AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Domenico Starnone (59)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La farce

Daniele Mallarico, napolitain, est veuf. Illustrateur connu, ayant fait une brillante carrière , il vit déjà depuis plusieurs années à Milan. Sa fille unique qui habite Naples , devant s’absenter avec le mari pour une conférence , lui demande de venir s’occuper de son petit- fils de quatre ans pour quatre jours. D’une part le poids de la vieillesse, d’autre part vivant seul depuis des années et ne connaissant pas du tout le petit garçon, l’idée de la tâche lui semble ardue et le dévaste. Et puis retourner à Naples après tant d’années dans sa maison d’enfance héritée des parents où habite désormais sa fille va rendre la besogne encore plus difficile vu les souvenirs amers qui remontent à la surface.

Domenica Starnone écrivain, scénariste et journaliste italien nous a concoctés une jolie petite blague comme l’indique son titre italien traduit par Farce en français, qui à mon avis ne correspond pas tout à fait à son sens dans le texte. Une blague en faites sérieuse entre un homme vieillissant en pleine crise existentielle et un petit garçon très intelligent mais très gâté qui va prendre la blague à la lettre, et dont résultera des moments explosifs, chaque détail ou événement devenant la métaphore des détails et de l’évolution de la vie passée et présente de Daniele. Un texte profond et délicieux , où l’italien littéraire pimenté des mots du dialecte napolitain « chevvuofàstrunz, parlacommemàgn, tecriredesseremeglienúie, sinupílecúlo, sinuscupettinopocèss » radoucit l’amertume d’une existence au déclin confrontée à celle qui initie à peine, nous faisant sourire. Un petit délice littéraire à croquer entre deux lectures ardues 😊!

Commenter  J’apprécie          11011
La farce

Un homme âgé de soixante-quinze ans, Daniele, qui se remet à peine d’une intervention chirurgicale qui l’a beaucoup affaibli, quitte son domicile de Milan pour aller garder son petit-fils Mario, âgé de quatre ans.



C’est sa fille, Betta, qui le lui demande, en fait qui le somme de venir, car elle se rend avec son époux à un colloque scientifique, pendant plusieurs jours. Elle ne s’est pratiquement pas occupée de lui pendant son hospitalisation à peine quelques coups de fils, et il doit tout quitter, et aller à Naples par le train !



Si encore, ils se voyaient souvent… Mais non, il n’a pas vu son petit-fils depuis très longtemps et se souvient à peine de son âge. Le deal est simple, la femme de ménage doit venir et préparer les repas, Betta lui a laissé une liste de recommandations, et tout est sous contrôle. Mario jouera pendant que Daniele fera ses dessins pour l’illustration d’une œuvre de James qu’on lui a commandée.



Sa fille a repris l’appartement familial, c’est à dire celui où Daniele a habité lorsqu’il était enfant, où il a subi la violence d’un père joueur compulsif, dans une ville qu’il déteste. Malgré les modifications apportées pas sa fille, cet appartement ne lui plaît pas et surtout fait remonter des souvenirs…



Comment occuper un gamin de quatre ans qui sait tout, parle comme un livre, dans un appartement qui a des pièges, telle une porte fenêtre qui ne s’ouvre que de l’intérieur avec un système compliqué…



Domenico Starnone a une très belle écriture, sans fioriture, mais un sens du détail et du terme adapté, un ton sans concession qui m’ont beaucoup plu. Il nous propose aussi des dessins attribués à Daniele qui sont beaux mais sombres.



Je n’ai pas lu « Le coin plaisant » la nouvelle d’Henry James qui sert de prétexte au récit, au départ, mais qui prend une place de plus en plus importante, un peu comme « La peau de chagrin » ou « le portrait de Dorian Gray » et j’ai trouvé cela gênant, comme si une partie de la pensée de l’auteur m’échappait.



Même si la fin est surprenante, j’ai beaucoup aimé ce roman que j’ai lu d’une traite et que je relirai certainement après avoir découvert « Le coin plaisant ». C’est un livre très fort, un uppercut qui laisse exsangue quand on le referme. Hélas, comme toujours lorsqu’un roman me plaît, je trouve ma critique maladroite.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Fayard qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur que je ne connaissais pas du tout.



#LaFarce #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          408
Les liens

On commence cette sélection du grand prix des lecteurs d'avril par le roman de Domenico Starnone , “Les liens” , qui raconte en trois temps trente ans d'une vie de famille tumultueuse d'un couple de Naples dans les années 1980.



La première partie de ce court roman reprend les lettres envoyées par la femme Vanda à son mari dès qu'elle apprned que celui ci a eu une liaison avec une de ses collègues de travail.



Furieuse et blessée par cette révélation, elle le met à la porte du domicile familial. S’il consent encore à voir ses enfants, ses relations avec son épouse se dégradent et l’incitent à rester toujours plus à distance, jusqu’au point de non-retour.



Pourtant, trente ans après, dans la seconde partie du roman, Vanda et Aldo forment à nouveau un couple. Leurs enfants ont quitté le domicile familial depuis longtemps, mais le couple a tenu bon.



Mais un incident imprévu vient à nouveau réveiller les vieilles blessures et lézarder cette façade de bonheur conjugal. La troisième partie, racontée du point de vue des enfants vient encore redistribuer les cartes ....



Les liens c'est une intrigue assez classique sur le fond mais qui interroge avec pas mal de profondeur ce qui lie un couple et cimente une famille.



Cette radiographie du sentiment amoureux, teintée d’amertume et de rancœur, montre à quel point l'amour qui s'estome laisse place à la rancoeur et à des noeuds impossibles à démêler.



Domenico Starnone - qu'on a parfois suspecté d'être avec la sa femme le romancier derrière l'énigmatique Elena Ferrante livre un récit assez cruel, sur l’égoïsme et le pouvoir destructeur des parents et leur désir d'instrumentaliser des enfants.



Plutôt une bonne surprise.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          270
Nos fautes inavouées

C'est culotté cette fin. Pietro est amoureux de Teresa. Ils décident de s'avouer réciproquement une faute inavouable. Ils se sépareront avec le secret de l'un, avec la promesse de ne pas le révéler. Mais voilà, un secret lourd à porter, un temoin, une vie publique qui prend de l'ampleur, et une vie de famille idyllique : Pietro a peur qu'un jour la révélation éclabousse tout ça. L'auteur arrive à décortiquer les rapports interpersonnels quand le bonheur dépend d'une faute cachée, d'un silence de plomb, d'un tiers. Une faute passée qui pèse, pèse. Peut-on faire confiance à vie, doit-on regretter des erreurs d'avant, à porter comme une croix ? Les peurs guidant les choix. Et quelle faute ? On veut savoir...
Commenter  J’apprécie          250
La farce

Mario, il a 4 ans, a priori bien élevé, mais plutôt insupportable : un cerveau d'ange dans un corps qui n'arrête jamais. Son grand-père, dessinateur réputé, est chargé de le garder pour la première fois, ses parents devant s'absenter, mais doit aussi finir un contrat d'illustration pour une oeuvre d'Henry James. Commence alors une relation compliquée entre l'enfant et l'artiste, qui doit lui-même affronter une inspiration qui ne vient pas. Ce qui lui revient en revanche, ce sont ses fantômes qui se mélangent à ceux d'H. James. Toute sa vie il a regardé ailleurs, distrait, et il le restera encore jusqu'à la fin de ce livre. Roman sans grand intérêt, quelques belles phrases parfois, et surtout : pourquoi ce titre ?
Commenter  J’apprécie          190
Les liens

Aldo et Vanda sont un couple de septuagénaires unis par les liens du mariage depuis de nombreuses années. Pourtant, les épreuves se sont succédées. En effet, lorsqu’ils étaient trentenaires, Aldo décide de rompre ce lien, et part vivre avec son amante, Lidia. C’est ainsi que non seulement le lien du mariage sera mis en cause, mais également le lien filial qu’Aldo entretient avec ses deux enfants, Sandro et Anna.



Je trouve que ce roman vaut vraiment le détour et c’est avec grand plaisir que je l’ai découvert. Il y reflète bien plus de profondeur qu’il ne peut sembler de premier abord. L’auteur aborde finalement des thématiques simples, mais les décortique avec beaucoup d’acuité et de justesse.



J’ai fortement apprécié la valse narrative que nous propose l’auteur. Si au début, le lecteur retrouve Vanda qui apprend tout juste qu’elle est trompée, c’est ensuite à Aldo que la parole est donnée dans une deuxième partie de roman où l’on apprend les tenants et aboutissants de cette histoire. Dans la troisième partie, la parole sera aussi donnée aux enfants qui sont maintenant adultes. J’apprécie tout particulièrement les romans à la narration chorale, mais ici, en plus ce sont toutes les années de mariage du couple principal qui seront relatées.



Je ressors conquise de ce court récit qui est finalement très psychologique. Le personnage de Vanda est remarquablement construit et je n’ai pu m’empêcher de ressentir une grande empathie pour elle et face aux événements qu’elle a dû endurer. Le lecteur assiste à un couple aux proies de sentiments très contradictoires et à une possible reconstruction. C’est très intimiste et j’ai pu suivre les cheminements psychologues de tout un chacun dans cette histoire.



La plume est d’une grande fluidité. Je me suis laissée porter par les phrases et même si le sujet se veut lourd, l’auteur garde cette petite pointe de légèreté dans la narration pour que cela ne soit pas trop éprouvant à lire. J’ai également apprécié que la parole soit donnée aux enfants du couple.



L’auteur nous livre une véritable introspection d’un couple à la dérive mais qui pourtant a su se reconstruire. C’est sobre, cela sonne juste et les mots sont choisis avec soin. J’ai été conquise par la légèreté de la plume. C’est une véritable réussite.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
Commenter  J’apprécie          160
Nos fautes inavouées

Point de feel good ici : c'est pas le genre de la maison Starnone !



On ouvre donc son nouveau roman en sachant pertinemment que l'auteur va creuser son sillon habituel, avec patience et jubilation. Il dissèque comme personne les relations interpersonnelles, à l'aide d'une langue affûtée comme un scalpel et à grand renfort de personnages adeptes de liaisons dangereuses - comme le furent à leur époque le vicomte De Valmont et la marquise de Merteuil. C'est ambigu, déconcertant, féroce, donc pas de tout repos.



« Nos fautes inavouées » est un livre qui explore la notion de masque social et qui dessine 2 catégories de personnages complexes : ceux qui aiment en faisant souffrir et ceux qui aiment en rendant heureux. Ici, on n'hésite pas à se demander ce qui lie véritablement le couple ou la famille : est-ce l'amour ou la peur ? Les rapports humains nous sont montrés dans ce qu'ils ont de plus dérangeant, en lutte permanente avec des questions de pouvoir et d'ascendant.



J'ai particulièrement aimé la fin, qui se referme comme un piège sur les personnages. Elle est retorse à souhait.



#Nosfautesinavouées #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          140
Nos fautes inavouées

Pietro, professeur de lettres à Rome, est en couple avec Teresa, une de ses anciennes élèves. Les deux s'aiment d'un amour passionné mais ils ne savent se faire du mal. Un jour après une dispute importante, ils concluent un pacte pour se lier d'avantage. Chacun doit confier à l'autre son secret le plus honteux. La confiance doit naître de cet équilibre. Pourtant quelques jours plus tard ils se séparent.

Pietro passe alors rapidement à autre chose. Il rencontre Nadia, une jeune professeur comme lui. Leur vie est alors bien lancée, et en parallèle de sa carrière de professeur, il publie deux essais à succès sur le monde de l'enseignement. Pourtant, par moment, reviendra dans sa vie Teresa, avec ce secret inavouable qu'elle détient. Toute sa vie, sa conduite et ses choix seront soumis à ce pacte éthique qu'il a conclut, ayant toujours peur de voir surgir le scandale.

J'ai beaucoup aimé ce livre, même si ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. J'imaginais que le gros du livre serait sur la haine entre les deux personnages, j'imaginais peut-être aussi plusieurs points de vue. En fait le livre est surtout mené du point de vue de Pietro, et le secret, plutôt un fil directeur qui nous permet de comprendre comment ce personnage mène sa vie sous cette contrainte. On en saura peu sur le même vécu par Teresa. Mais les personnages sont très précis, sonnent très juste, et c'est du coup très agréable à lire. La fin est aussi surprenante et puissante et l'auteur captive de bout en bout.

Merci à Netgalley et Fayard pour cette lecture.
Commenter  J’apprécie          120
La farce

Un livre grinçant comme j'aime, lu d'une seule traite !



"Papi" Daniele - un illustrateur septuagénaire orgueilleux, en pleine crise existentielle tardive - accepte bon gré mal gré, en l'absence de sa fille et de son gendre, de veiller quelques jours sur son petit-fils Mario - l'enfant-roi de la famille, âgé de 4 ans. Au sein de l'appartement familial napolitain, s'en suivra un huis-clos oppressant, doublé d'un face-à-face d'une tendre cruauté entre ce grand enfant et ce petit homme.



L'histoire est troublante, car elle appuie là où ça fait mal : elle nous parle du délitement de la cellule familiale et du narcissisme qui ronge notre société. le style et la narration sont brillants : la mise en abyme dans le roman d'une nouvelle de Henry James (intitulée "Le coin plaisant") achève de brouiller les repères des personnages et des lecteurs, qui ne savent plus quand commence le jeu et où s'arrête l'imagination.



#LaFarce #Fayard #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          120
Nos fautes inavouées

Un professeur de lettre, Pietro, et l’une de ses anciennes élèves, Teresa vont entretenir une relation amoureuse, violente et toxique pendant 3 ans. Ils vont se disputer souvent, en public ou en privé. Si bien qu’ils se rendent compte que leurs disputes deviennent de plus en plus fréquente et que cela nuit à leur couple. Pour solidifier leur couple, ils s’échangent un secret inavouable en guise de garantie qu’ils ne se quitteront jamais. Seulement voilà, ils finissent malgré tout par se quitter 15 jours après.



Ce secret va devenir alors un poids lourd. Au départ, le professeur qui nous raconte son histoire va être confiant. Son ex ne le nuira pas en révélant ce secret inavouable. Seulement, ce professeur va devenir connu au départ de l’environnement enseignant. Il va écrire au départ un article pour une revue scientifique et un autre professeur, déjà fort connu et faisant preuve d’autorité dans ce domaine, va l’inciter à écrire un livre. Pietro va donc écrire son livre et va partir en tournée dans toute l’Italie pour animer des débats au sujet de ses livres. Son succès l’amène à rencontrer beaucoup de personnes. Teresa partie entre temps aux Etats-Unis pour y mener une carrière riche, finit par apprendre que son ex est reconnue dans le milieu. Elle va alors devenir un poids pour lui car elle pourrait alors tout révéler et remettre sa carrière en jeu.



Dès le départ, on ne sait pas en quoi consiste les secrets échangés. L’auteur fait en sorte de nous laisser dans le flou pour alimenter davantage le risque qu’encourt Pietro et Teresa si l’un des 2 révélaient le secret. Si on connaissait le secret, l’auteur aurait eu du mal à accentuer son intrigue sur ce seul risque que tout soit révélé. L’auteur nous embarque donc dans l’ascension de Pietro dans le monde fermé de la pédagogie. Pietro nous raconte ses succès professionnels, sa nouvelle relation amoureuse qui va lui donner 3 enfants. La pression monte, mais l’auteur nous fait patienter entre l’illusion que Teresa va révéler des choses et la pression que met Teresa dans leurs échanges épistolaires sur le comportement toujours reprochables de Pietro. Je me suis mise à douter à quelques moments sur la réalité de ces échanges. Par la suite, on comprend mieux ce qu’il en est. L’auteur va donner la parole à d’autres personnes. Et soudain, quelques pans de l’histoire nous sont éclaircis.



J’ai été un peu frustrée par cette histoire qui par moment, patauge un peu. Malgré tout, l’écriture est fluide et le roman se lit tout seul. On est suspendu à cette histoire et on a peur, comme Pietro, que tout s’effondre. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : les fautes de jeunesse peuvent resurgir plus tard, à tout moment, et remettre en question tous les efforts et les succès que l’on peut avoir par la suite. Sans même savoir de quoi il s’agit, on ressent une certaines injustice envers cette pression. C’est comme si ces fautes inavouées ont été commises dans une autre vie. On a envie de le renier, comme si c’était une autre personne qui l’avait faite et que nous n’avons pas à en supporter les conséquences. J’ai pensé au cours de ma lecture, à de nombreuses personnalités politiques et/ou médiatiques qui ont connu des déconvenues de ce genre, bien après avoir trouvé le succès ou réussit dans leur domaine. Au-delà du contenu de leurs fautes, c’est bien souvent ressenti comme une injustice de leur part.



J’ai bien aimé ce roman donc, qui se lit tout seul. Le roman est assez court et comme le dernier roman que j’ai lu du même auteur, je me souviendrais de cette lecture.



Je remercie Netgalley et les éditions Fayard pour cette lecture.

Commenter  J’apprécie          110
Nos fautes inavouées

Rome, Pietro, 31 ans, professeur de lettres dans un lycée, entame une relation passionnée mais toxique et auto-destructrice avec Teresa, 21 ans, étudiante, qui fut son élève avant l'université. Au bout de trois ans de disputes, d'amour fou, de violence verbale, ils se séparent. Afin d'être liés à tout jamais, ils s'avouent mutuellement un secret honteux qui les perdrait s'il était révélé. Chacun va faire sa vie : lui, à Rome, devenant une personnalité reconnue de ses pairs après avoir écrit deux essais sur l'enseignement, fondant une famille et elle, aux États-Unis où elle devient une chercheuse réputée. Ils ne perdront jamais complètement le contact et n'oublieront pas la passion qui les a unis.

Le roman s'articule en trois récits de plus en plus courts autour d'un point de vue différent : celui de Pietro pour le premier récit, celui de la fille de Pietro alors que celui-ci a maintenant 80 ans pour le deuxième et celui de Teresa pour le troisième. A travers la vision que chaque narrateur a de Pietro, se dessine une personnalité complexe qui a toujours douté de lui, des gens qui l'entourent et même de Térésa. Nous découvrons les interrogations d'un homme qui a objectivement tous les attributs d'un bonheur apparent et dont le doute sur sa légitimité empoisonne son existence. Les fondations sur lesquelles il a bâti sa vie sont fragiles : un amour qu'il n' a pu oublier, la menace qui plane de la révélation de son secret honteux.

Ce roman est une réflexion sur l'amour, la famille mais aussi sur la dichotomie entre l'image de soi qu'on donne à voir aux autres et son identité profonde.

La psychologie des personnages est finement analysée, sans manichéisme et transcrite dans une belle écriture expressive.

Malgré toutes les qualités de ce roman, il n'a pas déclenché d'émotions en moi, peut-être parce que tout y est trop cérébral; le rythme est lent, peu ou pas d'action. Les thèmes évoqués sont récurrents en littérature sans que l'angle choisi ne soit novateur. La seule tension consiste à se demander si les fautes inavouées seront révélées ou pas. Enfin, j'ai eu une impression d'inachevé avec une fin qui reste ouverte,

#Nosfautesinavouées #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          92
Les liens



Les liens est un roman sur la famille. Il s'agit des relations entre mari et femme, leurs enfants et leurs animaux de compagnie. Il s'agit également d'attachements, à la fois physiques et psychologiques. Le roman est divisé en trois parties, chacune explorant les ramifications de l'infidélité du mari et son abandon de sa famille. J'ai cru, après avoir lu la première partie qu'il s'agissait d'une nouvelle, la première d'un recueil de trois (Starnone a déclaré que chaque partie peut être lue comme un tout autonome, comme une nouvelle). Pas du tout, le début saisissant du roman prépare le terrain pour ce qui se passe au cours des cent cinquante pages suivantes. "Au cas où cela vous échapperait, Cher Monsieur, laissez-moi vous rappeler : je suis votre femme." Le ton de la première partie est celui de l'amertume et de la trahison. Il montre une femme abandonnée qui se désagrège lentement alors qu'elle lutte pour porter le fardeau de ses enfants, l'entretien de la maison, les factures et la vie en général. Malgré cela, la femme fait preuve d'une détermination inébranlable dont les condamnations de son mari, aussi justifiées soient-elles, ne semblent jamais tout à fait justes pour le lecteur. Puis nous trouverons le point de vue du mari et enfin celui des enfants.



Tout cela avec la même virtuosité, et même si ce roman ne se passe que pour partie à Naples, nous le dégusterons avec une pizza frite arrosée d'un Lacrima Christi et suivie d'un baba au rhum – puisque Naples est la créatrice de ces deux délices...



© Mermed


Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          90
La farce





Les parents du petit Mario (deux mathématiciens, professeurs à l'université de Naples)

doivent partir pour une conférence,

aussi pour prendre le temps de comprendre si leur mariage est terminé.

L'enfant est donc laissé aux soins d'un grand-père pratiquement inconnu,

un vieil illustrateur, bourru et occupé, qui vit à Milan depuis de nombreuses années.

Entre quatre murs et un balcon

(l'appartement où il a passé son enfance et qu'il a laissé à sa fille)

ce récit âpre déroule en soixante-douze heures

la confrontation perfide et amusante entre un grand-père fatigué et distrait

et un petit gendarme pétulant et très vif.

Dans le jeu qui se joue entre eux,

entre alliances, rivalités et jeux pas toujours amusants,

C'est la vie qui se reflète sous toutes ses formes :

la vie passée et celle en potentiel,

la vie dure et moqueuse de Naples qui accueille l'homme à nouveau après tant d'années,

la vie de la maison qui semble se réveiller lentement,

pleine d'échos et de fantômes.

Un des maîtres de la littérature contemporaine revient pour raconter la dureté des liens familiaux.

Et il le fait avec un roman très tendu,

qui nous fait sourire continuellement

mais ne nous épargne pas la dissection précise de nos peurs,

de notre perte face à la ténacité de la vie en nous et après nous.



Une remarque, beaucoup de spécialistes s'accordent pour dire que Domenico Starnone se cache derrière le pseudo d'Elena Ferrante.





effleurements livresques, épanchements maltés http://holophernes.over-blog.com © Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          80
Les liens

Construit sous la forme d'un roman choral, ce court livre au ton grinçant porte un regard sans concession sur le mariage d'un couple de napolitains, brusquement mis à mal par le départ d'Aldo, qui quitte sa femme Vanda et ses deux enfants pour vivre sa passion avec une jeune étudiante.



Même si quelques années plus tard Aldo finira par revenir au sein de la cellule familiale, sa trahison laissera des traces indélébiles, et plus rien ne sera comme avant.

On peut se demander ce qui motive ce couple à vouloir à tout prix recoller les morceaux, car au final, personne n'est heureux, et encore moins les enfants qui grandissent dans un climat malsain, fait de tensions et de rancœurs permanentes.



Il y a beaucoup de psychologie dans ce roman où les personnages sont présentés sous leurs facettes les plus sombres : Aldo, le mari hypocrite et lâche, Vanda, la femme humiliée et blessée qui se transforme en tyran et devient insupportable pour faire payer son infidélité à son mari, et leurs deux enfants qui, devenus adultes, ne seront pas en reste (mais je n'en dirai pas plus!).



Ce roman m'a à certains moments fait penser au style d'Eléna Ferrante : peut-être est-ce l'évocation de Naples, ou du thème de la femme trompée, récurrent chez cette auteure, mais j'ai trouvé qu'il y avait des ressemblances, surtout dans la force des récriminations de Vanda, et dans sa façon d'exprimer sa colère et sa douleur : "au cas où tu l'aurais oublié, mon cher : je suis ta femme. Je sais, jadis ça te plaisait et, tout à coup, ça te dérange. Je sais, tu prétends que je n'existe pas, que je n'ai jamais existé, pour t'éviter de rougir devant les intellectuels que tu fréquentes. Je sais, mener une vie rangée, rentrer à l'heure du dîner, dormir avec moi et pas avec qui bon te semble te donne l'impression d'être un demeuré (...)".



C'est pourquoi j'ai été amusée d'apprendre, en lisant la critique d'une autre babéliote, que Domenico Starmone était soupçonné d'être Elena Ferrante, même si celui-ci a démenti... Le mystère demeure !



Lu dans le cadre du prix des lecteurs du livre de poche 2021
Commenter  J’apprécie          70
La farce

Un illustrateur milanais en perte de vitesse, affaibli par l’âge et par une opération récente, se rend à Naples dans l’appartement dans lequel il a grandi, pour garder son petit-fils quelques jours, Mario, quatre ans au caractère bien trempé. Dire qu’il part avec enthousiasme remplir son devoir de grand-père, serait mentir. Il est charrette pour un projet d’illustrations d’un recueil de nouvelles et son commanditaire lui met la pression en lui faisant des commentaires peu amènes sur les premières ébauches remises avant son départ. Il est inquiet sur ses capacités à satisfaire ce jeune loup de l’édition qui lui parle « manques d’innovation et d’éclat » dans ses premières planches…

En plus il se rend rapidement compte que le couple parental du petit Mario est en pleine crise conjugale et que le divorce est envisagé par les protagonistes qui voit dans cette conférence l’occasion de régler leurs différends loin de leur fils.

Rapidement, Grand-père prend la mesure des difficultés à consacrer du temps sur son travail d’illustration, satisfaire les besoins et les soins qu’il doit apporter à cet enfant dictatorial sur les bords, qui voit son grand-père comme un grand et beau jouet que ses parents lui ont confié pour ces quelques jours.

Ce roman est le récit d’un huis-clos basé sur un malentendu. Mais aussi, sur les réflexions du vieil homme, Daniele se penche sur son enfance et adolescence passées dans cet appartement. Vu par ses parents comme un prodige surdoué en dessin qui porte sur ses épaules l’admiration et les attentes de sa famille. Lui l’enfant plein de rage qui a dû l’étouffer pour s’imposer comme artiste dans une société si différente de son milieu d’origine. Un très bon moment de lecture !

Commenter  J’apprécie          60
Les liens

Allez, je vous parle aujourd’hui d’un titre sorti discrètement il y a trois jours, car il mérite de ne pas passer inaperçu. Les liens est un roman paru à l’origine en Italie en 2015. Et j’y ai retrouvé immédiatement cette ambiance particulière, introvertie et bavarde, des films de Nanni Moretti (Journal intime) par exemple. Vanda et Aldo se sont mariés très jeunes, ont eu rapidement deux enfants, puis se sont séparés quelques années plus tard alors qu’Aldo entame une liaison avec une étudiante, Lidia. Nous sommes dans les années 70 et Vanda passe alors par toutes les étapes du deuil, colère, supplication, désespoir, pour tenter de ramener son mari à la raison et le récupérer. Le bien-être des enfants devient vite son levier principal, celui qui fait culpabiliser le plus Aldo. Après plusieurs années de séparation, le voici d’ailleurs de retour dans son foyer. Puis, nous retrouvons Aldo et Vanda, plusieurs décennies plus tard, en tant que couple âgé, sur le point de partir en vacances. Lorsqu’ils reviennent chez eux, après une semaine de farniente au bord de la mer, leur appartement a été saccagé et leur chat a disparu, de quoi déstabiliser ce couple pourtant rompu aux secrets, et qui a appris à cacher ses sentiments, ses souvenirs heureux et ses aspirations personnelles. Ce roman est une réflexion sur le temps qui passe, l’usure du couple, la fragilité des sentiments, mais surtout sur les impasses que constituent souvent les actes effectués pour le bien d’autrui. Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions ? J’ai beaucoup aimé lire ce petit livre court, malgré la lenteur du texte, ce sentiment de torpeur, d’engourdissement qui semble envelopper la vie d’Aldo et de Vanda. Il donne envie de ne pas s’enfermer dans ce type de relation et nous laisse en fin de récit littéralement bouche-bée.
Lien : https://leslecturesdantigone..
Commenter  J’apprécie          60
Nos fautes inavouées

J’avais vraiment beaucoup aimé ma lecture du roman Les liens, du même auteur, sorti pendant la rentrée littéraire de septembre 2019, une sortie discrète qui aurait alors mérité mieux. Mais difficile de se faire sa place dans le grand remue ménage de la rentrée ! J’avais particulièrement aimé retrouver cette ambiance particulière, introvertie et bavarde, très italienne, des films de Nanni Moretti par exemple, je ne pouvais donc pas passer à côté d’un nouveau roman de Domenico Starnone… Le lecteur rencontre dans ce roman le même genre de personnage. Pietro est au début de cette histoire un excellent jeune professeur de littérature. Il vit avec Teresa, une de ses anciennes élèves, une relation passionnée et pleine de rebondissements. Un jour, leur vient à tous les deux l’idée de resserrer leurs liens avec la confidence mutuelle d’une faute inavouable, un secret qu’il sera interdit de révéler, chacun tenant l’autre par cette menace. Mais le couple se sépare et Pietro rencontre Nadia, une professeure de mathématiques beaucoup plus sage et réservée, avec qui il va fonder une famille. En parallèle, ses ambitions d’écrivain essayiste rencontrent un succès inattendu. Pietro est demandé partout et devient célèbre. Pour autant, le secret confié à Teresa lui pèse et le suit, tel un fantôme. Il s’attend à chaque instant à ce que son imposture lui soit jetée au visage… J’ai lu ce roman d’une traite, en une journée. Je n’ai cependant pas été entièrement convaincue par son intrigue. Les confidences de Pietro et Teresa ne tiennent en effet pas vraiment (à mon avis) toutes leurs promesses narratives. L’histoire s’attache surtout aux déboires conjugaux de Pietro, à ses émotions profondes, à ses ambitions littéraires, à ses petitesses avouées. Rien de très nouveau donc. Pour autant, l’auteur sait tenir son lecteur et a un certain talent, tout de même, pour examiner à la loupe nos soubresauts intimes. Les incursions dans le milieu littéraire sont également assez savoureuses.
Lien : https://leslecturesdantigone..
Commenter  J’apprécie          50
Les liens

Les différents regards, de la femme, de l'homme, des enfants, sur une relation maritale et ses conséquences.

Un couple qui fut heureux, mais dont le poids d'une parenthèse, lourde de conséquences, planera toute leur vie durant et hantera leurs ombres.

Un livre malin, qui se lit très rapidement et avec beaucoup de facilité.

Le rythme est soutenu, même si l'action reste minime.

A lire!
Commenter  J’apprécie          40
La farce

Ce livre me donne un sentiment mitigé puisque la fin m'a surprise. Mais je vais m'en expliquer.

Au début, on est pris par cette histoire simple. Un grand-père se voit d'autorité demandé par sa fille de garder son petit-fils, quelques jours, le temps d'un colloque auquel les 2 parents vont assister. Ce grand-père habite loin de son petit-fils et le connaît à peine. Il a 4 ans et a déjà un sacré caractère, un peu à l'image de son père. Et, ça, ce n'est pas pour plaire à ce grand-père.

Ce grand-père est dessinateur. Il a eu une belle carrière, il a publié pas mal de dessins et il se trouve à un moment charnière de sa carrière. Les derniers dessins qu'il a envoyés ne sont pas aboutis, ne lui conviennent pas. Si bien que celui qui lui a fait commande de ses dessins le lui reproche et lui somme de rendre des dessins à la hauteur de l'enjeu. le grand-père promet de s'y mettre et compte bien profiter de la garde de son petit-fils pour travailler.

Seulement, voilà, c'est sans compter sur son petit-fils qui veut à tout prix que son grand-père joue avec lui. Au départ, il y a la femme de ménage qui tempère les caractères du grand-père et du petit-fils mais bientôt, elle va s'effacer et les laisser tous les 2 en tête à tête.

Le livre démarre bien. On se dit que ça pourrait être amusant de voir ces 2 personnages, l'un voulant jouer tout le temps, et l'autre ronchon sur les bords. L'auteur pose les bases et le livre se lit tout seul. On a un peu de peine à la fois pour le grand-père et le petit-fils parce qu'ils n'arrivent pas vraiment à s'entendre mais en même temps, c'est assez drôle.

Mais très vite, l'intrigue tourne mal et c'est assez malaisant, voire même très gênant. Je n'ai pas compris la réaction du grand-père ni celle du petit-fils, encore que : il n'a que 4 ans. Les chapitres sont assez courts, tout comme le livre lui-même, si bien que la pression monte facilement et qu'on se dit que ça peut aller très loin.

La fin m'a un peu surprise dans le sens où je ne comprends pas pourquoi là encore le grand-père ne dit rien. Je suis preneuse si vous l'avez lu à savoir comment interpréter cette fin. le grand-père semble vouloir tourner la page.

J'ai beaucoup aimé ce livre même s'il est malaisant, et à la fois drôle par bien des aspects. Je pense que je lirai d'autres ouvrages de l'auteur.

Je remercie Netgalley et les éditions Fayard pour cette lecture.

Commenter  J’apprécie          32
Les liens

Partir, tout quitter sur un coup de tête, ne pas se retourner sur son passé, laisser derrière soi ceux que l'on a aimés et désirés, ceux qui nous encombrent aujourd'hui, cette femme qui se lamente, ces enfants qui nous aspirent. Partir sur un coup de tête en oubliant tout ce que l'on a patiemment construit, cette vie de famille, ces liens tissés au fil des années et fortifiés par les souvenirs. Partir sur un coup de tête parce qu'une autre nous a fait perdre la tête, parce qu'on a envie de tenter l'aventure, de tout recommencer, parce qu'on a qu'une vie.



Partir c'est ce qu'aurait aimé faire Aldo, c'est ce qu'il a tenté de faire il y a des siècles quand Vanda et lui étaient encore jeunes et leur avenir plein de promesses. Aldo a failli, il a distendu les liens du mariage, a cherché à les rompre mais sans y parvenir. Vanda n'a pas lâcher l'autre extrémité, elle a tenu bon de toutes ses forces, elle a lutté pour ne pas être distancée, elle a tenu la corde avec courage et obstination, pour elle et pour ses enfants et elle a gagné puisqu'Aldo est revenu. Mais à quel prix ?



Dans un court roman choral, Vanda, Aldo et leurs enfants se partagent la parole. Chacun y va de son vécu, de ses souvenirs, de ses traumatismes aussi liés au départ du père, du socle, du pilier. Il y a ce que l'on dit et ce que l'on pense tout bas, il y a cette ombre qui plane et ces faux semblants. Il y a un mariage qui a failli être brisé et qui a finalement survécu. Mais à quel prix ?



Les liens dressent le portrait de deux époux dont le mariage semble tenir davantage du devoir moral que de l'amour. Mais au fond, n'est-ce pas ce qui rend un mariage solide ? N'est-ce pas cela les liens du mariage : ce qu'il reste quand l'amour n'est plus ? C'est tout l'art de ce roman intimiste d'une grande finesse psychologique : nous amener à réfléchir aux liens qui unissent deux êtres pour l'éternité alors que rien ne les y contraint vraiment. Un petit traité sur le mariage plutôt réussi.


Lien : https://www.lettres-et-carac..
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Domenico Starnone (138)Voir plus

Quiz Voir plus

Connaissez-vous les dix petits nègres?

Qui sont les deux premières victimes?

Vera et Blore
Rogers et Mrs Rogers
Armstrong et Anthony
Anthony et Mrs Rogers

10 questions
584 lecteurs ont répondu
Thème : Dix petits nègres de Agatha ChristieCréer un quiz sur cet auteur

{* *}