Spoilers.
Un livre qui ne tient pas ses promesses. Il commence fort avec une anticipation intrigante : on voit trois adolescents sortir de terre, blessés, dans un état étrange mais riant aux éclats. Que leur est-il arrivé ?
La première partie du roman est très bien, elle pose l'ambiance. On est dans une petite bourgade hantée par son passé quand les enfants allaient travailler à la mine de charbon. Fin du XIXe siècle, plus de 100 enfants y ont trouvé la mort suite à un effondrement. Des légendes circulaient entre les mineurs, les anciens qui ne sont pas morts en parlent encore entre eux, discrètement, allusivement... La mort rôde, dans une menace sourde. Elle est partout. Elle est la raison du retour de Kit et sa famille dans cette ville, sa grand-mère est morte et son grand-père, vieillissant, ne peut plus vivre seul.
L'auteur sait installer une atmosphère lourde, mélancolique, qui flirte avec le fantastique. Dès le début, le personnage mystérieux et franchement inquiétant d'Askew, qui initie Kit au "Jeu de la Mort", crée un suspense très fort chez le lecteur. Déjà la peur s'installe, avec ces jeunes qui descendent sous terre, Askew sorte de prédictateur qui arrive à hypnotiser d'un geste ses adeptes et à les jeter dans la mort... Désir morbide chez ces jeunes. Les premières pages nous plongent dans le doute : font-ils semblant ? Kit semble très sensible, les paroles qu'ils échangent avec Askew, leurs noms sur le monument aux morts... L'auteur maîtrise très bien les codes du fantastique et du surnaturel !
Malheureusement, seule cette première partie est digne d'intérêt, car lors d'une autre cérémonie, la professeure de français surgit et interrompt brutalement le jeu, ce qui est un geste terrible car Askew avait prévenu : personne ne doit interrompre le jeu au risque de condamner la personne désignée à devenir un "mort-vivant". Kit est réveillé de son évanouissement mortel par l'enseignante, et alors on croit que le livre va prendre une nouvelle tournure : Kit va-t-il devenir un mort-vivant ? qu'est-ce que cela signifie ?
Mais rien de tout cela, le livre s'enlise et piétine. le Jeu de la Mort est arrêté, le groupe s'évite, Askew disparaît, ne vient plus à l'école. L'intrigue se resserre sur la relation entre Kit et son grand-père, qui perd la mémoire, et les répétitions du spectacle "La Reine des Glaces" dans lequel Allie, la jeune "diablesse" joue. Dommage que l'intrigue principale se perde un peu car l'auteur réussit pourtant à faire monter la tension et l'inquiétude en brouillant les pistes autour de ce spectacle : Allie est pervertie par la méchante reine des glaces, veut tuer son frère. Joue-t-elle un rôle ou ce qui se passe dans la pièce peut aussi être transposé dans leur vie ? le personnage d'Allie était prometteur, avec ce grand-père qui n'arrête pas de l'appeler "petite diablesse", elle est certes pleine de vie mais on se demande si le mal, la perversion ne couvent pas au fond d'elle, mais ce personnage n'est pas exploité jusqu'au bout. Là encore, une déception, car la tension retombe comme un soufflé, les pistes élaborées par l'auteur ne mènent nulle part, c'est une voie sans issue.
Le texte écrit par Kit fonctionne selon le même mécanisme (l'homme préhistorique Lak qui sauve le bébé du grand ours, la mère qui le supplie de revenir vivants...), les personnages et le lecteur avec eux ne savent plus faire la distinction entre les rêves, les hallucinations, les illusions, la fiction, la réalité... C'est très réussi, vraiment, mais la résolution du livre tombe à plat (comme cette scène finale dans la mine avec Askew et Kit autour du feu), avec un abandon total du fantastique qui manque de finesse et qui casse tout le mystère que l'auteur avait si bien réussi à mettre en oeuvre.
Pour résumer, une très grande maîtrise dans l'élaboration d'une ambiance mystérieuse et menaçante, mais des faiblesses dans l'intrigue générale et le rythme du récit.
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Un jour Kathryn et son père sont partis dans la vallée. Bientôt, elle sera inondée par les eaux d'un barrage. Ces dernières vont tout engloutir : les fleurs, les arbres, les maisons, les souvenirs. Alors Kathryn va jouer de la musique pour les esprits des personnes aujourd'hui disparues, mais aussi pour la nature, les oiseaux, la terre, les animaux. Car la musique résonne
en chacun de nous.
Voilà un très bel album pour la jeunesse☺
Basé sur une histoire vraie, il nous raconte l'histoire de Kathryn Tickell, aujourd'hui reconnue à travers le monde comme compositrice, et de Mike, son père, chanteur et parolier.
De comment ils ont vécu la création de ce barrage, qui a tout détruit sur son passage.
L'hommage à tout ce qui va disparaitre.
Des nouveaux souvenirs heureux qu'ils ont pu créer par la suite.
Les illustrations de Levi Pinfold sont de toute beauté ! Elles mettent des mots là où le texte ne dit rien. On admire, on observe la Kielder Valley et ses souvenirs de tous les musiciens de Northumberland…
Je vous recommande cette lecture !
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J'ai trouvé ce livre très intéressant. Au fil de notre lecture, on se sent happé aussi bien par le récit que nous offre l'auteur que par les histoires que nous écrit Kit. Au bout d'un moment même, on ne sait plus si ce qui est raconté par Kit est d'ordre du réel ou bien du "surnaturel" avec des histoires venant d'un autre temps.
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Très jolie réécriture du mythe d'Orphée et Eurydice.
Un récit moderne, une histoire d'amour absolue.
L'auteur nous offre une écriture lyrique, poétique toute en nuances.
Les personnages, des adolescents comme il en existe tant... un jeune homme mystérieux et envoûtant et puis Ella, la jeune et jolie rêveuse.
Ils se rencontrent, sans se voir et s'aiment sans se rencontrer.
Très belle découverte.
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Un bel album qui interroge et qui laisse des émotions "en suspend" : on ne sait pas si l'on doit être nostalgique des lieux et moments passés ou se satisfaire du présent. Intéressant. Le barrage apparait en fait comme une frontière temporelle au-delà de laquelle seuls la musique et les fantômes parviennent à franchir. Les illustrations sont très belles mais les couleurs inspirent la nostalgie et la mélancolie.
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Le sauvage est un roman graphique étonnant avec un récit en abyme.
Blue, un jeune garçon, vit le deuil de son père, victime d’une crise cardiaque, et est victime d’intimidation. Poussé par la psychologue de l’école à mettre par écrit ses sentiments, c’est de la fiction qui sortira de sa plume. Il rêve d’un enfant sauvage, en écrit l’histoire, jusqu’à ce qu’il le rencontre, jusqu’à ce que « La réalité et la fiction se rencontrent ». Le sauvage l’aidera à surmonter ses épreuves et à grandir, pas à pas.
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L'un des seuls livres qui m'a fait pleurer, les illustrations sont magnifiques, l'histoire est émouvante, les fautes d’orthographes sont très amusantes. Dans ce bouquin plusieurs thèmes sont traités comme le harcèlement, le deuil … Bref un super livre plein d’émotions.
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Deux époques, deux ambiances. Celle avant l'immersion d'une vallée, alors que les maisons sont abandonnées et qu'une violoniste et son père viennent rendre hommage aux habitants qui ont dû tout quitter. Et celle après, quand la nature a repris ses droits et que le lac devient aussi un site de promenade, de quiétude, où la musique a aussi toute sa place.
Une réalité pour cette région anglaise, qui a su tirer partie de cette modification de taille du paysage. Tout en respectant les traditions. L'histoire est sublimée par des illustrations tout en délicatesse et en douceur. Pas de tristesse dans cette histoire. Que du beau.
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Une lecture plutôt agréable, toute en légèreté et en douceur. Un récit qui nous décrit un personnage atypique qui voit la vie différemment, une jolie façon de voir la vie. C'est rafraichissant, et ça nous donne une façon de jouer avec les mots, de raconter des histoires un peu loufoques, voire totalement absurdes. C'est plaisant, original. Poétique, avec des pistes de réflexion philosophiques. Oui, vraiment, ce livre avait un gros potentiel.
Malheureusement, ça ne sera pas un coup de cœur. Parce que malgré tout, ça donne l'impression que tout est dans la forme, comme un exercice de style. Une très jolie forme, il est vrai, mais ça ne fait pas tout. Le problème, c'est que niveau histoire...c'est plutôt vide.
Il ne se passe rien de particulier, aucun événement qui vient relever le niveau, ça reste désespérément vide. Aucun développement des relations entre les personnages (vu que niveau personnage, il n'y a que Mina, et seulement elle, elle reste isolée, tout le long). En fait, on ne sait tout simplement pas où veut nous mener l'auteur. Sans doute parce que la réponse est "nulle part". Et ça pose problème au moment où le récit commence à souffrir de quelques longueurs.
C'est un peu une successions de passages de vie, certains passionnants, très bien écrits. Et d'autres bien plus ennuyeux.
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Voici un album avec des illustrations absolument splendides ! Leur mise en page dans ce format à l'italienne les mets parfaitement en valeur : en vignettes, en pleine double page, sur une page, débordant sur la seconde... Chaque choix correspond exactement au dessin, lui confère un rythme, une pause, une dimension particulière. D'abord en sépia, lorsque la vallée est désertée, les illustrations, quasi photographiques, sont mélancoliques. La musique et les fantômes qu'elle fait naître deviennent palpables. Et lorsque le barrage est mis en eau, la couleur fait son apparition par le bleu du ciel, de l'eau, de la nuit. Elle communique une forme de gaîté, de renouveau. Oui, quelque chose a disparu, une page se tourne, mais quelque chose de beau renaît.
Le texte est sobre et efficace, plutôt minimaliste, qui colle bien avec l'ambiance. C'est bête, mais j'émets un bémol sur sa mise en page cette fois. C'est écrit trop grand, il aurait gagné à laisser plus de place au vide, au blanc. Et il y a trop de guillemets aussi, qui ne m'apparaissent pas comme utiles. Alors oui, je chipote, j'en ai bien conscience. Mais la mise en page des illustrations était tellement belle, que celle moins réussie du texte m'a fait tiquer. Mais bon, cette album est une vraie réussite, indéniablement.
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Un barrage, ça chamboule tout. On déplace les gens, on fait fuir les animaux, on noie ce qui ne peut bouger. On efface ce qui est et ce qui a été. Et pourtant, la nature renaît sous une forme différente.
Visuellement, cet album est incroyablement réaliste. Certaines illustrations m'ont fait l'effet de photographies anciennes. Elles m'ont émerveillées.
Le texte quant à lui est assez succinct. Pour autant, il arrive tout de même à transmettre un message de renouveau malgré la disparition du passé. Et cet enchantement éternel de la musique qui se transmet à travers les âges. Très chouette.
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L'ambiance est glauque du début à la fin. L'histoire commence par un mort et finit par un mort. Les deux personnages principaux voient des fantômes du début à la fin. Et ce livre est un roman fantastique dans le sens où on ne saura jamais si ce sont vraiment des fantômes ou si c'est l'imagination (ou les hallucinations) de gamins de 13 ans.
L'histoire est très intéressante, comme je le disais réaliste en même temps que fantastique. Cependant, certains passages sont beaucoup trop répétitifs à mon goût.
Par exemple: p65 "Tu les as vus, Kit Watson! Et une fois qu'on les as vus, ça ne s'arrête jamais!"
p110, toujours entre les mêmes personnages "Il y a ceux qui voient et ceux qui ne voient pas"
p128, toujours entre les mêmes personnages, toujours parlant de la même chose: "- Tu les vois? - Qui eux? - Oui, eux. - Il y en a encore d'autres à voir."
p205 "Tu les vois. J'avais raison. J'avais raison"
p226, toujours entre les mêmes personnages "-Tu les vois? - Oui. - Je le savais. Certains voient, d'autres non."
etc...
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Voici une réécriture du célèbre mythe d'Orphée et Eurydice. Transposé dans une Angleterre moderne, au bord de la Mer du Nord, on suit à travers les yeux et la sensibilité de la jeune Claire l'histoire de la rencontre et la déchéance de Ella et Orphée, deux personnages mystérieux et rêveurs. Ils se rencontrent sans se voir, s'aiment sans se rencontrer. Le chant et la lyre d'Orphée les lient, la beauté d'Ella, et les serpents. Le mystère les assemble jusqu'aux enfers.
L'ambiance est très étrange mais j'ai beaucoup aimé la plume de l'auteur à ma surprise. Quelques éléments un peu "magiques" peuvent faire perdre une certaine cohérence à l'histoire, et certains passages, comme lorsque l'on entend Orphée changer, sont un peu clichés, mais le reste est plutôt envoûtant.
Et tout ça n'est qu'un mythe, après tout...
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Très originale , une histoire de vie d'adolescente pas tout à fait comme tout le monde et une mère qui prend le parti de sa fille envers et contre l'institution scolaire. Très "boostant"
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C'est la première fois que je lis du David Almond bien que son nom ne me sois pas inconnu pour avoir vu de loin d'autres titres publiés antérieurement. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les critiques ne se trompaient pas : en effet, David Almond est un "romancier majeur" (The Independant), qui fait de la "grande littérature, au-delà des classifications" (The Guardian). C'est une sorte d'ovni littéraire en un sens comme il n'en existe pas beaucoup (je le rapprocherais peut-être de John Green, auteur aussi étonnant). J'entends par là que le style est spécial, indescriptible et il m'a plu car sans être de la haute voltige littéraire, il nous plonge complètement dans cette atmosphère chaude et particulière de ce que j'imagine être parfaitement celle du Nord de l'Angleterre, et quand bien même ce ne le serait pas, j'ai aimé cet univers, le personnage de Liam et les amis un peu étranges qu'il a.
Max, le garçon posé, l'adolescent banal qui tombe amoureux, absent au fil du récit mais qui reste dans l'esprit de Liam. Et surtout Gordon Nattrass, Crystal et Oliver. Le premier est spécial, bizarre même, fasciné par le macabre qu'il transforme en art pour provoquer Liam et le faire réfléchir au sens de l'existence : tout un passage surprenant dans le livre qui transforme Imprégnation en cours plaisant de philosophie sur l'art ! La seconde, Crystal est mystérieuse, on ignore son passé ou plutôt elle se dévoile au fur et à mesure, dans une attitude provocante et amicale, faisant légèrement chavirer le cœur de Liam. Et puis il y a Oliver dont le passé est flou, terrible. Il est noir, sans papiers et recherché ce qui constitue une autre partie du fond de l'histoire.
Tout ce monde évolue dans un quotidien paisible et en même temps rythmé par les sorties de Liam, toujours plus en quête de liberté tandis qu'Alison, le bébé trouvé, grandit au sein de la famille et que la question du phénomène d'imprégnation est dans toutes les conversations de son père.
Imprégnation nous envoûte et David Almond confronte le lecteur en même temps que Liam à des grandes questions dont il esquisse quelques réponses : l'adieu à l'enfance, les ravages de la violence, l'amitié, la tolérance, l'adoption...
Le tout forme un ensemble riche, sensible et envoutant, servit par une écriture profonde et ingénieuse, au plus près de Liam, plongé en permanence dans ses pensées.
Et puis cette phrase qui guide l'oeuvre : "Vis une aventure, vis comme si tu étais une histoire."
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Ce roman ne parle pas qu'aux adolescents. Sa construction est un mille-feuille de maux d'aujourd'hui, qui couche par couche passe comme si on n'avait rien vu. Les histoires s'entrecroisent. Un ado héros dont le père est écrivain et la mère artiste. Il construit un abris avec son pote. Éducation libre. Les jeux violents font légion mais ça va alors on les laisse faire. Un lycéen aux penchants fascistoïdes se lâche quand on parle qu'un migrant et une punkette sont en goguette. À chaque étape, la justesse de la situation démonte le cliché que l'on voit venir. Les réflexions sont nombreuses : la violence, le besoin des publics, l'art, l'armée, l'autorité dans tout cela, raconter son histoire, c'est important. Le dénouement est surprenant. Le "cliff-hanger" se démonte tout seul. Le flic anglais clôture en mode sagesse populaire "Va falloir les surveiller un peu plus ces deux là". Un très bon roman.
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