuses à ses yeux. Petra signale la disparition de Nisha à la police, qui ne donne aucune suite. Petra et Yannis comprennent vite qu'ils ne pourront compter que sur eux-mêmes, et se lancent dans leur propre enquête.



Facile à lire et plein de bons sentiments, « Les oiseaux chanteurs » est cependant un roman un peu léger et mou à mon goût. le thème m'intéressait pourtant, je n'avais encore rien lu sur la migration économique (et légale) de ces jeunes femmes asiatiques exploitées (y compris sexuellement pour les plus malchanceuses) par de riches employeurs européens et les agences de placement (qui leur garantissent un travail en Europe moyennant une caution faramineuse qu'elles mettront des années à rembourser). Mais je reste sur ma faim, le sujet est traité avec candeur et simplisme, en restant à la surface des choses. L'idée d'établir le parallèle avec le braconnage n'est pas mauvaise : ces esclaves modernes et les oiseaux sont des innocents pris dans des pièges qui rapportent gros à d'autres, et ils ne peuvent en sortir que par la mort ou avec une aide extérieure (plutôt rare). Mais cela m'a semblé artificiel, édifiant et « facile » : exploiter les travailleurs, c'est mal, exploiter la Nature, c'est mal.

Quant aux personnages, ils ne sont pas très incarnés, ni cernés psychologiquement. Celui de Petra est caricatural et/ou peu crédible : ce n'est que quand Nisha disparaît que Petra semble se rendre compte (après presque dix ans!) de son existence et de son importance, et qu'elle s'étonne que sa propre fille soit plus proche de sa nounou que d'elle-même. Je me demande encore si elle s'inquiétait réellement du sort de Nisha en tant qu'être humain, ou si elle paniquait seulement à l'idée de devoir faire le ménage et élever sa fille elle-même. Quant à Yannis, son locataire depuis deux ans et qui habite juste au-dessus, elle le connaît à peine, n'a jamais soupçonné sa relation avec Nisha, ni son activité de braconnage (alors qu'il possède plusieurs frigos industriels et remplit des sacs poubelles entiers de plumes d'oiseaux).

Au final, c'est un peu long, un peu lent, un peu larmoyant, et l'enquête est résolue en quelques paragraphes. La lecture est fluide et pas désagréable, et l'intention de départ était louable, mais je trouve que le résultat manque de profondeur et de révolte.



En partenariat avec les Editions du Seuil via une opération Masse Critique privilégiée de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          530
L'Apiculteur d'Alep

Le "Printemps arabe" ,qui devrait être un pluriel, est un mouvement de contestations populaires qui va faire vaciller certains régimes du Maghreb et du Machrek à partir de la toute fin de l'année 2010.

Il va chronologiquement concerner d'abord la Tunisie, puis partiellement l'Algérie et la Jordanie, l'Égypte, le Yémen, Bahreïn, la Libye, le Maroc et enfin, le 19 mars 2011 la Syrie.

Chacun des pays cités a connu un sort différent.

La Tunisie, la Libye et l'Égypte se sont retrouvés avec de nouveaux leaders mais avec des régimes dans lesquels la démocratie et les droits de l'homme ont peu ou toujours pas leur place, exception faite peut-être de la Tunisie...

L'Algérie, la Jordanie, le Maroc ont turbulé mais sans céder.

Au Yémen et à la Syrie a été réservé le pire...



Je tenais à ce rappel parce que je ne suis pas sûr que tous les lecteurs de ce roman l'aient à l'esprit et parce que personnellement "mobilisé" depuis 2011 sur le drame syrien, j'ai lu ledit roman avec un vécu qui n'est certes pas celui de Chrity Lefteri qui, elle, a été marquée par son expérience de bénévole au "Faros Hope Center", un centre d'accueil pour les réfugiés à Athènes, mais qui est celui d'un militant concerné et encore actif.



La ville d'Alep compte presque trois millions d'habitants avant le déclenchement de la guerre civile.

C'est une ville prospère où il ferait bon vivre sans la dictature Assad.

Mais c'est là que vivent néanmoins heureux, Nuri apiculteur, Afra son épouse artiste peintre et Sami leur petit garçon de cinq ans.

Nuri est associé à son cousin Mustafa, lequel est marié à Dahab, et a deux enfants, une fille Aya et un garçon Firas.

La guerre civile va bouleverser la vie de ces hommes et de ces femmes qui ne demandaient rien d'autre que de vivre leur vie en paix.

Mustafa va envoyer, par prudence, Dahab et Aya en éclaireuses en Angleterre.

Mais la situation va empirer, la guerre civile va dans un premier temps voir s'affronter les sbires d'el-Assad et l'Armée syrienne libre.

En 2015, l'année où se déroule cette histoire, la coalition Fatah Halab rassemble des dizaines de groupes d'insurgés, sans parler du tristement célèbre État islamique.

Alep est le théâtre des pires affrontements et des pires exactions.

Firas et Sami sont tués.

Firas est "exécuté", Sami est tué par l'explosion d'un obus.

Toutes leurs ruches sont brûlées.

Mustafa part rejoindre Dahab et Aya en Angleterre, conjurant son cousin de le rejoindre.

Mais Afra qui a perdu la vue au moment de l'explosion qui a tué Sami, refuse de quitter Alep.

Il faudra que la vie de son mari soit directement menacée pour qu'elle consente à l'exil et que tous deux empruntent le terrible chemin de la fuite et fassent connaissance avec ce qu'est le sort des réfugiés.



Ce roman très touchant est à la fois le récit d'un exil et le témoignage de toutes les histoires des exilés qu'a rencontrés Christy Lefteri.



C'est l'histoire de ces terribles traumatismes engendrés par la guerre, l'exil et les conditions de l'exil.

C'est l'histoire des traumatismes nés du deuil.

C'est aussi et surtout l'histoire de trois cécités.

Celle d'Afra qui ne veut plus voir.

Celle de Nuri qui, se refusant de voir la réalité, s'est inventé une réalité alternative.

Notre cécité qui s'est habituée à passer d'une actualité à l'autre ou à pas d'actualité.

Mais c'est aussi l'histoire d'un long chemin vers la résilience.

Une résilience à laquelle seul l'amour peut donner naissance ou re-naissance.



Christy Lefteri maîtrise son sujet. L'histoire de Nuri, d'Afra, de Sami, de Mohamed, et de tous ceux qu'on appelle avec l'inconvenance du confort "les migrants", est relatée avec beaucoup de réalisme, d'humanisme, d'empathie, mais sans céder à la tentation du pathos, de l'emphase ou du lyrisme.

C'est un roman qui porte les labels "honnêteté" et "authenticité".

La plume a d'indéniables qualités.

La structure narrative est originale ; le livre est séquencé entre l'Angleterre, la Turquie, la Grèce, Alep et quelques flashbacks avec pour chacun un trait d'union sous la forme d'un mot qui permet de passer d'un chapitre à l'autre, d'un lieu à l'autre, d'une temporalité à l'autre.



Je vous recommande ce très bon livre et y ajoute celui de Raphaël Pitti - Va où l'humanité te porte -, livre ( chroniqué sur Babelio ) témoignage d'un médecin de guerre qui est intervenu en Syrie et qui oeuvre à présent pour l'Ukraine...

Pour conclure, je ne peux m'empêcher de faire le lien "thématique" entre ces deux cousins apiculteurs à Alep et cet apiculteur du Donbass et ses "abeilles grises" qu'Andreï Kourkov a mis en scène dans un livre magnifique, que je vous recommande également.



Commenter  J’apprécie          496
L'Apiculteur d'Alep

Je ne m’attendais pas à être aussi remuée par l’apiculteur d’Alep.

Par l’apiculteur et la peintre d’Alep.

Et leur petit garçon.

Et le petit Mohammed.

L’histoire débute dans la lumière dorée des prés de Syrie, le zonzonnement paisible des abeilles, les rangées de belles ruches alignées, le parfum des fleurs et du miel.

Elle se termine dans une petite ville du Sud de l’Angleterre, dans une courette bétonnée où un bourdon privé d’ailes vit sa petite vie sur un pissenlit.

Mais entre les deux…

Entre les deux, c’est d’abord une dictature qui tue ses enfants, c’est la guerre, d’atroces bombardements, des deuils.

Puis le parcours désespéré de l’exil, les réseaux de passeurs, les bateaux pneumatiques, les camps de réfugiés, là où le pire peut arriver.

Les camps de réfugiés où l’autrice a travaillé comme bénévole, où elle a écouté les récits.

Et où l’idée de ce roman est née.

Car c’est un roman, et c’est ce qui fait sa force.

Parce qu’elle a un vrai talent, Christy Lefteri, pour faire passer l’émotion dans des phrases courtes, dans de petits gestes du quotidien, dans des personnages si poignants, ce mari, cette femme, qui s’épaulent et se soutiennent tour à tour quand l’un ou l’autre sombre.

Si j’ai eu la gorge serrée tout du long, j’avoue que la fin m’a fait pleurer ; même les remerciements – c’est dire – où elle explique avoir "écrit cette histoire pour essayer de montrer ce qui se passe entre les gens qui s’aiment, quand ils ont tout perdu."



Traduction impeccable de Karine Lalechère.



Challenge Globe-trotter (Chypre)
Commenter  J’apprécie          4814
Les Oiseaux chanteurs

Commandé à la Librairie Périple2- Boulogne-Billancourt- 8 septembre 2022



Une lecture dévorée en 24 heures... et pourtant quel uppercut !....



Deuxième texte que je lis de Christy Lefteri, après "L'Apiculteur d'Alep "; après les migrants, l'auteure s'est intéressée et documentée sur toutes ces "femmes étrangères" invisibles, qui doivent quitter leur pays, parfois leur(s) enfants, pour faire vivre leur famille, pouvoir apporter des soins à leurs parents vieillissants, etc.



Comme "L'Apiculteur d'Alep", Christy Lefteri a été sur le terrain, s'est informée auprès d'associations, de professionnels, et de ces "femmes" elles-mêmes, pour leur redonner "une existence", "une visibilité"...



Nous ferons connaissance avec Nisha, qui disparait brusquement de chez sa patronne , Petra, pour laquelle elle travaille depuis près de dix ans... Disparition brusque, inexpliquée, inquiétante , d'autant plus que Nisha s'occupe depuis toutes ces années dela petite fille de Petra,Aliki, et qu'elle l'adore. Elle ne serait jamais partie sans lui dire "Au Revoir" !



L'angoisse monte, Nisha interroge ses amies, ses connaissances, son amoureux, Yiannis, mais aucun n'en sait guère plus qu'elle... Elle va se décider à aller signaler cette disparition anormale à la police, qui se moque éperdument de chercher des "travailleuses étrangères"...Pour la police c'est une perte de temps, ces femmes n'en valent pas la peine !!!



Petra va donc décider de faire son enquête toute seule ou plutôt avec l'aide de Yiannis, des autres "employées de maison étrangères" connaissant Nisha...et de nouveaux contacts; toutefois le mystère s'épaissit ainsi que la peur terrible qu'il soit arrivé quelque chose de très grave à Nisha...



La tension monte... Nous allons faire connaissance des différents personnages gravitant auprès de Nisha: son amoureux caché, Yiannis, qui à la suite de la ruine et la fermeture de sa banque, se "dépatouille" pour gagner sa vie; ainsi, il s'est mis dans un circuit mafieux ,en faisant du braconnage d'"Oiseaux chanteurs" qu'ils tuent, préparent et livrent à des restaurants huppés....avec un ami d'enfance, lui, fort peu embarrassé d'états d'âme

ni de scrupules ....



Petra, jeune veuve comme Nisha, a une boutique d'optique, gagne bien sa vie, est une bourgeoise, qui se paye une "domestique à demeure" qu'elle considère ( comme le font les autres employeurs) comme sa propriété....



Avec sa disparition, Petra va prendre conscience progressivement de son égoïsme et combien Nisha , depuis 10 ans est devenue "l'âme de sa maison"...



"Je pris soudain conscience de ce que je disais.Nisha vivait ici depuis près de dix ans, et pendant tout ce temps, elle ne nous avait quittées que pendant deux jours.Elle avait pris soin de ma fille, l'avait aimée, elle avait récuré mes sols et mes toilettes, elle avait préparé nos repas et entretenu le jardin.Elle époussetait quotidiennement la photo de Stephanos.Mal à l'aise, je songeais à l'expression de son visage lorsqu'elle nettoyait le cadre.Elle aussi avait perdu un époux. Elle nous avait tout donné avec une telle générosité qu'elle était devenue l'âme de cette maison.Et pourtant, j'ignorais tout de sa vie."



Le récit se fait entre celui de Petra et celui de Yiannis, et nous les voyons, au fil de leurs recherches, de leur enquête pour retrouver Nisha,... évoluer de façon magistrale sous l'influence rayonnante de Nisha, absente et disparue !



Un livre très , très fort , dont on ne peut guère sortir indemne !

Poésie, douleur, révolte, empathie...Rébellion contre l'injustice faite à ces femmes, qui après ces tragiques disparitions, vont se lever d'un seul choeur, afin de réclamer les simples droits dûs à chaque être humain !



Sans oublier l'ode à la nature et à tous les oiseaux, en montrant et dénonçant par là- même, les méthodes immondes de braconnage de ces " oiseaux chanteurs"....



Toutefois, L'Espoir est là, à l'horizon...avec tous les êtres de bonne volonté, transformés par le drame !
Commenter  J’apprécie          455
Les Oiseaux chanteurs





Bienvenue à Chypre : un jour Petra commence s’inquiéter car Nisha, la nourrice de sa fille Aliki a semble-t-il disparu, alors que la veille elles étaient parties faire une balade en montagne. Nisha voulait que sa patronne l’autorise à sortir le soir pour quelque chose d’urgent mais Petra avait dit non, sans même lui demander de quoi il s’agissait !



Nisha occupe une chambre dans la maison, mais elle est vide. Dans l’appartement au-dessus vit Iannis, locataire de Petra qui, commence lui-aussi à s’inquiéter de la disparition de la jeune femme. Il l’a demandée en mariage la veille, alors a-t-elle seulement voulu fuir ou est-ce plus compliqué ?



On apprend beaucoup de choses sur le sort de ces femmes, qui triment 12 ou 15 heures par jour voire plus, certaines étant battues, violées parfois. Elles ont quitté leur pays d’origine à cause de la misère, où elles ont une famille à entretenir doivent rembourser l’agence qui les a fait venir et sont considérées comme des moins que rien.



L’auteure nous montre la prise de conscience de Petra : trop préoccupée d’elle-même, elle ne sait rien de l’histoire de Nisha, de la place qu’elle occupe dans le cœur de sa fille ou celle de Iannis (dont elle ne sait guère plus !)



J’ai eu du mal avec les descriptions de la chasse à la glu et je n’ai vraiment lu que la première, pour les autres scènes la concernant, j’ai lu en travers, car la nausée s’était installée. Ce sont des choses qui existent et il est important de le savoir, surtout quand ces procédés permettent avant tout la survie des braconniers. Et surtout, on connait la lente agonie de ces oiseaux…



C’est une belle histoire, racontée avec beaucoup de délicatesse, qui permet de découvrir la culture de Chypre, comme celle du Sri Lanka. L’intrigue monte en puissance, d’autres personnes entre en scène : « domestiques » amies de Nisha en particulier qui ont toutes une personnalité différente, attachante, ou des personnes qui les aident et qui contrairement à la police s’intéressent à leur disparition ou simplement leurs difficultés. Sans oublier Aliki, petite fille âgée de 9 ans seulement sur le charme de laquelle je suis tombée immédiatement.



La couverture est superbe !



Encore un roman qui ne se lâche pas, alors qu’on a envie de faire durer le plaisir en ralentissant la lecture pour faire durer le plaisir.



Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure dont j’avais noté déjà le précédent roman « L’apiculteur d’Alep » mais vu l’état de ma PAL, il est toujours à l’état de projet…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          450




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Christy Lefteri (651)Voir plus

Quiz Voir plus

Percy Jackson: Le voleur de foudre

Comment s'appelle l'endroit où Percy, sa mère et Grover se rendent poursuivis par un minotaure?

Le camp des demi-dieux
La colonie des sang-mêlés
Le camping des sang-mêlés
La colonie des semi-dieux

16 questions
273 lecteurs ont répondu
Thème : Percy Jackson et les Olympiens, tome 1 : Le Voleur de foudre de Rick RiordanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}