Citations de Dominique Moïsi (64)
Le président Obama n'a rien de Frank Underwood, le héros de la série "House of cards", mais ce dernier est la démonstration que l'on peut devenir président des Etats-Unis sans avoir jamais été élu, en tenant un discours du type: "La démocratie, c'est sérieusement surfait", "Democracy is seriously overrated", dit Underwood, qui vient d'être nommé vice-président, dans un de ses apartés particulièrement efficaces avec le public, les yeux droit dans la caméra.
J'aime aussi entendre le son du shofar qui sonne la fin du jeûne... C'est l'appel du berger à la vie. Dieu ne révèle-il pas là une autre forme de présence que celle des hautes envolées mystiques ? Une présence au coeur de ce peuple qui a survécu des millénaires durant. Un peuple qui sort du désert et se rassemble. Un peuple qui de doit d'être, comme je le pense aujourd'hui , plus éthique qu'ethnique, plus témoin de l 'histoire que comptable de sa géographie.....
“Le spectateur français se passionne d’autant plus pour une série comme House of Cards qu’elle lui paraît tout simplement impossible en France. Nous ne sommes pas aux États-Unis, quand même ! Il y a des limites à l’autocritique.”
Ce qui domine le monde musulman, psychologiquement et émotionnellement, c'est le sentiment d'humiliation politique et culturelle, ainsi qu'une soif exacerbée de dignité. (p.101)
Ce qui est fascinant dans la façon dont Poutine réécrit l'histoire de ses relations avec l'Occident, c'est que des pays aussi divers que la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud y souscrivent. Malgré leurs multiples différences structurelles, ces pays ont un point commun, qui va au-delà de ce qui les sépare : tous ont accumulé de la rancœur à l'égard de l'Occident, qu'il soit américain ou européen.
Pas plus qu'il n'était pertinent de prétendre que le comportement d’Hitler s'expliquait par le traité de Versailles et la sévérité excessive des conditions imposées à l'Allemagne, humiliée par les réparations de guerre. C'est parce qu'Hitler avait perçu les faiblesses des démocraties occidentales qu'il a finalement déclenchée le Seconde Guerre mondiale. Et pour ce qui concerne Poutine, ce ne sont ni notre arrogance ni notre refus d'écouter ses demandes qui ont conduit à la guerre en Ukraine, mais la décision prise par la Russie d'utiliser l'humiliation comme arme. p53
L'Amérique latine avait bénéficié plus que toute autre région, de la Seconde Guerre mondiale. Elle était alors au monde ce que la Suisse était à l'Europe : une oasis de paix. Durant et après la guerre, la Havane, Buenos Aires, ou Rio de Janeiro étaient devenus des hauts lieux de culture où les artistes, venant notamment d'Europe, trouvaient une scène et même des moyens de subsistance.
C'est chez eux, dans leur patrie, que les Africains devront créer l'espoir, pour se délivrer des chimères qu'ils vont chercher ailleurs. (p.211-212)
Il [le Japon] est la preuve vivante que modernité et occidentalisation ne sont pas synonymes. (p.87)
Les quêtes identitaires ont remplacé l'idéologie comme moteur de l'histoire: dans un monde où les médias jouent le rôle d'une caisse de résonance et d'une loupe grossissante, les émotions comptent plus que jamais. (p.18)
Nous vivons dans un monde où les blessures anciennes semblent plus profondes que voici quelques décennies, alors qu'enfle le ressentiment, que le temps n'apaise plus. Comme si les frustrations du présent et la peur de l'avenir rendaient plus impossible que jamais toute réconciliation avec le passé.
Dans le cas de l'Occident, l'instinct de conservation commanderait que nous retrouvions le sens des valeurs universelles. Nous aimons prêcher la supériorité de notre modèle démocratique et la nature unique de notre système de protection sociale par comparaison avec la Chine et l'Inde. Mais ces valeurs sont-elles réellement mises en pratique dans nos propres pays ? Posons-nous la question et osons y répondre honnêtement, quoi qu'il en coûte. (p. 250)
Hier, à travers des séries comme Dallas et Derrick, on découvrait le niveau de vie des Américains ou des Allemands de l'Ouest. Aujourd'hui, il ne s'agit plus de pénétrer dans le confort des intérieurs, mais dans la noirceur des âmes.
Bill Clinton, l'ancien Président des Etats-Unis de 1992 à 2000, ,n'aurait-il pas dit, bien évidemment sur le ton de la confidence amusée, à Kevin Spacey, l'homme qui joue son rôle, c'est-à-dire le rôle du Président dans la série:
- "J'adore House of Cards. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de ce que vous faites dans la série est vrai. Le un pour cent erroné tient à ce que vous ne pourriez jamais faire passer aussi vite une loi sur l'éducation dans la vie!"
La géopolitique ne se contente pas d'envahir brutalement le réel de nos vies quotidiennes, elle envahit nos imaginaires, dans un mouvement dialectique irrésistible et sans doute dangereux.
La culture de la peur réduit le fossé qualitatif qui existait autrefois entre les démocraties et les régimes non démocratiques car elle pousse nos pays à violer leurs propres principes moraux, fondés sur le strict respect de l'état de droit. Si nous continuons à prêcher des valeurs que nous ne mettons plus en pratique, nous perdrons notre poids moral et notre pouvoir d'attraction. (p.150-151)
Le contraste entre l'idéal et la réalité des pratiques démocratiques dans de trop nombreux pays occidentaux et non-occidentaux explique en partie le transfert de puissance de l'Amérique à l'Asie. (p.29)
Les émotions sont incontournables pour la compréhension du monde. (p.12)
Les valeurs occidentales se disent universelles, mais le sont elles vraiment ? si elles n’étaient, justement, qu’occidentales ?
Dans les relations internationales, les souvenirs et les émotions tragiques, à la différence des écorchures sur une peau, ne guérissent pas toujours