Citations de Daniel Boulanger (239)
RETOUCHE À L’HOMME
Il se fait des contes et ne peut les suivre,
la terre à sa cheville.
Alors, il redevient l’enfant inconsolable
et mains au dos
brise le jouet du temps.
retouche au regret
dans le jardin du souvenir
peuplé de statues sans prunelles
à tout désir devenu pierre
l’amour se brise l’aile
"[...] il faut prendre nos semblables comme ils sont et nous enrichir de leurs différences."
"Peut-on se croire le propriétaire d'un être, alors que l'on ne l'est déjà pas de soi-même ? Nous sommes en location sur cette terre."
Retouche à la résignation…
retouche à la résignation
mon cœur ne fait plus de bruit
pas plus que sous la porte
blanche et ses mots de nuit
la lettre du premier amour
Les livres, c'est malsain, je l'ai toujours dit, fit Rose. Si j'avais un fils, ce n'est pas vers ça que je l'aiguillerais. Une atmosphère d'encre !
Page 125
Retouche à l'absence
Tombé du temps
ton souvenir posé sur mon âme qui plie
a refermé ses ailes
Il arracha la page qu'il venait d'écrire, jugeant que l'héroïne qu'il menait depuis trois cents pages dans les caves de l'amour, en compagnie de blêmes déséquilibrés, lui forçait la main pour retourner au jour. Il n'était pas encore temps.
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Étoile qui passes d'un arbre à l'autre
Filant ton chant léger
la maison prend le large
et les enfants à la fenêtre
montrent du doigt le point du ciel
aussi doux que des lèvres
où la parole est née
( retouche à la prière du soir)
"[...] tout enterrement est le nôtre, en tout cas une part du nôtre."
retouche au poète
vers le dernier rectangle de silence
son chien rassemble et dirige les mots
Retouche à l'attente
en flamme au milieu des miroirs
le silence
prend la forme de l'aimée
L'absurde matin pitoyable qui suit les nuits folles et recouvre leur corps souillé, Aliette le regardait.
retouche au vestibule
éboulement des couleurs
sur le pavement du jour
le pied nu du silence
marque les carreaux alternés
pour le soir entre deux chaises
la fenêtre à l'air d'une question mal posée
p.130
Celle-là, Maurice Forge la surnommait Félone. C'était une blonde qui le désennuyait quelquefois et l'ennuyait beaucoup, mais il en avait pris l 'habitude.
A coups de marteau, Dièze dont la renommée n'est plus à faire travaillait une femme ouverte. Des poussières de marbre étoilaient sa barbe. Il se mit à genoux, passa la main entre les cuisses de la statue qui se tordait sur un lit de planche et en retira un éclat. Le jour se trouvait mal. Dièze tira la voilure de la verrière, alluma les lampes au bout de leurs longues tiges, en dirigea les faisceaux sur son oeuvre et grogna:
- J'aime mieux le cheval.
Les habitants, bousiers silencieux, poussaient les poubelles aux bords des rues.
Page 126
Et tandis que les sondes humaines volaient vers Vénus et qu'en état d'apesanteur des scientifiques épouillaient la lune, Dupérier agité de la même fringale fixait sur la pellicule le lieu de sa rencontre avec Marthe.
retouche au mauve
écho de longue peine
roucoulement dont l’or s’écaille
l’ombre pose des pierres
sur ta pièce de soie
retouche au délaissement
la lumière a des trous de mémoire
de l'amour que la mort aimait
il reste au mur la trace d'un portrait
aux angles de la nuit les araignées du rêve
p.39