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Critiques de David Grossman (284)
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La vie joue avec moi

Grossman dans son dernier livre attaque une histoire de famille complexe.

Touvia, veuf qui vit dans un kibboutz va s'unir à 54 ans, à Vera immigrée yougoslave de dix ans sa cadette, veuve elle aussi. Chacun a un enfant, deux sauvages, un garçon pour le veuf et une fille pour la veuve, les deux ayant été privés d'amour maternel dans leur petite enfance. Le garçon, la mère étant gravement malade, et la fille étant abandonnée, le père mort et la mère arrêtée et torturée par la police antistalinienne du maréchal Tito. Le garçon va s'éprendre de la fille, "un sphinx" , et de cette union compliquée naîtra notre narratrice "la malheureuse Guilli" ainsi nommée par sa mère . Voilà pour les débuts d'une histoire tragique, où trois femmes et un homme vont souffrir des suites des horreurs de la deuxième guerre mondiale et de ce qui en a suivi.



L'intérêt du récit vient de ce qu'il soit vu et raconté majoritairement à travers l'objectif d'une caméra. Guili filme son père Raphaël, sa grand-mère Vera , son père a filmé sa mère Nina.... Et tout ce monde étale son intime face à cette caméra, dans un "déballage presque obscène." On se croirait chez le psychiatre. Le passé est peu à peu récupéré grâce à des vieilles pellicules dont certaines retrouvées dans le grenier de Vera, mais y manque la partie cruciale, ce pan de l'histoire de Vera avant son immigration en Israel, Goli-Otok, qui leur a "pourrit la vie depuis trois foutues générations". Elles y retourneront avec Raphael sur les lieux de ce passé manquant pour boucler le Film , cette fois-ci exclusivement tourné par Guili, ....... Une tâche difficile vu que chacune de ces femmes ont fait de leur souffrance leur fond de capital pour pouvoir continuer à exister, terrifiant, , “Que suis-je, au fond sans ma haine pour Nina? dit Guili parlant de sa mère.....Arriveront-elles à se laver de ce passé en renonçant à leurs souffrances ?



Comme dans son superbe livre "Un cheval entre dans un bar"., Grossman insuffle le malaise chez le lecteur-rice dés le départ. Un malaise qui s'accentue au fur et à mesure qu'on s'enfonce dans l'histoire, la forme narrative l'y aidant. Guili exprime sa propre souffrance à divers moments de son histoire, passant du "je" à "elle", car dit-elle "la première personne souffre trop”. Le même procédé sa mère Nina s'en servira aussi pour d'autres fins.



Un livre inspiré de la vraie vie de Eva Panic-Nahir, une femme célèbre et admirée en Yougoslavie, que Grossman rencontra au siècle précédent et qui lui demanda d'écrire son histoire et celle de sa fille. Un texte magistral extrêmement fort sous la plume exceptionnelle de Grossman, avec des ressorts psychologiques complexes très intéressants, "Quand toi et moi, nous vivions ensemble à Jérusalem, être avec toi me protégeait un peu. Comme une sorte de ligne que tu dessinais autour de moi. J'avais une limite. Je savais où se trouvait le vrai, où la lumière finissait et l'obscurité commençait......."



"Qu'y a-t-il à dire quand il n'y a rien à faire."
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Une femme fuyant l'annonce

Attention chef d'oeuvre. Et ce n'est pas galvauder le mot que le dire.

David Grossman dont je découvre l'univers signe un époustouflant et intime portrait de femme, la bien nommée : Ora.

Ora traverse une période difficile, alors que son mari l'a quitté avec leur fils ainé Adam, Ofer le cadet termine trois longues et angoissantes années de service militaire. Mais alors qu'Ora et Ofer ont décidé de se retrouver un peu, celui-ci accepte une dernière mission. Décision insupportable qui force Ora à fuir le présent. Elle embarque Avram, l'autre homme qu'elle aurait pu épouser pour une randonnée à travers la Galilée. Ce long périple sera pour Ora et Avram celui des confidences et des révélations.

La construction du récit renforce cette fuite en avant, ou passé et présent s'entremêlent comme pour semer le destin.

Richement dialogué, l'émotion palpite, vous cueille avec une force bouleversante. Grossman met à nu le désarroi de cette femme qui a tout fait pour protéger sa maison, sa famille et qui la voit perdre tout contrôle.

La fuite est la seule solution pour ne pas être anéantie.

Le livre montre aussi la stupidité d'un conflit enlisé et interminable, le quotidien des juifs et des palestiniens, vivant dans la terreur d'un attentat.

Mais c'est aussi un livre humaniste, fait d'espoir et de tolérance (alors que Grossman est lui même meurtrie dans sa chair). Ora et Avram sont des personnages que je ne suis pas prêt d'oublier. Un livre magnifique et intense.
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Une femme fuyant l'annonce

Je voudrais commencer cette chronique en effleurant l'élément biographique qui a tant été évoqué dans les médias, à savoir la mort en opération au Liban du fils de l'auteur pendant que celui-ci rédigeait son livre. Je vous suggère de visionner l'extrait vidéo de "La Grande Librairie" dans lequel l'écrivain dit ce qu'il a à dire - et ce qu'il peut dire, à ce sujet. Cela relève de sa vie privée.

Tout juste me permettrai-je de mentionner comme en écho l'histoire de Gustav Mahler composant les "Kindertotenlieder" (Chant des enfants morts) quelques mois avant la mort de sa fille ainée, et les interrogations de sa femme Alma : créer, est-ce provoquer le destin ? De la prescience ?



En cela, nous sommes déjà dans le thème central d''Une femme fuyant l'annonce", qui, au-delà d'un merveilleux roman, un extraordinaire portrait de femme (un mystère pour moi qu'un homme ait pu à ce point se glisser dans la psychologie féminine...), a une portée davantage philosophique, et, comme toute grande oeuvre, nous élève au-delà de l'anecdote, des personnages, pour nous interroger sur ce que nous sommes, par quoi nous nous définissons : pour moi, "Une femme fuyant l'annonce" pose la question centrale de la langue, celle que nous parlons, celle que nous écrivons, celle que nous inventons (à l'image des deux amis et des deux fils du roman). En effet, j'ai toujours pensé - songeant à la question tant à la mode il y a quelques temps de l'identité "nationale", que nous nous définissons par les mots que nous choisissons, que nous habitons une langue plutôt qu'un pays. "Je suis d'où je parle et d'où j'écris", pourrait être le sous-titre du roman.



Pour en revenir au commencement, Bereshit, ma lecture de ce livre, comme l'écriture de cette chronique, ne peut être abordée pour moi que dans le contexte du long chemin entrepris avec l'auteur - à l'image du périple d'Ora, depuis 1994, date de sortie de "Le livre de la grammaire intérieure", acheté par le désir de savoir ce que recelait ce titre qui résonnait dans ma plus grande intimité. Ce fut un éblouissement, non démenti par la suite de mes lectures des oeuvres produites par l'auteur, dont, chaque fois, les titres semblaient m'hypnotiser et me tenir captive. Pour n'en citer que quelques-uns, "Tu seras mon couteau", "Quelqu'un avec qui courir", "J'écoute avec mon corps".



Dernier opus, "Une femme fuyant l'annonce" n'est qu'un tome supplémentaire de ce qui pourrait être un seul volume, une variation sur le thème évoqué du rapport intellectuel, charnel, voire hystérique que nous entretenons avec le langage, les mots que nous employons pour exprimer nos actes, nos pensées, nos sentiments, nos émotions, nos désirs... que ce soit dans notre langue maternelle, ou la langue de nos grands-parents immigrés, d'une langue étrangère que nous avons appris à l'école et dans laquelle nous aimons chanter, d'une langue amoureuse que nous pouvons inventer avec l'être aimé, du vocabulaire que nous adoptons quand nous aimons écrire, etc...



Que fait Ora , à travers son voyage initiatique en Galilée, sinon chercher la langue qui pourrait protéger son fils, les mots qui pourraient le maintenir en vie, comme ramener son ancien amant à la vie, comme identifier ceux qui l'ont éloignée de son mari ? Elle parle, parle, déroule le fil d'une bobine de chair et de sang, d'une mère reliée par un cordon ombilical lexical à ses enfants, aux êtres aimés, à travers une langue à l'image de la nature qui l'entoure et qu'elle découvre au cours de sa longue randonnée, foisonnante, envahissante, chatoyante, palpitante, angoissante aussi par ses pièges et ses détours, y compris dans le silence, qui n'est autre qu'un autre langage. David Grossman décrit minutieusement, avec force détails et vocabulaire précis le décor dans lequel évoluent Ora et Avram, de l'infiniment grand à l'infiniment petit. De l'immensité de la voie lactée au plus minuscule des insectes, toute manifestation vivante s'inscrit dans le déroulement du récit, dans un style semblable à une ode panthéiste. La nature, tantôt aimante, tantôt hostile, n'est plus que l'ordre d'un monde dans lequel les êtres humains doivent trouver leur place, et contribuer à son bon déroulement. Et pourtant, que cherche Ora, obstinément, si ce n'est bouleverser cet ordre naturel qu'elle pressent annonciateur de son futur malheur ? Cette femme est une héroïne presque mythologique, se dressant seule contre la volonté des Dieux, avec pour arme, le petit cahier qu'elle s'entête à noircir, et les paroles qu'elle lance comme autant de mantras aux oreilles d'Avram et à l'humanité toute entière à travers lui.Quand les mots ne suffisent plus, le corps prend le relais, soulignant une intention par une posture, un regard, un mouvement incontrôlé. Même le sommeil est vocabulaire, le corps endormi livre encore des secrets. Chaque être, chaque plante, chaque pierre est une énigme à déchiffrer, un message codé à traduire. Il faut d'ailleurs souligner l'extraordinaire travail de Sylvie Cohen, traductrice attitrée, qui sait, quand il le faut, conserver le mot hébreu - langue morte ressuscitée à la naissance d'un état, nous fait entendre sa résonance, sait que tel mot doit être conservé "en l'état" parce que, même si sa traduction est possible, le lecteur doit en entendre la musique, l'écho. S'il ne comprend pas le sens, au moins en aura-t-il eu la prescience (parfois le mot cité en hébreu -ou en arabe, langue fraternelle- est suivi de sa traduction).



Je dois avouer qu'il m'est arrivé une chose un peu étrange en lisant ce livre. Arrivée aux deux tiers du roman, j'ai dû interrompre ma lecture, pendant plusieurs semaines. J'avais plongé dans le roman en apnée, et j'ai été prise de l'ivresse des profondeurs. Les interrogations d'Ora sont devenues les miennes (hors de tout contexte factuel) et ont commencé à interférer dans ma vie privée, jusqu'au vertige. A mon tour, j'étais une femme fuyant l'annonce, quelle qu'elle ait pu être. Je n'ai rien lu ou presque pendant quelques temps, puis, lorsque je me suis sentie suffisamment armée, ai repris la randonnée en Galilée avec les protagonistes du récit, et fini le roman cette fois dans l'urgence.



Sans dévoiler la fin de l'histoire, je ne peux pas omettre de signaler que les pages consacrées à la description d'un "fait" de guerre sont d'une crudité et d'une horreur presque insoutenables. Après avoir utilisé les circonvolutions d'une langue poétique et manié la digression, l'auteur décrit chirurgicalement les événements dont l'évocation brute suffit à nous les rendre irréels, parce qu'inconcevables. Ici, nous sommes en présence d'un écrivain majeur, qui, à travers la fiction, pose sans les nommer toutes les questions politiques, philosophiques, éthiques, que se posent les familles israéliennes élevant des enfants sachant qu'ils accompliront au moins trois années dans l'armée, trois années qui, s'ils en reviennent vivants, les transformeront en étrangers, confrontés de l'intérieur au conflit israélo-arabe, dans toute sa violence et son absurdité, comme toute guerre est absurde. "Elevons-nous nos enfants pour en faire des meurtriers ?" s'interroge Ora, et sa question se perd dans l'immensité qui l'entoure. Au-delà du contexte Israélien, David Grossman interroge la conscience de chaque être humain, sans manichéisme, sans donner de leçon, mais l'on sent bien que avec toute la force qu'il imprime au récit, poser cette question est déjà le début d'une réponse.



A ce stade de ma chronique, j'imagine que certaines personnes la lisant me traiteront, comme est traitée Ora dans certaines chroniques Babélio, d'hystérique, mais je ne suis pas plus rationnelle qu'Ora et souhaite que ce compte-rendu de ma lecture soit à l'image du climat dans lequel j'ai baigné au fil des mots qui me retenaient prisonnière et me fascinaient doucement...( un auteur comme Paul Auster indique dans la quatrième de couverture qu'il a "dévoré" le roman "dans une transe fiévreuse"...).



En conclusion, je dirai que David Grossman, à l'image des écrivains qui dépassent leur nationalité et leur époque, à travers "Une femme fuyant l'annonce", ne fait qu'écrire encore et toujours le même livre, initié avec "Voir ci-dessous : Amour", et que cette oeuvre qu'il construit avec un acharnement vital restera bien au-delà de sa propre existence. Il bâtit un monde avec un talent immense et singulier, et j'aime à penser que l'un des non moindres mérites de ce roman est de lui avoir donné un rayonnement de plus en plus grandissant, car plus un auteur est singulier, plus il nous ouvre les portes de l'universel. En inventant au fil de ses écrits un langage unique et intime, il nous incite à nous exprimer du plus profond de nos êtres, à créer à notre tour notre "grammaire intérieure", nous éloigner des lieux communs qui nous affaiblissent et affectent notre relation au monde, pour nous rendre meilleurs et authentiques.


Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Un cheval entre dans un bar

Netanya, une ville côtière d'Israël.

Un bar miteux et un one-man show encore plus miteux. Dovalé G.,mi-clown,mi-showman, comique vieillissant, se déchaîne sur scène, entre blagues racistes et déplacées, obscénités provocatrices et vraies ou fausses confidences intimes, face à un public hétérogène, tour à tour hilare, agacé, scandalisé,ennuyé. Parmi les spectateurs, Avishai Lazar, juge à la retraite. Apparemment ils se connaissent d'antan, et ce dernier n'est pas là par pur hasard.Il l'a invité à venir voir son show à ses frais,et voudrait par la suite, s'il le souhaite, qu'il lui passe un coup de fil et lui dise ce qu'il a vu. C'est tout. Mais en faite ce n'est pas tout........("Pourquoi a-t-il insisté pour que je vienne? A quoi ca sert d'embaucher un tueur à gages? A mon avis, il se débrouille plutôt bien tout seul").

Une histoire qui débute de la sorte et une prose qui accompagne merveilleusement bien ce déchaînement, ne pouvaient que m'emballer ("Maigres applaudissements,il passe à la vitesse supérieure.").



Dans une mise en scène qui enrobe en réalité toute une autre histoire ( "l'homme est loin d'être un débile" ), Dovalé sur scène, joue sa vie. Un homme au physique ingrat qui brille d'intelligence et de lucidité. "Cet homme qui n'est ni beau, ni séduisant, ni fascinant réussit à viser le point précis où les êtres humains se muent en racailles".

Grossman m'a épatée avec sa fine et subtile analyse de l'âme humaine exposée jusqu'à ses côtés les plus vils, qu'il nous offre dans un scénario époustouflant.

L'auteur touche aussi dans ce contexte, une dimension psychologique trés intime et profonde, qui se révélera peu à peu; Celle "d'une compréhension profonde et immédiate " qui peut s'installer entre deux êtres qui n'ont aucun lien de parenté et autres et peut rester intacte comme par magie même après de très longues années de séparation . Et dans ce cas,ce quelque chose de très particulier que chacun possède, seule et unique, qu'on pourrait appeler l'essence même de notre personne est révélée à l'autre. Et ici surprise avec Dovalé ....



Ce livre,à mon avis, ne peut être jugé, aimé ou pas aimé que dans son contexte, celui d'un pays constamment en guerre où la mort est le lot du quotidien, d'un peuple très divisé entre eux, et uni uniquement en présence d'un ennemi commun et des individus qui trainent presque toujours un lourd passé .....Et malheureusement les terribles blagues de Dovalé sur les Arabes, si on peut les appeler blagues, font parties de la triste vérité, allant de paire avec la méchanceté humaine, universelle, sans âge , qui n'épargne que les "forts".....Grossman,homme de gauche,pacifiste,qui rejoint dans ses idées politiques Amos Oz et Abraham Yehoshua, ne se prive pas de piques politiques entre les lignes.



Un livre que j'ai dévoré. Dovalé, malgré son côté grotesque et sans-gêne qui met mal à l'aise, est un personnage complexe doté d'une intelligence et d'une sensibilité particulière, qui m'a profondément touchée....et m'a fait rire.Et bravo à la traduction !

P.s.Ce livre vient d'emporter le prix littéraire pour le meilleur oeuvre littéraire traduit en anglais, "Man Booker Prize 2017".



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Une femme fuyant l'annonce

Incontestablement « Une femme fuyant l'annonce » est un livre admirable.

Paradoxalement sa lecture a suscité en moi un ennui profond...



Irrésistiblement poussée par une superstitieuse tentation de conjurer le sort, Ora déserte son foyer, espérant ainsi échapper à une hypothétique visite qui annoncerait la mort de son fils au combat. Résumée dans le titre, cette fuite en avant en compagnie d'Avram, l'un des hommes de sa vie, va impitoyablement immerger Ora dans les sinueuses réminiscences de son passé.



Amours, famille, enfants… conflit israélo-arabe en toile de fond, ce récit va rapidement devenir un systématique et interminable va-et-vient dans le temps et dans la mémoire tourmentée de ce personnage complexe. Car Ora est une Amoureuse, fantasque, tendre, sensuelle, fougueuse, à laquelle j'avoue m'être attachée et sans doute identifiée ; mais Ora est aussi – et d'abord ? – une Mère, si exclusive, si excessive, si exaltée… si éloignée de mes propres repères qu'elle m'a très vite lassée. Même complexité touchante mais parfois irritante ou improbable chez les autres protagonistes de ce roman.



Mais au-delà d'une structure narrative parfois confuse, le plus désolant pour moi restera les longues, si longues pages de détails et de descriptions, superbement évoqués mais… désespérément interminables. Non, vraiment, le récit s'anime sensiblement sur les cent-cinquante dernières pages mais – j'ose à peine le confesser – quel ennui sur les cinq-cents premières !



Je n'irai pas jusqu'à conseiller de fuir… ce pavé mais pour ma part j'ai dû sacrément m'accrocher pour en venir à bout (pour un peu, j'en serais presque fière même !!)




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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La vie joue avec moi

Eva Panic, une revolutionnaire juive yougoslave qui a eu une jeunesse mouvementee, tourmentee, jusqu'a son installation, a un age relativement avance, dans un kibboutz israelien. Danilo Kis (encore lui? Je le rencontre partout. Il me subjugue. Lisez-le, bon sang!) lui avait consacre un documentaire avec le realisateur Aleksandar Mandic: “Goli zivot" (que je n'ai pas vu). Et maintenant David Grossman en fait l'heroine d'un livre. Ou plutot Grossman se sert d'elle et de son histoire, car son livre a plus d'une heroine. Trois en fait. Eva, ici appelee Vera, sa fille Nina, et sa petite-fille Guili.



Trois generations de femmes. Trois revoltees, trois combattantes, chacune a sa maniere. Trois memoires differentes qui cherchent a se comprendre. Trois memoires en guerre, chacune contre une autre, des fois contre les deux autres. Toutes contre une et une contre toutes. Et entre elles un homme, qui les aime toutes, qui essaye de les apaiser.



Trois generations de femmes. En une histoire familiale qui, mutatis mutandis, a l'air de se repeter. Les meres abandonnent leurs filles et les filles couvent longtemps une colere qui devient hargne. Et elles s'eloignent. Mais pour le 90e anniversaire de Vera arrive a l'improviste sa fille Nina, annoncant qu'elle est malade, en phase terminale, et demande a son ancien mari et a sa fille, tous deux cineastes, de recueillir les souvenirs de Vera et ses souvenirs a elle, sinon pour comprendre, au moins pour laisser une trace. Et ils partent ainsi tous quatre pour ce qui avait ete la Yougoslavie.



Trois femmes s'engagent alors dans un periple vers leur passe. Vera, l'ancienne partisane, qui a prefere abandonner sa fille et etre emprisonnee trois ans dans le camp de travaux forces pour femmes de Goli Otok plutot que de signer un papier noircissant la memoire de son mari assassine par les sbires de Tito. Nina qui s'est jetee par defi dans des lits d'hommes qui la meprisent et l'avilissent avant de tout lacher et se clauster dans une ile perdue dans le grand nord. Guili, qui a du mal a s'attacher et ne veut surtout pas enfanter de peur de reiterer l'histoire, la “tradition" familiale de l'abandon.



C'est un periple vers l'inconnu. Vers les memoires blessees, estropiees, des trois femmes. Pour devoiler une certaine verite? Les actes etouffes qui ont provoque l'incomprehension, l'eloignement? Plutot pour comprendre les blessures, qui ont engendre des silences, qui ont a leur tour engendre de nouvelles blessures. A qui la faute? Mais y a-t-il faute? Un trop grand amour, l'exasperation de l'amour a amene cette famille non seulement a l'aversion mais jusqu'a la haine, avec toute sa ferocite. Le voyage vers les rivages ou tout a eclos peut-il aboutir a l’expiation? Au rachat? Au pardon?



Grossman n'est pas un optimiste aveugle, mais il croit encore, against all odds, a la possibilite de redemption. Et il nous offre ici, en fin de compte, non seulement de remarquables portraits de femmes, mais surtout de belles histoires d'amour, de belles histoires sur les differentes – et controversiales – facettes que peut prendre l'amour. C'est un bon cru de Grossman. Partant d'une biographie reelle, se cachant derriere une biographie reelle, il ecrit un roman, il nous livre un recit emouvant, sur l'universelle enigme de l'amour et de ses avatars.



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Une femme fuyant l'annonce

Ouf ! Oui, je le redis : après la lecture de ce pavé de 780 pages, ouf !

Et pourtant ! Que j’ai aimé accompagner Ora dans son cheminement à travers ce beau pays d’Israël et jusqu’aux tréfonds d’elle-même !



Au départ, elle agit sur un coup de tête : son fils Ofer s’est engagé dans l’armée pour mener une opération d’envergure alors qu’il venait à peine de terminer son service militaire. Elle est hors d’elle-même et se dit incapable de rester chez elle, d’attendre LA nouvelle insoutenable de sa mort.

Et elle se jette sur les sentiers de Galilée, mais pas seule ! Elle va déloger Avram, son grand amour de jadis, son grand ami, de son taudis et de son mutisme pour le forcer à l’accompagner et à l’écouter.



C’est alors que commence sa longue pérégrination, c’est alors que tout doucement, Ora va prendre vie en moi…

Et je vais apprendre, je vais reconstruire au fil des pages, au fil des kilomètres, la vie de cette famille ô combien ordinaire et extraordinaire. Reconstruire, car les souvenirs, les anecdotes sont jetés en vrac, sans lien chronologique. Depuis la jeunesse d’Ora et sa rencontre dans un hôpital avec les 2 amis Avram et Ilan, superbement racontée dans le prologue intensément poétique, en passant par son hésitation continuelle entre eux deux, l’engagement après « tirage au sort » d’Avram dans l’armée et dans la guerre, la naissance d’Adam, le fils d’Ora et d’Ilan, le terrible retour d’Avram, torturé par les Egyptiens, la naissance d’Ofer, le fils d’Ora et d’Avram…jusqu’à sa séparation d’avec Ilan…



Je me rends bien compte que je ne donne ici que des faits, alors que le roman entier déborde de sensations, de sentiments, de pleurs et de rires, de révolte et de soumission au destin.

Ora est une femme, et je suis persuadée que, comme moi, toutes les femmes se retrouveront en elle : elle vit pour ses enfants, et à travers une multitude de tendres anecdotes, elle passe en revue leur enfance, leur complicité de frères, leurs difficultés aussi. Elle souffre pour eux car la guerre est là, omniprésente. Elle a peur, elle a encore peur au moment où elle raconte tout cela à Avram.

Ora est une femme, et vit avec un homme… difficile à vivre, torturé par la culpabilité de voir Avram, son meilleur ami, supplicié.

Ora est une femme et relève Avram, pour en révéler un être infiniment touchant. Ecouter les confidences d’Ora va le transformer et il devient par là-même celui qui l’accompagne, qui la soutient. De l’adolescent enchanteur devenu l’adulte muet nait le Sage dépositaire de ses souffrances et de ses peurs.



Ora est une femme, et par le fait qu’elle donne la vie, rejette de toutes ses forces la mort, la guerre, la haine.

Moi qui vis dans une partie du monde épargnée, je ne peux que penser, après la lecture de ce roman, à toutes les mères angoissées par la guerre, cherchant à protéger leur enfant par-dessus tout.

En cette fin d’année, je formule un vœu sincère : que toutes ces mères puisent en elles le courage de continuer, qu’elles trouvent, comme Ora, un soutien indéfectible pour marcher dans la vie avec cette horreur au cœur : leur enfant en danger à cause de la guerre.





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Une femme fuyant l'annonce

Ils sont trois. Deux hommes, Ilan et Avram, une femme, Ora. D'un simple trio amoureux (une histoire à la Jules et Jim) né en pleine guerre des Six jours, David Grossman raconte le quotidien de trente ans d'Israël avec cette force inouïe de l'homme qui a perdu un de ses fils alors qu'il écrivait le roman. C'est d'une brutalité incroyable et c'est magnifique. Un témoignage bouleversant sur la bêtise de la guerre.



Est-ce l'histoire d'une femme qui aime deux hommes ou celle de deux hommes qui aiment la même femme ? Quand ils sont dans le même hôpital, durant la guerre des Six Jours, Ilan, Avram et Ora, alors agés de 16 ans, ne sont que ces soldats meurtris qui cherchent à échapper à cette guerre. D'Ilan et Ora naîtra Adam, car il était si simple d'aimer Ilan. D'Avram et Ora naîtra Ofer, car c'est bien Avram qui a toujours aimé Ora. Et c'est cette vie qu'Ora nous fait partager, nous donne à lire dans son petit carnet bleu foncé, quand elle décide d'entraîner Avram, sur les chemins d'Israël. Ofer vient de terminer ses trois ans de service militaire, mais il accepte de partir pour une dernière mission dans les territoires occupés. Ora, persuadée que son fils va mourir, va être celle qui "fuit l'annonce", ne sera pas chez elle quand les militaires viendront lui annoncer la mort de son fils. Et c'est ainsi qu'elle entraîne son ex-amant, le père biologique d'Ofer, l’homme qui n’a jamais voulu assumer sa paternité, dans cette randonnée qu'elle comptait faire avec son fils pour fêter sa démobilisation.



C’est cette excursion sans but, uniquement destinée à conjurer le sort, cette troublante errance qui constitue le gros de ce long roman de 670 pages, une promenade interminable dans la nature, sur les monts et dans les vallées de Galilée.



David Grossman décrit un paysage grandiose, désertique ou verdoyant, riche en sons, en couleurs, et en odeurs que traverse Ora et Avram, nous plongeant tour à tour dans le présent infiniment concret de l’espace, puis dans le passé confus et dense de la vie des deux marcheurs. De l’un à l’autre, au fur et à mesure des révélations et des découvertes, la toile du roman se tisse, avec en son centre, comme point focal, l’angoisse de la mort, de la disparition et de l’oubli.



C’est à la fois une plongée totale dans la personnalité de cette femme puissante qu’est Ora, une mise à nu de sa psyché, de ses sentiments comme de son intelligence, et en même temps l’histoire plus large d’Israël, de ce pays fragile et troublé qui ne connaît pas la paix. Les deux figures se répondent, se déchirent et se confondent, nous immergeant dans les angoisses, les contradictions et les disparités insolubles qui plombent cette région et ceux qui la peuplent. On découvre peu à peu les troubles de cette société israélienne toujours perturbée par un sentiment de méfiance, d’inquiétude qui pousse à des réactions immédiates et non réfléchies. Le départ d’Ora en Galilée est une expression de ces décisions instantanées, qui la pousse pourtant vers une bénéfique mise à plat de son existence. Elle tempère ses angoisses, renforce son amour immense pour les siens, retrouve les liens intimes qui l’unissent à Avram. C’est également un combat contre l’oubli, la disparition de ses souvenirs, la mémoire de sa vie, de celle de sa famille et surtout celle de son fils qui est probablement mort. " Tu te souviendras d’Ofer ; tu te rappelleras sa vie, toute sa vie n’est-ce-pas ? ". Tels sont les derniers mots d’Ora : belle leçon de courage et d’humanité.



Une femme fuyant l’annonce est un roman dense, d’une grande justesse porté par une héroïne tour à tour poignante et rugissante , au-milieu de la beauté naturelle de cette terre de Galilée si disputée. Une œuvre forte et intense qu’on ne peut lâcher une fois commencée, qui prend "aux tripes" et qu’on ne risque pas d’oublier !

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Un cheval entre dans un bar

Un homme seul, sur la scène d'un club banal, dans la petite ville côtière de Netanya, en Israël, énonce des plaisanteries douteuses, interpelle crûment le public, débite des histoires apparemment sans queue ni tête, livre des confidences familiales, des réflexions impromptues à propos de la Shoah, de la mort, de la religion.....c'est Le comique Dovalé.G.

Dans le fond de la salle,le juge Avishaï Lazar, qu'il a convié à son one man show, assiste à cette sorte de performance sur scène, écoute, fasciné, cette loghorrée verbale invraisemblable.....

Dovalé. G est seul face à une foule de curieux, serveuses en short qui passent de table en table, motards, couples, femmes seules, un public tour à tour agacé, désarçonné, désorienté, hilare, qui s'ennuie parfois, scandalisé aussi par cette histoire sans fin, entre inconscient et réalité, sentiments violents et actes qui n'aboutissent pas.....

Un récit vibrant, porté par un souffle puissant oú Dovalé.G se met à nu, exhume avec force ses souvenirs refoulés, enchaîne divers registres, tour à tour drôle, exigeant, sérieux, tragique, soudain emporté puis ....comme absent, pour repartir de plus belle ....

Les drames affleurent derrière les récits et la captation de bribes d'histoire....On le devine....L'humour et une profonde dérision infiltrent les épisodes les plus poignants, les plus marquants ....Il faut le lire d'une traite!

Original et Puissant !

Un auteur dont je n'ai pas oublié "Une Femme Fuyant L'annonce" en 2011.

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Une femme fuyant l'annonce

Une femme fuyant l'annonce est une ode dédiée à toutes les mères et j'y ai donc été particulièrement sensible en tant que fils. Mais peut-être est-ce tout simplement un texte qui s'offre à toutes les femmes.

David Grossman parle ici d'une terre qu'il aime, d'une terre meurtrie, maculée de sang, d'une terre divisée par la guerre, il dit l'absurdité de la guerre, à tel point que des générations naissent les unes après les autres, sur cette terre où le seul destin qu'on leur apprend, d'un côté comme de l'autre et de haïr l'autre, donnant bêtement raison aux armes, aux barbelés, aux murs, aux pierres qu'on jette sur l'autre en face, à une haine viscérale, sans permettre l'effort pédagogique d'expliquer et de comprendre...

Elle s'appelle Ora, quel nom magnifique !

Les Israéliens ne naissent pas guerriers, on leur apprend à le devenir, trois ans d'éducation militaire,- le mot « éducation » est sans doute galvaudé ici, suffisent pour en faire des "pitbulls" bien dressés à l'encontre de l'ennemi palestinien de l'autre côté et les lâcher comme des fauves derrière leurs grillages. Et comme la guerre engendre la guerre, comme la haine attise la haine, en face ce n'est guère mieux. David Grossman, écrivain averti et sensible, sait cela mieux que personne, ayant payé un lourd tribut en perdant son fils en mission au Liban au moment où il écrivait ce livre et cela rend les pages encore plus éprises de douleurs...

Certains Israéliens, comme David Grossman, ont l'intelligence et le courage de dénoncer l'absurdité de cette guerre qui n'en finit pas, rêvant de paix enfin... À sa manière, il mène, aux côtés d'autres personnes engagées au sein de son pays, un combat pour cette paix, car oeuvrer pour la paix est aussi une forme de guerre avec des adversaires qui ne supporteraient pas un seul instant qu'Israël rejoigne cette paix.

À l'issue de son service militaire, le fils cadet d'Ora, Ofer, s'est porté volontaire pour mener un combat ultime et de plusieurs jours, vingt-huit jours précisément, contre une ville palestinienne, se coupant du reste du monde. Sa mère décide d'accomplir durant ses vingt-huit jours une randonnée en terre de Galilée,-l'endroit est loin d'être anodin, qu'elle avait initialement prévue avec Ofer. Elle maintient son projet et part avec un autre homme, Avram, amour de jeunesse, cet amant qu'elle n'a jamais oublié...

C'est un voyage autant physique qu'initiatique, chemin intérieur où résonne en elle déjà les affres d'un pressentiment à venir... C'est une pérégrination où les mots se tissent dans ce dialogue en chemin avec un homme qu'elle a aimé, avec ce fils qu'elle attend qui lui ressemble un peu, convoquant le passé, la mélancolie, l'écho et la force des mots qui semblent, durant ce chemin fait de sables, de pierres et de larmes, disposant ainsi des matériaux nécessaires pour construire une citadelle, une muraille, un songe permettant de reculer au plus loin l'annonce à venir...

Tant que les mots s'édifient ainsi, elle sait qu'elle maintient son fils Ofer en vie, alors elle parle, elle parle, telle une Shéhérazade contant toute la nuit et les autres nuits à venir, faisant ainsi venir des vagues de mots pour reculer la mort dans son ressac...

Est-ce une fuite en avant, un chemin qui prolonge un peu le dénouement à venir ou un retour sur le passé ?

Les paysages désertiques, comme cette terre de Galilée, terre ô combien symbolique, ont cela de grandiose qu'ils peuvent tout inventer et accueillir l'absence, lui donner corps...

Les paysages désertiques sont immenses pour tout accueillir...

Accueillir le geste insensé des guerres stupides et qui perdurent, accueillir le chagrin des mères qui pleurent des enfants morts ou qui vont mourir...

Accueillir nos émotions dans le sable des pages qui viennent plus tard...

J'ai aimé ce récit comme un regard particulier et sensible posé sur une mère, mais les mères, nos mères, sont aussi des femmes qui ont aimé et été aimées...

C'est un livre épris d'humanité.
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Un cheval entre dans un bar

Pour son huitième roman traduit en français, « Un cheval entre dans un bar », David Grossman, grande figure de la littérature israélienne, nous offre un one-man show



Tout commence par un coup de téléphone d’un ami d’enfance qu’il avait complètement oublié. L’ancien juge, Avishai Lazar, reçoit l’invitation à assister à une soirée de stand-up. « Quelle impression a-t-on quand on me voit ? Qu’est-ce que les gens perçoivent en me regardant ? Qu’est-ce qui émane de moi ? » telles sont les demandes qu’Avishai reçoit de son ancien ami Dovalé.

Cruel et tendre à la fois ce nouveau roman original écrit comme un long monologue, même si le narrateur est le juge Lazar, parle une nouvelle fois de la perte et du deuil. Tout au long de la soirée dans ce petit cabaret minable de Netanya, petite ville côtière du centre d’Israël, Dovalé sur scène et Avishai dans la salle reconstruiront partiellement leur vie.

Comme dans tous ses romans, Grossman raconte à travers ses personnages les difficultés de la vie Israélienne où le poids de la tragédie de la Shoah, la violence de la guerre, le terrorisme et la confrontation avec la mort, mais aussi la morale et l’humanisme, sont omniprésents. Les questions posées par Dovalé sont les même qu’Israël se fait. « Quelle impression a-t-on quand on me voit ? Qu’est-ce que les gens perçoivent en me regardant ? Qu’est-ce qui émane de moi ? ». Et à l’image des spectateurs de la soirée un certain nombre reste jusqu’au bout et accepte leur responsabilité.



Un livre drôle, triste, tendre, violent. Un très bon Grossman.



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La vie joue avec moi

J’étais curieux de lire un roman de David Grossman. Cet écrivain et intellectuel de gauche israélien avait obtenu, il y a une dizaine d’années, le prix Médicis étranger pour son livre Une femme fuyant l’annonce, écrit après qu’il eut perdu un fils de vingt ans, mort au combat.



Dans La vie joue avec moi, il explore les séquelles psychologiques frappant en cascade la famille d’une femme ayant survécu à des persécutions et des sévices. Il nous confronte aussi aux situations où l’on nous contraindrait de choisir entre deux solutions insupportables.



A cet effet, David Grossman met en scène trois Israéliennes, en 2008 : Véra, quatre-vingt-dix ans, sa fille Nina, sexagénaire, et la fille de celle-ci, Guili, bientôt quarante ans, à qui l’auteur confie la narration du roman.



Véra est née dans une famille juive de Croatie, un état qui faisait alors partie de la Yougoslavie. Elle vit dans un kibboutz depuis qu’elle a émigré en Israël avec sa fille, il y a plus de quarante ans. Cette femme toute menue est un concentré de vitalité et de dynamisme. C’est aussi une idéaliste inflexible au caractère intransigeant. Sa fille Nina est une femme insaisissable, instable, destructrice et autodestructrice. Elle a mené une vie dissolue, disparaissant et réapparaissant de façon imprévisible. Elle ne s’est jamais occupée de sa fille Guili, ayant mal supporté d’avoir été elle-même abandonnée par sa mère à l’âge de six ans. Guili, qui exerce la profession de cinéaste, est une femme très tourmentée, reprochant, elle aussi, à sa mère de l’avoir laissé tomber toute petite.



Dans la famille, il y a aussi Raphaël, la crème des hommes. Elevé par Véra, qu’il respecte, il est tombé tout jeune déraisonnablement et définitivement amoureux de Nina. Il est le père de Guili, qu’il a élevée et à laquelle il a transmis ses secrets de cinéaste.



Dans l’espoir d’une catharsis qui permettrait aux trois femmes de trouver un équilibre dans leur vie et de nouer entre elles des relations apaisées, tous les quatre partent à la recherche du passé de Véra. Une équipée filmée par Guili, en Croatie dans le village natal de sa grand-mère, puis sur l’île de Goli Otok, un ancien goulag voulu par le maréchal Tito, où elle était restée prisonnière pendant près de trois ans, à la fin des années quarante.



Petit rappel historique. Maître tout puissant de la République fédérative populaire de Yougoslavie de 1945 à sa mort en 1980, le futur maréchal Tito adhère au Parti communiste yougoslave en 1920, il en est nommé secrétaire général par Staline dans les années trente. Il participe à la résistance contre l’Allemagne nazie et prend le pouvoir à la fin de la guerre. En 1948, Tito rompt avec l’URSS, noue des relations avec l’Occident, mais fidèle aux méthodes de son ex-mentor, il crée le camp de Goli Otok pour enfermer ses opposants, et parmi eux les communistes restés staliniens.



Un livre pénible à lire. Les secrets annoncés ne sont pas vraiment des secrets, dans cette fiction très inspirée de la vie d’une authentique résistante yougoslave installée en Israël, Eva Panić Nahir, que l’auteur a rencontrée à plusieurs reprises. La narration de Guili traîne en longueur et s’encombre de considérations personnelles brouillonnes et tourmentées. « Normal, » me direz-vous, « Guili est une femme tourmentée, vous l’avez dit vous-même ». Oui, mais n’empêche que le texte est parfois difficile à suivre, d’autant plus que tout est sinistre dans cette sombre histoire ! Pour compliquer les choses, c’est Véra elle-même qui raconte sa jeunesse, dans un langage censé montrer qu’elle maîtrise mal l’hébreu. Et sa détention au goulag fait l’objet de phrases brutes et sèches que Guili a notées en script, quand elle ne pouvait pas sortir sa caméra.



Une lecture qui manque terriblement de fluidité. Les personnages sont toutefois intéressants, leurs rapports aussi. Peut-être la fiction gagnerait-elle à être adaptée au théâtre.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Un cheval entre dans un bar

A Netanya, petite ville côtière d'Israël, le comique Dovalé G. s'apprête à investir la scène d'un cabaret de seconde zone. Le public est venu pour passer du bon temps et le showman vieillissant veut leur en donner pour leur argent, même s'il a prévu un spectacle un peu différent de ses prestations habituelles. Dans la salle, invité exceptionnel, le juge à la retraite, Avishaï Lazar se demande ce qu'il fait là, lui qui vit en ermite depuis le décès de sa femme. Il ne sait pas encore que celui qu'il a connu alors qu'ils étaient adolescents lui réserve le récit de sa vie, une confession sans compromis, sans faux-semblants. Tour à tour drôle, cynique, insolent, agressif, Dovalé raconte un adolescent fluet, souffre-douleur de ses camarades, à qui, alors qu'il est loin de chez lui dans un camp d'entraînement militaire en plein désert, on annonce la mort de l'un de ses parents sans lui préciser lequel. Commence alors un long voyage jusqu'à Jérusalem durant lequel il prend des paris sur l'identité du défunt, en subissant les blagues que lui raconte son chauffeur.

Tandis que le public siffle, hue, applaudit, verse une larme ou quitte la salle, sur scène se joue le drame d'un clown qui tombe le masque.



Qu'il est dérangeant ce clown triste, cet homme qui met son âme à nu, se donne en spectacle. Quand le public quitte la salle, le lecteur reste, accroché, ferré par la violence et l'intensité de ce qui se joue sur scène. Derrière l'homme vieillissant, à bout de souffle, Dovalé nous laisse apercevoir les souffrances d'un enfant qui marchait sur les mains pour voir la vie autrement. Autrement que par le prisme de la Shoah dont le souvenir détruisait sa mère à petit feu, autrement que par la violence du père, autrement que par l'annonce d'une mort, un jour funeste, au fin fond du désert. Comme bien des comiques, Dovalé rit et fait rire pour ne pas pleurer... Et si le public déserte peu à peu la salle, c'est parce qu'il veut rire aussi et non pas être confronté à ses peurs, ses douleurs, ses bassesses, ses trahisons. Ceux qui restent ont le courage de regarder l'homme nu et de se regarder en face. Le juge est de ceux-là. Ovaldé est le symbole des petites lâchetés qu'il avait enfouies dans sa mémoire et qui lui reviennent de plein fouet. C'est peut-être pour lui l'occasion de se remettre en question et, pourquoi pas, de se racheter.

Un livre choc, coup de poing, tout en tension, avec derrière les éclats de l'acteur, cette lancinante question : qui est mort ? Partie intégrante du public, le lecteur n'échappe pas aux filets d'Ovaldé qui le tient en haleine, rageur, hargneux, pathétique aussi, et qui lui demande : ''Qu'auriez-vous vous fait à ma place ? Quelles auraient été, pour vous, les conséquences de cette angoissante incertitude ? Qui auriez-vous voulu mort de votre père ou de votre mère...?''

Un cheval entre dans un bar et commande un whisky....Et on l'accompagne pour se remettre de cette lecture qui se lit d'une traite, qu'il FAUT lire d'une traite pour vivre en temps réel ce spectacle qui explore l'âme humaine. Un texte dérangeant, exigeant, puissant.
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J'écoute avec mon corps

Une jeune fille rend visite à sa maman malade et en fin de vie. Cela fait des années qu'elles ne se sont pas vues, seul un coup de fil hebdomadaire fut le seul lien entre elles depuis tout ce temps. Accompagnée de son dernier manuscrit qui retrace un épisode de la vie de sa maman, elle reste à son chevet pendant des heures pour le lui lire. Il est question du temps où sa maman était professeure de yoga et où elle s'est occupée d'un jeune garçon pendant des heures pour lui apprendre à connaître son corps. Un épisode traumatisant pour la jeune fille qui semble nourrir encore quelques rancoeurs pour cette dernière, d'autant plus que celle-ci n'accepte pas du tout le fait que sa fille soit homosexuelle. Cette lecture permettra à chacune d'entre elles de mieux connaître voire d'accepter l'autre telle qu'elle est...

Le temps d'un trajet en voiture, un homme marié, conduit par sa belle-soeur, se confie à cette dernière. Elle ne sait pas où elle doit le conduire et encore moins les raisons de cet étrange voyage. Au fil du temps, il raconte l'histoire d'une femme qui trompe son mari et veut la surprendre dans les bras de celui-ci. A n'en pas douter, il s'agit de sa propre femme. Mais, avec moult détails sur cette soi-disant relation, l'on vient à douter de la véracité de ses propos. Qui trompe qui réellement? Quel lien existe-il entre le mari, la belle-soeur, la femme et l'amant?



David Grossman brosse le portrait d'êtres en proie à leurs doutes ou à leurs peurs, face à leur désarroi. Nous sommes ainsi plongés dans deux huis-clos.

Dans la première nouvelle, alternant les passages lus et l'intervention de la maman, on est confronté aux rapports conflictuels mère-fille, à l'appréhension du corps en devenir, aux non-dits trop longtemps tus et au besoin de connaître l'autre.

Dans la seconde, plus complexe, on se demande où veut nous emmener l'auteur, tellement cela reste flou, parfois déroutant ou dérangeant, ne sachant pas trop où se situe la limite entre la réalité et la fiction.

L'écriture, très poétique, intense et touchante, renforce cette impression d'enfermement, de tension et d'émotion.



J'écoute avec mon corps... et les émotions me traversent...
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La vie joue avec moi

Comme dans : Une femme fuyant l'annonce, David Grossman dans son dernier roman : La vie joue avec moi, renoue avec la veine des histoires familiales traumatiques sur fond de conflits historiques générateurs de drames humains. Comme toile de fond, cette fois-ci, l'histoire de la Yougoslavie et du régime totalitaire de Tito. On retrouve également le goût de l'auteur pour les relations triangulaires souvent porteuses de conflits et/ou de non-dits ravageurs. Et c'est bien de cela qu'il s'agit dans ce dernier roman qui nous donne à voir trois femmes : Véra, juive israélienne mais aussi rescapée du goulag sur l'île de Goli Otok où Tito avait enfermé tous les opposants au régime. Elle vient de fêter ses 90 ans au kibboutz où elle réside, entourée des siens et notamment de sa fille Nina venue de Scandinavie et de sa petite fille Guili. Autre relation triangulaire celle qui existe entre Nina, Guili et Raphy, mari de Nina et père de Guili.

Le fil de l'intrigue repose sur le terrible secret à l'origine du traumatisme dont Nina a été victime à l'âge de six ans. C'est ce qui va motiver le départ des quatre personnages pour l'île de Goli Otok, sur la demande de Nina, désireuse de tirer au clair l'histoire familiale dont elle a été victime et qui l'enferme dans des conduites auto-destructrices dont elle cherche désespérément la clé...

J'ai beaucoup aimé la complexité des relations entre ces quatre personnages, vus à travers le double filtre du récit de la narratrice Guili et de la caméra dont elle va se servir pour recueillir et essayer de tirer au clair ce qui s'est réellement passé dans la vie de Véra, depuis son mariage avec un serbe Milosz, son internement au goulag de Goli Otok, lieu où sont détenus et torturés les opposants au régime et son retour en Israël avec Nina , sa fille âgée alors de douze ans.

Une étourdissante valse des émotions et des sentiments va décentrer ces personnages du rôle qui est le leur : les rapports de protection et d'amour, d'autorité et d'obéissance, de haine et de rejet vont devenir mouvants jusqu'à s'inverser parfois. Scène très émouvante, par exemple, que celle où Guili va se glisser dans la peau de Nina, petite fille et revivre avec elle le traumatisme initial qui l'a ravagée... Très belle scène également ou au contraire elle va endosser un rôle d'autorité face à sa grand-mère qu'elle adulait jusque là, et qu'elle va sommer de dire la vérité à Nina sur la raison de son abandon.

Ce roman est donc réussi dans la peinture de ce huit-clos familial où chacun des personnages va être à un moment ou à un autre confronté à ce qu'il fuyait et obligé d'accepter une vérité difficile à regarder en face.

J'ai pourtant regretté, contrairement à Une femme fuyant l'annonce, une contextualisation de ce drame qui reste à mon goût trop en arrière-plan, hormis le terrible récit de la vie de Véra au goulag.

Je trouve également le dénouement un peu hâtif, surtout au niveau de la psychologie des personnages, notamment celui de Nina dont la complexité avait été parfaitement décrite, jusqu'à un final trop spectaculaire pour moi...

Même bémol pour la plume de l'auteur qui n'est pas toujours aussi percutante que je l'aurais souhaitée, d'où ma note...
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La vie joue avec moi

Après Une femme fuyant l'annonce, l'auteur israélien propose un nouveau roman bouleversant, inspiré de la vie de Eva Panic-Nahir, héroïne yougoslave.

Il y a un peu de Sarah Chiche dans ce dernier texte de David Grossman tant dans l'urgence de l'écriture, que dans le propos, où il est question, comme dans Saturne, de famille dysfonctionnelle et des ravages de l'absence. Ce que d'ailleurs ces 2 auteurs narrent à merveille.

Ici, face caméra, 3 femmes racontent et se racontent : Vera, victime du goulag et des camps de Tito. Sa fille Nina née de sa grande passion pour Milosz, marquée par l'abandon de sa mère lors de son emprisonnement. Enfin Guili, issue des amours de Raphaël, fils du second mari de Véra, et de Nina. Élevée exclusivement par son père, elle entretient une relation forte avec celui-ci, une relation professionnelle aussi (elle est la scripte de Raphaël sur tous ses films). Il lui a manqué (il lui manque encore) une présence maternelle.

A l'occasion des 90 ans de Vera, tous décident de partir sur les traces de leur passé et de dérouler le film de leur vie...

Un livre poignant par tant de non-dits et d'amour refoulé.

Un roman passionnant sur la maternité, la maladie, la transmission, porté par une plume virevoltante, haletante, intense.

Un moment fort !
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Une femme fuyant l'annonce

Égarer la mort



Le soleil contemple ce petit bout de terre qu'est l'État d'Israël, et chacun de ses rayons semble être une larme de sang. Comment ne pas devenir fou lorsque l'avenir ressemble à une mitrailleuse ou une bombe piégée ?



Pour s'offrir une échappée loin de la peur quotidienne, Ora a organisé une randonnée en Galilée avec son fils, Ofer, qui vient de terminer son service militaire. Mais, sourd au désir de sa mère, Ofer décide de participer à une mission dans les territoires occupés. Ora est désemparée. Va-t-elle attendre bien sagement chez elle qu'un officier vienne frapper à sa porte pour lui apprendre la perte de son fils ? Non, il ne saurait en être question.



C'est alors que germe en elle l'idée qu'en partant tout de même pour cette randonnée avortée, elle déjouera la mort et fera acte de vie. Si elle n'est pas dans sa maison, personne ne pourra faire de mal à son garçon. Avec cet espoir bien caché dans son sac — comme un talisman contre le mauvais oeil —, Ora se fera accompagner d'Avram, un ami d'adolescence depuis trop longtemps perdu de vue. C'est avec lui que cette mère "fuira l'annonce" et, dans le dialogue qui se retissera entre eux, la parole servira de boussole pour rechercher le temps perdu.



L'écriture de David Grossman, juste et puissante, creuse à même la terre des vies humaines pour en extirper de vieux secrets aussi explosifs que des mines.



Dans chacun de ses pas, on pourrait entendre Ora dire à la mort : « Suis-moi, je vais te perdre dans les montagnes de Galilée et tu ne me prendras pas mon fils. » Tel est sans nul doute le désir de chaque mère pour son propre enfant : égarer la faucheuse au milieu des rocailles afin que celle-ci ne puisse faucher rien d'autre que du vent. Bien entendu, il s'agit là d'une pensée magique. Mais nos mères, gardiennes de la source de vie, ne sont-elles pas toutes de grandes magiciennes ?



© Thibault Marconnet

Le 26 octobre 2021
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Une femme fuyant l'annonce

Que dire d'autre sinon qu'Une Femme fuyant l'Annonce est un livre bouleversant?

Par où commencer, tout simplement? C'est un roman dense, à fleur de peau, tragique, et qui commence pourtant avec une pointe d'ironie, un petit humour de situation en plein contexte de guerre civile, Israël et Palestine, Juifs et Arabes...

Quand David Grossman a commencé à écrire ce livre, il y avait, dit-il, la secrète superstition de garder son fils en vie alors qu'il était engagé dans l'armée pour deux ans. Son héroïne, elle, parle sans relâche de son fils pour la même raison: le protéger, échapper au mauvais sort. Le fils du premier est mort tué d'une roquette pendant l'écriture du roman...

Ora rencontre Avram et Ilan à l'hôpital alors qu'ils sont tous trois adolescents. Une forte amitié les lie aussitôt, et de l'amour aussi; quelques années plus tard, Avram, otage en Egypte, est torturé, Ilan, lui, est démobilisé et rentre chez lui. Lorsqu'Avram revient en Israël, à deux doigts de la mort, le jeune couple décide de se consacrer à lui, de le ressusciter d'entre les morts, de le soigner, se sentant coupable de ce qu'il a enduré.

Une trentaine d'années plus tard, c'est le second fils d'Ora, Ofer, qui est soldat dans l'armée israëlienne. Pire encore, il se réengage de son propre chef. Ora imagine le pire, l'annonce de sa mort frappée à sa porte, d'une minute à l'autre, et ne pouvant le supporter, elle décide de fuir son domicile. Ainsi, rien ne pourra lui arriver... elle récupère Avram - Ilan l'a quittée il y a quelques mois - et tous deux partent pour une longue marche de plusieurs semaines, lors desquelles Ora lui parlera d'Ofer, qu'Avram a toujours refusé de rencontrer et de reconnaître... traumatisé, vide, incapable d'aimer à nouveau.

Le roman oscille entre l'intimité de la famille que forment Ilan et Ora avec leurs deux fils, Adam et Ofer, et ces guerres qui ont tué intérieurement Avram, le traumatisme d'une société livrée aux attentats et au soutien de quelques pays lointains dont ils dépendent pour leur assurer un avenir. Adam et Ofer grandissent dans un contexte agité et conflictuel. Ora confie mot à mot leur enfance à un Avram à l'intérêt grandissant qui reprend peu à peu vie auprès de cette femme qu'il n'a cessé d'aimer mais qui avait choisi Ilan, il y a longtemps.

C'est un roman pesant, qui se lit par à coups, et qui fait jaillir une foule d'émotions et de questionnements aussi sur ce qu'on aurait fait nous-mêmes si... c'est aussi un roman surprenant par l'écriture et le chemin qu'elle prend, tout en bifurcation, digressions, allers et venues du présent au passé.

On pleure pour Avram, ce beau garçon incroyable, tué en son coeur par cette guerre, et pour Ora aussi, qui tente coût que coûte de garder en vie une humanité qui se perd.

C'est un roman magnifique sur la famille, l'amour et la guerre.
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Une femme fuyant l'annonce

Israël aujourd’hui. Une randonnée longue et lente, aride comme une traversée du désert…



Une femme dont le fils militaire s’en va participer aux manœuvres. Folle d’inquiétude, craignant sans cesse qu’on vienne lui annoncer la mort de son fils, elle part faire une randonnée dans l’arrière-pays, se disant que si personne n’est à la maison, il n’y aura pas d’annonce.



Pour l’accompagner dans son périple, ses amours d’hier et d’aujourd’hui, le rythme pesant de la marche étant aussi un moment pour l’introspection, pour le retour sur sa vie de jeunesse, ses passions troublées, la culpabilité et le mal de vivre ainsi que bien sûr, la guerre, la peur et le dilemme moral de la réalité des Palestiniens que lui laisse entrevoir un ami arabe.



Un roman pour découvrir les paysages de Galilée et un peu de l’envers du décor…

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L'Enfant zigzag

L'enfant zigzag ne peut être lu qu'en retrouvant une âme d'enfant, en osant tous les possibles, en oubliant le rationnel et en faisant confiance à l'extraordinaire.

Sans cela, impossible d'apprécier à sa juste valeur ce roman coloré, fou, drôle, lumineux, improbable, tendre et joyeux.

Aux côtés de Nono et de Félix, nous arrêtons un train à pleine vitesse, nous changeons d'identité, nous plongeons dans une cuve de chocolat, nous défions tous les policiers, nous rencontrons des personnages haut en couleur, nous découvrons qui nous sommes.

Ce roman est une quête d'identité pour ce jeune Nono qui s'apprête à faire sa bar-mitsva. En deux jours, il découvrira aux côtés de Félix, l'homme aux yeux si malicieux et pétillants, la valeur de la famille, la douceur de l'amour et l'importance de grandir.

Un roman lumineux et souriant !
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