Une oeuvre poétique aussi prolifique, exubérante et atypique que la vie de son auteur! Romancier, poète, scénariste, acteur, bourlingueur, il a touché à tout avec bonheur.
On peut dire que Daniel Boulanger a inventé un genre en poésie: ces fameuses retouches. Comme il l'explique lui-même, constatant que les lettres qu'il envoyait se ressemblaient toutes, il a voulu aller à l'essentiel, concentrer ses idées et ses sentiments en poèmes, ciselés et courts. Il en a écrit durant toute sa vie. Ce recueil , pourtant bien fourni, n'en retient que certains.Le résultat? Subtil, tout en finesse et en complexité.
Beaucoup de ces textes sont fulgurants de justesse, et les images superbes:
" Retouche à la halte
Sous les arbres
le temps se caresse
les feuilles inventent l'infini "
L'auteur mêle les ressentis, nostalgie, observation attentive du décor, de la nature, dérision et.... humour: je ne peux résister à la tentation:
Retouche à l'Ecosse
pressant la cornemuse du ciel
danse la mer en kilt
et l'on surprend
sous les grands rectangles gris et verts qui se déforment
son sexe bouclé "...
D'autres poèmes m'ont laissé perplexe, je ne vois pas toujours le lien entre le titre et le texte. Mais même dans ce cas, il y a toujours un vers qui me capte et m'éblouit:
" ton nom fait frissonner tous les haras du vent"
On pourrait penser que ces retouches sont juste un jeu, un peu à la manière des surréalistes, mais c'est bien plus que cela, l'auteur touche à la pureté des mots, à leur sens le plus abouti, le plus déroutant parfois. Comme il l'écrit dans " Retouche aux mots", " Comme les pavés devant ma maison, ils m'intéressent surtout pour l'herbe qui poussent entre eux." Alors, observons cette verdure avec Daniel Boulanger, débusquons la beauté et l'inattendu, grâce à lui!
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si peu de mots, pour éclairer l'essentiel
chapeau l'artiste
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si peu de mots, pour éclairer l'essentiel
chapeau l'artiste
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Étoile qui passes d'un arbre à l'autre
Filant ton chant léger
la maison prend le large
et les enfants à la fenêtre
montrent du doigt le point du ciel
aussi doux que des lèvres
où la parole est née
( retouche à la prière du soir)
Retouche au poème
frisson de la nuit claire
l'amour en barque
descend la voie lactée des mots
sa main dans l'onde à pierreries
silence en herbe sur les rives
Retouche à l'attente
en flamme au milieu des miroirs
le silence
prend la forme de l'aimée
Dans les fossés du parc. Le saut-de-loup est tapissé de lierre et le lierre ressemble aux taches de vin dont certains se masquent dès leur naissance. Au fond des douves on joue à saute-mouton avec des tonneaux. Un homme à bonnet d'astrakan fait pleurer des femmes en tablier blanc, coiffées de bonnets à tuyaux Il montre sous sa veste à brandebourgs des trous laissés par la guerre.
retouche à une fête populaire
Retouche aux chagrins
leurs bateaux de papier
descendent l'eau de mes rues vides
poussés par le balai du temps