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Critiques de Donald E. Westlake (542)
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Dégâts des eaux

Après avoir plongé aux origines du polar russe, avec le Voleur de Leonid Leonov, il apparait naturel de faire un tour vers son pendant américain, avec quelque chose de beaucoup plus léger, restant du côté truand, et le célèbre héros récurant de Donald Westlake, son cambrioleur neurasthénique Dortmunder.



Parmi les quinze tomes de ses aventures, celui-ci est régulièrement cité comme son meilleur, son plus rocambolesque, une véritable référence du genre à tendance burlesque.



Sans avoir besoin d'introduction, ni de résumé des épisodes précédents, on entre tout de suite dans cet univers criminelo-loufoque constitué avant tout de dialogue à la sauce absurde.

On incarnera différents personnages, tous restant dit en tierce personne, procédé visant à introduire chaque nouvelle péripétie de notre héros avant sa mise en orbite.



Bien dosé, de bout en bout, l'intrigue ayant beau trainer sérieusement en longueur, usant d'un savoureux comique de répétition, on demeure embarqué avec le même plaisir jusqu'au dénouement, réussi sans être éclatant.



Vraiment divertissant. Une réussite, assurément.
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Kahawa

Depuis le prologue, on apprend que le café ougandais fait l’objet de contrebande. Et lorsque Baron Chase, un  Canadien naturalisé ougandais, et bras droit d’Idi Amin, évoque la possibilité de détourner un train entier de café, il le fait, au Kenya, à Balim, un Asiate, mis à la porte d’Ouganda.

« Je vais vous parler franchement, monsieur Balim, dit Chase avec l’air convaincu d’un homme qui parle rarement en toute franchise : Idi Amin est au bout du rouleau. »

Les plantations de café en Ouganda appartenaient aux « Asiates », qui les avaient volées aux blancs, en fuite en 1962, et volées par Idi Amin en 1972, lorsqu’il a chassé tous les Asiatiques de son pays. Il s’agit alors d’exporter, en fraude, ce train qui représente six millions de dollars de kawa au Brésil, touché, en 1977, par une récolte désastreuse, ce qui provoque la hausse des courts.

Ou comment blanchir du café.

S’ensuit une épopée parfois inutile, parfois intrigante, parfois harcelante, mettant en scène des mercenaires Blancs, les nouveaux voleurs, des Ougandais, ravis de se venger du dictateur sanguinaire, et, justement, cet Idi Amin, militaire dont un des passe-temps favori est de torturer.

Parmi ses victimes principales : le chrétiens, dont l’archevêque anglican Janani Luwum, personnellement assassiné par Idi Amin en février 1977.

Cinq cent mille personnes, quand même, de torturés.

Le soutien à Idi Amin est mis en place par les Britanniques et Israël en 1971, pour lutter contre un penchant vers le marxisme de son prédécesseur Milton Obote, et pour les Israéliens, une aide secrète à la rébellion soudanaise, ce qui mobiliserait des milliers de soldats égyptiens, empêchant qu’ils aillent soutenir les Palestiniens. Finalement, le jackpot est remporté par la Libye : « Kadhafi, marxiste musulman, expliqua à Amin que les Israéliens étaient en fait des juifs, et que les Britanniques étaient des capitalistes également détestables par conséquent. »



Trahisons, espionnage, coups tordus, et pourtant, dit Westlake, nécessité absolue de négocier avec les humains tels qu’ils sont et non tels qu’on rêverait qu’ils soient.

Entre les différents organismes : La Commission du café d’Ouganda, et L’institut brésilien du café,

l’ICB, l’office international du café, basé à Londres, supervise impartialement le commerce international du café et les accords entre pays. Ce n’est pas le café lui-même leur préoccupation, mais, en général, le marché des matières premières entre les grandes places financières du monde.

Lorsque le train chargé de café « disparait » réellement, Amin remarque avec une justesse qui honore son intelligence « un train ne peut pas disparaitre » et pense bien évidemment à une sorcellerie quelconque.

Eh bien, si, même si Amin hurle : «  je veux mon café ! je veux mon traiiiiiiin ! en pensant tout de même à qui il va couper la tête, y a plus le train.

Ce roman un peu trop western, me fait penser à un cake dont les raisins seraient délicieux, certes, mais perdus dans la masse, la digestion fut longue, et a nécessité plus de café que d’ordinaire.

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Dégâts des eaux

Alors qu'il rentre tranquilou chez lui après avoir bien travaillé (/cambriolé...), Dormunder , reçoit la visite d'un ancien coloc' ( / ancien compagnon de cellule…). Celui -ci lui propose un gros coup : retrouver un magot enfoui. Le problème , c'est qu'il est enfoui en dessous de 20 mètres d'eau. Ça ne dérangerait pas plus que ça , le dénommé Tom Jimson, de faire sauter le barrage et les quelques personnes qui gravitent autour, mais ça pose un cas de conscience au gentil Dormunder qui va tout faire pour l'en empêcher.

S'en suit le recrutement d'un génie de l'informatique et d'un moniteur de plongée, une sacrée équipe de bras- cassés se met en place , pour le plus grand plaisir du lecteur ou de la lectrice , qui sourira ( c'est obligé ! ), à pratiquement, chaque page …



Humour loufoque, personnages au bord du bord de l'absurde; venez faire un constat de dégâts des eaux vous ne le regretterez pas.

Ce n'est ni un roman policier , ni un roman noir. Il n'y a pas vraiment de suspens. C'est le roman idéal pour picorer quelques pages en fin de journée et s'envoler vers un pays où n'importe qui, fait n'importe quoi, sans que cela prête vraiment à conséquence.

Amusant et léger .

Comme pour le générique de fin, de certains films, ne ratez pas les remerciements de l'auteur, ils sont savoureux.



Moi, je dis , merci à Renod, qui m'a présenté Dormunder, un personnage principal, bien " gratiné" , comme je les aime ;-))



Challenge Mauvais Genres.
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Dégâts des eaux

Du rififi dans les hautes eaux

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Lu dans le cadre du challenge Pioche dans ma PAL.

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Ayant déjà lu le très bon Le Couperet de l'auteur (one-shot), j'avais hâte de me plonger (c'est le cas de le dire :) dans cet opus (le 7ème) de la célèbre série "Dortmunder" ce cambrioleur malchanceux et sa bande de bras-cassés.

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Cet anti-héros nommé Dortmunder John s'allie avec le très méchant Tom Jimson (clin d'oeil à l'auteur Jim Thompson) , ancien taulard voulant récupérer son magot. Le trésor enfoui sous l'eau. Aie, il y a comme un os dans le potage!

Surtout que John est carrément flippé de trouille et un peu claustrophobe.

Mais Tom voulant dynamiter tout le lac et du coup envoyer toute la ville au cimetière; ce qui n'est pas du goût de John. Il propose donc de plonger pour récupérer l'argent.

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Le génie comique de l'auteur est de nouveau en action. Entre des dialogues absurdes, des répliques non moins savoureuses, des non-sens délirants, des situations toujours plus improbables , des rebondissements en-veux-tu-en voilà, l'équipe des bras-cassés tourne à plein régime.

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C'est une aventure rocambolesque certes mais l'intrigue tient la route. Malgré le nombre élevé de pages, ce beau bijou de polar/roman noir/poîlar se lit tout seul. L'ensemble des personnages force un peu le trait mais le tout forme un cocktail détonnant.

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Il y a tout là-dedans comme j'aime. Imagination, aventures, drôlerie, plume fine et cocasse. Je vais obligatoirement suivre les aventures du braqueur en déveine appelé Dortmunder.

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Le couperet

Un chômeur tueur malgré lui

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Choisi par @des_livres_et_des_mousses dans le cadre du challenge Pioche dans ma PAL de juillet.

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Louons déjà la chance que ce roman soit classé dans la section des "classiques" de Flammarion. Un bon point !

L'auteur est un des chefs de file du genre littéraire né dans les années 30 aux USA, le roman noir. Lié au contexte social de l'époque, celui de la violence urbaine.

Ici, le récit est fortement ancré dans le réel. Un roman engagé de par sa prise de position politique et économique. Un regard lucide et pessimiste sur le monde du travail entraperçu à travers notre héros, Burke, devenu chômeur suite au dégraissage massif de son entreprise.

Avec une féroce et brillante analyse, Burke considère les conséquences du chômage comme une fatalité qu'il va devoir renverser par des actes immoraux : éliminer ses potentiels concurrents. Comment? Les tuer pardi !

*

Burke devient un monstre sanguinaire. Dr Jekyll devient Mr Hyde. Une véritable métamorphose passe sous nos yeux ébahis. Au fur et à mesure de ses crimes de plus en plus violents, il éprouvera de moins en moins de remords. Presque comme si sa propre folie était un dédoublement de personnalité. (avec quelques rares moments de lucidité où il se rend bien compte de l'absurdité de la situation). Mais en tant que chef de famille, il est OBLIGE de récupérer ce poste de cadre.

*

A travers son personnage, l'auteur veut dénoncer la société actuelle (les années 90 ici) qui repose sur un nouveau "code moral", selon lequel la fin justifie les moyens".

*

Jubilatoire dans l'intrigue (voir comment Burke procède), immoral au possible (notre héros finira par gagner puisqu'il aura le poste tant convoité).

J'ai attendu longtemps que le couperet tombe sur ce meurtrier. Je vous avoue d'une petite voix que j'ai été tentée par éprouver de l'empathie pour lui mais finalement ces scènes de sauvagerie ont eu raison de mon dégout. Ouf! Mais il m'a invité à m'interroger sur cette société brutale qui écrase tout sur son passage. Les plus forts gagnent...

IL est clair que le lecteur se doit de réagir, c'est trop amoral!

*

Au ton corrosif et cynique mais également hypnotique, je me suis laissée prendre dans les filets du "politiquement incorrect". Laissez-vous embarquer dans ce thriller original
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Aztèques dansants

Vous ne connaissez pas Donald Westlake ? Alors peut-être avez-vous lu Richard Stark, Tucker Coe ou encore Alan Marshall?



Oui ! Non... Quelque soit votre réponse, un seul et même écrivain américain se cache parmi ces noms auteurs et bien d’autres encore.



Anecdote amusante ! Afin de passer outre un contrat avec sa maison d’édition "Random House", Westlake a utilisé le pseudonyme de Tucker Coe afin de publier d’autres romans dans un genre différent.



Mais c'est dans son style de prédilection humoristique que Donald Edwin Westlake publiera sous son véritable nom « Aztèques dansants » en 1976 dont la dernière traduction française daterait de 1997 aux éditions Rivages.



« Aztèques dansants », c’est comme découvrir l’humour avec un grand H dans l’univers du polar.



Comme le titre l’évoque, ce roman fait la part belle à un aztèque tout à fait extraordinaire, une statuette en or datant de plus de mille ans représentant un prête dansant.



Et malheureusement, cet aztèque d’une valeur inestimable s'est immiscé avec des copies en plâtre remises en cadeau à seize membres d'une même association.



Le new yorkais et voyou Jerry Manelli, devant transporter initialement l'original, doit le retrouver impérativement et se lance donc à la recherche de cette statuette. Jerry va alors connaitre de folles aventures comme des courses poursuites improbables ou des bagarres ubuesques. Cet aztèque dansant, rencontrant de nombreux personnages malgré-lui, va nous faire virevolter jusqu'à la fin du roman.



Westlake, avec un style très personnel et une écriture remarquable, s'amuse avec tous ces personnages délirants pour délivrer un polar de très bonne facture et très plaisant. Impossible de s’ennuyer malgré les cinq cent pages à croquer furieusement.



Je vous le recommande franchement et vous souhaite une bonne tranche de fous rires… Sans modération !

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Kahawa

Sers-nous donc un Kahawa, Donald!

Ce polar est l'un de ses meilleurs romans, qui allie intrigue, géopolitique et humour, une histoire de casse sortie tout droit de son imagination débordante et traduite par Manchette, qui se déroule en Afrique mais sans John Dortmunder .



En 1977, un conseiller canadien du dictateur Amin Dada et des commerçants asiatiques basés au Kenya qui ont été spoliés et chassés d'Ouganda, s'apprêtent à détourner un train rempli de café d'une valeur de 36 millions de dollars qui appartient au Président à vie.

Pour mener à bien ce vol plus audacieux et périlleux que l'attaque du train postal Glasgow-Londres, les instigateurs font appel à deux barbouzes américains, Lanigan et Brady, ainsi qu'à une pilote, Ellen.



Mais vouloir voler Amin Dada c'est comme aller chercher un os dans la gueule d'un fauve. Personnage tellement incroyable qu'on l'imagine créé de toute pièce par Westlake, il vampirise le roman, fascine le lecteur à chacune de ses apparitions, tel un ogre doté d'une intuition hors du commun qui terrorise son entourage. Ryszard Kapuściński, dans Ébène, ou Giles Foden dans le Dernier Roi d'Écosse, l'avaient déjà mis en scène mais sous la plume de Westlake l'homme atteint une dimension inégalée.



Kahawa est un polar complexe qui met en scène un vol improbable, ambiance attaque de diligence en terrain hostile, l'Ouganda d'Amin Dada. Westlake mêle très habilement à son intrigue des références précises à des évènements réels, comme les liens qu'entretenait le dictateur avec les pays occidentaux, la sanglante répression politique symbolisée par l'archevêque anglican Janani Luwum, incarcéré et assassiné, l'expulsions en 72 de 60 000 Asiatiques, majoritairement Indo-Pakistanais, qui plombera le tissu économique du pays, ou l'Opération Entebbe qui eut lieu l'année précédente….

Bref, chez Westlake comme chez Elmore Leonard ou Tim Dorsey on apprend en se marrant... Et on réalise aussi combien de petits grains de café peuvent peser lourd pour une nation et provoquer la richesse ou le déclin de celui ou ceux qui les détiennent.

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Dégâts des eaux

Lu dans le cadre du challenge ABC



Alors là, ça ne va pas du tout. Non mais allô, quoi, je suis inscrite sur Babelio et je n’ai jamais lu du Westlake ? Mais pourquoi on ne me dit jamais rien, à moi ? Comment ai-je pu rester si longtemps dans l’ignorance de ce maître du polar jubilatoire ? Enfin, le hasard d’une brocante a réparé cette incurie.

On ouvre l’opus sur la rencontre entre Tom Jimson, récemment libéré (de prison, évidemment), et Dortmunder, ex-colocataire (de cellule, bien sûr). Le premier demande l’aide du second pour récupérer le butin d’un cambriolage commis 20 ans auparavant, et que Jimson avait planqué à l’époque en prévision d’un imminent séjour à l’ombre aux frais de la princesse, enfin, du gouvernement américain. Tellement bien planqué qu’aujourd’hui la cachette est immergée sous les tonnes d’eau d’un barrage, construit entretemps. Vraiment, c’est trop injuste…mais il en faut d’autres pour décourager Jimson de récupérer le magot. D’ailleurs il a LA solution : faire sauter le barrage pour assécher le lac. C’est génial tellement c’est simple. Ah oui, au fait, la vallée en aval et tous ses habitants seront noyés… C’est plus que la morale de gentleman cambrioleur de Dortmunder peut en supporter. Avec quelques collègues de « travail », ils décident alors de mettre sur pied un plan B, puis un plan C, puis…

Au début c’est un peu déroutant : c’est un polar mais on n’y voit jamais la police. On est dans le milieu des cambrioleurs professionnels mais on n’y croise que des voleurs gaffeurs. On sent déjà qu’on va sourire à quelques reprises, et là on n’est pas déçue, parce que c’est un festival de situations rocambolesques et de dialogues surréalistes, le tout complètement barré. On verrait bien ça adapté au cinéma par les frères Coen ou par Tarantino (la débauche sanglante en moins), un amalgame entre les crétins de Burn after reading et le Javier Bardem de No country for old men (qui, comme Jimson, convertit un sauna en congélateur par sa seule présence).

Bref, des péripéties absurdes et une galerie de personnages décalés (mention spéciale à la scène du mariage et au personnage de Bob), on rit presque à chaque page. C’est savoureux et on en redemande ! Allô ? A l’eau…

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Ordo

... une histoire drôle pour personnes tristes, une histoire triste pour personnes drôles.

J'adore cette phrase en quatrième de couverture.

Sur ma critique de Dégâts des eaux, un commentaire de JoedeCarc. Je cite : « Je recommande ‘Ordo', un bijou de sensibilité, un livre à part dans l'oeuvre de Westlake. » Presque tout est dit. Un matelot est chahuté par ses collègues, alors que c'est dans le journal, pour leur avoir caché qu'il avait été marié à la grande star de cinéma, la reine du sexe actuel. Lui tombe dessus un passé d'il y a 16 ans quand il a épousé une jeune fille qui a menti sur son âge et que la mère a fait annuler ce mariage. le problème est qu'elle a changé de nom, de look et autre et qu'il n'arrive pas à la reconnaître. Il prend un congé pour tenter de comprendre.

Un roman sur l'identité, du comment se déconstruire, du retour vers le passé, des paillettes, devient-on son propre personnage ou l'inverse ? Une joie en plus : traduction de Jean-Patrick Manchette. Un énorme merci à JoedeCarc pour, effectivement, ce petit bijou.
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Ordo

Ordo un gars de la marine à deux ans de la quille

est une vedette aux yeux de ses compagnons matelots

bluffés de voir sa photo tout jeunot dans la rubrique people du journal.

C'est vrai qu'il a été brièvement marié à celle qui deviendra la star mondiale Dawn Devayne...

sauf qu' Ordo ne reconnaît plus les traits de son ex

et décide d'aller à sa rencontre pour la voir de plus près...

Donald Westlake comme son matelot à la cool arpente les pavés d'

Hollywood Boulevard et s'incruste dans le milieu artistique californien

à la recherche de la star perdue...

Bien qu'il vogue dans le Rivage noir, ce livre traduit par Jean-Patrick Manchette n'est point un polar mais un roman d’atmosphère.

La description d'un univers de paillettes, d'une romance proche des feux de la rampe et le ton faussement désabusé font passer un rudement bon moment en compagnie d'Ordo qui ne fait pas dans la nouvelle vague.
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Place au gang !

Tiens, un Westlake inconnu (de moi en tout cas) co-signé avec Brian Garfield, titre original Gangway. C'est un Série Noire de 1973 au charme d'autrefois, avec les droits réservés pour tous les pays, "y compris l'URSS ", et les pubs ultra-ciblées de la quatrième de couverture, pour les bonshommes qui carburent au noir mais qui veulent sentir bon :

« L'Homme qui porte Balafre. Quand elles le croisent, les femmes devinent tout de suite…il a choisi la virilité sans concession. Ni archange, ni démon, il porte Balafre tout simplement. Autour de lui quelque chose de fin, d'épicé, d'inéluctable…ce quelque chose: Balafre. » C'était l'époque où sur les pubs Lancôme on plaçait un couteau bien aiguisé à côté d'un flacon de parfum et d'un mâle en smoking aussi viril que Geoffrey de Peyrac. Mais je m'égare.

Place au Gang est un polar bien sympathique qui se déroule à San Francisco en 1874, en pleine ruée vers l'or. Un New-yorkais pur sucre tout droit sorti de Hell's Kitchen, Gabriel Beauchamp, 28 ans, « rejeton d'une famille irréprochable, truands à Marseille de père en fils », se retrouve expédié dans l'Ouest par un ancien associé retors. Il y rencontre une demoiselle très maline et redoutable, Evangeline Kemp, et y retrouve son ancien voisin Francis Calhoun. La fine équipe ainsi constituée n'aura plus qu'un objectif, mettre la main sur le magot de l'Hôtel de la Monnaie en montant un braquage aux petits oignons, en chariot, en steamer, bref à l'ancienne.

Comme toujours, Westlake nous emporte dans une intrigue à fond les ballons, c'est drôle, enlevé, impeccable. Faites place au gang!
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Dégâts des eaux

Ce roman est inclus dans un recueil en contenant deux autres.



En rentrant d'un petit casse, John Dortmunder trouve chez lui Tom Jimson, avec qui il partagea une cellule de prison. Récemment libéré, celui-ci rêve d'aller s'installer au Mexique pour y finir ses jours. Pour cela il faut qu'il récupère le butin d'un de ses derniers casses, enterré derrière la bibliothèque de Putkin's Corners, un village du nord de l'état de New York. Problème : le village a été enseveli sous le lac quand le barrage qui barre la vallée a été construit. La solution de Jimson est simple : faire sauter le barrage, au risque de noyer tous les habitants de la vallée. Dortmunder n'est évidemment pas d'accord, et avec sa bande de potes, ils vont essayer les solutions les plus farfelues pour remonter le magot à la surface.



Sans aucune doute le plus abouti des trois romans qui composent ce recueil. La bande de Dortmunder (John, sa compagne May, Andy le N° 2, Tiny, le gros bras, Stan le chauffeur et sa mère) est complétée par quelques personnages pittoresques : Tom, le tueur cynique, Wally l'adolescent attardé et son ordinateur, Doug, le plongeur, la naïve Myrtle et sa mère Edna...

L'histoire est tout aussi déjantée que les autres aventures de la série, taillée dans le même moule (une série d'échecs avant d'atteindre un objectif improbable), mais elle m'a paru mieux construite, et surtout racontée avec plus de finesse.

Un bonne note pour terminer la lecture de ce recueil.
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Motus et bouche cousue

Exit Dortmunder, hello Meehan.



Si le garçon vénère la cambriole, c'est au Manhattan Correctional Center qu'il croupit actuellement, bâtiment de haut standing favorisant durablement l'introspection quant aux loisirs sévèrement blâmés par la loi. Visiblement né sous le signe du bol ascendant baraka, il se verra proposer, contre toute attente, l'opportunité d'échapper à son environnement quelque peu sclérosant moyennant heures sup' sous gros couvert d'anonymat.

Une demi seconde de réflexion plus tard et le voilà redevenu braqueur de haut vol destiné à subtiliser une cassette vidéo compromettant l'actuel président histoire d'écarter toute éventuelle réélection.



Pas le meilleur Westlake mais un Westlake quand même!

Si le scénario manque cruellement d'adrénaline, la verve corrosive et satirique de Westlake suffisent à enlever le morceau.

Taillant un costard XXL aux institutions politiques et judiciaires de l'oncle Sam, on sent que l'auteur a pris un malin plaisir en élaborant ce complot louchant méchamment sur l'irrésistible Watergate.



Sans tirer la boule noire, ce mo-mo-motus intrigue à défaut de soulever les foules, le style inimitable de Westlake pardonnant beaucoup de largesses scénaristiques...









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Aztèques dansants

Mi-polar, mi-chasse au trésor, 'Aztèques dansants' est un récit totalement délirant et bourré d'humour qui m'a fait passer un excellent moment de lecture.



Le trésor, c'est une statuette de prêtre aztèque exécutant une danse rituelle. Malgré les nombreuses descriptions, je n'ai toujours rien compris à cette danse et à cette position, sauf que c'était ridicule et très laid... Mais comme la statuette est tout en or avec des yeux en émeraude et une valeur d'un million de dollars, on lui pardonne !



Elle a été sortie de son pays d'origine, le Descalzo, un obscur état sud-américain imaginaire, par deux escrocs et un nigaud qui l'ont expédiée à New York en compagnie de contrefaçons en plâtre, pour la vendre, devenir riches et ne pas être pendus par la langue... Évidemment, rien ne se passe comme prévu, les transporteurs se mélangent les crayons, ou plutôt les statuettes, et le trésor est perdu parmi 16 statuettes offertes à des New-Yorkais presque lambdas...



S'engage alors une couse effrénée pour le retrouver, menée par de joyeuses bandes de doux dingues : petits voyous, amant minable, mari cocu, danseur de hustle (une autre danse mystérieuse du livre), croque-mort, vierge nymphomane, couple en crise, sans oublier les faussaires débarqués du Descalzo (pour ne pas être pendus par la langue, si vous avez suivi). Le tout avec force cassages de statuettes (ben oui, c'est le meilleur moyen de voir si c'est de l'or ou pas), quiproquos et autres situations cocasses.



Ce n'est absolument pas crédible mais c'est vraiment très drôle, plutôt bien observé et rondement mené. Les presque 50 personnages sont assez réussis, même les tout petits rôles comme Malfaisante ou le père-retraité-cherchant-un-hobby, même si mon chouchou reste Jerry. Et on galope avec eux à la recherche de l'aztèque dansant...



Ça fait longtemps que je ne m'étais pas autant amusée avec un livre. Un grand merci à Jeranjou dont la critique publiée il y a quelques mois m'avait donné envie de le découvrir...
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Le couperet

Estomaquée, groggy, sonnée, tel est mon état à la dernière page de Le couperet. Il y a des livres comme ça, dès qu'on lit les premières pages, on sait que l'on va aimer, on plonge tout de suite dans l'ambiance, dans l'histoire, le livre nous apprivoise. Comment faire passer mon sentiment sans rien en révéler, difficile ! Disons simplement que l'écriture de Donald Westlake est tout simplement magistrale, sans détour, sans faux semblant, limpide. Il m'a embarquée dans cette horrible histoire et s'est totalement joué de moi. Je me suis surprise à trembler, non pas pour "les C.V." de Burke, mais pour Burke lui-même, me prenant à espérer qu'il conduise à bien sa mission, puis m'arrêtant, interdite "euh non là ça va pas, tu ne peux pas penser ça". C'est que notre morale est bien élastique parfois et c'est là la grande démonstration de ce livre. Encore une fois l'instinct de survie guide l'homme dans les tréfonds et lui justifie tout.

Fabuleux. Ce pourrait être un thriller, le meilleur que j'aie jamais lu, fabuleusement cruel, fabuleusement vrai, hypnotique. En le lisant je suis devenue la conductrice qui passe devant l'accident mortel, le lapin dans les phares, scotchée !
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Kahawa

Impossible d'imaginer un été sans effectuer mon pèlerinage dans les pages d'un bon vieux roman de Donald Westlake.

S'inviter dans une de ses histoires, c'est comme ouvrir les volets d'une maison de famille le premier jour des vacances. J'aère mon esprit renfermé.

Cette année, j'ai délaissé les cambriolages ratés de John Dortmunder et de ses acolytes, équipe de malfrats maffrés, pour un roman d'aventure exotique qui se déroule en 1977 en Afrique Orientale.

Deux mercenaires sont engagés pour organiser le vol d'un train Ougandais transportant pour six millions de dollars de grains de café.

600 pages, ce n'est pas un expresso, mais une telle opération réclame une longue torréfaction.

76 chapitres, mais nul besoin de voluptés d'arabica pour se tenir éveillé tant le scénario est palpitant.

Comme toujours chez l'auteur, le plan ne va pas se dérouler sans accroc. Donald Westlake est l'expert des impondérables.

Ses héros ne volent pas n'importe qui puisqu'il s'agit d'Idi Amin Dada, qui hélas n'est pas un personnage de fiction, dictateur sanguinaire de l'Ouganda entre 1971 et 1979.

Les deux baroudeurs vont se frotter à des beautés à fort tempérament, s'associer à des exilés revanchards et à des hommes d'affaires opportunistes. Ils vont surtout se confronter à la réalité de l'Afrique, son système tribal, son climat hostile et à l'apparente desinvolture de sa population. Une sorte de fatalisme à laquelle peut succeder à tout moment une sauvagerie impitoyable. Dans ces régions, la torture tuait plus que n'importe quelle maladie tropicale.

Si Donald Westlake excelle toujours autant dans sa capacité à créer des personnages originaux et à surprendre ses lecteurs dans des péripéties au dénouement imprevisible, je trouve qu'il décrit aussi de façon très réaliste la corruption et la violence de cette dictature africaine. Il illustre également avec pertinence les positions ambigües, pour ne pas dire la mansuétude, des pays occidentaux et des organisations internationales envers ce régime.

Bouffon sanguinaire qui causa la mort de près de 300000 personnes durant son règne, Idi Amin Dada est un personnage à part entière du roman qui dépeint sa cruauté mais aussi sa ruse et sa mégalomanie. Il obligea des hommes d'affaires occidentaux à le trimballer sur une chaise à porteurs et dans le roman, il conserve les têtes de ses ennemis décapités dans une chambre froide...

Mais l'ambition de l'auteur n'était pas de donner un cours de géopolitique. Donald Westlake était un grand romancier et il nous offre un récit d'aventures haletant. Le vol du train et le transport du café rappelent les meilleurs westerns.

En bonus, je dois avouer que j'ai découvert l'origine africaine du mot Kahawa devenu Kawa dans l'argot des bistrots parisiens.

Un café noir, serré, très sucré. What else?
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Motus et bouche cousue

Ce qui compte dans un roman de Westlake, c'est le ton…

Irrévérencieux, léger, drôle, farfelu, brillant, tonique...Voui, tout ça à la fois .

Et quand le ton rencontre une histoire qui tient la route, qui ferait un malheur au niveau des répliques dans la bouche d'un acteur hollywoodien, alors vous tenez un petit moment de grâce et vous vous dites: voilà c'est ça que j'attend d'un écrivain, un ton personnel, une tournure d'esprit particulière, de celles qui te retournent les phrases et les mots pour mieux t'épater …

Meehan est détenu dans une prison fédérale américaine sans espoir d' en sortir avant un bon bout de temps, jusqu'à ce qu'un homme se présente à la place de son avocate au parloir et lui propose un marché : faire son job de cambrioleur et dérober une vidéo compromettante pour le Président , en échange d'une annulation de peine.

Meehan accepte le deal (a-t-il vraiment le choix ? ) mais y met moults conditions (on est un spécialiste ou on l'est pas...). Tout d'abord, il est hors de question que les "hommes du président" lui servent de complices (il a vu où ça menait avec le Watergate) ; deuxièmement, il veut bien mouiller la chemise mais faut que ça lui rapporte aussi - autrement dit : il y aura un autre cambriolage dans LE cambriolage…

Du côté de Meehan, les choses sont claires, il faut espérer que ce le soit aussi pour ses complices et les hommes du président, et connaissant Westlake , je peux vous assurer qu'il y aura deux ou trois couacs dans le potage…



C'est enlevé, rythmé, amusant, distrayant, sans jamais se prendre au sérieux : Westlake en grande forme quoi !





Challenge mauvais Genres.



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Voleurs à la douzaine

Douze histoires pour retrouver Dortmunder et ses acolytes, c'est plutôt une bonne idée. Westlake plonge une nouvelle fois, ce bon bougre dans des situations pas franchement à son avantage mais comme Dortmunder à le cul bordé de nouilles, c'est avec grand amusement qu'on le suit dans ces coups plus foireux qu'ingénieux. Ces farces d' escrocs à la petite semaine sont à la fois malines et drôles. Westlake, s'amusait véritablement à inventer des coups tordus et originaux avec ces personnages récurrents, et bien nous aussi on s'amuse avec le même plaisir. Une façon sympa de découvrir un peu son univers. Un Westlake, ça ne se refuse pas.
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Comment voler une banque (Le Paquet)

Vrai bonheur de lecture passé avec Dortmunder et ses acolytes braqueurs, sympathiques branquignoles de la scoumoune, entourés d'un flic irascible et de personnages drôlissimes, cynisme et humour réjouissants, le grand et regretté Donald Westlake nous régale, et en ces moments difficiles et confinés nous offre quelques de répit. Excellent !
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361 ou L'assassin de papa

Ça y est, c'est la quille ! Trois années tirées en Allemagne et me voilà de retour à New-York. Vingt-trois ans, le bel âge dit-on. Pour moi, ce sera celui de l'enfer sur terre. Projet, néant si ce n'est celui de renouer avec le paternel. A peine le temps de lui claquer deux bises que le voilà déssoudé sous mes yeux. J'en ressors miraculeusement au bout d'un mois de cirage complet, les guiboles brisées, un œil en rade, pour apprendre que ma belle-soeur a également été refroidie. Comme une sale impression de mauvais karma d'un coup d'un seul. Des envies de meurtre également, tout comme mon frangin Bill. Quelqu'un doit payer l'addition, elle risque d'être salée. Et si cet étranger qui me propose de faire le grand nettoyage de printemps dans le milieu s'avérait être l'homme providentiel...



Un bon Westlake histoire de passer le temps.

Les malheurs de Ray, même Sophie n'aurait pas osé la comparaison.

Une première partie un rien poussive contrebalancée par le bagout d'un mec machiavélique et manipulateur, L'assassin de Papa s'en sort finalement avec les honneurs.

Millésimé 1962, il offre un bon compromis entre désir de vengeance et guerre des chefs au sein de la pègre. N'étaient ces dialogues un peu guindés, ce polar noir tapait dans le haut du panier.

La bonne nouvelle, c'est qu'il me reste le meilleur de Westlake à découvrir avec de vrais morceaux de cynisme à l'intérieur...
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Donald Westlake au cinéma

En 1966, quel réalisateur français adapte au cinéma sous le titre, Made in USA, le roman Rien dans le coffre, publié sous le pseudonyme de Richard Stark, avec Ana Karina, Jean-Pierre Léaud et Marianne Faithfull, sur une musique de Mick Jagger et Keith Richards... Paula Nelson recherche son fiancé, Richard Politzer, journaliste. Elle le retrouve mort, de mort violente. Paula va rencontrer d'étranges personnages, elle a l'impression de naviguer dans un film de Walt Disney, mais joué par Humphrey Bogart, donc dans un film politique.

Claude Lelouch
François Truffaut
Jean Luc Godard
Jean-Pierre Melville

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