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Critiques de David Le Bailly (181)
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Hôtel de la Folie

Le livre débute sur le suicide de Pià Nerina, la grand mère - Mémé- du narrateur.

Pendant 14 ans elle a protégé son petit fils de la folie de sa mère/fille Victoria.

Mais pourquoi est elle folle ?

Pourquoi veut elle être tant aimée des hommes ?

C’est en vidant l’appartement que le narrateur trouve des suppositions à ces questions, car malheureusement Pià est partie avec certaines réponses. Avec ces secrets : Qui était elle vraiment ? Comment a t elle fait pour avoir ce niveau de vie?



C’est avant tout un livre comme une lettre d’amour que David Le Bailly écrit à sa grand mère tant aimé.
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Hôtel de la Folie

À travers ce roman, véritable lettre ouverte à sa grand-mère, David Le Bailly fouille les souvenirs familiaux pour tenter de comprendre son histoire.



Qui était vraiment sa grand-mère, petite italienne dans le sou n’ayant jamais travaillé, qui vivait dans un appartement luxueux de Paris?

Qui était sa mère, cette femme violente méprisante qui passait ses journées enfermée dans sa chambre?



En remontant le fil de lettres, de photographies et de témoignages retrouvés, l’auteur retrace doucement les pans de vie de sa mémé adorée, celle qui l’a choyé et protégé de sa mère défaillante, mais aussi le fil de sa propre vie.



Un ouvrage tendre et dur à la fois qui traite de la filiation, de la folie et des enfances difficiles, terribles cicatrices gravées en soi.

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Hôtel de la Folie



Le récit débute par la narration d’une scène bouleversante. Pìa Nérina, la grand-mère du narrateur, octogénaire, se jette par la fenêtre de l’appartement de l’avenue Montaigne dans lequel elle réside avec son petit-fils et sa fille. Ce dernier, âgé de 14 ans, est présent et assiste, impuissant, à ce drame qui va le séparer définitivement de celle qui fut son pilier et lui a prodigué tout l’amour que sa mère n’a jamais su lui donner. C’est précisément cette mère, instable, incompréhensible et insupportable qui va être à l’origine du geste désespéré de Pìa Nérina.

Dans ce beau texte, que l’on devine autobiographique, David le Bailly nous raconte cet étrange huis-clos dans lequel il a grandi, partagé entre la tendresse de sa grand-mère et la folie de sa mère, devenant de plus en plus envahissante et destructrice. Les mots et le ton sont justes et parviennent à nous faire ressentir l’atmosphère pesante et inquiétante qui envahit leur quotidien.

Un livre très personnel, dérangeant parfois et qui décrit parfaitement les drames que peuvent entraîner certains déséquilibres et certains dysfonctionnements au sein d’une famille.
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Hôtel de la Folie

(Partenariat Babelio)

Au départ j'ai été un peu déconcertée par la forme interrogative très présente avant d'entrer pleinement dans l'enquête que mène David Bailly sur la vie de sa grand-mère. Peu à peu se dévoile l'isolement de son enfance et les non-dits familiaux. L'auteur réussit à transmettre à la fois la reconnaissance qu'il doit à la sécurité affective que lui a donné Pià Nerina mais aussi la part de doute hérité du mystère qu'elle a savamment entretenu sur son véritable grand-père. Des contradictions sur lesquelles il a du se construire, face à une mère qui semble totalement absente - on attend avec impatience la suite de cette saga familiale avec justement un roman sur celle-ci: en filigrane elle apparait comme le rouage essentiel de ce huis-clos auquel David Bailly donne le nom d"Hôtel de la Folie"
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Hôtel de la Folie



Le livre s’ouvre sur un drame. Pia Nerina, la grande mère de l'auteur, se jette par la fenêtre.

Ce petit-fils tant attaché à sa grand-mère va essayer de remonter l’histoire de sa vie. Il va chercher à comprendre et tenter de trouver les réponses à ses questions. L’auteur nous raconte l’histoire de Pia, sa naissance et sa jeunesse à Naples, l'Hôtel de la folie de ses parents, son mariage, son divorce, les hommes qui ont traversé sa vie, la naissance de sa fille, sa maman (dont il ignore qui est le père), sa vie dans des hôtels puis dans son appartement proche des Champs-Elysée, son grand amour Pyrrhus……

Tant d’énigmes……démêler le vrai du faux…..

David le Bailly nous raconte également son enfance, sa relation difficile avec sa maman, ses sorties au Prisunic, ses souvenirs avec Pia et tout l’amour qu’il ressent pour elle…..

C’est une très belle déclaration d’amour à sa grand-mère, un livre sur la quête d’identité et les racines.

Un récit intime tout en pudeur et très touchant…..

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Hôtel de la Folie

Qui est Pia Nerina ? Pourquoi s'est-elle jetée du balcon de son appartement de l'avenue Montaigne le 7 décembre 1987 ?

David, son petit-fils, va essayer de comprendre les mécanismes qui ont conduit cette napolitaine exubérante au suicide.

En plongeant dans les archives, en retrouvant lettres et photos, celui qui n'avait que quatorze ans au moment du drame, va reconstituer la vie de sa grand-mère.

Pia est la huitième d'une fratrie de treize enfants issus de l'union d'Attilio de Cecchi et d'Emma. La famille habitait l'hôtel de la folie à Naples, une ville vérolée par la misère et le fascisme.

Est-ce la faillite du père, la mort de la soeur aînée, l'accident mortel de la nièce qui ont poussé Pia à fuir l'Italie ? Et à mener une vie dissolue à Paris jusqu'à la prise en charge de son existence par un certain Pyrrhus, un riche espagnol qui rallie un temps les rangs de Franco pour finir ambassadeur à Paris ?

En arrivant en France, Pia Nerina épouse François Puigdemon pour obtenir la nationalité française. Si cet homme donne son nom à Victoria, la fille de Pia, il disparaît rapidement. Victoria ne connaîtra jamais son vrai père parmi les nombreux amants de sa mère.

Pia voulait le meilleur pour sa fille. Belle, elle la mettait en avant. Peut-être voulait-elle continuer à séduire au travers de Victoria ? Pour l'une et l'autre, la réussite passe par un riche mariage. Mais Victoria ne trouvera jamais son Pyrrhus. La folie de la mère fut-elle le prix à payer pour l'ambition de Pia Nerina ?

David a vécu quatorze ans auprès d'une grand-mère attentionnée. Ils subissaient tous deux la folie de la mère. Une folie qui grandit et s'accompagne de violence. Longtemps, il a réussi à donner à Pia le courage de continuer cette vie violente dont elle ne voulait plus.

Lorsqu'il raconte l'histoire de sa famille, il fait de Pia une femme solaire, résistante, énigmatique. Son personnage s'illumine sous les yeux de l'enfant qui cherche un repère, une protection au coeur de la folie de sa mère.

Avec ce troisième roman, David le Bailly crée le mystère autour d'une femme remarquable. J'ai beaucoup aimé l'ambiance et les personnages de cette histoire originale.
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Hôtel de la Folie

Le jeune David n'est qu'un jeune adolescent lorsqu'il voit sa grand-mère se jeter par la fenêtre...

Des années plus tard il décide de mener l'enquête et de découvrir qui était cette femme qui l'a élevé et dont il sait si peu de choses. Or ses recherches ne feront que dévoiler de nouveaux mystères sur la vie de sa Pià Nerina.

De Naples ou elle est né à Paris ou elle a vécu en passant par la Riviera ou elle allait de temps en temps, cette femme mystérieuse semble avoir vécu milles vies. Qui est donc Pyrrhus, cet homme qui semble l'avoir entretenue pendant des années. Est-il le père de sa fille, la mère du narrateur? Pourquoi avoir sans cesse menti à l'administration? Quelles pistes voulait-elle brouiller? Quels secrets pouvaient bien nécessiter de mener cette vie d'apparences?



Un livre enquête très troublant car l'on se demande tout du long s'il s'agit d'une fiction ou de l'histoire familiale de l'auteur car en faisant quelques recherches on trouve quelques correspondances (notamment pour le fameux Pyrrhus). Toujours est-il qu'on se prend au jeu, la vie de cette femme nous interroge et on aimerait remplir les blancs.



Ce roman c'est avant tout la lettre d'amour d'un jeune garçon devenu homme à sa grand-mère. J'espère que cette écrit lui aura permis de trouver la paix (que le David de l'histoire soit fictif ou pas ;) )

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Hôtel de la Folie

Ceci est un roman autobiographique, que l’auteur a sorti de ses tripes, en démêlant un incroyable faisceau de mystères et de non dits. A t’il pu cheminer un peu depuis qu’il a terminé ce livre ? On le sait il n’y a pas de mot « fin » à une telle histoire. La genèse du roman prend peut être corps lors de la mort de la mère de l’auteur survenue il y a quelques années. Un événement moins difficile à supporter que celui de la grand-mère, nous dit l’auteur. Il a du alors vider la demeure. Un travail douloureux et prégnant, que nous faisons tous, quand nos parents disparaissent : Faire le ménage, au propre et au figuré, balancer l’inutile, qu’il reste à déterminer.



Pour revenir aux sources familiales, « L’hôtel de la folie » a bien existé dans cette appellation étrange. Nous apprendrons que c’est un établissement situé via Toledo, à Naples. C’est là que naquit Pià Nerina, la grand-mère, personnage central de l’histoire, ayant mené une existence sulfureuse, sous une apparence de bourgeoise, ayant sans cesse donné le change, même à ses proches.

La culture du secret, du refoulement, et de la mythomanie semble remonter à l’histoire Italienne de la mère, à ses propres géniteurs. Les questions dans ce livre, sont bien plus nombreuses que les réponses. Ou plutôt, chaque réponse donne naissance à de nouvelles questions.

Qui a eu l’idée d’appeler l’hôtel ainsi ?

« Ton père, Attilio Salvadore, de la famille des barons de Cecchi, ainsi qu’il se présentait sur le prospectus commercial ? Et pourquoi ? Parce que cet aristocrate Calabrais aimait le Français ? Très bien. Mais pourquoi la folie ? La folie de qui ? Quelle folie ? Qui voudrait dormir dans un hôtel avec un nom pareil ? »

La force du récit et les personnages baroques, font penser à l'univers des plus grands écrivains. Pià Nerina, dont l’histoire de migrante est évoquée, n’a t’elle pas la force et la tchatche de Julia, dans « Tante Julia et le scribouillard » de Vargas Llosa. Ou encore l’opiniâtreté de la mère de Marguerite Duras, dans son « barrage contre le pacifique » ?

Pià Nerina, qui garda sa fille et son petit fils sous le toit de ce grand appartement Parisien, semble avoir été une véritable maman de substitution. Et sa mort, que la scène inaugurale du livre évoque, reste le grand trauma. « La fenêtre de la cuisine, ses battants grands ouverts. Le vent glacé. Tes pantoufles sur le rebord du balcon. Tu t’es jeté et je hurle ! »

C’est une chose d’enquêter sur le frère d’un poète aux semelles de vent, mort il y plus d’un siècle, comme l’auteur l’a fait si brillamment, dans « l’autre Rimbaud », c’en est une autre de se mettre à vif, en écrivant sur sa propre histoire familiale, quand elle est si douloureuse, et multiforme.



« Il y a quelques années, confesse David Le Bailly dans ce livre au mille tiroirs, j’ai écrit un livre sur la compagne cachée de François Mitterrand. Je n’ai pas compris tout de suite le sens caché avec ton histoire » 

Invisible, car trop évidente, comme dans « La lettre cachée » nouvelle d’Edgar Poe, que les enquêteurs étaient incapables de trouver, car traînant au beau milieu de la table. Nos orientations sont sans doute si biaisées par notre passé, que nous ne nous sommes pas conscients que notre liberté, nos choix et regards sont bornés. Il a fallu deux livres sur le même sujet, lié au secret de famille, terme d’appellation non contrôlée, pour que l’auteur, après avoir brodé brillamment sur le motif, se mette enfin à l’ouvrage sur le sujet qui lui importait le plus : Les ressorts de sa propre vie.

C’est Louis Ferdinand Céline qui disait en 59 : « Alors j’ai mis ma peau sur la table. Parce que n’oubliez pas une chose : La grande inspiratrice c’est la mort ! Si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n’avez rien. Il faut payer !

Payer...S’il ne fallait payer que pour ses propres choix. Malheureusement, les enfants le font souvent pour les choix de leurs géniteurs. « Pià Nerina. J’ai espéré la mort de Maman. J’ai toujours pensé que c’était la meilleure chose qui pouvait arriver. Et à présent que c’est arrivé, je le crois encore. Mais je sais. Il y aura un prix. »



Ce livre est sans aucun doute un exutoire. Une thérapie.. Prométhée s’est trouvé lui aussi devant ce dilemme. Le prix à payer. Mais l’exigence de lumière n’est il pas plus salutaire que l’apathie et la résignation ? Tant qu’à évoquer les mythes Grecs, qui a envie de rester assis dans la grotte de Platon, à se contenter d’un simple reflet indistinct du réel sur un mur ? Ne pas chercher à comprendre, c’est prendre le risque de reproduire, et de s’enfoncer encore dans la folie.

Pià ne tardera pas à s’extraire de son Italie natale, pour émigrer en France dans les années 30. Pià, belle et aventureuse, brise le plafond de verre. Elle a tous les culots, les audaces, et prend les portes dérobées, faute d’ascenseur social, capable de s’accoquiner avec un aigrefin, pour arriver à ses fins. On en parlerait maintenant comme « Une femme puissante ». A l’époque, on disait « une sacré dégourdie », ou plus fâcheux « Une gourgandine ! »

On l’imagine facilement s’installant à l’esbroufe, dans le Paris des artistes, ou plutôt  des gens qui comptent, car si sa culture est déficiente, son charme et son charisme, parviennent à combler les failles, avec son habilité de faussaire. Elle sait ce qu’elle veut : Dénicher l’oiseau rare, comme on disait à l’époque. Une sorte de Zelda, cherchant son Scott Fitzgerald, dans cette ambiance interlope du Paris de l’entre deux guerres. Elle est vite repérée par les hommes influents. A moins que ce soit le contraire. Car Pià, contrairement à Zelda, à la tête bien sur les épaules.



Reproduire, ou critiquer ? Nos choix en sont ils vraiment ? Ne dépendent ils pas de notre place œdipienne, et de celle que nous occupons dans la famille, des valeurs de l’époque, de notre arbre généalogique plus ou moins bancal ? Romain Gary toute sa vie, s’est inventé cent récits mythologiques, a changé de nom et de pays, pour boucher les failles de son histoire.

Pour Pià, l’intrigante, l’homme qui fut une fortune de guerre au long cours, s’appelle Pyrrhus. C’est « L’amant de la Chine du nord » de Marguerite Duras. C’est lui qui finance l’achat de ce grand appartement, comme un aristocrate pourvoie au train de vie de sa maîtresse.

Les noms ont été changé bien sûr par l’auteur, mais leur choix n’est sans doute pas innocent « Pyrrhus », comme « Hannibal » ont été des empereurs conquérants. Oreste, autre homme de passage, un héros mythologique Grec. Ces patronymes ne surlignent-ils pas l’importance que ces figures patriarcales, possédaient sur ce ménage à trois? Ils raisonnent comme le nom de molochs antiques, omnipotents dans leur générosité, jamais tout à fait acquise. La peur de tout perdre, est constitutif au passé de Pià.

Cette distribution au générique souligne un peu plus l’ancrage que peut avoir pris cette histoire, dans la psyché du petit garçon, devenu plus tard écrivain, restituant les ombres de ces géants, sans prendre le risque d’en dire trop. On ne peut déballer tous les secrets des boites à chaussures et des tiroirs où ils se tenaient cachés, le jour où il faut fermer la maison familiale. La moindre photo exposée au public peut vous amener maintenant de sérieux problèmes sur le devoir de confidentialité, même si les visages, quand ils ne sont pas dans l’ombre, sont rageusement grattés avec une lame de rasoir.

Et l’on ne sait qui a fait cette injure ? Est-ce la mère, ou est-ce la fille, si semblables dans leur aspirations, et si différentes dans la réalisation.

A partir de quand la fille commence t’elle à haïr la mère ? Cette investigation ne sera jamais finie. Les parts d’ombres sont trop nombreuses. On pense en lisant ce livre, à Patrick Modiano, cet homme qui toute sa vie a remis sur le métier les mêmes questions, après avoir vécu une enfance traumatique, dans le Paris interlope de l’après guerre.

Pour exorciser son passé, Patrick Modiano s’est servi de la fiction. Une façon de tirer des bords pour remonter le courant, de façon bien moins frontale que l’auteur. Si les histoires sont différentes, elles présentent toutes deux le même type de personnage lunaire, jeune, perdu, se mouvant dans un univers d’aquarelle, où il est difficile de faire la part des choses, dans un monde de secrets et de non dits.

C’est un exercice courageux et difficile dans lequel s’est lancé David Le Bailly. Il devait tenir à l’urgence, à la nécessité. il touche à l’universel, et aux questions que nous nous posons parfois sur nos origines, le passé de notre famille. Les repas de familles, malgré toute l’ambivalence que nous mettons parfois à nous y rendre, sont faits aussi pour questionner notre passé, parfois fantasmé, amnésique.

Que faire quand on est seul au monde, sans frères, ni cousins, pour remettre les choses en perspective ? La solitude de l’enfant m’a paru l’élément fondamental du livre. Elle a réveillé l’angoisse existentielle que nous ressentions en lisant les livres des frères Grimm ou d’Andersen, avec ces gosses devant se débrouiller avec leur courage et leur intuition pour s’en sortir au mieux. Tant d’histoires gothiques, pleines de sorcières, de fées, et de vilaines marâtres, venant se disputer autour d’un berceau. Nous pouvions jouer à nous faire peur. Nous savions que cela ne nous concernait pas. Avant de tomber un jour sur un secret de famille.

Le besoin d’amour et de sécurité sont essentiels chez l’enfant. Qu’un parent se dérobe, sombre dans la paranoïa et la folie, quand l’autre est inexistant, la seule chance pour s’en sortir est de se raccrocher à un supplétif. C’est le rôle que jouera Pià, la grand-mère, tant qu’elle le pourra, avant que tous ne sombrent dans la maltraitance, la violence, la colère, et la culpabilité.

Sept ou huit photos dans ce livre, comme des cachets de la poste faisant foi, et qui ont dérangé parfois l’auteur, dans l’exhumation de la maison, lui montrant trop crûment un reflet fâcheux du passé. Les vêtements, les poses, sont dans l’air du temps. Comme ce cliché de la fille de Pià prenant une pose déhanchée sur la plage, dans son bikini.

La mère derrière, comme derrière un comptoir.

« Comme au théâtre, tu la tiens, tu la pousses, tu l’exhibes, et oserais je le dire : Tu la vends » L’auteur pour le coup ne peut s’empêcher tout de même de décocher un coup de griffe salutaire à sa grand-mère vénérée. La genèse du crime prend naissance dans cette adoration que celle ci avait déjà pour sa fille « pourrie gâtée ».

Il faut se méfier de l’adoration. Elle met sur un piédestal ceux à qui on refuse de demander des comptes, pour notre plus grand danger, et autant le leur.

Les héritiers n’ont pas toujours l’énergie des parents. Pour quel besoin devrait il l’avoir, quand tout leur « tombe dans le bec », comme on disait à l’époque.

En suivant la suite dramatique de l’histoire, on pense à une sorte de malédiction, héritée d’une culture du mensonge, et de la dissimulation, ou montrer et posséder, est le simulacre de la réussite et du bonheur, et fait office de morale.

La mère a certainement servi de modèle pour sa fille. Mais tout le monde n’est pas doué pour la pèche au leurre. Son caractère s’aigrit. Dans ce huit clos étouffant, les hommes apparaissent encore une fois, comme des chasseurs et des proies, où il faut tirer " le bon numéro".

Les relations entre les deux femmes dans cet appartement, qui va devenir un autre hôtel de la folie vont devenir destructrices. Avec l’enfant au milieu, et son identité incertaine, mais pourvu d’un bel instinct vital. Il passera par trois noms. Les enfants vivent au présent. Les questions viennent plus tard. On comprend qu’il se fera archéologue, épluchant inlassablement les cahiers, revues, actes administratifs, exhumés dans l’appartement vide, comme une pyramide d’Égypte, à la recherche de pistes, de preuves, au milieu de tant de chausses trappes, de mensonges.

On s’y noierait. Comment remonter le fil, en usant de la science du démineur, tant il y a de l’esbroufe et des déguisements dans ces tiroirs, où certaines pièces ont été détruites ? C’est à la fois un labyrinthe et un parcours fléché.

Lointains cousins d’Italie, qui rajoutent des questions à ce qu’il ne connaît pas, qu’il tente d’expertiser.

Quand on est enfant unique, et qu’on n’a pas d’écho d’un frère aîné, d’une sœur à qui la mère aurait dit des secrets, il faut bien devenir expert en puzzle. Le problème dans cette histoire, c’est qu’ils ne sont pas tous dans leur boite respective, mais mélangés, indistinctement.

J’ai apprécié énormément ce livre, la belle écriture de l’auteur, tenant sa lampe à la main, tentant de dissiper les ténèbres, et qui me semble être un véritable défi lancé au mur des secrets et des artifices. Mais sans doute celà s’apparente t’il à une nécessité. Comment aurait il pu autrement déconstruire le roman familial ?

Le concept du « roman familial » renvoie à une notion élaborée par Freud. Cela consiste de façon banale, pour les enfants, à s’inventer une autre famille que la leur, propre à s’imaginer fils de prince, ou de quelque autre personnalité, autres que leurs parents si communs. Une opération qui aurait pour but de préserver le narcissisme de l’enfant, dont la filiation idéalisée, bien qu’imaginaire, renforcerait leur amour propre.

Nul doute qu’il faut une belle capacité de résilience pour s’en sortir, après un tel itinéraire. La vie semble parfois avoir plus d’imagination que bien des fictions. Celle ci paraîtrait bien improbable si c’en était une.

« La création est toujours liée au mystérieux regard de l’enfant en soi, dont l’empreinte ne peut être transformée par aucune ruse littéraire ». Une citation d’Aaron Appelfeld, que l’auteur cite en prologue de son livre.

Sans doute. Mais comme il est difficile de remonter à la source de l’histoire, faire la différence entre les causes et les effets !

On pense au « rosebud » énigmatique, le dernier mot que prononça Kane, le milliardaire moribond, sur son lit de mort, faisant référence au traîneau qu’on l’obligea enfant à laisser derrière lui, dans le merveilleux film d’Orson Wells « Citizen Kane ». Le journaliste enquêtant sur la vie du magna, ne parviendra pas à résoudre cette énigme, dont la clé sera fournie visuellement au spectateur, dans la dernière image du film.

Néanmoins, les multiples témoignages qu’il aura recueilli sur le magnat de la presse, sont si divergentes, et si contradictoires qu’ils nous montrent comment la vérité d’une personne est difficile à fixer. Un procédé qui sera repris avec par Heinrich Böll, dans son magnifique roman « Portrait de groupe avec dame ».

Si l’enfance reste si vivante en nous, avec toute la charge émotionnelle dévolue, le temps change lui aussi les perspectives, les angles de vue. Même quand la mémoire des faits reste intacte, l’âge et l’expérience nous les font voir différemment.

« Plusieurs fois il m’a été dit : Il faut pardonner, on ne construit rien de valable, de durable, sur la rancœur, ou dans la haine ! »

J’ai envie de dire qu’il faut dépasser, ce qui nous est impossible à comprendre.

C’est un travail d’Hercule dans lequel s’est lancé l’auteur. Il lui fallait nettoyer les écuries d’Augias. J’espère qu’il décrochera les pommes d’or du soleil.

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Hôtel de la Folie

Tout d'abord un grand merci à Babelio et aux Éditions du Seuil qui m'ont permis de découvrir le dernier livre de David Le Bailly dans le cadre d'une masse critique. J'avais beaucoup aimé le livre précédent de cet auteur L'autre Rimbaud où il partait à la recherche du frère du célèbre poète, frère qui avait été totalement occulté de l'histoire familiale. Mais cette fois, c'est dans une quête familiale que nous entraîne David Le Bailly. Des années après la défenestration de sa grand-mère chérie qui l'a quasiment élevé, il essaie de trouver la vérité de cette femme qui n'a cessé de brouiller les pistes tout au long de sa vie. Qui était-elle ? Qui était ce Pyrrhus que l'on retrouve régulièrement sur son chemin ? L'auteur nous entraîne à travers des photographies et des lettres, de Naples (berceau de la famille) en passant par Paris, l'Espagne et le Sud de la France en essayant de trouver des réponses à ses questions. Et en filigrane se dessine peu à peu le portrait de sa mère qui au fil des années et tout au long de la vie du narrateur s'est enfoncée lentement dans une folie pathologique, ne cessant de semer autour d'elle malheur et destruction. Ce huis-clos diabolique où la folie de ces deux femmes se réponde, finira tragiquement sous les yeux terrifié d'un adolescent. J'ai apprécié le travail d'enquête de l'auteur mais je dois avouer, malgré tout l'intérêt que j'ai trouvé à cette lecture, que je suis restée en dehors de ce récit c'est-à-dire une simple spectatrice à qui l'émotion a manqué.
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L'Autre Rimbaud

En dehors des documents administratifs, il ne subsiste presque rien de celui qui partagea l'enfance et la jeunesse d'Arthur et il a fallu à l'auteur une persévérance remarquable pour nous révéler le destin de ce premier fils mis au ban de la famille Rimbaud, au point d'en effacer l'existence jusque dans sa propre lignée générationnelle. Pourtant l'omniprésence de la sœur et de la mère dans le passage à la postérité du poète interroge sur les liens familiaux, tout autant qu'ils peuvent éclairer la part de mystère qui entoure la précocité d'Arthur Rimbaud puis son abandon de l'écriture à un très jeune âge et son choix de vivre en Afrique.

Mais l'enquête minutieuse de David Le Bailly se lit aussi comme un formidable roman social et réaliste de la province vosgienne de la fin du 19eme siècle et c'est vraiment la force de ce livre : les formes romanesques et essayistes se complètent et donnent un éclairage sur le contexte social sans jamais verser dans l'analyse psychologique.

Un roman passionnant
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L'Autre Rimbaud

Ne connaissant rien de la vie de Rimbaud, cet auteur si connu et ayant si peu écrit, ce roman m'a beaucoup appris sur la vie d'Arthur ainsi que sur sa personnalité.

Pour éviter la simple compilation de rares documents existant sur ce frère, l'auteur a opté pour une forme d'uchronie permettant de proposer une forme narrative donnant un fil conducteur au lecteur et par conséquent maintenant son intérêt.

Ce roman m'a permis d'associer le plaisir du roman et l'acquisition de connaissances, tout en nous interrogeant sur les relations familiales, l'impact de la célébrité pour les autres membres.

Un moment de lecture agréable.

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La captive de Mitterrand

Journaliste de formation, cet auteur m’a incité à lire le premier roman-enquête écrit en 2014 sur la vie cachée d’Anne Pingeot (1943), mère de Mazarine (1974) et maîtresse de Mitterrand (1916-1996), durant 35 années. Née avec une cuiller d'argent dans la bouche, elle appartient à la riche mais discrète et pieuse bourgeoisie de Clermont-Ferrand.

L’auteur mène une véritable investigation sans jamais rencontrer la protagoniste car elle refuse tout entretien. Il réalise une étude solide sur la construction de deux parcours : celui d'un homme de droite (ce n’est pas une légende, tous les hommes qui l’ont côtoyé le confirment), qui deviendra le premier président de gauche, le second d'une jeune femme ultra classique et austère par ses origines qui en cassera néanmoins les codes (par tempérament et par amour), quitte à rester à jamais dans le placard… Présentée comme secrète et effacée, Anne Pingeot se révèle finalement d'un fort caractère, ayant une influence certaine sur le Président, d’où son désir d’enfant (malgré les 27 années qui les séparent), qu’elle réalisera. Le coût financier pour protéger la double famille est faramineux, dont celui de la remise en état de la propriété de Souzy-la-Briche dans l’Essonne qui s’élève à environ 2.5 millions de Francs, réglé par la République. Ajouter à cela, la protection rapprochée de ces 2 personnes durant 14 années, soit tout le temps des 2 mandats de Mitterrand, ainsi que la dérive des écoutes téléphoniques subies par quelques journalistes : Edwy Plenel, artiste : Carole Bouquet, et écrivain : Jean Edern Hallier, entre autres. Absolument édifiant.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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L'Autre Rimbaud

Livre lu dans le cadre de mon club de lecture.

L'auteur a monté son roman comme un polar sur les traces du frère du célèbre poète, Arthur Rimbaud, mystérieusement écarté et effacé de la plupart des biographies.

Frédéric Rimbaud, premier enfant de Vitalie, mère possessive et volontaire, d'un an l'aîné d'Arthur, a longtemps été le reflet inverse de son frère. Peu doué pour les études, échappant à toutes velléités de carrière ou d'ascension sociale, amoureux transi de sa belle issue d'un milieu modeste, fréquentant encore le père - le capitaine - malgré les interdits maternels, Frédéric n'aura de cesse, bon gré mal gré, de se révolter contre la caste Rimbaud relayé ensuite par la petite soeur, Isabelle. Car Frédéric Rimbaud est loin d'être le parfait raté que brosse cruellement l'ensemble de la famille Rimbaud (Arthur compris). Celle-ci finira même par l'effacer (des images, des biographies et des testaments) au profit du mythe Rimbaud.

Le texte alterne l'histoire romancée de Frédéric et l'enquête difficile menée par l'auteur, créant des parallèles avec sa propre histoire. Mère abusive, manque de confiance en soi, misère sociale se côtoient en sous-texte d'une vie modeste et d'un personnage attachant.

Une lecture étonnante !

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L'Autre Rimbaud

Mes libraires préférées ont mis en avant ce titre, parmi cinq autres, lors du prix « Mots et images » 2020.



J'étais un peu dubitative et il est rare que je tente la lecture si d'emblée je ne suis pas emballée, même après la jolie présentation réalisée par Jessi, une des libraires de « Mots et images ».



L'opportunité de lire ce roman s'est présentée récemment aussi me suis-je lancée.







Les Rimbaldiens se saisiront plus facilement que moi de l'histoire du frère d'Arthur Rimbaud, Frédéric de son prénom, garçon peu enclin à l'étude rangé rapidement dans la catégorie des « un peu bête ».



Or, Frédéric Rimbaud, frère de l'autre, Arthur, le célébrissime poète à qui tout réussi même quand sa vie part en morceaux, est tout sauf bête. Il n'est qu'impuissance face à la monstruosité maternelle.



Vitalie Cuif épouse puis « veuve » Rimbaud, est un modèle hallucinant de mère odieuse, castratrice, sévère et cruelle. Elle veut tout régenter, tout contrôler et que tout aille dans son sens.



Autant elle loue l'intelligence fulgurante d'Arthur autant elle méprise son aîné. Telle une ogresse elle dévore ses fils petits bouts par minuscules morceaux jusqu'à en faire des fuyards devant la vie.



Pourtant Frédéric aura un sursaut : celui de s'opposer à l'intransigeance maternelle pour épouser la jeune femme dont il est amoureux. Las, Blanche est issue d'une famille « ennemie » des Cuif, propriétaires terriens prospères en Champagne. les Justin. Déchéance aux yeux de la matriarche Rimbaud qui plongera dans l'oubli son fil aîné pour mieux glorifier Arthur alors elle ne comprend goutte à sa poésie qu'elle n'a jamais lue.







David Le Bailly bataille avec la quasi inexistence d'archives concernant Frédéric, l'autre Rimbaud, se demande s'il parviendra à extraire un maillon important dans l'histoire familiale d'Arthur, le poète.



Malgré le peu d'informations sur Frédéric Rimbaud, l'auteur parvient à tenir en éveil l'intérêt de son lecteur en brossant un tableau doux-amer d'une vie provinciale dans la ruralité profonde, celle qui est oubliée par le centralisme parisien. La brutalité du monde paysan saute au visage du lecteur ce qui est osé et plaisant.



Frédéric, le frère de l'Autre, a beau raté sa vie, selon les critères maternels, il apparaît comme un homme sympathique, bon enfant, ne demandant pas la lune mais une vie tranquille entouré de sa famille. Il n'a que faire des honneurs, de la réussite puisqu'il aime ce qu'il fait, puisqu'il aime les siens.



Je me suis attachée à cet homme de rien, à ce raté conspué par sa mère, sa sœur et son frère qui ne l'épargne pas dans les lettres écrites à leur mère. Jusqu'à quel point Arthur a-t-il été sincère ? A-t-il fustigé son aîné pour complaire à sa mère et ainsi conserver les subsides octroyés ? Est-ce plus facile d'aimer la mère quand on est au loin et plus aisé de lui écrire ce qu'elle souhaite lire ?



Je savais qu'Arthur Rimbaud n'avait pas réalisé que de belles choses dans sa vie, aussi n'ai-je pas été surprise par certains aspects de sa personnalité : antipathique, prétentieux, transformé par l'appât du gain et la vie embourgeoisée au Moyen Orient. Un autre Rimbaud, très sombre, se dévoile peu à peu sous la plume alerte de David Le Bailly qui réussit à maintenir l'équilibre entre fiction et enquête.



Ce qui est effarant c'est de constater combien la mémoire familiale peut s'arroger le droit de bannir le souvenir d'un membre de la famille parce qu'il a refusé le cadre auquel la matriarche voulait le soumettre.



On brûle ce qui nous ressemble et on porte au pinacle ce qui nous fait peur tant l'audace est folle et incomprise. C'est ce qui arrive, pour moi, à Vitalie Cuif veuve Rimbaud : Arthur est tellement lumineux, extraordinaire qu'il ne peut que faire frémir la terrienne qui est en elle. Arthur est un incompris parce que son intelligence sensible était inaccessible à la compréhension commune.



Par contre, Frédéric, l'homme simple, est une aubaine pour une mère telle que Vitalie. Vitalie, on entend vitalité, vie et vit : il y a du mâle dominant en elle, incompatible avec une banale vie conjugale et familiale.



Dire que j'ai passé un moment ennuyeux serait mentir car le rythme du roman est très bien composé. Cependant, je suis passée un peu à côté de « L'autre Rimbaud ».
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L'Autre Rimbaud

L'histoire , bien moins connue que la photo, de Frédéric, frère d'Arthur Rimbaud.

On découvre sa vie de paria, renié par une mère tyrannique, sans aucun amour pour ses enfants, mais qui idolâtre Arthur , qui lui, a choisi la fuite.

Ce livre m'a permis de me replonger dans l'oeuvre d'Arthur Rimbaud et m'a donné l'envie d'en découvrir encore plus sur cette famille atypique, je pense donc que l'auteur a réussi son pari et rend justice à cet oublié de la famille Rimbaud avec panache.
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L'Autre Rimbaud

Connaissez-vous Frédéric Rimbaud ?



Si la réponse est non, rassurez-vous, ce n’est pas une lacune de culture générale ... C’est juste que tout a été fait pour que vous n’en entendiez pas parler. Jusqu’à trafiquer cette photo de communiants où initialement le jeune Arthur posait au côté de son frère, d’un an son aîné.



Mais que peut-on bien reprocher à ce Frédéric ? Qu’a-t-il bien pu faire de si gênant ? Plus gênant encore que les frasques du jeune Arthur, qui soyons honnêtes, était loin d’être un enfant de cœur ?!



Ce sont ces mêmes questions qui ont poussé David Le Bailly à mener l’enquête et donné l’envie d’écrire ce livre. On y découvre la vie des Rimbaud : l’enfance d’Arthur et Frédéric, unis, complices, « la mère » personnage central emblématique qui conditionnera la vie (et surtout le déclin) de ses enfants, la campagne ardennaise où se sont joués tous les drames qui ont meurtri cette famille...



J’avais découvert ce roman de la rentrée littéraire grâce à un post de @despagesetdeslettres . Je ne suis pas une fan inconditionnelle d’Arthur Rimbaud. J’en ai appris quelques vers à l’école comme beaucoup... mais cette histoire de photo retouchée m’a interpellée. C’est donc plus comme un polar que j’ai attaqué ce livre que comme une énième biographie. Et c’est exactement de cette manière que l’auteur aborde le sujet. Les chapitres se succèdent : tantôt relatant la vie de la famille Rimbaud, tantôt expliquant la démarche entreprise par David Le Bailly pour mener son enquête.



Ce roman avait été un gros coup de cœur pour Claire. J’avais donc inconsciemment mis la barre très haut. Finalement, ce ne sera pas le même crush mais malgré tout une lecture très agréable et captivante pour moi.

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L'Autre Rimbaud

Quelle bonne idée de redonner voix au chapitre à des oubliés de l’Histoire.

Ici David Le Bailly a choisi de redonner vie à Frédéric Rimbaud, le frère d’Arthur.

Les deux frères vont être proches jusqu’à leur adolescence, partageant la même chambre, Frédéric vouant une grande admiration pour son frère. Puis Arthur partira à droite ou à gauche, en France et à l’étranger tandis que Frédéric restera toujours quasiment au même endroit.

Arthur sera le fils modèle tandis que Frédéric en sera le paria. Par exemple, il voudra se marier mais sa mère refusera par trois fois cette mésalliance ! Banni de la famille, rayé de son histoire, Frédéric n’aura même pas été invité à l’enterrement de son frère.



Ce livre est à mi-chemin entre l’enquête et le récit, ce qui m’a perturbé.

L’écrivain comble les nombreuses pièces manquantes du puzzle par la description de son enquête.

Il y a trop de longueurs, pas assez de matière. Je me suis franchement ennuyé ...

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L'Autre Rimbaud

* "L'homme se protégea le visage avec les bras. Arthur s'approcha, le mitrailla de plus belle. Frédéric lui cria d'arrêter, mais son frère continuait à rafler de nouvelles pierres et à les jeter sur sa cible."



* "Te laisse pas amputer frangin ! Souviens-toi, le vagabond à la jambe de bois !"

Portait-il une barbe ? était-il chauve, cet homme qu'ils avaient laissé inanimé, la figure en sang, gisant sur la chaussée du quai de la Madeleine ?

L'heure du châtiment était venue, pensa-t-il."



* "C'est au poète que l'on doit le jugement le plus cruel. Car c'est bien Arthur qui a crucifié son frère aux yeux des générations suivantes. Une phrase a suffi."



David le Bailly enquête sur le personnage de Frédéric Rimbaud, frère renié, dépossédé, effacé de l'histoire de la famille du célèbre poète. Considéré comme le "raté" parce qu'il rêvait de liberté et d'amour plus que d'ascension sociale, dans une famille où il n'était question que d'argent, et portait de surcroît le prénom d'un père qui lui-même avait fui.



Une biographie romancée passionnante, qui jette un certain froid sur la personnalité d'Arthur Rimbaud. Ai adoré !



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L'Autre Rimbaud

Frédéric, frère de

Rimbaud- tout peut nous sembler avoir été dit sur lui- musées, biographies, rééditions multi préfacées, films... considéré par certains comme un mythe, devenu une véritable icône, son regard bleu peint ou dessiné par les plus grands noms... que peut-on dire encore? Qu'est-ce qui n'a pas été révélé ou réinventé qu'on ne sait déjà? Que peut-on ajouter à son histoire?

Justement, David Le Bailly fait le pari qu'on peut encore le raconter et qu'il faut aller chercher dans ce que la famille Rimbaud a elle-même voulu enfouir et effacer à jamais. Exhumer les fantômes du passé. Ne pas se contenter de ce qui vend autour d'Arthur l'élève brillant, le poète visionnaire, amant de Verlaine à qui on pardonne tous ses frasques à la lecture de ses textes.

David Le Bailly au détour d'une émission de France Culture saisit au vol le nom de l'Autre Rimbaud- son frère- celui qui se tient là, debout à sa droite.

Du frère d'Arthur, Frédéric, on sait bien peu de choses- et pour cause: Vitalie, la mère, secondée par Isabelle, la sœur, ont tout fait pour l'exclure de la mémoire familiale dans un exercice constant de maîtrise de la vie de ses enfants. Une mère qui s'appliquera toute sa vie à se séparer de ce fils qui dès l'enfance est le raté tandis qu'Arthur est le génie.

Dans ce roman aux accents documentaires, l'auteur cherche d'abord à comprendre mais aussi à imaginer cet inconnu, celui qu'on a voulu caché, la part d'ombre et de honte de la famille, rendu patiemment opaque jusqu’à le priver de ses droits sur les œuvres de son frère qu'il admirait tant.

Alors certains considèreront qu'il s'agit d'un texte de plus sur Rimbaud. Ce serait sans doute se tromper sur les intentions de l'auteur, cherchant profondément à redonner vie à cet autre Rimbaud, l'oublié, rétablir la place qui lui a été volée dans l'histoire de ce frère aujourd'hui porté aux nues et dont on cultive sans cesse la mémoire. Et David Le Bailly en reconstituant un puzzle auquel il manque de nombreuses pièces de lui offrir une place de choix en faisant de lui un être courageux, digne et qui finalement pour chercher à exister se montrera le plus rebelle des deux Rimbaud. Un angle forcément intéressant quand on connait les relations complexes entretenues entre Arthur et la mère Rimb'...

Un texte qui attirera à coup sûr les amoureux de Rimbaud mais qui au-delà du poète raconte aussi l'histoire d'une famille bourgeoise dans les Ardennes à la fin du XIXème siècle avec ses mœurs conservatrices, sa pression sociale, ses conflits, ses souffrances et ses sacrifices individuels.



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L'Autre Rimbaud

Partons sur les traces d’un autre Rimbaud, le frère d’Arthur. Entre biographie et roman, David Le Bailly mène l’enquête.



Tout part d’une photo, la photo que l’on retrouve en couverture de ce bel ouvrage. De deux communiants, il n’en reste qu’un : Arthur. Son frère, Frédéric, âgé d’un an de plus que le poète a simplement été effacé de la célèbre photo. Pourquoi ce frère a-t-il été tantôt effacé, tantôt mis de côté par la famille du poète et par les biographes.



David Bailly mène l’enquête et lève le voile sur ce secret de la famille Rimbaud. Durant plusieurs mois, il s’est plongé dans les archives, a arpenté les rues de Charleville et les paysages sans relief du sud des Ardennes, retrouvant même les rares descendants de Frédéric Rimbaud.

De cette vie en apparence plate, à l’opposé de celle qu’à mené son frère, David Le Bailly arrive à en tirer le romanesque et nous plonge dans la vie des petites gens de l’époque. Le style est enlevé, teinté de touches d’humour et de réflexions sur les relations familiales.



J’ai particulièrement apprécié le parti pris de l’auteur d’alterner entre chapitres de romans et réflexions personnelles sur ses recherches et sur les relations familiales.



L’autre Rimbaud est un ouvrage à la fois personnel et historique. Je suis sûr que vous y prendrez un véritable plaisir de lecture tout en découvrant des révélations passionnantes sur la famille Rimbaud et sur Arthur, un des plus grands poètes de la littérature française.



Merci aux éditions Iconoclaste.



Si vous souhaitez en savoir plus, n'hésitez pas à écouter l'entretien que j'ai eu avec David Le Bailly.
Lien : https://soundcloud.fr/cinera..
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