Citations de Edward Albee (44)
Pour pénétrer dans le coeur d'un homme, il faut passer sur le ventre de sa femme.
Tous les paradis ont leurs frontières.
Certains ratés ne peuvent pas supporter la valeur et le mérite des autres. La faiblesse, le vice et la médiocrité ont horreur de la force, de l’innocence et de la bonté.
GEORGE
Comment ils se sont mariés ? Eh bien ! ça s’est passé comme ça… Un beau matin, la souris s’aperçut qu’elle était toute gonflée ; alors elle trottina chez le Blondinet, lui colla son ventre sous le nez et lui déclara… « Regardez ce qui m’arrive… »
[…] « Regardez : je suis toute gonflée. » « Oh !... mon Dieu… » s’écria le Blondinet…
[…] … et après – pchchchchch…- elle se dégonfla… comme par enchantement… pchchchchch…
...(une femme) doit songer à faire elle-même de ses enfants des étrangers avant qu'ils le deviennent tout seuls; ça doit se préparer à ce déchirement.
Le signe le plus évident d'un cancer social... c'est la disparition du sens de l'humour. Aucune dictature n'a toléré le sens de l'humour. Lisez l'Histoire et vous verrez.
GEORGE
Nous grattons tous des étiquettes, ma petite fille… Et quand on a gratté la peau, quand on a percé le cuir, toute la graisse, fouillé à travers les muscles et farfouillé à travers les organes (à NICK)… quand ils existent encore… (à HONEY) et quand on arrive enfin jusqu’à l’os… vous savez ce qu’on fait ?
HONEY (très intéressée)
Non.
GEORGE
Quand on arrive à l’os, il y a encore tout un travail à faire. (Il pointe un doigt, un léger temps, sadique.) Hé !... c’est qu’à l’intérieur de l’os il y a quelque chose qui s’appelle… la moelle… et c’est la moelle qui est bonne, délicieuse !... C’est ça qu’il faut extraire…
MARTHA
[…] George qui est si bon pour moi et que je traîne dans la boue ; qui me comprend et que je repousse : qui peut me faire rire… mais moi, je crèverais plutôt que de rire ; qui me tient dans ses bras, la nuit, pour me réchauffer… et que moi je mords jusqu’au sang ; qui comprend tous nos jeux, même si j’en change tout le temps les règles ; qui sait me rendre heureuse… mais… je ne veux pas être heureuse ! (Un temps.) Ce n’est pas vrai : j’ai envie d’être heureuse. (Un temps.) George et Martha : c’est une histoire triste, triste, triste !
Le signe le plus évident d'un cancer social... c'est la disparition du sens de l'humour. Aucune dictature n'a toléré le sens de l'humour. Lisez l'Histoire et vous verrez.
Martha : Je ne te vois même pas... Ça fait des années que je ne te vois pas...
George : ... essaie de ne pas t’évanouir, de ne pas vomir ou de...
Martha : ... t’es un zéro, t’es un nul...
George : ... et, surtout, essaie de rester habillée. Il n’y a rien de plus écœurant que de te voir avec un verre de trop dans le nez et jupe par-dessus tête...
Martha :...un nul...
George: ... par-dessus les têtes, serait plus juste...
GEORGE
(ton de conversation mondaine et aimable)
Les goûts de Martha, en ce qui concerne les boissons, se sont beaucoup simplifiés, avec les années… ils se sont… épurés… Quand je lui faisais la cour –enfin… c’est une façon de parler, n’est-ce pas ?- mais, disons qu’à l’époque où je lui faisais la cour…
MARTHA (enjouée)
Où tu me prenais, mon chéri…
GEORGE
(apporte les verres à HONEY et à NICK)
Bref, lorsque je courtisais Martha, elle commandait des breuvages incroyables. Vous ne pouvez pas savoir ! Dès que nous entrions dans un bar, c’était toujours la même histoire… Elle fronçait les sourcils, se torturait les méninges et, brusquement, c’était la trouvaille : par exemple un Alexandra avec de la crème de cacao frappée, des cerises à l’eau-de-vie, du rhum flambé… Une explosion, quoi !
MARTHA
C’était rudement bon. J’adorais ça.
GEORGE
De vrais petits cocktails pour dames.
MARTHA
Hé ! il arrive mon alcool à brûler ?
GEORGE
(se dirige à nouveau vers le bar)
Mais, avec les années, Martha a appris à ne pas mélanger n’importe quoi avec n’importe quoi… Maintenant, elle sait qu’on met le lait dans le café, le citron sur le poisson… et que l’alcool pur (Il tend le verre à MARTHA)… tiens, mon ange… est réservé à la très pure Martha. (Il lève son verre.) A votre santé.
Martha : Ha, ha, ha, ha! Amour... donne-moi à boire.
George : Mon Dieu !
Martha (tanguant): Écoute, chéri, de nous deux, c’est toi qui roules toujours sous la table... ne t’inquiète pas pour moi !
George : Ça fait des années que tu es une grande championne, Martha... pour tout ce qui est abject, tu mérites la palme.
Martha : Si tu existais vraiment, je divorcerais... je le jure.
George : Si tu veux, mais dans l’immédiat, fais des efforts pour tenir debout, c’est tout ce qu’on te demande... Ces gens sont tes invités, n’oublie pas...
Martha : Je ne te vois même pas... Ça fait des années que je ne te vois pas.
Si tu existais, je divorcerais…
Il y a un seuil que l’être humain ne peut pas dépasser…sinon, c’est la dégringolade jusqu’en bas de l’échelle de l’évolution
MARTHA. [...] Un seul homme dans ma vie m'a... rendue heureuse. Vous savez ça ? Un !
NICK. Le... comment s'appelle-t-il ?... euh... le tondeur de gazon ?
MARTHA. Non ; je l'ai oublié. Quand il m'arrive de penser à lui, je me retrouve en position de voyeur. Non ; ce n'est pas à lui que je pense ; je pense à George, évidemment. (Nick ne réagit pas.) Oui... George ; mon mari.
NICK (qui n'y croit pas). Vous plaisantez.
MARTHA. Vous croyez ?
NICK (comme si c'était une plaisanterie). D'accord ; d'accord.
MARTHA. Vous ne le croyez pas.
NICK (se moquant). Comment, mais si.
MARTHA. Vous vous en tenez toujours aux apparences ?
Acte III, L'exorcisme
MARTHA
[…] Tu ne veux pas m’embrasser ?
GEORGE (ton trop noble)
Non, non, mon chéri, car si je vous embrassais, j’en serais tout excité… J’en perdrais la tête et je vous prendrais là, de force, par terre… et nos charmants petits invités entreraient… et voyons… imaginez ce que votre père penserait de cette… histoire.
MARTHA (dure)
[…] Il a les plus beaux yeux verts du monde… Sans la moindre tache brune ou grise… ou noisette… tout verts… d’un vert profond, dur… comme les miens.
NICK (regardant MARTHA)
Mais vos yeux sont… bruns, non ?
MARTHA
Verts… (Un peu trop fébrile.) Oui… sous certains éclairages, ils peuvent paraître bruns… mais en réalité, ils sont verts. Moins verts que les siens… plus sombres… George, lui, a les yeux bleus… d’un bleu trop pâle… délavé… trop laiteux… Papa a aussi les yeux verts.
GEORGE
Absolument pas ! Ton père a de tout petits yeux rouges… comme une souris blanche ! (Comme si cela était d’évidence.) D’ailleurs, ton père est une souris blanche !
GEORGE (incrédule). On a quoi ?
MARTHA. Des invités. DES INVITÉS.
GEORGE. DES INVITÉS ?
MARTHA. Oui... des invités... des gens... Des invités, on les attend.
GEORGE. Quand ?
MARTHA. MAINTENANT.
GEORGE. Mais enfin, Martha... tu sais l'heure qu'il est... Qui sont ces gens ?
MARTHA. Les Machin-Truc.
GEORGE. Qui ?
MARTHA. LES MACHIN-TRUC !
Acte I, L'échauffement
MARTHA. Tu es ignare ! Tu es vraiment ignare.
GEORGE. Il est tard, tu sais ? Très tard.
MARTHA (jette un coup d’œil sur le salon, puis imite Bette Davis). Quel trou sordide. Hey, c'est dans quoi ? "Quel trou sordide !"
GEORGE. Comment est-ce que je peux savoir...
MARTHA. Mais si ! C'est dans quoi ? Tu sais...
GEORGE. ... Martha...
MARTHA. C'EST DANS QUOI, BON DIEU ?
GEORGE (fatigué). Qu'est-ce qui est dans quoi ?
MARTHA. Je te l'ai dit. Je viens de te le dire. "Quel trou sordide !" Hein ? C'est dans quoi ?
GEORGE. Je n'en ai aucune idée...
MARTHA. Tu es nul ! C'est dans un film à la con avec Bette Davis... une superproduction de la Warner...
GEORGE. Je ne peux pas me rappeler tous les films que...
MARTHA. On ne te demande pas de te rappeler chaque connerie produite par la Warner... mais une ! Rien qu'une ! Bette Davis a une péritonite à la fin... pendant tout le film, elle porte une perruque noire énorme, affreuse, et elle a une péritonite, et elle est mariée avec Joseph Cotten ou quelque chose comme ça...
Acte I, L'échauffement
NICK
Je n’irais pas jusqu’à prétendre qu’il y a eu de la passion entre nous… même au début de notre mariage.
GEORGE (compréhensif)
Oui… J’imagine qu’après avoir joué au docteur à six ans, ça n’a pas dû être la surprise totale, la découverte merveilleuse du septième ciel, etc., etc.