Citations de Elfriede Jelinek (289)
Seule la mort est gratis, et encore, elle vous coûte la vie.
Une des conditions fondamentales de l'amour est de se sentir valorisé parce qu'un autre vous place au premier rang de ses aspirations.
Dans l'interprétation d'une oeuvre musicale il y a un point où s'arrête la précision, et où commence l'imprécision de la véritable création.
L'attrait essentiel de l'art réside, pour la plupart, dans la reconnaissance de quelque chose qu'ils s'imaginent comprendre.
Tout se paie dans la vie, y a que la mort qui est gratuite, et encore, elle vous coûte la vie…
(Points, p. 182)
Pour bien s'y prendre avec les femmes, il faut connaitre le secret. Il n'est pas absolument nécessaire d'être médecin pour éventrer les gens, mais il est préférable de l'être si l'on veut dénicher le serpent logé dans le ventre, ce vilain serpent qui nous a jadis induit en tentation [...].
En sport la camaraderie s'arrête là où l'autre risque de vous gagner de vitesse.
L'art et l'ordre, parents ennemis.
Cette vieille femme-là vient de monter, mais se garde de le signaler au contrôleur. Elle croit que sa présence ici, dans cette voiture, passera inaperçue. En fait il y a longtemps qu'elle est hors circuit et elle s'en doute. A quoi bon payer. Elle a déjà en poche son bille pour l'au-delà. Pourquoi ne serait-il pas valable dans ce train-là.
Les applaudissements sont encore plus forts qu'avant l'entracte, car tous sont soulagés que ce soit fini.
(Anna emmène pour la première fois Hans chez elle dans une intention... peu catholique).
La mère dit qu'elle a sur le bout de la langue la citation latine de ce qu'elle vient de mentionner, qu'on apprend pour la vie et non pour l'école. Elle possède un réservoir de proverbes et de maximes. Il n'y comprendra rien, sera anéanti, et par la suite laissera sa fille en paix. Dans la famille de la mère, la culture est une tradition, elle n'est jamais laissée à l'initiative personnelle, étant trop précieuse pour cela. La savoir, le voilà le plus précieux des biens. Ce qui vient de vous est toujours un facteur de risque, mieux vaut l'éliminer. Par ailleurs elle n'aimerait pas voir ces deux-là disparaître sans surveillance dans la chambre de jeune fille d'Anna aménagée par ses soins. Avec des rideaux à petites fleurs - qui détonnent quand on connaît Anna. Une chambre de jeune fille n'est pas la place d'une femme, mais seulement d'une jeune fille comme son nom l'indique. En vérité Anna est encore une enfant. Hans veut obéir automatiquement, parce que la mère d'Anna lui inspire du respect, mais Anna dit tu nous fais chier. Et ils y vont quand même. (P84)
Le courage croît avec l'appétit.
Aujourd'hui, un jeune homme sorti d'on ne sait où prend la place de cette mère qui a pourtant fait ses preuves et qui, froissée et délaissée, se voit reléguée à l'arrière-garde. Les courroies de transmission mère-fille se tendent, tirant Erika en arrière. Quel supplice de savoir sa mère obligée de marcher toute seule derrière. Qu'elle l'ait proposé d'elle-même n'arrange rien, bien au contraire. Si M. Klemmer n'était pas en apparence indispensable, Erika pourrait marcher tranquillement à côté de sa génitrice. Ensemble elles pourraient ruminer ce qu'elles viennent de vivre, tout en se repaissant peut-être de quelques bonbons. Avant-goût de la chaleur et du confort douillet qui les attend dans leur salon. Dont personne n'a fait échapper la chaleur. Peut-être arriveront-elles même à temps pour le film de minuit à la télévision. Quel merveilleux final pour une journée si musicale ! Et cet élève qui la serre de plus en plus ! Il ne peut donc pas garder ses distances ? C'est gênant de sentir près de soi un corps chaud bouillonnant de jeunesse. Ce jeune homme semble si redoutablement intact et léger au contact qu'Erika est prise de panique. Il ne compte tout de même pas l'accabler de sa bonne santé ? Le tête à tête à la maison semble menacé, or nul n'a le droit d'y prendre part. Qui pourrait mieux que la mère maintenir l'ordre et la sécurité, garantir la paix entre leurs quatre murs ? Erika aspire de toutes ses fibres à son doux fauteuil de télévision derrière une porte bien verrouillée. Elle a sa place attitrée, la mère a la sienne et pose souvent ses jambes enflées en hauteur, sur un pouf persan. Le torchon brûle à la maison à cause de ce Klemmer qui ne veut pas débarrasser le plancher. Il ne compte tout de même pas s'introduire de force dans leur chez soi, non ? Erika aimerait surtout retourner dans le ventre maternel, s'y laisser bercer dans la douceur et la chaleur des eaux. Retrouver au dehors la même humidité. (P65)
Même devant les relations d'affaires on s'en vante en long, en large et en travers, le directeur lançant ses salves salaces avec l'élégance et la légèreté d'un haltérophile. Les subalternes se taisent, gênés.
Quand la gendarmerie veut obtenir des renseignements, elle n'a qu'à entrer d'un air autoritaire et elle n'est pas sans le savoir, elle qui sait toujours tout ; dans presque une maison sur deux se trouve une femme esseulée qui rêve d'ouvrir sa porte au premier venu ; s'il pouvait venir enfin, nous serions au moins deux, et plus tard, la mort viendra peut-être elle aussi. Et là, ce sera sympathique comme tout.
les femmes de la famille de paula sont célèbres pour leur propreté. sinon il n’y a rien de positif à signaler sur les femmes de la famille de paula. ça vaut la peine de vivre pour ça, car question propreté on peut toujours faire mieux. en avant paula, que ça brille !
« Souvent la mère est prise d’inquiétude, car tout possédant doit apprendre d’abord, et il l’apprend dans la douleur, que la confiance c’est bien, mais le contrôle c’est mieux. »
Ce genre de superflu (les enfants) n’est que le produit de relations irréfléchies qui installent leurs propres trouble-fête à domicile, afin que de leur babil malhabile ils illuminent votre demeure, brillants et sots comme la lune.
Quand quelqu'un est ainsi dévalorisé, les autres s'en trouvent un peu plus valorisés. L'humiliation de Paula les dédommage d'humiliations parfois bien pires.
Les voici tous, soudain, face à une non-personne, redevenus des personnes.
Une des innombrables erreurs de la classe moyenne est de se laisser trop vite démoraliser dans ses tentatives maladroites. A peine ont-ils la chance de s'élever qu'ils la lâchent, sans même faire semblant de s'accrocher un minimum.