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Critiques de E. L. Doctorow (49)
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Ragtime

Le Gilded Age, cet âge doré  dans l'histoire des États-Unis ne fut une période de prospérité que pour une poignée d’individus situés au sommet de la chaine alimentaire. Doctorow en offre une radioscopie singulière à travers la destinée de quelques familles, des industriels prospères de New Rochelle, des migrants ashkénazes récemment arrivés, un musicien afro-américain. La prospérité économique va de paire avec la distribution inégale de la richesse, et la montée des syndicats, cette dernière étant incarnée dans le roman par le personnage d’Emma Goldman, la militante anarchiste, autre figure de l’immigration juive en Amérique du nord.



Car dans Ragtime, Doctorow mêle habilement personnages de fiction et figures historiques, aussi diverses que Freud, Houdini, J.P Morgan, Henry Ford, Evelyn Nesbit (incarnée par Joan Collins dans La Fille sur la balançoire de Richard Fleischer ). La métafiction historiographique est chère au romancier américain et lui permet avec cet assemblage d’éléments qui peuvent paraitre hétéroclites d’écrire une grande fresque courant sur plusieurs décennies de cet âge d’or américain (débordant parfois vers les Pôles et le voisin mexicain en pleine Révolution), une histoire de riches et de pauvres. Paru en pleine désillusion du bourbier vietnamien, Ragtime est avant tout une critique sociale marquante sur les origines du néo-libéralisme et le racisme qui gangrène le pays.

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Ragtime

Le ragtime sera la musique de fond dont sa période de popularité, entre 1897 et 1918 est la même que celle du roman de Doctorov. Pour ainsi dire, la moitié du livre est consacré à la présentation des personnages fictifs et de la vie politique, sociale et culturelle de l’époque.

Ce tissage entre la fiction, les évènements historiques, est incroyablement bien mené. Le rythme s’emballe dans un contexte de provocation raciale où dans une Amérique du début du XXème siècle, le « nègre » juste sorti de l’esclavage par l’abolition de 1863, sera encore malmené et soumis à des différences de traitement.

J’ai découvert ce livre lors de ma lecture de l'homme qui aimait trop les livres de Allison Hoover Bartlett, Il était mentionné comme étant le 86e dans la liste des cent meilleurs romans de langue anglaise du XXe siècle établie par la Modern Library en 1998.

Il m’a fallut un peu de concentration pour m’y retrouver dans tous ces personnages que rien ne permettait de faire un lien et que les évènements vont rapprocher. Belle immersion dans l’actualité du début du 20ème siècle.
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Ragtime

"Ragtime" est très actuel dans le sens que le point culminant est le meurtre d'un noir par des policiers blancs à New York. Il est très vieux dans le sens que c'est une réflexion sur l'assimilation des juifs aux É.U. par un membre de la dernière génération de l'avoir subie.

Fidèle à son titre, ce roman a l'exubérance de l'époque (entre 1897 et 1918) de la musique Ragtime (un genre précurseur du jazz et dominé par la syncope) et des changements dramatiques dans la société américaine. Les É.-U. sont à la vielle d'accéder au statut du plus grand pouvoir économique et politique du monde. Les noirs du sud du pays et des juifs de l'Europe centrale arrivent en grand nombre à New York ou ils reçoivent un accueil assez froid. "Ragtime" décrit le choc culturel qui impliquent les deux communautés de nouveaux-arrivants et les anglo-saxons en place. La liste des personnages est dominés par des individus historiques qui représentent les divers courants dans la société américaine. Ils sont tous reliés parce que leurs chemin se croissent avec une famille fictive (dont les membres s'appellent "Père", "Mère", "Fils, etc.)

Les anglo-saxons (incarnés par le banquier J.P. Morgan et l'industriel Henry Ford) dominent toujours dans le domaine économique. J.P. Morgan croit fermement dans les divisions sociales et pratiquent un spiritisme qu'il croit être d'origine pharaonique. Ford est l'apôtre de l'OST (Organisation Scientifique du Travail ou le Taylorisme) et mécréant. Morgan et Ford n'arrivent pas à élaborer ensemble une idéologie cohérent mais ils restent des alliés ferme dans leur oppositions aux syndicats et au socialisme.

Le juifs sont représentés par la célèbre l'anarchiste Emma Goldman qui prône le socialisme, les libertés civiles et l'affranchissement de la femme et par Tateh un pauvre dessinateur qui devient éventuellement riche dans l'industrie des dessins animés. Goldman est les personnage qui suscite le plus l'admiration du lecteur et qui semble être la porte-parole de l'auteur. Tateh pour sa part est simplement très sympathique.

C'est le pianiste de Ragtime Coalhouse Walker qui fait la plus pitié. En tant que noir, il fait face à des barrières partout et subi des insultes incessant. Inévitablement, il craque et se fait tuer par la police.

Tout fini bien d'une manière difficile à croire. Père meurt ce qui permet à 'Mère d'épouser le charmant Tateh. Ils adoptentle fils du malheureux Coalhouse Walker et s'installent en Californie. Ainsi, ils créent un ménage anglo-saxon, juif et noir. Voilà comment fonctionne le célèbre "Américan Melting Pot" (creuset de civilisations).
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Ragtime

RAGTIME de E.L. DOCTOROW

Du début du 20 ème siècle jusqu’en 1917 et leur entrée en guerre, on suit l’histoire des États Unis à travers la vie de trois familles dans les environs de New York. La famille blanche, c’est Père, Mère et Jeune garçon. Père fabrique des drapeaux et décide de partir à l’aventure avec Peary pour découvrir le pôle nord. Sa femme va devoir reprendre son affaire et la faire prospérer. Tateh, Mameh et Jeune fille sont des migrants juifs d’Europe centrale, ils ont fui les pogroms. Coaldhouse Walker est le protagoniste noir, pianiste à Broadway, élégant et raffiné, il va se trouver confronté au racisme ambiant. Bien d’autres personnages vont traverser ce roman en forme de kaléidoscope comme le célèbre magicien Houdini ou le psychiatre Freud en visite avec Jung et Ferenczi.

Doctorow déconstruit le modèle de vie américain, dénonce la pauvreté, la difficile vie quotidienne en suivant l’évolution de ces trois familles.

Très bon roman foisonnant très ancré dans l’histoire, Doctorow est un écrivain célèbre aux États Unis, primé pour Billy Bathgate, l’Exposition universelle, Ragtime et The March.

Ragtime a été adapté au cinéma par Milos Forman, excellent film.
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Homer & Langley

L'histoire dramatique (et vraie) des frères Collyer, les "frères fantômes" de Harlem est un cas d'école des effets tragiques de la syllogomanie, le syndrome d'accumulation compulsive pouvant rendre une habitation totalement insalubre et impraticable.

E.L. Doctorow prend des libertés avec ce fait divers célèbre, et nous offre un roman au temps long, retraçant une épopée américaine balayant une grande partie du XXème siècle.



A travers les "yeux" du sensible Homer, le narrateur, le pianiste aveugle que son frère Langley se charge de protéger, c'est une histoire des Etats-Unis qui nous est contée, de l'après-guerre aux années 70. Au rythme des (rares) rencontres et actions des frères reclus, les périodes marquantes sont évoquées, comme la prohibition, la Seconde Guerre mondiale (qui affectera leurs domestiques japonais), le mouvement hippie... Les deux frères, issus de la vieille aristocratie New-yorkaise, posent un regard bien particulier sur tout cela, souvent candide et ébloui pour Homer, plus cynique et méfiant pour Langley qui est revenu gazé de la Première Guerre mondiale.

Mélangeant l'Histoire avec l'histoire, le roman narre aussi comment la santé mentale de l'un, et la santé physique de l'autre (d'abord aveugle puis progressivement sourd) vont contribuer à leur isolement et leur paranoïa. Avec une infinie délicatesse et beaucoup d'empathie envers ses personnages, l'auteur nous partage le quotidien de ces êtres atypiques et attachants.



Homer & Langley est donc un livre parfois tendrement drôle, bigrement enrichissant et toujours fort émouvant que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.
Lien : https://unspicilege.org/inde..
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Homer & Langley

Les frères Collyer, une histoire extraordinaire, de celles qui dépassent de loin l'inventivité de la fiction.

...

L'auteur, ou le scénariste, qui s'empare de ce récit — affranchi d'une démarche de biographe, impossible dans ce cas-ci — doit faire son choix entre tenter de remplir les trous de l'histoire le mieux qu'il le peut, en imaginant ce qui peut être vrai ; ou bien, et alors les possibilités sont infinies, n'en faire que prétexte à nous parler d'autres choses, n'utilisant la réalité uniquement pour avaliser le reste de ce qu'il veut nous raconter.

Doctorow hésite entre les deux chemins, on le comprend. Il n'a aucune envie de se lancer dans des suppositions d'exactitude, des vaines recherches de « on dit », ou bien de remplir des silences.

...

Il n'a pas trop envie de nous parler médical, de syndrome de Diogène, de syllogomanie, ou autre nomenclature pouvant faire office de froid et parcellaire résumé.

...

Il prend la voie de l'intime, tout en pudeur, sous la forme de mémoires, écrite à la fin de sa vie par l'un des deux frères, Homer.

...

Il décide d'y modifier de larges pans de leur biographie, surtout dans son déroulé chronologique, sans doute pour en faire la chronique d'une Amérique qui bascule dans la Modernité, le XXème siècle vu par deux êtres qui, en partie malgré eux (la cécité d'Homer avancée de plus de 20 ans), y oppose une farouche volonté de ne pas évoluer.

Leur donner presque trente ans de plus d'espérance de vie semble évident dans cette optique, et ne modifie davantage l'histoire réelle que ce handicap avancé à la jeunesse du narrateur, scellant le rapport de dépendance entre les deux frères.

...

Ces libertés, comme autant de variations des possibles d'une histoire incroyable, sont d'une grande cohérence.

Les anecdotes, en grande partie exactes, sont redistribuées sur cette nouvelle ligne de temps, confirmant l'ambivalence de l'ensemble, l'auteur empruntant un chemin qui pourrait épouser cette phrase de Melville, mantra de son Bartleby, « I would prefer not to ».

...

Possible résonance, ce refus de l'extérieur, et cette relative « modestie » narrative, face à ces faits divers, qu'un autre aurait pu développer avec davantage de couleurs, voir nous donner le point de vue de Langley, et s'ancrer en avant dans les délires et la folie.

...

Une douceur diogénique flotte sur ces pages, ignorant ce qu'aurait pu être cette histoire si l'appartement d'Harlem s'appelait la Maison des Feuilles, enténébrant le lecteur de claustro' et d'agoraphobie, ou toute autre « ambition » que ce réel aurait pu créer.

Place est laissée à un autre livre, preuve que l'on n'est pas rassasié, bien qu'on ait apprécié ce roman bien tempéré.

...

Hasard des lectures récentes, et sans tenter de les comparer, je pense qu'il est impossible d'écrire autre chose sur le siège de Barcelone après avoir lu « Victus : Barcelone 1714 » d' Albert Sànchez Piñol, dont je vous parlerai bientôt (et suffit de lire ce qu'en dit Pecosa…)…
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Ragtime

La fin du XIXe siècle aura été une période bénie aux Etats-Unis pour la classe des ultra-riches, qui s'est prolongée dans les premières années du XXe siècle. Ragtime se veut un survol fou de cette ère dorée (gilded age). Doctorow mène cette locomotive déchaînée de main de maître. C'est au sein d'une famille aisée (Père, Mère, Jeune frère et Petit garçon) habitant New Rochelle non loin de New York City que se tisse l'intrigue principale de ce roman historique atypique, à laquelle l'auteur greffe, en un tourbillon frénétique, une série de scènes fortes impliquant quelques personnalités connues de l'époque, dont Harry Houdini, Emma Goldman, John Pierpont Morgan, Henry Ford, Sigmund Freud et j'en passe. Et à travers toutes ces saynètes qu'on peut croire disparates et sans lien entre elles, c'est à une leçon d'histoire en accéléré de la société américaine à laquelle le lecteur est convié. le portrait d'une nation gangrenée par les inégalités sociales et les problèmes raciaux, subissant les ravages du capitalisme sauvage qu'une montée du syndicalisme ne suffit pas à endiguer.

Un roman fort, qu'on dirait écrit d'un seul souffle, frappant au coeur même de l'utopie américaine, ce rêve de recréer sur terre un pays neuf, offrant le meilleur pour l'humanité.



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La marche

Des personnages se croisent et se décroisent au cours de la longue marche vers la mer du général Sherman, un raid sans pitié (et sans ravitaillement) à travers les états confédérés, qui mit fin aux cinq années de la Guerre de Sécession. Soldats exténués, vêtus de hardes et obligés de se nourrir sur l'habitant, blessés amputés souvent sans raison, profiteurs de tout poil juste bons à piller et violer, et une armée d'esclaves "libérés", suivant la procession en direction d'une quelconque "Terre Promise", tel est le fardeau que devra porter Sherman pour mettre fin à cette interminable guerre. Le roman de Doctorow, profondément humaniste et antiraciste, se focalise sur un certain nombre de caractères, parmi lesquels se distinguent Wrede Sartorius, le chirurgien aux mains d'or, aux méthodes originales quoique peu appréciées de ses confrères, et Pearl, la jeune négresse blanche à la beauté rayonnante dont va tomber amoureux Stephen Walsh, un soldat de l'Union. Loin du mélodrame auquel on s'attend au vu de la galerie de figures sur lesquelles l'auteur s'est plus particulièrement penché, bons et méchants mêlés, il s'agit d'un pamphlet contre la guerre et les joutes politiciennes qui conduisent à ses pires atrocités, un pamphlet aussi contre l'esclavage, qui hélas ne tardera pas à muer en discrimination raciale.
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La marche

1864, après avoir incendié Atlanta, le général Sherman commence une longue marche à la tête d'une armée de soixante mille hommes pour rejoindre la Caroline. En chemin il écrase les troupes confédérées exsangues et cependant combattives.

A sa suite une autre armée, celle des esclaves libérés dont il ne ne sait que faire, des groupes de déserteurs, des blancs profiteurs du chaos, des voleurs, des familles dispersées …. et un photographe.



Au milieu du désastre, Pearl, une jeune « négresse blanche » fruit des amours du maître de la plantation avec une de ses esclaves. Elle croisera une galerie de personnages hauts en couleurs traînant avec eux les effluves épiques ou sordides, le tout mêlé d'un certain érotisme et d'un évident macabre. Pearl, noire à la peau blanche, déguisée garçon pour se protéger des assiduités soldatesques, porte en elle l'ambiguité de ce que le Sud vit : une force dévastée qui lentement se relèvera après la paix.



« La marche » est un peu une Cour des miracles ambulante : la grandeur d'âme côtoie le glauque et la violence au nom de la survie. Pearl est un personnage lumineux dans le sens où si elle conserve un peu de naïveté, elle sait à quoi s'en tenir et surtout elle comprend, très vite, qu'aider et soigner sont des actes d'amour, de compassion et de tendresse. Elle apporte tout cela à ceux dont elle croise la route, leur offrant le soleil de son sourire, de son rire, la douceur de ses mains et de ses bras, sa foi dans l'avenir malgré l'adversité.



On peut lire un peu partout que « La marche » commence où s'achève « Autant en emporte le vent », en effet, c'est le point de départ : où s'arrêtera la folie guerrière de Sherman ? Raser le Sud, le mettre à genou au point de l'humilier est-ce la solution et le clef de la paix ?



Les personnages qui défilent dans la galerie hétéroclite de E.L Doctorow, ont chacun leur interprétation et tentent de tirer leur épingle du jeu. La toile de fond politique et morale a des accents Tolstoïens tout en étant moins ambitieuse sans pour autant être fade.



J'ai retrouvé en Sherman, personnage central, ma lecture de « Je suis fille de rage » de Jean-Laurent del Socorro : il est maniaco-dépressif, à la limite de la psychose. Il est ambitieux, cruel et compatissant, un paradoxe vivant, pas plus abolitionniste que cela puisqu'il n'hésite pas à abandonner à leur triste sort les esclaves libérés. Sherman est la figure du guerrier inspiré, craint, subtil dans ses analyses, colérique, poussant au bout d'eux-mêmes ses soldats au bord de la rupture nerveuse et physique. Les scènes d'assaut sont horribles, horrifiques et épouvantables. C'est qu'à la guerre, pour un général tel que Sherman, on ne compte pas les larmes ni le sang versé.



Comment ne pas s'arrêter sur le chirurgien autrichien, d'une froideur absolument glaçante, Wrede Sartorius, pour qui la guerre est une aubaine : elle lui fournit des blessés « défis chirurgicaux » en puissance, lui permettant de peaufiner ses hypothèses et de les expérimenter. Praticien dénué de compassion et d'empathie, il est d'une dextérité incroyable, il est un puits de sciences médicales, il est dans la découverte pour faire progresser la médecine et rien d'autre ne l'émeut.



Quant aux joyeux déserteurs confédérés, Will et Arly, d'une jeunesse confondante, le lecteur ne peut rester indifférent à leur sens pratique de la survie : il suffit de changer d'uniforme au bon moment. Ce qui les amène à vivre des situations dramatiques teintées de cocasserie.



Puis il y a Emily, la jeune fille de bonne famille qui jette aux orties convenances et statut social : elle suit la cohorte protéiforme de l'armée « Sherman » et devient infirmière, assistante de Wrede Sartorius dont elle tombera amoureuse. Elle y gagnera un chagrin d'amour et surtout une liberté de penser et d'agir : elle prend conscience de sa force intérieure et de sa capacité à survivre.



On ne peut oublier le colonel, un tantinet original, qui a décidé d'emmener avec lui son jeune neveu à qui il passe tous ses caprices. Ce gradé répondant au doux sobriquet de Kil Kilpatrick, à la tête d'un corps de cavalerie, jouisseur invétéré est gluant de lubricité et de cruauté.



Au fil des kilomètres rythmés par les bottes usées des soldats, un monde nouveau se dessine dans le Sud des Etats-Unis. Un monde où les frontières s'estompent dans les marécages pour renaître au pied d'un escarpement ou d'une montagne. Un monde entre ombre et lumière, entre joie et désespoir.



L'Amérique qui émergera de la Guerre de Sécession, sera celle de la dispersion, à l'aune des billets de la banque centrale Confédérée, à Milledgeville qui virevoltent , tourbillonnent avant de s'éparpiller au gré de leur danse. La transformation sauvage, à la hussarde, du Sud, est en filigrane dans le texte de E.L Doctorow : un art de vivre et une société s'envolent au cœur des brasiers dévoreurs de tout ce qui a été et ne sera plus.



La blessure profonde a-t-elle été réduite ? Rien n'est moins sûr quand on y regarde de plus près. La blessure est de celles qui ne cicatrisent que lentement ce qui rend la guérison si fragile. Pearl est un peu le symbole de tout ce drame : le présent défait avec violence le passé et trace un avenir qui pourra être ensoleillé si on sait suivre avec délicatesse son tracé ténu.



« La marche » est un roman sans concession et une peinture subtile et élégante d'une trance d'Histoire américaine écrite dans les larmes et le sang
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Homer & Langley

L'auteur imagine, au travers des yeux de Homer, aveugle, ce qu'a pu être la vie des frères Collyer, reclus dans une maison aristocratique de New York. Langley , plus tout à fait serein depuis son retour du front de la guerre 14-18 aménage l'intérieur de la maison afin de faciliter la vie de son frère et le protéger. Cette surprotection finira par les tuer. L'auteur en profite pour nous faire vivre les ambiances du NY du vingtième siècle: thé dansant, mafia, règlement de compte, hippies. Une belle balade dans le NY du début du vingtième siècle.
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Ragtime

Des premières pages, qui se situent au tout début du 20ème siècle jusqu'au dénouement qui se conclut par le torpillage du Lusitania en le 7 mai 1915, par un sous-marin allemand au large de l'Irlande, Edgard Lawrence Doctorow offre une fresque historique captivante.



Il y a Tateh qui a fui l'Europe avec sa fille. Père et Mère forment un couple uni et distingué. Ils vivent dans une grande et belle demeure avec le petit garçon. Le jeune frère et le grand-père complètent le noyau familial. Jusqu'au jour où Père part pour une expédition en Arctique, et où Mère doit prendre des décisions pour faire tourner la fabrique de drapeaux, de feux d'artifices et autres objets patriotiques. A son retour, il découvre une famille changée, et en charge d'un nourrisson noir que sa mère a abandonné. C'est ainsi que la famille va faire la connaissance de Coalhouse Walker Junior et que son destin va en être bouleversé.



Ce roman est dense et difficile à raconter tellement il y a d'interconnexions entre les différents personnes qui se croisent sans se connaître, qui vivent côte à côte des vies totalement différentes. E. L. Doctorow déroule un récit brillamment ficelé présentant les différentes strates de la société américaine de ce début de siècle. C'est intense et même si chaque personnage ne tient le haut de l'affiche que pendant quelques pages ou chapitres, puis passe le relais, sans que le récit en devient saccadé; chacun a son importance.



Les personnages sont nombreux et tous sont à la fois personnages secondaires puis principaux. Il y a entre autres Mère qui apporte à cette fresque un visage féministe, Jeune frère avec sa casquette de rouge, qui au début semble un peu dérouté par la vie; Coalhouse Walker, pianiste de ragtime pour les blancs, avec sa vision de la vie - pour l"époque - totalement déroutante, que l'on pourra assimiler à une locomotive lancée sur ses rails et qui n'en sortira sous aucun prétexte. Il y a Tateh qui aimerait tout offrir à sa fille tellement belle, prunelle de ses yeux.





Ce roman est dense, le lecteur suit un bref instant la vie de bien des personnages célèbres, et l'on croise ainsi Emma Goldman une célèbre anarchiste, Freud et ses disciples, Evelyn Nesbit une danseuse d'une beauté sans pareil, mariée à Harry Kendall Thaw; l'architecte Stanford White, Henry Ford dont le modèle T causa bien des problèmes à l'un des personnages du roman, John Pierpont Morgan un gros financier dont la bibiothèque où se déroula une scène importante et tragique du roman, le grand Harry Houdini et ses états d'âme, et j'en passe. Le roman a d'ailleurs été adapté au cinéma par Milos Forman, en 1981. (...)
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Le Livre de Daniel

Ce livre, quel livre, mais quel livre !

Réécriture de l’histoire des époux Rosenberg, condamnés à la chaise électrique pour espionnage, à ce terrible moment de la chasse aux sorcières due à l’hystérie anticommuniste et qui a fait beaucoup de victimes « coupables « ou pas.

Elle est racontée par Daniel, l’un des deux enfants du couple, traumatisé par ce passé et devenu un hippie débraillé et grande gueule.

L’écriture est puissante, foisonnante et riche. Elle sert cette histoire familiale très complexe qui vous prends aux tripes et au cœur.

L’imagination magnifique, la virtuosité et le réalisme de Doctorow nous plonge au cœur du cœur de la vie de chacun des membres de la famille.

E.L Doctorow est un immense auteur américain un peu oublié, pas assez connu en France ou peut-être seulement pour Ragtime grâce auquel il est devenu célèbre. Et c’est dommage ( pas pour lui, mais pour les lecteurs amateurs de coups de poing dans la tête )





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La marche

Superbe saga qui suit l'armée de Sherman dans le sud des état-unis à la fin de la guerre de sécession avec tous les à côté de la guerre vécu par les soldats et les populations, chacun essayant de tirer son épingle du jeu et de trouver sa destinée au milieu du chaos.

Les personnages sont attachants, il n'y a pas de bons ou de mauvais, mais des hommes et des femmes qui essayent de survivre et de garder leur humanité.

Du grand roman foisonnant qui marque !
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Homer & Langley

Homer et Langley Collyer vivent ensemble dans la maison laissée par leurs défunts parents. C’est Homer, le narrateur de leur histoire. Il est aveugle, Langley est revenu de guerre après avoir été gazé. Tout se passe dans leur maison, dans la cinquième Avenue, ils y accumuleront énormément de choses, il s’y passera beaucoup d’évènements...

La vie des deux frères Collyer est raconté avec beaucoup d’à-propos par E.L. Doctorow, un peu d’humour de temps en temps pour montrer l’excentricité de ces frères qui n’hésitent pas à accumuler ce qu’ils aiment, de la voiture au piano en passant par la machine à écrire et les journaux. Le passage des différentes personnes qui ont fait un passage chez eux, mafiosi italiens, domestiques japonais racontent les différents moments de l’Histoire avec beaucoup d’originalité. Les coups de sang de Langley sont jubilatoires… Juste un peu étonné que le récit semble se poursuivre après longtemps après la seconde guerre mondiale (une évocation de mai 68 avec les hippies ?) mais aucune date n’est avancée dans le récit si je ne me trompe, on ne se repère qu’avec les événements historiques. Enfin, il est bien indiqué que Homer et Langley est inspiré de la vie des frères Collyer, l’auteur a dû prendre quelques libertés. Mis à part ce point, j’ai beaucoup apprécié cette biographie plein de dynamisme. Un auteur à relire.

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Homer & Langley

Un avis plutôt mitigé pour moi sur ce livre. On ne peut pas vraiment dire que j'ai beaucoup de reproches à lui faire. Le style est agréable, l'histoire est claire, les personnages, inspirés de personnes réelles, sont bien campés, bien décrits, surtout d'un point de vue psychologique. On se sent vraiment dans cette maison où s'accumulent tous ces objets. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié la description de la venue de la voiture, avec tous les bruits et les odeurs. Malgré tout, j'ai toujours quelques difficultés à accrocher sur tout ce qui est témoignage, ce n'est pas tellement mon style de lecture.
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Homer & Langley

Homer et Langley sont deux frères marginaux et inadaptés. La guerre, le handicap, la mort de leurs parents vont creuser plus profondément les sillons de cette marginalité. Leur maison, temple de l'accumulation bizarroïde et auberge espagnole, verra défiler des personnages attachants et loufoques. Fondamentalement bons et bienveillants, les frères Collyer, dont l'anticonformisme sera fustigé par la bonne société de la Cinquième Avenue, traverseront les décennies sans rien renier de leur esprit indépendant. Le rocambolesque de leurs mésaventures donne le ton à un livre grave et joyeux. gracedubois
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Homer & Langley

J'ai débuté ce roman en pensant passer un bon moment de lecture, une lecture détente. Mais j'ai été happée dès le début par cette histoire de frères vivant reclus dans leur immense demeure new yorkaise, envahit par des objets, des journaux ramenés par Langley de ses escapades en ville.

J'ai tout de suite trouvé Homer et Langley attachant, Homer par sa façon de nous raconter leur histoire et sa manière de vivre sa cécité, Langley par sa douce folie et sa façon de voir le monde.

Ils rencontrent au fil de leur vie des personnages cocasses, comme Vincent le gangster, la belle Mary ou encore la mystérieuse Jacqueline.

On parcours une bonne partie du 20ème siècle avec ces deux frères Collyer, jusqu'à une fin qui m'a beaucoup ému, une fin qui va me marquer longtemps, surtout le dernier paragraphe...
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Homer & Langley

Enfin, depuis le temps que je voulais lire ce roman...c'est chose faîte.

Ce livre fut pour moi une réelle découverte et un vrai coup de coeur. J'ai beaucoup aimé ces deux personnages, Homer et Langley, qui ont vraiment existé et qui ont vu leur vie être romancée par E.L.Doctorow. On ressent à travers l'écriture de l'auteur, l'amour que se porte les deux frères, tous deux écorchés par la vie. Le frère accumulant des objets est très touchant, dans sa folie, on retrouve beaucoup de réflexions poussées et cohérentes.

On s'aperçoit aussi que se couper du monde et vivre en autarcie reste compliqué voire quasiment impossible, on est alors harcelé par les compagnies d'électricité, d'eau, de téléphone, les banques... et on a toujours des obligations envers la société. Il est impossible de se couper des autres et même quand on y arrive, les autres du dehors nous considère comme des parias, des personnes marginales.

Même si les frères ont la volonté de rester chez eux, ils ont toujours ouvert leur porte aux opprimés et aux marginaux, faisant fi de leurs différences et ce malgré un snobisme arboré assez flagrant.

L'écriture de l'auteur est vraiment passionnante, il parvient à nous mettre dans la peau du frère sourd et nous fait nous sentir oppressé dans cette maison aux centaines de piles d'objets accumulés.

La fin est particulièrement touchante et on a vraiment du mal à fermer ce livre.
Lien : https://labullederealita.wor..
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Dans la tête d'Andrew

Dans le cabinet d'un psychanalyste, Andrew, spécialiste de sciences cognitives, parle de sciences, de famille, de joie, de malheur... il semble atteint de morcellement cérébral, d'une insensibilité chronique et d'une incapacité à éprouver la moindre émotion.



Tout en évoquant l'histoire d'un ami, cet homme parle de lui même, mais aussi de l'Amérique, de l'après 11 septembre, des blessures incurables que laisse la disparition d'êtres chers dans des circonstances improbables, et également du vacarme intérieur qui l'habite, où se mêlent moments heureux et douleur, au fil d'une vie où ce anti héros est tour à tour fils, mari, père, veuf, professeur, tantôt victime, tantôt manipulateur, angoissé ou drôle, dépressif ou euphorique...





Tout au long du livre, le lecteur oscille entre réalité et fiction imaginaire, un tantinet délirante, et c'est ce qui fait tout le bonheur de cette lecture jubilatoire.

Ultime livre et, pour ma part, première lecture de cet auteur qui est, à n'en pas douter, à découvrir.

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Homer & Langley

Dans Homer & Langley Doctorow dépeint avec talent et noirceur l'aveuglement du vieux vingtième siècle états-uniens. Un roman assez bref où il poursuit sa réflexion sur nos perceptions cérébrales et nos capacités à totalement nous y enfermer.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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