Citations de David Foenkinos (5683)
« Franchement, qu’est-ce qu’il te plait chez lui ?
- Sa façon de parler de mes molaires.
- Arrête, sois sérieuse.
- Je ne sais pas ce qui m’a plu chez lui. C’est comme ça, c’est tout.
- Tu ne peux pas aimer un dentiste. Personne ne peut aimer un dentiste. D’ailleurs, on devient dentiste parce que personne ne vous aime… »
Pour l’anecdote, je connaissais un dentiste en Anjou qui m’avait clairement expliqué qu’il avait choisi la carrière de dentiste après un bac C pour l’argent. Uniquement pour l’argent.
"Le temps n'abîme pas nos premiers enthousiasmes, même s'ils prennent la poussière dans notre mémoire."
La plupart de ceux que j'ai croisés dans la maison de retraite voulaient mourir. Ils ne disaient pas mourir d'ailleurs, ils disent "partir". Et aussi "en finir", pour souligner davantage le calvaire. Car la vie ne finit parfois jamais, c'est le sentiment qu'ils ont. On parle souvent de la peur de la mort, et c'est étrange comme j'ai vu autre chose. Je n'ai vu que l'attente de la mort. J'ai vu la peur qu'elle ne vienne pas.
Un instant, elle pensa : « Suis-je aussi vieille que ça ? » On ne vieillit réellement qu’en voyant ceux de notre âge vieillir.
Sophie se mit à faire des recherches. Elle tomba sur des articles concernant les failcon. Il s'agissait de conférences autour de l'échec. Lancées aux États-Unis, elles avaient été reprises un peu partout dans le monde. On organisait ici ou là de grandes manifestations basées sur des prises de parole au cours desquelles les participants racontaient tout ce qu'ils avaient raté. Lors d'un grand rassemblement en 2015, L'Express avait titré : « Tous les losers réunis à Toulouse. » Si on parlait anglais, on se rendait compte que même le choix de la ville d'accueil faisait partie intégrante du projet. On y entendait des slogans comme : « L'échec fait partie de la réussite ! », mais il s'agissait surtout d'écouter des parcours de vie inspirants. On y croisait des entrepreneurs qui avaient fait faillite, des artistes sortant d'un bide, ou encore des membres du Parti socialiste.
Il est rare que l’on ait ainsi accès à son destin opposé ; notre route unique n’offre pas le moindre accès aux chemins que nous n’empruntons pas.
— Quand je vais sur Instagram et que je vois la vie merveilleuse des gens, il m’arrive aussi d’avoir l’impression que la mienne est nulle ou ratée.
— …
— On vit aujourd’hui sous la dictature du bonheur des autres. Ou, en tout cas, leur prétendu bonheur…
Harry Potter était notre part de rébellion, notre désir de posséder des pouvoirs pour éradiquer les cons, notre rêve d’une vie meilleure.
Il faut dire que j'ai été élevé (le mot est un peu fort) par des parents post-soixante-huitards. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c'est traumatisant de passer ses vacances en Inde quand on est enfant. C'est juste un détail au passage. A présent, je les vois peu : ils vivent sur une montagne quelque part à l’ombre des moustaches de José Bové. Ou alors, ils voyagent à l'autre bout du monde pauvre. Ils sont de toutes les manifestations altermondialistes. Il m’est arrivé de penser que j'étais pour eux moins important qu'un grain de riz brésilien vendu en commerce équitable. Cette balance n’était finalement pas équitable pour moi, mais j'ai fait en sorte de me construire avec leurs valeurs, sans me focaliser excessivement sur leurs lacunes.
Les vies d'artistes sont souvent jalonnées de rencontres avec des hommes et des femmes qui ont digéré leur frustration créative pour se dévouer entièrement aux autres. Il y a une beauté dans la transmission. (p. 132)
Mathilde esquissa un sourire, sans savoir si Antoine était sérieux ou ironique. Il était toujours difficile avec lui de discerner la couleur de ses mots. (p. 44)
Je vivais avec les mots : avec eux, il n’y avait jamais de dispute.
On peut se raisonner, mais c'est toujours le corps qui décide du temps nécessaire à la cicatrisation affective.
Une semaine au lit pour la Paix. Les gens pensaient qu’ils allaient nous voir baiser, alors qu’on voulait juste parler.
Il pleuvait tellement le jour de la mort de mon grand-père que je ne voyais presque rien. Perdu dans la foule des parapluies, j'ai tenté de trouver un taxi. Je ne savais pas pourquoi je voulais à tout prix me dépêcher, c'était absurde, à quoi cela servait de courir, il était là, il était mort, il allait à coup sûr m'attendre sans bouger.
Il était dans un état second, et aurait pu créer un état troisième, tant il se sentait loin de son corps.
Martin se renferma un peu plus encore. Sa mère ne savait plus que faire. Elle essayait de lui changer les idées, mais ce n’était pas simple. On ne change pas les idées de quelqu’un comme on change l’eau d’un vase.
Certains éléments du présent contiennent d'insoutenables échos du passé.
Le silence demeure le meilleur antidote aux désaccords. Si Madeleine était lasse des complaintes de sa fille, Joséphine aurait simplement aimé un geste de tendresse, que sa mère la prenne dans ses bras. Il ne fallait pas forcément voir un rejet dans cette apparente froideur. C’était une question de génération. On ne s’aime pas moins, mais on le montre moins.
"Elle aurait voulu qu'il lui dise de rester encore un peu. Quelques mots peuvent changer un destin."