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Citations de Corinne Royer (191)


Chaque fois qu'il s'était projeté dans l'avenir, c'était avec ses terres et son bétail. Pour le reste, jamais il ne s'était senti envieux. Ni de ceux qui s'échinent à l'usine pour des rêves aussi étroits qu'une véranda et une berline métallisée, ni de ceux qui se pavanent dans des bureaux climatisés et règlent la marche du monde en se faisant croire qu'il tourne rond. Il n'était prêt à payer ni le prix de la soumission ni celui de l'arrogance. Ce qu'il obtenait, c'est la terre qui consentait à le lui donner, et seul le prix qu'elle réclamait lui convenait, celui de la sueur et de la patience chevillée au corps.
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On ne les choisit pas, les femmes ou les hommes qui nous sont chers. Ils sont là, ils nous tombent dessus et on s'en réjouit.
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Il regarda autour de lui, s'étonna de tant de beauté. Les mélèzes levaient vers le ciel leurs troncs gris dont l'écorce, sur la partie la plus haute, se teintait de reflets brunâtres. Ils étaient couverts des chatons qui pendaient au-dessus des branches, nombreux et jaunes pour les mâles, d'un rouge très vif pour les femelles. La lumière dansait sur le vert clair des aiguilles, créant des scintillements comme des milliers d'yeux minuscules qui jouaient à disparaître sous les feuillages pour venir à nouveau s'attrouper aux extrémités des ramures. Un soupir émerveillé se forma sur ses lèvres et il pria pour qu'un tel ordonnancement ne soit jamais perturbé par la convoitise des hommes qui toujours s'entêtent à détruire ce qu'il y a de plus beau.
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Il a parlé. Il a laissé sortir tout ce fatras qui l'encombrait. Au fur et à mesure qu'il racontait, sa voix s'éclaircissait. À la fin, ça coulait tout seul, comme les choses quand elles viennent de cet endroit qu'on appelle le fond de l'âme. Je crois qu'on nomme ça mélancolie. Il m'en a parlé, de la mélancolie. Il m'a demandé si je savais ce que c'était. J'ai répondu que je voyais à peu près mais que je ne saurais pas le décrire avec des mots. Alors il a dit, T'as déjà vu une éclipse ? Eh bien c'est ça la mélancolie, c'est la lune qui se glisse devant le cœur, et le cœur qui ne donne plus sa lumière, la mélancolie, c'est la nuit en plein jour. C'est pas de moi, il a ajouté, c'est dans un livre, La Folle Allure, ça s'appelle.
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Laisse aller ta révolte, Colosse, laisse-la courir, c'est pas fait pour être tenu en laisse, la révolte, c'est pas fait pour marcher au pied d'un maître, rien autour du cou, pas d'entraves, rien à faire de la chienne de vie qu'ils te font, ni chaîne ni collier, lève-toi, Colosse, lève-toi et ne te rends à nul autre qu'à la beauté du monde.
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On n'était pas d'accord, avec Jacques. Je prétendais qu'on n'avait pas besoin d'être labellisés pour prendre soin de la terre et des bêtes. Ce que j'en pense, c'est qu'il ne devrait pas y avoir de normes pour le bio, c'est le bio qui devrait être la norme. Et ce sont les autres, tous ceux qui produisent de la merde à la tonne, qui devraient faire l'objet des contrôles. On mettrait de grosses étiquettes à tête de mort dans les rayons, des rangées de merde en pack bien identifiées, à des prix exorbitants, réservés aux nantis, parce que c'est ça aussi le malheur : ce qui est mauvais pour les riches, on prétend que c'est bon pour les pauvres.
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Il avait imaginé que son empêchement quant à un réel engagement relevait de cette nécessité d'être sûr de son choix alors que, de toute évidence, il n'est jamais possible de l'être – on ne peut que faire confiance à ce que racontent nos passions qui sont le plus souvent soit trop naïves soit terriblement menteuses.
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Je n'ai jamais connu de rire semblable à celui de Jacques. Il formait comme un grand vent, il secouait toute la tablée, c'était un rire en tornades. Il naissait dans le bas-ventre, montait dans la poitrine, faisait enfler la gorge et soufflait des sons graves émaillés d'une sorte de sifflement qui grésillaient quelques secondes, puis reprenaient de plus belle. Jusqu'à la fin, il nous en aura fait don sans faillir. Avec ce rire, tout était balayé. On pouvait repartir à zéro, rebâtir sur de nouvelles bases. On oubliait les signes les plus criants de l'effondrement, le monde paysan qui hurlait à nos tempes et aucune consolation en vue. Oui, c'était quelque chose, son rire de titan.
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C'est vrai qu'aux Combettes, il y en avait partout, des livres, on en trouvait même dans l'étable. Toutes ces pages avec des mots qui sautillaient dedans, c'était sa façon à lui de faire danser la vie.
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Il expliquerait qu'il ne se rendrait pas tant que sa voix n'aurait pas été entendue , tant que la mesure ne serait pas prise de l'aberration d'un système qui éliminait les paysans aussi sûrement que des mouches sur un piège électrique, grillait tout sans distinction - le présent et l'avenir. Il faudrait bien que cesse cette odeur de roussi qui gagnait les campagnes. Il faudrait en finir avec cette administration qui allumait des feux chez les petits éleveurs, leur reprochait aussitôt de ne pas savoir les circonscrire alors que d'imminentes catastrophes couvaient en toute impunité chez ceux que ce même système avait décidé de placer sous son aile - parce qu' ils pesaient sur les emplois, qu'ils faisaient vivre les banques, les coopératives, les fabricants de glyphosate, les poids lourds de l'agro-industrie, les géants de la grande distribution. (P.65)
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Ils pensaient que ce qui faisait le grand drame du monde n'était pas les fausses victoires mais l'incapacité des imposteurs à s'en contenter.
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Sans doute ne part-on jamais que pour cet unique motif, pensa-t-il, opérer un rapprochement entre ce qui a été ébauché et ce qui est advenu, tenter une illusoire conciliation entre l'immensité des aspirations premières et la réalité d'une existence dégrossie au rabot – une vie comme un théâtre où l'on gesticule à l'étroit sur une scène semée d'esquilles alors qu'on avait entrepris de jouer pieds nus sous les étoiles.
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Il noircissait les pages du petit carnet
Il écrivait. Il combattait à mains nues.
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Car Jacques Bonhomme avait eu un cheptel et des terres. IL avait eu un endroit où, chaque aurore et chaque crépuscule, il se sentait chez lui au point de se confondre avec le jour, avec la nuit.
Qu'avait-il esquivé qu'il ne fût capable d'affronter ? Qui avait-il réellement fui ? Les fonctionnaires d’État, les ombres bleu marine, les blouses blanches auxquelles on avait voulu le livrer en prétextant qu'il avait perdu la raison ?
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Ils m'ont appris qu'il ne faut pas confondre la révolte et la rage, que l'une bâtit et que l'autre saccage.
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il était plus délicat et infiniment plus risqué de s’attaquer aux dérives des grands groupes industriels que de sanctionner un petit paysan parce qu’il n’avait pas déclaré dans les délais les naissance de ses veaux.
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Ceux qui ne peuvent pas suivre se retrouvent vite hors des clous. A partir de là, c’est tout le système qui bat de l’aile, les contrôles deviennent finalement le moyen de faire en sorte que l’agriculteur soit un bon créancier pour les banques et un bon consommateur de produits industriels. Il faut qu’il s’inscrive parfaitement dans le schéma productiviste devenu celui de l’agriculture moderne.
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On est bien dans l'air des crépuscules, on a l'impression de faire partie du soir.
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C'est toujours comme ça, les premières fois, ça met toujours de l'eau dans les yeux. Et si les jours ne sont pas contraires, tout ce qui se forme ensuite se nourrit à cette première source. Jacques le disait bien mieux que moi, avec un grand mouvement de main et un petit tremblement dans la voix, Il faut laisser jaillir les sources, sans quoi les vergers ne nourrissent plus que le souvenir des oiseaux.
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Puis je l’ai prononcée d’une seule traite, la phrase d’Orwell, Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime, il est complice.
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