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Citations de Didier Goupil (41)


L'Ogre ou le Deuil de l'orgueil [ Monet ]

Alors, vous avez séquestré la peinture dans cet atelier qui tenait à la fois de la remise et de la serre et c'est là que, saison après saison, bien loin des rumeurs de la grande Ville, ignorant d'un même mépris les somptueuses pénombres des salons et les murs moisis des musées, vous vous êtes expliqué avec elle, seul à seule, sans public ni critiques, sans marchands. Je crois que vous l'avez bien malmenée. Vous l'avez honnie, écharpée, saccagée. En un mot, adorée. (p. 86)
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La plupart de ceux qu'il croisa dans les couloirs le dévisagèrent avec ébahissement. Comment pouvait-il rejoindre sa chambre au lieu d'aller manger ? Qu'est-ce qui l'autorisait à mépriser de la sorte le pain du seigneur ?
Estève ne répondait pas. Il avait pourtant la réponse à ces questions mais il préférait la garder pour lui, la répétant à voix basse dans sa tête : "Seuls les poissons morts suivent le sens du courant"
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Charlot se lève tôt

Franciam peint le plus souvent avec ses mains, quand ce n'est pas avec ses poings.
Franciam Charlot vit comme il peint, à mains nues, et son atelier devient vite un ring, sa toile un punching-ball autour duquel il trépigne, emporté dans une étrange transe. (p. 97)
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En exergue

"Demain je vais dessiner jusqu'à ce qu'arrive la couleur." ---Van Gogh, Arles, 1888
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Est-ce ainsi que les peintres vivent ?

[ Roger Cosme Estève ]

Ses toiles n'ont jamais été aussi abstraites. Et aussi noires. (...)
Le noir, aime-t-il à répéter, c'est la couleur de l'univers. Contrairement à ce que croit le quidam, le noir ne signifie pas la nuit, l'obscurité, mais au contraire ouvre sur la lumière, sur sa transcendance. (p. 108)
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L'Ogre ou le Deuil de l'orgueil [ Monet ]

Ensuite vous l'avez renvoyée [La peinture ] dans le Grand Monde- ou bien on est venu vous la reprendre : on ne sait jamais véritablement qui de l'artiste ou du monde vient chercher l'autre. (...) Après l'avoir entourée de son tumulte, l'avoir invectivée, interrogée, appréciée dans l'éclat des lustres et des parures, à mille lieux des brousses provinciales, méprisant d'un même revers de gant beurre frais le vent vif des vergers et vos mains gercées, le Grand Monde a décidé de l'admirer.
Dès lors vous aviez du génie. Il ne vous restait plus qu'à vaincre les murs médusés des musées. Vous ne vous en êtes pas inquiété, vous avez continué à peindre avec orgueil. (p. 89)
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Didier Goupil
"Vous avez de la chance. vous allez perdre une mère au moment où vous êtes capable à la fois d'en souffrir et d'en jouir (d'en jouir atrocement), en un mot de le comprendre. Moi, j'ai perdu la mienne sottement, j'étais trop jeune. Je me suis délivré d'une présence obsédante et j'ai raté l'une des grandes chances de la vie : la mort d'une mère."
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Didier Goupil
"J'ai entendu hier Elise, ma femme, dire à quelqu'un : "Chacun a une vertu propre, qu'on est seul à voir quand on l'aime. Par exemple, je vois bien tout ce qu'il manque à Marcel, mais pas plus trd qu'il y a un moment, je le regardais. Personne autour de lui n'était digne de délier sa chaussure.""
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Didier Goupil
Paul M; n'était pas croyant. Il pensait que l'essentiel n'était pas de croire en Dieu. L'essentiel était que, si Dieu existait, celui-ci crût en nous.
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Didier Goupil
"...J'attends de la vie qu'elle me raconte des histoires. Comme ce n'est pas toujours le cas, je me les fabrique.
Je les invente."
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[ Incipit ]

ARNYS

Paul M. ne portait que des vestes Arnys.
Avec le temps, c'était devenu comme une seconde peau et il avait pris l'habitude de porter une veste tout au long de la journée, qu'il soit dehors ou bien chez lui.

« Dehors je porte des forestières, reconnaissables à leurs épaules naturelles et à leur col droit boutonné très haut. Un modèle qui s'inspire directement des vestes des gardes-chasse telles qu'on peut en voir dans ''La Règle du jeu'' de Jean Renoir. À l'intérieur, dans mes appartements, ce sont des vestes en velours côtelé, aux couleurs acidulées, prune, moutarde ou vert anis.
La forestière a été créée à la fin des années quarante par Léon Grimbert, le fondateur de la boutique, à la demande de l'architecte Le Corbusier. Celui-ci souhaitait une veste souple, libérant le mouvement, avec des manches tombant juste même lorsqu'il travaillait au tableau. Léon Grimbert, se souvenant de la veste des gardes forestiers qu'il rencontrait dans son enfance, lors de ses vacances au bord du Cher, décida de la redessiner, lui donnant une forme déstructurée qui n'est pas sans rappeler le kimono ou le deel, la tunique traditionnelle mongole.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais paradoxalement ce sont ces emprunts à des formes ancestrales qui aujourd'hui encore lui confèrent son aspect avant-gardiste. [...] »
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La mort elle-même n’est intéressante que si on la transforme en fiction. (p.99)
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Au début, avec le retour toujours plus rapide du jour, il avait cru que le pire, ce serait la fatigue.
Mais il y avait pire que la fatigue : le froid. Et même pire encore que le froid : la faim.
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Est-ce ainsi que les peintres vivent ?

[ Roger Cosme Estève ]

Cocteau, à qui l'on demandait un jour ce qu'il emporterait si un incendie se déclarait chez lui, a répondu avec l'esprit qu'on lui connaît : le feu.
Roger Cosme Estève, lui, à la même question, aurait pu répondre : la couleur du feu. (p. 113)
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L'homme était une horloge qui n'aspirait qu'à une seule chose : suspendre le cours du Temps.
Paul M. n'avait pas d'autre but.
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"Je ne sais pas si vous avez lu Montherlant, mais dans sa correspondance, il donne ce conseil aux écrivains en herbe : "Soyez forts, ne vous mariez pas, n'entrez pas dans les ordres, ne partez pas en Afrique. Achetez un chat."
C'est ce que j'ai fait."
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Est-ce ainsi que les peintres vivent ?

[ Roger Cosme Estève ]

L'écriture traverse la toile comme le train le paysage- comme l'éclair zèbre le ciel d'orage. Elle la cingle, la fait trembler, vibrer de tout son épiderme et, tout à coup, à nos oreilles résonne la voix du dedans, la voix maudite de tous les peintres de tous les temps-Caravage et Goya, Van Gogh et Rothko -qui, alors qu'autour d'eux le monde s'effondre, s'échine jour après jour, coûte que coûte, à rejoindre leur atelier et à peindre leur- pauvre- grande oeuvre. (p. 102)
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Etre ou l'Art de dresser les pierres

Elle peint tous les jours. Ou plus exactement toutes les nuits. Après le dîner, chacun retourne à ses occupations. (...) Camille, elle, rejoint le petit atelier qu'elle s'est aménagé sous les toits. Elle s'y sent ailleurs, en dehors du temps. A l'abri du monde et du malheur. (...) Elle qui ne peint jamais en extérieur, qui s'attelle à peindre ses ciels intérieurs- des ciels sombres aux longues traînées brumeuses qui ne sont pas sans rappeler Constable, Turner ou Zao Wou-Ki, qu'elle admire et qui l'inspirent- a trouvé dans l'acrylique la transparence qu'elle recherchait. Si un tableau à l'huile peut être retouché à l'infini, l'acrylique, elle, vous pousse au résultat immédiat et, comme le travail à l'encre qu'elle affectionne également, ne laisse pas de place à l'erreur. Ce qui correspond bien à son tempérament, elle qui cite volontairement les mots d'Antonin Artaud : "Là où d'autres proposent des oeuvres, je ne prétends pas autre chose que de montrer mon esprit. " (p. 50)
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Inachevé au-dedans, l’homme ne s’atteint pas lui-même sans le secours de la fiction.
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Je n'avais pas vu le temps passer. comme à chaque fois, pourrais-je ajouter. Cet endroit avait la faculté d'abolir les heures, de vous aspirer dans une durée qui lui était propre. On voyageait à travers les époques, on mettait ses pas dans ceux de grands hommes qui avaient fréquenté les plus beaux endroits, collectionné les objets, les oeuvres et les livres les plus rares, et l'on quittait un temps son enveloppe corporelle pour habiter une autres existence, enfiler une nouvelle identité multipliée à l'infini.
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